4. Comprendre les six critères : définitions, éléments d'analyse et principaux défis

Ce chapitre présente les six critères (Graphique 4.1) dans l'ordre dans lequel il est le plus logique de les examiner : la pertinence et la cohérence d'abord, puis l’efficacité et l’efficience, et enfin l'impact et la viabilité/durabilité. Il définit chaque critère et en décrit l'importance. Il explique ensuite plus précisément chaque définition en examinant leurs différents éléments d'analyse, c’est-à-dire les principales notions qui les sous-tendent. Il ne s'agit pas de sous-critères, mais d’une illustration des diverses manières dont un critère peut être appliqué en fonction du contexte et de l’objectif visé. Les liens avec les autres critères sont également examinés.

Le chapitre contient aussi un début de réflexion sur des aspects essentiels liés à l'inclusion et au principe de « ne laisser personne de côté », consacré par le Programme de développement durable à l'horizon 2030. D'autres travaux sont en cours pour étudier les moyens d'appliquer un prisme sexospécifique aux critères et aux approches d’évaluation, notamment l’élaboration d’orientations spécifiques sur l'égalité femme-homme, l'autonomisation des femmes et les droits humains.

Pour chaque critère, un tableau décrit les difficultés couramment rencontrées et propose des solutions pour aider les évaluateurs et les responsables d’évaluation à les surmonter. Ces tableaux seront actualisés au fil du temps, à mesure que seront partagées les expériences acquises dans l'application des nouvelles définitions.

Enfin, le chapitre fournit des exemples réels qui montrent comment chaque critère peut être interprété.

L’évaluation de la pertinence aide les utilisateurs à comprendre si une intervention répond réellement au problème identifié. Elle permet aux évaluateurs de déterminer si les objectifs et la mise en œuvre d'une intervention correspondent vraiment aux besoins des bénéficiaires et des parties prenantes, de même qu'aux priorités sous-tendant l’intervention. Elle permet d’établir si les parties prenantes ciblées perçoivent l’intervention comme utile et importante.

La pertinence est une considération qui revêt un intérêt tout au long du programme ou du cycle de l’action publique, depuis la conception jusqu’à la mise en œuvre. Elle peut également être examinée sous l'angle d’objectifs mondiaux tels que les Objectifs de développement durable (ODD). Elle peut être appréhendée à travers quatre éléments d'analyse potentiels : la pertinence au regard des besoins des bénéficiaires et des parties prenantes, la pertinence au regard du contexte, la pertinence de la qualité et de la conception et la pertinence au fil du temps. Ces éléments sont examinés plus en détail dans la partie qui leur est consacrée. Ils devraient être intégrés à l'analyse en fonction de l’objectif de l’évaluation, mais ne sont pas exhaustifs.

Pour évaluer la pertinence, il faut commencer par déterminer si les objectifs de l'intervention ont été correctement définis, s’ils sont réalistes et réalisables, et si les résultats sont vérifiables et en phase avec les normes internationales applicables aux interventions de développement – une démarche qui devrait être compatible avec la notion d'évaluabilité décrite dans les Normes de qualité pour l’évaluation du développement de l’OCDE (OCDE, 2010[1]). Les résultats ou l'énoncé des objectifs peuvent être formulés de manière inintelligible ou trop vague, être difficiles à mesurer ou être axés sur les activités ou les intrants. Dans certains cas, il est nécessaire de redéfinir ou de reconstruire la théorie du changement pour que l'évaluateur identifie clairement ces objectifs. Les évaluateurs devraient veiller à effectuer leur évaluation au regard d'objectifs réalistes et de bonne qualité. Par ailleurs, les indicateurs utilisés pour mesurer la réalisation des objectifs devraient être validés sur la base de critères généralement admis comme les indicateurs SMART (spécifique, mesurable, atteignable, réaliste et défini dans le temps) (IDD and Associates, 2006[2]). Les évaluations qui prennent en compte le critère de la pertinence devraient s'attacher à déterminer si les objectifs ont été mis en œuvre d’une manière conforme aux bonnes pratiques, et comment. Elles devraient aussi analyser les capacités organisationnelles et les compétences des partenaires d'exécution, ainsi que la manière dont ils se sont adaptés aux éventuelles évolutions du contexte.

Les évaluateurs devraient également identifier clairement les parties prenantes dont les besoins et les priorités devraient être pris en compte pour l'évaluation de la pertinence – les bénéficiaires, mais aussi les partenaires et les institutions qui participent au financement, à la supervision ou à la mise en œuvre de l’intervention. Il faudrait accorder une importance particulière aux bénéficiaires. En effet, l'appropriation d'une intervention est importante, et les bénéficiaires sont considérés comme les principales parties prenantes dans la définition des priorités et des besoins. En fonction de l’intervention, il peut aussi être justifié de tenir compte des besoins nationaux et infranationaux (le cas échéant), des stratégies locales mises en œuvre pour répondre aux besoins et du degré de concordance entre l'intervention et ces besoins. Les besoins institutionnels peuvent englober les besoins des donneurs, mais ne s'y limitent pas. En conséquence, il est possible d'évaluer la pertinence dans divers contextes, y compris lorsqu'il n'existe pas de donneur proprement dit, mais un ensemble de partenaires d'intervention (par ex. dans le cas d'une politique commerciale).

La définition de la pertinence recouvre quatre grandes dimensions : la prise en compte des besoins, des politiques et des priorités ; la sensibilité et l’adaptation au contexte ; la qualité de la conception ; et la capacité d'adaptation au fil du temps.

Pour analyser la pertinence d'une intervention, l'élément le plus important, peut-être, consiste à déterminer dans quelle mesure elle répond aux besoins et aux priorités des bénéficiaires. Une telle analyse permet de comprendre à quelles problématiques l'intervention vise à répondre, et pourquoi. Les bénéficiaires sont des parties prenantes essentielles et devraient être pris en compte tout au long de l'intervention. Il ne s'agit pas nécessairement des destinataires directs des services. Selon le type d'intervention, ils peuvent se situer (beaucoup) plus en amont dans la chaîne de résultats. Ainsi, une intervention peut avoir pour but d'accroître les capacités d’un bureau national d'audit. Ce renforcement des capacités améliorera la gestion des finances publiques et, partant, contribuera à la réalisation d’ODD, par exemple dans le domaine de la santé et de l’éducation. Toutefois, dans le cadre de l’évaluation de ce soutien au renforcement des capacités, ce sont les membres du personnel du bureau d'audit qui seront considérés comme les principaux bénéficiaires. Désigner clairement les bénéficiaires (principaux et secondaires) est une première étape indispensable de l'évaluation de la pertinence.

Analyser les besoins des bénéficiaires et examiner s'ils sont pris en compte renseigne non seulement sur l'aptitude à répondre à ces besoins, mais aussi sur le niveau d'appropriation et de participation concernant la conception et la mise en œuvre de l'intervention (ce qui peut influer sur d'autres critères). Cela permet de comprendre qui est associé à la conception d'une intervention et qui en est exclu, et, partant, quelle incidence cette situation a sur la conception et la mise en œuvre de l’intervention.

Le critère de pertinence suppose de se concentrer sur les domaines où les besoins sont les plus grands ou, pour reprendre les termes du Programme 2030, sur l'objectif d'aider en premier lieu les plus défavorisés. De fait, il est particulièrement utile pour comprendre qui participe à une intervention et qui est touché par une intervention. Il offre aux évaluateurs la possibilité d’examiner si et à quel point les publics marginalisés sont pris en compte dans les priorités stratégiques et dans celles de l’intervention. Même une intervention parfaitement en phase avec la politique en vigueur peut être en décalage avec les priorités concrètes des participants, qui peuvent ne pas avoir été associés à la définition des priorités et plans officiels.

Pour évaluer la pertinence, il faut aussi tenir compte de la manière dont l’intervention répond aux priorités des institutions ou partenaires engagés – administrations (nationales, régionales, locales), organisations de la société civile, entités privées et organismes internationaux participant au financement, à la mise en œuvre et/ou à la supervision de l’intervention. Il s'agit d'examiner le degré d'alignement sur les stratégies et les politiques de ces institutions.

Pour évaluer la pertinence d'une intervention par rapport aux politiques, aux priorités et aux besoins mondiaux, il convient d'examiner sa contribution à la réalisation d’objectifs généraux de portée mondiale (c’est-à-dire l'importance relative de l'intervention par rapport à l’ensemble des efforts déployés), ce qui suppose souvent, pour les évaluateurs, de comparer les résultats (potentiels) obtenus dans le contexte/pays donné à d'autres résultats obtenus ailleurs. Ces questions relatives à la pertinence d'un point de vue mondial ne sont pas toujours examinées au stade de la conception de l’intervention. C’est pourquoi les évaluateurs peuvent apporter des analyses utiles en la matière, qui peuvent aider les parties prenantes à appréhender l'importance stratégique d'une intervention au-delà de son contexte local.

La définition de la pertinence exige aussi des évaluateurs qu'ils examinent les éventuelles tensions ou arbitrages entre les différents publics dont les priorités et les besoins sont visés par l’intervention. Les points de vue des participants et d'autres parties prenantes peuvent diverger et l'évaluation devra donc mettre à plat ces différences et examiner les conséquences des choix effectués. À titre d’exemple, l'évaluation d'une intervention ayant pour but d'éliminer une maladie – par exemple la poliomyélite – de la surface du globe examinera la charge de morbidité relative sous l'angle mondial pour déterminer dans quel pays ou région il est prioritaire d'agir. Dans certains cas, cette priorité mondiale (par exemple, vacciner contre la poliomyélite dans la dernière région où la maladie circule au sein de la population) peut être en contradiction avec les priorités locales (les bénéficiaires accordant, par exemple, la priorité aux problèmes d'approvisionnement en eau et d'assainissement). Il peut être utile pour les évaluateurs de mettre au jour ces tensions à travers une analyse rigoureuse de la pertinence.

Les besoins des bénéficiaires et d'autres parties prenantes importantes ne peuvent pas être appréhendés en dehors du contexte dans lequel ils s'inscrivent et par lequel ils sont déterminés. Ce contexte est multidimensionnel et fonction des facteurs suivants : économique, environnemental, lié à l'équité, social, culturel, lié à l'économie politique et considérations relatives aux capacités. Les évaluateurs sont encouragés à déterminer quels facteurs contextuels sont les plus pertinents pour une intervention donnée.

