2. Effectifs et caractéristiques socio-démographiques de la diaspora ivoirienne

Les données disponibles les plus récentes indiquent qu’environ 240 000 émigrés ivoiriens résidaient dans les pays de l’OCDE en 2020 (Graphique 2.1). La Côte d’Ivoire est donc le deuxième pays de l’UEMOA avec le plus grand nombre d’émigrés résidant dans les pays de l’OCDE, derrière le Sénégal (environ 400 000 émigrés) et devant le Mali (environ 170 000 émigrés). Depuis 2000, le nombre d’émigrés ivoiriens dans les pays de l’OCDE a augmenté de façon très importante ; ils étaient en effet environ 70 000 en 2000, 146 000 en 2010 et 195 000 en 2015. Entre 2000 et 2020, leur effectif global dans les pays de l’OCDE a donc augmenté de 245 %, ce qui est comparable à l’évolution observée pour la diaspora malienne, mais nettement supérieur à celle de la diaspora sénégalaise (+185 %). Parmi les autres pays de l’UEMOA, qui ont des diasporas plus petites dans les pays de l’OCDE et pour lesquels on ne dispose pas des données les plus récentes, des évolutions très rapides ont également été observées : entre 2000 et 2015, l’effectif d’émigrés nés au Togo a augmenté de 235 %, tandis que celui des personnes nées au Burkina Faso a augmenté de 213 % ; sur cette même période, le nombre d’émigrés ivoiriens dans les pays de l’OCDE avait augmenté de 180 %.

Les données concernant les émigrés ivoiriens hors des pays de l’OCDE sont incomplètes et moins précises que celles disponibles pour les pays de l’OCDE (Graphique 2.2). Les estimations des Nations Unies font état d’environ 1.15 million d’émigrés ivoiriens résidant dans l’ensemble des pays du monde en 2020. Parmi eux, près de 80 % résideraient dans un pays d’Afrique de l’Ouest, soit un effectif d’environ 900 000 émigrés. La plupart vivent dans un des pays frontaliers de la Côte d’Ivoire. Selon ces estimations, les deux principaux pays de destination des émigrés ivoiriens en 2020 étaient le Burkina Faso, premier pays de destination dans le monde avec 560 000 personnes, et le Mali (195 000 personnes). Une part importante des personnes nées en Côte d’Ivoire et résidant dans ces deux pays sont des enfants d’émigrés burkinabés et maliens revenus avec leurs parents dans leur pays d’origine, notamment dans le contexte de la crise politico-militaire qui a touché le pays durant la décennie 2000. Les autres pays de destination principaux des émigrés ivoiriens dans la région sont le Ghana (74 000 émigrés en 2020 selon les estimations des Nations Unies), le Bénin (34 000 émigrés), le Liberia (20 000 émigrés) et la Guinée (8 000 selon les estimations des Nations Unies pour 2020, mais le recensement de la Guinée de 2014 faisait état de près de 40 000 émigrés ivoiriens dans le pays).

En dehors de la région ouest-africaine, le Maroc et la Tunisie sont également des pays de destination significatifs pour les émigrés ivoiriens : grâce aux données sur le nombre d’utilisateurs du réseau Facebook originaires de Côte d’Ivoire et vivant dans ces pays, on peut estimer qu’environ 30 000 émigrés ivoiriens vivraient au Maroc et environ 20 000 résideraient en Tunisie.

Le Graphique 2.3 met en évidence la répartition géographique des émigrés ivoiriens dans les principaux pays de destination de l’OCDE. La France est de loin le pays de l’OCDE privilégié par les émigrés ivoiriens : environ 143 000 émigrés ivoiriens résidaient en France en 2020. Vient ensuite l’Italie, avec un peu plus de 34 000 émigrés ivoiriens en 2020. Les États-Unis sont la troisième destination des Ivoiriens parmi les pays de l’OCDE, avec environ 25 000 personnes. Les autres principaux pays de destination sont le Canada et le Royaume-Uni, pour lesquels on ne dispose pas d’une estimation à jour du nombre d’émigrés ivoiriens (respectivement 12 900 et 6 500 en 2015/16), puis la Belgique (6 900 émigrés ivoiriens en 2020) et l’Espagne (5 300 émigrés ivoiriens en 2020).

