4. Liquidation de l’impôt

La fonction de liquidation de l’impôt englobe toutes les activités liées au traitement des déclarations d’impôt, y compris l’émission des avis d’imposition, les remboursements et les déclarations. Elle inclut également le traitement et la comptabilisation des paiements. Ces activités constituent un domaine d’intérêt qui connaît des évolutions notables, les administrations cherchant à réduire les coûts des processus faisant intervenir des volumes de données importants.

Les éditions précédentes de cette série ont souligné combien l'adoption généralisée du dépôt et du paiement en ligne par les contribuables aide les administrations à réduire leurs coûts et à améliorer les services qu’elles fournissent aux contribuables. Cette tendance s’est poursuivie, et la gamme des services d’appui et d’options désormais proposés ne cesse de s'étendre.

Par ailleurs, les administrations fiscales gèrent un éventail de plus en plus large de données qu’elles collectent par voie électronique, y compris auprès d'un nombre croissant d’organisations tierces. Cette évolution facilite une utilisation plus intelligente des données et des déclarations préremplies plus complètes, grâce à l’usage de l’intelligence artificielle et de l'apprentissage automatique. Elle contribue aussi à élaborer plus en amont des stratégies en matière de discipline fiscale capables de minimiser ou de prévenir les erreurs dans les déclarations. En plus d'actualiser les informations sur l’utilisation des canaux électroniques pour le dépôt et le paiement, ce chapitre :

  • décrit les efforts déployés par les administrations pour fournir des déclarations préremplies aux particuliers et aux entreprises, y compris l’élargissement de cette approche aux « régimes sans déclaration » dans certains cas

  • examine les taux de respect des délais de déclaration et de paiement

  • donne des exemples de la façon dont la technologie et l’application des sciences des données améliorent les processus de remboursement.

Alors que le numérique transforme la vie quotidienne, il n’est pas surprenant que l’adoption des systèmes de dépôt et de paiement par voie électronique continue de progresser. Le tableau 4.1 présente les taux moyens de déclaration électronique dans les juridictions qui ont communiqué des données sur les canaux utilisés par les contribuables pour déposer leurs déclarations entre 2018 et 2020. Au cours de cette période, plus de neuf entreprises sur dix ont déposé leurs déclarations par voie électronique. Pour les déclarations d’impôt sur le revenu des personnes physiques, ce chiffre est d’environ 85 %. En outre, il convient de noter que, dans un grand nombre d’administrations, 100 % des déclarations sont d’ores et déjà déposées en ligne (tableau D.13 dans les données de l’enquête ISORA).

Si l’on examine l’évolution des taux de déclaration électronique sur la période 2014-20 ressortant du tableau 4.2, il apparaît clairement que ces taux ont sensiblement augmenté - entre 15 et 20 points de pourcentage - pour les trois principaux types d’impôts. (Il convient de noter que le tableau ne prend en compte que les informations provenant des juridictions pour lesquelles des données étaient disponibles pour les deux années 2014 et 2020, ce qui explique les différences entre les moyennes de 2020 présentées dans les tableaux 4.1 et 4.2)

S'agissant des taux de paiement électronique qui ressortent du tableau 4.3, plus de 85 % des paiements, mesurés en nombre et en valeur, ont été effectués en ligne en 2020. Le pourcentage de paiements en ligne en valeur est légèrement supérieur au pourcentage de paiements en ligne en nombre, ce qui laisse penser que ce sont surtout les gros contribuables qui utilisent ce canal de paiement. (En raison d’une modification de la définition de la question de l’enquête sous-jacente, il n’est pas possible de suivre l’évolution des taux de paiement électronique depuis 2014.)

