4. Renforcer les mesures de gouvernance et l’architecture institutionnelle pour défendre l’intégrité de la sphère de l’information

Ce chapitre repose sur des données concernant 24 pays membres de l’OCDE issues de l’enquête « Architecture institutionnelle et pratiques de gouvernance visant à renforcer l’intégrité de l’information » conçue par le Centre de ressources de l’OCDE sur la désinformation et la mésinformation (ci-après « l’Enquête de l’OCDE »). Les pays qui ont répondu à cette enquête sont : l’Allemagne, l’Australie, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, l’Estonie, l’Espagne, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, la Luxembourg, la Norvège, le Portugal, la République slovaque, les Pays-Bas, la Suède, la Suisse et la Türkiye.

Les pays de l’OCDE s’emploient à adapter leurs institutions et leurs cadres stratégiques pour gérer les risques engendrés par la désinformation et créer un environnement propice à une information exacte, fiable et plurielle. Du point de vue de la gouvernance, le défi est de taille, car les décideurs se trouvent dans une situation délicate : des mesures sont nécessaires pour lutter contre la désinformation et renforcer l’intégrité de l’information, mais elles ne doivent pas se traduire par un contrôle accru des informations librement accessibles ni porter atteinte à la liberté d’expression.

Qu’il s’agisse de théories du complot en matière de santé publique ou d’opérations de manipulation et d’ingérence par des agents étrangers dans le domaine de l’information — dont différentes thèses lors de la pandémie de COVID-19 et la manipulation d’informations par la Russie afin de saper le soutien international à l’Ukraine sont des exemples récents (Service européen d’action extérieure, 2023[1]) —, les multiples menaces posées par des campagnes de désinformation ont poussé les pays à s’attaquer à ce phénomène mondial d’une manière coordonnée et holistique.

La mise en place, au niveau national, de cadres stratégiques, d’unités de coordination administrative, de groupes de travail et d’initiatives de développement des capacités, autrement dit d’une architecture institutionnelle, est essentielle pour répondre à la désinformation et appliquer des mesures qui renforcent l’intégrité. À cette fin, les pays pourraient évaluer leurs propres dispositions et pratiques institutionnelles, en tenant compte des points suivants :

  • Des orientations stratégiques et des efforts politiques coordonnés, tant au niveau national qu’international, sont nécessaires pour mener à bien les initiatives complexes et pluridimensionnelles visant à renforcer l’intégrité.

  • Un environnement informationnel en constante évolution exige des pays qu’ils investissent dans des programmes de développement des capacités et dans l’infrastructure des systèmes d’information au sein des administrations publiques, afin de leur permettre d’élaborer des politiques cohérentes et globales à même de renforcer l’intégrité de l’information.

  • Les pays devront adapter et améliorer la gouvernance réglementaire de façon à favoriser un environnement propice à une information fiable.

Pour relever un défi pluridimensionnel, comme la désinformation, laquelle met en jeu de nombreux acteurs, canaux et tactiques, il faut concevoir une réponse coordonnée et stratégique. L’ampleur et la rapidité de la prolifération de contenus faux et trompeurs ont fait prendre conscience aux pays de la nécessité de dresser un panorama complet des moyens d’améliorer le niveau d’intégrité de la sphère de l’information. C’est pourquoi les pays s’emploient de plus en plus à mettre en place ou à moderniser leurs mécanismes de coordination. Selon les pays, les mécanismes de coordination varient considérablement et peuvent prendre la forme d’offices centraux (unités, cellules, etc.) ou de groupes de travail interinstitutionnels composés d’agents de tous les niveaux de l’administration. Ces groupes ont généralement des mandats et un champ d’action ciblés.

Le degré de priorité accordée à ces mesures de gouvernance publique est élevé : tous les répondants à l’Enquête de l’OCDE ont indiqué que l’élaboration de programmes d’action ou de documents de stratégie, leur mise à jour ou leur révision pour accroître leur pertinence constituait une priorité essentielle1 (Graphique ‎4.1). La plupart des pays interrogés ont également souligné l’importance d’une meilleure coordination au sein de l’administration comme avec des partenaires, ainsi que du développement des capacités à détecter les menaces liées à la désinformation et à y répondre. Cette hiérarchisation des priorités permet de comprendre où les pays peuvent concentrer leurs efforts pour définir une architecture de gouvernance plus efficace dans ce secteur d’action des pouvoirs publics.

Les cadres stratégiques sont fondamentaux pour déployer une vision et une réponse cohérentes en matière de renforcement de l’intégrité de l’information. Les stratégies nationales apportent de la clarté dans la mesure où elles définissent les responsabilités institutionnelles, évitent les doubles emplois et réduisent les asymétries d’information au sein de l’administration. Cela dit, un document de stratégie n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’encadrer la conception des mesures et des calendriers d’évaluation pour apprécier l’efficacité des politiques mises en œuvre et les progrès qui en résultent (OCDE, 2020[2]).

Certains pays, en particulier ces dernières années, ont élaboré des stratégies nationales spécifiquement axées sur la lutte contre la désinformation et le renforcement de l’intégrité de l’information. Toutefois, les données issues de l’Enquête de l’OCDE montrent que seuls neuf pays (Australie, Espagne, Estonie, États-Unis, Italie, Lettonie, Lituanie, Pays-Bas et Portugal) ont créé un document de stratégie offrant des orientations sur la manière de lutter contre la désinformation et de renforcer l’intégrité de l’information au niveau national.2 D’autres pays, tels que l’Irlande et l’Allemagne, sont en train d’élaborer ce type de documents.

Les stratégies nationales portent souvent sur des aspects opérationnels, comme la désignation de points de contact, le recensement des fonctions du ou des mécanismes de coordination et l’établissement de calendriers pour assurer une mise en œuvre efficace et l’évaluation des progrès accomplis (voir l’Encadré ‎4.1 pour une présentation générale de la stratégie nationale des Pays-Bas).

Au-delà des stratégies nationales, et en raison notamment de la nature multidimensionnelle de la désinformation et de l’intégrité de l’information, de nombreux pays ont formulé des orientations relatives à ces phénomènes dans d’autres documents nationaux de stratégie. Tel est le cas en Allemagne, en Australie, en Colombie, au Costa Rica, en Estonie, en France, en Finlande, au Luxembourg3 et en République slovaque.

En Allemagne et en Estonie, par exemple, les mesures de lutte contre la désinformation sont exposées dans la politique de sécurité nationale. La Stratégie allemande de sécurité nationale, adoptée par le gouvernement fédéral en juin 2023, fait état de diverses mesures visant à prévenir les campagnes de désinformation et à comprendre leurs relations avec d’autres menaces pour la sécurité nationale. En Estonie, un plan de lutte contre la désinformation figure dans l’Exposé des principes de sécurité nationale (mis à jour en février 2023). En Australie, les politiques de lutte contre la désinformation font également partie des priorités relatives à l’ingérence numérique et étrangère et apparaissent à la fois dans la stratégie d’engagement en matière de technologies cybernétiques et critiques (International Cyber and Critical Tech Engagement Strategy) et dans la stratégie de lutte contre l’ingérence étrangère (Counter Foreign Interference Strategy). En France, la Revue nationale stratégique présentée par le président en octobre 2022 dresse le panorama de l’environnement de défense et de sécurité, aussi bien national qu’international, de la France et souligne que la lutte contre la désinformation est une priorité du pays. En outre, cette revue a entraîné la définition d’une Stratégie nationale d’influence, en cours d’élaboration par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, et à la création d’unités dédiées à la lutte contre la désinformation au sein de plusieurs ministères dont le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et le ministère des Armées.

Par ailleurs, la République slovaque a adopté un Exposé des principes de communication stratégique en juin 2023, lequel vise à aider la fonction de communication stratégique à répondre aux effets préjudiciables des opérations d’influence dans la sphère de l’information et à atténuer ces derniers et à renforcer la confiance des citoyens dans les institutions démocratiques. Le document décrit les initiatives visant à améliorer la communication entre l’État et les citoyens, à formaliser et simplifier la coopération et la coordination des institutions publiques en matière de communication stratégique et à accélérer la riposte des pouvoirs publics face à la désinformation (Gouvernement de la République slovaque, 2023[4]).

