2. Améliorer les compétences et les perspectives d’emploi en Tunisie

Robert Grundke
OCDE
Steven Cassimon
OCDE

Depuis des décennies, l’économie tunisienne se caractérise par un niveau élevé de chômage, avec un taux qui se maintient au-dessus de 12 % depuis les années 90 (Graphique 2.1). Un large éventail de facteurs structurels complique l’ajustement de l’offre et de la demande de main-d’œuvre et empêche donc de parvenir à l’équilibre sur le marché du travail. Il s’agit notamment des facteurs institutionnels qui freinent la dynamique entrepreneuriale, les investissements et la création d’emplois, des systèmes d’enseignement et de formation professionnels qui ne dotent pas les travailleurs des compétences exigées par les entreprises, et des politiques et de la réglementation relatives au marché du travail qui ne sont pas propices à une bonne adéquation entre les offres et les demandes d’emploi.

L’augmentation de la population en âge de travailler ne s’est pas accompagnée d’une hausse suffisante de la demande de main-d’œuvre, si bien que le taux de chômage est particulièrement élevé parmi les jeunes (Graphique 2.2) (Boughzala, 2019[1]). Dans cette catégorie, le taux de chômage est passé de 25 % dans les années 90 à 35 %, au début des années 2010 (ONEQ, 2013[2]). En 2018, plus de 85 % des chômeurs avaient moins de 35 ans et plus des deux tiers avaient moins de 30 ans. Il faut environ 26.5 mois aux jeunes arrivant sur le marché du travail pour décrocher leur premier contrat (Boughzala, 2019[1]). Cette période de transition s’est allongée depuis 2011, ce qui indique que l’insertion est de plus en plus difficile (calculs de l’OCDE effectués à partir de données de l’agence nationale tunisienne pour l’emploi ANETI). La pandémie a entraîné une forte baisse de la demande de main-d’œuvre, aggravant les difficultés structurelles existantes et faisant augmenter le chômage, particulièrement chez les jeunes (voir le chapitre 1).

Grâce à l’amélioration de l’accès aux études secondaires et supérieures, le niveau d’instruction des nouveaux arrivants sur le marché du travail progresse régulièrement (UNICEF et INS, 2019[3]). La part des diplômés de l’enseignement supérieur dans la population en âge de travailler a été pratiquement multipliée par quatre depuis les années 90 pour atteindre 28 % en 2017. Cependant, dans le secteur privé, la majorité des emplois ont été créés dans des activités à faible intensité de main-d’œuvre qualifiée et peu productives, si bien que l’offre croissante de main-d’œuvre hautement qualifiée a entraîné des taux de chômage particulièrement élevés parmi les diplômés de l’enseignement supérieur (Graphique 2.3) (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Les femmes ayant un niveau d’éducation élevé sont particulièrement touchées, car elles représentent plus des deux tiers des diplômés de l’enseignement supérieur. Les normes culturelles, qui conduisent à une faible mobilité des femmes célibataires, ainsi que les offres d’emploi proposant des salaires particulièrement bas en raison de discriminations sur le marché du travail, contribuent également au taux de chômage élevé des femmes diplômées de l’enseignement supérieur (Boughzala, 2019[1]).

Bien que le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur soit bien plus élevé que celui des autres catégories, environ 60 % des chômeurs n’ont pas poursuivi d’études supérieures (Graphique 2.4). C’est particulièrement le cas des hommes jeunes qui ont quitté le système d’enseignement secondaire ou l’ont terminé avec des résultats relativement bas (Boughzala, 2019[1]). En raison de leur faible niveau de compétences techniques et non techniques et du savoir-être (soft skills), dont la communication et les langues, ils rencontrent de grandes difficultés à trouver un emploi formel et finissent généralement par occuper des emplois mal rémunérés dans le secteur informel, devenir chômeurs de longue durée ou participer à des programmes de travaux d’intérêt public (UNICEF, 2020[5] ; Boughzala, 2019[1]). Les jeunes hommes peu qualifiés sont particulièrement nombreux dans le secteur informel (voir ci-après). Bien que particulièrement vulnérable, ce groupe n’a, jusqu’à présent, pas bénéficié des politiques actives du marché du travail et des programmes de formation et les autorités doivent s’attacher à faciliter son insertion sur le marché du travail formel (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]).

Par ailleurs, un autre groupe souffre des faiblesses structurelles du marché du travail : une part importante des jeunes ont été découragés par leur recherche d’emploi et ont quitté le marché du travail (Graphique 2.5). Bien que les raisons culturelles liées à la famille et aux tâches ménagères jouent un rôle important dans le cas des femmes, les difficultés à trouver un emploi sont la raison prédominante de la sortie du marché du travail (Boughzala, 2019[1]). Les jeunes femmes non diplômées de l’enseignement supérieur ont un taux d’activité inférieur à 25 %, alors qu’il est d’environ 50 % pour celles qui possèdent un diplôme de l’enseignement supérieur et de plus de 70 % en moyenne pour les hommes (Graphique 2.5). Plus d’un demi-million de jeunes femmes ne sont ni en emploi, ni scolarisées, ni en formation (NEET) et ne recherchent pas d’emploi (Boughzala, 2019[1]). Si on compte également les plus de 400 000 jeunes hommes au chômage, c’est plus d’un tiers de la population en âge de travailler âgée de 15 à 29 ans qui n’est ni en emploi, ni scolarisé, ni en formation (OCDE, 2015[6]) Cela a de graves conséquences pour le capital humain, la cohésion sociale et le potentiel de croissance économique du pays.

La dimension régionale est un élément clé pour comprendre le déséquilibre entre offre et demande de travail en Tunisie. Les taux de chômage vont de moins de 10 % dans certains gouvernorats côtiers à près de 30 % dans certains gouvernorats du sud (Graphique 2.6). Cette situation est principalement due à une forte concentration de l’activité économique et de la création d’emplois dans les régions côtières. Ce phénomène, qui ne date pas d’hier, est avant tout lié à la proximité au commerce maritime et aux conditions favorables à l’agriculture (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Les politiques économiques du passé ont renforcé ces disparités régionales en favorisant le développement de pôles industriels et de zones d’exportation spéciales (« offshore ») près des côtes (OCDE, 2015[7]). Les politiques relatives aux infrastructures, à l’industrie et à l’innovation ont favorisé les régions littorales et il existe peu de liens économiques entre les entreprises de ces régions et celles de l’intérieur du pays (OCDE, 2018[8] ; Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). La forte centralisation de l’État et de l’administration publique et l’adaptation insuffisante des politiques économiques et sociales aux contextes régionaux ont contribué à ces inégalités (OCDE, 2018[8]).

Les disparités régionales persistantes en matière de taux de chômage sont le signe d’une mobilité interne relativement faible de la main-d’œuvre (Graphique 2.6). Malgré les mouvements migratoires de l’intérieur vers les régions côtières et en particulier vers le Grand Tunis au cours des dernières décennies, des obstacles importants à la mobilité de la main-d’œuvre subsistent. En raison des aides au revenu limitées pour les chômeurs, nombreux d’entre eux dépendent du soutien de leur famille pour le logement et la nourriture, ce qui réduit leur rayon d’action géographique sur le marché du travail (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). En outre, les normes culturelles renforcent ces obstacles pour les femmes célibataires, car elles rencontrent parfois des difficultés pour voyager et vivre seules loin de leur famille (Bouchoucha, 2018[9]). Ce problème concerne non seulement les jeunes femmes moins qualifiées, mais aussi les diplômées de l’enseignement supérieur, qui doivent retourner dans leur famille immédiatement après l’obtention de leur diplôme si elles ne trouvent pas d’emploi (OCDE, 2015[6]). La hausse des prix des logements et des loyers complique la migration des régions intérieures vers les centres urbains (voir le premier chapitre). La faible qualité des infrastructures routières et des transports publics rend difficiles les trajets entre le domicile et le lieu de travail, en particulier pour les travailleurs peu qualifiés et pauvres, qui ne peuvent pas s’acheter une voiture ou une moto. Le niveau élevé des droits de douane et d’accise ainsi que le caractère restrictif des licences d’importation et de distribution rendent ces produits plus coûteux, contribuant d’autant à la faible mobilité de la main-d’œuvre (OMC, 2016[10]).

Malgré le niveau élevé du chômage, les entreprises dans les secteurs à faible intensité de qualification, comme le textile, le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), le tourisme et l’agriculture sont nombreuses à ne pas trouver de main-d’œuvre possédant les compétences qu’elles recherchent (Boughzala, 2019[1] ; IACE, 2019[11]). Outre les nombreux aspects spécifiques, certains facteurs communs contribuent aussi à ce décalage entre l’offre et la demande. Une première explication est à rechercher du côté de la concentration régionale des activités économiques qui, conjuguée à une faible mobilité inter-régionale, appauvrit l’offre de travail pour ces secteurs. Par exemple, l’industrie textile se trouve principalement dans le gouvernorat de Monastir et les activités touristiques sont avant tout situées dans les zones côtières, notamment dans la baie de Hammamet. Une deuxième explication importante tient à l’inadéquation des compétences et des qualifications résultant de la faible qualité du système d’enseignement de base, de l’enseignement et la formation professionnels (EFP) initiaux et de l’enseignement supérieur, qui ne parviennent pas à prendre en compte les compétences recherchées par le secteur privé (voir la troisième section de ce chapitre).

La troisième explication concerne les bas salaires, les conditions de travail difficiles et des pratiques en matière de ressources humaines (RH) qui laissent à désirer dans les secteurs à faible intensité de qualification et qui rendent les offres d’emploi peu attrayantes (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Les salaires de réserve des diplômés de l’enseignement supérieur au chômage sont relativement élevés en raison de la connotation culturelle négative du travail d’ouvrier et de l’attrait élevé de l’emploi public, qui a fortement progressé depuis 2011. En outre, les politiques actives du marché du travail, principalement axées sur les diplômés de l’enseignement supérieur et les régions côtières, ne réussissent pas à mieux préparer les personnes peu qualifiées et les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur de l’intérieur du pays à s’insérer sur le marché du travail formel. Les services publics de l’emploi sont insuffisamment développés et les programmes actifs et institutions du marché du travail en place ne favorisent pas la mobilité de la main-d’œuvre. Ces questions sont examinées de façon plus approfondie dans la quatrième section du présent chapitre. La deuxième section ci-dessous propose un éclairage sur la structure actuelle et future de la demande de main-d’œuvre et sur les politiques visant à améliorer les perspectives d’emploi.

La création nette d’emplois a été trop faible en valeur absolue pour absorber les jeunes arrivant sur le marché du travail et faire baisser le chômage et elle s’est en outre concentrée sur les activités à faible productivité, profitant surtout aux emplois peu qualifiés (Graphique 2.7) (Boughzala, 2019[1]). En comparaison avec d’autres économies de marché émergentes, la part des travailleurs dans les secteurs faiblement productifs est élevée en Tunisie car dans le passé, les politiques économiquesont cherché à attirer des activités à faible valeur ajoutée (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Bien que l’industrie textile ait perdu des emplois, d’autres secteurs à forte intensité de main-d’œuvre peu qualifiée, tels que le commerce de détail et le BTP, ont été les principaux moteurs de la croissance de l’emploi depuis 2007 (Graphique 2.8, Graphique 2.9) (Boughzala, 2019[1]).

Toutefois, l’emploi a également progressé dans certains secteurs à forte intensité de qualification, notamment dans le secteur public, y compris l’administration publique, l’éducation et la santé, ainsi que dans les entreprises publiques, qui a absorbé la plus grande part des diplômés de l’enseignement supérieur depuis 2007 (Graphique 2.8). Les autres activités créatrices d’emplois pour de nombreux diplômés de l’enseignement supérieur sont les technologies de l’information et de la communication (TIC) et les services aux entreprises, ainsi que le commerce de gros et de détail. Bien que certains secteurs manufacturiers tels que les industries mécaniques et électriques aient recruté davantage de diplômés de l’enseignement supérieur, il n’en reste pas moins que 52 % des emplois dans ces secteurs sont occupés par des ouvriers peu qualifiés et 28 % par des ouvriers hautement qualifiés (Graphique 2.9). Autrement dit, de nombreux diplômés de l’enseignement supérieur pourraient être surqualifiés pour ces emplois et la capacité d’absorption des diplômés de l’enseignement supérieur dans ces secteurs est limitée (Cassimon et Grundke, à paraître[12]). Les contraintes budgétaires freineront toute nouvelle expansion de l’emploi public. La demande croissante de travail très qualifié doit donc provenir d’un secteur privé plus dynamique qui se développe dans des activités à plus forte valeur ajoutée (Boughzala, 2019[1] ; Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]).

La création d’emplois formels dans le secteur privé a été dominée par les entreprises offshore, qui se consacrent principalement aux exportations et bénéficient de conditions préférentielles s’agissant de la fiscalité, des droits de douane, des démarches administratives et de l’accès aux infrastructures douanières et commerciales (Joumard, Dhaoui et Morgavi, 2018[13] ; Banque mondiale, 2020[14]). Elles rassemblent 47 % des emplois du secteur formel créés par le secteur privé de 2005 à 2019, tout en ne représentant que 4 % de toutes les entreprises immatriculées (calculs de l’OCDE effectués à partir de données au niveau de l’entreprise tirées du Répertoire National des Entreprises). L’emploi dans les entreprises offshore a augmenté de 60 % entre 2005 et 2019 et leur part dans l’emploi total du secteur privé formel est passée à 35 %. En revanche, l’emploi dans les entreprises axées sur le marché local (onshore), qui sont protégées de la concurrence internationale et nationale par d’importantes barrières tarifaires et non tarifaires, des obstacles administratifs à l’entrée et une mise en œuvre peu vigoureuse du droit de la concurrence, n’a augmenté que de 28 % depuis 2005 (Banque mondiale, 2020[14]). La création d’emplois formels dans les entreprises axées sur le marché local a été tirée par le commerce de gros et de détail, l’industrie agro-alimentaire, les services privés d’éducation et les soins de santé (Graphique 2.10).

Le secteur offshore est en train de s’orienter vers des activités à plus forte intensité de qualification et à plus forte valeur ajoutée, comme la fabrication d’équipements électriques et informatiques ou les services aux entreprises et liés aux TIC, qui ont été très créateurs d’emplois depuis 2005 (Graphique 2.10). L’accord d’association de 1998 avec l’Union européenne a amélioré l’accès des entreprises manufacturières à des intrants et des biens d’équipement de meilleure qualité et a ouvert des débouchés pour les produits à plus forte valeur ajoutée (Commission européenne, 2021[15]). Cela a été particulièrement bénéfique pour les industries mécaniques et électriques, dont la part dans le PIB est passée de 3 % en 2002 à 5.4 % en 2019, et dans les exportations totales de marchandises de 19 % à 47 %.

Les industries du textile et de l’habillement, qui nécessitent une main-d’œuvre peu qualifiée nombreuse et sont caractérisées par une faible productivité du travail, ont traditionnellement dominé le secteur offshore, et représentaient encore 44 % de l’emploi offshore total en 2019 (Graphique 2.7), calculs de l’OCDE à partir de données tirées du Répertoire National des Entreprises). En raison de l’élimination progressive de l’accord multifibres (AMF) et de la concurrence croissante de la Chine, leur importance a diminué, leur part dans le PIB revenant de 5.4 % en 2002 à 2.5 % en 2019, et de 49 % à 21 % dans les exportations totales de marchandises (calculs de l’OCDE à partir de données de l’INS). Or, ces industries subissent également un changement structurel au profit d’activités à plus forte valeur ajoutée, car l’emploi dans l’industrie de l’habillement et la chaussure a augmenté alors qu’il a fortement diminué dans la production de fibres textiles (Graphique 2.10). La valeur unitaire des exportations tunisiennes de textiles est parmi les plus élevées parmi les importations de l’UE (Plank et Staritz, 2014[16]).

