Résumé

La pandémie de coronavirus (COVID-19) et les mesures prises par les pouvoirs publics pour enrayer sa propagation ont profondément affecté les sociétés et les économies partout dans le monde. Il est essentiel de prendre en compte les leçons de la pandémie dans l’élaboration des politiques, non seulement pour préserver le bien-être économique et social dans les pays de l’OCDE à court et moyen terme, mais aussi pour renforcer la résilience en prévision des chocs à venir et pour obtenir une croissance économique juste et inclusive sur le long terme.

Dans deux domaines notamment, les investissements dans les compétences et les politiques en la matière peuvent aider les pays à anticiper les événements néfastes plutôt que de les subir : promouvoir la durabilité environnementale et veiller à ce que les technologies numériques soient centrées sur l’humain et favorisent efficacement la communication et l’échange d’informations. La dégradation de l’environnement et le caractère douteux du paysage informationnel mettent à l’épreuve les économies et les sociétés du monde entier et suscitent de profondes inquiétudes et de l’anxiété au sein des populations. En moyenne, près de sept adultes sur dix dans les pays de l’OCDE perçoivent le changement climatique comme une menace, et six sur dix craignent de recevoir de fausses informations en ligne.

Pour renforcer la résilience des systèmes face aux défis environnementaux et aux transformations technologiques appliquées à l’échange d’informations, il est essentiel de donner aux individus les moyens d’acquérir un large éventail de compétences - notamment des compétences en traitement de l’information, des qualités socioémotionnelles et des compétences métacognitives - et de veiller à ce qu’ils puissent les mettre efficacement en pratique.

Les projections réalisées indiquent que c’est entre 2019 et 2030 que la demande de compétences liées aux interactions avec les ordinateurs, à la créativité, à l’analyse des données et des informations et à la communication va le plus augmenter. Pour tirer le meilleur parti de marchés du travail interconnectés, il faut également des compétences en langue. Quatre offres d’emploi sur dix publiées en ligne en 2021 dans des pays européens non anglophones demandaient une connaissance de l’anglais. Parmi les postes de techniciens et de professions intermédiaires, ce chiffre était d’un sur deux.

Pourtant, nombreux sont ceux, partout dans le monde, qui n’atteignent pas le niveau de base dans les diverses compétences nécessaires pour assurer leur propre bien-être économique et social et celui de la société, et contribuer efficacement à bâtir un avenir plus respectueux de l’environnement. La pandémie de COVID-19 a démontré l’importance des compétences en matière de santé, autrement dit la capacité d’obtenir des informations, de les comprendre, de les évaluer et de les utiliser pour prendre des décisions éclairées en matière de santé et de prévention des maladies. La technologie a donné aux individus la possibilité d’accéder à des informations scientifiques actualisées et en temps réel, mais elle les expose du même coup à une énorme masse d’informations erronées et potentiellement dangereuses en ligne. Au cours de la pire crise sanitaire survenue depuis un siècle, plus de quatre adultes sur dix ont déclaré qu’il leur semblait difficile, voire très difficile, d’évaluer les avantages et les inconvénients des différentes options thérapeutiques, de décider comment se protéger de la maladie à partir des informations diffusées par les médias ou de trouver des informations sur la manière de gérer les problèmes de santé mentale.

Autre facteur de complication, les individus acquièrent et perdent des compétences dans différents domaines au fil du temps, en fonction de l’usage qu’ils en font et de contraintes externes, tandis que l’évolution rapide des conditions environnementales et sociales modifie les compétences et le degré de maîtrise attendus. Des systèmes de formation tout au long de la vie qui s’adaptent à l’évolution des circonstances peuvent faire en sorte que les individus maîtrisent l’éventail de compétences nécessaires pour soutenir la croissance économique et la cohésion sociale. Cependant, bien qu’il soit essentiel, pour s’y retrouver dans des environnements riches en information, de savoir trouver des textes, les comprendre, les évaluer et poser un regard critique sur des contenus mathématiques, 18 % des adultes des pays de l’OCDE n’atteignent pas les niveaux de base dans toutes ces compétences.

