1. Évolutions récentes des migrations internationales et intégration des immigrés sur le marché du travail

L’immigration à caractère permanent dans les pays de l’OCDE s’est accrue en 2021 d’environ 22 % par rapport à 2020 pour s’établir à 4.8 millions de personnes (Graphique 1.1). Cette forte augmentation n’a toutefois pas permis de recouvrer les niveaux d’immigration d’avant la pandémie de COVID-19 : en effet, entre 2017 et 2019, elles se sont élevées en moyenne à 5.3 millions.

Les données sur les migrations à caractère permanent présentées dans cette section doivent être interprétées avec prudence. Tout d’abord, elles ne doivent pas être interprétées comme de nouvelles arrivées sur le territoire car elles incluent non seulement les nouvelles entrées, mais aussi les changements de statut dans le pays, d’un statut temporaire à un statut permanent. Les termes « migration à caractère permanent », « entrées/immigration permanentes » et « admissions » sont ici synonymes et renvoient aux mêmes données. La réouverture progressive des frontières affecte davantage les flux d’entrée que le nombre de changements de statut qui est plus stable. Par conséquent, l’augmentation totale des flux à caractère permanent observée en 2021 reflète une augmentation plus importante de l’immigration permanente en provenance de l’étranger.

Deuxièmement, plusieurs pays de l’OCDE communiquent leurs statistiques migratoires annuelles sur une base fiscale qui ne correspond pas aux années civiles. C’est notamment le cas de l’Australie, de la Nouvelle Zélande, de l’Irlande et des États-Unis. Par conséquent, l’augmentation des flux migratoires au cours de l’année civile 2021 ne se reflète que partiellement dans les statistiques migratoires nationales de ces pays pour 2021. Dans cette section, cependant, les données américaines ont été ajustées et font référence à l’année civile à partir de 2019.

Troisièmement, les statistiques de l’OCDE sur les migrations de type permanent comprennent des estimations de flux d’entrées bénéficiant d’accords de libre circulation et ne sont donc pas comparables au nombre total de permis de séjour accordés dans l’année.

Le rebond observé en 2021 a été largement alimenté par les migrations de type permanent vers les principaux pays d’accueil tels que les États-Unis (+43 %), le Canada (+117 %), l’Espagne (+13 %), le Royaume-Uni (+51 %), la France (+16 %), l’Italie (+82 %) ainsi que la Pologne (+37 %). Les États-Unis restent le pays de l’OCDE qui a reçu le plus d’immigrés permanents en 2021, bien que les entrées aient été inférieures de 19 % à leur niveau d’avant la pandémie (Tableau 1.1).

Le Canada a enregistré un nombre d’entrées record avec plus de 400 000 nouveaux immigrés permanents, soit plus du double qu’en 2020. Cela fait du Canada le troisième plus grand pays d’accueil après les États-Unis et l’Allemagne. Dans ce dernier pays, les flux permanents sont restés relativement stables. Ce nombre accru d’admissions vise à compenser le déficit de 150 000 nouveaux résidents permanents en 2020 du fait de la pandémie de COVID-19, ainsi qu’à combler d’importantes pénuries de main-d’œuvre. Le Plan des niveaux d’immigration 2022-24 vise à poursuivre l’accueil des immigrés dans une proportion équivalant à environ 1 % de la population du Canada, soit 431 645 résidents permanents en 2022, 447 055 en 2023, et 451 000 en 2024.

Les flux permanents sont repartis à la hausse en 2021 dans la plupart des pays de l’OCDE, avec quelques exceptions notables. Les mesures de lutte contre le COVID-19 ont continué de perturber les flux migratoires à destination de l’Australie et de la Nouvelle Zélande, du Japon et de la Corée. Les entrées permanentes en Australie sont restées en 2021 à un niveau similaire à celui de 2020 (années fiscales). Au Japon, après une croissance ininterrompue tout au long de la période 2013-19, les entrées permanentes ont à nouveau diminué en 2021, pour tomber à 53 400, soit environ 40 % de leur niveau en 2019. Les flux d’immigration permanente vers le Chili et la Colombie ont continué de diminuer. En revanche, l’immigration permanente au Mexique a de nouveau augmenté en 2021 (+25 % d’une année sur l’autre) pour atteindre un nouveau record à la suite d’une forte augmentation des admissions pour raisons humanitaires.

L’immigrations à caractère permanent vers les pays de l’Union européenne ont augmenté de 15 % en 2021 pour atteindre 2.1 millions. Tous les pays de l’UE ont connu une augmentation des flux permanents, à l’exception du Portugal et de l’Irlande. En Italie et en Pologne, ces flux d’entrée en 2021 ont été plus élevés qu’en 2019, en grande partie en raison de nouveaux recrutements de travailleurs immigrés – par le biais d’un programme de régularisation dans le cas de l’Italie (voir les commentaires ci-dessous et dans la note pays). Plusieurs autres pays d’Europe de l’Est ont connu de fortes augmentations des flux permanents. C’est le cas des Républiques slovaque (+57 %) et tchèque (+29 %), de la Hongrie (+12 %) et des États baltes à l’exception de la Lituanie.

Au Royaume-Uni, les nouvelles admissions de type permanent ont augmenté de moitié pour atteindre 338 000. Les nouveaux programmes destinés aux immigrés hautement qualifiés (notamment dans le secteur de la santé et des soins) ainsi que les flux en provenance de l’UE et de Hong Kong, Chine, ont largement contribué à ramener les nouvelles admissions de type permanent à leur niveau d’avant la pandémie de COVID19.

En 2021, les pays de l’OCDE ont accueilli en moyenne 4 nouveaux immigrés pour mille habitants (Graphique 1.2). Dans près de six pays de l’OCDE sur 10, le ratio pour l’année 2021 est plus élevé que celui de la période 2012-20. L’écart est particulièrement marqué dans plusieurs pays baltes et d’Europe de l’Est, ainsi qu’au Canada. En Norvège, en Suède, en Nouvelle-Zélande, en Australie, mais aussi au Chili et en Colombie, ce ratio a baissé entre 2012-20 et 2021.

Les pays de l’OCDE ont accueilli environ 1.5 million de personnes pour raisons familiales en 2021, soit 40 % de plus qu’en 2020, mais sensiblement moins qu’avant la crise du COVID-19 (Graphique 1.3). Les migrations familiales restent la principale catégorie d’entrées dans les pays de l’OCDE, et représentent une part légèrement plus importante du total (43 %) par rapport à 2020 (38 %) (Graphique 1.4). Avec près de 600 000 admissions, la migration familiale a augmenté de 30 % dans l’UE, retrouvant son niveau moyen sur la période 2017-19.

Dans la zone OCDE, les États-Unis sont le principal pays de destination des personnes qui immigrent pour des raisons familiales, avec 532 000 entrées en 2021 (+50 %). Leur part dans l’ensemble des migrations familiales à destination de l’OCDE est toutefois passée de 43 % en 2019 à 38 % en 2021, à la suite de l’augmentation de la part des migrations familiales dans d’autres grands pays de destination. En Italie, les admissions pour raisons familiales ont presque doublé en 2021, atteignant le chiffre de 120 000, soit plus qu’en 2019. Le Royaume-Uni a également contribué au rebond avec 105 000 personnes admises pour des raisons familiales en 2021, dont 59 000 dans le cadre du programme d’installation des membres de familles ayant des liens avec des ressortissants de l’UE/AELE (EU Settlement family Scheme). Ce niveau, en hausse de 62 % par rapport à 2020, est le plus élevé jamais enregistré. Le Canada a connu une augmentation similaire (+64 %, soit 80 000 nouvelles entrées au titre des migrations familiales) et a retrouvé les niveaux antérieurs à la crise liée au COVID-19. L’autre progression majeure concerne l’Australie, qui a délivré en 2021 81 % de visas familiaux de plus qu’en 2020. Le Japon et la Corée figurent, dans le contexte des strictes restrictions de déplacement, parmi les quelques pays de l’OCDE où les admissions pour raisons familiales ont diminué en 2021, tout comme le Portugal et le Danemark.