Outre le cadre stratégique proprement dit, le processus d’élaboration, de mise en œuvre et de suivi de ce type de stratégie mérite une attention particulière. En effet, une conception inclusive et rigoureuse peut permettre d’assurer que les objectifs poursuivis servent les aspirations de la démocratie et présentent une véritable utilité pour les citoyens (OCDE, 2020[2]). Pour ce faire, certains pays ont mis en place des groupes de travail qui contribuent à définir un tel processus. Ainsi en Irlande, le Groupe de travail sur la stratégie nationale de lutte contre la désinformation (National Counter Disinformation Strategy Working Group), créée en 2023, est le fruit d’une recommandation de la Commission sur l’avenir des médias (Future of Media Commission) appelant à une approche plus coordonnée et stratégique pour lutter contre les conséquences néfastes de la désinformation sur la société et sur la démocratie irlandaises (Encadré ‎4.2).

Étant donné que les pouvoirs publics continuent d’étoffer leur action en faveur de l’intégrité de l’information, il sera utile de mieux comprendre les tendances et les priorités retenues de façon à clarifier et à renforcer le rôle des orientations stratégiques dans ce domaine.

Une approche interinstitutionnelle cohérente peut aider les pays à repérer les synergies entre les priorités sectorielles, à définir clairement les responsabilités, à éviter les doubles emplois et à promouvoir un renforcement mutuel entre les institutions qui luttent contre la désinformation. Par exemple, la création d’un service opérationnel de suivi et de réfutation, y compris par anticipation, des campagnes de désinformation nécessite souvent une coordination au niveau stratégique, pour mettre en place des systèmes, des processus et des fonctions de suivi, ainsi qu’au niveau tactique pour faire en sorte que des mesures puissent être prises en temps utile.

Les modalités de coordination à l’échelle nationale des réponses aux menaces liées à la désinformation et des initiatives en faveur de l’intégrité de l’information sont multiples et évoluent rapidement. Au niveau national, les missions peuvent être réparties dans l’ensemble de l’administration publique : elles peuvent incomber notamment au centre de gouvernement, aux ministères sectoriels (notamment ceux responsables de la sécurité, du numérique, de la communication, des médias, de la culture, de l’éducation et de la recherche), aux agences de sécurité et aux services de renseignement ainsi qu’aux instances de réglementation. La complexité des efforts visant à renforcer l’intégrité de l’information dans les démocraties exige la mise en place de mécanismes de coordination pour faciliter la coopération au sein des administrations publiques et entre elles.

La moitié des pays répondants (54 %) à l’Enquête de l’OCDE disposent d’au moins un mécanisme interadministrations exclusivement chargé de coordonner les initiatives nationales visant à repérer les cas de désinformation et à y répondre ou à fournir des conseils techniques sur les politiques en la matière.4 Ces mécanismes prennent généralement la forme d’unités centrales (comme des bureaux ou des cellules) dotées d’un mandat officiel de coordination des attributions ou de groupes de travail officiels composés d’agents des différentes administrations (Graphique ‎4.2).

En particulier, la création de mécanismes de coordination est une mesure relativement récente, tous ayant été mis en place, au moins sous leur forme actuelle, à partir de 2016. Compte tenu des dernières tendances en matière de désinformation, les pays peinent à définir leur rôle dans la lutte contre ces menaces. L’instauration de bureaux ou de mécanismes officiels a aidé les démocraties à comprendre ces menaces et à y répondre, notamment en clarifiant les types précis de comportements et les contenus qui peuvent requérir une intervention des pouvoirs publics (Kleis Nielsen, 2021[6]). Les groupes de coordination constituent également des points de contact au sein des administrations favorisant la transparence et permettent de gérer plus facilement le risque que les mesures conçues pour lutter contre la désinformation exacerbent la défiance du grand public et d’atténuer les effets inattendus qu’elles pourraient avoir sur la liberté d’expression et d’opinion (Butcher, 2019[7]).

Les différents mécanismes de coordination qui existent actuellement ont en grande partie les mêmes objectifs prioritaires : la conduite de recherches sur les facteurs en jeu dans la désinformation, le renforcement de la résilience de la société face à la propagation d’informations fausses et trompeuses et l’élaboration de lignes directrices ou de documents de stratégie ou l’amélioration de leur pertinence (Graphique ‎4.3).

En ce qui concerne les mécanismes de coordination interministériels, les réponses à l’enquête et les informations librement accessibles laissent penser qu’en règle générale, les pays ont défini des cadres juridiques qui fixent les modalités de fonctionnement de ces mécanismes. Ces dispositions juridiques sont particulièrement importantes pour expliquer le champ d’action du mécanisme de coordination, pour établir des contrôles internes et des procédures de communication sur ses activités et pour réduire le risque d’abus des mesures prises.

En effet, il convient de doter les mécanismes et les unités de coordination interaministérielles de mandats clairs et les empêcher expressément d’intervenir dans des domaines où leur action pourrait nuire à la liberté d’expression ou à la qualité de la démocratie. À cette fin, la Lettonie a approuvé, en mai 2023, le règlement du Groupe national de coordination en matière de sécurité de la sphère de l’information. Ce règlement définit les règles juridiquement contraignantes qui encadrent le fonctionnement du mécanisme et porte création du Département de coordination de la communication stratégique de la Chancellerie d’État en tant qu’autorité de gestion centrale (Encadré ‎4.3).

L’un des enjeux essentiels auxquels répondent ces mécanismes tient à la nécessité pour les pays d’intervenir rapidement et de façon fréquente dans le cycle de l’information, en particulier pendant les crises, afin de permettre la diffusion d’informations exactes et d’éviter que les contenus faux ou trompeurs ne s’imposent. Les structures de gestion des crises informationnelles sont un outil important dans ce contexte. En Lituanie, la Stratégie de sécurité nationale s’est traduite par la création du Centre national de gestion des crises (Nacionalinis krizių valdymo centras, NKVC), lequel constitue un point de contact et un centre de situation chargé de coordonner la lutte contre les menaces pour la sécurité nationale, dont la désinformation (Encadré ‎4.4).

D’autres pays ont mis en place des instances de coordination au niveau national dont les missions sont axées sur la détection et la caractérisation des opérations de désinformation orchestrées par des agents étrangers. Le Service de vigilance et protection contre les ingérences numériques étrangères en France (VIGINUM) (Encadré ‎4.5), l’Agence de défense psychologique en Suède (Encadré ‎4.6) et le Centre de mobilisation mondiale (Global Engagement Center) aux États-Unis (Encadré ‎4.7) sont dotés de mandats précis qui limitent leur action aux menaces de manipulation et d’ingérence, par des agents étrangers, dans le domaine de l’information. Ces pays ont établi une distinction très nette selon la provenance, intérieure ou extérieure, des menaces liées à la désinformation. Par ailleurs, le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères a créé une unité spécialement chargée de détecter d’éventuelles opérations de désinformation lancées contre le réseau diplomatique français.

Par ailleurs, la fonction de communication publique occupe une place de premier plan dans la coordination de la lutte contre les menaces liées à la désinformation. Pour autant qu’elle soit dotée d’une gouvernance adaptée et de ressources suffisantes, cette fonction peut jouer un rôle important dans les actions des pouvoirs publics pour accroître leur capacité d’appréciation des menaces en matière d’information et pour favoriser une coordination efficace de la réponse apportée. Pour ce faire, cette fonction devrait être fondée sur des activités visant à promouvoir le bien public, être mise en œuvre de manière transparente et être encadrée par des mandats clairs séparant les activités de communication politique et publique. À cet égard par exemple, le Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères a mené en 2023-2024 trois campagnes d’exposition publique basées sur des enquêtes de l’agence VIGINUM, incluant la publication d’un rapport technique partageant les données ouvertes qui ont permis aux autorités françaises de conclure un ciblage du pays par une ingérence numérique d’origine étrangère. D’après l’Enquête de l’OCDE sur la communication publique (Understanding Public Communication Survey), réalisée en 2020, 64 % des 46 pays répondants comptaient des structures, des équipes ou des personnes menant des activités de communication publique liées à la lutte contre la désinformation (OCDE, 2021[14]). L’importance accordée à la lutte contre la désinformation au moyen de la fonction de communication publique s’est rapidement accentuée pendant la pandémie de COVID-19, étant donné que les pouvoirs publics se sont employés à contrer la propagation rapide de faux récits sur les causes du virus et sur des remèdes dont l’efficacité n’était pas démontrée sur le plan scientifique.

