3. La productivité et les inégalités de revenu entre les régions

Il est largement reconnu que la productivité constitue un moteur essentiel de la croissance économique et de l’augmentation des niveaux de revenu. Des taux d’emploi élevés, dus en partie à la croissance démographique, contribuent également à l’augmentation des niveaux de revenu. Or, dans la mesure où 14 pays de l’OCDE sont confrontés à un déclin de leur population d’ici à 2040 (voir le chapitre 2), dont 40 % des régions de l’OCDE (également touchées par un problème de vieillissement de la population pour la plupart), on ne saurait trop souligner l’importance de la productivité pour lutter contre les disparités régionales en matière de revenu.

Il n’est toutefois pas étonnant que, compte tenu du lien étroit qui existe entre la productivité et le revenu, les écarts de productivité d’une région à l’autre ont tendance à donner lieu à des écarts de revenu. Ceux-ci reflètent, en partie, certains facteurs géographiques, et plus particulièrement la spécialisation des activités liées à l’avantage comparatif des régions, dont l’accès à certains marchés, ressources naturelles ou infrastructures et, de plus en plus, à des compétences et connaissances spécifiques. Cependant, les disparités en matière de productivité ont également trait à des problèmes d’échelle, et notamment à des économies d’échelle. Celles-ci jouent un rôle de plus en plus important dans la croissance de la productivité, en particulier dans les activités de service à forte intensité de savoir. Les régions métropolitaines disposent à cet égard d’un avantage comparatif indéniable grâce aux effets d’agglomération. La productivité d’une ville augmente en effet de 2 % à 5 % chaque fois qu’elle double en taille (OCDE, 2015[1]).

Compte tenu de ces différences en grande partie structurelles entre les régions, l’éradication totale des disparités de productivité ne saurait toutefois être un objectif réaliste. Il est néanmoins possible de réduire ces écarts par une meilleure compréhension des déterminants des inégalités, en particulier dans le contexte des progrès rapides permis notamment par la transformation numérique, la nécessité d’accélérer la transition écologique et l’évolution des courants d’échanges, en mettant par exemple davantage l’accent sur la résilience. Tous ces facteurs commencent en outre à faire évoluer la nature des avantages comparatifs régionaux, présentant par là même de nouvelles difficultés, mais aussi de nouvelles possibilités.

Les régions non métropolitaines, par exemple, ont tendance à être dans une position moins favorable, car elles disposent d’un accès plus restreint aux infrastructures ou car l’intensité et l’adoption de l’innovation, deux moteurs essentiels de la productivité régionale, sont plus faibles que dans d’autres régions. Il existe néanmoins une marge de manœuvre importante pour régler ce problème (OCDE, 2022[2]). Des liaisons de transport inadaptées, par exemple, peuvent limiter le potentiel de progression de la productivité dans les régions non métropolitaines où les ressources naturelles sont des atouts importants (OCDE, 2020[3]). Des infrastructures numériques moins développées ou de moindre qualité peuvent également limiter le niveau de productivité auquel les régions peuvent accéder. Cette fois encore, ces différences structurelles ne sont pas insurmontables et y remédier peut également générer des avantages qui ne se limitent pas à la seule croissance de la productivité (OCDE, 2020[3]).

Les gains de productivité se manifestent dans différents domaines, que ce soit dans l’approfondissement des marchés du travail, rendant ainsi possible une meilleure mise en correspondance des compétences des travailleurs avec les emplois, dans une spécialisation plus fine des fournisseurs ou dans une simplification de l’apprentissage et du partage formels et informels de connaissances. Ces aspects sont particulièrement importants pour les activités (exportables) à haute valeur ajoutée, qui nécessitent des compétences spécifiques, ainsi qu’une innovation et un apprentissage permanents. Les grandes villes tirent parti de ces avantages en rapprochant les entreprises entre elles, mais aussi en leur donnant accès à un important vivier de travailleurs, de fournisseurs et de clients. En d’autres termes, elles permettent des « économies d’agglomération ». Les petites villes peuvent également tirer parti de certains des avantages de l’agglomération en augmentation la concentration des activités sur leur territoire ou en renforçant les liens entre les régions ou au sein des régions de sorte à atteindre la masse critique au niveau local (OCDE, 2018[4]).

La résilience ayant gagné en importance dans l’élaboration des politiques économiques, la question des coûts qui peuvent être associés à une augmentation de la productivité (y compris des coûts économiques et sociaux) est également davantage prise en compte. Par exemple, les gains potentiels générés par les économies d’agglomération entraînent aussi des coûts plus élevés, représentant une charge supplémentaire sur les résultats des entreprises (coûts de location plus conséquents, par exemple) ou affectant la société dans son ensemble (comme une intensification des embouteillages ou des niveaux de pollution de l’air plus élevés dans les grandes villes). L’essor historique des villes peut en soi représenter un véritable défi, dans la mesure où le morcellement des dispositifs de gouvernance peuvent être un frein à la productivité dans les grandes villes. En l’absence de mécanismes efficaces de gouvernance à plusieurs niveaux (à travers des organismes de gouvernance métropolitaine, par exemple), plus les municipalités qui composent une zone métropolitaine sont nombreuses, moins les avantages de l’agglomération seront importants et plus le mille-feuille administratif pénalisera la productivité (Ahrend et al., 2017[5]).

La plupart des régions non métropolitaines sont davantage spécialisées dans les activités de l’économie primaire et, souvent, dans la fabrication de produits exportables à forte intensité de main-d’œuvre, lesquelles sont depuis plusieurs décennies exposées à de forts niveaux de concurrence internationale et délocalisées au profit d’économies à faible revenu. Cette tendance a toutefois connu un ralentissement ces dernières années et pourrait même commencer à s’inverser à mesure qu’un nombre croissant d’entreprises cherchent à relocaliser leurs activités stratégiques.

Les éclairages présentés dans ce chapitre complètent et élargissent l’analyse proposée dans la seconde édition des Perspectives régionales (OCDE, 2018[4]). Ils renforcent l’argument selon lequel combler les écarts de productivité en favorisant la croissance dans les régions à faible productivité permet de réduire les inégalités de revenu et que les secteurs exportateurs jouent un rôle déterminant dans ces efforts (OCDE, 2018[6])1.

Cinq observations principales sont ainsi abordées. La première est que, même s’il s’agit là d’une évidence, la croissance de la productivité s’avère essentielle pour réduire l’écart de PIB par habitant entre les régions. La deuxième est que les évolutions structurelles en matière de spécialisation (y compris lorsqu’elles sont induites par la double transition écologique et numérique), en particulier en faveur des secteurs (exportateurs) à forte productivité, peuvent aider les régions à faible productivité à rattraper leur retard. La troisième est que des écarts importants de productivité, dans la même activité, entre des régions d’un même pays sont le signe qu’il existe un potentiel inexploité pour augmenter la productivité dans l’ensemble des secteurs. La quatrième est que, pour que les échanges contribuent au développement régional, il est indispensable de gérer efficacement les risques représentés par la concurrence internationale et les chocs mondiaux. La cinquième et dernière est que mettre trop l’accent sur les secteurs à forte productivité ne doit pas se faire au détriment de l’investissement dans les secteurs verts. L’analyse présentée dans ce chapitre se concentre sur les tendances à long terme dans les petites régions (TL3). Elle couvre la période entre 2001 et 2019 de sorte que ne soient pas incluses les perturbations économiques auxquelles les pays de l’OCDE ont dû faire face depuis 2020 en raison de la pandémie de COVID-19 et de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine.