L’immigration de travail dans les pays de l’OCDE a crû de 45 % en 2021 et a compté plus de 750 000 entrées, un niveau record. Ce rebond découle en grande partie de l’évolution de la situation au Canada, où l’immigration permanente de travailleurs étrangers a triplé en 2021 (170 000 entrées) et en Italie qui a mis en place un programme de régularisation de travailleurs immigrés. Plusieurs autres pays ont connu des hausses inédites des flux de travailleurs immigrés permanents, en particulier les États-Unis (103 000, +63 %) et le Royaume-Uni (82 000, +103 %). Dans l’ensemble, l’immigration de travail dans l’UE a suivi le rythme de la migration familiale, avec plus de 300 000 nouveaux travailleurs (+29 % par rapport à 2020).

Au Japon, l’immigration de travail a connu une croissance ininterrompue jusqu’en 2019, mais elle a été 40 % plus faible en 2021. L’Australie, l’Espagne, la Suède et la Nouvelle-Zélande ont également enregistré une baisse des admissions de travailleurs immigrés.

Malgré des perturbations moindres en raison de la pandémie de COVID-19, les déplacements bénéficiant d’un accord de libre circulation ont néanmoins diminué de 22 % en 2020 et de 2 % supplémentaires en 2021. Cette tendance s’explique principalement par la fin de la libre circulation entrée en vigueur en 2021 entre l’UE et le Royaume-Uni en raison du Brexit, et par la forte baisse enregistrée sur l’exercice budgétaire 2021 en Australie. Dans l’UE, leur rebond estimé en 2021 a été modeste (+4 %) et cette catégorie de flux migratoires a représenté 43 % de l’ensemble des entrées à caractère permanent dans les pays de l’UE. En Allemagne et en Suisse, ces déplacements ont légèrement diminué (de 1 % et 3 %, respectivement), mais quelques autres pays de destination tels que l’Espagne, le Danemark, la Suède et la Finlande ont enregistré une croissance à deux chiffres.

L’immigration permanente pour raisons humanitaires dans les pays de l’OCDE a progressé de 3 % en 2021, après avoir baissé pendant quatre années consécutives. L’Allemagne a été le principal pays de destination des personnes ayant émigré pour raisons humanitaires, suivie de très près par le Canada, qui a enregistré une progression de +136 %. De nombreux autres grands pays de destination ont admis davantage de personnes pour motifs humanitaires en 2021 qu’en 2020. La croissance des flux a été supérieure à 70 % en Italie, en Autriche, en Belgique, au Danemark et aux Pays Bas. Ce dernier pays figure parmi les rares pays où les arrivées de réfugiés n’ont pas chuté en 2020. Des baisses ont été observées en 2021 au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Espagne.

Les travailleurs saisonniers internationaux répondent à des besoins temporaires de main-d’œuvre, notamment dans l’agriculture et le tourisme, mais aussi dans la construction, les métiers du soin ou l’industrie agroalimentaire, selon les programmes nationaux en vigueur. Au sein de l’UE/AELE, les besoins en main-d’œuvre sont en grande partie satisfaits grâce à la libre circulation, mais ces dernières années, les pays de l’UE/AELE ont également signé plusieurs accords bilatéraux sur le recrutement de travailleurs saisonniers, comme celui passé par l’Allemagne avec la Géorgie en 2020. À la suite du Brexit, le Royaume-Uni a connu une pénurie de travailleurs saisonniers dans l’agriculture et l’horticulture et a lancé un nouveau programme pilote pour les travailleurs saisonniers (Seasonal Workers Pilot) en 2019.

La pandémie de COVID-19 et la fermeture partielle des frontières nationales et les diverses mesures de confinement qui en ont découlées n’ont guère interrompu le recrutement de travailleurs saisonniers à l’étranger, principalement pour les activités de récolte dans les pays de l’OCDE. En 2020, le nombre d’entrées est resté stable, aux alentours de 460 000. À titre de comparaison, les autres catégories d’immigration temporaire de travail ont diminué de plus de la moitié (Tableau d’annexe 1.A.2).

En 2021, les flux de travailleurs saisonniers se sont accrus de 18 %, du fait principalement de l’évolution observée aux États-Unis (+38 %), au Canada (+10 %), au Royaume-Uni (+300 %), en Nouvelle-Zélande (+27 %) et en France (+160 %). La Pologne s’est classée à la deuxième place des pays de destination des travailleurs saisonniers étrangers en 2021, malgré un recul de 17 % des flux saisonniers. Cette baisse est due à une modification de la législation : les étrangers qui ont obtenu le droit de travailler en Pologne après le 13 mars 2020 n’ont plus besoin d’un permis de travail saisonnier pour occuper des emplois saisonniers.

Les programmes de vacanciers actifs permettent de répondre aux besoins de main-d’œuvre peu qualifiée, principalement dans le tourisme et l’agriculture. Pendant la pandémie de COVID-19, de nombreux pays d’accueil ont suspendu ces programmes, qui sont pour la plupart bilatéraux. Les entrées de vacanciers actifs dans les 10 principaux pays de destination membres de l’OCDE ont diminué de 59 % en 2020 puis encore de 47 % en 2021. Dans le cadre de ces programmes, un nombre total de 106 000 jeunes travailleurs sont arrivés dans les pays de l’OCDE en 2021, soit quatre fois moins qu’en 2019.

La baisse des effectifs de vacanciers actifs en 2021 est due à une chute brutale des arrivées dans les principaux pays d’accueil tels que l’Australie (-73 %) et la Nouvelle-Zélande (-94 %). Dans la majorité des autres pays, les flux ont rebondi sans toutefois retrouver leurs niveaux d’avant la crise du COVID-19 (Tableau d’annexe 1.A.2). Les États-Unis sont devenus le premier pays de destination des vacanciers actifs en 2021, environ 40 000 jeunes ayant participé cette année-là au dispositif Summer Work Travel Program. Cela représente moins de la moitié du nombre de participants de 2019 (108 000).

La forte baisse des entrées de stagiaires internationaux s’est par ailleurs poursuivie en 2021. Cette tendance est due à la baisse des flux migratoires vers le Japon, principal pays de destination des stagiaires au sein de la zone OCDE. Les entrées de stagiaires au Japon sont passées de 200 000 en 2019 à 86 000 en 2020 et 24 000 en 2021 (Tableau d’annexe 1.A.2).

On constate également une importante diminution de la mobilité au sein des multinationales à la suite de la pandémie : le nombre de personnes transférées à l’intérieur de leur société a diminué de 52 % en 2020 et de 24 % en 2021. Les seules exceptions sont la Pologne, qui accueille de 11 à 13 000 transferts de ce type chaque année depuis 2019, et le Canada, où le nombre d’entrées relevant de cette catégorie a retrouvé son niveau antérieur à la crise du COVID-19.