L’emploi informel, défini comme le fait de travailler sans être inscrit à la sécurité sociale ou dans des entreprises non déclarées, a un poids croissant. Lorsque l’on compare le taux de croissance sectorielle de l’emploi à partir de données sur les entreprises (emploi formel dans le secteur privé) aux chiffres de l’enquête sur la population et l’emploi (formel et informel), il apparaît clairement qu’une part importante des emplois créés par les entreprises axées sur le marché local l’a été dans le secteur informel. En particulier, le BTP, le commerce de gros et de détail, et les hôtels et restaurants ont contribué à cette hausse (Graphique 2.8, Graphique 2.10). La part dans l’économie de l’emploi informel est passée à 45 % en 2019 (INS, 2020[17] ; CRES, 2016[18]). C’est dans l’agriculture que son taux est le plus élevé (86 %), suivie du BTP (69 %) et du commerce de gros et de détail (65 %) (Graphique 2.11). Même dans les industries manufacturières dominées par des entreprises offshore, telles que le textile et l’habillement et les industries mécaniques et électriques, les taux d’informalité sont supérieurs à 15 %. Les emplois dans le secteur public sont pour la plupart formels, ce qui les rend très intéressants pour les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur (Boughzala, 2019[1]).

L’emploi informel est particulièrement fréquent chez les hommes de moins de 30 ans n’ayant pas dépassé l’enseignement secondaire. La plupart d’entre eux travaillent dans de petites entreprises informelles, perçoivent des salaires modestes, ne bénéficient pas de la sécurité sociale et souffrent de conditions de travail difficiles en raison du non-respect des normes de santé et de sécurité (Boughzala, 2019[1]). Certes, dans de nombreuses économies de marché émergentes, le travail informel peut aider les jeunes à accéder au marché du travail formel, mais les taux de transition du secteur informel vers le secteur formel sont relativement faibles en Tunisie (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). En outre, la part de l’emploi informel est très élevée dans les régions frontalières avec l’Algérie et la Libye, un phénomène qui vient s’ajouter à la présence d’activités de contrebande et de commerce de détail illicite (Ayadi et al., 2013[19] ; CRES, 2016[18]). L’incitation à se livrer au commerce transfrontalier illicite est grande, car les écarts de prix de nombreux biens sont importants en raison des différences considérables en matière de subventions et de fiscalité, mais aussi des barrières tarifaires et non tarifaires élevées en Tunisie (Ayadi et al., 2013[19]). En outre, les faibles capacités de contrôle et répression encouragent les activités de contrebande et l’emploi informel.

Même dans le secteur formel, les conditions de travail sont souvent précaires. Plus de 40 % des jeunes occupent des emplois d’ouvrier peu qualifiés, les femmes se consacrant principalement aux activités d’assemblage dans les industries textiles, mécaniques et électriques, et les jeunes hommes occupant des postes d’ouvriers non qualifiés (Boughzala, 2019[1]). Dans plus de 55 % des cas, les contrats de travail des jeunes sont oraux et de courte durée (Boughzala, 2019[1]). La part des contrats à durée indéterminée est modeste, car de nombreuses entreprises des secteurs à faible intensité de qualification cherchent à éviter des coûts de licenciement élevés et puisent dans un vaste réservoir de jeunes chômeurs ou inactifs (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Les diplômés de l’enseignement supérieur qui ont un emploi bénéficient généralement de meilleures conditions de travail et gagnent des salaires plus élevés que les travailleurs moins qualifiés, mais ils doivent souvent accepter des emplois différents de leur domaine d’études, et sont surqualifiés. Cela concerne particulièrement ceux issus des filières techniques et des sciences humaines (Boughzala, 2019[1]).

Des réformes structurelles sont nécessaires pour dynamiser le secteur privé et favoriser le développement d’activités à plus forte valeur ajoutée, de façon à pouvoir exploiter pleinement le potentiel, en termes de croissance économique, du nombre croissant de diplômés de l’enseignement secondaire et supérieur. Seuls des gains de productivité rendront possible une augmentation des salaires réels et des niveaux de vie à long terme. Pour cela, il faut investir davantage et mieux dans le capital physique et humain, mais aussi allouer plus efficacement la main-d’œuvre et le capital à des entreprises et des secteurs plus productifs (Haltiwanger et al., 2013[20] ; Hsieh et Klenow, 2009[21]).

Les obstacles à l’entrée et des réglementations anticoncurrentielles réduisent la concurrence et affaiblisent les incitations aux entreprises en place à innover et à améliorer les processus de production (Morsy, Bassem et Selim, 2018[22]). Les régimes d’autorisation pour entrer sur un nouveau marché ou offrir un nouveau produit ou service sont nombreux et imposent des procédures opaques et longues, ce qui décourage l’esprit d’entreprise et l’investissement (Banque mondiale, 2020[14]). Le système fiscal est trop complexe en raison des différents dispositifs d’incitations et de subventions, ce qui entraîne une charge administrative élevée et décourage l’entrée sur le marché et la régularisation, en particulier pour les petites entreprises (OCDE, 2018[8]). La faiblesse du cadre de la concurrence et des pouvoirs du Conseil de la concurrence rendent plus diffcile la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles des entreprises en place (Morsy, Bassem et Selim, 2018[22]). En outre, la prédominance des entreprises publiques s’étend aux secteurs non stratégiques. Des contrôles des prix et des subventions aux producteurs faussent le fonctionnement des marchés, entravant l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché et la concurrence (voir le chapitre 1).

L’analyse menée pour la présente Étude révèle que les taux d’entrée sur le marché de nouvelles entreprises sont faibles par rapport aux pays de référence et ont diminué au cours de la dernière décennie, en particulier dans les secteurs protégés dominés par les entreprises axées sur le marché local (Graphique 2.12). Cette évolution a coïncidé avec une diminution de la part des entreprises qui conçoivent des produits ou processus de production innovants et qui investissent dans le capital physique et humain ou dans la recherche et développement (Graphique 2.13). La productivité du travail a reculé dans tous les secteurs. Les barrières d’entrée et la charge administrative élevées contribuent également à l’informalité, car les entreprises plus petites et moins productives ne peuvent se permettre d’employer toutes les personnes qu’il faudrait pour respecter des procédures administratives coûteuses, et optent de ce fait pour le secteur informel.

Pour favoriser la concurrence et l’innovation, et accroître la productivité ainsi que la création d’emplois dans le secteur formel, il est crucial d’abaisser les obstacles à l’entrée et d’alléger les formalités administratives liées aux obligations d’autorisation à fournir pour entrer sur un marché ou pour investir, et de réduire la complexité excessive des dispositifs d’incitations fiscales et de subventions (Banque mondiale, 2020[14]). De nombreuses formalités administratives peuvent désormais être effectuées en ligne, ce qui constitue un pas dans la bonne direction. Mais cette transition numérique doit s’accompagner d’une réduction des obligations d’autorisation préalable et de licence, avec introduction d’une règle de consentement tacite chaque fois que possible. De plus, on a vu qu’une centralisation des procédures administratives de création d’entreprise sous la forme d’un guichet unique a permis de réduire les formalités imposées aux entreprises et a facilité l’entrée sur le marché dans de nombreux pays, par exemple au Portugal ( (OCDE, 2019[23] ; OCDE, 2020[24]). Parallèlement, il convient de simplifier le système fiscal, car la complexité des nombreux régimes d’incitations et de subventions génère une lourde charge, surtout pour les petites entreprises (voir le chapitre 1). Enfin, une meilleure mise en œuvre du droit de la concurrence contribuerait à réduire le comportement anticoncurrentiel de certaines entreprises en place (voir le chapitre 1). Il faudrait pour cela veiller à garantir l’indépendance du Conseil de la concurrence et à le doter de ressources humaines suffisantes (OCDE, à paraître[25]).

L’import-export est devenu plus compliqué pour les entreprises en Tunisie (Graphique 2.13). La faible qualité des transports et des infrastructures numériques freine l’intégration nationale et internationale de l’économie, à quoi s’ajoutent les droits de douane et obstacles non tarifaires élevés protégeant les entreprises nationales (voir le chapitre 1). En plus d’augmenter les coûts de production de toutes entreprises, cette situation réduit les pressions concurrentielles sur les entreprises en place, diminue les incitations à innover et entrave la réaffectation des travailleurs et du capital vers des entreprises et des activités plus productives (Morsy, Bassem et Selim, 2018[22] ; Bloom, Draca et Van Reenen, 2016[26]).

En particulier, la longueur et la complexité des procédures d’obtention de licences d’importation non automatiques et de dédouanement font augmenter fortement les coûts à l’importation et sont des sources potentielles d’intervention de groupes de pression ou de corruption (Graphique 2.13) (Banque mondiale, 2020[14]). Le passage au numérique et la simplification des formalités douanières et des procédures d’autorisation constitue un progrès considérable, mais il faudrait introduire pour tous les produits un système de licences automatiques assorti de contrôles a posteriori. Les procédures de licences d’importation non automatiques et les contrôles prévus sont censés garantir la santé et la sécurité des consommateurs tunisiens. Néanmoins, le choix des produits soumis à de telles obligations est laissé à la discrétion des autorités et ne respecte pas des critères clairs fondés sur des procédures d’évaluation des risques, si bien que des motivations relevant du protectionnisme peuvent entrer en jeu (Grundke et Moser, 2019[27]). De plus, faute de reconnaissance des certificats étrangers d’évaluation de conformité et de qualité des produits, de nombreux produits importés doivent avoir un certificat tunisien d’évaluation de conformité ou faire l’objet d’une autorisation délivrée par la Tunisie, ce qui nécessite là aussi des procédures administratives longues et complexes (Commission européenne, 2019[28]). La mise en place de licences d’importation automatiques pour tous les produits, avec des contrôles a posteriori transparents fondés sur des procédures d’évaluation des risques permettrait de réduire considérablement les coûts d’importation tout en garantissant la santé et la sécurité des consommateurs (Grundke et Moser, 2019[27] ; OCDE, 2019[29]).

De la même façon, les procédures d’obtention de licences d’exportation, complexes et discrétionnaires, constituent un sérieux obstacle pour de nombreux producteurs dans les secteurs agricole et agroalimentaire (Banque mondiale, 2020[14]). Les licences d’exportation automatiques, qui sont la norme pour les entreprises offshore, ont été récemment étendues aux entreprises axées sur le marché local ayant un mécanisme de test de la qualité des produits ou un label qualité reconnus au niveau national ou international. Cependant, de nombreuses entreprises de petite taille ne sont pas en mesure de remplir cette obligation, ce qui complique leur accès aux marchés d’exportation (voir ci-dessous). Améliorer le système tunisien de test et de certification de la qualité des produits et sa reconnaissance internationale ainsi que les systèmes de contrôle des risques, et mettre en place des procédures de licences d’exportation automatiques assorties de contrôles a posteriori pour toutes les entreprises sont des mesures qui pourraient contribuer à augmenter les exportations agricoles et agroalimentaires et à créer des emplois dans les zones rurales (Rudloff, 2020[30]). Améliorer la reconnaissance mutuelle des procédures et certificats d’évaluation de conformité avec d’importants partenaires commerciaux, par exemple dans le cadre d’accords commerciaux exhaustifs, pourrait faciliter grandement les activités d’import-export des entreprises jusqu’à présent axées sur le marché local (Rudloff, 2020[30]).

Les droits de douane moyens sur les produits intermédiaires et les biens d’équipement sont élevés, ce qui augmente le prix des intrants et entrave la disponibilité de produits et de biens d’équipement de qualité (Graphique 2.14). Cela tient principalement au niveau élevé des droits de douane à l’importation de produits en provenance de Chine, car les droits de douane sur les importations manufacturières venant de l’UE ont été réduits dans le contexte des accords d’association conclus avec l’UE depuis 1998 (Commission européenne, 2021[15]). Cela étant, certaines importations de l’UE comme les véhicules à moteur et pièces détachées sont toujours soumises à des droits d’accise importants et à des quotas d’importations et font l’objet de licences d’importation ou de distribution non automatiques (OCDE, 2019[31] ; Commission européenne, 2019[28]). L’amélioration des conditions d’approvisionnement en intrants intermédiaires et en biens d’équipement réduirait les coûts de production et permettrait aux entreprises nationales d’améliorer leurs processus de production grâce à de nouvelles machines équipées de technologies plus poussées (Goldberg et al., 2009[32] ; Amiti et Konings, 2007[33]). Les analyses au niveau des entreprises menées aux fins de la présente Étude montrent qu’il existe une relation positive forte entre l’utilisation d’intrants intermédiaires importés et la productivité multifactorielle des entreprises tunisiennes (Encadré 2.1) (Cassimon et Grundke, à paraître[12]). De plus, les entreprises qui utilisent une technologie cédée en licence par une entreprise étrangère affichent une productivité multifactorielle supérieure de 5.6 %, ce qui souligne bien l’importance de la réduction des obstacles à l’importation pour faciliter la diffusion de la technologie.

Des analyses menées à partir de données sectorielles tunisiennes révèlent qu’une réduction de 50 % des droits de douane sur les intrants augmenterait d’environ 10 % la productivité du travail mesurée par la valeur ajoutée par travailleur (Graphique 2.15). Ces gains de productivité stimuleraient les exportations, en particulier dans les entreprises jusqu’à présent axées sur le marché local, qui augmenteraient leurs exportations de plus de 25% (Graphique 2.15). Les entreprises offshore sont exemptées de droits de douane et donc cette réduction n’aurait que peu d’effet sur leurs exportations (Cassimon et Grundke, à paraître[12] ; Joumard, Dhaoui et Morgavi, 2018[13]).

Pour les entreprises axées sur le marché local, la disponibilité d’intrants et de biens d’équipement moins chers et de meilleure qualité entraînerait des gains de productivité importants et une compétitivité accrue, conditions indispensables d’une progression des salaires réels. De nombreux producteurs nationaux de produits intermédiaires réagiraient au renforcement de la concurrence étrangère en modernisant leurs processus de production et en améliorant leurs produits, et seuls les moins productifs perdraient des parts de marché (Amiti et Khandelwal, 2013[34] ; Topalova et Khandelwal, 2011[35] ; Pavcnik, 2002[36]). Dans les secteurs des services, l’arrivée de concurrents internationaux pourrait également entraîner une baisse des prix et une amélioration de la qualité, contribuant ainsi à des gains de productivité dans les secteurs manufacturiers utilisant ces services comme intrants (Hoekman et Mattoo, 2008[37] ; Arnold et al., 2015[38] ; Eppinger, 2019[39]). En outre, il est démontré que l’augmentation des activités d’importation des entreprises peut contribuer à la création de réseaux à l’étranger et à l’acquisition de connaissances sur les marchés extérieurs, facteur fondamental pour accroître les exportations (Blalock et Veloso, 2007[40] ; He et Dai, 2017[41]).

L’ouverture aux échanges commerciaux apportera des gains de productivité, d’emploi et de salaire à long terme, mais elle est susceptible de provoquer des changements structurels dans l’économie. Cette évolution est déterminante s’agissant de la productivité, mais peut être une source de défis lors de la transition. Les entreprises doivent améliorer la qualité de leurs produits et modérer leurs prix élevés, fruits d’une concurrence peu développée sur le marché national (Amiti et Khandelwal, 2013[34] ; De Loecker et al., 2016[42]). Si cela a un effet revitalisant sur les entreprises nationales les plus productives qui profitent de nouveaux débouchés à l’export, se développent, investissent dans de nouvelles technologies et embauchent des travailleurs, certaines entreprises à faible productivité quittent le marché, libérant ainsi des ressources pour la croissance des entreprises et des secteurs plus productifs (Melitz, 2003[43] ; Pavcnik, 2002[36] ; Criscuolo, Gal et Menon, 2014[44] ; Araújo et Paz, 2014[45]). C’est précisément ce processus de réaffectation qui permettra au capital et à la main-d’œuvre de circuler vers des secteurs ou des entreprises plus productifs, où des emplois mieux rémunérés pourront être créés (Brandt, Van Biesebroeck et Zhang, 2012[46] ; Criscuolo, Gal et Menon, 2014[44]). Une fraction importante des gains de productivité obtenus dans les économies avancées peut être attribuée à ces effets de réallocation (Hsieh et Klenow, 2009[21]).

