Annexe B. Méthodologie

Cette section contient des informations sur les modalités d’établissement des projections qui sont utilisées aux fins des présentes Perspectives agricoles. Une description générale des projections de référence et du rapport des Perspectives est donnée en premier lieu. Puis, l’ensemble cohérent d’hypothèses associées aux projections macroéconomiques est analysé plus en détail. La 3ème partie fait référence au modèle Aglink-cosimo, on expliquera ensuite comment le modèle Aglink-Cosimo sert à réaliser une analyse stochastique partielle.

Les projections présentées dans ces Perspectives agricoles sont le fruit d’un exercice pour lequel un très grand nombre de sources d’information ont été mobilisées. Ces projections reposent sur les données fournies par les pays et les experts ainsi que sur les résultats du modèle Aglink-Cosimo établi par l’OCDE et la FAO pour analyser les marchés agricoles mondiaux. Ce modèle économique sert également à vérifier la cohérence des projections de référence. Les experts n’en sont pas moins largement consultés à différents stades du processus. Les Perspectives agricoles présentent une vision commune jugée plausible par les secrétariats de l’OCDE et de la FAO, compte tenu des hypothèses retenues et des informations disponibles au moment de la rédaction.

Les séries de données qui fournissent les valeurs observées sont extraites des bases de données de l’OCDE et de la FAO. Pour l’essentiel, les informations contenues dans ces bases proviennent de sources statistiques nationales. Les valeurs de départ utilisées pour définir l’évolution future probable des marchés agricoles sont établies par l’OCDE, pour ce qui est de ses États membres et certains non membres, et par la FAO, pour tous les autres pays.

  • Du côté de l’OCDE, un questionnaire annuel est diffusé en novembre auprès des administrations nationales. Le Secrétariat de l’OCDE recueille ainsi des informations sur l’évolution escomptée des marchés des produits étudiés dans les Perspectives et des politiques agricoles nationales.

  • Du côté de la FAO, les projections de départ destinées aux modules par pays sont établies à l’aide des modèles et des avis des spécialistes de produits de la FAO.

  • Il est également fait appel à des sources extérieures comme le FMI, la Banque mondiale ou l’ONU, afin de dégager une vision globale des principaux facteurs économiques qui déterminent l’évolution des marchés.

L’objet de cette étape est d’obtenir un premier aperçu de l’évolution possible des marchés et de construire les principales hypothèses sous-jacentes aux Perspectives. Celles qui concernent l’activité économique et l’action publique sont décrites dans le chapitre « Vue d’ensemble » ainsi que dans les tableaux par produits. Les sources et hypothèses dont elles découlent sont analysées plus en détail ci-après.

Ensuite, il est recouru au cadre de modélisation Aglink-Cosimo de l’OCDE et de la FAO pour intégrer les données initiales de manière cohérente et en tirer des valeurs de référence initiales sur la base desquelles les projections de l’évolution des marchés mondiaux sont établies. Ce cadre de modélisation garantit qu’à l’échelle mondiale, les projections de la consommation cadrent avec celles de la production des différents produits.

Outre les quantités produites, consommées et échangées, ce scénario de référence porte sur les prix nominaux (exprimés en unités monétaires locales) des produits considérés1.

Les valeurs de référence initiales sont ensuite corrigées :

  • Pour les pays qui relèvent du Secrétariat de l’OCDE, elles sont comparées avec les réponses indiquées dans le questionnaire. Les problèmes, quels qu’ils soient, sont examinés dans le cadre d’échanges bilatéraux avec les experts des pays concernés.

  • S’agissant des modules nationaux et régionaux mis au point par le Secrétariat de la FAO, les valeurs de référence initiales sont examinées par un cercle plus large d’experts internes et internationaux.