D’autres programmes nationaux permettent d’embaucher des travailleurs étrangers (Graphique 1.5). La Pologne a par exemple signé des programmes bilatéraux de recrutement simplifié avec l’Arménie, le Bélarus, la Géorgie, la Moldavie, la Fédération de Russie et l’Ukraine. Les travailleurs employés en Pologne suivant la procédure simplifiée, notamment dans les secteurs de l’industrie manufacturière, de la construction, de l’agriculture et des services administratifs, viennent en grande majorité d’Ukraine. Pendant trois années de suite, les employeurs polonais ont recruté au moins 1 million de travailleurs par an, outre les saisonniers et les personnes transférées à l’intérieur de leur entreprise (voir au Tableau d’annexe 1.A.3 le détail des catégories prises en considération), et la pandémie n’a guère eu d’incidence sur ces flux. À l’inverse, tous les autres pays de l’OCDE ont enregistré une baisse marquée des migrations temporaires de travail. Cette forte diminution des nouvelles embauches s’est poursuivie en 2021 en Australie et au Japon du fait du maintien des restrictions aux frontières (Graphique 1.9).

Au sein de la zone UE/AELE/Royaume-Uni, les travailleurs détachés sont définis comme étant des salariés ou des indépendants qui exercent généralement leur activité dans un autre pays membre tout en restant affiliés au système de sécurité sociale de leur pays d’origine. Quand les travailleurs sont détachés dans un seul autre pays membre, le détachement ne peut dépasser 24 mois (CE no 987/2009, article 12), alors qu’il n’y a pas de limite pour les travailleurs détachés dans deux ou plusieurs pays membres (CE no 987/2009, article 13). Une application plus stricte des règles ainsi qu’une meilleure compréhension de celles-ci par les employeurs expliquent en partie la tendance à la hausse observée ces dernières années du nombre déclaré de travailleurs détachés.

La crise liée au COVID-19 a provisoirement mis un terme à 15 années de croissance ininterrompue du nombre de travailleurs détachés, malgré des effectifs en 2020 toujours supérieurs à ceux d’avant 2018. En 2020, près de 3.8 millions de travailleurs détachés ont été enregistrés dans l’UE/AELE, soit 19 % de moins que l’année précédente.

La majeure partie d’entre eux (2.4 millions sur 3.8 millions en 2020) relève de l’article 12 du règlement et n’implique qu’un seul autre pays membre. Les détachements ne peuvent dépasser 24 mois et leur durée moyenne était de 100 jours (contre une moyenne de 115 jours en 2019). Ils ont concerné environ 1.4 million de travailleurs, qui ont été envoyés en moyenne 1.7 fois par an à l’étranger. En 2020, le nombre total de détachements au titre de l’article 12 a chuté de 23 % au sein de la zone UE/AELE/Royaume-Uni. L’Allemagne est demeurée le principal pays de destination malgré une baisse de 19 %. Les Pays-Bas se sont hissés à la deuxième place après avoir enregistré une hausse de 78 % (principalement en provenance d’Allemagne). Viennent ensuite la France, l’Autriche et la Suisse, malgré une baisse de 28 à 32 % du nombre de détachements relevant de l’article 12 par rapport aux niveaux de 2019 (Tableau 1.2).

Pour tous les autres détachements, seul le pays d’origine est connu, soit parce qu’ils sont exécutés dans au moins deux pays de destination (article 13), comme c’est le cas pour 1.2 million de détachements (-8.8 % par rapport à 2019), soit parce qu’ils sont régis par des accords multilatéraux (article 16), situation qui concerne 18 400 détachements pour la seule année 2020. Malgré une baisse globale des détachements au titre de l’article 13 en 2020, les principaux pays d’origine ont déclaré davantage de détachements au titre de l’article 13 en 2020 qu’en 2019 (Pologne : 400 000, +3 % ; Allemagne : 115 000, +28 %), en raison principalement de la demande du secteur du transport routier de marchandises, qui compte pour près d’un détachement sur deux. Ce type de détachement n’est pas limité dans le temps, mais sa durée moyenne est de 300 jours.

En 2020, deux tiers des détachements relevant de l’article 12 (un seul pays) concernaient les services aux entreprises et le dernier tiers visait à fournir des services pour moitié aux secteurs de la finance et de l’assurance et pour moitié aux secteurs de l’éducation, de la santé et de l’action sociale. L’agriculture représentait moins de 1 % de l’ensemble des détachements relevant de l’article 12. Globalement, un quart de ces détachements ont eu lieu dans le secteur de la construction. La répartition sectorielle est très variable selon les pays : en Allemagne, près de la moitié des travailleurs détachés étaient employés dans les services, et la construction ne comptait que pour 7 % du total. À l’inverse, plus de la moitié des détachements ont concerné le secteur de la construction en Slovénie, en Roumanie et en République slovaque. Chose intéressante, plus de 20 % des détachements accordés par la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas ont bénéficié à des agences de travail temporaire. En Pologne, les détachements ont en grande partie concerné les travailleurs des secteurs de la santé et du social, comme les aidants résidents qui travaillent en Allemagne.

Si l’on se penche sur la répartition sectorielle du point de vue des pays de destination, il convient de noter qu’en Allemagne, en Belgique, au Luxembourg et en Suède, plus d’un quart des travailleurs détachés fournissaient des services dans le secteur de la construction. En Belgique, en France et aux Pays-Bas, un pourcentage relativement élevé était employé par une agence de travail temporaire.

Bien que la part globale des détachements par rapport à l’emploi total au sein de la zone UE/AELE/Royaume-Uni soit faible (1 % ou 0.4 % en équivalent temps plein), l’impact sur le marché du travail national n’est pas négligeable dans certains pays et certains secteurs. Par exemple, en Slovénie, les travailleurs détachés envoyés à l’étranger représentent 30 % de la main-d’œuvre dans le secteur de la construction. Au Luxembourg et en République slovaque, le pourcentage correspondant atteint pas moins de 11 à 13 %.

Le nombre de nouveaux demandeurs d’asile dans les pays de l’OCDE a connu un rebond de 28 % en 2021, pour dépasser le million (Graphique 1.6). Il demeure inférieur aux niveaux d’avant la pandémie, mais n’en dépasse pas moins les chiffres antérieurs à 2015. Dans l’UE, l’augmentation a même été plus vigoureuse (31 % pour atteindre près de 600 000), et les chiffres partiels pour 2022 font apparaître une nouvelle progression de 21 % par rapport à 2021.

Cinq pays de l’OCDE ont enregistré plus de 100 000 nouvelles demandes d’asile en 2021. Cela ne s’était produit qu’une seule fois auparavant, en 2015, au plus fort de la crise en Syrie. Les États-Unis ont reçu environ 190 000 nouvelles demandes d’asile en 2021, soit 25 % de moins qu’en 2020, et 37 % de moins qu’en 2019. Ils sont toutefois restés pour la cinquième année consécutive le principal pays de destination des demandeurs d’asile au sein de la zone OCDE (Tableau 1.3). Les ressortissants vénézuéliens ont représenté plus de 14 % du total et ils ont été 15 % de plus (27 000) qu’en 2020 à demander l’asile aux États-Unis. Le Guatemala, le Honduras et El Salvador arrivent ensuite avec respectivement 23 000, 20 000 et 25 000 nouvelles demandes d’asile. Ces trois pays ont toutefois enregistré une forte baisse, de plus d’un tiers, par rapport à 2020. Treize mille ressortissants cubains ont demandé l’asile en 2021, un chiffre en hausse de 35 % par rapport aux 9 500 de 2020. La Colombie (11 200) et Haïti (10 000) sont les autres grands pays d’origine à avoir enregistré des augmentations. Dans l’ensemble, plus de 70 % de tous les demandeurs d’asile aux États-Unis viennent des pays d’Amérique latine et des Caraïbes.

