Avant-propos

Le changement climatique et les politiques visant à le combattre, ainsi que la transformation numérique, constituent les grands défis de notre époque. L’urgence d’agir face au changement climatique ne s’est jamais autant imposée La hausse des températures a des conséquences profondes et impitoyables. Les événements météorologiques extrêmes, les incendies dévastateurs, la perte de biodiversité, les catastrophes naturelles et l’insécurité alimentaire et hydrique qui en résulte sont de plus en plus fréquents. Ces changements ne sont pas isolés. Ils déclenchent, par effet domino, des perturbations économiques, des effets néfastes sur la santé, une aggravation des conflits et des migrations forcées. Parallèlement, les progrès de l’intelligence artificielle (IA), et en particulier l’essor de l’IA générative dans certains domaines, sont tels que, ses résultats sont devenus impossibles à distinguer de ceux des humains, et queles capacités de l’IA dépassent largement ce que nous pouvons faire. La révolution de l’IA redéfinit les emplois, la société et les mécanismes d’échange de connaissances. Si l’on peut espérer que les systèmes d’IA accompagneront des découvertes scientifiques susceptibles d’améliorer la santé, la productivité et le bien-être d’un grand nombre d’individus, ils pourraient également remettre en cause de nombreux emplois et même être utilisés pour diffuser des informations fausses et trompeuses, fragilisant la confiance du public et menaçant la sécurité et la cohésion sociale.

Pour mettre un terme à la destruction de l’environnement et exploiter le potentiel de l’IA et de la robotique de manière efficace, les pays doivent renforcer en profondeur les systèmes de formation initiale, offrir aux adultes la possibilité d’améliorer et de recycler leurs compétences tout au long de leur vie et veiller à ce que les compétences soient efficacement mobilisées. Il est essentiel d’investir dans les compétences pour bâtir une transition écologique et numérique résiliente.

Pour autant, jusqu’à présent, l’environnement et le numérique évoluent à un rythme plus rapide que celui de nos politiques de l’éducation et des compétences et de leur capacité à répondre aux nouveaux besoins de la société et du marché du travail. À mesure qu’apparaissent de nouveaux profils d’emploi et de nouvelles exigences en matière de compétences, trop peu d’adultes dans les pays de l’OCDE suivent les formations formelles ou non formelles nécessaires pour répondre à ces attentes. De ce fait, les travailleurs peinent à améliorer et à recycler leurs compétences, ce qui limite leurs possibilités de s’éloigner de secteurs et professions en déclin pour aller vers des secteurs porteurs d’une économie plus verte. Cela restreint également leur capacité à renforcer les compétences dont ils auront besoin pour utiliser de nouvelles technologies et exploiter au mieux les gains potentiels en productivité. À l’échelle de la société, le manque de formation formelle ou non formelle limite le vivier de talents nécessaire pour accompagner cette double transition.

Pour renforcer la résilience face aux défis environnementaux et aux transformations technologiques, il est essentiel de donner aux individus les moyens d’agir en investissant dans leurs compétences. Toutefois, les compétences ne suffisent pas à elles seules à garantir une action efficace. Les perceptions et les dispositions, qui sont en grande partie le fruit de l’éducation et de la formation, sont déterminantes pour inciter les individus à utiliser leurs compétences au service de la société. Malheureusement, les disparités en matière de perceptions et de dispositions reflètent les écarts de niveaux de compétence. Les jeunes défavorisés sur le plan socioéconomique sont particulièrement vulnérables à cet égard, et la réduction de cette fracture doit devenir une priorité pour les éducateurs comme pour les responsables publics.

La présente édition des Perspectives de l’OCDE sur les compétences apporte plusieurs éclairages nouveaux et importants sur l’évolution de la demande de compétences induite par la transition écologique et numérique et sur la contribution des politiques relatives aux compétences en faveur de la résilience. S’il ne faut pas minimiser les défis engendrés par cette double transition, il est tout aussi important de ne pas sous-estimer la capacité de la société à innover et à s’adapter. La pandémie de COVID-19 nous a enseigné que les pays sont capables de s’adapter plus rapidement et plus largement que ce que l’on imaginait. À l’heure où ils sont confrontés à des bouleversements sans précédent, la capacité d’adaptation va continuer de jouer un rôle crucial. Que le « verdissement » des emplois et l’essor de l’IA générative soient perçus comme des problèmes de société ou comme des moyens d’améliorer le bien-être dépend de la capacité des responsables publics et des dirigeants à faire preuve de prévoyance et de leadership, et à placer l’éthique, l’équité et l’amélioration du bien-être social et économique au cœur de l’action publique.

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