Résumé

L'enquête de l'OCDE sur les déterminants de la confiance dans les institutions publiques (enquête sur la confiance) – une première – est un nouvel outil de mesure pour les gouvernements démocratiques qui cherchent à améliorer la confiance des citoyens dans la fiabilité, la réactivité, l'intégrité, l'équité et l'ouverture des gouvernements. Vingt-deux pays de l'OCDE se sont portés volontaires pour participer au premier cycle du programme, faisant ainsi, ensemble, un pas en avant pour mesurer et mieux comprendre les déterminants de la confiance des citoyens dans les institutions publiques afin de renforcer la résilience de leurs démocraties. La plupart des enquêtes ont été menées dans les pays en novembre-décembre 2021, et certaines ont eu lieu en 2020 et d’autres en janvier-mars 2022.

La confiance est un indicateur important pour mesurer la façon dont la population perçoit la qualité des institutions publiques dans les pays démocratiques et la façon dont elle s'y associe. Dans le même temps, une confiance élevée dans les institutions publiques n'est évidemment pas un résultat nécessaire de la gouvernance démocratique. En effet, les faibles niveaux de confiance mesurés dans les démocraties ne sont possibles que parce que les citoyens des systèmes démocratiques - contrairement aux systèmes autocratiques - sont libres de faire part de leur manque de confiance envers leur gouvernement. La résilience de nos systèmes démocratiques provient du débat public ouvert qu'ils favorisent, ce qui leur permet de s'améliorer et de répondre aux attentes croissantes des citoyens.

Les résultats de l'enquête varient considérablement d'un pays à l'autre en raison d'une série de facteurs culturels, sociaux, institutionnels et économiques. Les comparaisons entre pays doivent donc être considérées avec prudence. Néanmoins, les résultats montrent des tendances générales claires qui concernent les membres de l'OCDE et révèlent des points d'attention communs pour l'avenir qui n'excluent pas d'autres domaines importants qui peuvent être plus spécifiques à chaque pays.

Dans l'ensemble, les résultats montrent que les pays de l'OCDE obtiennent des résultats raisonnablement bons en moyenne concernant de nombreuses mesures de la gouvernance, telles que la perception qu'ont les citoyens de la fiabilité des services publics, de la prestation de services et de l'ouverture des données. Une majorité de personnes, dans la plupart des pays, sont satisfaites de l'accès à l'information sur les procédures administratives et de l'offre de soins de santé et d'éducation. Plus de la moitié des personnes interrogées, en moyenne à l'échelle internationale, font confiance à leur gouvernement pour n'utiliser leurs données personnelles qu'à des fins légitimes, et environ six personnes sur dix pensent qu'elles seront traitées équitablement si elles demandent une aide publique. Seul un tiers des personnes interrogées craignent que leur gouvernement ne soit pas préparé à une future pandémie.

Pour faire simple, les pays de l’OCDE fonctionnent comme on l’attend des démocraties économiquement développées et matures, dotées d’une gouvernance stable.

En dépit de ces bons résultats, alors que les pays se battent pour sortir de la plus grande crise sanitaire, économique et sociale depuis des décennies, les niveaux de la confiance du public ont diminué en 2021 tout en restant légèrement plus élevés qu'ils ne l'étaient après la crise de 2008. Au moment de cette enquête, la confiance du public est également partagée entre les personnes qui disent faire confiance à leur gouvernement national et celles qui ne le font pas. Les données montrent qu'il faut beaucoup de temps pour rétablir la confiance lorsqu'elle est diminuée : il a fallu environ dix ans pour que la confiance se rétablisse après la crise de 2008. C’est pourquoi les pays doivent urgemment investir dans le rétablissement de la confiance afin d’être en mesure de relever les défis de politique publique à venir.

Dans de nombreux pays, il existe un paradoxe : les niveaux de confiance dans de nombreuses institutions publiques sont inférieurs aux niveaux de satisfaction dans la prestation des services publics. À un niveau plus granulaire, le pouvoir judiciaire, la police, la fonction publique et les collectivités locales ont tendance à davantage inspirer confiance que les gouvernements nationaux, les élus, les partis politiques, les parlements et les congrès.

