4. Australie

Le soutien de l’Australie aux producteurs agricoles se classe parmi les plus bas des pays de l’OCDE ; il est estimé à 2 % environ des recettes agricoles brutes pour la période 2018-20, le soutien total à l’agriculture (EST) représentant 0.2 % environ du PIB. Au fil du temps, la composition de l’EST a changé, la part du soutien aux producteurs (ESP) diminuant et celle du soutien aux services d’intérêt général (ESSG) augmentant, de moins de 10 % à la fin des années 80 à 55 % sur la période 2018-20.

Le soutien des prix du marché pour les producteurs a pris fin en 2000, et les prix intérieurs des principaux produits agricoles de l’Australie sont à parité avec les prix mondiaux depuis lors. En 2018-20, les subventions aux intrants représentaient 48 % environ du soutien aux producteurs. Une grande part de ces fonds a servi à financer des investissements sur les lieux d’exploitation, y compris à la suite d’événements préjudiciables. Le reste du soutien aux producteurs (30 % environ de l’ESP) est allé en majeure partie à des programmes de lissage des revenus visant à remédier aux fluctuations de trésorerie, comme les dépôts de gestion agricole (Farm Management Deposits) et le dispositif d’étalement de l’impôt sur le revenu, et ce indépendamment des indemnités versées au titre des calamités naturelles qui sont venues récemment s’ajouter à ces programmes.

Un tiers environ des dépenses publiques consacrées à l’agriculture servent à soutenir la recherche, le développement et les services de vulgarisation. Par ailleurs, l’Australie dispose d’un système très complet de connaissances et d’innovation agricoles. Pour l’essentiel, les dépenses restantes comprises dans l’ESSG correspondent au budget public alloué aux services d’inspection et de contrôle dans le domaine de la biosécurité ainsi qu’au développement et à la modernisation des infrastructures, principalement les infrastructures de l’eau.

Les évolutions récentes de l’action publique sont liées à des événements préjudiciables : sécheresses, incendies de forêt et pandémie de COVID-19. Les programmes d’intervention contre la sécheresse mis en place en 2020 sont financés par le fonds qui avait été créé en prévision des sécheresses à venir (Future Drought Fund). Ces programmes ont renforcé les moyens présents sur les exploitations, accru l’investissement public dans la recherche-développement et amélioré l’accès aux systèmes d’informations climatiques. Ils canalisent les fonds publics vers la production et l’adoption d’innovations régionales, et vers les exploitations en vue d’y développer des compétences de gestion stratégique et d’appuyer l’élaboration de plans d’activité à cette échelle, entre autres activités. La production et l’adoption d’innovations sont également au centre du programme national d’innovation agricole (National Agricultural Innovation Agenda). Ce dernier offre un environnement réglementaire propice à une plus large participation du secteur privé au système d’innovation.

Le fonds national d’indemnisation des victimes de feux de brousse (National Bushfire Recovery Fund) a donné un cadre officiel aux programmes de redressement consécutifs à ce type de calamité qui, bien que principalement axés sur le secteur forestier, soutiennent également les activités de remise en état des exploitations et d’intervention d’urgence. Le fonds octroie des prêts à faible taux d’intérêt aux agriculteurs concernés pour les aider à reconstituer leur fonds de roulement ou à effectuer des investissements plus importants. Il soutient également les prestataires du service rural de conseils financiers (Rural Financial Counselling Service) dans les régions touchées par les feux de brousse, et fournit des aides sectorielles aux producteurs de pommes et aux viticulteurs.

Les évolutions des échanges se rapportent principalement aux progrès accomplis dans la signature d’accords commerciaux et à la facilitation de l’accès aux marchés d’exportation dans le contexte du COVID-19. Les accords commerciaux avec Hong Kong, Chine ; le Pérou ; et l’Indonésie sont entrés en vigueur en 2020, et s’ajoutent à l’Accord de rapprochement économique entre les États du Pacifique (Pacific Agreement on Closer Economic Relations Plus – PACER Plus). L’accord de partenariat économique régional global (RCEP) conclu entre l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), l’Australie, la République populaire de Chine (ci-après « la Chine »), le Japon, la Corée et la Nouvelle-Zélande a été signé. Ces accords couvrent l’alimentation et l’agriculture.

L’Australie négocie séparément des accords de libre-échange avec l’Union européenne et le Royaume-Uni. Les négociations sont en cours depuis une longue période avec l'Inde, et avec le Conseil de coopération du Golfe (CCG) et l’Accord de libre-échange de l’Alliance du Pacifique. L’Australie participe aussi aux Négociations sur les biens environnementaux (menées de concert avec 45 autres pays membres de l’OMC) et à l’Accord sur le commerce des services (ACS), conduit également avec un sous-groupe de pays membres de l’OMC (DFAT, 2021[1]).

Plusieurs dispositifs visent à faciliter l’accès aux marchés d’exportation au moyen de règlements simplifiés, d’outils numériques, d’une diversification de ces marchés et d’un appui logistique. Le train de mesures visant à réduire l’engorgement auquel les exportateurs de produits agricoles font face (Busting Congestion for Agricultural Exporters) a pour but de simplifier la réglementation des exportations, de limiter les coûts d’exportation et d’accélérer l’utilisation des services numériques par les exportateurs. Il comprend des aides sectorielles destinées à aider les exportateurs de produits comestibles de la mer et d’animaux vivants à adopter des méthodes fondées sur les données et les technologies pour appliquer les normes réglementaires, à améliorer l’environnement réglementaire des exportations du secteur de la viande et simplifier les exportations de végétaux.