En valeur absolue, l’augmentation la plus importante revient aux émigrés ivoiriens installés en France : on en dénombrait en effet 45 000 en 2000, leur effectif a donc augmenté de près de 100 000 en 20 ans. En termes relatifs, cet accroissement a induit une multiplication de leur nombre par 3.2. On retrouve un accroissement relatif encore plus élevé en Italie, où le nombre d’émigrés ivoiriens est passé d’environ 7 000 en 2000 à 34 000 en 2020 (× 4.7). Aux États-Unis, les émigrés ivoiriens ont vu leur nombre augmenter de 7 600 en 2000 à 25 000 en 2020 (× 3.3). Bien qu’on ne dispose pas de données concernant les émigrés ivoiriens au Canada pour 2020, leur nombre avait augmenté de façon très rapide entre 2000 et 2015, passant de moins de 2000 à près de 12 900 (× 6.9). Enfin, concernant la Belgique, bien que l’accroissement en termes absolus reste limité, le nombre d’émigrés ivoiriens passant de 1 300 en 2000 à 6 900 en 2020, l’accroissement relatif a été plus rapide que dans les autres principaux pays de destination en Europe (× 5.1).

Par ailleurs, parmi l’ensemble des Ivoiriens résidant à l’étranger, les estimations actuelles indiquent qu’environ 38 000 sont réfugiés, pour la plupart dans les pays voisins de la Côte d’Ivoire (Encadré 2.1). Ces réfugiés sont théoriquement comptabilisés dans les chiffres de population née à l’étranger dans leurs pays d’accueil respectifs mais cela dépend en pratique des sources de données et des pratiques des pays hôtes.

Une autre catégorie spécifique d’émigrés ivoiriens sont les étudiants en mobilité internationale. Plus de 10 600 étudiants ivoiriens étaient en mobilité internationale en 2019 (Graphique 2.5). Plus des deux-tiers d’entre eux étudiaient dans les pays européens de l’OCDE, avec une très forte concentration en France, qui représentait 63 % de l’accueil des étudiants ivoiriens à l’étranger. L’effectif total d’étudiants ivoiriens à l’étranger a fortement augmenté entre 2014 et 2019, passant de 6 000 à 10 600, soit une augmentation de 76 %. Après la France, les principaux pays de destination des étudiants ivoiriens sont les États-Unis (près de 1 500 étudiants), le Canada (1 200). En dehors de la France, où le nombre d’étudiants ivoiriens a presque doublé entre 2014 et 2019, une croissance rapide est également observée au Canada (+120 %) et en Russie, où le nombre d’étudiants ivoiriens a quadruplé entre 2014 et 2019. En revanche, le nombre d’étudiants ivoiriens a fortement chuté en Italie et est resté stable en Allemagne.

La répartition régionale des émigrés ivoiriens dans leurs principaux pays de destination suit globalement la répartition spatiale de la population immigrée dans ces pays. Toutefois, ils apparaissent souvent plus concentrés dans un nombre limité de régions que ne l’est la population immigrée. Dans le cas de la France, principale destination dans les pays de l’OCDE, 59 % des émigrés ivoiriens vivaient en Ile-de-France – région de la capitale – en 2018/19, alors que cette région n’accueillait que 38 % de l’ensemble des immigrés et 19 % de la population totale (Graphique 2.6). Les autres régions françaises principales de résidence des émigrés ivoiriens étaient l’Auvergne-Rhône-Alpes (6 %), la Nouvelle-Aquitaine (5 %) et l’Occitanie (5 %). La part des émigrés ivoiriens dans ces trois régions est toutefois largement inférieure à leur poids dans la population immigrée et plus encore dans la population totale.

Il est intéressant de noter que les émigrés ivoiriens diplômés du supérieur sont un peu plus dispersés que l’ensemble des émigrés ivoiriens. L’Ile-de-France accueille ainsi 54 % des Ivoiriens diplômés du supérieur, contre 59 % de l’ensemble des émigrés ivoiriens. A l’inverse, les diplômés du supérieur sont plus représentés dans les autres grandes régions françaises.

En Italie et en Espagne, où la répartition régionale de la population immigrée est nettement moins polarisée qu’en France, on retrouve une répartition plus homogène pour les émigrés ivoiriens (ou, dans le cas de l’Italie, pour les ressortissants ivoiriens). En Italie, 31 % des Ivoiriens résident en Lombardie, dans le Nord du pays, leur principale région de résidence, qui accueille 23 % des étrangers et 17 % de la population totale du pays (Graphique 2.7). Les ressortissants ivoiriens sont également surreprésentés en Toscane (11 %, contre 8 % des étrangers et 6 % de la population totale) et en Émilie-Romagne. À l’inverse, les Ivoiriens sont sous-représentés dans le Latium, région où se situe la capitale italienne : seuls 4 % d’entre eux y résident, alors que c’est le cas de 12 % de l’ensemble des étrangers et de 10 % de la population totale.