En ce qui concerne la communication publique, un service centralisé peut être utile pour produire des ressources communes, partager des informations et définir une réponse cohérente pour les organismes publics et les ministères au niveau national. Au Royaume-Uni, une architecture de communication publique a émergé à la suite d’interventions et de stratégies destinées à lutter contre plusieurs vagues de désinformation. Ainsi, l’Unité de lutte contre la désinformation (Counter Disinformation Unit, CDU) mène actuellement des activités de suivi et de signalement de contenus faux et trompeurs qu’elle réfute ou qu’elle communique à la plateforme en ligne concernée. En outre, la Cellule d’information publique (Government Information Cell, GIC), qui relève du ministère des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement, a été créée à la veille de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie avec pour mission de lutter contre les opérations menées par des acteurs hostiles qui menacent la sécurité, la politique étrangère et les institutions démocratiques du Royaume-Uni (OCDE, 2023[15]).

Ce type d’organismes englobe aussi les entités qui se concentrent sur la mise en œuvre d’initiatives et de politiques spécifiques destinées à lutter contre la désinformation en renforçant la sphère des médias et de l’information de manière plus générale, comme l’illustre le Département de l’information et de la publication en Italie (Encadré ‎4.8).

En plus de créer des unités centrales chargées de coordonner les mesures d’intervention contre la désinformation, les gouvernements peuvent également envisager de mettre en place des équipes spéciales composées de représentants des services publics ou de partenaires externes qui formulent des recommandations sur les dispositions à prendre. Ces équipes spéciales peuvent être permanentes ou temporaires. Il convient de préciser que différentes unités d’experts peuvent être créées au sein du même pays, ce qui permet d’adapter plus facilement les mesures d’intervention et les travaux techniques lorsqu’il est question d’objectifs spécifiques.

La configuration spécifique adoptée par l’Allemagne prévoit qu’un ministère gère la stratégie nationale relative à la désinformation. Ce ministère est soutenu par un réseau d’équipes spéciales et de groupes de travail interministériels, avec lesquels il collabore dans le cadre de priorités thématiques spécifiques (Encadré ‎4.9).

Au Chili, une commission nationale contre la désinformation a été mise en place en 2023. Ce comité consultatif conseille le ministère de la Science, de la Technologie, des Connaissances et de l’Innovation ainsi que le Secrétariat général du Gouvernement (Segegob) sur les effets de la désinformation sur la qualité démocratique des plateformes numériques, la littératie numérique et les bonnes pratiques en ligne (Encadré ‎4.10).

Les pays ont également mis en place des consultations et des évaluations régulières pour s’assurer que les mesures de politiques publiques puissent être adaptées aux évolutions de la sphère de l’information. Par exemple, l’Unité de protection de la démocratie canadienne du Bureau du Conseil privé (BCP) a récemment créé un groupe interdépartemental dont la tâche est d’identifier les lacunes dans la stratégie de lutte contre la désinformation adoptée par le Gouvernement du Canada, ainsi qu’un groupe de coordination sur les recherches interdépartementales qui veille à ce que les recherches sur le sujet soient alignées et exhaustives.

Enfin, même lorsque les pays n’ont pas mis en place un mécanisme de coordination transversale dédié à la lutte contre la désinformation ou plus généralement au renforcement de l’intégrité de l’information, les gouvernements peuvent créer des équipes spéciales qui rassemblent différents bureaux, comme le Centre du Gouvernement (Bureau du Cabinet ou Bureau de la présidence) et les ministères ou les départements des affaires étrangères, de la communication stratégique, de la santé, de l’éducation, de la culture, de la défense et des politiques numériques, en particulier lorsqu’ils doivent répondre à des priorités thématiques spécifiques. Par exemple, en 2023, le Brésil a établi un comité interministériel de lutte contre la désinformation axé sur la campagne nationale de vaccination et sur les politiques publiques en matière de la santé. Le but du comité est d’apporter une vision stratégique et complète pour éclairer le ministère de la Santé dans le développement et l’évaluation de ses campagnes de communication sur les questions de santé, de faire circuler des informations au sein du gouvernement sur la désinformation liée aux politiques publiques en matière de santé, et de réaliser des recherches pertinentes, produire des ressources et organiser des formations soutenant les actions de lutte contre la désinformation déployées par le gouvernement dans ce domaine. Le comité est composé de représentants du Secrétariat de la communication sociale de la présidence de la République, du Bureau du Procureur général, du Contrôleur général, du ministère de la Science, de la Technologie et de l’Innovation, du ministère de la Justice et de la Sécurité publique, et du ministère de la Santé (Gouvernement du Brésil, 2023[18]).

Les expériences des pays dans la mise en place de mécanismes de coordination à ce jour montrent que les gouvernements apprécient de plus en plus les bénéfices de mener des actions organisées et cohérentes pour lutter contre les menaces de désinformation et renforcer l’intégrité de l’information. Ces initiatives mettent également en évidence l’importance que ces unités de coordination ne contribuent pas à la politisation ou à restreindre la liberté d’expression, mais qu’ils favorisent une diffusion efficace et rapide des renseignements entre les autorités concernées (aussi bien au niveau local, fédéral que national) et d’éventuels partenaires externes. Les mesures visant à consolider et stabiliser le fonctionnement des mécanismes de coordination mettent également en avant l’importance de définir des mandats clairs, notamment en identifiant la ou les menace(s) de désinformation que le mécanisme ou le bureau cherche à contrer.

Aujourd’hui, les flux d’information ne connaissent pas de frontières dans une société mondialisée et numérisée. La coopération et la coordination internationales sont des éléments essentiels pour concevoir des mesures d’intervention à la hauteur du défi que représente l’intégrité de l’information. La nature transnationale de ce défi est également visible dans le recours à la manipulation de l’information par des acteurs étrangers malintentionnés dont le but est d’interférer dans les affaires nationales. L’incapacité à instaurer un dialogue transnational pourrait encourager les États hostiles à utiliser une approche fragmentée à leur avantage (Pamment, 2020[19]). Les informations fausses et mensongères peuvent également avoir des effets négatifs par-delà les frontières dans les domaines liés à la santé publique, aux communautés minoritaires et au changement climatique (Lewandowsky, 2021[20] ; PNUD, 2021[21]). Dans ce contexte, tout comme dans d’autres domaines de l’économie numérique, la coopération internationale en matière réglementaire devrait faire partie de la boîte à outils stratégique permettant de répondre aux menaces de désinformation et de renforcer l’intégrité de l’information.

C’est pourquoi les pays collaborent et coordonnent leurs actions sur le plan international pour renforcer leur capacité à neutraliser ces menaces. En effet, les interventions nationales sont les plus efficaces lorsqu’elles sont étayées par l’expérience d’autres pays faisant face à des problèmes similaires et qu’elles reposent sur des leçons pertinentes. Consolider la coordination à l’échelle nationale aidera donc les pays qui prennent part à des initiatives internationales dont la mission est de prévenir et combattre les activités de désinformation (Jeangène Vilmer, 2021[22]).