L’analyse menée pour la présente Étude à l’aide des données par entreprise pour la Tunisie concorde avec l’évidence internationale selon laquelle la protection des producteurs nationaux contre la concurrence étrangère tend à figer les structures sectorielles existantes et à entraver la réaffectation des ressources vers des entreprises et activités plus productives (Graphique 2.16,Encadré 2.1). Dans l’industrie agroalimentaire, où les droits de douane et les mesures non tarifaires (MNT) sont relativement contraignants, l’allocation des ressources entre les entreprises n’explique que 5 % de la productivité sectorielle moyenne, qui est beaucoup plus faible que dans l’industrie métallurgique, caractérisée par une protection moindre contre les importations. Autrement dit, dans la fabrication de produits alimentaires, les ressources sont bloquées dans des entreprises à faible productivité, alors qu’elles pourraient être utilisées dans des entreprises plus productives.

Une exposition des secteurs protégés à davantage de concurrence nationale et internationale n’aurait pas les mêmes conséquences pour toutes les entreprises. Le renforcement de la concurrence ferait probablement sortir du marché certaines entreprises à faible productivité, mais, en même temps, la dispersion élevée de la productivité dans la fabrication de produits alimentaires fait penser qu’il s’y trouve probablement des entreprises capables de résister à la concurrence étrangère (Cassimon et Grundke, à paraître[12]). La concurrence extérieure les amènerait à moderniser leurs processus de production, à accroître la qualité de leurs produits et à créer des emplois (Pavcnik, 2002[36] ; Criscuolo, Gal et Menon, 2014[44]). Les entreprises les plus productives du secteur pourraient commencer à exporter vers des marchés de niche dans des pays développés ou d’autres pays de la région. Jusqu’à présent, la place importante du secteur informel et les faibles qualifications des travailleurs agricoles dans le segment supérieur de la chaîne d’approvisionnement ont freiné la mise en place d’une gestion moderne des chaînes d’approvisionnement. Or, davantage de pression extérieure en faveur de la mise en place de systèmes de contrôle et de certification de la qualité pourrait déboucher sur la création de nouveaux marchés à l’exportation (Maertens et Swinnen, 2009[49]), et donc sur des créations d’emplois formels dans le secteur, comme l’ont montré de récents projets pilotes dans la filière du secteur laitier.

Les processus de réaffectation déclenchés par le renforcement de la concurrence nationale et internationale obligeraient certains travailleurs à s’orienter vers des entreprises plus productives du même secteur. La formation nécessaire sera probablement moins importante que s’ils avaient été transférés vers d’autres secteurs (OCDE, 2020[50] ; Bechichi et al., 2018[51]). Néanmoins, les entreprises d’un même secteur s’appuient sur des processus de production et des technologies différents (Andrews, Criscuolo et Gal, 2015[52]). L’adoption croissante des technologies dans les entreprises proches de la frontière technologique et hautement productives modifiera les tâches et obligera les travailleurs embauchés par des entreprises plus productives à actualiser leurs compétences (Bechichi et al., 2019[53] ; Hummels et al., 2012[54] ; Hummels, Munch et Xiang, 2018[55]). Les travailleurs qui conservent leur emploi devront également mettre à jour leurs compétences en raison de la transformation numérique des processus de production (Spitz-Oener, 2006[56] ; OCDE, 2020[50]). En outre, la mondialisation rend de plus en plus nécessaire un savant mélange de compétences cognitives et socio-interactives (Grundke et al., 2018[57] ; Hummels, Munch et Xiang, 2018[55]).

Étant donné que les dispositifs actuels de protection contre les importations varient considérablement d’un secteur à l’autre, l’ouverture au commerce international aurait des effets hétérogènes selon les secteurs (Cassimon, Grundke et Kowalski, à paraître[58]). Les simulations effectuées pour cette Étude à l’aide du modèle d’équilibre général METRO de l’OCDE montrent qu’une réduction unilatérale de 50 % des droits de douane et des mesures non tarifaires (MNT) entraînerait une expansion de la production et de l’emploi dans les secteurs des équipements électroniques, de l’automobile, de l’agriculture et de l’agroalimentaire, du textile, des TIC, des services aux entreprises et du tourisme (Graphique 2.17). Un meilleur accès aux intrants et aux biens d’équipement donnerait un coup de pouce à la productivité et à la compétitivité des exportations (Cassimon, Grundke et Kowalski, à paraître[58]). La production de céréales diminuerait, car ce secteur est actuellement fortement protégé et la Tunisie n’y a pas d’avantage comparatif. Cependant, d’autres activités agricoles et la fabrication de produits agroalimentaires se développeraient fortement et absorberaient les travailleurs ayant perdu leur emploi dans la production de céréales.

L’ouverture aux échanges commerciaux entraînerait une forte augmentation de la demande de main-d’œuvre et une diminution du chômage (Graphique 2.17). En particulier, la demande de main-d’œuvre hautement qualifiée augmentarait fortement, car 160 000 emplois additionels seraient creés pour les cadres et les professions intellectuelles et scientifiques, une augmentation de 16% des postes pour cette categorie. L’emploi des cadres administratifs et du personnel des services directs augmenterait de 30 000 unités pour chaque categorie, tandis que pour les techniciens, les professions intermédiaires et les ouvriers l’augmentation serait de 20 000 emplois chaqun. De nombreux chômeurs devraient ainsi rémplir des emplois nouvellement creés dans des secteurs et des professions où ils n’ont aucune expérience (Cassimon, Grundke et Kowalski, à paraître[58]). Cette nécessaire réaffectation de la main-d’œuvre vers les secteurs en expansion nécessitera des investissements substantiels dans la reconversion des travailleurs, car les exigences en matière de compétences et le contenu des tâches diffèrent considérablement entre les secteurs et les professions (Bechichi et al., 2019[53]). En repérant les secteurs et les professions où les besoins de formation seront importants, il devient plus facile de cibler correctement les politiques de formation et d’éducation. En outre, il est souhaitable de recenser les secteurs et les professions présentant un potentiel de création d’emplois particulièrement élevé pour ainsi mieux orienter le contenu des formations.

Les TIC et les services aux entreprises, qui sont des activités à forte valeur ajoutée, peuvent créer des emplois de bonne qualité pour un grand nombre de diplômés de l’enseignement supérieur (Encadré 2.2). L’allègement des restrictions pesant sur le commerce des services par la conclusion d’accords commerciaux bilatéraux ou régionaux, notamment avec des partenaires africains, mais aussi avec l’UE, pourrait constituer un levier d’action important pour accroître encore les exportations de services et la demande de main-d’œuvre hautement qualifiée. Par ailleurs, la création d’emplois formels dans les entreprises offshore a concerné presque exclusivement les régions côtières jusqu’à présent, car les politiques industrielles et les coûts commerciaux moins élevés y ont attiré les investissements directs étrangers (OCDE, 2015[7] ; Banque mondiale, 2020[14]). Investir dans les infrastructures numériques des régions de l’intérieur et y attirer des activités liées aux TIC et aux services aux entreprises pourrait contribuer à réduire le taux de chômage élevé des diplômés de l’enseignement supérieur dans ces régions.

L’agriculture et la production agroalimentaire jouent aussi un rôle essentiel dans la création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité dans les zones rurales. C’est pourquoi des accords commerciaux exhaustifs sont indispensables pour ouvrir aux produits agricoles de nouveaux marchés à l’exportation, mais ils doivent être accompagnés par des améliorations, au plan national, de la gestion des chaînes d’approvisionnement et de l’assurance qualité au moyen de procédures de traçage, de test et de certification (Encadré 2.3, voir aussi ci-dessus) (Commission européenne, 2019[28] ; Commission européenne, 2021[15] ; Rudloff, 2020[30]). Le niveau élevé de l’informalité et les faibles qualifications des travailleurs agricoles dans le segment supérieur des chaînes d’approvisionnement ont jusqu’ici rendu difficile l’assurance qualité, et nombreuses sont les entreprises qui ont du mal à accéder à des marchés étrangers du fait de l’absence de certificats reconnus d’évaluation de conformité (Rudloff, 2020[30]). Les analyses au niveau des entreprises menées pour la présente Étude montrent que les entreprises tunisiennes qui possèdent une certification de qualité reconnue au niveau international pour leurs produits affichent en moyenne une productivité multifactorielle supérieure de 2.2 % à celle des entreprises qui ne la possèdent pas (Encadré 2.1) (Cassimon et Grundke, à paraître[12]). Améliorer la gestion de la chaîne d’approvisionnement et les procédures nationales de contrôle qualité et de certification suppose une coordination et une coopération étroites entre les différentes parties prenantes (Encadré 2.3).

Pour que la Tunisie puisse exploiter pleinement son potentiel agricole, il est également indispensable de réduire les facteurs de distorsion des marchés comme l’encadrement des prix, les subventions et les régimes de licences de distribution et d’exportation, afin de mettre en place des incitations adéquates en direction des producteurs de produits agricoles et agroalimentaires (OCDE, 2019[31] ; Rudloff, 2020[30]). Il est également indispensable d’améliorer le fonctionnement des marchés fonciers et de réduire la part des terres arables non utilisées pour inciter l’entrée des entreprises et à créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité dans les zones rurales.

Bien que les taux de chômage soient élevés, une part importante et croissante des offres publiées par le service public de l’emploi ne peut pas être satisfaite (Graphique 2.18). Les entreprises des secteurs à faible intensité de qualification, tels que le textile et l’habillement, le BTP, le tourisme et l’agriculture, sont nombreuses à ne pas trouver de main-d’œuvre possédant les compétences qu’elles recherchent (Boughzala, 2019[1] ; IACE, 2019[11]). Cela est d’autant plus surprenant que le nombre de diplômés sans emploi dans les programmes d’ éducation et formation professionnelle (EFP) initiaux liés à ces secteurs est plus élevé que dans les autres programmes d’EFP (ONEQ, 2017[61]). Le même phénomène est observé pour les travailleurs plus qualifiés. De nombreuses entreprises, notamment dans le secteur des TIC et des services aux entreprises, ainsi que dans le secteur manufacturier, se plaignent de ne pas trouver de diplômés de l’enseignement supérieur suffisamment qualifiés dans le domaine des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM). Cependant, en 2018, 65 % des diplômés de l’enseignement supérieur au chômage détenaient au moins un diplôme technique de trois ans dans ce domaine et 30 % étaient même titulaires d’un master (Boughzala, 2019[1] ; IACE, 2019[11]). Il est également difficile pour les entreprises de recruter des candidats possédant l’ensemble des compétences requises pour pourvoir les autres postes d’employés vacants, notamment dans la gestion d’entreprise.

Les difficultés de recrutement de travailleurs possédant les compétences adéquates sont dues à la faiblesse de la qualité et des résultats des systèmes d’enseignement de base et des programmes d’EFP initiaux. Les taux de décrochage dans l’enseignement secondaire sont élevés et seuls les élèves les plus en difficulté et ceux qui abandonnent leurs études choisissent les programmes d’EFP initiaux (UNICEF et INS, 2019[3]). En conséquence, de nombreux diplômés de l’EFP ne possèdent pas de compétences techniques et non techniques et le savoir-être (soft skills) de base et ne sont pas en mesure de lire, d’écrire et de communiquer correctement (UNICEF, 2020[5]). L’inadéquation des compétences et des qualifications sur le marché du travail s’explique également par la faible capacité des programmes d’EFP et du système d’enseignement supérieur à prendre en compte les besoins en compétences du secteur privé. De nombreux programmes d’études sont dépassés et les établissements d’enseignement n’apportent pas aux étudiants les connaissances techniques, les outils et les soft skills exigés par les entreprises, ce qui est particulièrement problématique pour les diplômés en STEM (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Par ailleurs, les élèves du deuxième cycle de l’enseignement de base ne sont pas informés correctement sur les tendances du marché du travail ni orientés dans leurs choix éducatifs. Souvent, ils se tournent donc vers des programmes d’EFP et des disciplines de l’enseignement supérieur pour lesquels la demande de main-d’œuvre est relativement faible (Boughzala, 2019[1]).

Outre les compétences techniques et professionnelles, de nombreux candidats manquent de soft skills fondamentales, comme le confirme une enquête en ligne que nous avons menée auprès de grandes entreprises nationales et étrangères en Tunisie pour la préparation de ce rapport (Graphique 2.19, Encadré 2.4). De nombreuses entreprises trouvent difficilement des candidats ayant un niveau suffisant de compétences en matière de communication orale et écrite, de travail en équipe et de résolution des problèmes et des conflits. Les compétences en langues étrangères sont également rares parmi les candidats. Cela constitue un problème épineux pour les entreprises davantage intégrées aux chaînes de valeur mondiales, qui doivent communiquer avec des fournisseurs et des clients étrangers (Grundke et al., 2017[62]). Ce type de soft skills fait également défaut à de nombreux employés en poste et constitue donc le cœur de la formation professionnelle continue dans les grandes entreprises (Cassimon et Grundke, à paraître[12]). En outre, les entreprises consacrent de nombreuses heures de formation à parfaire les compétences en gestion et en informatique de leurs employés.

Pour doter les nouveaux arrivants sur le marché du travail des compétences cognitives et soft skills de base suffisantes, l’élargissement de l’accès à l’enseignement de base ne suffit pas : des progrès importants sont nécessaires sur le plan de la qualité. La Tunisie a fortement développé l’accès à l’éducation depuis les années 1980, en y consacrant davantage de dépenses, notamment avec l’embauche d’enseignants et l’expansion des infrastructures scolaires (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Les taux bruts de scolarisation dans l’enseignement secondaire sont passés de 45 % au début des années 1990 à 92 % en 2018, et, pour l’enseignement supérieur, de 8  à 32 % respectivement (UNICEF, 2020[5] ; Banque mondiale, 2021[63]). Le niveau d’éducation de la jeune génération s’est considérablement amélioré, en particulier pour les femmes (Graphique 2.20). La part des 25-34 ans qui ont terminé l’enseignement secondaire ou l’enseignement supérieur n’est pas loin de la moyenne des pays de l’OCDE, et l’augmentation du niveau d’éducation par rapport à la génération précédente a été la plus prononcée parmi les pays de l’échantillon (Graphique 2.20).

Cependant, bien que les dépenses publiques consacrées à l’éducation soient relativement élevées à l’échelle internationale, les résultats scolaires sont faibles et se sont même dégradés (Graphique 2.21). En 2015, les résultats moyens des élèves tunisiens dans le cadre du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de l’OCDE étaient parmi les plus bas des pays participants et avaient empiré par rapport à 2012. L’écart entre la moyenne des résultats des pays de l’OCDE et ceux de la Tunisie équivaut à environ 3 années de scolarité (UNICEF, 2020[5]). Ils sont particulièrement faibles en ce qui concerne la lecture et les compétences en communication : plus de 70 % des élèves n’étaient pas en mesure de comprendre correctement des textes courts à la syntaxe simple (UNICEF, 2020[5]). En outre, les résultats moyens en calcul et dans les sciences sont également faibles (OCDE, 2016[64]).

Un autre indicateur de la faiblesse de l’éducation de base est le nombre élevé d’étudiants qui échouent chaque année à l’examen final de l’enseignement secondaire. De 2010 à 2019, leur part est passée de 30 à 70 %, si bien que les résultats ont baissé dans toutes les filières de l’enseignement secondaire (Graphique 2.22). Si on exclut les étudiants qui repassent l’examen, environ 51 % des inscrits n’ont pas terminé l’enseignement secondaire et 26 % n’ont même pas terminé l’enseignement de base (UNICEF et INS, 2019[3]). Plus de 10 % des élèves abandonnent l’enseignement secondaire chaque année et environ 20 % doivent redoubler une classe, les garçons étant davantage concernés que les filles (données du ministère de l’Éducation).

