Résumé

En 2019, le Sénégal était le deuxième pays de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dont les flux d’émigration vers les pays de l’OCDE étaient les plus élevés après le Nigéria. Les flux migratoires depuis le Sénégal vers l’OCDE ont fortement augmenté depuis 2000, passant de 9 700 personnes à près de 23 500 en 2019. L’Espagne, l’Italie et la France sont les trois premiers pays de destination des ressortissants sénégalais dans l’OCDE, mais on observe une diversification des destinations au cours des dernières années, particulièrement vers les États-Unis et l’Allemagne puis vers le Canada, la Belgique et le Royaume-Uni.

La part des permis délivrés aux ressortissants sénégalais par les pays européens pour motif professionnel a nettement diminué depuis 2010 passant de plus de la moitié des permis à moins de 20 % en 2020. Parallèlement, la part des permis pour motif familial a augmenté au cours de cette période et a atteint 46 % des permis en 2020, tandis que 23 % des permis étaient délivrés pour des motifs d’études et 12 % pour des motifs humanitaires. Le type de permis délivrés aux ressortissants sénégalais varie significativement selon le pays de destination. La France octroie par exemple un nombre substantiel de permis pour motif d’études aux ressortissants sénégalais.

Plus d’un tiers des Sénégalais indiquait souhaiter quitter leur pays pour vivre de façon permanente à l’étranger entre 2013 et 2018. Ces intentions d’émigration sont particulièrement élevées chez les jeunes et les chômeurs. La situation de l’emploi et particulièrement la situation défavorable des jeunes sur le marché du travail au Sénégal peut notamment expliquer cette répartition des intentions d’émigration.

Avec environ 400 000 émigrés sénégalais résidant dans les pays de l’OCDE en 2020, Le Sénégal est le pays de l’UEMOA avec le plus grand nombre d’émigrés dans les pays de l’OCDE, devant la Côte d’Ivoire et le Mali. Le nombre d’émigrés ivoiriens a augmenté de 185 % depuis 2000 ; 140 000 émigrés sénégalais résidaient alors dans les pays de l’OCDE. La France est de loin le premier pays de destination de l’OCDE des émigrés sénégalais : environ 160 000 émigrés sénégalais y résident (2020). Viennent ensuite l’Italie (environ 110 000 émigrés sénégalais en 2020), l’Espagne (environ 57 000 personnes) et les États-Unis (plus de 32 000 personnes).

Environ 700 000 émigrés sénégalais résidaient dans l’ensemble des pays du monde en 2020. Parmi eux, 33 % vivaient en Afrique de l’Ouest, soit environ 230 000 émigrés, dont plus de la moitié résidaient en Gambie. Les autres principaux pays de destination ouest-africains des émigrés sénégalais sont la Côte d’Ivoire, le Mali et la Mauritanie.

La diaspora sénégalaise dans les pays de l’OCDE est l’une des moins féminisées des pays de l’UEMOA : en 2015/16, 37 % des émigrés sénégalais vivant dans les pays de l’OCDE étaient des femmes. Par rapport à l’ensemble des immigrés vivant dans les pays de l’OCDE, les émigrés sénégalais sont dans l’ensemble plus jeunes, avec une part des 15-24 ans similaire (10 %) mais une part des 65 ans et plus nettement plus faible.

En 2015/16, plus de la moitié des émigrés sénégalais vivant dans les pays de l’OCDE (54 %) avaient un niveau d’éducation faible et 21 % un niveau d’éducation élevé. Les émigrés sénégalais dans les pays de l’OCDE ont une distribution de l’éducation moins favorable que celles de l’ensemble des immigrés ou des natifs des pays de l’OCDE. Les émigrés sénégalais dans l’OCDE sont toutefois nettement plus éduqués que l’ensemble de la population sénégalaise, ce qui reflète la très forte sélection positive de l’émigration en provenance des pays en développement et à destination des pays de l’OCDE.

Le Sénégal a le taux d’émigration vers les pays de l’OCDE le plus élevé des pays de l’UEMOA : en 2015/16 il était de 3.5 %. Le taux d’émigration augmente de façon très importante avec le niveau d’éducation : il atteint 19 % pour les diplômés du supérieur. Alors que le taux d’émigration des femmes est plus faible que celui des hommes pour les personnes peu éduquées, il est plus élevé pour les femmes que pour les hommes parmi les diplômés du supérieur.