Il existe de nombreux forums et mécanismes de coordination internationaux qui présentent différentes configurations d’alliances entre pays et priorités thématiques. Les organisations internationales, les groupes spécialisés ou ad hoc et les rencontres et accords-cadres établis par des gouvernements sont les canaux principaux qui permettent aux pays de s’investir dans ces problématiques de manière bilatérale et multilatérale. Malgré le nombre et la diversité des possibilités de coordination internationale, 90 % des pays sondées ont indiqué que renforcer la coopération avec les pays partenaires est un point prioritaire à améliorer pour combattre les menaces de désinformation.5

Tout d’abord, les organisations internationales continuent de déployer des mesures de soutien pour aider les pays à renforcer l’intégrité de l’information. Par exemple, en plus du centre de ressources DIS/MIS6 de l’OCDE, qui sert de plateforme pour l’analyse des politiques publiques et le dialogue avec les 38 pays membres et au-delà, l’OCDE rassemble ses Membres et non Membres à travers plusieurs initiatives et de réseaux. Ces initiatives portent sur des questions comme l’intelligence artificielle,7 la recherche et la promotion de mesures de gouvernance plus efficaces en faveur de l’intégrité de l’information dans les pays en développement,8 ou l’établissement de cadres favorisant la transparence des plateformes en ligne.9 Ensemble, ces initiatives de l’OCDE contribuent à éclairer le travail du centre de ressources DIS/MIS de l’OCDE et les actions en faveur de l’intégrité de l’information déployées à l’échelle mondiale.

Le secrétariat de l’OTAN et le Centre d’excellence pour la communication stratégique de l’OTAN (StratCom COE de l’OTAN, établi en Lettonie en 2014) réalisent des analyses, mènent des recherches et soutiennent les mesures de communication stratégique contre les campagnes de désinformation. EUvsDisinfo10 est un projet du groupe de travail East StratCom du Service européen pour l’action extérieure créé en 2015 dans le but de mieux anticiper, gérer et répondre aux campagnes de désinformation russes touchant l’Union européenne, ses pays membres, et d’autres pays de la région (l’impact réglementaire transnational de l’UE est examiné dans le Chapitre II). Enfin, le Centre d’excellence européen de lutte contre les menaces hybrides (Hybrid CoE) a été créé en Finlande en 2017 pour contrer les menaces hybrides, ainsi que pour renforcer les capacités et sensibiliser les pays participants (Encadré ‎4.11).

De son côté, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) soutient ses membres du monde entier en élaborant des activités d’éducation aux médias et à l’information et en renforçant les capacités des décideurs, des éducateurs, des journalistes et des professionnels des médias, des organisations de la jeunesse et des populations défavorisées.11 En outre, l’UNESCO a élaboré des Principes de régulation des plateformes numériques, un document de haut niveau qui vise à sauvegarder la liberté d’expression, l’accès à l’information et d’autres droits de l’homme dans le cadre de la gouvernance des plateformes numériques, tout en gérant les contenus préjudiciables qui peuvent être restreints en vertu des normes et des lois internationales en matière de droits de l’homme en ligne (UNESCO, 2023[25]). De plus, toujours dans le système des Nations Unies, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) examine l’intégrité de l’information dans le cadre de son mandat et de ses domaines thématiques de travail. En termes de programmation, le PNUD donne des conseils pratiques pour la conception de programmes de développement.12

Outre l’engagement général des membres par le biais d’organisations internationales ou de l’Union européenne, les gouvernements ont mis en place des mécanismes d’action plus ciblés pour gérer certains aspects de la lutte contre la désinformation. Les États-Unis ont récemment dévoilé un nouvel outil pour atteindre un consensus international sur une approche commune de lutte contre la désinformation et la manipulation de l’information par des États étrangers et pour protéger les sociétés libres et ouvertes (voir Encadré ‎4.12 pour en savoir plus).

Au niveau du G7, par exemple, le Mécanisme de réponse rapide (MRR du G7) vise à renforcer la coordination pour identifier et répondre aux menaces diverses et en évolution à l’encontre de la démocratie provenant de l’étranger. Créé en 2018, il inclut des représentants des membres du G7, ainsi que l’Union européenne, L’OTAN, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas et la Suède en qualité d’observateurs (voir Encadré ‎4.13).

Le Triangle de Lublin a été fondé par la Pologne, la Lituanie et l’Ukraine afin de mettre en place un cadre de coopération tripartite visant à contrer les campagnes de désinformation russes. Ces trois pays ont collaboré pour identifier des discours, des messages et des tactiques spécifiques utilisés à leur encontre, pour analyser le degré de résilience des sociétés face à la propagande gouvernementale russe, et pour formuler des recommandations pour mieux lutter contre les menaces en évolution (Encadré ‎4.14).

Les gouvernements ont également établi une série de réunions et de cadres d’action qui servent de plateformes pour discuter, fixer des priorités pour l’avenir et définir une direction commune à prendre dans le cadre de futures actions. Par exemple, les États-Unis ont fondé et accueilli les deux premières réunions du Sommet pour la démocratie (en décembre 2021 et en mars 2023). La troisième rencontre sera accueillie par la République de Corée en mars 2024. Près de cent gouvernements ont participé aux deux premiers Sommets. L’un des thèmes du Sommet pour la démocratie 2023 portait sur l’intégrité de l’information. En outre, un accent particulier a été mis sur les problématiques liées à la coopération internationale, sur l’éducation à l’information et sur l’adoption de définitions.13

S’appuyant directement sur le travail de la Cohorte sur l’intégrité de l’information du Sommet pour la démocratie, les gouvernements du Canada et des Pays-Bas ont rendu publique la Déclaration mondiale sur l’intégrité de l’information en ligne en septembre 2023. Celle-ci « établit un ensemble d’engagements internationaux de haut niveau pris par les États participants pour protéger et promouvoir l’intégrité de l’information en ligne [...] et permet également de renforcer les efforts multilatéraux et multipartites existants pour protéger l’écosystème de l’information (Gouvernement des Pays-Bas, 2023[29]) » (voir Encadré ‎4.15).

Le Conseil du commerce et des technologies (CCT) UE–États-Unis est un autre exemple de plateforme favorisant les échanges multilatéraux. Fondé en 2021, il sert de forum permettant aux États-Unis et à l’Union européenne de coordonner leurs approches liées au commerce international, à l’économie et à la technologie. Lors de la quatrième réunion ministérielle du CCT en mai 2023, dans une déclaration commune, les deux partis ont exprimé leur profonde préoccupation concernant les activités de manipulation de l’information, d’ingérence et de désinformation menées depuis l’étranger. Ils ont également mis en avant l’occasion de mettre en place une norme commune sur l’échange de renseignements liés aux menaces de manipulation de l’information et d’ingérence, et ont appelé l’ensemble des acteurs à se préparer à intensifier leurs actions contre les menaces de manipulation de l’information et d’ingérence, par exemple en cherchant davantage de soutien pour renforcer les capacités en Afrique, en Amérique latine et dans les pays voisins de l’UE (TTC, 2023[31]).

Le Partenariat international sur l’information et la démocratie est un accord intergouvernemental non contraignant signé par 52 pays visant à promouvoir et adopter des principes démocratiques dans la sphère mondiale de l’information et de la communication (voir Encadré ‎4.16). Le contrôle et la mise en œuvre du Partenariat sont coordonnés par le Forum sur l’information et la démocratie, une entité indépendante à but non lucratif dirigée par des organisations de la société civile. Désigner le Forum en qualité de groupe de la société civile indépendant pour servir le Partenariat offre des occasions importantes pour les partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux de s’engager et ainsi de profiter d’experts et d’universitaires rassemblés pour évaluer la sphère mondiale de l’information et de la communication, ainsi que pour formuler des recommandations aux différentes parties prenantes afin de façonner l’évolution des normes (Forum sur l’information et la démocratie, 2023[32]).

Il convient de noter que ces exemples n’incluent pas les engagements bilatéraux ou la coopération internationale axée sur les questions de renseignements ou de sécurité. Les pays ont cependant précisé qu’ils participent à ces réseaux et à ces initiatives pour partager des informations utiles, pour échanger sur leurs recherches respectives, pour participer à des activités de renforcement des capacités, pour partager les meilleures pratiques, et pour clarifier la direction à adopter dans le cadre d’actions conjointes. Ces mécanismes sont également essentiels pour développer une terminologie commune, partager des renseignements stratégiques et des méthodes d’analyse, faire progresser les recherches et surmonter les clivages politiques internes.

