Corée
Engagements politiques, stratégies et outils
Engagements politiques de la Corée
Le Président, M. Moon Jae-in, s’est engagé, lors du sommet du Partenariat pour une croissance verte et les objectifs mondiaux 2030 (P4G) qui s’est tenu à Séoul le 30 mai 2021, à ce que la Corée participe activement aux efforts déployés par la communauté internationale pour maîtriser la crise climatique et favoriser une reprise verte et inclusive à l’appui d’un développement durable. Il a annoncé que le gouvernement coréen apporterait au Programme P4G une contribution supplémentaire de 4 millions USD, sous forme de dons, pour financer des projets propices à une croissance verte dans les pays en développement.
À l’occasion du Sommet des dirigeants sur le climat, en avril 2021, M. Moon a annoncé que la Corée allait mettre terme à tous les financements publics destinés à de nouvelles centrales à charbon à l’étranger.
Le 15 août 2021, le Président a évoqué « la neutralité carbone à l’horizon 2050 » et son importance durant son discours, et réaffirmé l’engagement de la Corée à accompagner la transition énergétique des pays en développement qui sont fortement tributaires de la production d’électricité à partir du charbon.
Cibles
La Corée est déterminée à porter la part de son aide publique au développement (APD) allouée aux projets et programmes verts à un niveau supérieur à la moyenne des pays du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE d’ici à 2025. S’agissant des prêts, elle va, d’ici cette date, tripler le montant de ceux accordés aux projets écologiques au titre de l’APD et doubler la part des prêts verts, comme énoncé dans sa Stratégie post-COVID et dans sa stratégie pour le Fonds de coopération pour un développement économique vert (Green Economic Development Cooperation Fund [EDCF]).
Stratégies et politiques permettant l’intégration systématique
En janvier 2021, le gouvernement coréen a adopté la troisième stratégie de coopération internationale pour le développement pour la période 2021-2025, qui renferme les objectifs politiques et stratégiques à moyen terme de l’APD verte de la Corée. Plus tard dans l’année, le pays a établi une stratégie relative aux dons pour le New Deal vert, une stratégie pour les prêts concessionnels de l’EDCF vert, et une stratégie en matière d’APD pour l’aide faisant intervenir à la fois des dons et des prêts.
Après avoir adopté la troisième stratégie de coopération internationale pour le développement (2021-2025) en janvier 2021, le gouvernement coréen a élaboré plusieurs stratégies et documents d’orientation visant à intégrer des objectifs environnementaux et climatiques à la coopération pour le développement. Les stratégies clés sont la stratégie en matière de dons du New Deal vert, la stratégie concernant l’EDCF vert, et la stratégie portant sur l’APD du New Deal vert.
Dispositifs clés et piliers
En mars 2021, la Corée a adopté la stratégie relative aux dons du New Deal vert, qui s’articule en trois axes :
établir une structure rigoureuse pour accroître l’APD dans le cadre du New Deal vert
définir des projets et programmes phares adaptés à chaque région dans les domaines de l’atténuation du changement climatique et de l’adaptation à ses effets
La stratégie engage le gouvernement à porter ses contributions au Fonds vert pour le climat (FVC) à 300 millions USD, ce qui permettra d’augmenter le volume des ressources financières consacrées à la lutte contre les problèmes mondiaux liés au changement climatique. En tant que membre du Conseil du FVC, la Corée a également appuyé la décision du Fonds de contribuer à hauteur de 30.3 milliards USD aux projets climatiques menés dans les pays partenaires pour financer les mesures qu’ils mettent en place.
La stratégie pour l’EDCF vert, établie en mai 2021, présente l’objectif du gouvernement consistant à tripler le montant des prêts alloués à des projets écologiques au titre de l’APD et à doubler le pourcentage de ses prêts verts à l’horizon 2025.
La stratégie la plus récente est la stratégie en matière d’APD du New Deal vert, qui a été approuvée par le Comité pour le développement et la coopération internationaux en juillet 2021. Elle couvre les dons et les prêts concessionnels, et a pour principal objectif d’augmenter la contribution de la Corée à la lutte contre le changement climatique et de lui permettre de guider une relance mondiale verte. Ses dispositifs clés et piliers sont les suivants : 1) aider les pays en développement à réaliser une transition verte ; 2) favoriser la coopération dans le cadre du New Deal vert en tant que chef de file de la transition écologique ; 3) prêter appui à l’expansion des partenariats au profit d’une prospérité commune. Dans ce cadre, la Corée va renforcer son soutien à la lutte contre le changement climatique et à la transition écologique des pays en développement.