Les écarts de productivité du travail, qui constitue l’indice de productivité utilisé dans ce chapitre, sont relativement importants dans les pays de l’OCDE2. Les petites régions (TL3) les plus productives des pays affichant en moyenne une faible productivité sont souvent aussi productives que les pays à productivité moyenne, voire à forte productivité (graphique 3.1). À titre d’exemple, la productivité du travail de Varsovie, la capitale polonaise, et des régions périphériques, est à peu près au même niveau que la productivité moyenne en Belgique, soit le deuxième pays le plus productif des 23 pays de l’OCDE couverts par l’analyse présentée dans le chapitre. De manière générale, c’est dans les régions métropolitaines que la productivité du travail est la plus élevée. En 2019, la productivité du travail dans les régions métropolitaines était en moyenne de 115 000 USD, contre environ 106 000 USD dans les régions non métropolitaines3.

Entre 2001 et 2019, les écarts de productivité du travail se sont dans l’ensemble réduits dans les régions de l’OCDE (graphique 3.2). Cette tendance est uniquement due à une progression globale de la productivité relativement plus rapide dans les pays moins productifs, observable dans la baisse continue des écarts entre les pays. À l’inverse, les écarts de productivité au sein des pays se sont creusés pendant la période qui a précédé la crise financière mondiale et se sont réduits lors de la reprise qui a suivi, même si les écarts de productivité régionale sont par la suite restés supérieurs aux niveaux observés au début des années 2000. Les régions non métropolitaines, en particulier, ont depuis lors eu du mal à combler les écarts de productivité. Les régions non métropolitaines situées à proximité des zones métropolitaines ont connu une croissance plus lente que les régions métropolitaines avant la crise financière mondiale, pendant la crise et depuis 2013, soit une fois que la plupart des pays avaient surmonté le choc de 2008. Alors que les régions non métropolitaines éloignées des zones métropolitaines avaient commencé à rattraper leur retard juste avant la crise financière mondiale, elles ont à nouveau enregistré un certain retard depuis 2013 à mesure que la croissance de la productivité a connu un ralentissement, passant de 1.8 % avant la crise à 0.7 % entre 2013 et 2019 (graphique 3.3).

Les écarts de productivité entre les régions sont particulièrement importants. En moyenne, au sein des pays, la productivité du travail dans la région la plus productive est presque deux fois plus élevée que la productivité de la région la moins productive. La croissance de la productivité du travail est tout aussi inégalement répartie. Plus de la moitié des pays de l’OCDE comptent au moins une région où la productivité a baissé au cours des vingt dernières années, et ce, malgré une croissance moyenne de la productivité du travail globalement positive au niveau national (OCDE, 2022[8])4. De tels écarts de productivité et de son niveau de croissance jouent également un rôle sur le PIB par habitant ou les inégalités de revenu au niveau régional. Le PIB par habitant peut être décomposé selon plusieurs aspects, dont la dimension géographique (part de la population d’âge actif dans la population totale), le taux d’emploi (part des travailleurs dans la population d’âge actif) et la productivité (du travail) (voir encadré 3.1). Compte tenu de l’intensification des pressions démographiques dans de nombreuses régions (voir le chapitre 2) et des limites naturelles des taux d’emploi, la productivité devra par conséquent prendre un rôle central dans la réduction des inégalités de revenu entre les régions.

Entre 2001 et 2019, les écarts de productivité à l’intérieur des pays ont augmenté dans 10 des 14 pays pris en compte dans ce chapitre et qui ont connu une augmentation des inégalités de PIB par habitant. Dans les quatre pays restants, à savoir l’Estonie, la Lituanie, la Pologne et la Slovénie, les évolutions démographiques et des différences de taux d’activité et de taux de chômage ont entraîné une augmentation des inégalités de PIB par habitant, atténuant ainsi largement le rattrapage des régions à faible productivité. Le lien entre la productivité et les inégalités de revenu est encore plus évident dans les pays enregistrant une baisse des inégalités de PIB par habitant, avec un resserrement des écarts de productivité dans huit pays sur neuf (Tableau 3.1)5.

La crise financière mondiale constitue le point de départ de l’augmentation des disparités en matière de productivité dans 4 des 11 pays où les disparités ont connu une hausse pendant la période 2001-19 (soit au Danemark, en Espagne, en France et en Italie). En France par exemple, les disparités en matière de productivité sont restées stables jusqu’à la crise financière mondiale, mais ont augmenté sensiblement après la crise. En Italie, les écarts de productivité s’inscrivaient en baisse avant que la tendance ne s’inverse en 2008. En revanche, l’augmentation des disparités en matière de productivité semble être le résultat de facteurs à plus long terme dans 5 pays sur 11 (Belgique, Hongrie, République slovaque et Royaume-Uni).

Dans quelle mesure la croissance de la productivité peut-elle permettre de lutter contre les inégalités de revenu ? L’étude d’un scénario hypothétique peut permettre d’apporter une réponse à cette question (voir encadré 3.1)6. Ce scénario présuppose qu’entre 2001 et 2019 la productivité a progressé au même rythme dans toutes les régions (moyenne nationale), maintenant ainsi constants les écarts de productivité entre les régions. Ce scénario met en évidence les avantages du « rattrapage » réel des régions moins productives observé dans les 12 pays où les disparités de productivité du travail ont baissé, ainsi que les gains potentiels pour les 11 autres pays où les inégalités se sont atténuées.

Dans les 12 pays où les disparités de productivité du travail se sont réduites, les inégalités de revenu auraient en moyenne augmenté de 1.7 point si la croissance de la productivité du travail avait été la même entre les régions plutôt que le « rattrapage » réel observé (graphique 3.4). Dans le cas des 11 pays où les disparités de productivité du travail ont augmenté, les gains attendus du scénario hypothétique auraient été conséquents, avec une baisse de 1 point de la croissance des inégalités de revenu. Compte tenu de l’augmentation annuelle moyenne réelle des inégalités de revenu de 1.4 % dans ces pays, une progression égale de la productivité dans toutes les régions aurait réduit de plus des deux tiers l’évolution réelle observée7.

L’augmentation de la productivité n’est à elle seule pas suffisante pour faire face à l’ensemble des défis régionaux. Si la croissance de la productivité est par exemple le résultat de l’investissement en capital, l’emploi global est susceptible de baisser si le capital vient à remplacer la main-d’œuvre, créant ainsi des défis socioéconomiques supplémentaires dans les régions. De la même manière, la sortie du marché d’entreprises moins productives, au prix d’une baisse globale de la production et de l’emploi, peut également entraîner une progression de la productivité et se traduire par un niveau plus élevé de la productivité. Il convient par conséquent de veiller à ce que la croissance de la productivité soit vue comme un véritable levier d’action vers une hausse des revenus et une augmentation du nombre d’emplois de meilleure qualité.