L’Allemagne, qui se classe à la deuxième place derrière les États-Unis depuis 2017, a reçu près de 150 000 nouvelles demandes d’asile en 2021. Cela représente une hausse d’environ 45 % principalement due aux demandes d’asile de ressortissants syriens (55 000, +50 %), afghans (23 000, +135 %) et iraquiens (16 000, +58 %). Le Mexique, qui avant 2016 ne figurait pas dans la moitié des pays de l’OCDE recevant le plus grand nombre de nouvelles demandes d’asile, s’est classé à la troisième place en 2021. Le Mexique a reçu plus de 130 000 demandes en 2021, trois fois plus qu’en 2020. Cinquante-deux mille de ces demandes d’asile, soit 40 %, émanaient de ressortissants haïtiens, et 36 000 de ressortissants honduriens. Le Costa Rica arrive ensuite, ce qui confirme la forte hausse de la demande de protection internationale dans toute l’Amérique centrale et du Sud. Parmi les 100 000 demandeurs d’asile accueillis par le Costa Rica en 2021, plus de 100 000 venaient du Nicaragua voisin. Le nombre de nouvelles demandes d’asile déposées en France a atteint 104 000 en 2021 (+27 %). Les pays d’origine des demandeurs d’asile en France sont relativement divers puisque, outre les 16 000 demandes déposées par des Afghans, la France a reçu plus de 3 000 demandes d’asile émanant de ressortissants de dix pays différents. Soixante-deux mille nouvelles demandes d’asile ont été déposées en Espagne (+28 %), 56 000 au Royaume-Uni (+57 %), 43 000 en Italie (+106 %) et 37 000 en Autriche (+174 %).

Pour l’ensemble de la zone OCDE, le ratio de nouveaux demandeurs d’asile par rapport à la population totale s’est établi à 792 par million d’habitants en 2021. Le Costa Rica reste de loin le pays de l’OCDE où ce ratio est le plus élevé (21 000 par million d’habitants). D’après le HCR, en mars 2022, les réfugiés et les demandeurs d’asile nicaraguayens représentaient 3 % de la population du Costa Rica. L’Autriche vient ensuite avec un ratio de 4 000 par million d’habitants, alors que l’Islande, la Grèce, le Luxembourg et la Slovénie ont accueilli chacun plus de 2000 demandeurs d’asile par million d’habitants. La Suède, qui figurait parmi les trois premiers pays de destination jusqu’en 2019, est arrivée à la 16e place en 2021 avec un ratio de 1 000 par million d’habitants. Quinze des 20 principaux pays d’origine des demandeurs d’asile en 2021 figuraient déjà sur cette liste en 2019, avant que la pandémie de COVID-19 ne se propage partout dans le monde. Les pays d’Amérique latine et des Caraïbes se situent aux deux extrémités de l’échelle pour ce qui est de leur évolution entre 2020 et 2021 (Graphique 1.7).

D’une part, la Colombie, le Guatemala, El Salvador et le Mexique sont les seuls pays d’origine à avoir enregistré en 2021 une baisse par rapport à 2020 du nombre de leurs ressortissants demandant l’asile dans les pays de l’OCDE. D’autre part, les plus fortes augmentations du nombre de nouvelles demandes sont observées pour les ressortissants de Haïti, et surtout pour ceux du Nicaragua. Plus de 110 000 Nicaraguayens ont demandé l’asile dans des pays de l’OCDE en 2021, soit six fois plus qu’en 2020, de même que 66 000 Haïtiens, ce qui correspond à une multiplication par quatre. Le nombre de demandeurs d’asile originaires d’Afghanistan s’est accru de 55 % et a dépassé les 100 000 pour la première fois depuis 2017. Quatre-20-15 mille Syriens ont déposé une demande d’asile dans un pays de l’OCDE (+53 %), ce qui reste encore loin des niveaux de 2015 et de 2016 mais représente 0.6 % de la population syrienne. Le nombre de demandes émanant de ressortissants iraquiens a également augmenté de plus de 50 % pour s’élever à 39 000. La Chine, dont les ressortissants n’ont déposé que 10 000 demandes, ne s’est classée qu’à la 24e place en 2021.

Après la très forte baisse de 2020, les octrois de protection internationale ont augmenté de 3 % au total en 2021 (Tableau 1.4), avec des variations extrêmement fortes selon les pays de destination. En effet, si le nombre de nouveaux réfugiés a plus que doublé au Canada pour dépasser les 60 000 et connu un rebond de 40 % ou davantage en France (+65 % pour atteindre 51 000), en Italie (+45 % pour s’élever à 31 000), en Autriche (+45 % pour se situer à 18 800), aux Pays-Bas (+44 % pour parvenir à 14 600), et en Belgique (+74 % pour arriver à 10 700), il a baissé de 50 % ou davantage en Australie, en Espagne et en Grèce. L’Allemagne est devenue le principal pays d’asile en 2021 avec près de 100 000 décisions positives (4 %).

Dans les autres pays qui ont enregistré plus de 10 000 nouveaux immigrés permanents pour raisons humanitaires, les effectifs ont augmenté au Mexique (+13 %) et en Suède (+4 %) alors qu’ils ont diminué aux États-Unis (-12 %), au Royaume-Uni (-20 %) et en Suisse (-7 %). En Pologne, le nombre de décisions positives a presque atteint 3 000, soit huit fois plus qu’en 2020, et un niveau plus élevé que jamais auparavant depuis que des données sont recueillies.

Au niveau régional, les pays européens membres de l’OCDE ont rendu en 2021 un nombre total de 325 000 décisions positives en matière de protection internationale. Ce chiffre est inférieur de 2 % à celui de 2020, mais il n’est inférieur que de 8 % à celui de 2019 alors que dans les pays non européens membres de l’OCDE, malgré une augmentation de 17 % qui a permis d’atteindre les 145 000 octrois de protection, le chiffre correspondant reste inférieur de 22 % à celui de 2019.

Les programmes de réinstallation visent à transférer les réfugiés les plus vulnérables d’un pays de premier asile vers un autre qui leur assure une protection. En moyenne, depuis 1981, 106 000 réfugiés par an en ont bénéficié. Au plus fort de la pandémie, les transferts ne pouvaient pas avoir lieu, de sorte que ces programmes ont été interrompus. Ils ont pu reprendre, mais malgré un bond de 67 %, seulement 57 000 personnes ayant besoin d’une protection internationale ont été transférées vers un pays de l’OCDE en 2021, environ moitié moins que la moyenne antérieure à la crise liée au COVID-19.

En 2021, le Canada a repris la première place parmi les principaux pays de réinstallation, accueillant plus de 20 000 réfugiés à travers ce dispositif, soit plus d’un tiers du total. Ce chiffre représente par ailleurs plus du double de celui relevé en 2020 au Canada. Les États-Unis arrivent en deuxième position avec 13 700 nouvelles réinstallations (+43 %). La Suède a enregistré 6 700 réinstallations en 2021, deux fois plus que l’année précédente et davantage que jamais auparavant, et elle est devenue ce faisant le troisième pays de réinstallation. La Norvège a suivi la même évolution et a accueilli en 2021 un très grand nombre de réfugiés réinstallés (3 600, +138 %). L’Australie, où les restrictions de déplacement ont été particulièrement strictes et ont été maintenues pendant toute l’année 2021, est le seul grand pays de destination à avoir connu une baisse en 2021 (-9 % pour tomber à 3 300 réinstallations) et n’a été que le cinquième principal pays de destination, alors qu’elle arrivait régulièrement à la troisième place les années précédentes.