La pertinence du contexte peut être analysée aussi bien au niveau de la conception que de la mise en œuvre de l'intervention. La prise en compte du contexte diffère également selon que l’évaluation se fait ex ante ou ex post. Les évaluateurs peuvent par exemple se poser des questions au sujet de la manière dont le contexte a été compris et pris en compte au stade de la conception. S'agissant des évaluations ex post, les évaluateurs devraient se poser la question de savoir si le contexte a changé entre le début et la fin de l’intervention. Les évaluations ex post disposent de davantage d'éléments contextuels sur lesquels se fonder et devraient en tenir compte dans leur analyse. La dimension contextuelle est complémentaire de la dimension temporelle dans l'analyse de la pertinence d'une intervention, puisqu'elle prend en compte les éventuelles variations de la pertinence à mesure que la situation évolue.

Le contexte historique peut également être pris en considération. Il s'agit par exemple de se demander si des interventions similaires ont déjà été mises en œuvre par le passé ou s’il existe des tensions historiques ou des antécédents législatifs ou politiques susceptibles d'avoir une incidence sur la compréhension des besoins et la définition des objectifs. Le contexte historique peut également englober les hypothèses faites par le passé au sujet de la pertinence d’une intervention. Il s'agit alors de vérifier si ces hypothèses sont toujours valables. Lorsque des évaluations ont déjà été conduites, ces hypothèses peuvent aider à retracer le contexte historique et à déterminer si les interventions tirent parti des leçons des évaluations précédentes.

L'évaluation de la « qualité de la conception » permet d'examiner dans quelle mesure l'intervention a été conçue pour répondre à des priorités et des besoins pertinents et si les objectifs ont été définis avec précision. Cette dimension permet en outre d'évaluer si les priorités et les besoins des parties prenantes sont clairement énoncés dans les objectifs de l’intervention, dans la théorie du changement sur laquelle elle se fonde, ainsi que dans sa théorie d'action et/ou son mode opératoire. Les évaluateurs sont ainsi en mesure de comprendre quelles lacunes, dans la conception du programme, ont pu réduire la pertinence globale d’une intervention. Cet élément d'analyse influe aussi sur l'évaluabilité de l’intervention en général parce qu'il implique que l’on s’intéresse également d'emblée à la qualité de la conception de l'intervention. Il apporte en outre un éclairage sur l’adéquation de l'intervention par rapport à l'institution qui la met en œuvre. Les évaluateurs peuvent par exemple se pencher sur la question de savoir si l'intervention a été conçue en tenant compte des questions de faisabilité technique, organisationnelle et financière.

Les évaluateurs devraient examiner la manière dont les interventions peuvent évoluer au fil du temps. L’éclatement d'un conflit ou l’évolution du contexte politique et économique, par exemple, ont une forte incidence sur la mise en œuvre. L’évaluation de la pertinence au regard de la temporalité devrait comporter une analyse de la gestion adaptative. Les évaluateurs ne devraient pas se contenter d'analyser la pertinence au début et à la fin d’un programme, mais aussi examiner la manière dont ce dernier s’est adapté aux évolutions qui ont eu lieu tout au long de son cycle de vie. Une telle démarche permet d'analyser les éventuelles variations de la pertinence d'une intervention à mesure que les conditions de sa mise en œuvre évoluent. À titre d’exemple, il peut s'agir d'analyser dans quelle mesure les adaptations ont permis de continuer de répondre aux priorités et aux besoins les plus importants et si elles ont eu une incidence sur la qualité de la conception au fil du temps.

Là encore, l’adaptation continue au contexte extérieur et aux évolutions internes (par ex. lorsqu’une modification du financement nécessite un changement dans la programmation) devrait être prise en compte, de même que peuvent être considérés les risques et les opportunités, notamment la mesure dans laquelle le programme a atténué les risques pesant sur la réalisation de son objectif ou a été adapté pour saisir une chance ou mieux répondre aux besoins. L'adaptation peut amener à opérer des arbitrages entre les groupes dont les besoins sont jugés prioritaires, ce qui soulève des questions de redevabilité – un aspect qui devrait être pleinement étudié pour déterminer la manière dont la pertinence d'un programme a pu ou non s'en trouver modifiée.

Les critères étant liés les uns aux autres, la pertinence peut avoir un lien avec les autres critères mobilisés pour l'évaluation. Elle est souvent considérée comme une condition sans laquelle les autres critères ne peuvent pas être satisfaits.

  • L'évaluation de la pertinence fournit une base pour comprendre si les besoins sont satisfaits au regard des critères d’efficacité et d'impact. En effet, la pertinence en tant que critère est un préalable à l'efficacité, les besoins et les objectifs devant être clairement énoncés pour permettre d'évaluer cette dernière.

  • La pertinence est complémentaire de la cohérence. Ces deux critères nécessitent une analyse contextuelle : dans le cas de la pertinence, pour appréhender l’adéquation entre l'intervention et les priorités et les besoins des principales parties prenantes ; et dans le cas de la cohérence, pour comprendre les liens avec d'autres interventions. La pertinence met l'accent sur la manière dont une intervention s'adapte au contexte. La cohérence élargit le prisme et examine d'autres interventions mises en œuvre dans le même contexte ainsi que leur interaction avec l'intervention évaluée. Ensemble, la pertinence et la cohérence peuvent fournir une vision plus claire de l’influence que l’intervention a sur le contexte dans lequel elle est mise en œuvre – et vice-versa.

  • L'analyse de la pertinence a aussi un lien avec l'impact, qui a trait à l’importance qu'une intervention a in fine – y compris l’intérêt qu’elle revêt pour les personnes touchées. Les évaluateurs devraient consacrer suffisamment de temps à l’examen des besoins, des priorités et des politiques des différents acteurs (y compris les tensions potentielles existantes) pour pouvoir évaluer de manière suffisamment approfondie la pertinence globale de l’intervention et analyser plus avant son importance lors de l’évaluation de l'impact.

  • Bon nombre d'aspects de la pertinence sont également déterminants pour l’efficience et la viabilité/durabilité. Ainsi, une intervention pertinente a davantage de chances de susciter l’adhésion des parties prenantes, ce qui peut avoir une incidence sur le calendrier d'exécution et l’utilisation des ressources, ainsi que sur le degré d'appropriation des bénéfices de l’intervention (et, partant, leur pérennité).

Pour appréhender la pertinence d'une intervention, il est essentiel de comprendre la nature sexuée des dynamiques de pouvoir et de réfléchir sur l’engagement pris au titre des ODD de ne « laisser personne de côté ». Les dynamiques de pouvoir fondées sur le sexe et la marginalisation de certains groupes – notamment raciaux/ethniques – sont des considérations essentielles pour appréhender la pertinence dans un contexte donné.

Comprendre qui a été associé à la conception de l'intervention et de quelle manière, en attachant une attention particulière aux dynamiques de pouvoir et aux groupes marginalisés, permet aux évaluateurs de mieux appréhender la pertinence de l’intervention telle qu’elle a été conçue ainsi que la mesure dans laquelle elle s’est adaptée à l’évolution des besoins au fil du temps.

La définition de la pertinence présentée plus haut souligne combien il est important de considérer les arbitrages entre différents besoins et priorités et, notamment, de tenir davantage compte de l’équité et des dynamiques de pouvoir entre les personnes touchées directement ou indirectement par l’intervention.

De ce point de vue, il existe un lien fort avec les droits humains et l’égalité, en particulier si l'on adopte une approche intersectionnelle, c’est-à-dire si l’on observe comment diverses formes d’identités sociales et politiques – par exemple le genre, le handicap, l'origine ethnique, l'orientation sexuelle et la classe sociale – se conjuguent pour créer discriminations et inégalités. Lorsqu'on définit, dans le cadre de l'analyse de la pertinence, les priorités à poursuivre, il est essentiel de tenir compte des groupes sous-représentés et marginalisés (qui peuvent rencontrer des difficultés d'accès aux services et/ou aux droits) ainsi que de la manière dont leurs besoins et leurs priorités sont – ou non – pris en compte dans les politiques et les documents officiels. En outre, il importe d’examiner si l'intervention intègre différents niveaux d'accès, compte tenu des obstacles auxquels se heurtent certains groupes.

Le tableau ci-après décrit plusieurs difficultés couramment rencontrées lors de l’évaluation de la pertinence – éventail des besoins et des priorités à prendre en compte ; mauvaise formulation des objectifs ; évolution du contexte — et propose à l'intention des évaluateurs comme des responsables d’évaluation des solutions pour les surmonter.

Cette partie présente une sélection d’exemples d'évaluation de la pertinence tirés d’évaluations de programmes de soutien budgétaire général, de mesures d'aide aux moyens de subsistance des agriculteurs et de programmes dans le secteur de la santé.

Dans le contexte actuel, il convient d’accorder une attention accrue à la cohérence, en mettant davantage l’accent sur l’existence (ou l’absence) de synergies (ou d’arbitrages) entre les domaines de l’action publique, tout en prêtant plus d’attention à la coordination entre les différents secteurs de l’administration, en particulier lorsqu’il s’agit d’interventions humanitaires et de gestion de conflit, ou de faire face à l’urgence climatique.

Dans le droit fil du Programme 2030 et des ODD, ce nouveau critère encourage l’adoption d’une approche intégrée et offre un angle d’analyse important pour évaluer la cohérence en tenant compte des synergies, de la coordination entre administrations et de la conformité aux normes et critères internationaux. Il permet d’examiner divers arbitrages et tensions et de repérer les situations dans lesquelles les chevauchements d’activités ou les incohérences dans la mise en œuvre des politiques à l’échelle de l’administration ou de différentes institutions peuvent compromettre les avancées générales.

Ce critère encourage également les évaluateurs à comprendre quel rôle joue une intervention au sein d’un système particulier (organisation, secteur, domaine thématique, pays) au lieu de se concentrer uniquement sur l’intervention ou l’institution. Si l’analyse de la cohérence externe vise à comprendre dans quelle mesure les objectifs stratégiques des acteurs sont en adéquation avec les objectifs de développement internationaux, elle serait incomplète s’il était fait abstraction des intérêts, de l’influence et du pouvoir d’autres acteurs extérieurs. D’où l’utilité de se placer sous l’angle plus large de l’économie politique pour mieux appréhender la cohérence des interventions.