Parallèlement à la croissance de la productivité, l’emploi a néanmoins augmenté dans près de 90 % des régions métropolitaines entre 2001 et 2019 (graphique 3.5). Or, dans les régions situées à proximité des zones métropolitaines, l’emploi a baissé dans plus de 22 % des régions enregistrant une croissance de la productivité. Cette part a augmenté de près de 37 % dans les régions éloignées des zones métropolitaines. La productivité n’est par ailleurs pas le seul indicateur des performances des régions, dans la mesure où elles doivent de plus en plus soutenir la transition vers la neutralité climatique et le développement d’entreprises et de secteurs verts, mais pas nécessairement (encore) productifs.

La réaffectation de l’activité économique en faveur de secteurs (exportateurs) à forte productivité constitue une source de croissance de la productivité (Baumol, 1967[9]). L’intégration des échanges et la concurrence accrue qu’elle entraîne favorisent la productivité et la modernisation technologique dans l’ensemble des entreprises, et pas seulement dans celles exerçant des activités d’exportation. Les secteurs exportateurs ont par conséquent tendance à afficher une productivité plus élevée en moyenne, au moins dans les pays développés (Mano et Castillo, 2015[10])8.

Cette section aborde le lien qui existe entre la productivité du travail et le report de l’emploi vers les secteurs exportateurs, puis examine les tendances en matière de réaffectation sectorielle entre les pays et à l’intérieur des pays. Elle montre enfin que le report de l’emploi en faveur du secteur des produits exportables dans les régions non métropolitaines a permis une réduction des écarts de productivité.

Durant la période 2001-19, la croissance de la productivité du travail était plus élevée dans les régions où le taux d’emploi des secteurs exportateurs a augmenté. Une réaffectation des activités en faveur des secteurs exportateurs dans une région se traduit par une augmentation de la part de l’emploi régional dans ces secteurs, ou par une baisse lorsque cette réaffectation se fait au détriment des secteurs exportateurs. Sur la base des données relatives à 973 régions de niveau TL3, une augmentation annuelle moyenne de 0.1 point de la part de l’emploi dans le secteur des produits exportables sur la période 2001-19 entraîne une augmentation de 0.17 point de la croissance annuelle moyenne de la productivité dans chaque région. Cette corrélation est moins marquée dans le secteur des services exportables (0.07 point), mais elle demeure positive et statistiquement significative (graphique 3.6).

Les deux macro-secteurs présentent également des différences en termes d’expansion ou de contraction moyenne de l’emploi. L’évolution de la part de l’emploi régional se révèle négative dans 80 % des régions dans le cas du secteur des produits exportables (également désigné par l’appellation « secteur industriel » dans le présent chapitre), mais elle est positive dans près de 90 % des régions dans le cas des services exportables. Pour tirer parti du potentiel de progression de la productivité de ces deux secteurs, il convient d’adopter des approches différentes susceptibles d’être combinées et adaptées à chaque région, de manière à éviter que l’emploi dans le secteur industriel ne baisse davantage ou à favoriser une hausse de l’emploi dans les services exportables.

Pendant la période 2001-19, on a pu assister dans les pays de l’OCDE à une réaffectation de l’emploi du secteur industriel (produits exportables) vers le secteur des services exportables, entraînant par là même une baisse de 14 % à 12 % de la part de l’emploi du secteur industriel9. La crise financière mondiale a joué un rôle déterminant dans cette réaffectation, puisque près de 5 millions d’emplois industriels ont disparu entre 2008 et 2010 (voir l’Annexe 3.B pour de plus amples informations sur les répercussions à long terme de la crise financière mondiale)10. En contrepartie du déclin du secteur industriel, les pays de l’OCDE ont observé une croissance robuste des services exportables. Dans ce secteur, la part de l’emploi est ainsi passée de 17 % à 19 % en moyenne dans l’ensemble des pays et un total de 16 millions d’emplois ont été créés en moins de 20 ans (54 millions de travailleurs en 2001 contre 70 millions en 2019) (voir l’Annexe 3.A pour les valeurs par pays).

Entre 2011 et 2019, la part de l’emploi dans les secteurs exportateurs a évolué de manière différente dans les régions de l’OCDE, contribuant ainsi potentiellement à un accroissement des écarts de productivité11. En Espagne par exemple, la part de l’emploi dans le secteur industriel a baissé plus rapidement dans les régions où cette part était déjà faible (12 % de baisse, contre 5 % dans les autres régions), entraînant par là même un creusement des écarts de productivité entre 2011 et 2019. Les écarts de productivité se sont en revanche réduits dans certains pays qui sont parvenus à combler les écarts dans la part de l’emploi. Ainsi, en Pologne, la part de l’emploi dans les services exportables a augmenté de 9 % pendant la période 2011-19 dans les régions où cette part était initialement plus faible, alors qu’elle est restée relativement stable dans d’autres régions et les écarts globaux de productivité se sont réduits.

L’évolution de la part de l’emploi dans le secteur industriel des régions non métropolitaines s’est imposée comme un vecteur de convergence dans les pays de l’OCDE. Les pays où le secteur industriel a enregistré de meilleures performances dans les régions non métropolitaines que dans les régions métropolitaines ont observé, en moyenne, un resserrement des écarts de productivité (graphique 3.7).

Les régions à faible productivité disposent d’une marge de manœuvre importante pour stimuler la croissance de la productivité dans l’ensemble des secteurs économiques. En 2019, dans les pays de l’OCDE, près de 25 % des disparités en matière de productivité entre les régions étaient dues aux écarts de productivité au sein des mêmes macro-secteurs (secteurs primaire, des services exportables, des produits exportables et des services non exportables). Les données empiriques issues d’informations recueillies auprès des entreprises mettent également en évidence l’importance des différences « intrasectorielles ». Ainsi, environ 75 % des disparités en matière de productivité entre les entreprises concernent des entreprises d’un même secteur (Criscuolo et al., 2021[11]). Les écarts de productivité à l’intérieur des secteurs sont souvent croissants. En 2001 par exemple, dans la région métropolitaine de Paris, la productivité dans le secteur des services exportables était 9 % plus élevée que dans toutes les autres régions françaises combinées. Cet écart s’est par ailleurs creusé entre 2001 et 2019, dans la mesure où la productivité a augmenté de 30 % à Paris et qu’elle a baissé en moyenne de 1.6 % dans toutes les autres régions françaises. De la même manière, l’accroissement des inégalités salariales dans les zones de déplacements pendulaires aux États-Unis entre 1980 et 2015 peut s’expliquer par une croissance différenciée dans les secteurs de services aux entreprises (Eckert, Ganapati et Walsh, 2022[12]).