La pandémie de COVID-19 et les fermetures des frontières qui s’en sont suivies ont entraîné une diminution des entrées en provenance des 20 premiers pays d’origine (Graphique 1.9). Cette contraction était aussi bien due aux mesures de confinement dans les pays d’origine qu’aux restrictions de déplacement à la fois dans les pays d’origine et ceux de destination. La Chine et l’Inde, qui étaient les deux premiers pays d’origine en 2019, ont connu le plus fort recul des flux d’émigration vers les pays de l’OCDE. En 2020, la Chine et l’Inde représentaient chacune 5 % de l’ensemble des flux migratoires vers les pays de l’OCDE, contre 7 % et 6 % en 2019.

La Chine a perdu sa place de premier pays d’émigration vers les pays de l’OCDE. Les entrées d’immigrés venus de Chine ont diminué de plus de 50 % par rapport à 2019 et leur nombre a été à peine supérieur à 230 000. C’est là le plus faible nombre d’entrées d’immigrés chinois dans les pays de l’OCDE depuis 2000. Les entrées d’immigrés chinois ont diminué des trois quarts en Nouvelle-Zélande et des deux tiers au Japon.

Les entrées d’immigrés en provenance d’Inde ont diminué de 41 % d’une année sur l’autre, pour tomber à environ 230 000. Le nombre d’Indiens accueillis par les principaux pays de destination, à savoir le Canada et le Royaume-Uni, a été divisé par deux en 2020, et il a également beaucoup diminué en Allemagne (-44 %).

Parmi les principaux pays d’origine, la Roumanie arrive peu après, en troisième position, avec 223 000 nouvelles entrées dans les pays de l’OCDE. La baisse des entrées en provenance de Roumanie a été modérée par rapport à la chute enregistrée par celles venues de Chine ou d’Inde (-23 %). En particulier, les entrées de Roumains en Allemagne, leur principal pays de destination, se sont élevées à près de 100 000, n’ayant diminué que de 11 % de 2019 à 2020.

L’Ukraine a présenté une baisse modeste des flux d’émigration en 2020 (-12 %), et elle a consolidé sa quatrième place parmi les pays d’origine. De 2017 à 2019, les entrées dans les pays de l’OCDE en provenance d’Ukraine se sont accrues de plus de 40 %. Près de 200 000 Ukrainiens ont immigré dans les pays de l’OCDE en 2020, dont 55 % en Pologne. Les flux migratoires de l’Ukraine vers la Pologne sont restés en 2020 à un niveau similaire à celui de 2019 (+2.4 %).

L’émigration du Venezuela vers les pays de l’OCDE a chuté de 37 % en 2020, mais elle est restée plus élevée qu’au cours d’aucune autre année antérieure à 2019. Une autre baisse notable des flux migratoires observée en 2020 résulte de la forte diminution de l’immigration en provenance des Philippines, principalement vers le Canada, et de celle en provenance de Cuba, surtout à destination des États-Unis. Sur les 50 principaux pays d’origine, seule la République slovaque a montré une évolution positive en 2020 (+13 %), du fait d’une forte hausse du nombre de sorties vers la Hongrie (6 000).

Malgré la pandémie, la population née à l’étranger résidant dans les pays de l’OCDE a continué de s’accroître en 2021. Le nombre de personnes nées à l’étranger a atteint 138 millions, ce qui représente 10.6 % de la population totale des pays de l’OCDE.

Les États-Unis sont le principal pays de résidence des immigrés au sein de la zone OCDE et accueillent près d’un tiers de la population immigrée. Aux États-Unis, la population née à l’étranger plafonnait depuis 2018, mais elle a beaucoup augmenté de 2020 à 2021, pour représenter près de 45 millions de personnes en janvier 2021. L’ Allemagne, qui accueille près de 14 millions d’immigrés, constitue le deuxième pays de résidence et le Royaume-Uni le troisième, avec plus de 9 millions de résidents nés à l’étranger.

Près de la moitié de la population de la zone OCDE née à l’étranger vit en Europe. Les pays de l’UE membres de l’OCDE accueillent 37 % de la population totale née à l’étranger, et les autres pays européens membres de l’OCDE 10 % supplémentaires. Un cinquième de la population née à l’étranger vit dans un autre pays que les États-Unis et hors d’Europe, principalement au Canada (6 %), en Australie (5 %), en Türkiye (2 %) et au Japon (2 %).

Entre 2015 et 2021, le pourcentage d’immigrés au sein de la population s’est accrue dans presque tous les pays de l’OCDE. Le pourcentage moyen s’est établi à 14.3 % en 2021, contre seulement 12.6 % en 2015.

En 2021, les personnes nées à l’étranger représentaient 20 % ou davantage de la population totale dans 9 pays de l’OCDE. Il s’agit du Luxembourg (49 %), de la Suisse (30 %), des pays d’installation – Australie (29 %), Nouvelle-Zélande (27 %), et Canada (21 %) – ainsi que d’Israël, de la Suède et de l’Autriche (20 %).

Les pays qui ont connu les plus fortes augmentations du pourcentage de la population née à l’étranger sont l’Islande (+8 points de pourcentage), le Luxembourg (+5 points de pourcentage) et le Chili (+5 points de pourcentage). L’augmentation de la part de la population du Luxembourg née à l’étranger suit une tendance de plus long terme. Au Luxembourg, la population née à l’étranger représente près de la moitié (49 %) de la population totale du pays. La part des immigrés dans la population du Chili a triplé au cours de cette période, sous l’effet pour partie de l’arrivée récente de Vénézuéliens, qui constituent à présent un tiers de la population du pays née à l’étranger.

La population immigrée s’est également sensiblement accrue en Suède (+3.7 points de pourcentage) et en Allemagne (+2.9 points de pourcentage), du fait en partie des entrées pour raisons humanitaires enregistrées au milieu des années 2010. D’autres pays ont connu une sensible progression de la proportion d’immigrés au cours de cette période : l’Autriche, la Nouvelle-Zélande, le Portugal et l’Espagne, avec des augmentations proches de 3 points de pourcentage.

En 2020, les deux tiers des pays de l’OCDE ont accueilli des flux migratoires comportant davantage d’hommes que de femmes (Graphique 1.12). Cependant, la proportion moyenne d’hommes parmi les nouveaux immigrés au sein des pays de l’OCDE a baissé et s’est établie à 55.5 %, contre 56.2 % en 2019 sur l’ensemble de la précédente période de cinq ans.

La part des femmes et des hommes dans la population immigrée est très variable selon les pays, et elle est notamment déterminée par la composition des flux d’immigration. Les pays qui comptent une forte proportion d’hommes parmi les nouveaux immigrés sont généralement ceux où les flux d’immigration de travail sont relativement importants, tels que les pays d’Europe centrale et orientale ou la Corée. Les États-Unis sont restés en 2020 le pays où la proportion d’hommes parmi les nouveaux immigrés est la plus faible (46.2 %).

Plusieurs pays ont connu une baisse notable de la proportion d’hommes dans les flux d’immigration. En Slovénie, les hommes ont représenté 64.1 % des flux d’immigration en 2020, chiffre inférieur de 3.3 points de pourcentage à la moyenne de 2015-20. En République slovaque, en Pologne, en Islande, la baisse s’est située entre 2 et 4 points, et elle a atteint 5 points en Grèce, pays où le recul a été le plus marqué. Parmi les pays où les proportions d’hommes dans les nouvelles entrées sont relativement faibles, la plus forte baisse a été observée en Corée, où la part des hommes a reculé de 5 points de pourcentage par rapport à 2015-20 et où les femmes sont désormais majoritaires dans les flux d’entrée (50.9 %). L’immigration au Royaume-Uni comprenait également en 2020 moins d’hommes que de femmes (48.3 % d’hommes – 2.7 points). En Lettonie, d’autre part, la proportion d’hommes qui était déjà élevée s’est accrue en 2020 pour atteindre près de 75 %.