Outils opérationnels pour l’intégration systématique
Les mesures de protection environnementales et sociales sont appliquées à tous les projets d’APD, et le devoir de diligence correspondant est mis en œuvre par une équipe spéciale d’experts.
En ce qui concerne l’aide sous forme de dons, l’Agence coréenne de coopération internationale (KOICA), l’organisme qui en est responsable, a mis en place des mesures de protection environnementales et sociales qui servent de lignes directrices à l’examen des risques, aux évaluations d’impact, et à la définition de plans de gestion des risques dans ces deux domaines pour les projets présentant des risques potentiels.
Pour ce qui est des prêts, la banque coréenne d’import-export (KEXIM), l’organisme responsable des prêts concessionnels, a instauré en 2016 une politique de sauvegarde et procédé aux mises à jour et révisions nécessaires. Pour réduire au minimum les risques climatiques, l’EDCF œuvre à la mise en place d’un dispositif de lutte contre les effets du changement climatique qui permettra de mener des évaluations des risques dès la phase d’étude de faisabilité et de définir des mesures d’atténuation pour tous les projets à l’horizon 2025.
Cadres de suivi, d’évaluation et d’apprentissage
En 2021, la Corée a commencé à : 1) élaborer un cadre d’évaluation complet pour chaque critère, y compris l’environnement et le changement climatique ; 2) appliquer des méthodes de suivi et d’évaluation adaptées aux projets et programmes consacrés à la prévention du changement environnemental et climatique et à l’adaptation aux effets de ce changement.
S’agissant de l’aide sous forme de dons, elle a défini des critères de suivi et d’évaluation et établi des questionnaires : 1) pour évaluer et suivre les retombées environnementales et climatiques de tous les projets ou programmes ; 2) vérifier si des études d’impact sur l’environnement (EIE) ont été menées tout au long de leur cycle de vie.
Par exemple, l’une des questions déterminantes pour la note d’évaluation des projets ou programmes est celle de savoir si des analyses environnementales ont été réalisées pendant la phase de planification et si leurs conclusions sont reprises dans les documents conceptuels. Un spécialiste de l’environnement est en outre assigné à une équipe d’évaluation pour chaque projet ou programme ; il est chargé de procéder à une évaluation environnementale et climatique au moyen des marqueurs du CAD de l’OCDE.
Pour ce qui est des prêts, un suivi environnemental et climatique rigoureux est assuré, la soumission d’un rapport de suivi environnemental étant notamment exigée. De plus, si le pays partenaire ne prend pas immédiatement des mesures lorsqu’un problème surgit, le décaissement du prêt est suspendu.
Des modifications visant à améliorer l’action en faveur du climat ont été apportées à la planification et à l’évaluation. Tous les projets de l’EDCF s’accompagnent de cadres de résultats qui prennent en compte des indicateurs du changement climatique de manière à recenser les risques environnementaux et climatiques susceptibles de compromettre les réalisations et à définir par avance des mesures d’atténuation.
Pour mieux tenir compte de la redevabilité en matière de changement climatique, la Corée a révisé en décembre 2020 son manuel d’évaluation des prêts. Selon celui-ci, les risques climatiques et environnementaux sont des problèmes transversaux, et une analyse des risques doit être effectuée pendant l’exécution de chaque projet et après son achèvement de manière à bien prendre en compte les enseignements et suggestions qui en découlent.
Soutien à des plans nationaux de transition proportionnés aux objectifs internationaux
La Corée déclare tenir compte des plans de transition nationaux des pays partenaires dans le cadre de l’élaboration de ses projets d’APD.
L’écologie est un élément central de son futur portefeuille d’APD, et divers documents d’orientation et stratégies concernant la coopération pour le développement ont à plusieurs reprises souligné son importance depuis le début de la pandémie de coronavirus (COVID-19). En particulier, la Corée a unifié ses plans de mise en œuvre de la stratégie en matière d’APD du New Deal vert pour appuyer la transition verte des pays partenaires. En application de cette stratégie, elle prendra en compte l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets, de même que les facteurs environnementaux, dès la phase d’élaboration des projets d’APD, et suivra les progrès accomplis. Elle va en outre faire appel à ses programmes de prêt pour prêter appui au secteur vert des pays partenaires, notamment en ce qui concerne l’élaboration, l’actualisation et l’application de leurs CDN, et pour aider ces pays à renforcer les capacités de leurs responsables publics dans ce domaine. Des problèmes mondiaux, comme la biodiversité, seront par ailleurs considérés comme des priorités. Pour assurer une mise en œuvre plus efficace de la stratégie, la Corée va s’employer à renforcer la coopération entre les organismes en ce qui concerne les prêts concessionnels et les dons.