À l’avenir, les gouvernements et les organisations internationales devront continuer d’affronter les nouvelles problématiques émergentes dans la sphère de l’information tout en évitant les chevauchements avec d’autres initiatives ou les doublons (voir par exemple la Recommandation de l’OCDE sur la coopération réglementaire internationale face aux défis de portée mondiale (OCDE, 2022[34]). Il reste encore beaucoup à faire pour profiter des bienfaits qu’offrent les perspectives uniques, les réseaux de membres et les missions des organisations pertinentes et pour coordonner une action commune à l’échelle mondiale.

Le renforcement des capacités collectives des pouvoirs publics face aux enjeux de la désinformation doit cibler en premier lieu les agents publics confrontés à ces menaces dans leur travail quotidien. Le niveau de complexité des campagnes de désinformation nécessite une amélioration des compétences et une formation à tous les niveaux de l’administration afin que les élus et les décideurs disposent des connaissances et des outils nécessaires pour repérer, surveiller et contrer la diffusion d’informations fausses et trompeuses sans porter atteinte aux droits humains et aux libertés fondamentales. Les actions de renforcement des capacités doivent également être conçues dans l’objectif plus général d’encourager la réflexion critique et de sensibiliser les agents publics aux risques de la désinformation. C’est également important pour éviter qu’ils ne diffusent des discours fallacieux. À cette fin, il est possible de faire appel à des écoles nationales d’administration publique ou des bureaux spécialisés, comme le bureau belge d’intégrité, afin de faire en sorte que les actions de renforcement des capacités déployées au sein de cette sphère appuient les objectifs généraux d’amélioration de l’intégrité de l’information et de mise en confiance des citoyens.

D’après l’enquête de l’OCDE, 90 % des pays interrogés ont indiqué que le renforcement des capacités des agents publics en matière de suivi des risques de désinformation et de lutte contre ces risques fait partie de leurs priorités pour l’avenir. Toutefois, dans le même temps, seuls 65 % d’entre eux ont déclaré avoir mis en place une formation régulière et spécialisée pour lutter contre la désinformation. Par exemple, en Colombie, le ministère des Technologies de l’information et de la communication (MinTIC) a pris des mesures proactives pour former l’équipe de son service de presse. Les personnes qui rejoignent cette équipe bénéficient d’une formation sur la manière de repérer d’éventuels discours fallacieux et de mieux réagir à ces situations. Le ministère néerlandais de l’Intérieur et des Relations au sein du Royaume a rédigé en 2022 un « Guide de gestion de la désinformation » contenant des conseils généraux à l’intention des fonctionnaires (voir Encadré ‎4.17).

Autre exemple : la boîte à outils RESIST 2 du Royaume-Uni est utilisée dans le cadre de la formation des agents publics afin de les aider à renforcer la résilience des individus et de la société à la désinformation au moyen de communications stratégiques (Encadré ‎4.18).

Il convient également de mettre en étroite relation les programmes de renforcement des capacités et les derniers travaux de recherche disponibles. Un partenariat avec des organisations actives dans le domaine de l’intégrité de l’information peut donc contribuer à garantir la mise en place de possibilités d’apprentissage de haute qualité, innovantes et économiquement efficientes. Les agents publics italiens, par exemple, bénéficient de formations fondées sur les travaux de recherche de l’Observatoire européen des médias numériques, un centre d’expertise indépendant qui encourage la recherche scientifique sur la désinformation en ligne, promeut la conception de services de vérification des informations, et soutient des projets d’éducation aux médias (voir Encadré ‎4.19 — des informations supplémentaires sur la collaboration avec des partenaires non gouvernementaux sont disponibles au chapitre III).

Le Canada a également investi dans des formations destinées aux fonctionnaires et axées sur la compréhension et la résilience face à la désinformation, en adaptant au contexte canadien la boîte à outils RESIST 2 du Royaume-Uni (Encadré ‎4.20).

L’expérience des pays en matière de renforcement des capacités dans ce domaine montre qu’il est important de consolider les connaissances et les compétences des fonctionnaires au regard du suivi et de la lutte contre la désinformation. Les différents exemples d’actions en faveur du renforcement des capacités mettent en évidence l’intérêt de concevoir des programmes accessibles et fondés sur des données probantes, tenant compte des sensibilités culturelles et linguistiques, et proposés sous divers formats, comme des formations hors ligne et en ligne, des ateliers, des boîtes à outils et des manuels. On sait également d’expérience qu’il est utile d’encourager la mobilité du personnel d’un organisme et d’un bureau à un autre afin de tirer parti de l’expertise des collègues et des connaissances acquises dans le cadre des projets.

La réglementation est un outil essentiel pour permettre aux pouvoirs publics de renforcer l’intégrité de l’information, de faire face à la menace de la désinformation, et d’atteindre les objectifs sociétaux de renforcement de la démocratie au sens large. Néanmoins, des interrogations subsistent quant aux stratégies à mettre en œuvre et à la meilleure façon d’aborder l’activité réglementaire en elle-même. Les considérations portent sur les processus et les institutions mis en place pour concevoir, appliquer et réviser la réglementation (OCDE, 2018[43]). La Recommandation de l’OCDE en faveur d’une gouvernance réglementaire agile prend également en compte ces interrogations (OCDE, 2021[44]).

Plus récemment, l’OCDE a lancé l’initiative BRIDGE (Better Regulation in the Digital aGE), qui vise à aider les pays à mettre en place une gouvernance réglementaire efficace des activités numériques. Abordée sous l’angle de la « meilleure réglementation », cette initiative promeut la capacité de la politique de la réglementation à gérer efficacement les risques liés aux technologies numériques, tout en favorisant l’innovation numérique. Toutefois, le rythme des progrès technologiques, les régimes réglementaires existant insuffisamment agiles pour le monde numérique, les nouvelles activités et les nouveaux modèles économiques, ainsi que la nature mondiale des activités numériques, limitent les capacités des pouvoirs publics à renforcer efficacement l’intégrité de l’information.

À l’avenir, les considérations liées à la politique réglementaire devraient être axées, le cas échéant, sur les points suivants :

  • La promotion d’une approche plus agile de la gouvernance réglementaire pour réglementer la sphère de l’information

  • La clarification des méthodes d’application de la réglementation relative à l’intégrité de l’information.

Il convient de concevoir une politique réglementaire agile, qui répond aux défis posés par la transformation numérique et les technologies émergentes, en particulier dans la sphère de l’information en rapide évolution. Si la réglementation classique est souvent conçue au cas par cas, secteur par secteur ou technologie par technologie, les technologies de communication numériques et émergentes estompent, recoupent ou brouillent souvent les frontières sectorielles habituelles. Les technologies numériques et émergentes gomment également la distinction traditionnelle entre consommateurs et producteurs (Amaral et al., 2020[45]).

La notion traditionnelle de responsabilité est donc souvent insuffisante pour lutter contre la mésinformation et la désinformation, en raison de la localisation des risques encourus par les personnes touchées, des technologies utilisées, et des sources des contenus dans différents pays. L’érosion des contours habituels des marchés remet en cause le mandat et le champ de compétence des instances de réglementation ; les nouveaux modes de communication et de participation compliquent l’application des règles existantes ; le morcellement des cadres réglementaires entre différents pays fait obstacle à des approches cohérentes et coordonnées, malgré les effets transfrontières de nombreuses technologies de l’information et de la communication ; et le décalage entre le rythme de l’évolution technologique et celui de l’évolution des cadres réglementaires (le « problème du rythme ») engendre des difficultés importantes pour les pouvoirs publics et les instances de réglementation (Amaral et al., 2020[45]).

Compte tenu des difficultés réglementaires posées par la complexité de la sphère de l’information, il s’avérera indispensable d’opérer un changement de paradigme dans la conception de la politique réglementaire, en remplaçant la logique traditionnelle consistant à « réglementer et oublier » par des approches consistant à « adapter et tirer des enseignements », comme indiqué dans la Recommandation en faveur d’une gouvernance réglementaire agile permettant de mettre l’innovation à profit. Une approche plus agile de l’élaboration des politiques réglementaires permettra aux pouvoirs publics de comprendre les innovations et leur incidence potentielle sur les réglementations existantes et les valeurs publiques en général (OCDE, 2021[46]). Dans la sphère de l’information, l’agilité réglementaire devrait être mise au service de la compréhension des effets escomptés (ou non) de la réglementation existante, ainsi que de l’application des enseignements tirés aux nouvelles technologies, comme l’IA générative.