D’après des données partielles et préliminaires, le nombre d’acquisitions de nationalité dans les pays de l’OCDE en 2021 serait le plus élevé jamais enregistré et atteindrait les 2.3 millions (Graphique 1.13). Cela représente une augmentation de 20 % qui est en partie due au traitement des demandes restées en instance durant la pandémie de COVID-19.

Parmi les pays pour lesquels des données pour 2021 sont disponibles, de très fortes hausses ont été enregistrées aux États-Unis (+186 000, +30 %), au Royaume-Uni (+60 000, +46 %), au Canada (+24 000, +22 %), en Norvège – où elles ont plus que doublé (+21 000, +109 %) – et en Autriche (+7 000, +80 %). Étonnamment, quelques pays ont connu une baisse du nombre de naturalisations en 2021. Tel est le cas du Luxembourg (-26 %) et de la Finlande (-15 %), deux pays où les naturalisations diminuent depuis plusieurs années, ainsi que du Danemark (-8 %) qui avait atteint un niveau très élevé en 2019.

Dans les pays de l’OCDE, en moyenne, 2.2 % de la population étrangère ont acquis la nationalité du pays d’accueil en 2020 (Graphique 1.14). C’est un pourcentage similaire à celui observé en 2019.

En 2020, la Suède est redevenue le pays de l’OCDE où la part d’étrangers ayant acquis la nationalité du pays d’accueil est la plus élevée. Près de 9 % de ses résidents étrangers ont pris la nationalité suédoise, sensiblement davantage qu’en 2019. Viennent ensuite le Portugal et les Pays-Bas avec respectivement 6.7 % et 5 %, ce qui représente une hausse de 1.7 point de pourcentage pour chacun d’eux. Le Canada était arrivé en tête en 2019, mais le pourcentage de résidents étrangers naturalisés canadiens en 2020 n’a été que de 4 %, contre plus de 10 % en 2019.

L’Inde se classe depuis longtemps à la première place par le nombre de ses ressortissants qui, chaque année, acquièrent la nationalité d’un des pays de l’OCDE, et elle a conservé cette position en 2020 avec plus de 130 000 nouvelles naturalisations (Graphique 1.15). Trois pays comptent à eux seuls pour plus de la moitié de ces naturalisations : les États-Unis (47 000), l’Australie (38 000) et le Canada (15 000).

Les Mexicains continuent de constituer la seconde nationalité d’origine par ordre d’importance malgré la sévère baisse des naturalisations aux États-Unis, leur principal pays de destination. Le Maroc, les Philippines et la Chine viennent ensuite dans le classement des principales nationalités d’origine.

Le nombre de Syriens qui acquièrent la nationalité d’un pays a augmenté d’année en année entre 2014 et 2021 à la suite de l’afflux de personnes pour raisons humanitaires aux alentours de 2015. Dans la seule Suède, 100 000 Syriens ont acquis la nationalité du pays au cours de cette période de huit ans.

Alors que la pandémie de COVID-19 a marqué un coup d’arrêt à 10 années d’amélioration continue de la situation des immigrés sur le marché du travail dans les pays de l’OCDE, ces derniers ont presque retrouvé, en 2021, leur niveau d’emploi d’avant-crise. De manière générale, la situation des immigrés sur le marché du travail s’est plus fortement dégradée en 2020 que celle de leurs homologues nés dans le pays, mais elle s’est davantage améliorée lors de la reprise de l’économie en 2021. Le taux d’emploi des immigrés dans les pays de l’OCDE est passé de 67.9 % en 2020 à 69.4 % en 2021, soit un taux inférieur de 0.5 point de pourcentage à celui qui prévalait avant le déclenchement de la crise sanitaire. Leur taux de chômage a reculé de 10.3 % à 9.1 % mais reste toutefois supérieur de 0.7 points au niveau de chômage observé avant la pandémie (Tableau 1.5).

En 2021, le taux d’emploi des immigrés dans les pays de l’OCDE est en moyenne inférieur de 1 point de pourcentage à celui des personnes nées dans le pays et le taux de chômage supérieur de 3 points de pourcentage. Cet écart s’est toutefois significativement resserré en 2021 dans plus de la moitié des pays. En effet, la progression plus prononcée de la situation des immigrés sur le marché du travail en 2021 observée dans au moins deux-tiers des pays de l’OCDE a engendré une réduction de l’écart avec les personnes nées dans le pays. Cette tendance s’explique notamment par la nature cyclique des emplois occupés par les immigrés (OCDE, 2019[2]). La situation des immigrés sur le marché du travail étant plus sensible aux variations cycliques, une période d’expansion ou de reprise économique, comme ce fut le cas en 2021, entraîne une diminution de l’écart de taux d’emploi et de chômage entre les immigrés et les personnes nées dans le pays.

Cette tendance à l’amélioration de la situation de l’emploi des immigrés en 2021 varie selon le pays d’accueil, et dépend notamment de la mesure dans laquelle chaque pays a fait perdurer les mesures de sauvegarde de l’emploi et les restrictions sanitaires au cours de l’année 2021. Malgré une réduction globale, l’écart de taux d’emploi entre les immigrés et les personnes nées dans le pays persiste notamment en Europe de l’Ouest, contrairement à d’autres pays de l’OCDE comme les États-Unis et les pays d’Amérique Latine où l’écart est inversé. En effet, au sein de l’UE27, le taux d’emploi des personnes nées dans le pays demeure supérieur de 4.5 points de pourcentage à celui des immigrés. De plus, les immigrés sont plus souvent au chômage dans la plupart des pays de l’OCDE, là encore à l’exception des États-Unis où le marché du travail est particulièrement flexible et où les immigrés sont plus mobiles que leurs homologues nés dans le pays.

Le taux d’emploi des immigrés a augmenté dans plus de sept pays de l’OCDE sur dix entre 2020 et 2021, et près de la moitié des pays de l’OCDE ont enregistré un accroissement de ce taux par rapport à la situation observée avant la crise. La hausse du taux d’emploi de la population immigrée depuis 2019 est particulièrement significative en Pologne (+6 points de pourcentage), au Danemark (+4 points de pourcentage) et en Nouvelle Zélande (+3 points). En Pologne, cette augmentation spectaculaire s’explique en partie par la diminution substantielle du nombre d’immigrés, due à la fois à la réduction de l’immigration temporaire et à la hausse des sorties d’immigrés. Par ailleurs, seulement huit pays de l’OCDE ont connu une hausse du taux d’emploi et une baisse concomitante du taux de chômage (Australie, France, Danemark, Grèce, Luxembourg, Nouvelle Zélande, Pologne et Portugal).

Dans plusieurs pays, l’amélioration du taux d’emploi des immigrés en 2021 n’a pas été suffisante pour contrebalancer les répercussions négatives de la crise en 2020. C’est le cas notamment des États-Unis, où les mesures de sauvegarde de l’emploi étaient limitées (OCDE, 2022[3]), et où les immigrés sont largement concentrés dans des secteurs et des régions où le taux de chômage est élevé. En effet, malgré une amélioration substantielle de la situation des immigrés sur le marché du travail entre 2020 et 2021, leur taux d’emploi demeure nettement plus faible qu’en 2019 et leur taux de chômage plus élevé (Tableau 1.5). Néanmoins, en 2021, le nombre d’immigrés a fortement reculé dans les régions où le chômage est élevé tandis qu’il a augmenté dans les zones où le taux de chômage est plus faible, suggérant une plus grande mobilité des immigrés vers des zones avec des possibilités d’emploi plus importantes (Capps, 2021[4]).