Par ailleurs, les sources de financement (internationales comme nationales) du développement durable sont de plus en plus diversifiées. La référence aux « normes et critères internationaux » dans la définition encourage l’analyse de la compatibilité de l’intervention avec les engagements souscrits par l’acteur en vertu du droit ou d’accords internationaux (lois contre la corruption, conventions sur les droits fondamentaux, etc.). Il s’agit des accords auxquels l’entité est déjà partie, donc d’une dimension qui entre dans le champ de la cohérence interne – aspect qui, jusqu’ici, faisait rarement l’objet d’une analyse suffisante. Le critère de cohérence peut également permettre d’évaluer les normes et les critères internationaux du point de vue de la prise en compte des priorités mondiales, ce qui constitue un angle d’analyse complémentaire.

La cohérence englobe la cohérence interne et la cohérence externe.

La cohérence interne des politiques recouvre deux éléments : la cohérence avec les cadres d’action plus larges des institutions et la cohérence avec d’autres interventions mises en œuvre par l’institution, y compris celles menées par d’autres services chargés de la mise en œuvre d’interventions de développement ou d’interventions susceptibles d’avoir une incidence sur le même contexte opérationnel2. Il s’agit d’examiner dans quelle mesure ces activités sont harmonisées, si les efforts sont redondants ou s’il existe des chevauchements d’activités, et si les interventions sont complémentaires.

Au sein des administrations nationales (ou, le cas échéant, d’autres niveaux de gouvernement), il peut exister des problèmes de cohérence entre différents types de politiques publiques, entre différents niveaux de gouvernement et entre différentes parties prenantes (acteurs publics et non publics, commerciaux et non commerciaux). Ces aspects devraient être dûment pris en compte lors de l’évaluation de la cohérence afin de déterminer la place de l’intervention dans cet ensemble ainsi que son degré de compatibilité avec les politiques régissant le contexte en général.

À titre d’illustration, les lignes directrices pour l’évaluation de l’aide publique au développement (APD) élaborées par le ministère japonais des affaires étrangères (Ministère des affaires étrangères du Japon, 2019[6]) aident les commanditaires d’évaluations et ceux qui sont chargés de mettre en œuvre ces évaluations à évaluer la cohérence des stratégies et des actions diplomatiques et en matière de développement menées par les différents secteurs de l’administration japonaise. Elles fournissent un cadre et des orientations qui aident les évaluateurs à prendre en compte les interconnexions, les relations de complémentarité et la cohérence entre les stratégies diplomatiques et en matière d’APD. Elles permettent ainsi d’analyser selon une approche globale l’engagement et le soutien du Japon en faveur de différents secteurs et pays.

La cohérence des politiques peut s’analyser d’un point de vue horizontal. Par exemple, dans le cadre de l’articulation entre action humanitaire, développement et recherche de la paix, le besoin de cohérence peut être particulièrement élevé, puisqu’un acteur donné peut mener des interventions relevant à la fois de la politique de développement, de la politique militaire et de la politique de sécurité. Dans le domaine de l’environnement également, il peut s’agir d’assurer la cohérence au niveau de l’articulation entre les secteurs de l’eau, de l’énergie et de l’alimentation ou entre les problématiques de l’égalité femmes-hommes et du changement climatique. Dans d’autres contextes, l’évaluation peut examiner la manière dont des domaines d’action autres que celui du développement – par exemple les échanges – influent sur l’intervention.

D’un point de vue vertical, la cohérence des politiques peut être appréhendée à des niveaux différents d’une même institution ou entre différentes composantes du système de financement du développement d’une même administration (par exemple, son organisme bilatéral, son institution de financement du développement (IFD) et son soutien multilatéral). Il peut aussi s’agir d’examiner dans quelle mesure l’intervention soutient ou au contraire compromet la réalisation des objectifs stratégiques à différents niveaux territoriaux – par exemple, d’évaluer le degré d’alignement d’une intervention locale à l’appui du développement sur les objectifs de développement nationaux et les interventions menées à l’échelle nationale, ou vice versa.

La cohérence externe recouvre deux dimensions principales : la concordance avec les engagements stratégiques extérieurs et la cohérence avec les interventions mises en œuvre par d’autres acteurs dans un contexte donné.

D’un point de vue stratégique, la cohérence externe concerne l’adéquation d’une intervention avec des engagements stratégiques extérieurs tels que les ODD et la manière dont ces engagements sont pris en compte dans la conception et la mise en œuvre de l’intervention. Il importe à ce stade de tenir compte de l’engagement d’une institution à atteindre les ODD, eu égard à la cible 14 de l’ODD 17, qui vise à « renforcer la cohérence des politiques de développement durable ». Il s’agit là d’un aspect important, qui permet de comprendre comment l’alignement stratégique et la redevabilité à l’égard des ODD sont pris en compte dans l’ensemble des activités et mis en œuvre dans la pratique.

Lorsqu’ils analysent la mise en œuvre d’une intervention dans un contexte donné, les évaluateurs devraient examiner la cohérence de l’intervention avec celles mises en œuvre par d’autres acteurs, en se posant par exemple la question de savoir comment les services sont fournis par divers acteurs et s’il existe des chevauchements ou au contraire des lacunes. La cohérence concerne la manière dont l’intervention apporte une valeur ajoutée par rapport à d’autres interventions et les mesures prises pour éviter les efforts redondants.

Toute évaluation de la cohérence externe devrait se concentrer sur l’intervention ou l’institution concernée, mais en la replaçant dans le contexte plus large des acteurs du domaine humanitaire et du développement durable. Il peut s’agir d’évaluer si les interventions sont conçues dans le cadre et en se servant des structures et des systèmes existants, par exemple les mécanismes de coordination au niveau d’un pays ou secteur.

La cohérence est tout particulièrement liée à la pertinence, à l’efficacité et à l’impact.

  • Alors que le critère de pertinence évalue l’intervention au niveau des besoins et des priorités des parties prenantes et des bénéficiaires directement concernés, le critère de cohérence se place au niveau supérieur et s’intéresse à l’adéquation de l’intervention au sein du système en général. L’un comme l’autre critère visent à déterminer la compatibilité de l’intervention avec le contexte, mais les points de vue adoptés sont différents.

  • La cohérence représente souvent un angle d’approche utile pour engager un examen des effets non escomptés, qui peuvent ensuite être analysés au regard des critères d’efficacité et d’impact. Il peut arriver qu’une intervention atteigne ses objectifs (efficacité), mais que ses effets positifs soient annulés par d’autres interventions menées (en l’absence de toute cohérence) dans le même contexte.

  • De même, il existe un lien entre cohérence et efficience : lorsque des interventions ne sont pas cohérentes, il peut y avoir des doublons, ce qui entraîne un gaspillage de ressources.

La cohérence interne offre un angle d’analyse utile pour examiner la dimension de l’inclusion, en particulier en ce qu’elle se rapporte aux engagements, aux normes et aux critères relatifs aux droits humains. Les évaluateurs peuvent examiner la compatibilité de l’intervention avec les normes et les critères relatifs à l’inclusion et à l’égalité au niveau national ou institutionnel pour ce qui est des institutions de mise en œuvre, et du point de vue d’organisations locales comme les organisations de défense des droits des populations autochtones ou des personnes handicapées. L’évaluation de la cohérence peut apporter des éclairages utiles sur l’intérêt et la cohérence des activités visant à réduire l’exclusion, à atteindre les publics marginalisés et vulnérables et à réduire les inégalités femmes-hommes.

Les évaluateurs qui s’interrogent sur le degré d’inclusivité de l’impact et la pertinence de l’intervention devraient envisager d’analyser l’inclusion en lien avec la cohérence, car il existe des synergies entre ces trois dimensions de l’évaluation.

Le tableau ci-après décrit plusieurs des principales difficultés rencontrées lors de l’évaluation de la cohérence – liées notamment à l’étendue du champ d’évaluation, aux mandats et à la disponibilité des données – et propose à l’intention des évaluateurs comme des responsables d’évaluation des solutions pour les surmonter.

Bien que la cohérence soit un nouveau critère pour le CAD de l’OCDE, elle fait partie des dimensions évaluées dans bon nombre d’évaluations réalisées au fil du temps. Le critère de cohérence est aussi couramment utilisé dans les évaluations de l’action humanitaire. Cette partie présente une sélection d’exemples d’évaluation de la cohérence tirés d’une évaluation stratégique de la cohérence des politiques au service du développement en Norvège, d’une évaluation de l’aide à la reconstruction après une catastrophe naturelle aux Philippines et d’une évaluation d’un portefeuille pays au Monténégro.

L’efficacité permet de comprendre dans quelle mesure une intervention atteint ou est en passe d'atteindre ses objectifs. Ce critère peut être un moyen de déterminer si une intervention a donné les résultats prévus, par quel processus ces résultats ont été obtenus et quels ont été les facteurs décisifs à cet égard ainsi que les éventuels effets non escomptés. L’efficacité porte sur les résultats les plus étroitement attribuables à l'intervention et doit donc être distinguée de l’impact, qui examine les effets plus généraux et les changements de portée plus vaste.

Pour évaluer la réalisation des objectifs le long de la chaîne de résultats/causalité, il faut bien comprendre les buts et objectifs de l'intervention. L'application du prisme de l'efficacité peut donc aider les évaluateurs, les responsables ou administrateurs de programmes et d'autres acteurs à définir (ou évaluer) des objectifs clairs. De même, le critère d’efficacité peut aider les évaluateurs à déterminer si l’obtention (ou l'absence) de résultats s’explique par des faiblesses dans la mise en œuvre ou la conception de l'intervention.

Au titre de ce critère, les évaluateurs devraient également déterminer les effets non escomptés. Dans l’idéal, les responsables de projet auront déjà identifié les risques au stade de la conception de l'intervention, ce dont pourront se servir les évaluateurs lorsqu'ils entament leur évaluation. Il importe d'examiner les effets non escomptés pour repérer les effets tant négatifs (par exemple, l'accentuation d'une dynamique de conflit) que positifs (par exemple, des innovations qui améliorent l’efficacité). Les institutions qui commandent des évaluations peuvent fournir aux évaluateurs des orientations concernant les normes minimales à appliquer pour identifier les effets non escomptés, en particulier quand ces derniers revêtent la forme de violations de droits humains ou d'autres conséquences non intentionnelles graves.

La définition de l’efficacité encourage les évaluateurs et les responsables à se poser des questions importantes sur la répartition des résultats entre différents groupes, que cette répartition soit intentionnelle ou non. Il s’agit d'un choix délibéré, qui vise à renforcer la prise en compte de l’équité, conformément à la priorité stratégique des ODD consistant à « ne laisser personne de côté ». Les évaluateurs sont donc encouragés à examiner les aspects relatifs à l’équité, que celle-ci constitue ou non un objectif spécifique de l’intervention. Ce type d'analyse nécessite des données et exige parfois d'investir des ressources — ce qui est souvent justifié étant donné les précieux éclairages que l'évaluation peut apporter3.