Mise en œuvre de la transition vers des trajectoires de développement durables d’un point de vue environnemental, à faible émission de carbone et résilientes face au changement climatique
La Corée a intensifié ses efforts en vue de définir des projets et programmes verts susceptibles de contribuer au renforcement de la résilience au changement climatique et à la concrétisation des trajectoires de développement à faible émission des pays partenaires soucieux d’atteindre la neutralité carbone. Elle a alloué 1.3 milliard USD sous forme de prêts concessionnels et 0.4 milliard USD sous forme de dons à des projets d’atténuation du changement climatique et d’adaptation à ses effets depuis 2016.
L’aide de la Corée à l’atténuation du changement climatique a pour objectif d’aider les pays partenaires à réduire ou à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre ou à renforcer la fixation du carbone. Elle comprend des programmes qui encouragent le recours à des technologies d’exploitation des énergies renouvelables, comme les systèmes de stockage de l’énergie solaire et éolienne, pour assurer la viabilité environnementale des pays partenaires.
Son aide à l'adaptation au changement climatique vise à réduire la vulnérabilité des systèmes artificiels ou naturels aux conséquences du changement climatique en maintenant ou en accroissant la capacité d’adaptation et la résilience. Elle fait appel à des programmes d’agriculture intelligente et au renforcement de la capacité de riposte aux catastrophes des pays partenaires.
La Corée aide par ailleurs les pays en développement à préserver leurs ressources biologiques et leurs écosystèmes. Elle va notamment prêter appui aux pays de la région du Mékong, par l’intermédiaire du Centre de biodiversité Corée-Mékong qui va être établi au Myanmar, pour préserver la richesse des ressources biologiques de la région et étudier les moyens de les exploiter de manière à favoriser la croissance de la bio-industrie.
Soutien à des infrastructures durables et de qualité
Des critères de qualité des infrastructures sont déjà pris en compte à toutes les phases du cycle des projets. Pour chaque projet, la Corée : 1) analyse son degré de contribution aux Objectifs de développement durable (ODD) ; 2) examine sa faisabilité économique et financière et les risques environnementaux ; 3) surveille sa gouvernance tout au long du cycle.
La Corée a aussi adopté en 2021 une stratégie de promotion des études de faisabilité, qui prévoit le renforcement de l’évaluation des risques environnementaux et sociaux et de la gestion des mesures de protection, pour mieux aider les pays partenaires à adopter des trajectoires de développement durables d’un point de vue environnemental, à faible émission de carbone et résilientes face au changement climatique.
Exemples de projets à l’appui de transitions durables d’un point de vue environnemental, à faible émission de carbone et résilientes face au changement climatique
La Corée prête appui aux projets de transition des énergies fossiles aux énergies renouvelables. Pour ce qui est des prêts, elle en a accordé un de 33 millions USD au Nicaragua, en 2016, pour le développement des énergies renouvelables dans les zones rurales. L’objectif était d’installer des systèmes photovoltaïques dans trois États de la partie orientale du pays pour remédier au déséquilibre régional de la distribution d’électricité et renforcer les mesures en matière d’atténuation du changement climatique. En 2019, elle a également apporté 68 millions USD au Ghana pour la construction d’infrastructures électriques et l’amélioration de l’accès à l’électricité dans la région rurale du nord. Le projet prévoyait l’installation de sous-stations et la mise en place d’un système de gestion du réseau de distribution. En améliorant le système d’approvisionnement énergétique, il devrait concourir à la réduction des émissions de polluants environnementaux comme le carbone.
En ce qui concerne les dons, la Corée construit un microréseau qui fait appel aux technologies photovoltaïque et de stockage de l’énergie sur l’île de Guanaja, le deuxième récif corallien du monde, pour remplacer partiellement le système de production au gazole actuel. Si le projet porte ses fruits, il deviendra un modèle qui pourra être appliqué partout sur l’île et y remplacer la production au gazole. La Corée construit par ailleurs un microréseau qui utilise les mêmes technologies à San Cristobal (Îles Galapagos), conformément à la politique du gouvernement équatorien visant à éliminer les carburants fossiles aux Galapagos. Le projet concourra à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à améliorer l’accès à l’énergie, rehaussant ainsi la qualité de vie des résidents.