L’utilisation d’outils de gestion appropriés pour concevoir, mettre en œuvre et évaluer efficacement les règlements sera importante à cet égard. Par exemple, la mise en place de mécanismes permettant d’associer la population et les parties prenantes (y compris les particuliers, les petites et moyennes entreprises, et les jeunes entreprises) au processus réglementaire dès le début et tout au long du cycle de l’action publique, peut contribuer à renforcer la transparence, à instaurer la confiance et à tirer parti de diverses sources d’expertise. La réalisation d’analyses d’impact réglementaire (AIR), qui évaluent toutes les mesures envisageables, y compris les solutions non réglementaires, est également cruciale, tout comme la mise en œuvre de processus complets d’AIR et la définition de l’évaluation ultérieure (voir à l’Encadré ‎4.21 un aperçu du rapport d’analyse d’impact du règlement européen sur les services numériques). Enfin, la surveillance systématique et continue de l’incidence des réglementations, la réalisation d’une réévaluation ponctuelle et proportionnée, et l’intégration des dispositions relatives à l’examen dans les cadres appropriés, contribueront toutes à l’agilité de la réglementation (OCDE, 2021[46]).

Cela dit, pour faire face au rythme rapide des progrès technologiques, il convient de réduire les délais tout au long du processus d’élaboration des politiques et d’utiliser les outils de gestion de la réglementation de manière plus dynamique. Pour contribuer à promouvoir une réglementation plus agile et flexible, ces processus – à savoir l’association de la population, la réalisation d’analyses d’impact de la réglementation (AIR) et l’évaluation ex post – ne doivent pas être considérés comme une série d’obligations distinctes à accomplir successivement, mais plutôt comme des outils complémentaires intégrés dans le cycle de l’action publique de façon à contribuer à la bonne adaptation des approches réglementaires (ou autres) (OCDE, 2021[46]). La flexibilité et la proportionnalité de la réglementation doivent être garanties par des institutions publiques qui protègent les droits des parties prenantes et leur donnent accès à des mécanismes de recours en cas de violation de ces droits (OCDE, 2018[47]).

Compte tenu du rythme et de l’ampleur de l’évolution technologique, il est nécessaire d’adopter une approche réglementaire plus anticipative, fondée sur des capacités et des mécanismes institutionnels permettant de mieux comprendre comment les technologies émergentes peuvent affecter les sociétés, les marchés et l’action publique. À noter que cette démarche nécessitera d’établir des partenariats constructifs avec des partenaires non gouvernementaux afin de mieux cerner les problèmes d’intégrité de l’information associés à l’évolution technologique, et d’y apporter des réponses plus efficaces (OCDE, 2022[48]). Les pouvoirs publics doivent également renforcer les capacités des organismes de surveillance et des organes consultatifs à anticiper et à recourir à la prospective stratégique pour étayer la conception, la mise en œuvre et l’analyse des réglementations. Le renforcement des capacités nécessite de consacrer des ressources appropriées au développement des compétences nécessaires à la réalisation d’évaluations d’impact, à la consolidation des capacités de prospective stratégique, ainsi qu’à la compréhension des coûts et des avantages de l’innovation et des nouvelles technologies (OCDE, 2021[44]).

L’expérimentation, notamment sous la forme de bacs à sable réglementaires, peut contribuer à améliorer l’adaptativité des cadres réglementaires via un apprentissage et un ajustement permanents. Elle peut également contribuer à réduire les niveaux d’incertitude entourant le processus décisionnel, en particulier dans les situations où les approches traditionnelles comme la collecte d’informations et les consultations ne permettent pas d’obtenir suffisamment d’informations fiables sur les impacts potentiels ou l’efficacité des options réglementaires. De même, elle peut aider à renforcer le socle de données probantes susceptible d’éclairer la révision de la réglementation existante ou d’inspirer de nouvelles réglementations.

Enfin, dans un monde de plus en plus interconnecté, la coopération entre les pouvoirs publics et les décideurs des différents pays est essentielle pour garantir l’efficacité, la cohérence et la pertinence à long terme des politiques et des cadres réglementaires. À cette fin, la coopération réglementaire internationale (CRI) est essentielle pour éviter le morcellement et empêcher l’arbitrage réglementaire, c’est-à-dire les tentatives de tirer parti des différences entre les systèmes pour éviter une réglementation plus lourde (OCDE, 2012[49]). En outre, compte tenu du niveau considérable de ressources nécessaires à la réglementation de la sphère de l’information, la CRI peut aider les pouvoirs publics et les instances de réglementation à cibler et à utiliser ces ressources de la manière la plus efficiente possible.

La réglementation de la sphère de l’information ne peut atteindre ses objectifs que si les acteurs s’y conforment et si les obligations sont appliquées de manière appropriée. À cette fin, les pays doivent envisager de mettre en œuvre un éventail de stratégies et de mécanismes visant à garantir le respect des règles, notamment sous la forme d’actions de suivi par des organes de surveillance, d’opérations de contrôle par de tierces parties compétentes, ainsi que par la définition et l’application de sanctions. L’intégration de ces considérations liées à la mise en application dans les projets de loi et les évaluations connexes peut contribuer à fixer des orientations claires en la matière.

Au nombre de ces considérations figurent les prescriptions en matière de données et d’informations nécessaires à la vérification de la conformité, ainsi que les initiatives de coopération institutionnelle et transfrontalière prévues par les outils de mise en oeuvre de la réglementation (OCDE, 2021[46]). Par exemple, le DSA impose aux fournisseurs de très grandes plateformes en ligne et de très grands moteurs de recherche en ligne d’« évaluer les risques systémiques découlant de la conception, du fonctionnement et de l’utilisation de leurs services, ainsi que des abus potentiels par les destinataires du service, et [de] prendre des mesures d’atténuation appropriées, dans le respect des droits fondamentaux », ces mesures devant être proportionnées (Règlement sur les services numériques, rec. 79 et art. 34) (Union européenne, 2022[50]). Il dispose également que les fournisseurs de très grandes plateformes en ligne et de très grands moteurs de recherche en ligne devraient être tenus de rendre des comptes, dans le cadre d’un audit indépendant, en ce qui concerne leur respect des obligations prévues par la loi et, le cas échéant, de tout engagement complémentaire pris en vertu de codes de conduite et de protocoles de crise (Union européenne, 2022[50]). À terme, l’élaboration de bases de comparaison ainsi que la clarification des différences entre les divers types d’audits (comme les analyses d’impact algorithmique, les analyses d’impact des biais et l’étiquetage précis des systèmes algorithmiques) seront nécessaires pour assurer la cohérence dans l’ensemble du secteur (Singh et Doty, 2021[51]). Les pouvoirs publics peuvent faciliter la comparaison des audits et des activités d’atténuation des risques des plateformes en élaborant des tests, des normes et des processus spécifiques et quantifiables (Forum sur l’information et la démocratie, 2020[52]).

Au-delà des actions et des outils, les pouvoirs publics doivent également déterminer quelles institutions appliqueront les réglementations. Compte tenu du rôle fondamental de l’information dans la démocratie, et de ses possibles incidences sur la liberté d’expression, le fait de garantir l’indépendance des instances réglementaires vis-à-vis des pouvoirs publics et de ceux qu’elles régissent peut renforcer la confiance dans l’équité et l’impartialité des décisions (OCDE, 2012[49]). En outre, l’éventail des stratégies réglementaires participant au renforcement de l’intégrité de l’information dans les secteurs des médias et de la communication met en évidence les difficultés rencontrées pour cerner le ou les acteurs chargés d’appliquer les réglementations. Du fait du rôle et de l’incidence croissants des contenus numériques, les autorités, notamment celles chargées de la protection des données et de la vie privée, de la concurrence, des médias, de la protection des consommateurs, des télécommunications, des élections et autres, sont toutes susceptibles de contribuer à l’application de la réglementation dans cette sphère.