Pour tirer des conclusions sur l’efficacité d’une intervention, les évaluateurs devraient se concentrer sur les résultats les plus importants dans le contexte en question et pour les destinataires de l’évaluation. À cet égard, l’expression « importance relative » insiste sur l’idée que l'évaluateur devrait opérer un jugement évaluatif et soupeser l’importance des objectifs et des résultats atteints ou non atteints/attendus, y compris les conséquences non intentionnelles.

La définition de l’efficacité est sous-tendue par les principales notions suivantes : réalisation des objectifs, importance variable des objectifs et des résultats, résultats différenciés selon les groupes et compréhension des facteurs qui influent sur les réalisations.

L'évaluation de l’efficacité vise en premier lieu à établir si une intervention a atteint les résultats escomptés à différents niveaux de la chaîne de résultats (en général, au niveau des extrants et des réalisations, mais parfois aussi de l'impact). Cette chaîne devrait être définie au moment de la conception de l’intervention et constitue la principale référence pour la gestion, le suivi et l’évaluation.

Il est très difficile d’évaluer l’efficacité d’une activité si les objectifs énoncés ou les résultats prévus sont formulés de manière vague ou ambiguë ou ont évolué au fil de l’intervention, sans être actualisés ni restructurés. Les responsables de l’intervention devraient au minimum expliquer pourquoi les objectifs ont évolué et quels sont les nouveaux objectifs. À défaut, les évaluateurs devront consulter les documents relatifs à l’intervention ou interroger les parties prenantes pour reconstituer la logique sous-jacente aux évolutions successives de l'intervention. Sur la base de cette reconstitution, ils pourront alors déterminer le niveau de pertinence et de réalisation effective des nouveaux objectifs.

L'évaluation de l’efficacité revêt également de l’importance dans le cadre des programmes adaptatifs, auxquels des modifications sont apportées selon un processus itératif, à partir des retours d'information des parties prenantes, des premiers résultats et de l’évolution du contexte. Dans ce type de programmes, la conception et la mise en œuvre d'une intervention peuvent connaître de multiples changements progressifs survenant au fil du temps. Il importe dans ce cas que les évaluateurs examinent et analysent les théories du changement au regard des systèmes plus larges dans lesquels s’inscrit l'intervention et tiennent compte de tout document indiquant comment et pourquoi des changements ont été apportés. L’évaluation de l’efficacité devrait prendre en compte les objectifs actuels. Elle devrait s'appuyer sur un examen de la logique et de la nécessité sous-tendant les changements apportés en matière de mise en œuvre ou d'objectifs (qui sont souvent mises en évidence dans les versions actualisées de la théorie du changement ou du cadre de résultats).

L'évaluation de l’efficacité peut consister à établir quels sont les changements observables au sein du groupe cible ou du contexte tout au long de la mise en œuvre de l'intervention, ainsi que la causalité des changements observés à différents niveaux – c’est-à-dire montrer que les changements ont été induits par l’intervention ou que celle-ci y a contribué plutôt que d'autres facteurs liés à l’environnement ou, à défaut, une autre intervention. Les méthodologies devraient être conçues pour permettre à l'évaluateur de déterminer comment les résultats ont été obtenus et pourquoi (facteurs explicatifs) ils ont été atteints, insuffisants ou nuls.

L'évaluation de l’efficacité consiste également à examiner les résultats de l'intervention. Selon la définition du CAD de l’OCDE, les résultats englobent les extrants, les réalisations ou les impacts (escomptés ou non, positifs et/ou négatifs) de l'intervention (OCDE, 2002[10]). Par conséquent, l'évaluation de l’efficacité peut également impliquer d'évaluer d’éventuels effets non escomptés, positifs ou négatifs, induits par l’intervention. La mise en œuvre d’une intervention peut toujours avoir des effets sociaux, économiques ou environnementaux non escomptés ou des effets qui sont inattendus mais auraient pu être prévus. L'évaluation devrait donc veiller à prendre en compte les effets non mentionnés dans les objectifs de l'intervention, ce qui peut supposer d’aller jusqu'à examiner les avantages ou les risques qui pourraient découler de ces effets non escomptés (prévisibles ou non). L'évaluation de l'efficacité consiste également à déterminer dans quelle mesure l’intervention a contribué à la réalisation d’objectifs de développement nationaux ou d'autres objectifs de développement pertinents dans le contexte – en ce qui concerne la contribution potentielle de l'intervention, c'est un aspect qui relève de la pertinence.

Lorsqu’ils évaluent l’efficacité, les évaluateurs s'intéressent à la réalisation (ou non) des divers objectifs et résultats de l’intervention. Si certains des objectifs – mais pas tous – ont été atteints, ils examineront leur importance relative pour pouvoir tirer des conclusions sur l'efficacité de l'intervention. Cet examen peut s'appuyer sur l'analyse de la pertinence, qui devrait avoir permis d'évaluer les éventuelles différences entre les priorités et les besoins des diverses parties prenantes. Les évaluateurs peuvent ainsi en conclure que l’intervention a été efficace sur certains plans mais pas sur d'autres, ou qu'elle l'a été du point de vue de certaines parties prenantes, mais pas d'autres.

Les évaluateurs devraient s'intéresser à la dimension de l'inclusivité et de l'équité des résultats entre les différents groupes de bénéficiaires – qu'il s'agisse de personnes ou d'institutions. L'appréhension des résultats différenciés peut nécessiter d’examiner dans quelle mesure la conception et la mise en œuvre de l'intervention étaient inclusives. À titre d'illustration, l'évaluation peut examiner le processus suivi pour formuler les objectifs de l'intervention, ce qui consiste notamment à déterminer si les objectifs ont été formulés sur la base d'une analyse des besoins et d'un processus de consultation des diverses parties prenantes (dont le principal groupe cible). Ce processus peut aussi être un moyen de comprendre si l'intervention a laissé passer des occasions d’obtenir des résultats pour la population ou les bénéficiaires ciblés, notamment des occasions de contribuer à un changement à plus long terme, par exemple un recul des inégalités. Les évaluateurs peuvent examiner les résultats non escomptés ou inattendus ainsi que les résultats escomptés en tenant compte du fait que certains changements et transformations s’opèrent de manière subtile et/ou sur le long terme et peuvent être difficiles à quantifier.

L'analyse des facteurs qui influent sur les résultats est importante parce qu’elle aide les évaluateurs à comprendre pourquoi une intervention a ou non atteint ses objectifs, ce qui permet aux partenaires de repérer les domaines à améliorer. Les facteurs peuvent être internes ou externes à l’intervention. Ils peuvent être liés à la gestion, aux ressources humaines, aux aspects financiers ou réglementaires, à des modifications dans la mise en œuvre ou à des écarts par rapport aux plans. La qualité de la mise en œuvre (et le respect des protocoles de mise en œuvre) est souvent décisive pour l’efficacité. Elle devrait donc être décrite avant d'évaluer l’efficacité, l’efficience, l’impact et la viabilité/durabilité.

S'agissant des facteurs externes, les évaluateurs devraient examiner les effets positifs et négatifs induits par le contexte de l'intervention, ceux-ci contribuant à la réalisation (ou non) des résultats. Ce processus peut notamment consister à évaluer la capacité d'adaptation de l'intervention face aux évolutions du contexte. Les évaluations peuvent aussi examiner l’opportunité dans le temps des résultats (par exemple, l’échelonnement du soutien aux groupes ou environnements ciblés, contribuant à l’obtention des résultats).

L’efficacité est liée aux autres critères, en particulier à la pertinence et à l’impact :

  • La définition des objectifs relève de la pertinence et la réalisation de ces objectifs dépend de l’efficacité. Une intervention non pertinente peut fort bien être mise en œuvre avec efficacité. En pareil cas, les évaluateurs devront faire preuve de jugement au moment de rédiger leurs conclusions générales, les constatations relatives à un critère ne pouvant être ignorées au profit de celles portant sur d'autres critères.

  • L’efficacité et l’impact sont des critères complémentaires qui mettent l'accent sur des niveaux différents de la chaîne de résultats. L’efficacité a trait à l’obtention des résultats par rapport aux objectifs d'une intervention, c'est-à-dire au niveau des extrants et des réalisations, alors que l’impact concerne les résultats de plus vaste portée, plus précisément les résultats généraux énoncés et les facteurs qui contribuent à leur obtention. D'une manière générale, les responsables de l’intervention et les évaluateurs devraient veiller à ce qu’une distinction claire soit faite entre les différents niveaux de résultats (intrants, extrants, réalisations et impact) et à ce que les aspects à évaluer dans le cadre de chaque critère soient clairement définis.

La définition de l’efficacité encourage l'examen approfondi de la question de l’équité entre différents groupes. Les évaluateurs devraient apprécier le degré d’inclusion de différents groupes de bénéficiaires dans l’intervention et la mesure dans laquelle des principes fondamentaux comme l’équité, la non-discrimination et la redevabilité ont été pris en compte à tous les stades de l’intervention, depuis la conception jusqu'aux résultats. Conformément à l’objectif consistant à ne « laisser personne de côté », la question de savoir dans quelle mesure l’intervention répondait aux besoins des plus marginalisés devrait faire l'objet d'une attention particulière. Il importe d'examiner l’obtention et la répartition des résultats pour différents groupes de bénéficiaires et d'expliquer les écarts éventuels.

De plus, les évaluateurs devraient se pencher sur la question de savoir si, comment et pourquoi les résultats contribuent à réduire les inégalités. Au titre du critère d'efficacité, les évaluateurs devraient examiner l’effet de certaines activités sur le bien-être de groupes spécifiques et déterminer si ces activités fournissent aux participants des moyens d'autonomisation.

Le tableau ci-après décrit les difficultés liées aux données, à la formulation des objectifs et à l’attribution des résultats et propose à l'intention des évaluateurs comme des responsables d’évaluation des solutions pour les surmonter.

Cette partie présente une sélection d'exemples d'évaluation de l’efficacité tirés d'une évaluation d'un programme d'assistance électorale et d'une évaluation d'un programme-pays au Cabo Verde.

