Résumé

Les flux migratoires depuis le Mali vers les pays de l’OCDE ont fortement augmenté, passant d’environ 2 400 en 2000 à environ de 10 400 personnes en 2019. Ces flux sont supérieurs au flux médian des pays de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), mais inférieurs aux flux migratoires en provenance du Sénégal, du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Plus de 50 % des flux d’émigration malienne vers les pays de l’OCDE sont dirigés vers la France et l’Italie. La croissance continue des flux migratoires vers les pays de l’OCDE s’est intensifiée depuis le début de la crise sécuritaire et politique au Mali en 2012. Les flux migratoires depuis le Mali vers d’autres pays d’Afrique sont majoritairement orientés vers ses voisins, en premier lieu la Côte d’Ivoire puis le Burkina Faso, le Niger et la Mauritanie.

Alors que les permis de séjour étaient principalement octroyés par les pays européens pour des motifs professionnels et familiaux en 2010, le nombre de permis pour motifs humanitaires a significativement augmenté à partir de 2012 jusqu’à représenter plus de la moitié des titres entre 2016 et 2018. En 2020, 30 % des permis de séjour délivrés l’ont été pour des raisons humanitaires, autant pour des raisons professionnelles et 26 % pour des motifs familiaux. Le type de permis délivrés aux ressortissants maliens varie significativement selon le pays de destination. La France octroie par exemple un nombre substantiel de permis pour motif d’études aux ressortissants maliens.

Un Malien sur cinq indiquait souhaiter quitter le pays pour vivre de façon permanente à l’étranger entre 2010 et 2018. Ces intentions d’émigration sont relativement fortes chez les diplômés du supérieur, les chômeurs et les jeunes. La situation sur le marché du travail, particulièrement celle des personnes éduquées et des jeunes, peut notamment expliquer cette répartition des intentions d’émigration.

Avec environ 170 000 émigrés maliens résidant dans les pays de l’OCDE en 2020, le Mali est le troisième pays de l’UEMOA avec le plus grand nombre d’émigrés résidant dans les pays de l’OCDE, après le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Le nombre d’émigrés maliens a augmenté de 245 % depuis 2000 ; 48 000 émigrés maliens résidaient dans les pays de l’OCDE. La France est de loin le premier pays de destination de l’OCDE des émigrés maliens : environ 105 000 émigrés maliens y résident (2020). Viennent ensuite l’Espagne (plus de 26 000 émigrés maliens en 2020) et l’Italie (environ 25 000 personnes).

Les estimations les plus récentes font état d’environ 1.3 million émigrés maliens résidant dans le monde en 2020. Plus de 80 % d’entre eux résideraient en Afrique de l’Ouest, soit environ 1 million d’émigrés. Les principaux pays de destination des émigrés maliens sont la Côte d’Ivoire et le Nigéria. La Mauritanie, le Niger, la Guinée et le Burkina Faso sont également des destinations importantes des émigrés maliens en Afrique.

La diaspora malienne est peu féminisée relativement à celles des autres pays de l’UEMOA : en 2015/16, 37 % des émigrés maliens vivant dans les pays de l’OCDE étaient des femmes. Cette proportion est significativement inférieure à celle de l’ensemble des immigrés dans l’OCDE et à celle de l’ensemble des émigrés de l’UEMOA (42 %). Le nombre de femmes nées au Mali résidant dans les pays de l’OCDE a toutefois augmenté plus rapidement que le nombre d’hommes entre 2000/2001 et 2015/2016. La proportion de femmes parmi les émigrés maliens est relativement élevée en France (40 %) et nettement plus faible en Italie et en Espagne (15 %).

En 2015/16, plus de la moitié des émigrés maliens vivant dans les pays de l’OCDE avaient un niveau d’éducation faible et 19 % un niveau d’éducation élevé. Cette part est la plus faible de l’ensemble des émigrés originaires des pays de l’UEMOA. Toutefois en 15 ans, le niveau d’éducation des émigrés maliens dans les pays de l’OCDE a augmenté : la part des émigrés maliens ayant un diplôme du supérieur a augmenté de 7 points de pourcentage. Les émigrés maliens dans les pays de l’OCDE sont très nettement plus éduqués que l’ensemble de la population malienne, reflétant la très forte sélection positive de l’émigration des pays en développement vers les pays de l’OCDE.