Dans le cas de l’Espagne, quatre régions principales accueillent les émigrés ivoiriens : l’Andalousie (20 %), la Catalogne (18 %), Madrid (16 %) et Valence (11 %) (Graphique 2.8). Par rapport à l’ensemble des immigrés résidant en Espagne, les émigrés ivoiriens sont sous-représentés en Catalogne et dans la région de Madrid, mais ils sont nettement surreprésentés en Andalousie, comme c’est d’ailleurs le cas pour les émigrés maliens ou sénégalais.

En 2015/16, 49 % des émigrés ivoiriens vivant dans les pays de l’OCDE étaient des femmes. Bien que cette proportion reste légèrement inférieure à celle de l’ensemble des immigrés (51.5 %) et de l’ensemble de la population née dans les pays de l’OCDE (51 %), la diaspora ivoirienne est la plus féminisée des pays de l’UEMOA comme le montre le Graphique 2.9. Les diasporas nigérienne et togolaise sont les deux plus féminisées après la Côte d’Ivoire, avec respectivement 46 % et 45 % de femmes, tandis que les diasporas malienne et sénégalaise le sont nettement moins (37 % de femmes).

Le nombre de femmes nées en Côte d’Ivoire résidant dans les pays de l’OCDE a augmenté plus rapidement que le nombre d’hommes entre 2000/01 et 2015/16 (+219 % contre +202 % pour les hommes), résultant en un accroissement de 5 points de pourcentage de la part des femmes parmi les émigrés ivoiriens au cours de cette période.

La répartition des émigrés ivoiriens par genre varie toutefois selon le pays d’accueil. En effet, la proportion de femmes parmi les émigrés ivoiriens est plus élevée en France que dans d’autres pays de destination (voir également Graphique 2.11). En 2018/19, on comptait environ 55 % de femmes parmi les émigrés ivoiriens en France. En Italie, la part des femmes parmi les émigrés ivoiriens est nettement plus faible (33 % en 2020). De même, au Royaume-Uni, en 2015/16, moins de 30 % des émigrés originaires de Côte d’Ivoire étaient des femmes.

Par rapport à l’ensemble des immigrés vivant dans les pays de l’OCDE, les émigrés ivoiriens sont dans l’ensemble plus jeunes, avec une part des 15-24 ans plus importantes (14 % contre 10 %) et surtout une part des migrants de 65 ans et plus nettement plus faible. Ce dernier groupe ne représente en effet que 3 % des émigrés ivoiriens, alors qu’il représente 15 % de l’ensemble des personnes nées à l’étranger vivant dans les pays de l’OCDE (Graphique 2.10). Au total, 92 % des émigrés ivoiriens sont d’âge actif (15-64 ans). La distribution par âge des émigrés ivoiriens est assez proche de celle de l’ensemble des émigrés originaires des pays de l’UEMOA, avec toutefois une part légèrement plus importante de jeunes de 15 à 24 ans parmi les émigrés ivoiriens. Ces comparaisons mettent en lumière le caractère relativement récent de l’émigration ivoirienne vers les pays de l’OCDE. Par ailleurs, la comparaison avec la distribution par âge de la population ivoirienne rappelle que les émigrés sont en très grande majorité issus de groupes d’âge qui n’ont pas forcément le même poids dans la population d’origine. En l’occurrence, la population ivoirienne étant très jeune (43 % d’enfants de 0 à 14 ans), l’âge moyen des émigrés est nécessairement supérieur à l’âge moyen de la population de la Côte d’Ivoire. Par rapport aux natifs des pays de destination, les émigrés ivoiriens sont à la fois sous-représentés parmi les enfants et parmi les personnes âgées.