Tandis que la situation des personnes nées dans le pays a retrouvé ou dépassé le niveau observé avant la crise, une baisse du taux d’emploi des immigrés par rapport à 2019 est également observée dans les trois pays Baltes, en Espagne, en Islande, en Italie, en République slovaque, en Suisse, et dans une moindre mesure en Allemagne (Tableau 1.5). Dans la plupart de ces pays, cela s’est accompagné d’une détérioration de leur taux de chômage, ainsi que d’une diminution de leur taux d’activité. La détérioration de cette situation reflète la persistance des facteurs qui ont présidé à la réduction de l’activité économique durant la crise sanitaire, impactant davantage les immigrés. En Allemagne, en Espagne, et en Italie, le nombre d’immigrés employés dans le secteur de la restauration a diminué pendant la crise, et l’accroissement du taux d’emploi immigré dans d’autres secteurs n’a pas compensé cette perte. En ce qui concerne les pays Baltes, le recul du taux d’emploi de la population immigrée peut également résulter d’une part d’un effet de cohorte – de nombreux immigrés âgés de 55 à 64 ans ont quitté le marché du travail – et de la détérioration de la situation des plus jeunes qui sont passés dans l’inactivité.

Enfin, le taux d’emploi des immigrés résidant dans les pays d’Amérique Latine, où les plans de maintien dans l’emploi ont été modestes, demeure nettement plus faible qu’en 2019. L’impact de la crise sur les personnes nées dans ces pays a toutefois été encore plus marqué.

Alors que le taux d’activité des immigrés s’était détérioré en 2020, notamment suite aux nombreux confinements ayant limité leur disponibilité et empêché les recherches effectives d’emploi, une augmentation en 2021 est visible dans la majorité des pays de l’OCDE, à l’exception des pays Baltes, de la Colombie, de la Slovénie, et de la Suisse. En moyenne, 75.9 % des immigrés sont actifs sur le marché du travail en 2021 contre 74.6 % en 2020. Par ailleurs, l’écart avec les personnes nées dans le pays s’est légèrement resserré en 2021 : le taux d’activité des immigrés est en moyenne supérieur de 0.6 point de pourcentage à celui des personnes nées dans le pays et près de la moitié des pays de l’OCDE enregistrent un taux d’activité des immigrés supérieur à celui de la population née dans le pays. Cet écart est particulièrement élevé en Pologne (12 points de pourcentage), au Portugal (8 points de pourcentage), au Luxembourg, en Hongrie et en République tchèque.

En dépit de cette amélioration, la pandémie de COVID-19 a engendré une augmentation du risque de chômage de longue durée pour les immigrés ainsi que pour les personnes nées dans le pays. Alors qu’il était en baisse continue, le taux de chômage de longue durée des immigrés a augmenté pour la première fois depuis 10 ans au Canada, aux États-Unis et en Europe. En temps de crise, les immigrés ont plus de mal à retrouver un emploi et sont donc plus vulnérables face au chômage de longue durée en raison de leur réseau moins développé, de leur moins bonne pratique de la langue, de leur concentration dans les secteurs les plus exposés, ou encore des discriminations à l’embauche auxquelles ils font face, accrues en période de crise (OCDE, 2009[5]). Ce dernier facteur joue également sur la plus forte probabilité des immigrés de se faire licencier durant la pandémie. Auer (2022[6]) met en évidence l’existence de discriminations dans des entreprises en Allemagne lors de la première vague de COVID-19 : en contrôlant pour les effets sectoriels, les immigrés ont une probabilité plus élevée d’être licenciés tandis que les personnes nées en Allemagne ont plus de chances d’être incluses dans les dispositifs de chômage partiel. Alors que la demande de travail baisse, de nombreux individus sont découragés dans leur recherche d’emploi. Ces facteurs favorisent une augmentation du chômage durable, qui peut avoir des répercussions majeures sur la situation future sur le marché du travail (OCDE, 2021[7]).

Aux États-Unis, 1.3 % des personnes actives nées à l’étranger sont au chômage depuis plus de 12 mois en 2021, soit près de 1 point de pourcentage de plus qu’en 2019. Plus marquant est l’inversement de la tendance : alors que cette part était légèrement supérieure parmi les personnes nées dans le pays avant la crise, les immigrés courent maintenant un risque plus important de s’installer dans un chômage de longue durée. Dans les pays de l’UE27, le taux de chômage de longue durée des immigrés est passé de 1.8 % en 2020 à 2.3 % en 2021, une part supérieure à celle de l’ensemble des personnes nées dans le pays, et d’autant plus importante parmi les femmes immigrées. Au Canada, le taux de chômage de longue durée s’est également davantage dégradé pour les immigrés que pour leurs homologues nés dans le pays.

Des études ont montré que la crise sanitaire a impacté de manière plus marquée la situation de l’emploi des femmes immigrées notamment du fait de leur surreprésentation dans les secteurs les plus touchés par la crise, mais également du fait de l’augmentation de la charge de travail domestique, des fermetures d’école et de leur plus grande difficulté à télétravailler (Fasani et Mazza, 2020[8]). Toutefois, l’examen de l’évolution de la situation de la population immigrée sur le marché du travail selon le sexe entre 2019 et 2021 ne montre pas de différences particulièrement marquées entre les femmes et les hommes, sauf au Royaume-Uni où le taux d’emploi des femmes immigrées est nettement supérieur à son niveau d’avant-crise alors que celui de leurs homologues masculins demeure nettement inférieur (Graphique 1.17). En Australie et au Canada, la situation des femmes immigrées sur le marché du travail s’est également davantage améliorée que celle des hommes immigrés, ainsi que des femmes nées dans le pays. À l’inverse, dans les pays de l’UE27, le taux d’emploi des hommes immigrés a davantage progressé en 2021 (Graphique d’annexe 1.A.3).

L’accroissement du taux d’emploi des femmes a été particulièrement fort dans les pays nordiques et certains pays d’Europe centrale, comme par exemple au Danemark (+9.3 points), en Pologne (+13.2 points) et en Slovénie (+6 points), tandis que le taux d’emploi des hommes a plus fortement augmenté en Autriche, dans les trois pays Baltes et en Grèce. Une augmentation de plus de 5 points de pourcentage du taux d’activité des femmes immigrées au marché du travail est observée dans plusieurs pays nordiques et d’Europe centrale et orientale. Cette évolution peut potentiellement résulter d’une augmentation du nombre de femmes précédemment inactives ayant rejoint le marché du travail afin de compenser la potentielle perte de revenus du conjoint, comme c’est le cas dans les pays Nordiques (Sánchez Gassen, 2021[9]). Seuls la Colombie, l’Estonie, l’Italie et la République slovaque ont enregistré une baisse du taux d’activité des femmes immigrées de plus de 1 point de pourcentage.

Par ailleurs, les femmes nées à l’étranger et résidant en Australie et au Royaume-Uni enregistrent désormais un taux d’emploi record depuis les 20 dernières années. Bien que le taux d’emploi des hommes reste substantiellement supérieur à celui des femmes, cet écart s’est resserré en 2021 en Australie, au Canada et au Royaume-Uni. Cela n’est pas le cas des États-Unis, où l’écart – de 22 points de pourcentage en 2021 – a toujours été particulièrement élevé (Graphique d’annexe 1.A.2).