En matière d’adaptation au changement climatique, la Corée prête appui à des projets relevant de domaines divers, dont l’eau, le transport, l’irrigation et la prévention des catastrophes. Elle a ainsi apporté 85 millions USD au Cambodge pour un projet d’atténuation des crues et des sécheresses dans la Province de Beanteay Meanchey en 2016. Il s’agissait d’accroître la productivité agricole moyennant la construction de canaux d’irrigation et de réservoirs polyvalents et de réduire les dégâts occasionnés par les inondations grâce à une gestion efficiente des eaux. En 2019, la Corée a aussi apporté 80 millions USD à El Salvador pour renforcer la sécurité routière et améliorer la connectivité. Le projet prévoit la construction de viaducs et l’expansion des autoroutes, ce qui permettra aux usagers d’éviter les zones exposées à des risques d’effondrement de terrain. Comme il comporte un volet de prévention des dommages causés aux routes par les effondrements de terrain que pourraient provoquer des tremblements de terre et des inondations, l’adaptation au changement climatique en était l’une de ses finalités premières.
La Corée mène par ailleurs, en coopération avec la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP-ONU), le projet de Partenariat panasiatique pour l’information géospatiale sur la qualité de l’air (PAPGAPi). Celui-ci a pour objectif principal de communiquer à 13 pays asiatiques les données relatives à la qualité de l’air - polluants atmosphériques et gaz à l’origine du changement climatique - fournies par le spectromètre géostationnaire de surveillance de l’environnement installé dans le satellite coréen GEO-KOMPSAT-2B.
La Corée installe actuellement un centre de biodiversité Mékong-Corée au Myanmar et mène un projet de renforcement des capacités. Par l’intermédiaire du centre, elle aidera les pays du Mékong à préserver les riches ressources biologiques de la région et étudiera les moyens de les exploiter de manière à stimuler la croissance de la bio-industrie.
Réponse aux besoins spécifiques des PEID
La Corée est consciente des défis auxquels les petits États insulaires en développement (PEID) font face concernant le changement climatique. La stratégie d’APD pour les États fragiles adoptée en 2017 prévoit une aide aux PEID et aux pays confrontés à l’insécurité alimentaire ou à des besoins en matière de redressement et de reconstruction à la suite de grandes catastrophes. La stratégie à moyen terme de riposte au changement climatique (2016-20) de la KOICA, en particulier, insiste sur l’importance de soutenir l’adaptation à ce changement des pays les moins avancés (PMA) et des PEID. Bien que les prêts de l’EDCF aux PEID n’aient jusqu’ici représenté qu’une faible proportion des prêts du Fonds, la Corée prévoit d’accroître son aide à ces pays, conformément au communiqué de la réunion à haut niveau du CAD de 2020. Ce plan est exposé dans sa stratégie en matière d’APD du New Deal vert.
Exemples de projets à l’appui du développement durable des PEID
La Corée apporte actuellement une assistance à plusieurs PEID :
Elle prête appui au développement des énergies renouvelables à Fidji. Elle construit deux parcs solaires dans les îles périphériques de Fidji, en partenariat avec le FVC. Elle aide en outre Samoa à intensifier sa surveillance de l’acidification des océans et à renforcer ses capacités pour lutter contre le changement climatique au moyen de technologies scientifiques marines de pointe.
La Corée est également déterminée à protéger l’écosystème océanique et à accroître la capacité de gestion des ressources marines des PEID. Elle a lancé l’Initiative en faveur d’une croissance bleue dans les petits États insulaires en développement, en coopération avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), afin d’aider ces pays à définir et mettre en place un nouveau modèle de gestion des ressources marines.
Par ailleurs, la Corée participe depuis 2017 au projet hydroélectrique sur la rivière Tina aux Îles Salomon. Celui-ci permettra aux Salomon de sortir de leur dépendance totale à l’égard du gazole et de faire des énergies renouvelables leur principale source d’énergie. Il permettra en outre aux Salomon de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à instaurer un développement durable et résilient.
Soutien à l’accès des PEID aux financements
La Corée favorise l’accès des PEID aux financements moyennant des contributions à des fonds de fiducie administrés par des institutions financières internationales comme la BID et la Banque mondiale. Notamment :
Le Fonds d’affectation spéciale à donneur unique du Fonds de Partenariat Corée-Groupe de la Banque mondiale (2018) a appuyé l’innovation et le financement des PME en Papouasie-Nouvelle-Guinée et aidé la Banque de Papouasie-Nouvelle-Guinée et ses partenaires publics à concevoir une structure institutionnelle pour un programme accélérateur de PME susceptible de faciliter l’incubation, la création et le développement de PME et d’améliorer leur accès aux financements, à l’information et à l’innovation.
Le Fonds coréen de renforcement des capacités publiques au service du développement économique (Public Capacity Building Korea Fund for Economic Development), créé en partenariat avec la BID (2019), a consolidé les capacités de gestion des finances publiques et en matière de fiscalité de la République dominicaine. Il a également aidé le ministère des Finances et la Direction générale des recettes fiscales à améliorer leurs compétences en matière de gestion des finances publiques et de coordination de la politique fiscale.