La distribution par âge, et sexe, des émigrés ivoiriens varie toutefois selon les pays de destination. Comme le montre le Graphique 2.11, les émigrés ivoiriens vivant en France sont en moyenne plus âgés que ceux résidant dans les autres principaux pays de destination : la part des personnes âgées de plus de 55 ans (hommes et femmes) atteint ainsi 13 % dans le cas de la France, alors qu’elle n’est que de 9 % aux États-Unis, 6 % en Italie et environ 4 % au Canada et en Belgique. De même, la part des jeunes d’âge actif est relativement plus faible en France, en particulier parmi les hommes : les 15-34 ans représentent ainsi 37 % des hommes de 15 à 64 ans en France, contre 58 % aux États-Unis. Du point de vue de la part des enfants parmi les émigrés ivoiriens, le Canada et l’Italie représentent deux situations extrêmes : alors que les enfants de moins de 15 ans représentent moins de 4 % de l’ensemble des émigrés ivoiriens vivant en Côte d’Ivoire, cette proportion est de 19 % au Canada. Cela reflète la prépondérance de l’immigration de travail des Ivoiriens en Italie et la part plus importante de l’immigration familiale à vocation permanente au Canada.

Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, en 2015/16, 21 % des émigrés ivoiriens vivaient dans leur pays d’accueil depuis moins de 5 ans, tandis que 57 % d’entre eux étaient installés à l’étranger depuis plus de 10 ans (Graphique 2.12). Les émigrés ivoiriens constituent en moyenne dans les pays de l’OCDE une diaspora légèrement plus récente que l’ensemble des émigrés nés dans l’UEMOA. La part des émigrés récents au sein des diasporas malienne et béninoise est ainsi inférieure à 20 %, avec près de 65 % d’émigrés installés depuis plus de 10 ans. La différence est encore plus marquée si l’on considère l’ensemble des immigrés vivant dans les pays de l’OCDE, parmi lesquels 70 % sont installés dans leur pays de destination depuis plus de 10 ans et environ 15 % sont des migrants récents arrivés depuis moins de cinq ans.

Ces différences tiennent à deux principaux facteurs : l’ancienneté relative des flux migratoires vers les pays de l’OCDE et leur dynamique récente, ainsi que la nature et l’importance des migrations de retour. Si les migrations de retour sont significatives et qu’elles interviennent relativement tôt, dans un contexte où les flux temporaires sont importants, la durée de séjour moyenne des immigrés sera plus faible que si la plupart des immigrés ne repartent pas vers leur pays d’origine ou s’ils le font seulement à la fin de leur vie active. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, on manque malheureusement d’informations quantitatives pour caractériser les migrations de retour (voir Chapitre 5) mais il est vraisemblable que le caractère plus récent de l’émigration ivoirienne explique en partie le fait que les migrants récents représentent une part relativement plus élevée.

Les différences dans la distribution de la durée de séjour des émigrés ivoiriens selon les pays de destination permettent d’identifier les différentes dynamiques migratoires à l’œuvre vers les pays de l’OCDE (Graphique 2.13). Parmi les principaux pays de destination de l’OCDE, la France et l’Italie apparaissent comme les pays où la durée de séjour est en moyenne la plus élevée, avec respectivement 69 % et 63 % de séjours supérieurs à 10 ans. Par rapport à l’Italie, la France accueille toutefois une part plus importante de migrants ivoiriens arrivés depuis moins de cinq ans. A l’inverse, plus de 55 % des émigrés ivoiriens vivant en Suisse y résident depuis moins de cinq ans, ce qui reflète une part importante de migrations temporaires dans ce pays et relativement peu de perspectives d’installation à long terme. Dans le cas du Canada, bien que la part des migrants récents soit également très élevée (49 %), cela est surtout dû à la croissance récente des flux migratoires ivoiriens vers ce pays. Les émigrés ivoiriens aux États-Unis présentent une distribution de durée de séjour intermédiaire, avec environ un quart de migrants récents et près de 40 % de migrants présents dans le pays depuis plus de 10 ans.

En 2015/16, plus d’un tiers des émigrés ivoiriens vivant dans les pays de l’OCDE (36 %) avaient un niveau d’éducation faible, ayant atteint au plus le premier cycle de l’enseignement secondaire (Graphique 2.14). Ils étaient 31 % à avoir un niveau d’éducation intermédiaire correspondant au second cycle de l’enseignement secondaire et 33 % un niveau d’éducation élevé. Par rapport à 2000/01, le niveau d’éducation des émigrés ivoiriens dans les pays de l’OCDE a augmenté. La part des émigrés ivoiriens ayant un faible niveau d’éducation a diminué de 3 points de pourcentage, tandis que la part de ceux ayant un diplôme du supérieur a augmenté de 6 points de pourcentage. Toutefois, le niveau d’éducation de l’ensemble des immigrés vivant dans les pays de l’OCDE a connu une dynamique légèrement plus favorable, avec une augmentation de plus de 7 points de pourcentage des diplômés du supérieur.