À ce stade, un tableau général des projections apparaît. Des ajustements sont effectués suivant les compromis convenus entre les deux secrétariats et les conseillers externes. À partir du résultat de ces échanges et des informations actualisées, un deuxième ensemble de valeurs de référence est élaboré. Les informations ainsi obtenues servent à analyser les marchés des céréales, des oléagineux, du sucre, de la viande, des produits laitiers, des biocarburants, des produits de la pêche et de l’aquaculture et du coton sur la période couverte par les Perspectives.

Ces résultats sont ensuite examinés lors des réunions annuelles du Groupe sur les marchés de produits du Comité de l’agriculture de l’OCDE, qui réunit les experts des administrations nationales des États membres de l’OCDE et des organisations spécialisées. La version définitive des projections de référence est établie à partir des observations formulées par ce groupe et des données révisées.

Les modalités d’élaboration des Perspectives impliquent que les projections de référence présentées dans ce rapport ne reposent pas seulement sur des projections pures, mais tiennent également compte des connaissances des experts. L’utilisation d’un cadre de modélisation formel permet de résoudre les incohérences relevées entre les projections des différents pays et de parvenir à un équilibre général pour tous les marchés de produits. La procédure d’examen permet de prendre en compte l’avis des experts nationaux dans les projections et les analyses connexes. Ce sont néanmoins les secrétariats de l’OCDE et de la FAO qui, en dernier ressort, sont responsables des projections et de leur interprétation.

Avant d’être publié, le texte des Perspectives agricoles a été rédigé sur la base de ces projections révisées, puis examiné, en mai par le Comité de direction du Département du développement économique et social de la FAO, ainsi que par le Groupe de travail des politiques et des marchés agricoles du Comité de l’agriculture de l’OCDE. Par ailleurs, les Perspectives serviront de point de départ à l’analyse présentée au Comité des produits de la FAO, ainsi qu’à ses divers groupes intergouvernementaux sur les produits.

Les données démographiques utilisées pour l’ensemble des pays et blocs régionaux considérés dans les présentes Perspectives sont des estimations tirées de la version 2019 de la base de données des perspectives démographiques des Nations Unies (United Nations Population Prospects). Sur les quatre variantes de projection envisagées (fécondité basse, moyenne, haute et constante), c’est la variante moyenne qui a été retenue pour la période de projection. La décision d’utiliser la base de données des Nations Unies sur les perspectives démographiques tient au fait qu’il s’agit d’une source très complète d’estimations fiables et qu’elle renseigne également sur des pays en développement non membres de l’OCDE. Dans un souci de cohérence, elle constitue également la source des estimations démographiques historiques et des données de projection.

Les autres séries macroéconomiques utilisées dans le modèle AGLINK-COSIMO sont celles du PIB réel, de l’indice implicite des prix du PIB, du déflateur des dépenses de consommation des ménages, du prix du pétrole brut Brent (en USD par baril) et des taux de change exprimés en unités de monnaie locale pour un dollar des États-Unis. Les données historiques utilisées pour les séries concernant les pays de l’OCDE ainsi que le Brésil, l’Argentine, la Chine et la Fédération de Russie concordent avec celles publiées dans le n°110 des Perspectives économiques de l’OCDE, en décembre 2021. Pour les autres économies, les données macroéconomiques historiques proviennent des Perspectives économiques mondiales du FMI publiées en avril 2022. Les hypothèses retenues de 2022 à 2031 reposent sur les projections macroéconomiques des Perspectives économiques mondiales du FMI publiées en avril 2022.

Dans le modèle, les indices du PIB réel, des prix à la consommation (déflateur des dépenses de consommation des ménages) et des prix à la production (indice implicite des prix du PIB) prennent la valeur 1 pour 2010, qui sert d’année de référence. L’hypothèse de taux de change constant en termes réels implique qu’un pays dont le taux d’inflation est supérieur (inférieur) à celui des États-Unis (mesuré par l’indice implicite des prix du PIB des États-Unis) verra sa monnaie se déprécier (s’apprécier) et, en conséquence, son taux de change augmenter (diminuer) au cours de la période considérée dans la mesure où le taux de change est exprimé en nombre d’unités de monnaie locale correspondant à 1 USD. Le taux de change nominal est calculé à partir de la croissance en pourcentage du ratio « déflateur du PIB du pays considéré / déflateur du PIB des États-Unis ».