En 2004, la différence moyenne de productivité dans le secteur des services exportables entre la moitié supérieure et la moitié inférieure des régions productives en Allemagne et au Royaume-Uni était quasiment identique, respectivement à hauteur de 31 et 39 points. Cependant, entre 2004 et 2019, la productivité des services exportables a augmenté de 11 % pour la moitié inférieure des régions productives allemandes, contre 5 % pour la moitié supérieure. À l’inverse, au Royaume-Uni, la productivité dans le secteur des services exportables a connu une hausse de 12 % pour la moitié supérieure des régions productives, contre 9 % pour la moitié inférieure. Sur la même période, l’écart total de productivité a baissé en Allemagne, alors qu’il s’est creusé au Royaume-Uni12.

Cette section s’intéresse aux différents moteurs de la croissance intrasectorielle de la productivité du travail, à savoir les progrès technologiques, le dynamisme des entreprises et l’innovation, ainsi qu’à leurs liens avec les écarts de productivité.

Depuis les années 80, les progrès technologiques réalisés dans des domaines comme les technologies de l’information et des communications (TIC), l’intelligence artificielle et la robotique n’ont pas été sans conséquence sur les compétences et la répartition géographique des travailleurs. Il apparaît en effet que l’automatisation, qui permet un remplacement de la main-d’œuvre par du capital, et l’informatisation, qui permet la suppression de tâches répétitives, ont provoqué une évolution de la demande de main-d’œuvre, davantage axée sur les professions à forte rémunération au détriment des professions peu ou moyennement qualifiées (OCDE, 2019[13]). Cette tendance semble s’inscrire dans la durée, puisque l’OCDE estime que la part d’emplois menacés par l’automatisation se situe entre 4 % et 40 % dans les régions TL2 (OCDE, 2020[14]). Les progrès technologiques ont toutefois contribué à la création de nouveaux types d’emplois et entraîné une hausse de la demande d’autres emplois, lesquels nécessitent souvent de hauts niveaux de compétence. Cette augmentation de l’emploi au profit de postes hautement qualifiés a permis d’atténuer les effets négatifs des progrès technologiques sur l’emploi global, mais au prix d’un accroissement des inégalités entre les personnes (OCDE, 2020[14] ; 2019[13])13.

Les progrès technologiques ont également contribué au creusement des écarts de productivité (Moretti, 2012[15] ; Eckert, Ganapati et Walsh, 2022[12]). À partir de données sur les régions aux États-Unis, Giannone (2021[16]) estime que 50 % du recul du rattrapage régional observé dans le pays depuis les années 80 peut être attribué à des progrès technologiques favorisant les travailleurs hautement qualifiés. S’appuyant sur les données relatives aux marchés du travail locaux en France, Davis et al. (2022[17]) mettent quant à eux en évidence que la disparition des emplois moyennement qualifiés a entraîné la création d’emplois peu qualifiés dans les petites villes et d’emplois hautement qualifiés dans les grandes villes. Les forces d’agglomération, qui profitent largement aux personnes hautement qualifiées, devraient renforcer la préférence de ces travailleurs pour les emplois disponibles dans les régions « à forte intensité de compétences » déjà très productives, aggravant par là même les écarts de productivité (Moretti, 2012[15]).

La pandémie de COVID-19 a donné une impulsion sans précédent en faveur de la transformation numérique à la fois de l’économie et de la société. Les disparités régionales dans l’accès aux infrastructures numériques se sont depuis atténuées sous l’effet d’une demande plus forte des entreprises et des ménages. Ces disparités restent toutefois importantes dans certains pays. Par exemple, l’écart dans la part de ménages disposant d’un accès à l’internet haut débit entre les régions les mieux loties et les moins bien loties était d’environ 10 points en 2021 dans l’ensemble des pays de l’OCDE. Il atteignait toutefois pas moins de 20 points dans certains pays comme le Chili, Israël, le Japon ou le Mexique (OCDE, 2022[8]).

L’impulsion induite par la pandémie a non seulement accentué la transformation structurelle continue du marché du travail, elle a aussi introduit de nouveaux moteurs de diversification particulièrement puissants, comme l’essor du télétravail, notamment pour les emplois du secteur des services. Pendant la première vague de la pandémie, la part des effectifs travaillant à distance au moins une fois par semaine est passée de 31 % à 58 % dans les pays de l’OCDE. Dans les enquêtes réalisées, les responsables et les travailleurs ont tendance à évaluer de manière positive le télétravail aussi bien en termes de bien-être que de productivité. Par ailleurs, deux ans après la crise de COVID-19, la part des télétravailleurs n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant la pandémie. Cette tendance semble ainsi suggérer que, dans l’ensemble, le télétravail devrait s’installer de façon pérenne dans le paysage du marché du travail (Özgüzel, Luca et Wei, 2023[18]).

Les implications de l’essor du télétravail pour l’organisation spatiale de l’activité économique sont néanmoins profondes. L’adoption du télétravail et la baisse des déplacements pendulaires qui en a découlé se sont traduites par une modification des préférences des individus en matière de logement. L’évolution de la demande de logements, davantage axée sur les régions suburbaines plutôt que sur les centres urbains (Ramani et Bloom, 2021[19] ; Ahrend et al., 2022[20]), a également contribué à réduire les disparités régionales liées au coût de la vie. À un niveau plus macrogéographique, le télétravail peut également s’avérer avantageux pour les régions encore plus éloignées des grandes villes. L’ampleur nécessaire pour que ce phénomène ait une incidence positive mesurable sur la productivité et le développement économique limite toutefois le nombre de régions susceptibles de profiter de ses avantages (Baldwin et Dingel, 2021[21]). Les régions qui peuvent tirer parti de ce phénomène sont par exemple les régions comptant des villes intermédiaires considérées comme des « villes universitaires », où étaient déjà concentrées des activités relevant des TIC avant la pandémie (Florida, Storper et Rodríguez-Pose, 2021[22]).

Le faible niveau de dynamisme des entreprises observé dans plusieurs pays de l’OCDE, en termes de taux de création notamment, nuit à la productivité et la croissance de l’emploi, dans la mesure où les jeunes entreprises sont davantage susceptibles de développer leur productivité et d’augmenter leurs effectifs (OCDE, 2021[23]), et qu’un nombre réduit de nouveaux entrants peut avoir des effets préjudiciables sur la concurrence et conduire à une intensification de la concentration sur les marchés (Autor et al., 2020[24]). Ce manque de dynamisme peut enfin limiter la capacité des salariés d’entreprises à bas salaires et à faible productivité à changer d’emploi, et par là même à augmenter leur propre productivité et leur propre rémunération (Criscuolo et al., 2021[11]). Des travaux d’analyse récents menés par l’OCDE sur les répercussions de la crise financière mondiale ont montré que la baisse des taux d’entrée a des effets négatifs persistants sur l’emploi. Une chute de 20 % du nombre de nouveaux entrants sur une année occasionne ainsi une perte d’environ 0.7 % de l’emploi global 3 années après la crise financière mondiale et de 0.5 % 14 ans plus tard (OCDE, 2020[25]).