Cela soulève une question importante : Comment les gouvernements peuvent-ils mieux se rapprocher des citoyens et renforcer la confiance ?

Un facteur clé qui distingue la démocratie des autres formes de gouvernement est l'égalité des chances de représentation dans la prise de décision. Dans les pays de l'OCDE, de nombreuses personnes considèrent que l'égalité d'accès aux processus décisionnels ne répond pas à leurs attentes.

Les résultats de l'enquête montrent, par exemple, que les gouvernements pourraient faire mieux pour répondre aux préoccupations des citoyens. Un peu moins de quatre répondants sur dix, en moyenne dans tous les pays, déclarent que leur gouvernement améliorerait un service peu performant, mettrait en œuvre une idée novatrice ou modifierait une politique nationale en réponse à une demande des citoyens. Et si l'on considère les processus plus ouvertement politiques, environ un tiers des citoyens déclarent que le système politique de leur pays leur permet d'avoir leur mot à dire.

La perception publique de l'intégrité du gouvernement est également un problème. Un peu moins de la moitié des personnes interrogées, en moyenne dans tous les pays, pensent qu'un haut responsable politique accorderait une faveur politique en échange d'un emploi bien rémunéré dans le secteur privé, et environ un tiers prédisent qu'un fonctionnaire accepterait de l'argent pour accélérer l'accès à un service.

Les groupes défavorisés ayant moins d'accès (réel ou perçu) aux opportunités et à la parole ont des niveaux de confiance plus faibles dans le gouvernement. Les jeunes, les femmes, les personnes à faible revenu, les personnes ayant un faible niveau d'éducation et celles qui se sentent en situation d'insécurité financière font systématiquement état de niveaux de confiance plus faibles dans le gouvernement. La polarisation politique est également liée à la confiance ; les personnes qui n'ont pas voté pour le gouvernement en place sont beaucoup moins susceptibles de lui faire confiance. Dans tous les pays, le sentiment général est que les gouvernements démocratiques fonctionnent bien pour certains, mais pas assez bien pour tous.

Les gouvernements démocratiques sont aujourd'hui confrontés à des défis supplémentaires. Une corrélation élevée entre le soutien à un parti et la confiance dans le gouvernement suggère que la polarisation peut affecter la capacité des gouvernements à être efficaces. Le scepticisme à l'égard des médias d'information suggère qu'un élément clé de la démocratie, l'accès à des informations fiables, est aujourd'hui un facteur de défiance. Environ la moitié des citoyens pensent que les gouvernements devraient faire davantage pour réduire le changement climatique, tandis qu'un peu plus d'un tiers sont convaincus que les pays parviendront effectivement à réduire leur contribution au changement climatique.

Malgré les différences entre les pays, cette analyse propose également un programme commun aux gouvernements de l'OCDE pour renforcer la confiance, consolider la démocratie et s'engager à nouveau dans la réduction des inégalités. Ce rapport suggère que ces objectifs doivent être ciblés ensemble. Les gouvernements ne peuvent pas se concentrer uniquement sur les résultats des politiques, mais aussi sur les processus - en particulier si les gouvernements veulent maintenir intactes les institutions et les normes démocratiques.

Pour répondre aux attentes croissantes de leurs citoyens, les gouvernements de l'OCDE devront investir dans l'amélioration des mécanismes qui leur permettent de donner la parole à tous et d'être à l'écoute de cette parole. Ils devront renforcer l'intégrité et lutter contre l’influence indue, relever de manière crédible les défis à long terme tels que le changement climatique, évaluer et communiquer les effets des réformes sur les différents groupes socio-économiques, développer de meilleurs modèles de gouvernance pour les écosystèmes d'information, et contrôler régulièrement la confiance du public dans les institutions dans le cadre d'évaluations plus larges des performances des gouvernements.

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