Les faibles résultats des étudiants sont fortement liés à la mauvaise affectation des ressources et à la faible qualité de l’enseignement. La forte croissance de la population jeune depuis les années 1990, qui s'ajoute à l’augmentation des taux de scolarisation, a soumis le système éducatif à d’énormes pressions (UNICEF, 2020[5]). Bien que de nombreux enseignants aient été embauchés depuis 2011, le recrutement n’a pas été porté sur les matières ou les régions où la pénurie d’enseignants est la plus marquée. La moyenne d’élèves par enseignant est relativement basse en comparaison avec d’autres pays, mais elle varie largement d’une région à l’autre, et de nombreuses écoles de zones reculées ont des difficultés à assurer des cours pour toutes les filières de l’enseignement secondaire en raison de la pénurie d’enseignants (UNICEF, 2020[5] ; OCDE, 2016[64]).

Nombre des nouveaux enseignants n’ont pas suivi une formation pédagogique en bonne et due forme, car les critères de recrutement ont été assouplis depuis 2011 et de nombreux diplômés de disciplines proches titulaires d’un simple master obtenu en un an peuvent devenir enseignants dans le secteur public (UNICEF, 2020[5] ; UNICEF et INS, 2019[3]). Le manque de compétences pédagogiques est également lié à la détérioration de la qualité de la formation initiale et continue des enseignants, en raison du manque de formateurs et de programmes d’études dépassés. Entre 2007 et 2016, le système de formation des formateurs d’enseignants a été suspendu (UNICEF, 2020[5]). De nombreux enseignants âgés et très qualifiés prendront leur retraite au cours des prochaines années. Par conséquent, la priorité devrait être donnée à la formation adéquate des jeunes enseignants déjà recrutés, notamment aux méthodes pédagogiques, et à l’amélioration de la formation initiale des enseignants et de la qualité du recrutement.

Le système d’évaluation des enseignants n’incite pas à la performance (UNICEF, 2020[5]). En liant l’évaluation des enseignants et les primes existantes à une amélioration des résultats aux examens annuels nationaux des élèves du cycle primaire et secondaire de l’enseignement de base ainsi que de l’enseignement secondaire, on pourrait inciter les enseignants à participer à des formations supplémentaires et à améliorer leurs méthodes pédagogiques. (OCDE, 2020[65]). De même, les salaires et les primes devraient être modulés pour encourager la mutation des enseignants performants vers les écoles des régions défavorisées confrontées à des difficultés, où les taux de décrochage sont plus élevés et les résultats des élèves moins bons. Il serait aussi souhaitable d’utiliser un système de recrutement, d’évaluation et d’affectation qui classe les candidats en fonction de plusieurs critères de performance afin d’améliorer l’adéquation entre les compétences des enseignants et les différents postes proposés. Les besoins en compétences pour les postes d’enseignants varient considérablement selon les types d’écoles et selon le milieu socioéconomique des enfants. En sélectionnant davantage d’étudiants issus de zones défavorisées pour la carrière d’enseignant, on pourrait également faciliter leur affectation dans des établissements difficiles après l’obtention du diplôme.

La dégradation des infrastructures scolaires a nui au cadre d’apprentissage, réduit le choix de filières d’enseignement dans les écoles secondaires et contribué à des taux de décrochage élevés (UNICEF, 2020[5]). Les dépenses publiques en infrastructures scolaires ont diminué au cours de la dernière décennie. Les fortes hausses de salaire et les embauches supplémentaires ont exercé une pression sur le budget de l’éducation, portant la part des salaires dans les coûts à plus de 95 % en 2019 (UNICEF, 2020[5]). Environ 70 % des écoles ne sont pas raccordées au réseau d’assainissement (Benstead, 2021[66]). De nombreux établissements ne disposent pas de laboratoires et d’équipements fonctionnels pour les matières techniques, les sciences naturelles et l’informatique, ce qui oblige de nombreux élèves à choisir une filière de langues ou de gestion d’entreprise et pèse sur leur motivation et leurs résultats (UNICEF et INS, 2019[3]). Cela explique en partie les résultats particulièrement mauvais des élèves de ces filières à l’examen national de l’enseignement secondaire (Graphique 2.22). En outre, de nombreux ménages à faibles revenus n’ont pas suffisamment accès à Internet, et les possibilités d’apprentissage en ligne sont limitées dans de nombreuses écoles (Benstead, 2021[66]). Les TIC et les compétences associées joueront un rôle croissant tout au long de leur vie et il est donc crucial d’améliorer l’infrastructure correspondante dans les écoles et que tous les enfants puissent en profiter (OCDE, 2020[50]).

En raison des contraintes budgétaires et du niveau déjà élevé des dépenses d’éducation (Graphique 2.21), l’amélioration des infrastructures éducatives n’est possible qu’en augmentant l’efficience des dépenses et en réduisant la masse salariale publique. La moyenne d’élèves par enseignant relativement basse montre qu’il est possible de procéder à des ajustements, qui devraient s’accompagner d’une meilleure répartition des enseignants entre les écoles et les matières. Cependant, le dialogue entre les syndicats d’enseignants et le gouvernement sur la réforme de l’éducation est actuellement dans une impasse. Ce conflit a eu de nombreuses répercussions pour les enfants : les écoles sont restées fermées pendant plusieurs mois en 2018 en raison de grèves (UNICEF et INS, 2019[3]). Il est prioritaire de relancer le dialogue et de trouver des solutions pour améliorer l’infrastructure éducative et la qualité de l’enseignement, et d’achever la réforme en cours. Les associations de parents d’élèves devraient participer plus activement à ce processus pour représenter les intérêts de leurs enfants (UNICEF, 2020[5]).

Le changement de la langue d’enseignement entre l’enseignement de base et l’enseignement secondaire entraîne une forte baisse des résultats, en particulier pour les enfants issus de milieux défavorisés. Dans l’enseignement de base, qui dure 9 ans, toutes les matières sont enseignées en arabe, qui est la langue parlée au quotidien, notamment par les familles. Cependant, dans le secondaire, on passe au français pour toutes les matières, ce qui sème la confusion et entraîne une forte baisse des résultats pour de nombreux élèves, non seulement en langues, mais aussi en mathématiques et en sciences (Graphique 2.23) (UNICEF, 2020[5]). Les élèves issus de foyers à faibles revenus souffrent le plus de ce changement, car ils ont moins la possibilité de parler le français avec leur famille et de suivre des cours particuliers (Graphique 2.24). Des élèves issus du quantile de familles à plus bas revenu, environ 53 % ont terminé l’enseignement de base, mais seulement 24 %, l’enseignement secondaire (Graphique 2.23). Une meilleure continuité entre l’enseignement primaire et secondaire grâce à l’utilisation d’une seule langue d’enseignement serait particulièrement bénéfique aux enfants issus de familles à faibles revenus, mais risquerait de diminuer les compétences en langue de français chez les diplômés de l’enseignement secondaire (Angrist et Lavy, 1997[67]). Cela pourrait avoir des effets négatifs sur leur insertion sur le marché du travail. Pour faciliter la transition entre l’enseignement de base et l’enseignement secondaire, il faudrait assurer aux élèves un apprentissage de qualité de langues dès le plus jeune âge, particulièrement pour les enfants issus de milieux défavorisés.

Les normes d’apprentissage, les programmes d’études et les méthodes d’enseignement associées en primaire et en secondaire sont dépassés et doivent être révisés (UNICEF, 2020[5]). L’accent est mis sur le contenu académique et la préparation aux études universitaires. Le travail d’équipe, les compétences de communication et de présentation et d’autres soft skills rendues plus importantes par la mondialisation et les technologies numériques, ne sont pas suffisamment mis en avant (Grundke et al., 2018[57] ; OCDE, 2020[50]). Le Brésil a récemment revu ses normes et ses programmes d’apprentissage pour l’enseignement préélémentaire, primaire et secondaire et y a ajouté une formation aux compétences du 21e siècle, notamment de nombreuses compétences cognitives et socio-émotionnelles, suivant en cela les meilleures pratiques internationales (OCDE, 2020[65]). Il est nécessaire de combiner des normes et des programmes d’apprentissage modernes et moins académiques avec de nouvelles méthodes d’enseignement pour favoriser le travail en groupe et l’initiative personnelle. Cela permettrait non seulement d’aider les enfants des ménages à faibles revenus, qui peuvent alors s’impliquer davantage, notamment en travaillant avec leurs camarades de classe, mais aussi de contribuer au développement des compétences entrepreneuriales qui font actuellement défaut à de nombreux diplômés (UNICEF, 2020[5] ; IACE, 2019[11]). Il est essentiel d’encourager l’esprit d’entreprise chez les jeunes Tunisiens pour améliorer la dynamique entrepreneuriale et créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité. Pour cela, il faut commencer tôt dans le système d’enseignement de base, car les compétences cognitives et soft skills de base s’acquièrent dès les premières années (Heckman et Mosso, 2014[68] ; Heckman, Pinto et Savelyev, 2013[69]).

Outre la qualité de l’enseignement, le milieu socioéconomique et une éducation satisfaisante dès la petite enfance sont des facteurs déterminants des résultats scolaires dans tous les pays (Graphique 2.24) (OCDE, 2019[70] ; Heckman et Mosso, 2014[68]). Bien que l’accès à l’enseignement préscolaire soit passé de 16 % en 2000 à 44 % en 2018 en Tunisie, son niveau reste inférieur à celui d’autres pays, notamment pour les enfants issus de familles à faibles revenus (Graphique 2.25). Il concerne seulement 17 % des familles pauvres ayant des enfants âgés de 3 à 5 ans, contre 71 % des familles plus aisées (UNICEF, 2020[5]). Par ailleurs, les taux de scolarisation varient fortement d’un gouvernorat à l’autre. Les dépenses consacrées à l’enseignement secondaire et supérieur étant relativement élevées par rapport à d’autres pays, une meilleure efficience des dépenses et la réaffectation des ressources à l’enseignement préscolaire afin d’élargir l’accès des enfants issus de ménages à faibles revenus pourraient avoir des retombées sociales importantes (Graphique 2.21). Cela aiderait aussi à augmenter la participation des femmes au marché du travail, car le manque de crèches et la faible couverture de l’éducation préscolaire renforcent les facteurs culturels qui empêchent les femmes avec des jeunes enfants de participer au marché du travail.

L’alimentation, et l’accès à l’eau potable et à des soins de qualité dès le plus jeune âge jouent un rôle crucial pour le développement des compétences cognitives et sociales (Heckman, Pinto et Savelyev, 2013[69] ; Heckman et al., 2010[71]). Ainsi, il ne suffit pas de faciliter l’accès à l’éducation préscolaire pour les enfants issus de ménages à faibles revenus. Il faut aussi redoubler d’efforts pour éradiquer l’extrême pauvreté, accroître l’accès à des soins de santé universels et améliorer les services d’approvisionnement en eau et d’assainissement au niveau collectif, et notamment dans les écoles (UNICEF, 2020[5] ; Benstead, 2021[66]). Consacrer davantage de ressources au nouveau programme social de transfert électronique de fonds, il est possible d’améliorer la disponibilité des aliments et des soins de santé pour de nombreux enfants pauvres. Les aliments pourraient également être fournis directement dans les écoles pour garantir la qualité de la nutrition, mais il faudrait pour cela améliorer les infrastructures scolaires. À terme, le programme social de transfert d’argent pourrait également être partiellement lié à l’inscription dans l’enseignement préscolaire ou aux visites à domicile des enseignants qui évaluent les pratiques éducatives des parents. Lors de l’attribution des rares places dans les structures d’éducation préscolaire, il faudrait accorder la préférence aux ménages à faible revenu et aux familles monoparentales.

Un meilleur accès à l’enseignement préscolaire pour les pauvres est le principal facteur susceptible de favoriser l’égalité des chances entre tous les enfants, mais il convient aussi de s’attaquer à d’autres faiblesses structurelles du système éducatif de base qui favorisent les enfants de familles plus riches ayant un niveau d’instruction plus élevé (Benstead, 2021[66]). La double structure du système public du deuxième cycle d’enseignement de base et d’enseignement secondaire avec 46 écoles d’élite, accessibles grâce à un examen général après le premier cycle de l’enseignement de base et offrant environ 3000 places par an, accentue la polarisation sociale et affaiblit l’environnement d’apprentissage des autres élèves (UNICEF, 2020[5]). Séparer les meilleurs élèves de leurs camarades réduit considérablement les résultats de certains, en particulier ceux des élèves ayant des compétences moyennes (Burke et Sass, 2013[72]). Les enfants des foyers plus riches ont accès à des cours privés coûteux pour se préparer aux examens d’entrée et ont donc plus de chances d’accéder à ces écoles d’élite, où ils bénéficient d’un enseignement et d’équipements de meilleure qualité, et de l’émulation de leurs pairs (Benstead, 2021[66]). Dans les autres écoles aussi, la capacité des familles à payer des leçons privées augmente les chances d’obtenir de meilleurs résultats aux examens. Il s’agit parfois de paiements directs en espèces (UNICEF, 2020[5] ; Benstead, 2021[66]).

L’amélioration de la qualité de l’enseignement dans toutes les écoles publiques, le renforcement de l’éthique de travail des enseignants et un soutien ciblé aux élèves défavorisés permettraient de réduire le décrochage, d’améliorer les perspectives offertes à tous les élèves et de faire en sorte que le système éducatif puisse contribuer à accroître la mobilité sociale. Il faudrait pour cela notamment étoffer le programme « école de la deuxième chance », qui permet aux jeunes décrocheurs de redoubler le secondaire ou l’EFP jusqu’à l’âge de 20 ans grâce à un soutien pédagogique et financier plus ciblé. Cependant, pour empêcher les élèves de décrocher en premier lieu, il est crucial de fournir un soutien pédagogique et psychologique ciblé aux élèves à risque lorsqu’ils fréquentent encore l’école. Un nouveau projet gouvernemental a mis au point des indicateurs permettant d’identifier les élèves en risque de décrochage, ce qui devrait être utilisé pour mieux cibler le soutien à ces élèves.

La faible qualité et le manque d’attrait du système d’EFP initiaux contribuent à expliquer les taux élevés de décrochage dans l’enseignement secondaire général. Après avoir terminé l’enseignement de base, de nombreux étudiants ne choisissent pas la voie de l’EFP initiaux, bien qu’un programme d’études comprenant des matières plus pratiques leur conviendrait mieux et offrirait de meilleures perspectives d’emploi que le programme plus académique de l’enseignement secondaire général (Graphique 2.26) (OCDE, 2016[73]). Cette situation est liée à des goulets d’étranglement dans les infrastructures, qui empêchent les étudiants de choisir des filières d’enseignement technique, à des informations insuffisantes sur les tendances du marché du travail, les postes vacants et les besoins en compétences des entreprises, et à une culture qui valorise d’avantage les emplois de bureau que les emplois d’ouvrier. Depuis de nombreuses décennies, l’obtention d’un diplôme de l’enseignement supérieur a garanti un emploi sûr et bien rémunéré en Tunisie, en particulier dans le secteur public, ce qui explique que de nombreux parents déconseillent encore à leurs enfants de choisir une formation professionnelle ou d’accepter un emploi d’ouvrier (Boughzala, 2019[1] ; OCDE, 2015[6]).