Les disparités régionales en matière d’évolution du dynamisme des entreprises peuvent exacerber les écarts de croissance de la productivité entre les régions. Les données de niveau TL2 disponibles pour un sous-ensemble de 13 pays de l’OCDE dans la base de données de l’OCDE sur la Démographie régionale des entreprises montrent que le taux de création d’entreprises pour la région médiane a connu une baisse au cours de la période 2012-18 (graphique 3.8). Les disparités au sein des pays ont par ailleurs été considérables. En Espagne par exemple, dans la communauté autonome du Pays basque, le taux de création d’entreprises a en moyenne baissé chaque année de 0.5 point entre 2012 et 2018, passant de 10 nouvelles entreprises pour 100 entreprises à 7.5 en 2018, alors qu’il a augmenté dans les îles Canaries. De la même manière, on a observé une diminution du taux de création d’entreprises partout en Italie (de 9.7 % au début de la même période à 8.8 % en 2018), sauf dans la province autonome de Bolzano-Bozen. Le vieillissement de la population (Karahan et al., 2021[26]), un taux d’entrée net négatif des jeunes et un faible niveau d’adoption des TIC sont des facteurs susceptibles d’exposer les régions reculées et moins peuplées à des baisses sensibles du dynamisme des entreprises. Aux États-Unis par exemple, ce sont les petites villes qui ont enregistré les plus fortes chutes du taux d’entrée des entreprises pendant la période 1982-2018 (Rubinton, 2020[27]).

L’innovation est un moteur essentiel de la croissance de la productivité et elle devrait avoir un rôle de plus en plus important à mesure que la production opère sa transformation numérique (Brynjolfsson et McAfee, 2011[28])14. L’innovation a toutefois tendance à être fortement concentrée sur le plan géographique. Ce haut niveau de concentration territoriale est le résultat des fortes externalités d’agglomération liées à la production d’idées et de connaissances. D’après les données de l’Office européen des brevets relatives à 30 pays de l’OCDE sur la période 1995-2014, il apparaît que 10 % des villes sont à l’origine de 64 % des demandes de brevets (Paunov et al., 2019[29]). L’avènement de la transformation numérique et la généralisation des TIC ont renforcé les incitations à la concentration territoriale des activités innovantes. Aux États-Unis par exemple, la part des demandes de brevets représentée par le décile supérieur des villes a augmenté de 10 points entre 1995 et 2014 (Paunov et al., 2019[29]).

L’adoption de technologies d’innovations incrémentales permet de soutenir l’innovation de pointe en favorisant sa diffusion à d’autres pans de l’économie (OCDE, 2020[30]). Les entreprises ne font pas que développer des connaissances, elles utilisent également les savoirs et les technologies développées par d’autres entreprises, notamment en s’équipant d’un logiciel de gestion de la relation client ou en s’appuyant sur ces savoirs et technologies pour introduire de nouvelles innovations. En matière de diffusion de l’innovation, les disparités régionales restent importantes. En 2021, la quasi-totalité des entreprises finlandaises ont adopté l’infonuagique, contre environ 70 % pour la moyenne de l’OCDE. D’importantes disparités peuvent également être observées à l’intérieur des pays sur la question des compétences nécessaires à l’adoption des nouvelles technologies. Dans certains pays comme la Belgique et la Hongrie, la part de postes à pouvoir exigeant des compétences numériques en 2019 s’élevait à 5 % pour la région moyenne, mais jusqu’à 15 % dans les régions de capitales (OCDE, à paraître[31]).

L’accès au financement constitue un catalyseur essentiel de l’innovation. Les obstacles à l’accès au financement sont toutefois plus importants pour les petites et moyennes etnreprises (PME) et les jeunes entreprises. Les PME ont en effet généralement moins d’actifs susceptibles d’être apportés en garantie. Elles ont en outre tendance à être moins réputées auprès des banques et des investisseurs, et finissent par souffrir plus fortement des asymétries négatives de l’information (OCDE, 2022[32]). Les différences de niveau du stock de capital entre les régions ne se traduisent pas uniquement par des niveaux différents de capacités de production. Elles se reflètent aussi dans les niveaux différents d’actifs qui peuvent être apportés en garantie pour financer les activités innovantes, accentuant par là même les disparités entre les régions en termes de potentiel d’innovation. Le manque de dynamisme de la reprise de l’investissement au lendemain de la crise financière mondiale pourrait avoir accentué ces différences. Pendant la période 2012-19, la formation brute de capital fixe a baissé dans 13 % des grandes régions européennes de niveau TL215. Les disparités à l’intérieur des pays sont particulièrement importantes dans les pays d’Europe orientale et méridionale. Ainsi, dans la région italienne de la Calabre, la croissance de l’investissement sur la période 2012-19 était négative (-4.8 %), alors qu’elle était positive (3.6 %) dans la province autonome de Bolzano-Bozen. De la même manière, dans la région hongroise de Transdanubie-Occidentale, la croissance de l’investissement s’élevait à 1.5 %, contre près de 13 % dans la région TL2 de Budapest (graphique 3.9).

La spécialisation des pays et des régions qui précède une plus forte intégration des échanges a un rôle déterminant sur les gains et les pertes qui y sont associés. Il a par exemple été démontré que les régions spécialisées dans les secteurs exposés à la concurrence des importations en Allemagne et aux États-Unis ont perdu des emplois lors du processus d’intégration des échanges avec la République populaire de Chine et les pays d’Europe orientale. En termes de volume, le niveau de la production d’articles de cuir et de vêtements aux États-Unis ne représentait plus en 2022 qu’un sixième du volume enregistré en 200016. À l’inverse, les régions spécialisées dans les secteurs exposés à la concurrence à l’exportation, comme le secteur de la construction automobile ou de l’industrie chimique en Allemagne, ont en moyenne enregistré une augmentation des emplois et de la productivité (Dauth, Findeisen et Suedekum, 2014[34] ; Autor, Dorn et Hanson, 2013[35])17.

Les données douanières sur les échanges de biens, recueillies par l’OCDE dans les régions TL2 et disponibles pour un sous-ensemble de 15 pays de l’OCDE, permettent de mesurer le niveau d’ouverture commerciale des régions et de déterminer si celles-ci affichent un déficit commercial, autrement dit si la valeur des importations régionales est supérieure à la valeur des exportations régionales ou, dans le cas inverse, si elles dégagent un excédent commercial18. Environ 52 % des régions retenues affichent un déficit commercial, les plus fortes incidences étant enregistrées en Lettonie et en Lituanie (100 %), suivies des États-Unis (73 %) et du Royaume-Uni (67 %). D’après ces données, l’orientation vers l’exportation est particulièrement importante dans les régions où la croissance est plus lente. Au cours de la période 2001-19, le PIB par habitant a en moyenne augmenté de 13 points pour le décile inférieur des régions en croissance affichant un déficit commercial, soit moins que la moyenne nationale. Cet écart de croissance du PIB par habitant par rapport à la moyenne nationale était toutefois de seulement 9 points pour le décile inférieur des régions en croissance dégageant un excédent commercial (graphique 3.10).