En 2015/16 le taux d’émigration du Mali vers les pays de l’OCDE était de 1.1 %, largement inférieur à celui de nombreux autres pays d’Afrique. Le taux d’émigration des Maliens augmente de façon très forte avec leur niveau d’éducation : le taux d’émigration des diplômés du supérieur atteint ainsi près de 9 %. Les femmes nées au Mali et diplômées du supérieur ont un taux d’émigration plus élevé que celui de leurs homologues masculins.

Parmi les plus de 100 000 émigrés maliens en âge de travailler dans les pays de l’OCDE, 61 % étaient en emploi en 2015/2016. Ce taux, similaire à celui de l’ensemble des émigrés de l’UEMOA, était significativement inférieur à celui des immigrés et des natifs de l’OCDE. Ces niveaux d’emploi diffèrent selon les pays de destination : le taux d’emploi des émigrés maliens est ainsi plus élevé en Espagne et en France qu’en Belgique.

Les femmes nées au Mali accèdent à l’emploi plus difficilement que les hommes dans les pays de l’OCDE. Seule la moitié d’entre elles sont en emploi, contre 68 % des hommes. La durée de séjour comme l’acquisition de la nationalité du pays de destination facilitent l’accès à l’emploi. Enfin, l’insertion sur le marché du travail des émigrés maliens s’améliore avec leur niveau d’éducation : les émigrés maliens diplômés du supérieur étaient 66 % à avoir un emploi contre 58 % de ceux avec un niveau d’éducation faible.

La meilleure insertion des émigrés maliens avec un niveau d’étude supérieur cache une inadéquation entre leur qualification et les emplois occupés dans les pays de l’OCDE. Plus de la moitié d’entre eux occupait un emploi ne nécessitant pas un tel niveau d’éducation en 2015/2016. Si les taux de déclassement varient substantiellement d’un pays de destination à l’autre, ils sont plus élevés pour les émigrés maliens n’ayant pas fait leurs études dans le pays de destination.

Les émigrés maliens sont surreprésentés dans les professions les moins qualifiées. Plus d’un tiers des actifs occupés nés au Mali occupaient une profession élémentaire en 2015/2016 contre 10 % des natifs. Ce sont essentiellement des femmes qui occupaient ces emplois. Moins d’un émigré malien sur cinq en emploi occupe un poste hautement qualifié, mais cette part est plus faible parmi les femmes.

Au cours des 20 dernières années, le nombre annuel d’acquisitions de la nationalité des pays de l’OCDE par les émigrés maliens est passé d’environ 770 à 4 900. La très grande majorité des acquisitions de nationalité par les émigrés maliens concerne la nationalité française.

Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, un tiers des émigrés maliens ont la nationalité de leur pays d’accueil, une proportion inférieure à celle de l’ensemble des immigrés dans l’OCDE (50 %) et des émigrés de l’UEMOA (40 %). Cette proportion varie toutefois selon le pays d’accueil : elle est particulièrement faible en Italie et en Espagne mais relativement élevée au Canada et en France. Ces différences s’expliquent notamment par les législations nationales et le caractère plus ou moins récent de l’immigration malienne dans ces pays.

Les transferts de fonds ont été multipliés par près de quatre depuis 2005. Le ratio entre les transferts de fonds et le PIB est passé de 2.8 % à 5.8 % entre 2005 et 2019/20 ; il a toutefois légèrement diminué ces dernières années. Cette augmentation peut refléter une réelle croissance du poids des transferts dans l’économie, mais elle reflète également leur formalisation progressive. Près d’un quart des transferts de fonds reçus par le Mali proviennent d’autres pays de l’UEMOA – principalement de Côte d’Ivoire et du Sénégal – tandis que près de la moitié proviennent de la zone euro – principalement de France et d’Espagne.

En 2009, on comptabilisait environ 259 000 migrants de retour au Mali, soit 1.8 % de la population. Cette proportion était de près de 3 % en 2016. La distribution régionale des migrants de retour reflète globalement la distribution de la population, mais ils sont surreprésentés dans les régions de Kayes et Sikasso, et largement sous-représentés dans le Nord du pays. Environ 60 % des migrants de retour vivant au Mali reviennent de Côte d’Ivoire.

Les migrants de retour revenant de Côte d’Ivoire ont en moyenne un niveau d’éducation inférieur à celui de la population malienne, alors que ceux revenant de France ont beaucoup plus souvent terminé leurs études secondaires. Dans l’ensemble, ils ne semblent pas pénalisés sur le marché du travail malien.

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