État de santé et incapacité autodéclarés à 65 ans
Alors même que l’espérance de vie à 65 ans a progressé dans les pays de l’OCDE, tous les individus ne passent pas le reste de leur vie en bonne santé (voir la section « Espérance de vie et espérance de vie en bonne santé à 65 ans »). En 2021, moins de la moitié des personnes âgées de plus de 65 ans dans 36 pays de l’OCDE déclaraient être en bonne ou très bonne santé (Graphique 10.5). Sans tenir compte des pays dont les données ne sont pas directement comparables (voir l’encadré « Définition et comparabilité »), plus des trois cinquièmes des répondants âgés déclaraient être en bonne ou très bonne santé dans seulement cinq pays (Costa Rica, Irlande, Norvège, Suède et Suisse). En moyenne, moins de la moitié des personnes âgées (45.9 %) ont déclaré être en bonne ou très bonne santé dans 36 pays de l’OCDE. Moins de 30 % des personnes âgées ont déclaré être en bonne santé dans 11 pays de l’OCDE, dont six (Corée, Croatie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Portugal) dans lesquels moins de 25 % ont déclaré être en bonne ou très bonne santé. Les hommes sont légèrement plus nombreux à se dire en bonne santé : 48 % des hommes déclarent un état de santé bon ou très bon en moyenne dans les pays de l’OCDE en 2021, contre 45 % des femmes. Sans tenir compte de la Nouvelle-Zélande, du Canada et des États-Unis (dont les résultats sont biaisés vers le haut, voir l’encadré Définition et comparabilité), c’est en Suisse que les hommes et les femmes se disent le plus en bonne santé (respectivement, 72 % et 67 %).
Dans tous les pays de l’OCDE pour lesquels on dispose de données, les personnes âgées situées dans le quintile de revenu le plus bas sont plus susceptibles de se déclarer dans un état de santé moyen ou mauvais que celles qui se situent dans le quintile le plus élevé (Graphique 10.6). En moyenne dans 27 pays de l’OCDE, une personne sur quatre (24.4 %) du quintile de revenu le plus bas fait état d’un état de santé mauvais ou très mauvais en 2021, contre une personne sur neuf (10.9 %) parmi celles du quintile le plus élevé. Dans huit pays, les personnes âgées situées dans le quintile de revenu le plus bas sont au moins deux fois et demi plus susceptibles de déclarer un mauvais ou très mauvais état de santé que celles appartenant au quintile le plus élevé, tandis que dans cinq pays (Irlande, Islande, Norvège, Pays-Bas et Suisse) les personnes âgées appartenant au quintile de revenu le plus bas sont plus de trois fois plus susceptibles de déclarer un mauvais état de santé. Dans huit pays (Finlande, Grèce, Italie, Lettonie, Luxembourg, Pologne, République slovaque et Slovénie), les personnes âgées appartenant au quintile de revenu le plus bas étaient moins de deux fois plus susceptibles de déclarer être en mauvaise santé.
Dans 27 pays de l’OCDE en 2021, environ la moitié (48 %) des personnes de 65 ans et plus ont déclaré au moins certaines limitations dans leurs activités quotidiennes : 33 % ont déclaré être modérément limitées, et 16 % être fortement limitées (Graphique 10.7). Dans la plupart des pays qui enregistrent les taux de bonne santé les plus bas, on observe également certains des taux de limitation des activités quotidiennes parmi les plus élevés. En Lettonie, 70 % des personnes de 65 ans et plus déclarent au moins un certain niveau de limitation, contre au moins 60 % en Estonie, en Lituanie et au Portugal. Dans huit pays (Estonie, Grèce, Islande, Allemagne, Portugal, République slovaque, Royaume-Uni et Türkiye), au moins 20 % des 65 ans et plus déclarent être fortement limités dans leur vie quotidienne.
L’état de santé perçu traduit la perception globale qu’ont les individus de leur propre santé, tant du point de vue physique que psychologique. Les répondants aux enquêtes se voient généralement poser des questions du type : « Comment décririez-vous votre état de santé général ? ». « Très bonne, bonne, moyenne, mauvaise, très mauvaise ». La base de données Statistiques de l’OCDE sur la santé fournit des chiffres sur la proportion de la population qui évalue son état de santé comme bon ou très bon.
Il convient d’être prudent au moment d’établir des comparaisons internationales de l’état de santé perçu, pour au moins deux raisons. L’appréciation générale que les personnes portent sur leur santé est subjective et peut être influencée par des facteurs culturels. Les catégories de réponses proposées pour mesurer la santé perçue ne sont pas identiques d’une enquête ou d’un pays à l’autre. En particulier, l’échelle de réponses utilisée en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis est asymétrique (elle est biaisée vers les réponses positives) car elle propose les catégories suivantes : « Excellente / très bonne / bonne / moyenne / mauvaise ». En revanche, dans la plupart des autres pays de l’OCDE, l’échelle des réponses est symétrique, comportant les catégories : « Très bonne / bonne / moyenne / mauvaise / très mauvaise ». Les données relatives à ces pays renvoient à deux, et non trois, catégories positives. Les résultats peuvent donc introduire un biais de comparaison rendant l’autoévaluation de la santé plus positive dans les pays qui utilisent une échelle asymétrique.
L’état de santé perçu par quintile de revenu est tiré des données d’Eurostat qui proposent les catégories de réponses suivantes : « Très bonne / bonne / moyenne / mauvaise / très mauvaise ». Les données concernant les inégalités fondées sur le revenu dans l’état de santé perçu prennent en compte la différence dans la proportion de personnes de 65 ans et plus faisant part d’un état de santé mauvais ou très mauvais, et n’incluent pas les individus qui déclarent un état de santé moyen.
La catégorie des limitations des activités quotidiennes est mesurée par la question GALI de l’enquête EU-SILC : « Êtes-vous limité(e), depuis au moins six mois, en raison d’un problème de santé, dans vos activités habituelles ? ». Les réponses possibles sont : « Oui, fortement limité(e) ; Oui, limité(e) ; Non, pas limité(e) du tout ». Les personnes résidant en établissement ne sont pas couvertes par l’enquête, ce qui entraîne une sous-estimation de la prévalence de l’incapacité. La mesure est là aussi subjective, et des facteurs culturels et des formulations différentes peuvent influencer les réponses.