L’initiative pour le développement du secteur agro-industriel (Agri-Business Expansion Initiative) finance la Commission australienne du commerce et de l’investissement (Australian Trade and Investment Commission – Austrade) et le Ministère australien de l’agriculture, de l’eau et de l’environnement (the Australian Department of Agriculture, Water and the Environment – DAWE) pour que ceux-ci soutiennent les exportateurs de produits agricoles, forestiers et halieutiques, et développe et diversifie les marchés d’exportation. L’initiative développe aussi le programme de coopération en matière d’échanges agricoles et d’accès aux marchés (Agricultural Trade and Market Access grant program – ATMAC) en nouant des partenariats avec des associations professionnelles. Le mécanisme d’assistance au transport aérien de marchandises (International Freight Assistance Mechanism – IFAM) a été mis en place en avril 2020 pour faciliter le maintien des filières d’approvisionnement international durant la pandémie de COVID-19. L’assistance s’applique également à des lignes intérieures pour les producteurs et les cultivateurs des régions et des zones rurales qui dépendent du fret aérien.

Les technologies numériques et la simplification réglementaire se combinent pour accélérer le traitement des exportations en situation pandémique. Des aides sectorielles ont également été mises en place pour faciliter la transition dans les branches qui exportent des animaux sur pied et des coquillages et crustacés, de la viande et des végétaux.

  • Les niveaux de soutien de l’Australie à son secteur agricole sont bas. Ces dernières années, les dépenses publiques allouées aux services d’appui au secteur dans son ensemble ont dépassé le soutien accordé aux exploitants à titre individuel.

  • Le soutien à l’agriculture prend la forme de subventions aux intrants et de prêts ainsi que de services de conseil et de services de biosécurité, auxquels s’ajoutent des outils de gestion des risques financiers. La baisse du revenu agricole consécutive aux catastrophes naturelles est parfois compensée par des aides ponctuelles, comme cela a été le cas récemment, les conditions d’exploitation agricole étant devenues particulièrement difficiles en raison de la sécheresse persistante, des incendies de forêt et de la pandémie de COVID-19. Les pouvoirs publics ont alors eu recours à des crédits bonifiés, des abattements sur le tarif de l’eau, des subventions au transport de fourrage et des paiements supplémentaires exceptionnels. Ces mesures contrastent avec les stratégies précédemment adoptées, qui tendaient à renforcer la résilience des exploitations à la sécheresse, considérée comme une condition d’exploitation normale ; elles pourraient encourager les producteurs à prendre des risques et dissuader le secteur de s’adapter et de se transformer face aux risques à venir.

  • La recherche-développement est une composante essentielle des services d’intérêt général fournis au secteur, tandis que les services de vulgarisation et d’éducation reçoivent moins de financement. Les programmes récents ont accru le financement des réseaux prodiguant des services de conseil. Le Future Drought Fund et le programme national d’innovation agricole englobent tous deux la production et l’adoption d’innovation. Les services de transfert de connaissances devraient toujours être envisagés, car ils facilitent l’adoption des innovations par les agriculteurs, ce qui accroît la productivité et la durabilité, et peut renforcer la capacité de gestion des risques sur les exploitations.

  • Le plus grand défi du secteur agricole australien demeure le maintien de la viabilité économique des exploitations dans un contexte de pénurie de ressources, et notamment d’eau. Des réformes ont instauré des mécanismes de tarification de l’eau qui aident à accorder plus justement les incitations à utiliser l’eau et les situations de rareté de cette ressource dans le Bassin Murray-Darling (BMD). Des investissements contribuent à une utilisation efficiente de l’eau, que ce soit au niveau des exploitations ou à plus grande échelle, au niveau des bassins hydrographiques. Les autorités devraient continuer d’évaluer les mesures mises en place et les futurs projets pour développer de nouvelles sources d'eau en dehors du BMD pour s’assurer qu’ils tiennent bien compte des projections climatiques à long terme et n’incitent pas à des comportements susceptibles d’aggraver la situation future du secteur.

  • Bien qu’il soit largement admis que les agriculteurs australiens sont pénalisés par le changement climatique, la contribution du secteur à ce phénomène, du fait de ses émissions de gaz à effet de serre, n’est toujours pas prise en considération dans les politiques publiques. La publication d’une nouvelle version de l’outil de modélisation FullCAM devrait permettre d’enrichir les informations disponibles sur les émissions du secteur. Des données factuelles de meilleure qualité offrent la possibilité d’élaborer une approche plus systématique à l’échelle du secteur, en prévision de mesures climatiques susceptibles d’influer sur celui-ci plus largement que par le passé. Le modèle FullCAM doit aussi être utilisé dans les calculs effectués au titre du fonds de réduction des émissions (Emissions Reduction Fund – ERF).

Référence

[1] DFAT (2021), Australia’s free trade agreements (FTAs), https://www.dfat.gov.au/trade/agreements/Pages/trade-agreements (consulté le 30 mars 2021).

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