Globalement les émigrés ivoiriens résidant dans les pays de l’OCDE ont une distribution de l’éducation assez proche de celle des natifs des pays de l’OCDE, même si la part des diplômés du supérieur est plus faible pour ces derniers (26 % contre 33 %). En revanche, les émigrés ivoiriens dans les pays de l’OCDE sont très nettement plus éduqués que l’ensemble de la population ivoirienne, ce qui reflète la très forte sélection positive de l’émigration en provenance des pays en développement et à destination des pays de l’OCDE. Même si la part des diplômés du supérieur en Côte d’Ivoire a augmenté entre 2000 et 2015 (de 1.8 % à 4.3 %), elle a cru moins vite que parmi les émigrés ivoiriens ; l’écart s’est donc creusé avec les émigrés.

Par rapport aux émigrés originaires des autres pays de l’UEMOA, la part des émigrés ivoiriens ayant un diplôme de l’enseignement supérieur est plutôt élevée (Graphique 2.15). C’est le cas pour seulement environ 20 % des émigrés maliens ou sénégalais, soit 13 points de pourcentage de moins que parmi les émigrés ivoiriens. Les émigrés béninois sont toutefois ceux qui ont en moyenne les niveaux d’éducation les plus élevés, avec plus de 50 % de diplômés du supérieur et seulement 20 % ayant un niveau d’éducation faible (i.e. jusqu’au premier cycle du secondaire).

Le niveau d’éducation des émigrés ivoiriens varie selon les pays dans lesquels ils résident (Graphique 2.16). En 2015/16, 80 % des émigrés ivoiriens résidant en Italie avaient un faible niveau d’éducation. Les données récentes de l’enquête emploi en Italie indiquent qu‘ils étaient près de 70 % à être faiblement éduqués en 2017-20. En revanche, seuls 11 % des émigrés ivoiriens vivant au Canada et 15 % de ceux résidant aux États-Unis avaient un niveau d’éducation faible en 2015/16. En 2017-19, aux États-Unis, la proportion d’émigrés ivoiriens ayant un niveau d’éducation faible n’était que de 5 % (contre 20 % pour l’ensemble des immigrés). L’Amérique du Nord est ainsi la région qui accueille en proportion le moins d’émigrés ivoiriens ayant un niveau d’éducation faible. Les pays anglo-saxons accueillent aussi en proportion le plus d’émigrés ivoiriens diplômés du supérieur. En effet, près de 75 % des émigrés ivoiriens au Canada étaient diplômés du supérieur en 2015/16, cette proportion étant de 46 % au Royaume-Uni et de 44 % aux États-Unis. À l’inverse, l’Italie est le pays où la part de diplômés du supérieur parmi les émigrés ivoiriens est la plus faible – avec seulement 4 %.

En France, la répartition des émigrés ivoiriens par niveau d’éducation est plus équilibrée : en 2018-19, environ un tiers d’entre eux dans chaque groupe (diplômés du supérieur : 32 % ; deuxième cycle du secondaire : 34 % ; premier cycle du secondaire ou moins : 34 %).

Si les États-Unis et le Canada accueillent une proportion plus élevée d’émigrés avec un niveau d’éducation supérieur, la France reste le pays qui accueille le plus grand nombre d’émigrés ivoiriens diplômés du supérieur des pays de l’OCDE puisqu’environ 61 % d’entre eux vivent en France. Les États-Unis accueillent pour leur part un peu plus d’un cinquième des émigrés ivoiriens diplômés du supérieur.

La France est également le pays qui accueille le plus grand nombre d’émigrés ivoiriens ayant un faible niveau d’éducation. Près de trois émigrés ivoiriens sur cinq avec un niveau d’éducation faible vivent en France (58 % contre 53 % tout niveau d’étude confondu). Un quart d’entre eux vit en Italie et seulement 7 % vivent aux États-Unis.

Les femmes émigrées ivoiriennes ont en moyenne un niveau d’éducation plus faible que les hommes. En 2015/16, dans les pays de l’OCDE, 28 % des femmes émigrées ivoiriennes avaient un niveau d’éducation élevé – tandis que c’était le cas pour 38 % des hommes – et 41 % avaient un niveau d’éducation faible – contre 31 % pour les hommes (Graphique 2.17).