Ce critère permet de vérifier si les ressources allouées à une intervention peuvent être justifiées par ses résultats, ce qui est essentiel d'un point de vue pratique comme politique. L’efficience est un critère important pour beaucoup de catégories de parties prenantes, notamment les pouvoirs publics, la société civile et les bénéficiaires. Une meilleure utilisation de ressources limitées permet d’obtenir plus de résultats dans le cadre de la coopération pour le développement, par exemple sur le plan de la réalisation des ODD, domaine dans lequel les besoins sont énormes. L’efficience intéresse particulièrement les pouvoirs publics, qui ont des comptes à rendre à leurs contribuables, lesquels remettent souvent en cause le rapport coût-efficacité de divers programmes et politiques, en particulier les décisions relatives à la coopération internationale pour le développement, qui font souvent l'objet d'une surveillance plus étroite.

L'efficience est également importante d’un point de vue opérationnel. Beaucoup d'interventions se heurtent à des problèmes de faisabilité et de mise en œuvre, en particulier en ce qui concerne la manière dont les ressources sont utilisées. Parce qu’elle rend les responsables redevables de la manière dont ils prennent les décisions et gèrent les risques, l'évaluation de l’efficience contribue à les inciter à veiller à la bonne conduite des programmes.

Plusieurs hypothèses et points importants doivent être rappelés :

  • La notion de ressources s’entend au sens large et recouvre l’ensemble des coûts économiques (humains, environnementaux, financiers et en termes de temps). Elle ne doit pas être confondue avec le budget du programme ou les fonds dépensés.

  • De même, les résultats s’entendent au sens large et recouvrent l’ensemble de la chaîne de résultats, à savoir les extrants, les réalisations et les impacts. Selon le type d'évaluation, certaines organisations associent l’efficience aux seuls extrants. Dans le présent document toutefois, ce critère est défini et conceptualisé de manière à encourager l'évaluation de l'efficience en lien également avec des effets de portée plus vaste comme l'impact, même si c'est là un exercice qui s'avère souvent difficile.

  • Évaluabilité : la capacité d'évaluer l’efficacité, l'impact, la cohérence et la viabilité/durabilité influe sur les conclusions relatives à l’efficience.

  • L’efficience renvoie à un arbitrage entre diverses solutions possibles pour parvenir aux mêmes résultats, dans les limites des ressources disponibles. Pour pouvoir comparer leur rapport coût-efficacité, il faut identifier des solutions qui peuvent réellement être mises en œuvre et soient comparables en termes de qualité et de résultats.

C'est pourquoi l'analyse de l’efficience doit résolument se faire sur fond d’analyse du contexte : en effet, dans un contexte donné, il peut être plus coûteux, mais aussi plus important et justifiable en termes d'impact sur le développement, d'atteindre les bénéficiaires cibles.

Évaluer l’efficience suppose d'analyser les dimensions principales que sont l’efficience économique, l’efficience opérationnelle et l'opportunité dans le temps.

C'est le principal élément à prendre en compte dans l'analyse de l’efficience. L'efficience économique désigne ici l'absence de gaspillage et la conversion des intrants en résultats de la façon la plus économiquement avantageuse possible. Il s'agit notamment d’évaluer l’efficience des résultats à tous les niveaux de la chaîne de résultats – extrants, réalisations et impacts –, ce qui suppose d'évaluer dans quelle mesure les choix appropriés ont été faits et des arbitrages opérés au stade de la conception et durant la mise en œuvre. Ces choix concernent notamment la répartition des ressources entre les différents groupes cibles et les différentes périodes, ainsi que les options disponibles pour acquérir les intrants aux conditions du marché.

L’efficience opérationnelle est également un aspect important à prendre en compte. Il s'agit de savoir dans quelle mesure les ressources sont utilisées de manière optimale pendant la mise en œuvre. Les questions qui peuvent être posées pour l’analyser sont notamment les suivantes : les ressources humaines et financières ont-elles été utilisées conformément à ce qui était prévu, pleinement et de manière appropriée (ou y a-t-il eu une mauvaise allocation des ressources, une sous-utilisation ou au contraire un dépassement du budget) ? L'affectation des ressources a-t-elle été modifiée en fonction de l’évolution des besoins ? Les risques ont-ils été gérés ? Des décisions de nature à améliorer l’efficience ont-elles été prises en réponse à de nouvelles informations ? Les décisions prises en matière de logistique et d'achats étaient-elles optimales ?

Étroitement liée à l’efficience économique et à l'efficience opérationnelle, cette dimension suppose d'abord de se demander si et dans quelle mesure les résultats ont été obtenus dans les délais prévus. C'est aussi l’occasion de vérifier si le calendrier était dès le départ réaliste ou approprié, et s'il a été adapté de manière raisonnable au cours de l’intervention, étant donné la fréquence, dans de nombreuses interventions, des facteurs externes et des changements de programme. Les évaluateurs doivent apprécier si, au fil de l'évolution de la situation, des mesures ont été prises pour surmonter les obstacles et limiter les retards dans la gestion de l’intervention.

Comme souligné précédemment, les différents critères sont liés les uns aux autres et devraient être considérés comme autant de prismes à travers lesquels analyser l'intervention plutôt que comme des ensembles rigides. Entre autres liens d'interdépendance entre l'efficience et d'autres critères figurent les suivants :

  • Pertinence et efficience : un aspect essentiel de la pertinence opérationnelle concerne le fait de savoir si la conception de l’intervention était bien adaptée au contexte, ouvrant la voie aux considérations de faisabilité et de capacités. Concrètement, la question de savoir si la conception de l’intervention était réaliste et pouvait être mise en œuvre influe également directement sur l’efficience. Ainsi, pour cet aspect particulier, l’évaluateur peut se retrouver à examiner ces deux critères simultanément.

  • Efficience et résultats : l’efficience supposant d'évaluer dans quelle mesure les ressources utilisées ont été converties en résultats, tous les aspects des résultats (c'est-à-dire, les questions qui émergent au fil de l’évaluation de l’efficacité, de l’impact et de la viabilité/durabilité) devraient être examinés. L’efficience opérationnelle est étroitement liée à l’efficacité et à l'impact. L'analyse du bon fonctionnement d'une intervention suppose souvent d’examiner simultanément l'efficacité et l'efficience. Ce constat vaut en particulier lorsqu'on détermine, par exemple, où se situent les goulets d'étranglement et comment y remédier, ou lorsqu'on veut s'assurer que les ressources sont affectées là où elles sont nécessaires.

Le critère d’efficience permet aussi aux évaluateurs de comprendre comment la dimension de l’inclusion est intégrée et appréhendée dans la gestion de l’intervention et dans quelle mesure l’utilisation des ressources reflète les différences d’expérience et de résultats entre les publics. L’obtention des résultats a un coût variable selon les bénéficiaires, les « plus défavorisés » étant les plus difficiles à toucher – et ceux pour lesquels le coût est le plus élevé. L'analyse de l’efficience devrait donc reposer sur une bonne compréhension des inégalités et des dynamiques de pouvoir dans le contexte concerné, ainsi que de la manière dont l’intervention répond à la nécessité de favoriser des changements porteurs de transformation pour lutter contre les inégalités profondes. C'est une occasion essentielle d'examiner si un engagement à l'égard du programme d'action visant à « ne laisser personne de côté » (et de l’objectif du Programme 2030 consistant à opérer un changement transformateur pour les groupes marginalisés) a été dûment et effectivement mis en œuvre aux niveaux de la gestion, de la prise de décision et de l’affectation des ressources.

À cet égard, l'analyse peut notamment viser à déterminer comment et pourquoi les ressources sont réparties entre les différents groupes ciblés par une intervention, et dans quelle mesure cette répartition est fondée sur les besoins des groupes marginalisés et le dialogue engagé avec eux. Les évaluateurs peuvent se pencher sur la question de savoir si des résultats inclusifs et équitables ont été obtenus moyennant un coût raisonnable, comment la notion de « coût raisonnable » est définie et déterminée et quelles sont les variations de coût d’un groupe de bénéficiaires à l’autre. Par exemple, si l’intervention a vocation à toucher des groupes spécifiques, il conviendra de se poser la question de savoir si les ressources allouées sont suffisantes et justifiées pour atteindre ce but.

Un aspect essentiel consiste à comprendre quels sont les groupes qui parviennent à se faire entendre et dont le point de vue est pris en compte au moment de la prise de décisions sur la conception des politiques, l'affectation des fonds et les personnes chargées de contrôler et de superviser ces processus. Lorsque la logique d’une intervention et les plans y afférents visent notamment à modifier des structures et une dynamique de pouvoir inégalitaires, l'évaluation devrait examiner dans quelle mesure ce but a été atteint ou si l'intervention a sans le vouloir renforcé des structures et une dynamique inégalitaires préexistantes.

Il importe également d’évaluer si, dans le cadre des interventions, des données de suivi pertinentes et ventilées sont recueillies de manière à faciliter la prise de décisions pertinentes par les acteurs chargés de leur mise en œuvre concernant l'axe principal des activités/objectifs et les ressources à allouer au développement inclusif.

L'application adéquate du critère d’efficience dépend entièrement de la nature de l’intervention elle-même et varie selon les projets, les programmes, les programmes-pays et les politiques. L’exemple ci-dessous, qui provient du ministère des Affaires étrangères néerlandais, illustre la manière dont ce critère a été appliqué pour évaluer la politique dans le secteur de l’eau, où l’efficience est en grande partie appréhendée au regard de la coordination et d’aspects pratiques de la planification et des partenariats au sein d’un réseau complexe de relations (Encadré 4.11).

Le Tableau 4.4 décrit plusieurs des principales difficultés rencontrées lors de l'évaluation de l’efficience et propose à l'intention des évaluateurs comme des responsables d'évaluation des solutions pour les surmonter.

Une des décisions fondamentales consiste à se demander si l’efficience doit être évaluée à l'aide des indicateurs économiques et instruments connexes traditionnels (analyse coût-avantages, taux de rendement, analyse coût-efficacité, évaluation comparative, etc.) et comment utiliser ces outils4. La réponse à cette question dépend de la finalité de l’évaluation, de l’intervention et des résultats visés, de la faisabilité, des données/ressources disponibles et du public cible.