Parmi les plus de 310 000 émigrés nés au Sénégal en âge de travailler dans les pays de l’OCDE, 61 % d’entre eux étaient en emploi en 2015/16, un taux significativement inférieur à celui observé pour l’ensemble des immigrés et des natifs de l’OCDE. Ces niveaux d’emploi diffèrent d’un pays de destination à l’autre : le taux d’emploi des émigrés sénégalais est plus élevé aux États-Unis qu’en France ou en Italie.

Les femmes nées au Sénégal accèdent à l’emploi plus difficilement que les hommes dans les pays de l’OCDE : la moitié d’entre elles ont un emploi contre deux tiers des hommes. Ces différences s’expliquent en partie par l’arrivée plus récente des femmes. La durée de séjour comme l’acquisition de la nationalité du pays de destination facilitent en effet l’accès à l’emploi. Enfin, l’insertion sur le marché du travail s’améliore avec le niveau d’éducation des émigrés sénégalais : les émigrés sénégalais diplômés du supérieur étaient 73 % à avoir un emploi, contre 55 % de ceux avec un niveau d’éducation faible.

La meilleure insertion des émigrés sénégalais avec un niveau d’étude supérieur cache une inadéquation entre leur qualification et les emplois occupés dans les pays de l’OCDE : 42 % d’entre eux occupait un emploi ne nécessitant pas un tel niveau d’éducation en 2015/2016. Si les taux de déclassement varient d’un pays de destination à l’autre, ils sont plus élevés parmi les émigrés sénégalais n’ayant pas étudié dans le pays de destination, et pour ceux vivant dans des pays non-francophones.

Les émigrés sénégalais sont surreprésentés dans les professions les moins qualifiées. Un tiers des actifs occupés nés au Sénégal occupent une profession élémentaire. Un peu plus de 20 % des émigrés sénégalais occupent des postes hautement qualifiés, mais cette part est plus faible parmi les femmes.

Au cours des 20 dernières années, le nombre annuel d’acquisitions de la nationalité des pays de l’OCDE par les émigrés sénégalais a presque quintuplé, passant de 2000 à 9 700. Initialement dominées par les naturalisations en France, les acquisitions reflètent dorénavant la diversification récente des flux d’émigration, notamment vers l’Italie.

Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, plus d’un tiers (35 %) des émigrés sénégalais ont la nationalité de leur pays d’accueil, une proportion inférieure à celle des émigrés de l’UEMOA (40 %) et de l’ensemble des immigrés dans l’OCDE (50 %). Elle est particulièrement faible en Italie et en Espagne mais relativement élevée en France. Ces différences s’expliquent notamment par les législations nationales et par le caractère plus ou moins récent de l’immigration sénégalaise dans ces pays.

Les transferts de fonds des émigrés sénégalais se sont élevés à 2.5 milliards USD en 2019 ; ils ont été multipliés par 2.7 depuis 2005. Les transferts des migrants représentent une ressource financière importante pour l’économie sénégalaise, leur montant étant équivalent à la somme de l’aide publique au développement et des investissements directs étrangers. Sur l’ensemble des envois de fonds des migrants reçus par le Sénégal en 2019, 60 % provenaient de France, d’Italie ou d’Espagne. Près de 30 % des ménages sénégalais reçoivent des transferts depuis l’étranger, dont plus de 20 % depuis un pays européen.

Le recensement sénégalais de 2013 faisait état d’environ 42 000 natifs du Sénégal vivant dans le pays à cette date et ayant résidé à l’étranger au cours des cinq dernières années. Ce chiffre s’élevait à 56 000 personnes pour les personnes ayant vécu à l’étranger au cours des 10 dernières années. La proportion de migrants de retour est nettement plus élevée parmi les hommes que parmi les femmes. Le niveau d’éducation des migrants de retour varie selon leur pays de résidence précédent : près de la moitié des migrants sénégalais revenant de France avaient terminé leurs études secondaires, alors que cette proportion était de 3.5 % parmi les migrants revenant de Gambie ou de Mauritanie.

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