Le règlement européen sur les services numériques offre une certaine souplesse à cet égard. D’une part, compte tenu de la « nature transfrontière des services en cause et de la portée horizontale des obligations introduites par [le DSA] », le règlement invite les États membres à désigner une autorité coordinatrice afin de « faire office de point de contact unique concernant toutes les questions liées à l’application du présent règlement » (Union européenne, 2022[50]). Le DSA précise toutefois que les États membres devraient pouvoir confier des missions et des pouvoirs spécifiques de surveillance ou d’exécution concernant son application à plusieurs autorités compétentes, par exemple dans des secteurs spécifiques où des autorités existantes peuvent également être chargées de ces tâches (telles que les régulateurs des communications électroniques, les régulateurs des médias ou les autorités chargées de la protection des consommateurs) (Union européenne, 2022[50]).

Les pouvoirs publics ont de plus en plus pris conscience de la nécessité de mettre en place des procédures et des structures de gouvernance responsables, transparentes et agiles tandis qu’elles s’efforcent de trouver des parades efficaces aux dangers que représente la désinformation et de renforcer l’intégration de l’information. L’efficacité, lorsqu’il est question des mesures de gouvernance prises dans les démocraties, ne concerne pas uniquement la lutte contre la désinformation. De façon plus générale, l’efficacité se réfère aux écosystèmes de l’information qui sont libres, variés et transparents, et qui créent les conditions permettant aux citoyens de prendre des décisions éclairées et de participer à un dialogue civique constructif, tout en protégeant les droits humains de tous. Ces efforts seront encore plus efficaces s’ils sont axés sur la diversité et ont une approche du bas vers le haut, y compris en ce qui concerne le personnel, de la planification stratégique et des partenariats. Cela permettra d’attirer des personnes possédant les compétences et les expériences appropriées pour s’attaquer à certains des aspects les plus préoccupants de l’intégrité de l’information.

Pour parvenir à cette fin, les pouvoirs publics devront adapter et moderniser leur architecture institutionnelle en poursuivant, selon le cas, les objectifs suivants :

  • Concevoir et mettre en œuvre des cadres stratégiques favorisant une vision cohérente et une approche complète en ce qui concerne le renforcement de l’intégrité de l’information. Ces orientations peuvent être coordonnées à l’aide de stratégies nationales axées spécifiquement sur la désinformation et l’intégrité de l’information, ou être intégrées à d’autres documents officiels comme les stratégies nationales relatives à la défense et la sécurité, la transformation numérique, la communications publique, la culture et l’éducation. Pour être efficaces, les cadres stratégiques doivent décrire les objectifs, les délais et le champ d’action, ainsi que les aspects opérationnels relatifs aux processus de configuration, de notification et d’évaluation institutionnelles. Une analyse plus poussée aidera à mettre en évidence les tendances et les bonnes pratiques afin d’accroître le rôle de ces cadres à cet égard.

  • Établir des bureaux, unités ou mécanismes de coordination bien définis pour promouvoir le déploiement d’actions mutuellement bénéfiques par les différents organismes publics chargés de gérer les menaces liées à la mésinformation et la désinformation ainsi que de renforcer l’intégrité de l’information. Une approche multiservices bien coordonnée peut aider les pays à établir des liens vers les priorités sectorielles, permettre un rapide partage d’informations et éviter la duplication des efforts entre les institutions publiques. Les pouvoirs publics peuvent aussi créer des cellules de réflexion pour fournir des conseils d’experts sur les politiques ayant trait aux aspects techniques de la désinformation comme les menaces hybrides, l’ingérence étrangère et l’ingérence dans les élections. Une approche multiservices aidera aussi à coordonner les besoins à court terme (par exemple la fourniture d’informations sur des crises, des élections ou des menaces immédiates) avec les objectifs à long terme (à savoir le renforcement de l’intégrité de l’information et de la résilience de la société). Il conviendra de privilégier la mise en place de mécanismes permettant une communication et un partage d’informations efficaces, ainsi que l’établissement de relations entre le personnel (à la fois au sein de chaque entité et entre elles). Une culture basée sur le recueil d’éléments probants, en vertu de laquelle chaque étape de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques devra faire l’objet d’un suivi et d’une évaluation, sera la bienvenue.

  • Décrire le fonctionnement et les objectifs des bureaux et unités compétents dans des dispositions juridiques définissant leur mission et leurs conditions d’intervention. Ces dispositions sont importantes pour établir les procédures de redevabilité et de notification, et pour garantir que les activités des pouvoirs publics ne portent pas atteinte aux libertés et aux droits fondamentaux.

  • Renforcer la coopération internationale afin d’améliorer la riposte démocratique face aux défis auxquels est confrontée la sphère de l’information en créant des partenariats et des alliances ainsi qu’en reliant et en soutenant les différents réseaux existant dans les différents domaines sectoriels. Le partage de renseignements stratégiques, de méthodes d’analyse ainsi que d’actions publiques et leurs résultats peut permettre de tirer des leçons utiles et de mettre en évidence les bonnes pratiques.

  • Fournir des opportunités de perfectionnement au niveau local, national et international pour les agents publics qui gèrent quotidiennement ces défis. Le niveau de complexité des campagnes de désinformation requiert des compétences et un perfectionnement à tous les niveaux de l’administration publique, afin que les agents publics et les décideurs possèdent les connaissances et les outils leur permettant de reconnaître la diffusion d’informations fausses et trompeuses, d’en assurer le suivi et de la combattre sans porter atteinte à la liberté d’expression. Promouvoir la diversité des ressources humaines et une culture de l’inclusivité : ce ne sont pas seulement des valeurs fondamentales de la démocratie, mais aussi des éléments essentiels pour lutter efficacement contre la désinformation et ses effets, étant donné la nature pluridisciplinaire du problème et de ses solutions.

  • Mettre en œuvre des mesures réglementaires agiles pour relever les défis liés aux technologies de communication émergentes. Dans la sphère de l’information en particulier, caractérisée par des formes de communication novatrices qui brouillent les délimitations traditionnelles entre les secteurs réglementés, l’action réglementaire des pouvoirs publics devrait être adaptée et enrichie à chaque étape du processus, notamment grâce à une meilleure coordination entre les autorités de façon à éviter des mesures fragmentées. Les pouvoirs publics devraient : mettre en place des mécanismes permettant la participation de la population et des parties prenantes au processus de réglementation ; mettre en œuvre des processus d’analyse d’impact de la réglementation approfondis ; procéder au suivi et à l’évaluation des impacts ; évaluer les dispositifs et les organes chargés du contrôle et de la mise en application ; enfin, réaliser en temps voulu une réévaluation adaptée des réglementations applicables.

  • Accroître les capacités des organes consultatifs et de supervision de la réglementation afin d’anticiper l’évolution de l’écosystème de l’information et de réaliser une prospective stratégique servant de base à la conception, la mise en œuvre et l’analyse des réglementations. Renforcer les capacités et la marge de manœuvre des autorités de réglementation facilitera en outre l’expérimentation, notamment sous la forme de bacs à sable réglementaires, afin que les cadres réglementaires qui en résultent soient plus faciles à adapter.

  • Renforcer la coopération internationale dans le domaine réglementaire afin d’éviter la fragmentation et de prévenir l’arbitrage réglementaire. Compte tenu de la nature fondamentalement mondialisée des flux d’information en ligne, la coopération entre les gouvernements et autres décideurs publics est primordiale pour garantir l’efficacité, l’efficience, la cohérence et le maintien de la pertinence des mesures et des cadres réglementaires.

Ce chapitre présente une analyse fondée sur des données factuelles des mécanismes de coordination et des priorités stratégiques établis à l’échelon national pour lutter contre la diffusion d’informations fausses et trompeuses. Ce chapitre comprend les données de 24 pays membres de l’OCDE, issues de l’enquête « Architecture institutionnelle et pratiques de gouvernance visant à renforcer l’intégrité de l’information » conçue par l’équipe du Centre de ressources DIS/MIS de l’OCDE (ci-après dénommée « l’enquête de l’OCDE »). Les pays participants sont l’Australie, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, l’Espagne, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, la République slovaque, la Suède, la Suisse et la Türkiye. Les réponses ont été transmises par les autorités publiques entre avril et septembre 2023. Compte tenu des évolutions rapides dans le domaine de la désinformation et de l’intégrité de l’information, il convient de noter que ce chapitre reflète la situation telle qu’elle était en septembre 2023.