Il est essentiel de mieux informer les étudiants et leurs parents, mais aussi les travailleurs et les chômeurs adultes, sur les perspectives d’emploi et de salaire, sur les compétences demandées par les entreprises et sur les programmes d’EFP disponibles, leur contenu et leur qualité (OCDE, 2016[74]) (ONEQ, 2017[61] ; Fouarge et al., 2020[75]). Pour cela, on pourrait mettre en place une plateforme en ligne regroupant des informations régionales sur les postes vacants et les compétences demandées par les entreprises locales, présentées selon une classification détaillée des professions et mises en regard du nombre de chômeurs par niveau d’instruction et domaine d’études ou profession (OCDE, 2021[76]). Il faudrait également proposer des informations à propos du contenu et de la qualité des programmes d’EFP et de formation universitaire existants, et de la situation des anciens diplômés sur le marché du travail (Fouarge et al., 2020[75]). Ce système informatique devrait être complété par des services personnalisés de conseil aux étudiants du deuxième cycle de l’enseignement de base, mais aussi aux travailleurs et aux chômeurs, afin de mieux les accompagner dans leur orientation, leurs possibilités de formation et leurs perspectives de carrière (OCDE, 2021[76] ; OCDE, 2016[74]). Des représentants de l’agence nationale pour l’emploi se rendent de temps en temps dans les écoles pour présenter brièvement les tendances du marché du travail. Toutefois, cela reste insuffisant compte tenu du manque criant de personnel de l’agence et de l’absence d’un système informatique ouvert au public qui montre les tendances du marché du travail et les évaluations des programmes d’EFP et de formation universitaire existants (Banque mondiale, 2021[77]).

Les entreprises doivent contribuer davantage à promouvoir et à rendre plus attrayants les emplois des ouvriers et des employés peu qualifiés. Compte tenu des conditions de travail difficiles, des bas salaires et des mauvaises pratiques en matière de gestion des ressources humaines (RH), il n’est guère surprenant que les entreprises des secteurs du textile et de l’habillement, du BTP, du tourisme et de l’agriculture aient du mal à pourvoir les emplois vacants (Encadré 2.5) (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4] ; Boughzala, 2019[1]). Dans les entreprises, de nombreux services de RH s’occupent exclusivement des aspects administratifs et ne disposent pas de stratégies globales pour la formation et le perfectionnement professionnel des employés. Pour de nombreux ouvriers, les seules possibilités de formation portent sur les normes de santé et de sécurité. En raison de grilles salariales rigides et d’évolutions de carrière plutôt réservées aux diplômés, à l’instar de ce qui se passe dans le secteur public, les ouvriers ont peu de perspectives de perfectionnement professionnel dans de nombreuses entreprises, ce qui réduit fortement l’attrait de l’EFP initiaux et de ce type d’emploi (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]).

Il existe des exemples positifs d’entreprises ayant adopté leurs propres systèmes d’incitations et stratégies d’évolution professionnelle. Dans l’industrie automobile, certaines entreprises permettent à des ouvriers ambitieux et compétents d’accéder progressivement à des postes d’employé, voire à des postes de direction sans avoir à posséder le diplôme officiel correspondant, long à obtenir. Cela peut rendre l’EFP initiaux et les emplois d’ouvrier plus attrayants pour les jeunes sortant de l’enseignement de base. Les expériences concluantes doivent être partagées entre les entreprises et les associations professionnelles. De plus, les entreprises devraient aider les ouvriers prometteurs à poursuivre des études formelles dans le domaine qui les intéresse, en finançant une partie de l’investissement nécessaire. Dans cette optique, il faudrait faciliter l’accès des diplômés de l’EFP initiaux aux formations de l’enseignement supérieur, notamment, ainsi que la validation des connaissances acquises, de façon à abaisser la durée et le coût des études (Boughzala, 2019[1] ; Arfa et al., 2018[80]). De plus, une culture d’entreprise positive peut aussi contribuer à rendre plus attrayants les programmes d’EFP initiaux et les emplois d’ouvrier (OCDE, 2018[81] ; OCDE, 2010[82]).

La faible qualité de nombreux programmes d’EFP initiaux les rend moins attirants pour les élèves de l’enseignement de base (Arfa et al., 2018[80]). Bien qu’il n’existe pas d’évaluations complètes des actuels programmes d’EFP initiaux, de nombreuses entreprises regrettent qu’ils n’aident pas à acquérir les compétences techniques et soft skills nécessaires à l’exercice d’une fonction (IACE, 2019[11]). Ainsi, de nombreux titulaires d’un diplôme technique sanctionnant deux ans d’études sont au chômage, alors que les entreprises ont des difficultés à pourvoir les postes vacants dans les professions concernées (Graphique 2.29) (Boughzala, 2019[1]). C’est notamment le cas dans des domaines tels que celui des équipements électriques, la mécatronique, l’informatique, les emplois de bureau, mais aussi le textile et l’habillement, le BTP et le tourisme (ONEQ, 2017[61] ; Boughzala, 2019[1]). En outre, pour certaines professions, comme les ouvriers de la câblerie, les programmes d’EFP initiaux n’existent pas du tout, alors que l’industrie emploie plus de 80 000 personnes et existe en Tunisie depuis des décennies (Arfa et al., 2018[80]).

L’enseignement et la formation professionnels initiaux sont en majorité dispensées gratuitement par des instituts de formation publics. La plupart des instituts de formation publics sont gérés par l’Agence tunisienne de la formation professionnelle (ATFP), qui compte plus de 10 000 instructeurs et employés administratifs. Il assure un enseignement et une formation professionnels initiaux pour presque tous les secteurs, à l’exception de l’agriculture, du tourisme et de la santé, qui sont gérés par des organismes spécialisés. Le manque de coopération entre le système public de formation et les entreprises est principalement dû à la faiblesse de la structure organisationnelle de l’ATFP, notamment au manque de coopération et de coordination avec d’autres organismes compétents, à l’insuffisance des systèmes de suivi des tendances du marché du travail et des besoins en compétences des entreprises, et à l’absence d’une culture d’analyse d’impact et de mobilisation des parties prenantes (Arfa et al., 2018[80] ; Banque mondiale, 2021[77]). Un meilleur ciblage des systèmes informatiques et de la communication avec les associations sectorielles contribuerait à améliorer la coordination et donc à mieux adapter les programmes et les cursus d’EFP initiaux aux besoins des entreprises.

Une meilleure adéquation entre les effectifs de l’EFP initiaux par matière et les besoins en compétences des entreprises au niveau local augmenterait les perspectives d’emploi des diplômés de l’EFP, car les structures de production régionales sont très diverses et la mobilité de la main-d’œuvre est peu élevée (OCDE, 2020[65]). Il manque des informations sur l’offre régionale de places en EFP initiaux par matière ainsi qu’une évaluation de ces programmes et des compétences demandées par les entreprises locales (Arfa et al., 2018[80]). L’éventail des domaines d’études proposés par les instituts de formation régionaux est principalement déterminé par la capacité du système et ne correspond pas suffisamment aux besoins de l’économie locale (OCDE, 2015[7]). Il faudrait commencer par renforcer la coopération et la coordination entre l’ATFP et les représentants du secteur privé local. Parallèlement, la mise en place de systèmes informatiques adaptant l’offre de places d’EFP initiaux en fonction des compétences demandées par les entreprises locales permettrait d’améliorer considérablement l’efficacité et l’attrait du système public d’EFP initiaux. (OCDE, 2020[65]).

Une concurrence accrue des instituts privés d’EFP initiaux pourrait aussi pousser à mieux adapter les programmes et cursus. Seuls 19 % des étudiants en EFP initiaux sont inscrits dans des instituts privés, qui spécialisent dans les professions de services (travail de bureau, vente et tourisme), mais très peu dans l’industrie manufacturière ou les services informatiques et commerciaux (ONEQ, 2019[83]). Le ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi supervise les instituts privés d’EFP et décide, avec d’autres organismes publics, de la reconnaissance officielle du diplôme d’EFP initiaux. Cette procédure administrative est compliquée et chronophage : la reconnaissance des diplômes et des programmes d’études correspondants peut prendre jusqu’à trois ans. Autrement dit, les cursus à forte technicité risquent d’être déjà dépassés lorsqu’ils sont homologués. Ce sont seulement 56 % des étudiants des instituts privés d’EFP qui reçoivent un diplôme officiellement reconnu par le ministère (UNICEF, 2020[5]). Il est essentiel de faciliter la modification des programmes d’études existants et la reconnaissance de nouveaux programmes dans les instituts d’EFP publics et privés afin de mieux adapter l’EFP initiaux à l’évolution constante des besoins en compétences des entreprises et d’accroître l’employabilité des diplômés.

Une participation plus active des entreprises et des associations d’entreprises est nécessaire pour faire correspondre les formations existantes sur le lieu de travail et le contenu des cours d’EFP. Bien que plus de 80 % des étudiants en EFP initiaux suivent actuellement des programmes comprenant un stage en entreprise, la communication et la coordination entre les instructeurs des instituts de formation et les superviseurs dans les entreprises sont insuffisantes (Arfa et al., 2018[80]). En effet, le cadre juridique de l’emploi des apprentis et l’articulation avec les instituts d’EFP doivent être améliorés, tout comme la formation pédagogique et la mobilisation des superviseurs des apprentis dans les entreprises. De nombreux apprentis ne suivent pas de cours d’EFP, sont employés de manière informelle et ne reçoivent pas de diplôme officiel à la fin de leur apprentissage (Arfa et al., 2018[80] ; Boughzala, 2019[1]). De nombreuses entreprises ne voient pas dans les programmes d’EFP initiaux une possibilité de formation de leurs futurs employés, surtout parce qu’elles craignent de perdre leur investissement dans la formation si les diplômés partent travailler ailleurs. Par conséquent, lorsqu’on cherche à améliorer l’attractivité des filières d’EFP initiaux, il faut également changer les mentalités dans les associations d’entreprises et dans les entreprises pour résoudre le problème de la nature de bien public lié à la formation des jeunes travailleurs (OCDE, 2015[7] ; OCDE, 2010[82]).

Seule une petite partie des élèves du deuxième cycle de l’enseignement de base choisit une filière d’EFP initiaux. Pourtant, les taux de décrochage y sont élevés (environ 30 % en 2017) (Arfa et al., 2018[80]). Cette situation est liée à la sélection négative des élèves les plus faibles dans les filières techniques du deuxième cycle d’enseignement de base (« collèges techniques »), celle-ci étant renforcée par le dispositif institutionnel consistant à affecter automatiquement les décrocheurs de la filière d’enseignement général à la filière EFP du deuxiéme cycle de l’ enseignement de base. De nombreux étudiants qui intègrent l’EFP initiaux ont des compétences cognitives et soft skills de base très rudimentaires et peinent donc à suivre les cours (UNICEF, 2020[5]). Les taux de décrochage sont particulièrement élevés en première année d’EFP (Arfa et al., 2018[80]). Intégrer les filières techniques dans la filière générale du deuxième cycle d’enseignement de base et éviter une séparation trop précoce entre les deux formes de scolarité réduiraient la sélection négative et pourraient renforcer l’attrait de l’enseignement professionnel supérieur pour les étudiants moyens.

La faible qualité de l’enseignement et la dégradation des infrastructures pèsent sur la qualité de l’EFP et sont à l’origine de taux de décrochage élevés (Arfa et al., 2018[80]). De nombreux enseignants de l’EFP n’ont aucune formation technique et n’ont pas travaillé dans le secteur privé, car leur affectation en EFP initiaux s’explique principalement par le nombre important de chômeurs diplômés de l’enseignement supérieur qui, ayant une formation en sciences humaines, attendent un emploi dans le secteur public (Arfa et al., 2018[80] ; Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Ainsi, nombre d’entre eux ont intériorisé la connotation négative de l’EFP et du travail d’ouvrier, ce qui ne contribue pas à motiver les jeunes étudiants qui leur sont confiés. De plus, comme dans l’enseignement de base, beaucoup de ces enseignants ont des compétences pédagogiques faibles en raison de critères d’embauche vagues et de la faible qualité de leur formation initiale. Un barème complet d’évaluation et une formation continue ciblée des enseignants font défaut. Par ailleurs, les primes existantes ne sont pas liées aux résultats des élèves et n’incitent donc pas les enseignants à progresser (Arfa et al., 2018[80]). De nombreux programmes sont dépassés et n’offrent pas une formation suffisante en matière de soft skills, notamment en ce qui concerne les compétences de communication et de présentation ainsi que le travail en équipe, d’où une employabilité bien moindre des diplômés de l’EFP (OCDE, 2015[7]).

En raison de l’augmentation de la masse salariale (Graphique 2.21) et des dépenses relativement faibles consacrées à l’EFP par rapport aux autres niveaux d’enseignement, l’investissement public a fortement diminué et les infrastructures de nombreux centres de formation sont en très mauvais état (Arfa et al., 2018[80]). La présence d’équipements de formation obsolètes vient s’ajouter aux programmes peu adaptés aux besoins de compétences des entreprises, car les étudiants ne peuvent pas se former et s’entrainer sur les machines et la technologie utilisés par les entreprises. En outre, les conditions de logement des étudiants de l’EFP sont problématiques, en particulier en deuxième année, car les aides au logement ne sont pas disponibles pour tous les étudiants. C’est une des principales raisons du décrochage, car de nombreux étudiants de l’intérieur du pays ne peuvent pas se permettre de payer des loyers élevés dans les villes où se trouvent de nombreux instituts d’EFP (Arfa et al., 2018[80]). En augmentant l’efficience des dépenses dans l’enseignement supérieur et en réaffectant des ressources aux programmes d'EFP initiaux, on pourrait en améliorer la qualité et l’attrait, réduire les taux de décrochage et mettre à disposition des entreprises un plus grand réservoir de diplômés possédant les bonnes compétences (Graphique 2.21) (OCDE, 2015[6]).

La limitation de l’âge de l’apprentissage empêche les élèves décrocheurs de l’enseignement secondaire mais aussi les adultes qui souhaiteraient se recycler ou changer de métier d’accéder à certaines parties de l’EFP initiaux (BIT, 2013[84] ; Arfa et al., 2018[80]). En effet, seuls sont actuellement admis des étudiants âgés de moins de 20 ans, alors que dans de nombreux autres pays, l’âge-limite d’entrée en apprentissage est bien plus élevé (OCDE, 2019[85] ; OCDE, 2015[6]). L’enseignement de base pour les adultes étant inexistant, de nombreux jeunes décrocheurs ne se voient offrir aucune autre solution pour améliorer leurs compétences de base et techniques. En outre, les formalités administratives et le manque de reconnaissance des acquis empêchent également les étudiants quittant l’enseignement supérieur qui ont compris qu’une formation plus pratique leur conviendrait mieux d’entrer dans le programme d’EFP initiaux et de s’engager dans une profession d’ouvrier (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Cela est d’autant plus préjudiciable que ces étudiants ont généralement des compétences cognitives et sociales moyennes plus élevées, puisqu’ils sont allés jusqu’au bout de l’enseignement secondaire général, et qu’ils pourraient contribuer à un meilleur cadre d’apprentissage dans les classes d’EFP initiaux. En outre, ces candidats seraient idéaux pour les entreprises, car ils ont plus d’expérience et sont plus motivés pour exploiter à leur avantage les cours d’EFP afin d’améliorer leur employabilité.

Depuis les années 90, l’élargissement de l’accès à l’éducation a été le plus notable dans l’enseignement supérieur (Graphique 2.20). Les taux bruts de scolarisation sont passés de 8 % au début des années 90 à 32 % en 2018, et sont environ 50 % plus élevés pour les femmes que pour les hommes (Boughzala, 2019[1]). Le nombre d’étudiants dans les universités publiques a plus que triplé, passant d’environ 100 000 au début des années 90 à plus de 300 000 dans les années 2010, grâce à d’importants investissements publics dans les infrastructures éducatives et à l’embauche de personnel enseignant (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Toutefois, l’augmentation du nombre de diplômés de l’enseignement supérieur a entraîné une hausse du chômage, car la création d’emplois s’est concentrée dans des activités à faible intensité de qualification et peu recherchées par les diplômés de l’enseignement supérieur (Graphique 2.30, Graphique 2.7, Graphique 2.8).