L'utilité de différents outils d'analyse dépend également de l’approche retenue aux stades de la conception/l’approbation au sein de l'institution concernée, cette approche ayant d'importantes conséquences sur la disponibilité des informations nécessaires pour entreprendre différents types d'analyse. Au sein des banques multilatérales de développement et dans le cadre de certains programmes publics d'investissement en capital, il existe des orientations très claires sur l'évaluation économique, sociale et environnementale ex ante et, de plus en plus, sur la conduite d'une analyse de ces projets et programmes en tenant compte des disparités entre les sexes. Pour évaluer l’efficience au stade de l’examen préalable ou de l’approbation du projet (en général ex ante, c’est-à-dire avant la mise en œuvre de l'intervention), il est logique de recourir aux mêmes outils que ceux utilisés pour l'évaluation elle-même. Les règles et les recommandations d'action adoptées par l'institution déterminent également en partie quelles données et quels indicateurs sont accessibles aux évaluateurs (par exemple, si les taux de rendement ont été estimés pendant l'évaluation économique, le cas échéant, et si d'autres interventions ont été recensées).

Cette partie présente une sélection d’exemples d'évaluation de l’efficience en relation avec un programme d'électrification rurale, des subventions aux intrants agricoles et un vaste portefeuille d'activités portant sur la gestion de l’eau.

Le critère d'impact invite à s'interroger sur la différence que fait réellement l'intervention. C’est au titre de ce critère que les évaluateurs examinent les effets que l'intervention a, in fine, sur le plan du développement – si elle a induit des transformations qui comptent réellement pour les populations. C’est l’occasion d’adopter une perspective plus large et une vision globale. En effet, il est facile de se laisser absorber par les aspects liés aux activités courantes d'une intervention et de se contenter de suivre le cadre de référence auquel se conforment ceux qui la mettent en œuvre. Le critère d’impact incite les évaluateurs à aller plus loin et à déterminer quelles évolutions ont été opérées, au bénéfice de quelles populations. Le Manuel d’évaluation de l’Agence suédoise de coopération pour le développement international (Asdi) souligne l’importance de ce point (Molund et Schill, 2004[17]), indiquant que :

Le critère d’impact apporte un correctif important à ce qui pourrait sinon être une préoccupation excessivement étroite concernant les intentions de ceux qui planifient et gèrent les interventions de développement et à l'indifférence qui pourrait en résulter vis-à-vis des points de vue des groupes cibles et d'autres parties prenantes clés.

Même si le terme « impact » est couramment employé, il importe de noter qu'il prête souvent à confusion, ce qui peut influer sur la façon dont les parties prenantes appréhendent l’évaluation. En premier lieu, dans un contexte politique, il peut être utilisé de façon vague pour désigner les « résultats » au sens large, englobant à la fois l’efficacité et l’impact tels que définis dans le présent document, mais aussi d’autres aspects de la performance. En deuxième lieu, depuis quelques années, il est souvent confondu avec l'expression « évaluation d’impact », qui renvoie à des méthodologies spécifiques permettant d'établir des liens de causalité statistiquement significatifs entre l’intervention et les effets observés5. Dans cette acception, l’impact peut désigner des résultats à n’importe quel stade de la chaîne des résultats, y compris les produits, et renvoie presque toujours à des effets souhaités. C'est pourquoi il importe de clarifier dès le départ avec les parties prenantes la façon dont elles comprennent ce terme et d’expliquer comment il est utilisé dans le contexte de l’évaluation comme un critère permettant d'examiner les effets de vaste portée.

Parmi les questions susceptibles d’être posées au titre du critère d’impact figurent les suivantes :

  • L’intervention a-t-elle induit un changement significatif dans la vie des bénéficiaires visés ?

  • Comment l’intervention a-t-elle produit des effets de vaste portée (par exemple, des évolutions au niveau des normes ou des systèmes) ?

  • L'intervention a-t-elle apporté les mêmes bénéfices à tous les groupes cibles visés, y compris les plus défavorisés et les plus vulnérables ?

  • L’intervention est-elle porteuse de transformations : induit-elle des changements durables au niveau des normes – y compris celles régissant les relations entre les sexes – et des systèmes, intentionnellement ou non ?

  • L’intervention conduit-elle à d’autres changements, notamment des résultats susceptibles d'être portés à plus grande échelle ou reproduits ?

  • Comment l’intervention contribuera-t-elle à faire évoluer la société pour le mieux ?

La définition de l’impact englobe les notions clés que sont les effets de vaste portée, l'importance, les effets différenciés, les effets non intentionnels et les changements porteurs de transformation.

Le critère d'impact permet de répondre à la question de savoir quelle différence a réellement fait l'intervention. Il examine l'importance de l’intervention et ses résultats de plus vaste portée, c’est-à-dire la mesure dans laquelle l'intervention a fait une différence pour les personnes concernées.

Cette définition vise à encourager les évaluateurs à examiner l'intervention sous différents angles, en fonction du contexte. Les évaluateurs devraient dûment prendre en compte le contexte, les besoins et les priorités des bénéficiaires ciblés par l’intervention, les objectifs stratégiques convenus par les institutions concernées et la nature de l’intervention elle-même. Cet élément d’analyse peut également être appliqué lors de l’examen des résultats non escomptés d’une intervention.

Lorsqu’ils évaluent l'importance6, les évaluateurs devraient être conscients de la nécessité d'adopter différents points de vue ainsi qu'une approche systématique fondée sur les besoins des parties prenantes. Ils devraient également prendre des mesures pour éviter que leurs préjugés (implicites) et leurs jugements de valeur n’influent sur leur évaluation de l'importance de l’intervention.

Conformément à l'engagement des ODD de « ne laisser personne de côté » et de protéger les droits humains, y compris l’égalité entre les sexes, il importe d’évaluer les impacts différenciés. Les impacts positifs globaux peuvent masquer d’importants effets de répartition négatifs. Il est essentiel d’en tenir compte au stade de la conception de l’évaluation, voire au stade de la conception de l’intervention, afin de permettre le suivi, puis l'évaluation, de l’impact par groupe cible. Cet objectif suppose une planification précoce lors de la conception et de l’évaluation, afin de s’assurer que les évaluateurs disposent, dans la mesure du possible, de données désagrégées, et peut également nécessiter l’examen d’une série de paramètres relatifs à l’exclusion et à l’inclusion. Si des données désagrégées sont disponibles, une analyse granulaire sera nécessaire.

Les évaluateurs devraient déterminer si une intervention a des effets non intentionnels. Cette analyse devrait notamment viser à établir dans quelle mesure les impacts étaient prévus ou envisagés au moment de la conception de l’intervention. Les effets non intentionnels peuvent être positifs ou négatifs. Lorsqu'ils sont positifs, les évaluateurs devraient examiner leur importance globale et les possibilités d’innovation ou bien d'expansion ou de reproduction de cet impact positif sur d’autres interventions. Les évaluateurs devraient accorder une attention particulière aux effets négatifs, notamment ceux qui sont susceptibles d’être significatifs, y compris – mais sans s’y limiter – l’impact sur l’environnement ou les effets non intentionnels sur des groupes vulnérables.

Au sens de la définition, les changements porteurs de transformation sont des « évolutions globales et durables des systèmes ou des normes », qui peuvent être appréhendées comme s’attaquant aux causes profondes, ou aux facteurs systémiques, de la pauvreté, des inégalités, de l’exclusion et de la dégradation de l'environnement, et dont le Programme de développement durable à l’horizon 2030 jugent qu'elles sont nécessaires pour atteindre les ODD. Il est de plus en plus courant que les interventions visent à contribuer à un changement transformationnel et, lorsqu’ils évaluent l'impact, les évaluateurs sont de plus en plus appelés à répondre à des questions relatives aux effets sur les normes et les systèmes (systèmes sociaux, économiques ou politiques). Par exemple, une évaluation peut examiner dans quelle mesure les rôles traditionnels des femmes et des hommes ont été modifiés d’une manière ou d’une autre (voir Encadré 4.12).

À l'instar des autres critères, celui relatif à l’impact interagit, sur le plan conceptuel, avec d'autres critères :

  • Impact et efficacité : l’impact comme l’efficacité ont trait aux résultats obtenus par l’intervention, aux effets sur les bénéficiaires et aux résultats non escomptés. La différence entre les deux critères dépend en grande partie de la manière dont l’intervention et ses objectifs ont été conçus. L’efficacité concerne généralement la réalisation des objectifs fixés (à n’importe quel niveau de la chaîne de résultats), tandis que l’impact concerne toujours les effets de plus vaste portée, qui ne seraient sinon pas automatiquement pris en compte (parce que n'ayant pas été inclus dans les objectifs). Une autre façon d’envisager la distinction entre les deux critères consiste à considérer le fait qu’avec le temps, de nombreuses interventions peuvent être jugées efficaces, sans toutefois « s’additionner » pour induire le changement de plus vaste portée ou porteur de transformation souhaité. Si l’impact n'est pas évalué, ces tendances ne sont pas analysées. La formulation des résultats escomptés d’une intervention sera différente selon les institutions, qui appliquent souvent des critères différents pour définir la chaîne de résultats. Ainsi, dans certaines institutions, les interventions doivent chacune être reliées à des objectifs plus généraux ; dans d’autres, les effets immédiats sont les seuls pris en compte. Pour appliquer les deux critères, les institutions devront veiller à ce que les exigences en matière de conception des interventions soient claires et cohérentes. Lorsque des interventions de moindre envergure, comme des projets, ne précisent pas systématiquement les liens existant avec des objectifs généraux, il importe que la politique d’évaluation prévoie une analyse d'impact – à défaut, les effets de vaste portée ne seront pas pris en compte (pour une illustration, voir Encadré 4.12).

  • Impact et cohérence : l’analyse de l'impact supposant l’adoption d’une perspective globale, ce critère s’accorde naturellement bien avec les considérations relatives à la cohérence, étant donné que les effets d'une intervention dépendent presque toujours d’autres interventions, d’objectifs stratégiques et d'arbitrages, ainsi que des systèmes dans lesquels l’intervention s'inscrit. Citons à titre d'exemple les programmes de coopération pour le développement qui soutiennent le renforcement des systèmes de santé publique dans les pays en développement, où l’impact est déterminé non seulement par le programme en question, mais aussi par les politiques nationales ou mondiales en matière de tarification et de réglementation des produits pharmaceutiques ou de recrutement des personnels de santé.

  • Impact et efficience : comme indiqué dans la section relative au critère d’efficience, les évaluateurs qui s'intéressent à l’efficience au sens large doivent examiner les résultats obtenus (par exemple, l’impact, la durabilité) dans leur globalité et comparer les résultats avec les ressources.

  • Impact et viabilité/durabilité : les deux critères s'intéressent, dans une certaine mesure, à la pérennité des résultats. L’impact met l'accent sur la dimension temporelle en examinant les changements porteurs de transformation (qui sont durables par nature). La viabilité/durabilité examine si les bénéfices de l'intervention perdureront. En tant que critère, la viabilité/durabilité couvre un champ plus large, car elle prend en compte les conditions permettant d’assurer la durabilité et les liens entre la durabilité économique, sociale et environnementale d’une intervention.