Références

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[29] Gouvernement des Pays-Bas (2023), Global Declaration on Information Integrity Online, https://www.government.nl/ministries/ministry-of-foreign-affairs/documents/diplomatic-statements/2023/09/20/global-declaration-on-information-integrity-online.

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[38] IDMO (s.d.), « Uniti contro la disinformazione », Italian Digital Media Observatory, https://www.idmo.it/ (consulté le 10 décembre 2023).

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[22] Jeangène Vilmer, J. (2021), Effective state practices against disinformation: Four country case studies.

[6] Kleis Nielsen, R. (2021), How to respond to disinformation while protecting free speech.

[8] Latvijas Vēstnesis (2023), « Valsts informatīvās telpas drošības koordinācijas grupas nolikums », Ministru kabineta noteikumi Nr. 236, Rīgā 2023. gada 9. maijā (prot. Nr. 25 28. §), https://likumi.lv/ta/id/341811-valsts-informativas-telpas-drosibas-koordinacijas-grupas-nolikums.

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[15] OCDE (2023), Public Communication Scan of the United Kingdom : Using Public Communication to Strengthen Democracy and Public Trust, Examens de l’OCDE sur la gouvernance publique, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/bc4a57b3-en.

[48] OCDE (2022), Instaurer la confiance et renforcer la démocratie : Préparer le terrain pour l’action gouvernementale, Examens de l’OCDE sur la gouvernance publique, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/34a56a87-fr.

[34] OCDE (2022), Recommandation du Conseil sur la coopération réglementaire internationale face aux défis de portée mondiale, https://legalinstruments.oecd.org/fr/instruments/OECD-LEGAL-0475.

[14] OCDE (2021), OECD Report on Public Communication : The Global Context and the Way Forward, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/22f8031c-en.

[44] OCDE (2021), Practical Guidance on Agile Regulatory Governance to Harness Innovation, OCDE.

[46] OCDE (2021), Recommandation du Conseil en faveur d’une gouvernance réglementaire agile permettant de mettre l’innovation à profit, OECD/LEGAL/0464, OCDE, Paris, https://legalinstruments.oecd.org/fr/instruments/OECD-LEGAL-0464.

[2] OCDE (2020), Manuel de l’OCDE sur l’intégrité publique, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/84581cb5-fr.

[47] OCDE (2018), Flexibility and Proportionality in Corporate Governance, Gouvernement d’entreprise, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264307490-en.

[43] OCDE (2018), Politique de la réglementation : Perspectives de l’OCDE 2018, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264305458-fr.

[49] OCDE (2012), Recommandation du Conseil concernant la politique et la gouvernance réglementaires, OECD/LEGAL/0390, OCDE, Paris, https://legalinstruments.oecd.org/fr/instruments/OECD-LEGAL-0390.

[23] OTAN (2023), « Countering hybrid threats », Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, https://www.nato.int/cps/en/natohq/topics_156338.htm.

[19] Pamment, J. (2020), The EU’s Role in Fighting Disinformation: Taking Back the Initiative.

[21] PNUD (2021), Information Asymmetries in the Digital Sexual and Reproductive Health Space.

[1] Service européen d’action extérieure (2023), 1st EEAS Report on Foreign Information Manipulation and Interference Threats.

[11] SGDSN (2022), Service de vigilance et protection contre les ingérences numériques étrangères « VIGINUM », Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale, https://www.sgdsn.gouv.fr/notre-organisation/composantes/service-de-vigilance-et-protection-contre-les-ingerences-numeriques.

[51] Singh, S. et L. Doty (2021), Cracking Open the Black Box: Promoting Fairness, Accountability, and Transparency Around High-Risk AI, Open Technology Institute, https://www.newamerica.org/oti/reports/cracking-open-the-black-box/.

[9] State Security Department of Lithuania (2022), « Threat Assessments », https://www.vsd.lt/en/threats/threats-national-security-lithuania/.

[12] Swedish Psychological Defence Agency (2023), Swedish Psychological Defence Agency website, Psychological Defence Agency, https://www.mpf.se/en/about-us/ (consulté le 31 août 2023).

[31] TTC (2023), U.S.-EU Joint Statement of the Trade and Technology Council, https://www.whitehouse.gov/briefing-room/statements-releases/2023/05/31/u-s-eu-joint-statement-of-the-trade-and-technology-council-2/.

[37] UK Government Communication Service (2021), RESIST 2 Counter Disinformation Toolkit, Government Communication Service, https://gcs.civilservice.gov.uk/publications/resist-2-counter-disinformation-toolkit/.

[25] UNESCO (2023), Principes pour la gouvernance des plateformes numériques : préserver la liberté d’expression et l’accès à l’information - une approche multipartite, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000387359.

[50] Union européenne (2022), Règlement (UE) 2022/2065 du Parlement européen et du Conseil du 19 octobre 2022 relatif à un marché unique des services numériques et modifiant la directive 2000/31/CE (règlement sur les services numériques), Office des publications de l’Union européenne, https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:32022R2065.

Notes

← 1. L’une des questions de l’Enquête de l’OCDE était : « Pour mieux comprendre vos priorités pour l’avenir, veuillez indiquer les domaines que votre pays cherchera à améliorer au cours des deux prochaines années » et l’une des réponses proposées était : « Définir, mettre à jour ou accroître la pertinence de lignes directrices ou de stratégies ».

← 2. 2 L’une des questions de l’Enquête de l’OCDE était : « Des ministères ou des organismes publics ont-ils défini des documents de stratégie ou d’orientation décrivant les principales menaces en matière d’information, les incidences potentielles et les réponses envisageables en ce qui concerne leurs propres activités ? ».

← 3. Stratégie nationale de cybersécurité IV https://hcpn.gouvernement.lu/dam-assets/fr/publications/brochure-livre/strategie-nationale-cybersecurite-4/Strategie-Nationale-de-Cybersecurite-IV.pdf.

← 4. L’une des questions de l’Enquête de l’OCDE était : « Existe-t-il un mécanisme interadministrations (cellule, bureau, unité, etc.) chargé de coordonner les efforts des pouvoirs publics visant à repérer les cas de désinformation ou y répondre ? ».

← 5. Dans le cadre de l’enquête, les questions suivantes ont été posées aux participants : « Pour mieux comprendre vos priorités pour l’avenir, veuillez indiquer les domaines que votre gouvernement cherchera à améliorer dans les une à deux années à venir ». Une des propositions de priorité était : Étendre la coopération avec les pays.

← 6. Pour en savoir plus, voir : https://www.oecd.org/stories/dis-misinformation-hub/ (disponible en anglais uniquement).

← 7. Pour en savoir plus, voir les travaux de l’Observatoire OCDE des politiques de l’IA (https://oecd.ai/en/) et du Partenariat mondial sur l’intelligence artificielle (GPAI) (https://gpai.ai/), composé de 29 membres et dont le Secrétariat se situe à l’OCDE.

← 8. Pour en savoir plus, voir les travaux du Réseau sur la gouvernance (GovNet) du Comité d’aide au développement de l’OCDE :https://www.oecd.org/dac/accountable-effective-institutions/about-govnet.htm.

← 9. Pour en savoir plus, voir le Cadre pour l’établissement de rapports de transparence volontaires : https://www.oecd.org/fr/numerique/vtrf/.

← 10. Pour en savoir plus, voir : https://euvsdisinfo.eu/about/.

← 11. Pour en savoir plus, voir : https://www.unesco.org/en/media-information-literacy.

← 12. Pour en savoir plus, voir : https://www.undp.org/policy-centre/oslo/information-integrity.

← 13. Pour en savoir plus, voir : https://summitfordemocracyresources.eu/about/about-the-summit-for-democracy/.

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