Résumé

La Région de Bruxelles-Capitale attire des talents de toute la Belgique, d'Europe et du monde entier. Entre 2001 et 2021, la population de la Région de Bruxelles-Capitale a augmenté de 27 %, contre 12 % pour l'ensemble de la Belgique. La population de la région se caractérise par sa jeunesse, sa diversité et son caractère urbain. En 2022, plus de la moitié de la population locale âgée de 15 à 64 ans était née à l'étranger, ce qui témoigne de l'attrait de la région pour les migrants de l'UE et des pays tiers. Parmi la population locale, 87 % avaient moins de 65 ans et étaient donc considérés comme jeunes ou en âge de travailler. La moyenne de l'OCDE, quant à elle, se situent à 81 %.

Plus de la moitié des personnes employées dans la Région de Bruxelles-Capitale vivent dans les Régions flamande et wallonne. Alors que la superficie de la Région de Bruxelles-Capitale n'est que de 162 kilomètres carrés, avec une population locale d'environ 1,2 million d'habitants, la zone urbaine fonctionnelle de la région - ou zone de navettage - s'étend bien au-delà de certaines parties de la Région flamande et de la Région wallonne. La zone de navettage abrite une population de plus de 3,3 millions d'habitants et s'étend sur plus de 4 800 kilomètres carrés. En 2021, parmi les 796 000 travailleurs occupés dans la Région de Bruxelles-Capitale, 393 000 y résidaient, tandis que 403 000 s’y rendaient depuis la Région flamande et la Région wallonne. Inversement, 53 000 Bruxellois travaillent en Région flamande et 23 000 en Région wallonne.

Tous les talents de la région ne participent pas au marché du travail. Le taux d'emploi de la population âgée de 15 à 64 ans s'élevait à 60 % en 2022 et restait inférieur à la moyenne de l'OCDE (69 %) et nettement inférieur aux zones métropolitaines comparables de l'OCDE. Par exemple, les taux d'emploi étaient de 82 % à Amsterdam, 78 % à Stockholm et 76 % à Berlin. Pour que le taux d'emploi de la Région de Bruxelles-Capitale rattrape le taux d'emploi moyen de l'OCDE, il faudrait que près de 80 000 personnes de la population résidente en âge de travailler trouvent un emploi. Le taux de chômage de 12,5 % était également supérieur à la moyenne de l'OCDE de 6,1 %. Le taux de chômage des jeunes, qui s'élève à 30,8 %, malgré la baisse enregistrée ces dernières années, reste lui aussi nettement supérieur à la moyenne de l'OCDE, qui est de 12,8 %.

L'emploi est particulièrement faible pour les groupes défavorisés. Les personnes peu diplômées et celles nées en dehors de l'Union européenne (UE-27) représentent une grande partie des personnes qui ne font pas partie de la population active (c'est-à-dire qui n'ont pas d'emploi et n'en cherchent pas activement) ou qui sont au chômage, avec des taux d'emploi de 32 % et 52 % respectivement parmi la population âgée de 15 à 64 ans en 2022. Le taux d'inactivité est particulièrement élevé chez les femmes nées dans hors UE-27, dont seulement 41 % occupaient un emploi en 2022. Pour atteindre des taux d'emploi plus élevés, il sera important de doter les personnes sans emploi de compétences adéquates et de réduire de nombreuses entraves, souvent cumulées, auxquelles elles sont confrontées sur le marché du travail. La Région gère un ensemble de politiques actives du marché du travail (PAMT) afin d’aider les bruxellois vers l’emploi. Des initiatives prises par d’autre pays de l'OCDE ouvrent des possibilités pour aller plus loin.

Ce rapport s'appuie sur des bonnes pratiques observées dans d’autres pays membres de l'OCDE en matière d'emploi et de formation qui seraient adaptées aux réalités de la région. Le rapport fournit d'abord un aperçu approfondi de la situation du marché du travail, avant de couvrir trois domaines de politiques publiques dans lesquels la Région peut agir pour tirer parti de ses atouts et surmonter les difficultés : la gouvernance et les institutions du marché du travail, les politiques de l’emploi et les politiques en matière de formation des chercheurs d’emploi.