Dans le même temps, de nombreuses entreprises de secteurs à plus forte valeur ajoutée, tels que les services informatiques, les services aux entreprises, les produits pharmaceutiques et les activités manufacturières à forte intensité technologique se plaignent de ne pas trouver suffisamment de diplômés de l’enseignement supérieur possédant les compétences dont elles ont besoin (IACE, 2019[11] ; Boughzala, 2019[1]). Cela est d’autant plus surprenant que la majorité des étudiants de l’enseignement supérieur sont diplômés dans les disciplines STEM et que le taux de chômage parmi eux est élevé (Graphique 2.31). Ainsi, environ 30 % des diplômés de l’enseignement supérieur au chômage sont titulaires d’un master en STEM et plus de 20 % sont titulaires d’un brevet de technicien supérieur (BTS) qui sanctionne trois ans d’études. Le taux de chômage des informaticiens est de 17 %, l’un des plus élevés de toutes les professions (Graphique 2.29). Bien que certains des diplômés titulaires d’un master STEM s’inscrivent au chômage afin d’obtenir les documents nécessaires à la migration vers l’Europe, la majeure partie d’entre eux ne possède pas les compétences requises pour les emplois intellectuels hautement qualifiés dans le secteur privé (Boughzala, 2019[1]).

Il existe d’importantes inadéquations entre les compétences que les diplômés obtiennent à l’université et les compétences requises pour les emplois intellectuels hautement qualifiés du secteur privé. La moitié des entreprises du secteur des services de TIC ont des difficultés à pourvoir les postes vacants pour les emplois intellectuels nécessitant un diplôme de l’enseignement supérieur, parce que les candidats ne sont pas suffisamment qualifiés pour le poste (Graphique 2.32) (UNESCO, 2021[59]). Les candidats manquent notamment de compétences techniques et informatiques précises et on peut donc en conclure que les programmes universitaires ne prennent pas en compte les technologies et outils de pointe utilisés dans les entreprises de services TIC. Nombre d’entre elles doivent assurer une formation technique supplémentaire coûteuse aux nouvelles recrues avant de les intégrer aux processus de production (IFC et UTICA, 2017[60]). En outre, de nombreux candidats manquent également de soft skills essentielles telles que la communication et les langues étrangères, l’aptitude à travailler en équipe et des capacités de résolution des problèmes et des conflits (Graphique 2.32). C’est également le cas dans de nombreuses entreprises manufacturières, qui ont des difficultés à pourvoir des postes de cadres qualifiés (Encadré 2.6).

Le système d’enseignement public ne dote pas les diplômés d’un niveau suffisant de soft skills qui sont essentielles à la mondialisation et à la conversion numérique des processus de production (Graphique 2.19, Graphique 2.32) (Grundke et al., 2017[62] ; OCDE, 2020[50]). Par rapport aux autres pays, les élèves de 15 ans affichent des compétences de base en lecture et en écriture particulièrement faibles (Graphique 2.24). Les problèmes structurels du système d’éducation de base (voir ci-dessus) sont à l’origine des mauvais résultats concernant les soft skills. Étant donné que la transformation numérique ajoutée à une intégration plus poussée dans l’économie mondiale sont susceptibles de favoriser la création d’emplois de qualité et d’augmenter le niveau de vie, il est prioritaire de réformer le système éducatif de base pour doter tous les étudiants de compétences cognitives et soft skills satisfaisantes. C’est notamment le cas des services de TIC, qui recèlent un gros potentiel de création d’emplois à forte intensité de qualification à l’intérieur du pays. Une offre croissante de diplômés possédant les compétences adéquates pourrait attirer davantage d’entreprises étrangères et favoriser le positionnement de jeunes entreprises nationales (Encadré 2.2).

Le système public d’enseignement supérieur semble méconnaître les attentes du secteur privé et les besoins du marché du travail, à l’instar du système d’EFP initiaux (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). La coopération entre les universités, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et le secteur privé est faible en raison de l’absence d’une culture d’évaluation d’impact et d’implication des parties prenantes (Arfa et al., 2018[80] ; Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). De nombreuses entreprises se plaignent qu’en plus du décalage entre les cursus universitaires et les compétences dont elles ont besoin, certains profils n’existent pas du tout. Ainsi, il n’y a aucune filière spécifique pour les responsables des achats dans les écoles de commerce ou les ingénieurs spécialisés dans la fabrication du caoutchouc. Le renforcement des échanges d’informations, de la coordination et de la coopération avec le secteur privé est essentiel pour que le système d’enseignement supérieur réponde mieux aux besoins du marché du travail. Des évaluations systématiques des programmes d’études existants et de l’employabilité des diplômés font défaut. Il existe bien des enquêtes auprès des anciens élèves, mais elles ne sont pas systématiquement utilisées pour informer les universités et les étudiants potentiels du décalage entre les compétences existantes et ce qui est demandé ou de la situation des anciens diplômés sur le marché du travail.

Une participation plus active des entreprises est nécessaire pour que le développement des compétences dans l’enseignement supérieur soit davantage axé sur la demande (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Il s’agit d’une coopération et d’une coordination plus poussées dans la conception de nouveaux programmes et des cursus, mais aussi dans la recherche et développement et dans l’imbrication entre programmes d’éducation formelle et formation sur le lieu de travail. Les analyses au niveau des entreprises menées aux fins de la présente Étude montrent que les entreprises qui investissent dans la recherche-développement ont une productivité multifactorielle supérieure de 3 % à celle des autres (Encadré 2.1) (Cassimon et Grundke, à paraître[12]). Renforcer la coopération entre les établissements de recherche publics et le secteur privé pourrait dans une large mesure améliorer les capacités d’innovation, mieux doter les diplômés des compétences attendues par les entreprises et accroître la productivité des entreprises tunisiennes.

L’adaptation du contenu des cours aux nouvelles technologies, l’ajout de cours aux programmes ou la mise en place de nouveaux programmes et diplômes implique un travail administratif considérable qui peut parfois demander jusqu’à trois ans. Ce qui est trop long surtout pour les sujets techniques, car certaines technologies peuvent déjà être dépassées au bout de trois ans. Pour que les programmes et cursus existants répondent mieux aux besoins en compétences des entreprises, il convient de rationaliser ces procédures et d’assouplir les cursus en réduisant le nombre d’heures pour les matières obligatoires de base. Toutefois, comme la multiplication des nouveaux diplômes et certificats peut également fausser les signaux sur le marché du travail et accroître l’inadéquation des compétences, la mise en place de nouveaux programmes et diplômes devrait être limitée et complétée par un système complet d’évaluation et de certification de la qualité des diplômes de l’enseignement supérieur dans les universités publiques et privées. Il serait ainsi possible d’accompagner les diplômés du secondaire dans leurs choix de carrière et de mettre en place les bons mécanismes d’incitations afin que les universités publiques améliorent leurs programmes.

La mise en place de la formation en milieu professionnel dans l’enseignement supérieur peut contribuer à réduire l’inadéquation des compétences, car elle permet aux étudiants de se familiariser avec les technologies de pointe et les méthodes de travail des entreprises. Cependant, cette intégration n’est pas suffisamment encadrée. Les entreprises ne sont pas autorisées à proposer des contrats de travail à long terme aux étudiants, ce qui leur laisse comme seule option des stages à court terme. Cela les empêche d’investir dans la formation, car elles craignent de n’avoir aucun retour lorsque les diplômés partiront travailler ailleurs. Une plus grande flexibilité concernant les contrats de travail des étudiants de l’enseignement supérieur doit cependant être complétée par un engagement plus fort des associations sectorielles d’entreprises afin de résoudre les problèmes de coordination des investissements des entreprises individuelles dans la formation des jeunes travailleurs (OCDE, 2015[7] ; OCDE, 2010[82]).

La qualité de l’enseignement supérieur peut également jouer un rôle déterminant en réduisant les inadéquations en matière de soft skills, et compenser en partie les faiblesses structurelles de l’éducation de base. De nombreuses entreprises rapportent que les diplômés des universités privées sont plus compétents en matière de communication et de présentation, et de travail en équipe, alors même que les étudiants obtenant les meilleures notes aux examens du lycée trouvent place dans les universités publiques (IACE, 2019[11]). En effet, les programmes d’études et les évaluations dans les universités privées mettent davantage l’accent sur les soft skills, notamment en y consacrant davantage d’heures de cours et en utilisant des méthodes pédagogiques modernes. En outre, les universités privées sont également plus à l’écoute des besoins en compétences techniques des entreprises. Nombre d’entre elles ont récemment commencé à développer avec des entreprises des programmes d’études de trois à cinq ans comportant des éléments de formation sur le lieu de travail. Les étudiants peuvent ainsi se familiariser avec les technologies de pointe et les méthodes de travail des entreprises. Tout ceci pourrait expliquer en partie l’attrait croissant des universités privées, comme l’indique l’augmentation de leur nombre d’étudiants et de diplômés (Graphique 2.34).

Le décalage entre les compétences enseignées et les besoins du marché du travail est également lié à la mauvaise répartition des étudiants dans les domaines d’études. En effet, plus de 40 % des étudiants obtiennent un diplôme en sciences humaines, en droit ou en gestion d’entreprise et en économie, et environ 30 % des diplômés de l’enseignement supérieur sans emploi sont titulaires d’un master dans ces domaines (Graphique 2.31). Depuis 2011, nombre d’entre eux ont été embauchés par le secteur public, notamment dans l’administration publique et le système éducatif, et beaucoup de chômeurs et d’étudiants actuels fondent toujours leurs espoirs sur ce débouché (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4] ; Boughzala, 2019[1]). Ce phénomène est principalement dû aux salaires élevés et aux avantages sociaux, ainsi qu’aux contrats à long terme. Toutefois, en raison de difficultés budgétaires, il est peu probable que le rythme des embauches et des hausses de salaire du secteur public se poursuive. Bien que l’enseignement privé se développe, il ne peut absorber que partiellement ces diplômés de l’enseignement supérieur, et le chômage des enseignants et des diplômés en sciences humaines restera élevé (Graphique 2.34, Graphique 2.10, Graphique 2.29).

Il est essentiel de mieux informer les élèves du secondaire sur le contenu et la qualité des programmes d’enseignement supérieur et sur la situation des diplômés sur le marché du travail, afin d’améliorer l’orientation des étudiants. Cela inciterait aussi les universités à améliorer la qualité de leurs programmes et à les adapter aux besoins des entreprises. Peu d’informations sont disponibles à propos de la situation des anciens diplômés sur le marché du travail. Certaines universités ont mis en place des services de conseil personnalisés, mais ceux-ci doivent être complétés par une plateforme d’information sur la qualité des programmes d’études complète et accessible au public (Banque mondiale, 2021[77]). En outre, la réduction de l’écart important entre les salaires du secteur public et ceux du privé pour les nouveaux arrivants sur le marché du travail est essentielle pour favoriser l’esprit d’entreprise et promouvoir les domaines d’études qui préparent à une carrière dans le secteur privé. Cet écart, en tenant compte des emplois dans les entreprises d’État, a atteint 35 % en 2018 (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4] ; Banque mondiale, 2021[77]).

Les dépenses consacrées à l’enseignement supérieur sont élevées et leur niveau par étudiant a augmenté depuis 2013, mais les contraintes d’offre conduisent de nombreux étudiants à choisir les sciences humaines, le droit ou la gestion d’entreprise et l’économie (Graphique 2.21). De nombreuses universités régionales ne proposent pas de gamme complète de programmes en raison d’un manque d’équipements et d’enseignants spécialisés. Les étudiants du secondaire qui ne peuvent pas payer les loyers élevés des grandes villes choisissent d’étudier plus près de leur famille, ce qui limite leurs choix. En outre, l’absence de critères d’entrée dans les filières des sciences humaines, du droit et de la gestion d’entreprise et de l’économie contribue à l’afflux d’étudiants. Une meilleure répartition des ressources entre les différents domaines d’études en fonction des besoins actuels et futurs du marché du travail et l’adaptation des conditions d’entrée en conséquence pourraient accroître l’efficience des dépenses (Banque mondiale, 2021[77]). Il serait également souhaitable d’appuyer les étudiants qualifiés les plus pauvres de l’intérieur du pays afin d’accroître leur mobilité.

Les dépenses publiques dans les politiques d’enseignement et de formation professionnels continus (EFPC), qui s’élèvent à 0.1 % du PIB, sont légèrement inférieures à la moyenne de l’OCDE et sont financées au moyen d’une taxe de formation prélevée sur la masse salariale des entreprises (OCDE, 2015[6]). Pour financer leurs activités d’EFPC, les entreprises peuvent récupérer jusqu’à 60 % de leurs versements au titre de la taxe de formation par le biais d’une plateforme en ligne. Ces dernières années, l’amélioration considérable des procédures administratives d’enregistrement et d’approbation des activités de formation et des remboursements fiscaux correspondants a encouragé l’investissement dans la formation des travailleurs. Les entreprises peuvent choisir librement leurs prestataires de formation, ce qui a renforcé la concurrence et élargi l’offre de formation, notamment de la part des prestataires privés. Les recettes restantes de la taxe de formation sont utilisées pour financer l’enseignement et la formation professionnelle initiaux et soutenir les activités de formation des petites entreprises par le biais de subventions spécifiques.

Ces incitations fiscales sont exclusivement destinées aux entreprises, et ce sont elles qui décident du contenu de la formation et des travailleurs qui en bénéficient. Cela garantit l’adéquation entre le contenu de la formation et les besoins en compétences des entreprises. Toutefois, les entreprises choisissent les travailleurs dont la formation offrira le rendement marginal le plus élevé, mais il ne s’agit pas nécessairement des travailleurs peu qualifiés qui auraient le plus besoin d’être formés pour se préparer aux changements structurels qu’entraîneront la transformation numérique et la mondialisation des processus de production (OCDE, 2019[85] ; OCDE, 2020[50]). En outre, les travailleurs du secteur informel, les chômeurs et la population inactive sont exclus de ces subventions à la formation. Bien que l’agence publique pour l’emploi propose aux chômeurs officiellement inscrits des formations assorties de subventions salariales s’ils trouvent un nouvel emploi, seuls 17 % environ de tous les chômeurs sont inscrits et il leur faut en moyenne environ 26 mois pour trouver un nouvel emploi et bénéficier des subventions à la formation (Boughzala, 2019[1]).

Un élargissement des politiques d’EFPC et de formation des adultes permettant de faire une plus grande place aux travailleurs peu qualifiés et informels pourrait présenter des avantages sociaux et économiques considérables. La part des adultes qui n’ont pas achevé l’ enseignement de base est plus importante que dans les pays de l’OCDE (Graphique 2.35). Bien que la Tunisie fasse mieux que certains de ses homologues régionaux, plus de 20 % de la population adulte tunisienne ne sait ni lire ni écrire. Non seulement cette situation pose un grave problème social, mais elle explique aussi en partie la faible productivité de nombreuses entreprises. L’adoption de nouvelles technologies et de nouveaux processus de production tout comme le respect des normes de qualité des produits, conditions souvent nécessaires pour accéder aux marchés d’exportation, s’avèrent très difficiles dès lors qu’une grande partie de la main-d’œuvre ouvrière ne dispose pas des compétences élémentaires indispensables pour suivre des cours d’EFPC. Par conséquent, il est crucial pour le pays de se doter d’un système éducatif de base pour les adultes, offrant la possibilité de suivre intégralement le deuxième cycle d’enseignement de base, afin de préparer la population à la transformation numérique et à la mondialisation croissantes des processus de production. Pour soutenir cet effort, il importe d’accroître l’efficacité des dépenses engagées ailleurs dans le système éducatif afin de libérer des ressources financières et des enseignants, parallèlement aux réformes budgétaires clés évoquées dans le premier chapitre (Graphique 2.21).