C’est par leurs perceptions et dispositions que les individus utilisent leurs compétences au service de leur propre bien-être et de celui de la société. Celles-ci renforcent également l’efficacité avec laquelle les compétences sont employées. Par exemple, les jeunes qui sont d’accord ou tout à fait d’accord avec l’idée qu’il est important pour eux de protéger l’environnement ont une probabilité de 16 points de pourcentage plus élevée d’économiser de l’énergie pour des raisons environnementales. Fait préoccupant, les inégalités en termes de perceptions et de dispositions reflètent les inégalités en termes de maîtrise des compétences. Ainsi, les jeunes défavorisés sur le plan socioéconomique ont une probabilité de 25 points inférieure à celle de leurs pairs plus favorisés d’atteindre les niveaux de compétence de base en sciences.

Il est essentiel de limiter le coût social de l’action publique en mettant en place des mesures adéquates d’amélioration et de recyclage des compétences, mais aussi en apportant une aide aux populations pénalisées par les politiques d’atténuation du changement climatique pour que les actions visant à mettre fin à la dégradation de l’environnement continuent de susciter l’adhésion. Pour chaque hausse de 1 % du chômage, le pourcentage d’adultes qui déclarent donner la priorité à l’environnement plutôt qu’à l’économie diminue de 1.7 %.

L’usage que les individus font de leurs compétences pour transformer, en bien ou en mal, leur environnement dépend de leurs perceptions et de leurs dispositions. Perceptions et dispositions constituent des facteurs clés de l’investissement dans les compétences. Les compétences ne se traduiront pas en actions concrètes s’il n’y a pas derrière la volonté d’agir. Ainsi, les personnes plus instruites sont plus susceptibles d’être conscientes des dangers associés à la dégradation de l’environnement. Dans les pays de l’OCDE, 73 % des diplômés du supérieur, 66 % des diplômés du secondaire et 63 % des non diplômés du secondaire déclarent que le changement climatique est à leurs yeux une menace majeure. De même, les diplômés du supérieur sont beaucoup plus susceptibles que les autres de déclarer qu’ils seraient disposés à modifier leur mode de vie actuel au profit de l’environnement.

Bien qu’il importe de veiller à ce que chacun ait à la fois les capacités et la volonté d’agir, pas moins de sept jeunes sur dix ne maîtrisent pas les dimensions émotionnelle, comportementale et cognitive de la durabilité environnementale. Ils sont donc moins susceptibles de s’engager, en tant que consommateurs actuels et futurs citoyens du monde, dans des actions visant à promouvoir la durabilité environnementale.

En outre, malgré la prise de conscience croissante de l’importance des aspects éthiques dans le développement de l’intelligence artificielle (IA) et du rôle crucial que jouent les professionnels de l’IA dans l’économie et la société, dans 12 des 14 pays pour lesquels des données sont disponibles, moins de 1 % des offres d’emploi publiées en ligne en 2022 concernant des professionnels dotés de compétences en IA mentionnaient des aspects liés à l’éthique dans l’IA.

S’il est primordial d’investir dans les compétences pour donner aux populations les moyens de faire face à des situations difficiles, il est tout aussi important de mettre en place des systèmes de soutien pour les aider à surmonter le stress et les difficultés qu’elles peuvent éprouver en raison des profondes mutations engendrées par la transition écologique et numérique. À terme, une adaptation réussie nécessite de prêter une attention particulière aux conséquences directes et indirectes des actions menées en réponse aux grands bouleversements sociaux et économiques. Pour renforcer la résilience des systèmes, il est essentiel de repérer les populations qui ne maîtrisent pas des compétences appelées à gagner en importance et de mettre en place des mesures efficaces pour les aider à acquérir ces compétences, car les conséquences des transformations sociales, numériques et environnementales seront le fruit des actions et des comportements de chacun d’entre nous, y compris des moins compétents.

Les individus issus de milieux socioéconomiques défavorisés sont moins susceptibles d’acquérir des compétences dans divers domaines au cours de leur scolarité, de développer les perceptions et les dispositions susceptibles de favoriser la double transition numérique et écologique et de réduire leur vulnérabilité aux évolutions environnementales et technologiques. Pour améliorer à la fois l’équité des résultats et le bien-être général, il est essentiel de repérer les facteurs de vulnérabilité liés à un manque de maîtrise des compétences indispensables à une double transition juste, inclusive et durable, et de les réduire grâce à une action publique adaptée.

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