Le paysage des institutions de l’emploi et de formation professionnelle est unique et très complexe dans la région. Actiris, le service public de l'emploi (SPE) de la région, est responsable de l’accompagnement des chercheurs d'emploi et de la mise en œuvre des programmes du marché du travail. Bruxelles Formation et le VDAB Brussel (Vlaamse Dienst voor Arbeidsbemiddeling en Beroepsopleiding Brussel) gèrent quant à eux la formation professionnelle, respectivement en français et en néerlandais. L’échelon communal met en œuvre les politiques sociales et assure l’insertion socio-professionnelle des allocataires des minimas sociaux. L'Office national de l'emploi (ONEM) gère les allocations de chômage et la protection sociale liée au travail.

Les accords entre Actiris, les organismes de formation professionnelle et les acteurs locaux aident à coordonner l’offre de services, mais les parcours des chercheurs d’emploi restent fragmentés. Dans d'autres pays de l'OCDE ayant décentralisé leurs PAMT, les SPE infranationaux gèrent généralement l’accompagnement et la formation des chercheurs d’emploi, tandis que l’État définit les orientations des politiques publiques à suivre et verse les allocations de chômage.

Les CPAS (Centres publics d'action sociale) communaux, responsables de l'intégration socio-professionnelle des allocataires des minimas sociaux, sont confrontés à un problème de capacité. Le nombre de bénéficiaires du Revenu d'intégration sociale (RIS) ayant augmenté rapidement - de 2,8 % de la population de la région en 2015 à 3,6 % en 2022 - les CPAS peinent à fournir des services de qualité à tous. À l’échelon local, un grand nombre d’organisations d’insertion, tels que les Missions locales, constituent un autre atout pour l'inclusion sociale. Pour plus d’impact, ces nombreux acteurs de l’associatif gagneraient à collaborer de façon plus étroite.

Plus de chercheurs d’emploi pourraient bénéficier de l’offre de formation professionnelle et d'enseignement qualifiant disponible en région. Les transitions numérique et écologique ont modifié les compétences requises pour réussir sur le marché du travail régional. Cependant, la part des adultes qui participent à la formation continue reste faible par rapport à d'autres régions métropolitaines de l'OCDE. Bruxelles Formation, le VDAB Brussel et différents établissements d'enseignement qualifiant proposent un ensemble d'opportunités de formation. Parmi les défis à relever : des niveaux élevés d'abandon dans certaines filières, l'inégalité dans les indemnités de formation pour les stagiaires dans différents parcours et la faible reconnaissance de certaines qualifications.

Pour relever ces défis, le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, les Communautés linguistiques belges et les communes pourraient s'appuyer sur les recommandations suivantes :

Simplifier le parcours des chercheurs d’emploi :

  • Créer un processus unique pour les chercheurs d’emploi au sein des services d'emploi et de formation professionnelle : Simplifier les accords institutionnels entre Actiris, Bruxelles Formation et le VDAB Brussel. Cela pourrait se traduire par un processus d'enregistrement unique pour tous les chercheurs d’emploi et une orientation rationalisée vers tous les programmes du marché du travail - y compris la formation - par l'intermédiaire d'Actiris.

  • Réinvestir l’accompagnement socio-professionnelle des allocataires du revenu minimum : Accroître le rôle d'Actiris pour aider les bénéficiaires du Revenu d'intégration sociale (RIS) ou équivalent dans leur recherche d'emploi. Une autre solution consisterait à augmenter les capacités financières et humaines des CPAS pour fournir un accompagnement de qualité à l’ensemble de leurs allocataires.

  • Clarifier les rôles des structures d’insertion dans le cadre d’un accompagnement « guichet unique » au sein des Maisons de l'emploi : Cartographier les rôles des ALE (Agences locales pour l'emploi), des entreprises sociales d'insertion, des Lokale Werkwinkels, des Missions locales, des Organismes d'insertion socioprofessionnelle (OISP) et des Socioprofessionele Inschakeling (SPI). Les Maisons de l'Emploi pourraient jouer le rôle de « guichet unique », qui hébergeraient certaines structures d’insertion, aux côtés d'Actiris et des CPAS.