Il convient d’accroître les possibilités de formation pour les adultes peu qualifiés, sans emploi, en emploi informel ou inactifs ayant des compétences de base suffisantes pour suivre une formation. Actuellement, la capacité des infrastructures publiques de formation directement accessibles par les travailleurs est modeste, avec seulement 9 000 inscriptions en 2016 (ONEQ, 2019[83]). L’attribution directe de chèques-formation est une stratégie qui s’est avérée efficace dans de nombreux pays pour accroître l’accès des personnes défavorisées à la formation (Encadré 2.7). Cette allocation pourrait se fonder sur des données administratives, comme le registre des ménages pauvres utilisé pour administrer le programme de transferts monétaires (AMEN), ce qui réduirait les coûts d’inscription et d’information. Associés à un système transparent de certification de la qualité des établissements de formation, ces chèques amélioreraient la concurrence entre les prestataires de formation (OCDE, 2018[89]). Ils pourraient être utilisés pour choisir des cours dans un catalogue de formation spécifique à la région, tenant compte des demandes de compétences du secteur privé local, et devraient être associés à des conseils d’orientation professionnelle de haute qualité (Grundke et al., 2021[90]). Une autre option serait d’attribuer aux travailleurs défavorisés une certaine part des places offertes dans les cours demandés par les entreprises dans le cadre du système actuel de prélèvements obligatoires pour la formation, une solution déjà expérimentée avec succès à Singapour (Encadré 2.7).

En liant l’attribution de chèques-formation à des services d’orientation professionnelle et de placement, on pourrait améliorer le rapport coût-efficacité des programmes de formation (Encadré 2.7). L’accès aux cours pourrait être subordonné à des conseils d’orientation professionnelle et à une évaluation des connaissances préalables nécessaires afin d’améliorer l’adéquation entre les compétences et l’expérience des stagiaires et le contenu de la formation (Encadré 2.7). Les services d’orientation pourraient fournir des renseignements plus précis sur les possibilités de formation et aider les personnes intéressées à trouver le programme qui leur convient. La mise en place de mesures incitatives encourageant l’offre de cours du soir, à temps partiel ou à distance et d’une subvention individuelle spécifique liée au revenu ou au lieu de vie du travailleur faciliterait la participation des travailleurs défavorisés vivant dans des régions éloignées. Pendant la pandémie, l’offre de formations en ligne a augmenté, mais cet essor doit s’accompagner d’une amélioration de l’accès à l’internet, en particulier pour les personnes défavorisées.

Les obligations à impact social ou de développement pourraient être une solution pour financer l’offre de formation aux personnes défavorisées (OCDE, 2020[65] ; CGD, 2021[93]). Ces accords de partenariat public-privé accorderaient une grande autonomie aux prestataires dans la conception des cours et de leur contenu, mais leur rémunération dépendrait de la réalisation des objectifs fixés concernant, par exemple, le taux d’emploi futur des participants à la formation. Le succès de tels dispositifs dépend de la manière dont les contrats sont conçus (OCDE, 2016[94]). En particulier, la définition et la mesure des résultats sociaux ainsi que la sélection des groupes cibles et des groupes de contrôle pour évaluer si les objectifs ont été atteints sont des tâches complexes qui entraînent des coûts de transaction et des risques importants pour le secteur public. Jusqu’à présent, les preuves empiriques de l’efficacité des obligations à impact social sont mitigées et les gouvernements doivent rester prudents lorsqu’ils envisagent de fournir des services sociaux spécifiques uniquement via ce type de dispositifs (OCDE, 2016[94]). Néanmoins, à côté des formes traditionnelles de prestation de services sociaux publics, les obligations à impact social peuvent alimenter une culture du suivi et de l’évaluation des services sociaux, culture qui fait actuellement défaut en Tunisie.

Comme dans l’enseignement et la formation professionnelle initiaux et le système d’enseignement supérieur, les instituts de formation publics qui dispensent des cours d’EFPC fonctionnent de manière isolée et sont déconnectés du secteur privé et des besoins du marché du travail (Banque mondiale, 2021[77]). Le contenu de nombreux cours est obsolète et l’offre n’est pas adaptée à la demande de formation, notamment dans les régions intérieures. Il est crucial d’améliorer l’évaluation de l’impact et le contrôle de la qualité des programmes en renforçant la coordination avec les entreprises et les anciens stagiaires. Pour proposer des cours plus adaptés, il y aurait lieu de recueillir les demandes de formation des entreprises locales par le biais d’une plateforme électronique associée à un système d’anticipation des compétences axé sur les besoins en compétences des marchés du travail locaux. Cette démarche pourrait s’inspirer de l’expérience d’un certain nombre d’entreprises tunisiennes, qui ont mis en place une plateforme de ce type pour informer les prestataires de formation publics et privés des besoins de formation spécifiques de leurs usines, suivre les besoins de formation de leurs employés et évaluer l’impact des programmes de formation. Au Brésil, dans l’État de São Paulo, le prestataire de formation paraétatique SENAI a mis en place un système régional d’anticipation des compétences associé à une évaluation d’impact complète et à un processus de mise à jour du contenu des programmes de formation dans le respect des meilleures pratiques internationales (OCDE, 2018[89] ; Grundke et al., 2021[90]).

Grâce à l’amélioration des procédures administratives d’approbation des subventions pour les programmes de formation et à la possibilité pour les entreprises de choisir librement leurs prestataires, l’offre de prestataires de formation privés a fortement augmenté (Banque mondiale, 2021[77]). Jusqu’à présent, il n’existe pas de registre complet ni d’évaluation des prestataires privés d’EFPC, ce qui augmente les coûts d’information pour les entreprises et les travailleurs en quête d’une formation. Une évaluation complète des prestataires et des programmes de formation existants, associée à un système de certification crédible, réduirait l’asymétrie de l’information et inciterait les prestataires de formation à améliorer la qualité de leurs programmes. Les travailleurs seraient par ailleurs davantage incités à se former (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]).

Le renforcement des compétences de gestion et d’organisation dans les petites et moyennes entreprises peut être très efficace pour accroître les investissements dans le capital humain et la formation des travailleurs sur le terrain (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4] ; Bloom et Reenen, 2010[95]), et pourrait aussi augmenter de manière significative la productivité des entreprises tunisiennes et contribuer à réduire l’activité informelle. De nombreuses petites et moyennes entreprises en Tunisie souffrent de pratiques de gestion inefficaces et d’un sous-investissement dans le capital humain que représente leur personnel (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Depuis 2013, la part des entreprises proposant des formations formelles a considérablement diminué (Graphique 2.13). Les analyses au niveau des entreprises menées aux fins de la présente Étude montrent que l’existence de programmes de formation continue à l’intention des travailleurs est associée à une hausse de 3 % de la productivité multifactorielle des entreprises tunisiennes (Encadré 2.1) (Cassimon et Grundke, à paraître[12]). Subventionner des formations ciblées pour les dirigeants de petites entreprises peut être une bonne stratégie pour améliorer la gestion des ressources humaines et préparer les entreprises peu productives à la hausse de la concurrence nationale et internationale (Dutz, 2018[96]).

Bien que les dépenses consacrées aux politiques actives du marché du travail, qui représentaient 0.9 % du PIB en 2017, soient nettement supérieures à la moyenne de l’OCDE (0.5 % du PIB), la conception et la mise en œuvre de ces politiques sont peu efficaces en raison d’un manque de coordination et d’évaluation des impacts (Banque mondiale, 2021[77]). La structure de gouvernance est très fragmentée, plusieurs ministères, agences et une banque publique se partageant la responsabilité de différents types de programmes, et il n’existe aucun processus d’examen approfondi portant sur l’ensemble des programmes et sur leurs impacts.

L’agence publique pour l’emploi (ANETI) gère les subventions salariales et à la formation pour les chômeurs, les services de placement ainsi que certains programmes visant à promouvoir l’entrepreneuriat et le travail indépendant, le montant total de ces dépenses représentant environ 0.5 % du PIB (Banque mondiale, 2021[77]). Les programmes de travaux d’intérêt public, notamment les travaux de construction, mais aussi un large éventail de services communautaires comme le nettoyage des espaces publics, sont gérés par le ministère du Développement régional, les communautés locales et des entreprises publiques, et leur coût est estimé à environ 0.2 % du PIB. La promotion de l’entrepreneuriat et la distribution de microcrédits sont principalement gérées par une banque publique dotée d’un budget d’environ 0.2 % du PIB, mais les programmes s’adressant aux femmes dans les zones reculées ou aux jeunes sont administrés par d’autres ministères. En outre, la loi sur l’investissement de 2016 a introduit des subventions supplémentaires aux salaires et à la formation qui ne relèvent pas des programmes de l’ANETI et sont gérées par l’agence de promotion de l’investissement et le ministère de l’Industrie. Le regroupement des programmes ainsi qu’une meilleure coordination permettraient d’assurer un suivi et une évaluation d’impact cohérents et d’améliorer l’efficacité de l’allocation des ressources et l’efficience des dépenses engagées dans le cadre des programmes actifs du marché du travail.

Seuls 17 % environ des chômeurs sont inscrits à l’agence publique pour l’emploi, l’ANETI, et la plupart d’entre eux sont de jeunes diplômés de l’enseignement supérieur qui n’ont jamais travaillé auparavant (Graphique 2.36). Nombreux sont les chômeurs qui ne sont pas inscrits, en particulier les jeunes hommes sans diplôme de l’enseignement supérieur et les chômeurs ayant une expérience professionnelle, car la principale incitation à s'inscrire à l'ANETI est d’accéder au bénéfice des subventions salariales et à la formation (Banque mondiale, 2021[77]). Ces subventions sont surtout destinées aux chômeurs diplômés de l’enseignement supérieur, pour leur permettre d’acquérir une première expérience professionnelle et faciliter leur insertion sur le marché du travail formel (Banque mondiale, 2021[77] ; Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Pour pouvoir bénéficier de ces subventions, les chômeurs doivent s’inscrire et se présenter régulièrement à leur antenne ANETI.

Le fait qu’un si grand nombre de chômeurs ne s’inscrivent pas à l’ANETI est révélateur d’un dysfonctionnement des services publics de placement (Graphique 2.36) (Banque mondiale, 2021[77]). La grande majorité des chômeurs effectuent leur recherche d’emploi en s’appuyant sur leur réseau personnel et familial, en envoyant des candidatures au hasard ou en s’adressant à des employeurs proches de leur communauté (IACE, 2019[11]). Cette situation entraîne de nombreux problèmes d’efficacité, les postes n’étant pas correctement pourvus, ce qui contribue à la faible productivité des entreprises. Elle génère par ailleurs une grande frustration chez les demandeurs d’emploi qualifiés, qui ne trouvent pas d’emploi faute de contacts personnels adéquats (IACE, 2019[11] ; OCDE, 2015[6]).

L’amélioration des services de placement est cruciale pour réduire le chômage structurel et accroître la productivité grâce à une attribution plus adéquate des postes. Les services de placement de l’ANETI souffrent d’un manque important de personnel et font face à une charge administrative élevée, de nombreux conseillers en insertion professionnelle consacrant la majeure partie de leur temps à la gestion des contrats de subventions aux salaires et n’ayant pas les qualifications nécessaires à l’exercice des services d’orientation professionnelle personalisés (Banque mondiale, 2021[77] ; OCDE, 2015[6]). En outre, le système informatique peine à faire coïncider les profils exigés pour les postes à pourvoir et les compétences et capacités des demandeurs d’emploi en raison de l’absence d’évaluations détaillées des exigences en matière de compétences professionnelles et de la qualité et du contenu des certificats d’enseignement (Banque mondiale, 2021[77]). Il est essentiel d’améliorer la coordination et l’échange de données entre les ministères et les agences afin de mettre en place l’infrastructure statistique nécessaire au suivi des tendances du marché du travail ainsi qu’à une meilleure information des parties prenantes, qu’il s’agisse des entreprises, des étudiants, des travailleurs ou des instituts d’enseignement et de formation, en ce qui concerne l’offre et les besoins de compétences sur le marché du travail. Il faudrait pour cela introduire un code individuel d’identification unique qui permettrait de connecter différentes bases de données et de suivre et d’évaluer les retombées des politiques actives du marché du travail et des programmes d’enseignement et de formation sur les résultats obtenus par les individus sur le marché du travail.

Pour améliorer les services publics de placement, il conviendrait d’augmenter les ressources et de réaffecter celles qui sont consacrées à des programmes de subventions salariales coûteux et inefficaces au profit des services de l’emploi et de la prestation de services de formation et d’enseignement pour adultes, en élargissant l’accès à ces services aux chômeurs possédant une expérience professionnelle et aux nouveaux arrivants sur le marché du travail ayant peu de qualifications. Les conseillers en insertion professionnelle devraient disposer d’un accès complet aux dossiers de formation et au parcours professionnel de chaque demandeur d’emploi afin de pouvoir établir une meilleure correspondance entre les profils et les demandes de compétences des entreprises et adapter l’offre de formation aux besoins individuels (Encadré 2.7). Ceci suppose également d’améliorer la formation et les incitations de ces conseillers, dont les performances devraient être mesurées en fonction des résultats à plus long terme de leurs clients sur le marché du travail, ainsi qu’une réaffectation des tâches administratives aux employés de bureau (OCDE, 2015[6]). L’amélioration et l’extension du système de certification des compétences professionnelles et de validation des acquis, en particulier pour les travailleurs informels, contribueraient à accroître l’employabilité des travailleurs peu qualifiés et encourageraient les investissements dans la formation (Dutz, 2018[96]). En outre, le partage des bases de données et l’implication de prestataires privés de services de placement et de conseil, qui seraient rémunérés en fonction de leurs performances, pourraient compléter les améliorations apportées au niveau de l’ANETI (OCDE, 2020[65]). Le fait de favoriser la concurrence en admettant des prestataires privés pourrait également aider à faire coïncider l’offre et la demande sur le marché du travail car, actuellement, les services privés de placement sont interdits et seules des entreprises sélectionnées sont habilitées à opérer dans le cadre d’autorisations discrétionnaires (Banque mondiale, 2021[77] ; OCDE, 2015[6]).

Les subventions salariales et à la formation n’ont pas vraiment permis d’accroître l’employabilité des chômeurs, car la sélection des candidats n’est pas fondée sur leurs besoins individuels et la conditionnalité contractuelle n’a pas été correctement suivie et appliquée (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Bien que la plupart des contrats imposent aux entreprises de fournir une formation aux travailleurs subventionnés ou de les garder pendant un certain temps, les informations nécessaires pour suivre et faire respecter ces conditions ne sont pas disponibles. Aucun système informatique n’a été mis en place pour collecter ces informations et les contraintes de capacité empêchent les conseillers en insertion professionnelle d’assurer le suivi des entreprises et des nouveaux arrivants sur le marché du travail (OCDE, 2015[6]). Pour la plupart des programmes, les taux d’insertion des participants sont faibles et les contrats sont en grande partie résiliés avant terme (Banque mondiale, 2021[77]). En outre, les formalités administratives de remboursement des coûts engagés pour des formations en entreprise sont lourdes, ce qui empêche de nombreuses entreprises d’offrir des formations à de jeunes arrivants sur le marché du travail. Le nombre de programmes de subventions salariales et d'aides à la formation a diminué depuis 2019, et davantage de programmes sont désormais accessibles aux nouveaux entrants peu qualifiés, un pas important pour améliorer leurs chances d’intégrer le marché du travail formel. Toutefois, les travailleurs qui se retrouvent au chômage plus tard dans leur vie ne peuvent toujours pas bénéficier de la plupart de ces politiques d’activation, et la sélection des candidats reste indépendante de la durée du chômage. En outre, les programmes existants ne font toujours pas l’objet d’un suivi et d’une évaluation d’impact complets et continus.

