Surmortalité

La surmortalité indique dans quelle mesure le nombre total de décès toutes causes confondues est supérieur aux chiffres auxquels on pourrait normalement s’attendre pour une période donnée. Ici, les décès de 2020 sont comparés à la moyenne des cinq années précédentes. Les chiffres de la surmortalité sont particulièrement utiles pour bien comprendre les répercussions du COVID-19 dans l’ensemble des pays, car cet indicateur n’est pas influencé par les différences façons dont les pays comptabilisent les décès liés au COVID-19, et tient compte des décès à la fois directement et indirectement imputables au virus (Morgan et al., 2020[5]). Par exemple, il y a peut-être eu davantage de décès que prévu en 2020 parce que les systèmes de santé n’ont pas été en mesure de prendre en charge d’autres pathologies. Cette situation peut dans une certaine mesure être contrebalancée par un nombre potentiellement moindre de décès dus à des accidents de la circulation et du travail, et par une réduction du nombre de décès dus à d’autres maladies infectieuses.

En 2020, dans 36 pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles, environ 1.8 million de décès supplémentaires ont été enregistrés, par rapport au nombre moyen de décès enregistrés au cours des cinq années précédentes. Cela représente une augmentation de 11 % du nombre de décès, en moyenne, ce qui équivaut à 1 334 décès supplémentaires par million d’habitants.

En 2020, le nombre de décès a été supérieur à la moyenne des cinq années précédentes (chiffres ajustés en fonction de la croissance démographique) dans tous les pays de l’OCDE sauf quatre. Cette même année, c’est au Mexique que la surmortalité a été la plus élevée, avec une hausse de 52 % de la mortalité globale par rapport aux cinq années précédentes (Graphique 3.5). Le nombre de décès excédentaires était également relativement élevé en Colombie (28 % de plus) et en Pologne (22 %), et 17 autres pays affichaient des taux de mortalité entre 10 et 20 % plus élevés en 2020 qu’au cours des cinq années précédentes. En revanche, le nombre de décès a été inférieur à la moyenne des cinq dernières années en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Islande et en Norvège, tous ces pays ayant enregistré relativement peu de décès imputables au COVID-19.

Dans la zone OCDE, les décès excédentaires ont été plus nombreux que les décès enregistrés imputables au COVID-19 chaque semaine entre mars 2020 et fin 2020, avec des pics en avril et en décembre (sur la base de données hebdomadaires pour 33 pays de l’OCDE). Les données préliminaires pour 2021 font apparaître une évolution continue de la surmortalité dans les pays de l’OCDE. Elle était en effet sensiblement plus élevée que la mortalité due au COVID-19 au Mexique, en Pologne, en Lituanie, au Portugal, en République slovaque et aux États-Unis. Ce constat peut s’expliquer par des décès supplémentaires en 2020 causés indirectement par le COVID-19 ou des facteurs indépendants, mais il pourrait également indiquer une éventuelle sous-déclaration de certains décès dus au COVID-19, en particulier au début de la pandémie lorsque les tests n’étaient pas généralisés. En revanche, la Belgique, le Danemark, le Luxembourg et la Suède ont enregistré un nombre de décès imputables au COVID-19 plus élevé que celui des décès excédentaires, ce qui semble indiquer une mortalité moindre liée à d’autres causes ou une définition plus large des décès imputables au COVID-19, associée à un dépistage plus élevé dans certains pays (voir le chapitre 2 pour une analyse approfondie de ces données et des liens vers des travaux de référence sur le COVID-19).

Il est important d’examiner les taux de surmortalité dans les différents groupes d’âge dans le contexte du COVID-19. En effet, la grande majorité des décès liés au COVID-19 sont survenus chez des catégories âgées de la population (ainsi que chez les individus souffrant de certaines maladies chroniques, comme les maladies cardiovasculaires et le diabète). Il s’agit également de catégories de population qui présentent le plus grand risque tendanciel de mortalité. Le fait de ventiler la surmortalité selon l’âge permet de déterminer dans quelle mesure les décès survenus parmi différents groupes d’âge étaient plus élevés que les années précédentes. Dans les 26 pays de l’OCDE, sauf trois, pour lesquels on dispose de données comparables ventilées par âge, le nombre de décès dans la population âgée de 65 ans et plus était plus élevé que prévu, avec 15 % de décès de plus que la moyenne en Belgique, en Espagne, en Italie, en Pologne et en Slovénie.

Si un peu plus de la moitié des pays a vu augmenter le taux de mortalité des 45-64 ans ou celui des 0-44 ans, sinon les deux, on observe entre eux des différences notables (Graphique 3.6). L’Australie, la Lettonie, l’Italie, la Suède et la Lituanie ont enregistré une forte baisse du nombre de décès chez le second groupe d’âge, peut-être en raison de la diminution des déplacements et des contacts. En revanche, l’Allemagne, la Finlande, les Pays-Bas et la Pologne ont connu une augmentation de plus de 5 % du nombre de décès parmi les 0-44 ans. Aux États-Unis, le nombre de décès dans ce groupe d’âge était supérieur de plus de 20 % aux prévisions, et supérieur aux chiffres de la surmortalité des 65 ans et plus, ce qui pourrait aussi s’expliquer par l’évolution tendancielle d’autres causes de décès (Rossen et al., 2020[6]).

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