Dans un certain nombre de juridictions, le volume des déclarations déposées sur formulaire papier et des paiements effectués par des moyens non électroniques demeure élevé. Dans les juridictions qui ont communiqué des données, plus de 52 millions de déclarations papier (pour l’IRPP, l’IS et la TVA) ont été déposées (tableaux A.45 à A.47). Il convient toutefois de reconnaître que cela représente une forte baisse par rapport aux années qui ont précédé la pandémie de COVID-19, car pour le même ensemble de juridictions, 88 millions de déclarations ont été déposées sur formulaire papier en 2018 et 75 millions en 2019.

On peut s’attendre à ce que ce chiffre diminue encore au fil du temps, car de plus en plus d’administrations prennent des mesures pour encourager les contribuables à utiliser les plateformes électroniques lorsque c’est possible. Cela permettra non seulement de réduire les coûts administratifs, mais aussi d'alléger la charge administrative pesant sur les contribuables au fil du temps.

Au cours des deux dernières décennies, la préparation de déclarations préremplies a été l’une des innovations majeures en matière de conception des déclarations fiscales, souvent pour les contribuables soumis à l’impôt sur le revenu. Cette approche consiste pour les administrations à « préremplir » la déclaration ou le compte en ligne du contribuable avec des informations provenant de tiers. La déclaration préremplie peut être vérifiée par le contribuable et déposée par voie électronique ou sur papier. Le volume d’informations prérenseignées étant généralement déterminé par l’éventail des sources de données électroniques dont dispose l’administration, il est essentiel, dans cette approche, que le cadre législatif prévoie la communication de données détaillées et actualisées par des tiers couvrant autant d’informations pertinentes afférentes aux contribuables que possible.

La complexité des cadres juridiques qui régissent les obligations fiscales peut faire obstacle à une automatisation plus poussée du calcul de l’impôt ; aussi, certaines administrations fiscales envisagent d’utiliser une législation dans un format lisible par machine afin d'automatiser le processus de calcul au moyen d'algorithmes (voir des exemples au chapitre 5), avec à la clé une réduction du nombre d’erreurs et moins de contraintes pour les contribuables.

Les partisans de la déclaration préremplie ont d’abord encouragé son utilisation dans les régimes fiscaux individuels qui autorisaient relativement peu de déductions et de crédits, et qui se prêtaient à une vérification à l’aide de sources de données tierces. Les progrès des technologies fondées sur des règles, les obligations de communication d’informations et l’application des techniques fondées sur la science des données permettent désormais d’envisager une application plus large de cette approche. Par exemple, les réponses à l’enquête montrent que, dans de nombreux pays, les déclarations au titre de l’IRPP sont désormais préremplies avec différentes informations sur le revenu, ainsi que sur les dépenses déductibles comme les dons, les frais de scolarité et d'études et les primes d’assurance (graphiques 4.1 et 4.2). L’encadré 4.2 décrit les dernières évolutions intervenues dans certains pays.

Dans un nombre croissant de pays, la déclaration au titre de l’IRPP est désormais totalement préremplie, et le contribuable doit ensuite soit l’accepter (éventuellement par accord tacite passé un certain délai), soit fournir des informations supplémentaires qui peuvent conduire à un ajustement à la hausse ou à la baisse (tableau A.46). Dans leur forme la plus aboutie, des déclarations préremplies complètes sont produites pour la majorité des revenus des contribuables. En outre, l’existence de systèmes de facturation électronique permet aux administrations fiscales d’envisager l’utilisation de déclarations préremplies non seulement pour l’IRPP, mais aussi pour l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IS) et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) (tableaux A.45 et A.47).

À mesure que le volume de données disponibles pour renseigner les déclarations augmente, les administrations fiscales peuvent élaborer des techniques prédictives afin de détecter les erreurs commises par les contribuables lorsqu’ils finalisent leur déclaration. L’utilisation de techniques incitatives pour inciter un contribuable à renseigner certains champs est également une tendance qui s'affirme. Les techniques de cette nature modifient les approches de la discipline fiscale en réduisant les erreurs et en intégrant le travail de contrôle « en amont » dans les processus de l’administration fiscale, gage pour elles d'économies significatives. Les chapitres suivants décrivent plus en détail les techniques incitatives et l’utilisation de plus en plus sophistiquée de données pour effectuer des contrôles.