Bien que l’augmentation du niveau d’éducation des émigrés ivoiriens ait concerné les hommes et les femmes, le niveau d’éducation a progressé davantage parmi les femmes que parmi les hommes. La part des émigrés ivoiriens masculins ayant un niveau d’éducation faible est restée stable entre 2000/01 et 2015/16 (31 %), tandis que celle des diplômés du supérieur a augmenté de 5 points de pourcentage sur la même période (passant de 33 % à 38 %). Parmi les femmes émigrées ivoiriennes, la part de celles ayant un faible niveau d’éducation a baissé de 5 points de pourcentage (passant de 47 % à 41 %), tandis que la part des diplômées du supérieur a augmenté de 8 points de pourcentage (passant de 20 % à 28 %).

Le nombre d’émigrés ivoiriens dans les pays de l’OCDE est relativement faible par rapport à la population de la Côte d’Ivoire : en 2015/16 le taux d’émigration de la Côte d’Ivoire vers les pays de l’OCDE était de 1.4 % (Graphique 2.18). Ce taux a augmenté relativement à 2000/01, puisqu’il était alors de 0.6 %. Parmi les pays de l’UEMOA, le taux d’émigration de la Côte d’Ivoire est inférieur au taux d’émigration du Sénégal (3.5 %), de la Guinée-Bissau (2.7 %) et du Togo (1.5 %), mais supérieur aux taux de plusieurs pays comme le Burkina Faso et le Niger dont les taux d’émigration sont nettement plus faibles (0.3 % et 0.1 % respectivement).

Au niveau du continent africain, le taux d’émigration de la Côte d’Ivoire est largement inférieur à celui de nombreux pays (OCDE, 2019[2]). Le faible niveau du taux d’émigration de la Côte d’Ivoire vers les pays de l’OCDE peut notamment s’expliquer par le caractère récent du phénomène de l’émigration en Côte d’Ivoire, par les contraintes de liquidité auxquelles font face les Ivoiriens souhaitant quitter leur pays, ainsi que par le caractère sélectif des politiques migratoires des pays de l’OCDE.

En décomposant le taux d’émigration des Ivoiriens vers les pays de l’OCDE selon le sexe et le niveau d’éducation, deux constats apparaissent. Premièrement, le taux d’émigration augmente de façon très importante avec le niveau d’éducation. Ainsi, le taux d’émigration des personnes nées en Côte d’Ivoire et ayant au maximum atteint le premier cycle du secondaire était inférieur à 0.6 % en 2015/16. Pour les personnes ayant un niveau d’éducation intermédiaire (deuxième cycle du secondaire), le taux d’émigration était de 6.3 %, tandis qu’il était de 9.7 % pour les diplômés du supérieur. Ce gradient du taux d’émigration en fonction du niveau d’éducation se retrouve de façon générale pour la plupart des pays en développement, en particulier en Afrique (d’Aiglepierre et al., 2020[3]). Deuxièmement, les femmes ont des taux d’émigration plus élevés que les hommes, et cette différence s’accroît avec le niveau d’éducation. Alors que la ratio entre le taux d’émigration des femmes et celui des hommes est de 1.3 pour les personnes peu éduquées, il est de 1.8 pour les personnes ayant un niveau d’éducation intermédiaire et de 1.9 pour les diplômés du supérieur (Graphique 2.19).

Références

[3] d’Aiglepierre, R. et al. (2020), « A global profile of emigrants to OECD countries : Younger and more skilled migrants from more diverse countries », Documents de travail de l’OCDE sur les questions sociales, l’emploi et les migrations, n° 239, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/0cb305d3-en.

[1] Lutz, W. et al. (2018), Demographic and Human Capital Scenarios for the 21st Century: 2018 assessment for 201 countries, Publications Office of the European Union, https://doi.org/10.2760/835878.

[2] OCDE (2019), « Are the characteristics and scope of African migration outside of the continent changing? », Migration Data Brief 5, https://www.oecd.org/migration/mig/Migration-data-brief-5-EN.pdf.

Mentions légales et droits

Ce document, ainsi que les données et cartes qu’il peut comprendre, sont sans préjudice du statut de tout territoire, de la souveraineté s’exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire, ville ou région. Des extraits de publications sont susceptibles de faire l'objet d'avertissements supplémentaires, qui sont inclus dans la version complète de la publication, disponible sous le lien fourni à cet effet.

© OCDE 2022

L’utilisation de ce contenu, qu’il soit numérique ou imprimé, est régie par les conditions d’utilisation suivantes : https://www.oecd.org/fr/conditionsdutilisation.