Une spécialisation sectorielle excessive peut exacerber les effets des chocs mondiaux sur les pays et régions ouverts aux échanges (Di Giovanni et Levchenko, 2009[36]). D’une part, la spécialisation sectorielle génère des économies de localisation, soit des gains de productivité permis par le regroupement d’entreprises d’un même secteur ou de secteurs proches, stimulant par là même la compétitivité d’une région dans l’économie mondiale. D’autre part, cette spécialisation peut accroître l’exposition des régions aux chocs mondiaux (Carvalho et Gabaix, 2013[37]).

Les régions rurales ont souvent plus de difficultés que les autres régions à tirer parti des avantages de l’intégration des échanges dans les chaînes de valeur plus complexes. Les régions rurales souffrent en effet d’un plus grand éloignement et leur intégration aux échanges est donc plus difficile (Krawchenko, 2018[38]). Elles sont également davantage exposées à la concurrence à l’importation dans la mesure où elles se caractérisent en moyenne par un plus grand nombre d’emplois peu qualifiés, lesquels ont tendance à présenter un degré élevé de substituabilité avec des emplois situés dans des pays où le coût de la main-d’œuvre est plus bas.

La fragmentation croissante de la production en chaînes de valeur mondiales (CVM) a créé de nouvelles possibilités et de nouveaux défis à l’intégration des échanges. Les pays au premier rang des CVM, comme l’Allemagne et les États-Unis, concentrent les activités de connaissances dans certaines de leurs grandes régions métropolitaines à proximité des industries historiques, situées dans des régions non métropolitaines (Kemeny et Storper, 2020[39]). D’autres pays bénéficiant d’avantages de coûts ou de localisation du fait de leur intégration aux CVM, comme les pays d’Europe orientale, ont rapidement développé leur tissu industriel et ont commencé leur propre transition vers les activités de connaissances (Navaretti et Markovic, 2021[40]). Les données antérieures à la pandémie de COVID-19 montrent que les régions caractérisées par une croissance plus rapide de leurs exportations et associées à des produits nationaux à forte valeur ajoutée (un indicateur important de la participation aux CVM) sont également parvenues à rester en première ligne de la frontière de la productivité ou à réduire leur retard par rapport aux régions plus productives (OCDE, 2018[6]), alors que les entreprises des régions qui, dans les économies avancées, n’étaient riches ni en ressources, ni en compétences, ont eu plus de difficultés à tirer parti des avantages de l’intégration aux CVM (Iammarino, Rodríguez-Pose et Storper, 2019[41]).

Les défis soulevés par la spécialisation sectorielle et les chocs mondiaux sont en outre amplifiés par le degré accru de spécialisation induit par les CVM. Les perturbations qu’ont connues les CVM pendant la pandémie de COVID-19 et l’instabilité créée par les turbulences récemment observées sur les marchés mondiaux de l’énergie ont donné lieu à une augmentation des appels à la relocalisation et à la délocalisation de proximité des chaînes de valeur. Le débat sur les coûts et avantages de l’intégration des échanges découlant de la participation aux CVM nécessite toutefois d’adopter une approche équilibrée. D’après des données quantitatives récentes sur les pays de l’OCDE, au niveau national, la relocalisation et la délocalisation de proximité aux fins d’une réduction du niveau d’instabilité sont susceptibles de générer des coûts de production plus élevés et d’entraîner un affaiblissement de la compétitivité internationale, au point de l’emporter sur les avantages d’une réduction de l’instabilité (OCDE, 2021[42]).

La participation aux échanges mondiaux à travers l’investissement direct étranger doit également s’exercer de façon équilibrée. Les régions bénéficient généralement des avantages de l’investissement direct étranger (Lembcke et Wildnerova, 2020[43]). Cependant, l’accroissement de l’intégration économique et la multiplication des flux financiers mondiaux n’ont pas toujours permis une égalité des chances entre les régions, et ont même pu accentuer les disparités régionales. Les régions jouissant de facteurs géographiques plus favorables, comme la disponibilité d’infrastructures adaptées, la proximité d’un écosystème universitaire local (OCDE, 2021[44]) ou l’existence de passerelles institutionnelles favorisant la formation de liens entre les fournisseurs et les entreprises locales (Crescenzi, Harman et Arnold, 2018[45]), parviennent à attirer des volumes d’investissement direct étranger plus importants (et de meilleure qualité) que les autres régions moins favorisées. Par ailleurs, le bénéfice de l’investissement direct étranger présente des risques en cas d’arrêt soudain ou de revirement des intentions des investisseurs. Des données transnationales montrent par exemple qu’une augmentation des risques liés au changement climatique peut entraîner une réduction des flux entrants d’investissement direct étranger (Gu et Hale, 2022[46]). La même conclusion pourrait être tirée au niveau régional, dans la mesure où les régions ne sont pas exposées de manière identique aux risques liés au changement climatique (OCDE, 2022[8]).

Le changement climatique est susceptible de creuser les inégalités de revenu de différentes manières. L’augmentation de la fréquence des événements extrêmes aura des répercussions plus importantes sur certaines régions et leurs économies. Par ailleurs, les mesures d’action publique encourageant l’abandon progressif des combustibles fossiles et la transition vers des technologies vertes peuvent se traduire par des pertes d’emplois concentrées dans quelques régions particulièrement vulnérables.

Les phénomènes météorologiques extrêmes n’affectent pas toutes les régions de la même manière. En Australie par exemple, le nombre de jours supplémentaires de fort stress thermique sur la période 2017-21 par rapport à la période 1981-2010 varie de 0 à plus de 60 jours dans la région TL2 du Territoire du Nord. De la même manière, la part de la population exposée aux crues fluviales s’élève à 60 % dans la région mexicaine de Tabasco, contre moins de 30 % dans le reste du pays (OCDE, 2022[8]). On estime que les dégâts provoqués par les submersions devraient être très hétérogènes, puisque les zones côtières, notamment en Asie du Sud-Est, devraient enregistrer des pertes représentant jusqu’à 10 % de leur PIB réel en 2200 (Desmet et al., 2021[47]). Les régions rurales pourraient être confrontées à des pertes beaucoup plus importantes que les régions urbaines, et ce, en raison de la présence plus marquée du secteur agricole et de sa plus grande vulnérabilité aux phénomènes météorologiques extrêmes.

Les régions rurales jouent un rôle important dans la transition vers la neutralité climatique. Entre 1990 et 2018, le volume d’émissions de gaz à effet de serre (GES) par habitant a baissé plus lentement dans les régions rurales, notamment dans les régions éloignées des zones métropolitaines ou spécialisées dans l’extraction de ressources naturelles (OCDE, 2020[48] ; 2023[49]). Par ailleurs, bien que les régions rurales aient tendance à dépendre davantage des automobiles, elles se caractérisent également par une production d’électricité plus verte. En 2019, plus de 50 % de la production d’électricité dans les régions non métropolitaines reculées provenait de sources renouvelables, contre moins de 20 % dans les grandes régions métropolitaines (OCDE, 2022[8]).