Jusqu'à 2020, le cours du pétrole utilisé est tiré de la version actualisée des Perspectives économiques de l’OCDE n°110 (décembre 2021). Pour 2021, c’est le prix spot moyen quotidien qui est utilisé et 2022 est estimé par rapport à la situation actuelle, puis les projections sont supposées suivre le taux de croissance du prix moyen annuel du pétrole de la Banque Mondiale.

Aglink-Cosimo est un modèle économique qui analyse l’offre et la demande agricoles mondiales. Administré par les secrétariats de l’OCDE et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il sert à l’élaboration des Perspectives agricoles de l'OCDE et de la FAO et à l’analyse des scénarios d’action publique.

Aglink-Cosimo est un modèle d’équilibre partiel dynamique et récursif, employé pour simuler l’évolution d’une année sur l’autre de l’équilibre des marchés et des prix des principaux produits agricoles de base qui sont produits, consommés et négociés dans le monde. Des modules nationaux et régionaux englobant le monde entier et les projections sont élaborés et tenus à jour par les secrétariats de l’OCDE et de la FAO, en collaboration avec des experts et les administrations nationaux. Plusieurs grandes caractéristiques sont à signaler :

  • Aglink-Cosimo est un modèle « d’équilibre partiel » couvrant les principaux produits agricoles de base ainsi que le biodiesel et le bioéthanol. Les marchés non agricoles ne sont pas modélisés et sont traités de façon exogène ; de ce fait, les hypothèses concernant la trajectoire des variables macroéconomiques clés sont prédéterminées et l’incidence des évolutions des marchés agricoles sur l’économie en général n’est pas envisagée.

  • Les marchés mondiaux des produits agricoles de base sont censés être concurrentiels, ce qui signifie que les acheteurs et vendeurs acceptent les prix. Les prix du marché sont déterminés par l’équilibre mondial ou régional de l’offre et de la demande.

  • La production d’un pays et les produits qu’il échange sont considérés comme homogènes et donc comme parfaitement substituables par les acheteurs et les vendeurs. En particulier, les importateurs ne distinguent pas les produits en fonction de leur pays d’origine, étant donné qu’Aglink-Cosimo n’est pas un modèle spatial. Les importations et les exportations sont néanmoins déterminées séparément. Cette hypothèse a une incidence sur les résultats des analyses dans lesquelles les échanges sont un facteur important.

  • Aglink-Cosimo est un modèle dynamique et récursif, en conséquence de quoi les résultats obtenus pour une année déterminent ceux des années consécutives (par exemple, à travers les effectifs des cheptels). Les projections obtenues avec Aglink-Cosimo portent sur les dix années à venir.

Aglink-Cosimo est décrit en détail en anglais dans un document paru en 2015, qui peut être consulté à cette adresse : www.agri-outlook.org.

Le modèle employé pour établir les projections relatives aux produits de la pêche et de l’aquaculture est un satellite d’Aglink-Cosimo. Sont partagées les hypothèses exogènes sont mises en commun et les variables interactives, comme les prix qui se répercutent les uns sur les autres. Le modèle dédié à la pêche et à l’aquaculture a été remanié en profondeur en 2016. Les 32 éléments représentés dans les fonctions de l’offre totale de l’aquaculture ont été remplacés par des fonctions de l’offre de 117 espèces, chacune étant caractérisée par une élasticité, une ration alimentaire et un temps de réaction qui lui sont propres. Les principales espèces prises en compte sont le saumon, la truite, la crevette, le tilapia, la carpe, le silure (dont le Pangasius), les sparidés, le bar et les mollusques. À cela s’ajoutent quelques productions mineures, comme les chanidés. Le modèle a été construit de façon à assurer une cohérence entre les rations alimentaires et les marchés de la farine et de l’huile de poisson. Selon les espèces, les rations alimentaires peuvent contenir au maximum cinq types d’aliments : farine de poisson, huile de poisson, tourteaux d’oléagineux (ou substituts), huile végétale et aliments à faible teneur en protéines comme les céréales et le son.