Même en tenant compte des innovations liées aux régimes de déclaration préremplie ou d'absence de déclaration, le dépôt d’une déclaration de revenu reste le principal moyen par lequel l’impôt est calculé et devient exigible. En conséquence, le taux de respect des délais de dépôt des déclarations est considéré comme une mesure efficace de la santé du système fiscal et de la performance de l’administration fiscale proprement dite.

Le tableau 4.4 résume les taux de respect des délais pour les administrations qui sont en mesure de fournir des renseignements ventilés par type d’impôt. Hormis l’IS, les taux avoisinent 85 %. Les taux plus faibles concernant l’IS peuvent s’expliquer par une plus grande complexité du système d’imposition des sociétés et par les délais liés à la préparation des états financiers et des rapports annuels.

Le tableau 4.5 montre l’évolution des taux de dépôt dans les délais. Les chiffres sont restés globalement stables entre 2014 et 2020, ce qui est encourageant compte tenu de l’impact de la pandémie, bien que le graphique 4.3 révèle d’importantes variations des taux de dépôt dans les délais par type d’impôt.

Les données qui sous-tendent les taux de respect des délais de dépôt montrent également d’importantes variations entre juridictions, qui reflètent souvent les réponses différentes à la pandémie apportées par certaines juridictions pour différents types d’impôt. Le rapport de 2020 intitulé Réponses des administrations fiscales au COVID-19 : mesures prises pour soutenir les contribuables souligne que certaines juridictions ont maintenu l’obligation de dépôt dans les délais, par exemple pour le paiement des remboursements ou l’octroi d'autres aides publiques, mais autorisé des reports de paiement, tandis que d'autres ont allégé les pénalités pour dépôt tardif (CIAT/IOTA/OECD, 2020[1]).

À l'avenir, ces taux devraient s'améliorer à mesure que le dépôt électronique des déclarations et les services aux contribuables, comme le préremplissage, continuent de progresser. Il convient de noter que le tableau ne prend en compte que les informations provenant des juridictions qui ont été en mesure de fournir des données pour les deux années 2014 et 2020, ce qui explique les différences entre les moyennes de 2020 présentées dans les tableaux 4.5 et 4.5.

Compte tenu de leur impact sur les taux de conformité, de nombreuses administrations fiscales ont recours aux techniques relevant des sciences comportementales pour tenter de réduire les erreurs lors du remplissage des déclarations. Les résultats sont prometteurs, et l’envoi de messages incitatifs aux étapes clés du processus de remplissage peut améliorer le respect des délais de dépôt. Cela permet non seulement d’améliorer les taux de conformité, mais aussi de libérer des ressources qui peuvent être employées à d'autres usages.

Le paiement de l’impôt représente l’une des interactions les plus courantes entre les contribuables et les administrations fiscales, en particulier pour les entreprises qui sont généralement tenues d’effectuer divers paiements à intervalles réguliers, couvrant à la fois leurs propres obligations fiscales et celles de leurs salariés. Les administrations continuent d'élargir l’éventail des options de paiement électronique à la disposition des contribuables et d’accroître leur utilisation. Ces progrès font non seulement baisser les coûts pour l’administration, mais peuvent aussi accroître le pourcentage des paiements effectués dans les délais et réduire le nombre d’arriérés de paiement en améliorant l’accès et l’expérience du contribuable. L’intégration croissante d’options de paiement dans les systèmes naturels des contribuables constitue une évolution remarquable. Cette évolution accroît la fluidité du processus de paiement pour les contribuables qui peuvent utiliser leur logiciel bancaire ou comptable existant à cette fin.