Les mesures d’atténuation du changement climatique sont susceptibles de contribuer au creusement des inégalités de revenu si elles ne sont pas accompagnées de politiques capables d’aider efficacement les régions vulnérables (OCDE, 2023[50])19. Les régions affichant un fort taux d’émissions par habitant, associé à une part élevée de l’emploi dans des secteurs manufacturiers très polluants, sont davantage vulnérables aux risques suscités par les politiques d’atténuation du changement climatique. Bien qu’elles soient concentrées en Europe centrale, la plupart des pays européens comptent au moins une région vulnérable. Les vulnérabilités liées au climat s’ajoutent souvent à d’autres types de vulnérabilités socioéconomiques, comme un niveau d’enseignement supérieur et un PIB par habitant inférieurs à la moyenne. Les politiques d’atténuation du changement climatique menacent certains des meilleurs emplois disponibles dans ces régions, soit là où des industries manufacturières très polluantes offrent en moyenne des emplois plus productifs et mieux payés que d’autres secteurs (graphique 3.11).

L’adaptation aux réglementations en faveur de l’atténuation du changement climatique aura également des effets asymétriques sur les entreprises. Ainsi, celles dont la situation financière est saine seront mieux à même de faire face aux nouveaux coûts économiques et réglementaires destinés à corriger les externalités négatives associées aux technologies polluantes. Les petites entreprises disposant de ressources plus limitées pour réaliser les investissements nécessaires au « verdissement » de leur production risqueront plus que les autres de voir leur compétitivité dégradée. Ces entreprises ont en outre tendance à être concentrées dans les régions vulnérables (OCDE, 2023[50]). Il peut toutefois s’avérer utile d’encourager la croissance de la productivité dans les technologies vertes, dans la mesure où elle permet d’améliorer l’efficacité des technologies et de réduire les coûts d’entrée pour les entreprises.

Enfin, les politiques territorialisés d’atténuation du changement climatique doivent tenir compte du fait que les emplois menacés de disparition, ou dont les attributions devraient être révisées en profondeur au profit de l’intégration de tâches vertes, ne sont pas uniformément répartis entre les régions. Même si les mesures publiques adoptées pour limiter les effets négatifs du changement climatique entraîneront une réaffectation des emplois à hauteur de 1.5 % de l’emploi global (OCDE, 2017[51]), ce chiffre sous-évalue l’incidence du changement climatique sur les marchés du travail, dans la mesure où il ne prend pas en compte les emplois pour lesquels des efforts de reclassement et de reconversion devront également être déployés. Les régions métropolitaines semblent être plus en avance dans leur transition écologique, car elles présentent déjà une part élevée et croissante d’emplois verts et une part faible d’emplois polluants (et donc menacés de disparition) (OCDE, 2023[52]).

Les chocs économiques défavorables peuvent avoir des incidences négatives permanentes sur les régions et les pays. En 2018 par exemple, le taux de chômage de près de la moitié des régions TL2 demeurait supérieur à son niveau de 2008 (OCDE, 2020[14]). On entend par « hystérèse » la situation où un choc économique défavorable pour un pays ou une région affecte de manière négative ou permanente la trajectoire de l’économie. Martin (2012[53]) distingue trois types d’hystérèse : i) des chocs économiques suivis d’une baisse permanente du niveau de l’activité économique ; ii) des chocs économiques suivis d’une baisse permanente du taux de croissance ; et iii) des chocs économiques suivis d’une baisse permanente du niveau d’activité et du taux de croissance.

Les données sur le PIB par habitant révèlent qu’un nombre important de pays ont affiché une hystérèse au lendemain des récessions de 1991-92 et de 2008-12. Suite à cette dernière récession, plusieurs pays, dont la France, la Grèce et l’Italie, présentaient une hystérèse du niveau de PIB par habitant, alors qu’aucun pays n’était dans ce cas au sortir de la récession de 1991-92. Par ailleurs, moins de la moitié des pays (pour lesquels sont disponibles des données couvant les deux périodes d’expansion) sont parvenus à retrouver leur taux antérieur de croissance du PIB par habitant après les deux récessions (Tableau d’annexe 3.B.1).

Contrairement à ce qui a pu être observé suite à la récession de 1991-92, la part de régions non métropolitaines qui ont rencontré des difficultés pour se redresser suite à la crise financière mondiale a été relativement plus élevée que dans le cas des régions métropolitaines, entraînant un effet d’hystérèse au niveau des pays. Pendant la récession de 1991-92, la part de la population des régions TL3 subissant un ralentissement de la croissance du PIB par habitant dans les pays affichant une hystérèse était d’environ 90 % aussi bien dans les régions métropolitaines que non métropolitaines (Graphique d’annexe 3.B.1, partie A). En revanche, pendant la crise financière mondiale, alors que la part des régions non métropolitaines est restée la même, la part des régions métropolitaines a enregistré une chute de 20 % (Graphique d’annexe 3.B.1, partie B).

Le report de l’emploi vers des secteurs à forte productivité s’est produit à des vitesses différentes d’une région à l’autre. Le coefficient de variation de la part de l’emploi des secteurs exportateurs, parti, calculé pour l’ensemble des régions i d’un pays donné, indique dans quelle mesure le poids de ces secteurs diffère au niveau régional :

CV=σpartiμparti

σ correspond à l’écart-type et μ à la part d’emploi moyenne.

Ce coefficient est généralement plus élevé dans les secteurs exportateurs, dans la mesure où les entreprises actives dans ces secteurs peuvent plus facilement chercher à tirer parti des avantages de localisation que les entreprises des secteurs non exportateurs, compte tenu de la nature des biens et services qu’elles produisent. En 2019, le coefficient de variation des secteurs exportateurs était près de trois fois supérieur à celui des secteurs non exportateurs dans l’ensemble des pays de l’OCDE (Graphique d’annexe 3.C.1). Pour donner une idée de cette différence, seuls 5 % des employés de la région portugaise de l’Algarve travaillaient dans le secteur des produits exportables en 2019, contre 44 % dans la région de l’Ave, au nord du Portugal, où l’industrie manufacturière est particulièrement développée, soit neuf fois plus. À l’inverse, la part de l’emploi dans le secteur exportateur variait de 65 % à 37 % suivant les régions, soit un écart du simple au double.

Entre 2011 et 2019 en particulier, les régions de l’OCDE ont présenté des différences notables dans l’importance que jouent les secteurs exportateurs au niveau local. Les incitations à la spécialisation des régions et des entreprises face à la concurrence croissante induite par l’intégration économique mondiale de plus en plus poussée ont probablement contribué à cette tendance dans le secteur industriel. Les écarts entre les régions en termes d’importance des services exportables au niveau local ont cependant baissé dans un premier temps, grâce à la maturité des TIC et à leur diffusion géographique. Cette baisse s’est ensuite interrompue, avant de s’inverser sous l’effet de la crise financière mondiale, mais aussi en raison de l’incapacité de certaines régions à retrouver leur niveau d’emploi d’avant la crise.