L’analyse stochastique partielle montre en quoi les scénarios divergent de celui de référence en appliquant un traitement stochastique à un certain nombre de variables. Celles-ci sont sélectionnées de manière à mettre en évidence les principales sources d’incertitude sur les marchés agricoles. En l’occurrence, les variables macro-économiques spécifiques aux pays, le prix du pétrole brut, les rendements nationaux et les rendements par produit sont considérés comme incertains. Outre le prix international du pétrole, quatre variables macro-économiques sont prises en compte pour tous les pays : l’indice des prix à la consommation (IPC) l’indice du produit intérieur brut, le déflateur du produit intérieur brut et le taux de change du dollar des États-Unis (XR). Les variables de rendement considérées concernent la production végétale et la production laitière dans toutes les régions couvertes par le modèle..

La façon de procéder pour générer les les tirages stochastiques de ces variables repose sur une technique simple qui restitue la variance dans le temps de chacune des variables. Les trois grandes étapes de l’analyse stochastique partielle sont brièvement décrites ci-après.

La première étape de la procédure consiste à définir la tendance passée des variables stochastiques. Souvent, une tendance linéaire ne représente pas correctement la dynamique observée. C’est pourquoi on utilise un filtre de Hodrick-Prescott pour estimer une tendance non linéaire, en séparant les fluctuations de court terme des mouvements à long terme2. Le filtre est appliqué directement aux séries temporelles des rendements et aux variations annuelles pour les variables macro-économiques.

La deuxième étape consiste à générer 1 000 combinaisons de valeurs possibles pour les variables stochastiques. Pour chacune des dix années de la période de projection (2022-2031), on tire une année particulière de la période de référence 1995-2021, puis on applique l’écart relatif entre la valeur effective de la variable à la fin de cette année-là et la valeur tendancielle correspondante estimée à l’étape 1 à la valeur de la variable pour l’année de projection. Toutes les variables reçoivent ainsi la valeur de la même année de référence. les variables macro-économiques sont toutefois traitées séparément des rendements, car il n’y a pas de corrélation étroite entre eux.

La troisième étape consiste à faire tourner le modèle Aglink-Cosimo pour chacun des 1 000 scénarios d'incertitude générés à l’étape ii). En combinant l’incertitude macro-économique et l’incertitude liée aux rendements, on aboutit à 98% de simulations réussies, le modèle ne donnant pas de solution pour toutes les simulations stochastiques. Le modèle étant un système complexe d’équations et de politiques, il peut en effet conduire à des impasses en cas de choc extrême sur une ou plusieurs variables stochastiques.

Notes

← 1. Pour les régions comme l’Union européenne et les groupes de pays en développement, les données relatives aux échanges concernent uniquement les échanges avec l’extérieur (et n’incluent donc pas les échanges réalisés à l’intérieur de la région). On obtient par conséquent des valeurs des échanges mondiaux plus faibles qu’en cumulant les statistiques nationales. Les demandes d’information concernant des séries particulières doivent être adressées aux secrétariats de l’OCDE et de la FAO.

← 2. Ce filtre a été popularisé en économie dans les années 90 par Hodrick, R.J. et E.C. Prescott (1997), « Postwar U.S. Business Cycles: An Empirical Investigation », Journal of Money, Credit, and Banking, vol. 29, n° 1, pp. 1–16, JSTOR 2953682.

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