19. Corée

En 2020-22, le soutien aux producteurs agricoles (estimation du soutien aux producteurs, ESP) en Corée représentait 46 % des recettes agricoles brutes, un chiffre en baisse par rapport à 2000-02 (53 %), mais toujours bien plus élevé que la moyenne OCDE. Le soutien des prix du marché (SPM) constitue la principale forme de soutien aux producteurs. En 2020-22, il représentait 87 % du soutien aux agriculteurs et couvrait des produits importés essentiels, tels que le riz, le soja, les produits d’origine animale et certains légumes. Ces transferts, qui créent des distorsions sur les marchés, résultent du maintien de contingents tarifaires assortis de droits de douane hors contingent élevés. En moyenne, les prix à la production sur le marché intérieur sont 70 % plus élevés que les prix mondiaux correspondants.

Pour le reste, le soutien aux producteurs passe essentiellement par des programmes de paiements directs, des dispositifs d’assurance agricole et des subventions à l’utilisation d’intrants variables. En 2020-22, ces paiements représentaient 13 % du soutien total aux producteurs.

Les dépenses consacrées aux services d’intérêt général (estimation du soutien aux services d’intérêt général, ESSG) ont progressé en valeur absolue, mais reculé en valeur relative pour s’établir à 13 % de l’estimation du soutien total (EST) en 2020-22. Ces dépenses ont majoritairement servi à financer le développement et l’entretien des infrastructures (53 %), en particulier des systèmes d’irrigation, le reste ayant été consacré à la création de connaissances agricoles (20 %), au stockage public (10 %) et aux services d’inspection et de contrôle (10 %). Dominé par le soutien aux producteurs, l’EST a fléchi, passant de 7.6 % du produit intérieur brut (PIB) en 1986-88 à 1.6 % en 2020-22, un niveau qui demeure plus élevé que la moyenne OCDE.

En décembre 2022, le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales a fait l’objet d’une restructuration visant à mieux répondre aux objectifs fixés par le nouveau gouvernement : croissance durable, neutralité carbone, sécurité alimentaire, filet de protection pour les exploitations, amélioration des espaces ruraux et du bien-être animal. Dans le cadre de cette nouvelle organisation, le ministère a créé un Bureau stratégique de l’innovation agricole et une Direction stratégique du bien-être animal et de l’environnement, afin de promouvoir l’innovation, le bien-être des animaux et la neutralité carbone.

En octobre 2022, les lois et réglementations relatives au système de paiements directs ont été modifiées de manière à assouplir les exigences en rapport avec l’activité agricole, ce qui a permis à un plus grand nombre de ménages d’agriculteurs de bénéficier de ce type de paiements. En janvier 2023, un nouveau système de paiements directs a été mis en place pour certaines cultures stratégiques. Son objectif consiste à intensifier la production des principales cultures céréalières et à renforcer la sécurité alimentaire en accordant des paiements directs supplémentaires aux exploitants qui cultivent certaines variétés spécifiques, telles que le soja et les fourrages grossiers.

En mars 2023, une loi de soutien rural à la restructuration et à la régénération a été promulguée dans le but d’institutionnaliser l’aménagement rural. La loi a notamment introduit le concept de districts ruraux spécialisés, qui favorise l’utilisation systématique et efficiente des espaces ruraux. L’État doit définir tous les dix ans une vision à long terme pour le développement des espaces ruraux, et procéder tous les cinq ans à son réexamen. Les collectivités locales s’appuient sur cette vision pour mettre au point leurs plans fondamentaux et leurs plans complets de mise en œuvre.

En janvier 2023, le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales a annoncé une série de mesures visant à améliorer la distribution des produits agricoles. Ces mesures consistent à élargir la portée de la distribution, à faciliter la transformation numérique du commerce de produits agricoles et à créer un système de distribution compétitif. D’ici à 2027, le gouvernement prévoit la création de 100 centres intelligents de traitement des produits agricoles dans les principales filières de production. Un marché de gros en ligne pour les produits agricoles sera lancé en 2023, en commençant par les fruits et légumes.

  • Les mesures d’adaptation au changement climatique qui figurent dans le plan national d’adaptation mettent l’accent sur la diffusion d’informations et la recherche-développement (R-D). Il serait bon que le renforcement des capacités du secteur privé bénéficie d’un soutien et d’investissements accrus. Afin de soutenir les agriculteurs dans leurs activités d’atténuation du changement climatique et d’adaptation à ses effets, d’autres initiatives ciblées sont nécessaires, comme la mise en place de mesures qui les incitent à opter pour des systèmes de production plus résilients. En outre, les investissements devraient se concentrer sur les infrastructures permettant une utilisation durable de l’eau et sur la diversification des cultures.

  • En Corée, le soutien aux producteurs reste nettement plus élevé que la moyenne OCDE et le SPM en constitue la plus grande part. Des réformes devraient être mises en œuvre pour réduire le recours à des modalités de soutien telles que le SPM, susceptibles de créer des distorsions. Des mesures plus ciblées pourraient contribuer à la réalisation des objectifs du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales, notamment la stabilisation du revenu des ménages d’agriculteurs, le renforcement de la productivité à long terme et la réaction au vieillissement et à la diminution de la population agricole.

  • Le ministère a récemment fait l’objet d’une restructuration pour mieux répondre à certaines aspirations qui montent en puissance dans la société, notamment en matière de croissance durable, de neutralité carbone, d’amélioration du bien-être animal et de sécurité alimentaire. Un Bureau de l’innovation agricole a été créé pour mieux servir ces objectifs. Cette décision témoigne de la volonté du nouveau gouvernement de réorienter la politique agricole vers l’innovation et la durabilité. Le redéploiement de ressources humaines et budgétaires qui en découle donnera plus de moyens au ministère pour œuvrer en faveur de la durabilité agricole. Pour aller plus loin, il faudra toutefois prendre des mesures ciblées et spécialement adaptées afin de maintenir une croissance durable de la productivité et réformer le système actuel de soutien.

  • La pandémie de COVID-19 et la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine ont renforcé la nécessité de mettre en place une chaîne d’approvisionnement agricole stable en Corée. Bien que le plan coréen de sécurité alimentaire à moyen et à long terme vise un élargissement de l’assiette nationale de production et de consommation ainsi que l’instauration d’une chaîne d’approvisionnement depuis l’étranger plus stable, sa mise en œuvre devrait tenir compte des mécanismes du marché pour éviter de perturber les marchés agricoles internationaux.

  • Le système de paiements directs de la Corée a fait l’objet de plusieurs révisions visant à limiter les distorsions sur les marchés. Toute nouvelle réforme devrait être en phase avec les priorités du gouvernement, dont le renforcement de la sécurité alimentaire et la neutralité carbone. Les paiements pourraient privilégier des méthodes de production à faibles émissions, par exemple.

  • La loi de soutien rural à la restructuration et à la régénération a permis d’institutionnaliser la gestion systématisée des zones rurales. La coopération entre les autorités locales et centrales est un enjeu essentiel. Pour qu’elle fonctionne, les collectivités territoriales et le secteur privé doivent être encouragés à aligner l’aménagement de l’espace rural au niveau local sur la vision à long terme du développement rural définie à l’échelon national. Cela peut consister, par exemple, à favoriser le renforcement des capacités décisionnelles locales et à financer des projets bénéfiques aussi bien localement qu’au niveau national.

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