Les tableaux 4.6 et 4.7 résument les taux de respect des délais de paiement pour les administrations qui sont en mesure de fournir des informations par type d’impôt. Le tableau 4.6 montre qu’en 2020, les taux de respect des délais de paiement ont chuté par rapport aux années précédentes. Premièrement, l’éventail des résultats en matière de respect des délais de paiement ressortant du graphique 4.5 met en évidence un écart significatif entre les principaux types d’impôts pour un certain nombre de juridictions, dans certains cas supérieur à 50 points de pourcentage.

Cette dégradation est presque certainement une conséquence de la pandémie, et reflète les difficultés de trésorerie que les entreprises et les particuliers peuvent avoir rencontrées. Elle peut aussi refléter les nombreuses dispositions prises par certaines administrations fiscales pour allonger les délais de paiement afin de faire face à la pandémie, par exemple lorsque les contribuables devaient déposer leur déclaration dans les délais mais disposaient d’un délai de paiement supplémentaire.

Les prochaines éditions de ce rapport suivront ces tendances, et l’amélioration du respect des délais de paiement doit continuer d’être une priorité pour les administrations compte tenu des recettes en jeu. C’est pourquoi certaines administrations fiscales déclarent investir des ressources dans ce domaine, comme l’illustrent les exemples de l’encadré 4.5.

Au regard de la conception des principaux impôts administrés (IRPP, IS et TVA), il est inévitable qu’un certain nombre de contribuables paient un montant d'impôt supérieur à ce qu’ils doivent. Les versements d’impôt excédentaires représentent une charge pour les contribuables en termes de « coût d’opportunité », et un problème lancinant pour les entreprises dont les marges sont étroites et pour qui les flux de trésorerie sont primordiaux. Tout retard dans le remboursement d’impôts légitimement trop payés peut donc entraîner des « coûts » importants pour les contribuables.

Le tableau 4.8 illustre les différences de traitement des remboursements de TVA, et révèle que certaines administrations remboursent immédiatement les trop-versés. Cette rapidité est bénéfique aux entreprises mais les administrations fiscales doivent rester attentives aux risques de fraude. Les régimes fiscaux dans lesquels les remboursements d’impôt sont fréquents revêtent un attrait particulier pour les fraudeurs (notamment par le biais d’attaques criminelles organisées), ce qui nécessite des approches efficaces fondées sur les risques pour identifier les demandes de remboursement potentiellement frauduleuses.

Pendant la crise du COVID-19, l’importance du remboursement rapide des trop-versés était un enjeu majeur pour de nombreux gouvernements, car de nombreux contribuables étaient confrontés à de graves problèmes de trésorerie. Les administrations fiscales y ont répondu en hiérarchisant les demandes de remboursement ou en adaptant les procédures de remboursement, voire en les automatisant totalement dans certains cas. (CIAT/IOTA/OECD, 2020[1]) Au sortir de la pandémie, le paiement rapide des remboursements demeure une priorité pour de nombreux pays.

Combinés aux progrès technologiques et de la science des données, les enseignements tirés de la pandémie et des approches antérieures offrent aux administrations fiscales de nouvelles options pour atténuer les risques et simplifier les processus. Cela peut permettre de réduire les charges administratives et de discipline, et conduire à l'émergence d'approches novatrices, comme l’illustrent les exemples de l’encadré 4.6.

Bibliographie

[1] CIAT/IOTA/OECD (2020), « Réponses de l’administration fiscale au COVID-19 : Mesures prises pour soutenir les contribuables », Les réponses de l’OCDE face au coronavirus (COVID-19), Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/69d26e77-fr.

[3] OCDE (2019), Tax Administration 2019: Comparative Information on OECD and other Advanced and Emerging Economies, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/74d162b6-en.

[2] OCDE (2017), Tax Administration 2017: Comparative Information on OECD and Other Advanced and Emerging Economies, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/tax_admin-2017-en.

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