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[31] OCDE (à paraître), Challenges in Regional Innovation Diffusion: A Self-assessment Toolkit for Regions, Éditions OCDE, Paris.

[18] Özgüzel, C., D. Luca et Z. Wei (2023), « The new geography of remote jobs? Evidence from Europe », OECD Regional Development Papers, n° 57, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/29f94cd0-en.

[29] Paunov, C. et al. (2019), « On the concentration of innovation in top cities in the digital age », OECD Science, Technology and Industry Policy Papers, n° 85, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/f184732a-en.

[19] Ramani, A. et N. Bloom (2021), « The donut effect of Covid-19 on cities », NBER Working Paper, n° 28876.

[27] Rubinton, H. (2020), « The geography of business dynamism and skill biased technical change », FRB St. Louis Working Paper, n° 2020-20.

[54] Tsvetkova, A. (à paraître), « Forty years of labour markets resilience: Is productivity the secret ingredient », Documents de travail de l’OCDE sur le développement économique et la création locale d’emplois, Éditions OCDE, Paris.

Notes

← 1. Dans ce chapitre, l’expression « à forte/faible productivité » est utilisée pour caractériser les régions dont la productivité est supérieure/inférieure à la moyenne nationale.

← 2. La productivité du travail est mesurée en termes de VAB régionale par travailleur, exprimée en USD à prix et parités de pouvoir d’achat constants de 2015.

← 3. Données sur 23 pays de l’OCDE : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, États-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Lettonie, Lituanie, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République slovaque, Royaume-Uni, Slovénie, Suède et Tchéquie.

← 4. La Grèce et l’Italie sont les deux seuls pays de l’OCDE où la croissance de la productivité au niveau national est négative.

← 5. Voir le Tableau d’annexe 3.A.2 pour consulter les chiffres de l’évolution des disparités de la productivité du travail.

← 6. Dans le cadre de l’analyse présentée dans ce chapitre, les régions TL3 appartenant à la même zone métropolitaine ont été groupées de sorte à éviter que l’évolution des inégalités reflètent les variations des déplacements pendulaires entre les régions principales et les régions TL3 périphériques.

← 7. Voir le Tableau d’annexe 3.A.2 pour consulter les chiffres de l’évolution des inégalités de la valeur ajoutée brute par habitant selon différentes hypothèses.

← 8. Sont considérés comme des secteurs exportateurs le secteur des produits exportables (ou secteur industriel) et le secteur des services exportables. L’industrie couvre les activités suivantes : industries extractives (B) ; industrie manufacturière (C) ; production et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné (D) ; production et distribution d’eau, assainissement et gestion des déchets et dépollution (E) ; et les macro-secteurs de la NACE. Les services exportables couvrent les activités suivantes : information et communication (J) ; activités financières et d’assurance (K) ; activités immobilières (L) ; activités spécialisées, scientifiques et techniques (M) ; et activités de services administratifs et de soutien (N). Les services non exportables couvrent les activités suivantes : commerce, réparations d'automobiles et de motocycles (G) ; transport et entreposage (H) ; hébergement et restauration (I) ; administration publique (O) ; enseignement (P) ; santé humaine et action sociale (Q) ; arts, spectacles et activités récréatives (R) ; autres activités de services (S) ; activités des ménages en tant qu’employeurs ; activités indifférenciées des ménages en tant que producteurs de biens et services pour usage propre (T) ; et activités extra territoriales (U).

← 9. Ce déclin en termes relatifs s’est accompagné d’un déclin en termes absolus. Une perte totale d’environ 3.5 millions d’emplois a ainsi pu être enregistrée dans l’ensemble des pays de l’OCDE, les plus fortes pertes d’emplois en termes relatifs (20 % de baisse cumulée entre 2001 et 2019, contre 9 % en moyenne dans les pays de l’OCDE) ayant été observées dans les pays d’Europe méridionale (Espagne, Grèce, Italie et Portugal). Ce déclin reflète pour partie l’externalisation des activités auxiliaires (nettoyage, sécurité, comptabilité, etc.).

← 10. Voir le Tableau d’annexe 3.A.1 pour les valeurs de l’emploi par pays dans les différents secteurs.

← 11. Voir l’Annexe 3.C pour un examen plus détaillé de l’évolution des parts régionales dans les secteurs exportateurs des pays de l’OCDE.

← 12. Dans le cadre de cet exercice, une région est considérée comme appartenant à la moitié supérieure des régions productives si elle figure parmi les 50 % supérieurs des régions productives d’un pays pendant au moins trois ans sur la période 2004-07. Dans le cas inverse, elle est considérée comme appartenant à la moitié inférieure des régions productives.

← 13. À partir des données sur les marchés du travail locaux aux États-Unis, Acemoglu et Restrepo (2020[56]), par exemple, ont mis en évidence que la mise en service d’un robot supplémentaire pour 1 000 travailleurs entraînait une diminution du ratio emploi/population de 0.2 point et des salaires de 0.42 %.

← 14. L’essor des actifs incorporels dans la production pose également certaines difficultés. Par exemple, les secteurs caractérisés depuis le début des années 2000 par la plus forte augmentation de l’accumulation de capital immatériel sont également ceux dans lesquels les écarts de productivité des entreprises se sont creusés le plus rapidement (Corrado et al., 2021[55]).

← 15. La formation brute de capital fixe correspond aux acquisitions des actifs fixes, desquelles sont soustraites les cessions des producteurs résidents.

← 16. Basé sur : Industrial Production: Manufacturing: Non-Durable Goods: Apparel and Leather Goods (NAICS = 315.6) (IPG315A6A), FRED, St. Louis FED (consulté le 6 juin 2023).

← 17. Les différences de spécialisation sectorielle jouent également un rôle sur l’incidence que peut avoir l’intégration des échanges au niveau national, et pas uniquement au niveau international, sur les disparités à l’intérieur des pays. Pour des niveaux intermédiaires de coût de transport, le développement de nouvelles infrastructures de transport favorisant l’intégration des échanges au niveau national peut entraîner une concentration de l’activité économique dans les régions déjà spécialisées dans les activités de fabrication, et ce, en raison des économies d’échelle dont bénéficient les entreprises qui choisissent de s’installer à proximité des grands marchés. À titre d’exemple, des estimations de l’incidence du développement du réseau routier dans les régions européennes sur la période 1990-2012 révèlent d’importantes différences dans le volume d’investissement qui aurait été nécessaire pour atteindre des gains identiques dans toutes les régions (Adler et al., 2020[57]).

← 18. L’ouverture commerciale correspond à la somme des importations et des exportations divisée par le PIB régional. Ces données concernent 182 régions TL2 réparties dans 15 pays de l’OCDE et couvrent la période 2010-19.

← 19. Sont généralement considérés comme très polluants les secteurs suivants : raffinage de coke et de pétrole, produits chimiques, métaux de base (acier et aluminium, en particulier), minéraux non métalliques (ciment, en particulier), papier et pâte à papier, et véhicules automobiles (OCDE, 2023[50]).

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