Les notions de changements porteurs de transformation, d'impact différencié et d'importance sont toutes intrinsèquement liées à celle d'inclusion. Il importe ici de comprendre la nature de l’impact qui s’est produit et qui en a bénéficié. Cet impact a-t-il contribué de manière significative à la transformation des systèmes d’oppression et pourrait-il de ce fait conduire à un changement durable pour les groupes marginalisés et vulnérables ? Les évaluateurs devraient chercher à comprendre dans quelle mesure ces effets non intentionnels découlent des inégalités structurelles existant au sein de systèmes plus larges et de l’impact des interventions sur ces systèmes.

La définition révisée de l’impact met l’accent sur les résultats généraux d’une intervention, y compris les effets sociaux et économiques à long terme. Elle englobe les changements porteurs de transformation au niveau des systèmes et des normes, y compris « les effets potentiels sur le bien-être des populations, les droits humains, l’égalité des sexes et l’environnement ». L’analyse de l'impact permet aux évaluateurs d’avoir une vision plus globale de la manière dont une intervention contribue aux changements porteurs de transformation, à l’équité, aux droits humains et à l’autonomisation, et les renforce.

Des six critères, l’impact est celui qui est souvent le plus difficile à évaluer et à appréhender. Ci-après figurent quatre des principaux obstacles à surmonter, assortis de propositions sur la manière de procéder.

En règle générale, l’évaluation de l’impact nécessite davantage de ressources et nettement plus de données primaires que celle des autres critères, et devrait uniquement être prévue au moment de la conception d’une évaluation lorsque ces ressources sont susceptibles d’être disponibles ou peuvent être obtenues à cette fin. D'un autre côté, c'est souvent le domaine qui suscite le plus d'attention de la part des utilisateurs, étant donné qu'il s’agit de déterminer si, et comment, l’intervention a changé le cours des choses. Par conséquent, l’investissement en temps et en effort nécessaire pour intégrer l'analyse de cette dimension dans l’évaluation est souvent justifié.

Une autre difficulté liée à l'évaluation de l'impact concerne les délais fixés par les institutions commanditaires. En effet, ceux-ci correspondent souvent à la date de clôture de l’intervention. Si cette exigence était assouplie, l’impact pourrait être examiné sur une plus longue période de temps, ce qui permettrait de mieux appréhender les effets dont l'existence n'apparaît qu'après l'achèvement d'une intervention.

Le tableau ci-après décrit plusieurs des principales difficultés rencontrées lors de l’évaluation de l’impact et propose à l'intention des évaluateurs comme des responsables d'évaluation des solutions pour les surmonter.

Cette partie présente une sélection d'exemples d'évaluation de l’impact en lien avec des interventions portant sur l’autonomisation des familles, sur la consolidation de la paix, sur le soutien à la recherche, sur l’aménagement du territoire et sur la violence à l'égard des femmes et des filles.

L’évaluation de la viabilité/durabilité permet aux évaluateurs de déterminer si les bénéfices d’une intervention perdureront sur le plan financier, économique, social et environnemental. La viabilité/durabilité pose la question « Les bénéfices se maintiendront-ils dans le temps ? » Si la notion sous-jacente de bénéfices qui perdurent demeure, le critère est à la fois plus concis et plus large dans sa portée que dans sa définition antérieure8. La viabilité/durabilité englobe plusieurs éléments d’analyse – financiers, économiques, sociaux et environnementaux – et il convient de prêter attention à l’interaction entre ces éléments.

Il peut y avoir confusion entre la viabilité/durabilité au sens de la continuation des résultats, et la durabilité environnementale ou l’utilisation des ressources pour les générations futures. Même si la durabilité environnementale est une préoccupation (et peut être examinée au titre de plusieurs critères, notamment la pertinence, la cohérence, l’impact et la viabilité/durabilité), elle ne constitue pas en tant que telle l'objet principal des critères ; lorsqu’ils décrivent la viabilité/durabilité, les évaluateurs devraient indiquer clairement la façon dont ils interprètent ce critère.

La viabilité/durabilité devrait être examinée à chaque étape de la chaîne de résultats et du cycle d’une intervention. Les évaluateurs devraient également appréhender cette notion en lien avec celles de résilience et d’adaptation dans des environnements dynamiques et complexes. Cela inclut la viabilité/pérennité des ressources (financières ou autres) une fois l’intervention achevée ainsi que la durabilité/pérennité des impacts dans le contexte plus large de l’intervention. Ainsi, une évaluation pourrait chercher à déterminer si une intervention a pris en compte les capacités des partenaires et favorisé l’appropriation au début de la période de mise en œuvre, et s'il existait une volonté et la capacité de pérenniser le financement à la fin de l’intervention. En règle générale, les évaluateurs peuvent examiner les conditions qui favorisent la viabilité/durabilité au niveau de la conception de l’intervention et de ses activités, et déterminer si des adaptations ont été effectuées, le cas échéant.

Les évaluateurs ne devraient pas considérer la viabilité/durabilité du seul point de vue des donneurs et des apports de financement extérieurs. Les commanditaires devraient également envisager d’évaluer cet aspect avant le début d’une intervention, ou pendant que le financement ou les activités sont en cours. Lorsqu’ils évaluent la viabilité/durabilité, les évaluateurs devraient : 1) tenir compte des bénéfices nets, c’est-à-dire de la valeur globale des bénéfices permanents de l’intervention, y compris les éventuels coûts récurrents, et 2) analyser tout arbitrage potentiel ainsi que la résilience des capacités/systèmes sous-tendant la continuation des bénéfices. Un arbitrage peut être nécessaire, par exemple, entre la viabilité budgétaire des bénéfices et la viabilité politique (c'est-à-dire le maintien du soutien des instances politiques).

L’évaluation de la viabilité/durabilité fournit des informations précieuses sur la continuation (probable) des bénéfices nets d’une intervention sur le moyen à long terme, ce qui se révèle très difficile dans la pratique, comme l’ont montré diverses méta-analyses. À titre d'illustration, dans certains secteurs comme l’eau et l’assainissement ou pour certains types d’intervention comme le développement d'impulsion locale, les bénéfices s’estompent souvent au bout d'un certain temps. Dans ce cas, l’évaluation peut avoir pour rôle d’examiner minutieusement les hypothèses de la théorie du changement relatives à la manière d'assurer la viabilité/durabilité des résultats (Mansuri et Rao, 2013[23] ; White, Menon et Waddington, 2018[24]).

Une évaluation qui examine attentivement ces différents aspects pourra livrer d'importants éclairages sur la manière dont les interventions peuvent planifier et mettre en œuvre un changement qui garantisse un développement durable à l’avenir. Les enseignements tirés peuvent mettre en relief la possibilité d'étendre, dans le contexte en question, les mesures de viabilité mises en place dans le cadre de l'intervention, ou de les reproduire dans d’autres contextes.

La planification de la sortie constitue un aspect essentiel de la viabilité/durabilité. Les évaluations devraient déterminer si une stratégie de sortie appropriée a été élaborée et appliquée, ce qui garantirait la continuation des effets positifs, y compris, mais sans s’y limiter, les considérations financières et en matière de capacités. Dans le cas d'une évaluation ex post, l’évaluateur peut également examiner si la stratégie de sortie prévue a été dûment mise en œuvre pour garantir la continuation des effets positifs comme anticipé, tout en s'adaptant aux évolutions du contexte, comme le montrent les exemples ci-après.

Les récentes méta-évaluation (Noltze, Euler et Verspohl, 2 018[25]) et synthèse d'évaluation (Noltze, Euler et Verspohl, 2018[26]) de l’Institut allemand pour l’évaluation du développement (DEval) constituent une ressource utile pour mieux comprendre la viabilité/durabilité et relever des défis communs. Ces deux études mettent en évidence les différents éléments d’analyse de cette notion qui peuvent être examinés dans une évaluation. La méta-évaluation plaide fortement en faveur d'une évaluation de la viabilité/durabilité qui intègre les principes des ODD, et souligne les domaines dans lesquels ce type d'évaluation peut apporter une valeur ajoutée. Il s'agit notamment d'analyser comment l’identification et l’évaluation des effets non intentionnels d’un projet ainsi que des interactions ou des arbitrages entre les différentes dimensions de la viabilité/durabilité peuvent favoriser l’apprentissage et l'exercice de la redevabilité lorsque ce critère est appliqué.

Pour comprendre la définition de la viabilité/durabilité, il faut en comprendre les composantes que sont la création d'un environnement propice, la continuation des effets positifs, et les risques et les arbitrages.

Les évaluations peuvent examiner la manière dont une intervention a contribué, de multiples façons, à améliorer l’environnement propice au développement, y compris la manière dont elle a permis de renforcer les systèmes, les institutions ou les capacités pour soutenir les activités futures en matière de développement ou d'action humanitaire. Cette approche incite les évaluateurs à prendre en compte les capacités des partenaires au développement qui ont été créées ou renforcées sous l'effet de l’intervention, ainsi que la résilience acquise face aux évolutions et aux chocs extérieurs – garantissant ainsi que les bénéfices nets perdureront (voir plus haut).

Une intervention peut, par exemple, améliorer l’environnement propice au développement à travers les contributions suivantes : renforcement des capacités (au niveau individuel, local ou institutionnel) ; renforcement de l’appropriation ou de la volonté politique ; hausse des engagements financiers ou budgétaires nationaux (et, le cas échéant, infranationaux) ; changement de politique ou de stratégie ; réforme législative ; réformes institutionnelles ; réformes de la gouvernance ; amélioration de la transparence des dépenses publiques ou amélioration des processus de consultation publique dans la planification du développement.

La viabilité/durabilité peut être évaluée sur différentes périodes. Les évaluateurs peuvent évaluer à la fois la viabilité/durabilité réelle (c’est-à-dire la continuation des bénéfices nets découlant de l’intervention qui sont déjà manifestes) et la viabilité/durabilité potentielle (c’est-à-dire les bénéfices nets pour les principales parties prenantes qui sont susceptibles de perdurer). Les évaluateurs devraient réfléchir avec soin aux approches d’évaluation qui conviennent pour évaluer ces deux aspects de la viabilité/durabilité, en fonction du calendrier de l’évaluation et des délais prévus pour obtenir les bénéfices escomptés. Concernant les évolutions de plus vaste portée, beaucoup d'entre elles nécessiteront de longues années, voire des décennies, avant de se réaliser pleinement.