Accorder plus d'attention à la mobilité géographique, à la dimension migratoire de l’exclusion et à la qualité du travail dans les politiques de l’emploi :

  • Renforcer la démarche d'activation d'Actiris et encourager les chercheurs d’emploi à accepter des offres d'emploi dans d'autres régions belges (navette sortante) : Les régions flamande et wallonne offrent aux chercheurs d’emploi des perspectives d’emploi qui correspondent à leur niveau de qualification. Actiris pourrait adopter une position d'activation qui encourage plus fortement les chercheurs d’emploi à accepter des offres d'emploi de qualité dans les régions voisines, à distance de navettage réaliste. Comme elle l'a fait avec la Région flamande, Actiris pourrait également mettre les offres d'emploi du SPE de la Région wallonne, Le Forem, à disposition des chercheurs d’emploi bruxellois. Dans l'idéal, les chercheurs d’emploi devraient pouvoir accéder facilement aux offres à pourvoir sur l’intégralité du territoire belge.

  • Adapter les politiques de l’emploi aux réalités des personnes issues de l'immigration et aux personnes confrontées à de nombreux obstacles à l’emploi : Afin de promouvoir l'intégration sur le marché du travail des personnes issues de l'immigration, différentes initiatives pourraient être envisagées. Il s’agirait de mettre en place des formations linguistiques adaptées aux personnes immigrées, de nouveaux programmes de lutte contre la discrimination et des programmes d’intégration ciblant les femmes issues de l’immigration hors UE. La Région pourrait également promouvoir l’embauche de personnes issues de l’immigration dans la fonction publique régionale. Ces initiatives s'appuieraient sur les initiatives déjà mises en place par la Région (Plans de diversité d’Actiris). Pour les parents qui recherchent un emploi, les programmes de garderie existants, tels que la Maison d'Enfants d'Actiris, pourraient servir de base à une collaboration plus approfondie avec les services d’aide aux familles.

  • Évaluer un plus grand nombre de programmes d’emploi et mieux mesurer la qualité du travail : Il s’agirait d’évaluer l’impact des programmes d’aide à l'emploi tels que activa.brussels, activa.brussels aptitude réduite, les emplois d'insertion (Article 60) et Stage First. La Région pourrait également mieux encadrer les parcours de formation des personnes qui bénéficient d’une aide à l’emploi. Il est conseillé à la Région d’accélérer la mise en œuvre du monitoring permanent de la qualité du travail afin de mieux prendre en compte la qualité des offres dans l’accompagnement des chercheurs d’emploi.

Renforcer l'attractivité et l'impact de la formation professionnelle et de l’enseignement qualifiant :

  • Recueillir plus d'informations sur les profils demandés auprès des employeurs et renforcer l'engagement des partenaires sociaux sectoriels : Une enquête régionale menée régulièrement par les pouvoirs publics permettrait de recueillir des données et des informations précises sur les métiers en tension sur le marché du travail francophone et néerlandophone. Ces données pourraient être utilisées pour soutenir les filières professionnelles.

  • Collaborer avec les employeurs pour évaluer plus précisément les compétences requises dans les offres d'emploi : Pour améliorer l'adéquation entre l’offre et la demande d’emploi, la Région pourrait aider les employeurs à repérer d’éventuelles exigences excessives, en particulier en ce qui concerne les prérequis linguistiques pour une offre de travail.

  • Renforcer l'attractivité des filières professionnelles et qualifiantes : La Région pourrait soutenir la reconnaissance des certificats de formation professionnelle délivrés par Bruxelles Formation et le VDAB Brussel en informant les employeurs plus précisément sur les compétences acquises grâce aux formations. Des indemnités de participation pourraient être introduites pour un plus grand nombre de filières de l'enseignement de promotion sociale (EPS). Renforcer les passerelles entre Acitirs et le système d’alternance permettrait également d’attirer plus de chercheurs d’emploi vers l’alternance.

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