La faible efficacité des subventions salariales est aussi liée au manque d’incitation des entreprises à investir dans la formation. Elles utilisent les subventions salariales pour réduire les coûts unitaires de main-d’œuvre, ne fournissent pas de formation et licencient souvent les travailleurs lorsque le versement des subventions arrive à terme (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). La plupart des offres d’emploi publiées par l’ANETI émanent d’entreprises exerçant des activités à faible productivité qui proposent des emplois ouvriers peu rémunérés et peu qualifiés, insuffisamment attrayants pour bon nombre des diplômés de l’enseignement supérieur inscrits à l’ANETI (Graphique 2.29) (Boughzala, 2019[1]). La plupart des offres d’emploi pour des postes de bureau hautement qualifiés sont publiées non pas par l’ANETI, mais sur les réseaux sociaux, les réseaux universitaires ou par les quelques services de placement en ligne qui ont été autorisés à entrer sur le marché (Boughzala, 2019[1]). Pour accroître l’efficacité des programmes de subventions salariales, des efforts sont nécessaires pour améliorer l’adéquation entre le profil des travailleurs d'une part et les compétences requises et la nature du travail proposé dans les offres subventionnées d'autre part. Il convient également de renforcer le dialogue avec le secteur privé afin de convaincre les entreprises de publier via l’ANETI des offres d’emplois de bureau plus qualifiés, ou au moins de l’informer de la nature des postes vacants et des qualifications dont elles ont besoin pour améliorer les conseils dispensés aux personnes à la recherche d’un emploi (OCDE, 2015[6]).

Les prétentions salariales élevées des diplômés de l’enseignement supérieur contribuent à expliquer pourquoi ils sont plus de trois sur quatre inscrits à l’ANETI à être au chômage depuis plus de 24 mois, alors que 45 % des offres d’emploi n’ont pas trouvé preneur (Graphique 2.18). Si les salaires demandés sont aussi élevés, c’est en raison des connotations culturelles négatives du travail d’ouvrier et du fort pouvoir d’attraction qu’exerce le secteur public en matière d’emploi (Banque mondiale, 2021[77]). Les salaires dans le secteur public et les entreprises d’État sont en effet supérieurs de plus de 35 % à ceux du secteur privé et sont assortis de généreuses prestations de sécurité sociale (OCDE, 2018[8]). Le recrutement dans certains organismes du secteur public, y compris les entreprises d’État, donne la priorité aux diplômés de l’enseignement supérieur sans emploi et inscrits à l’ANETI en tant que nouveaux arrivants sur le marché du travail, essentiellement du fait des pressions exercées par l’Union des diplômés chômeurs (OCDE, 2015[7] ; Marzouk, 2020[97]) Cette situation génère un phénomène de file d’attente puisque de nombreux diplômés de l’enseignement supérieur, notamment en sciences humaines, droit et économie, choisissent de s’inscrire au chômage dans l’attente d’un emploi dans le secteur public avec le soutien de leur famille ou d’un travail dans le secteur informel (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4] ; Boughzala, 2019[1]). Ce phénomène est particulièrement prononcé dans les gouvernorats du sud abritant de grandes entreprises publiques, caractérisées par un chômage élevé, de forts taux d’inscription à l’ANETI et un secteur informel très développé, mais où, dans le même temps, les salaires journaliers pour des emplois simples dans le secteur privé sont deux fois plus élevés que dans les gouvernorats affichant un taux de chômage très faible, comme celle de Monastir (Graphique 2.36) (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). De plus, s’inscrire à l’ANETI est souvent une démarche administrative obligatoire pour les diplômés de l’enseignement supérieur au chômage qui souhaitent obtenir un visa pour aller travailler à l’étranger (Boughzala, 2019[1]).

Il est essentiel de faire évoluer les mentalités culturelles pour que ce phénomène de file d’attente pour obtenir un emploi dans le secteur public cède la place à une culture de l’entrepreneuriat. Il importe à cette fin de réduire l’écart des salaires entre le secteur public et le secteur privé tout en indiquant clairement que le fait d’être un chômeur entrant sur le marché du travail n’est pas un critère valable pour prétendre à un poste dans le secteur public et que le recrutement public est amené à ralentir fortement au cours des prochaines années en raison de la faible marge de manœuvre budgétaire (OCDE, 2015[7]) (Marzouk, 2021[98]). Les processus de recrutement public devraient être ouverts à tous les candidats, y compris aux travailleurs expérimentés du secteur privé, ce qui est actuellement impossible par les strictes limites d’âge, qui sont de 35 ou 45 ans selon les postes, et le recrutement devrait être exclusivement fondé sur les performances à des tests et entretiens standardisés.

En outre, il faut développer une culture de l’entrepreneuriat, ce qui implique une réforme de l’éducation de base afin d’améliorer la qualité de l’enseignement et d’instaurer des normes d’apprentissage et des programmes d’études qui mettent l’accent sur les compétences entrepreneuriales et soft skills. Mais surtout, des améliorations considérables de l’environnement des entreprises s’imposent pour faciliter l’entrée sur le marché de nouvelles start-ups et permettre le développement de produits et services innovants. Les programmes destinés aux chômeurs qui visent à stimuler l’entrepreneuriat et à leur permettre d’accéder au crédit peuvent soutenir ce processus, mais il faudrait qu’ils soient mieux ciblés afin améliorer l’efficacité des dépenses (Banque mondiale, 2021[77]). Réussir en tant qu’entrepreneur nécessite des connaissances implicites et une expérience des marchés et des processus de production, ce qui n’est souvent pas le cas des nouveaux arrivants sur le marché du travail (Banque mondiale, 2020[14] ; Morsy, Bassem et Selim, 2018[22] ; Boughzala, 2019[1]).

L’absence de programmes complets d’assurance et d’assistance chômage entrave la mobilité interrégionale et explique en partie la grande hétérogénéité des taux de chômage entre les gouvernorats (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Les jeunes chômeurs, en particulier les femmes, ne peuvent souvent compter que sur le soutien de leur famille pour se loger et se nourrir, ce qui limite fortement leur rayon d’action géographique pour la recherche d’un emploi. En outre, dans le passé, de nombreux programmes de subventions salariales ont en réalité fait implicitement office de mesures passives du marché du travail du fait du manque de suivi et d’application des mesures d’activation et de formation, de nombreux chômeurs ne s’inscrivant que pour toucher la prestation mensuelle (BIT, 2019[99] ; Banque mondiale, 2021[77]). Il en va de même pour les programmes de travaux publics, qui proposent des activités très peu qualifiées, souvent dépourvues d’éléments d’activation. Comme ces programmes concernent une région précise, ils empêchent les chômeurs inscrits de se déplacer dans d’autres régions pour trouver du travail. La réaffectation des ressources de ces politiques d’activation inefficaces à la création d’un régime général d’aide au revenu pour les chômeurs, dont l’accès serait subordonné aux efforts de recherche d’emploi et à l’acceptation des offres d’emploi, contribuerait à accroître la mobilité régionale de la main-d’œuvre (OCDE, 2011[100] ; BIT, 2019[99] ; OCDE, 2015[7]). Toutefois, ceci doit s’accompagner de services de placement et de conseil plus efficaces, opérant à l’échelle nationale et fournissant une aide à la mobilité et des subventions au logement pour faciliter la réaffectation (OCDE, 2005[101]). Il est également essentiel d’améliorer les infrastructures de transport et l’accès à des logements abordables pour favoriser la mobilité régionale de la main-d’œuvre (OCDE, 2018[8]).

Le coin fiscal sur le travail est légèrement inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE, mais relativement élevé si on le compare à la faible productivité du travail en Tunisie (Graphique 2.37). La progressivité relativement forte de l’impôt sur le revenu pour les revenues faibles réduit les incitations à régulariser les emplois informels, particulièrement pour les travailleurs peu qualifiés (Graphique 2.37) (OCDE, à paraître[102]). Abaisser le taux de la première tranche et relever le montant de l’abattement autorisé accroîtrait les incitations à la création d’emplois dans le secteur formel et à la régularisation des emplois informels ; ces mesures pourraient être financées par une amélioration du recouvrement de l’impôt (Rocha, Ulyssea et Rachter, 2018[103] ; OCDE, à paraître[102]).

Les taux des cotisations de sécurité sociale sont similaires à ceux de pays comparables, mais comprennent des prélèvements salariaux supplémentaires qui pourraient être redirigés vers les recettes fiscales générales pour permettre une extension du régime actuel d’aides aux chômeurs (OCDE, à paraître[102]). Les cotisations de sécurité sociale comprennent les cotisations au système de santé et de retraite, aux allocations familiales et aux allocations logement et à la formation, une taxe pour la formation ainsi que des cotisations à un régime rudimentaire d’assistance chômage. L’assistance chômage est financée par une taxe de 0.9 % sur les salaires, mais seuls 6 % des travailleurs formels licenciés bénéficient de ces prestations (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Étendre la couverture du régime actuel d’assistance chômage permettrait non seulement d’augmenter la mobilité de la main-d’œuvre, mais aussi de rendre l’emploi formel plus attractif. Cette extension pourrait être financée par des hausses légères des taux de cotisation et par des mesures consistant à faire financer les allocations familiales et les allocations logement par les recettes fiscales générales, à améliorer le recouvrement de l’impôt et à réduire les déductions au titre de l’impôt sur le revenu, de la taxe sur les plus-values et de la TVA, qui ont un effet régressif (FMI, 2021[104] ; OCDE, à paraître[102] ; BIT, 2019[99]). Augmenter l’efficacité des dépenses dans le système de santé et mieux aligner les prestations de retraite sur les cotisations contribuerait à éviter des hausses futures des taux de cotisation (OCDE, 2018[8]).

La forte fragmentation du système de sécurité sociale limite la mobilité de la main-d’œuvre entre les secteurs et les entreprises ainsi que la sortie du chômage. Il existe différents régimes en fonction du secteur et du statut professionnel, par exemple pour les fonctionnaires, les travailleurs agricoles, les services professionnels, les travailleurs non salariés et les travailleurs faiblement rémunérés, entre autres, et les règles et les taux de cotisation appliqués sont très différents. L’absence d’accords de transférabilité entre les différents régimes décourage par ailleurs fortement le changement d’emploi (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). De nombreuses professions de services bien rémunérées, comme les architectes, les avocats et d’autres acteurs professionnels des services, relèvent du régime des non-salariés et sont soumis à des taux de cotisation très faibles. L’introduction d’un système universel instaurant des taux de cotisation progressifs pourrait améliorer la mobilité de la main-d’œuvre et augmenter les recettes de la sécurité sociale, tout en incitant les travailleurs faiblement rémunérés à rejoindre le secteur formel.

Les conventions collectives sur les salaires, qui établissent des planchers salariaux en fonction de la profession, du niveau d’éducation et de l’ancienneté des travailleurs dans environ 70 secteurs, entravent la création d’emplois formels et réduisent les incitations à l’amélioration de la productivité. Les grilles de salaires sont fixées au niveau national, alors que le coût de la vie peut être inférieur dans les régions de l’intérieur. Les grandes entreprises dominent ces négociations salariales, qui aboutissent à des planchers salariaux inabordables pour de nombreux concurrents plus petits et moins productifs, avec pour conséquence une augmentation de l’activité informelle et une réduction de la concurrence (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Les salaires de départ pour les diplômés de l’enseignement supérieur sont environ 40 % supérieurs au salaire minimum sectoriel, et souvent supérieurs aux salaires moyens, ce qui réduit la demande de diplômés de l’enseignement supérieur sans expérience professionnelle, leur productivité moyenne étant encore faible. En outre, pour de nombreuses petites entreprises, l’échelle collective des salaires, qui est complexe, devient contraignante, car elles ne peuvent pas se permettre d’augmenter les salaires au-delà des planchers salariaux négociés. Elles sont ainsi dans l’impossibilité de récompenser leurs employés plus productifs que leurs homologues professionnels ayant la même ancienneté et le même niveau d’instruction. De leur côté, les travailleurs sont peu enclins à suivre des formations qui n’aboutissent pas à un diplôme d’enseignement officiel pris en compte dans l’échelle collective des salaires. Il est essentiel de donner aux petites entreprises plus de flexibilité dans la fixation des salaires et d’adapter les conventions collectives salariales aux conditions économiques pour augmenter la création d’emplois formels et encourager l’amélioration de la productivité.

Les grandes différences entre les contrats permanents et les contrats temporaires sur le plan de la protection de l’emploi augmentent la rotation des travailleurs et instaurent une dualité sur le marché du travail (Graphique 2.38) (OCDE, 2015[7]). Les entreprises hésitent à embaucher en contrat à durée indéterminée, car les licenciements pour motif économique sont interdits, et les licenciements pour compression d'effectifs ou pour faute sont compliqués et entraînent des coûts élevés en cas de litige (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). À l’inverse, les contrats temporaires, qui peuvent être prolongés jusqu’à quatre ans, n’entraînent presque aucun coût de licenciement pour les employeurs, qui peuvent licencier sans préavis ni indemnité. Cette disparité réglementaire augmente fortement la rotation de la main-d’œuvre, car de nombreuses entreprises embauchent des travailleurs sous contrat temporaire et les licencient au bout de quatre ans (Graphique 2.39) (Stampini et Verdier-Chouchane, 2011[105]). Bien qu’il existe des dispositions juridiques empêchant les entreprises de pourvoir un même poste tous les quatre ans, elles sont très peu appliquées faute d’inspections du travail. Plus de 55 % des jeunes travailleurs sont sous contrat temporaire, et il s’agit même souvent de contrats verbaux (Boughzala, 2019[1]). Les contrats temporaires ne donnent droit à aucune prestation de sécurité sociale et les salaires sont en moyenne 25 % inférieurs à ceux des contrats à durée indéterminée, en fonction du niveau d’instruction, du sexe, du secteur et de l’expérience des travailleurs (Angel-Urdinola, Nucifora et Robalino, 2015[4]). Les taux de conversion des contrats temporaires en contrats à durée indéterminée sont faibles.

La rotation élevée des travailleurs sous contrat temporaire réduit les incitations à la formation et contribue à une faible productivité (Graphique 2.39). Les retours sur investissements dans le capital humain spécifiques à l’entreprise sont faibles pour les travailleurs, et les entreprises ne sont pas incitées à fournir une formation générale car elles n’en tirent aucun rendement (OCDE, 2015[7]). Par ailleurs, les coûts élevés de licenciement des salariés sous contrat à durée indéterminée peuvent également réduire les incitations en faveur de l’amélioration de la productivité et aboutir à des appariements moins productifs entre travailleurs et entreprises. Par conséquent, il importe de réduire l’écart important en matière de protection de l’emploi qui existe entre les contrats à durée indéterminée et les contrats temporaires afin de diminuer la rotation des travailleurs et d’encourager la formation et l’amélioration de la productivité. Les contrats à durée indéterminée devraient permettre les licenciements pour des raisons économiques ou technologiques, tout en renforçant les contrôles et les sanctions en cas de licenciement abusif. Formuler une définition juridique précise des licenciements abusifs est indispensable pour réduire les risques d’ambiguïté et les coûts des procédures juridiques qu’ils entraînent, comme l’ont montré par exemple les réformes récentes du code du travail en Italie et en France (Silva, Almeida et Strokova, 2015[106] ; OCDE, 2020[65] ; Bellan, 2018[107]). Il conviendrait que les contrats temporaires prévoient des périodes de préavis et des indemnités en cas de licenciement, et les prestations de sécurité sociale devraient être équivalentes à celles qu’offrent les contrats à durée indéterminée. En outre, ces changements dans la législation sur la protection de l’emploi doivent s’accompagner d’un régime complet d’aide au revenu pour les chômeurs, qu’ils aient été licenciés alors qu'ils étaient titulaires d’un contrat à durée indéterminée ou d’un contrat temporaire (BIT, 2019[99]).

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