Dans le cadre de l’évaluation de la viabilité/durabilité réelle, l’évaluateur peut examiner dans quelle mesure les effets positifs générés par l’intervention ont manifestement perduré pour les parties prenantes clés, notamment les bénéficiaires ciblés, une fois l’intervention achevée. Les évaluateurs peuvent également s'attacher à déterminer si des possibilités ont été identifiées, anticipées et planifiées pour contribuer à ce que les effets positifs perdurent, et s'il a été fait de même pour d'éventuels obstacles. Ce processus peut étayer les conclusions mettant en évidence la capacité d’une intervention à s'adapter en tant que de besoin.

L’examen de la viabilité/durabilité potentielle suppose une approche légèrement différente. Il s'agit d'évaluer la probabilité que les effets positifs actuels ou prévus de l’intervention perdurent, généralement en partant du principe que les conditions du moment restent les mêmes. L’évaluation devra dans ce cas déterminer le niveau de stabilité et la permanence relative de tout effet positif obtenu, ainsi que les conditions nécessaires à sa pérennité – viabilité/durabilité institutionnelle, économique et financière, environnementale, politique, sociale et culturelle.

L’évaluation de la viabilité/durabilité suppose d'examiner non seulement la probabilité que les effets positifs perdurent, mais aussi les risques potentiels et les coûts récurrents associés à une intervention. Par conséquent, les responsables d’évaluation devraient tenir compte des facteurs susceptibles d’améliorer la viabilité/durabilité des bénéfices nets sur la durée, ainsi que des facteurs susceptibles d’y faire obstacle. L’examen des risques liés à la viabilité/durabilité d’une intervention peut nécessiter d'évaluer dans quelle mesure il existe des facteurs contextuels positifs ou négatifs, identifiables ou prévisibles, susceptibles d’influer sur la pérennité des résultats de l’intervention.

D'où la question des arbitrages à opérer, qui est un élément important des critères révisés. L’évaluation des arbitrages associés à une intervention incite à examiner l’arbitrage entre impact immédiat et effets ou coûts potentiels à plus long terme, ainsi que les arbitrages entre les aspects financiers, économiques, sociaux et environnementaux. À titre d'illustration, il peut ressortir d'une évaluation qu’une intervention a soutenu la croissance économique, mais que cette croissance n’est pas durable en raison de ses importants coûts environnementaux, qui peuvent avoir un impact négatif sur la croissance économique à long terme. Un tel constat s'inscrit dans le droit fil de la définition du développement durable consacrée par les ODD et élargit le champ de l'évaluation de sorte que ne soit pas simplement examinée la probabilité d'une continuation des effets positifs d’une intervention.

La viabilité/durabilité est étroitement liée aux autres critères.

  • La viabilité/durabilité est liée à la pertinence, le niveau de pertinence pour les principales parties prenantes étant un facteur essentiel qui détermine leur appropriation et leur adhésion aux bénéfices ultimes, étapes clés pour assurer la viabilité/durabilité.

  • De même, la cohérence peut fournir des indications utiles sur la viabilité/durabilité, car elle examine d’autres interventions menées dans un contexte donné, qui pourraient renforcer, ou compromettre, les bénéfices de l’intervention sur la durée.

  • Efficacité et impact : l’évaluation de la continuation des résultats repose d’abord sur le fait que les résultats ont été atteints (efficacité) et ensuite, sur le fait que des effets de plus vaste portée ont été démontrés (impact). Par conséquent, l’efficacité et l’impact peuvent être considérés comme des critères prédominants pour examiner la viabilité/durabilité, car si leur analyse ne montre pas que l’intervention produit des réalisations, des résultats ou des impacts, il n’y aura pas de bénéfices explicites à pérenniser. L’Encadré 4.19 fournit un exemple de la manière dont l’impact et la viabilité/durabilité peuvent être examinés conjointement. Examiner les synergies entre l’impact, l’efficacité et la viabilité/durabilité en évaluant les conditions qui sont suffisantes et nécessaires pour que les résultats perdurent une fois l’intervention achevée permet aux évaluateurs d’analyser l’efficacité et l’impact à plus long terme.

  • Les préoccupations en matière d’efficience peuvent également compromettre la pérennité des bénéfices. La viabilité/durabilité peut être compromise, par exemple, lorsque les coûts à court terme guident la prise de décision, au détriment des effets à plus long terme.

La définition révisée de la viabilité/durabilité et la remarque associée attirent l’attention sur les dimensions « financière, économique, environnementale et sociale » de cette notion et sur la manière dont ces dimensions contribuent à ce que les résultats de l'intervention apportent des bénéfices constants et à long terme. Les évaluateurs devraient examiner la manière dont la continuation des bénéfices a été planifiée ou, s'il s'agit d'une évaluation ex post, dont elle est manifeste pour les différents groupes de bénéficiaires. À cet égard, l’accent devrait être mis sur le principe consistant à « ne laisser personne de côté » et sur la manière dont les groupes marginalisés tirent des bénéfices positifs permanents, ainsi que sur les arbitrages éventuellement opérés entre différentes catégories de population.

Il est également pertinent que les évaluateurs examinent dans quelle mesure l’intervention a créé un environnement propice à un développement inclusif et équitable, en s’intéressant aux problèmes systémiques sous-jacents (« traiter la maladie, pas seulement les symptômes ») au titre des critères d’impact et de viabilité/durabilité. Les questions d’appropriation et d’autonomisation des femmes sont importantes à cet égard. La viabilité/durabilité des systèmes exige un renforcement des capacités. Les évaluateurs devraient donc être en mesure de déterminer quelles sont les groupes dont les capacités ont été renforcées et quels sont les liens avec les systèmes et les structures inégalitaires en place. Ils devraient se poser la question de savoir si les différentes catégories de parties prenantes possèdent les capacités et affichent l’engagement nécessaires pour créer et préserver à moyen et long terme un environnement propice à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes. Si tel n’est pas le cas, ils devraient déterminer quels sont les obstacles qui se dressent sur cette voie et si ceux-ci relèvent du champ d'action de l’intervention.

Le tableau ci-après décrit certaines difficultés rencontrées lors de l’évaluation de la viabilité/durabilité, liées au calendrier, à l’absence d’effets positifs et à d’autres facteurs compromettant la viabilité/durabilité, et propose des solutions à l'intention des évaluateurs comme des responsables d’évaluation.

Cette partie présente des exemples d'évaluation de la viabilité/durabilité en lien avec un projet de développement rural en Afghanistan, un programme de soutien budgétaire général et un programme relatif à la santé maternelle.

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Notes

← 1. C'est-à-dire « les individus, les groupes ou les organisations qui bénéficient de l’intervention de développement, directement ou non, intentionnellement ou non. » D’autres termes peuvent être employés, comme « détenteurs de droits » ou « personnes affectées ».

← 2. Il peut arriver que deux institutions soient engagées dans une même intervention, l’une en qualité de partenaire d'exécution et l’autre en qualité de bailleur de fonds. Il est alors possible d'évaluer la cohérence interne du point de vue du bailleur de fonds mais aussi de celui du partenaire d'exécution.

← 3. Il convient toutefois de signaler que l'évaluation de l’impact a beaucoup plus de chances d’être utile si elle s'accompagne d'une analyse de la manière dont l’impact est obtenu et des moyens par lesquels il pourrait être renforcé que s'il s'agit d'un simple exercice de redevabilité.

← 4. Un examen détaillé et complet des différentes méthodologies utilisables pour définir et évaluer l’efficience est proposé par Palenberg (2011[24]) dans un document de travail du BMZ. L'auteur identifie trois niveaux différents : le niveau 0 (décrire certains aspects de l’intervention d'aide relatifs à l’efficience et émettre un avis en la matière) ; le niveau 1 (déterminer le potentiel d'amélioration de l’efficience d'une intervention d'aide), qui fournit une image partielle des processus de mise en œuvre, du coût des intrants, de la conversion des intrants en extrants ou de la conversion des extrants en réalisations ; le niveau 2 (évaluer l’efficience d'une intervention d'aide de manière à pouvoir la comparer avec d'autres interventions ou avec des points de référence). Il s'agit d'une approche globale qui inclut une estimation fiable des principaux coûts et avantages.

En pratique, l’évaluation de niveau 2 est rarement pratiquée. Même la Banque mondiale, pourtant dotée de moyens colossaux, relevait dans un rapport de 2010 que l'analyse coût-avantages était nettement moins pratiquée que par le passé au stade de l’évaluation, même dans les secteurs où elle s'appliquait particulièrement bien. Dans ce rapport, elle insistait sur l'avantage, en termes de rigueur et de liens avec les résultats ultérieurs du projet, d'une analyse aussi approfondie, tout en soulignant les difficultés qu’elle comporte (IEG, 2010 [25]). Le cas d'étude sur l’électrification en milieu rural (IEG, 2008[26]) est un exemple relativement rare d'analyse complète de niveau 2. Les évaluateurs peuvent aussi opter pour des méthodes telles que la prise de décision/modélisation à critères multiples. Il importe également de noter que ces types d'analyse sont davantage susceptibles d'être appliqués dans certains secteurs – infrastructures, santé et agriculture, par exemple. L’Encadré 4.10 cite un exemple intéressant, en l’occurrence celui des subventions aux intrants dans le secteur agricole, qui se fonde sur une étude de cas nationale et s'appuie sur diverses estimations économiques et données d’enquête.

← 5. La littérature sur ce sujet est abondante, mais on pourra consulter, par exemple : GNUE (2013[44]) ; Chambers et al. (2009[46]) ; Leeuw et Vaessen (2009[43]) ; Belcher et Palenberg (2018[47]) ; et Gertler et al. (2016[45])

← 6. Cette notion ne doit pas être confondue avec l'importance (ou significativité) statistique, qui est souvent évoquée dans le cadre de certains types d’évaluations d’impact ; voir Gertler et al. (2016[45]) sur les calculs de puissance et les concepts techniques correspondants dans les évaluations d’impact quantitatives.

← 7. Voir Befani et Mayne (2014[48]).

← 8. Dans le Glossaire de 2002 (OCDE, 2002[10]), la viabilité (pérennité, durabilité) est définie comme suit : « Continuation des bénéfices résultant d’une action de développement après la fin de l’intervention. Probabilité d’obtenir des bénéfices sur le long terme. Situation dans laquelle les avantages nets sont susceptibles de résister aux risques. »

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