Face à la pandémie de COVID-19, les personnes âgées de 15 à 24 ans, qu’ils soient nés dans le pays ou à l’étranger, sont plus vulnérables sur le marché du travail que l’ensemble de la population, notamment parce qu’ils sont surreprésentés dans les secteurs les plus touchés par la crise, sont plus susceptibles de travailler sous contrat à durée déterminée et détiennent une expérience professionnelle plus limitée les exposant à un risque plus élevé de perdre leur emploi (OCDE, 2021[10]). L’interruption des formations ou des apprentissages sont également des facteurs heurtant la transition du système scolaire vers le marché du travail. À ces difficultés communes à l’ensemble des jeunes, s’ajoutent les barrières structurelles que connaissent les jeunes immigrés. Ces premiers sont par exemple encore plus susceptibles que leurs homologues nés dans le pays de travailler à temps partiel ou dans des emplois temporaires, en 2021 comme en 2019.

Malgré tous ces facteurs, de manière générale, l’impact négatif de la crise sur le taux d’emploi des jeunes immigrés n’a pas été plus prononcé que pour le reste de la population immigrée et que leurs homologues nés dans le pays sauf en Australie et au Canada (Graphique 1.17). En effet, dans les pays de l’UE27, au Royaume-Uni, et dans une moindre mesure aux États-Unis, le taux d’emploi des jeunes (15-24 ans) s’est détérioré dans des proportions comparables à celui des non-immigrés. En Australie et au Canada, le taux d’emploi des jeunes immigrés s’est même amélioré et l’écart avec les jeunes nés dans le pays réduit depuis 2019 (Graphique 1.17). L’Australie a mis en place de nombreuses mesures afin de soutenir les jeunes durant et après la pandémie de COVID-19, notamment un dispositif de primes à l’embauche des jeunes entre octobre 2020 et octobre 2021 (le JobMaking Hiring Credit), des mesures promouvant le recrutement d’apprentis, ainsi que l’élargissement et le renforcement de programmes favorisant la transition vers l’emploi (OCDE, 2021[10]). Ce type de mesure a été mis en place dans la majorité des pays de l’OCDE, ce qui a participé à atténuer les effets durables de la crise sur les jeunes. Toutefois, l’amélioration significative de leur situation sur le marché du travail entre 2020 et 2021 (voir Graphique d’annexe 1.A.3) n’a pas permis de compenser les effets négatifs de la crise et le taux d’emploi des jeunes immigrés demeure, de manière générale, inférieur au niveau observé avant la crise.

Dans les pays de l’UE27, la part des jeunes n’étant ni scolarisés, ni en emploi, ni en formation (taux de NEET) a diminué en 2021 parmi la population immigrée tandis qu’elle a légèrement augmenté parmi la population née dans le pays (Graphique 1.18). Le taux de NEET des immigrés a toutefois augmenté en République tchèque, au Luxembourg et en Norvège. Au Canada et aux États-Unis, le taux de NEET parmi les jeunes immigrés avait augmenté significativement en 2020 et pour la première fois depuis 10 ans. En 2021, ce taux est passé de 18 % à 15 % aux États-Unis, soit 2 points de pourcentage de plus qu’en 2019. Depuis le début de la crise, la plupart des pays de l’OCDE ont instauré des mesures favorisant l’embauche d’apprentis et la formation professionnelle. Certains pays, notamment l’Autriche, le Chili, la France, la Nouvelle-Zélande, la Pologne et la la Suède ont mis en œuvre des mesures spécifiques visant les jeunes vulnérables ou issus de milieux défavorisés – y compris les immigrés (OCDE, 2021[10]).

Enfin, dans l’ensemble des pays de l’OCDE, les immigrés ayant un niveau d’éducation élevé ont quasiment retrouvé leur taux d’emploi d’avant-crise, tandis que la situation des immigrés possédant un niveau d’éducation faible ou intermédiaire demeure nettement détériorée par rapport à 2019 (Graphique 1.17).

L’impact négatif de la crise sanitaire sur l’emploi des immigrés en 2020 a, paradoxalement, été moins marqué pour les immigrés récents (arrivés dans le pays il y a moins de cinq ans) que pour les immigrés installés de longue date. De manière générale, l’amélioration de la situation de l’emploi des immigrés récemment arrivés dans le pays d’accueil est également nettement plus prononcée en 2021 (Graphique 1.17). Dans les pays de l’UE27, le taux d’emploi des immigrés récents a augmenté de 2.3 points de pourcentage entre 2020 et 2021, soit une augmentation de 1.4 point de pourcentage par rapport à 2019. A contrario, l’amélioration – moins forte – de la situation de l’emploi des immigrés installés depuis plus de cinq ans en 2021 n’a pas permis de rattraper l’effet délétère induit par le COVID-19 en 2020. De même, le Canada et les États-Unis ont enregistré en 2021 une augmentation spectaculaire de 8 et 6 points de pourcentage respectivement du taux d’emploi des immigrés récemment arrivés, dépassant ainsi le niveau pré-pandémie, tandis que le taux d’emploi des immigrés installés depuis plus longtemps a reculé par rapport à 2019 (Graphique 1.17). Au Canada, le nombre d’immigrés récents en emploi a augmenté de 71 % entre 2020 et 2021 tandis que le nombre d’immigrés installés en emploi n’a augmenté que de 5 %. Aux États-Unis, ces augmentations ont été de 35 % et 2 % respectivement.

Les immigrés récents demeurent cependant moins souvent en emploi que leurs homologues installés dans le pays depuis plus de cinq ans. Dans les pays européens, 66 % de ces derniers sont en emploi contre 55 % des immigrés récemment arrivés. Le taux de chômage des immigrés arrivés récemment est également supérieur, à l’exception des États-Unis où il est similaire (6 %).

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces résultats. Premièrement, la crise sanitaire a engendré en 2020 une diminution notoire des flux migratoires et notamment du nombre d’arrivés d’immigrés ayant une faible connexion au marché du travail comme les demandeurs d’asile, les réfugiés, et dans plusieurs pays, les migrants familiaux. De plus, les exemptions aux restrictions d’entrées imposées par les pays de l’OCDE en 2020 et en 2021 étaient octroyées pour des raisons essentiellement professionnelles, notamment dans le secteur de la santé, de l’agriculture et du transport. Afin de répondre aux pénuries de main d’œuvre, certains pays de l’OCDE ont également autorisé les demandeurs d’asile déjà présents sur le territoire à travailler, notamment dans le secteur de l’agriculture. C’est le cas de l’Espagne, où ces derniers peuvent être employés six mois après avoir soumis une demande de protection internationale. Depuis décembre 2020, les États-Unis ont également permis aux immigrés temporaires du secteur de l’agriculture de prolonger leur visa et de commencer à travailler avant l’approbation officielle de leur nouveau visa (REM/OCDE, 2021[11]).

Parallèlement, la pandémie de COVID-19 a entraîné dans certains pays de l’OCDE une augmentation des départs des immigrés récemment arrivés. Quelques études suggèrent que les immigrés les plus susceptibles de retourner dans leur pays d’origine sont des immigrés récents ayant des liens plus faibles au marché du travail ou ayant perdu leur emploi lors de la crise sanitaire. En Norvège, la réduction du nombre de travailleurs détachés au cours de la pandémie a atténué l’impact sur l’emploi des immigrés résidant dans le pays et des personnes nées dans le pays (Bratsberg et Raaum, à paraître[12]).

La situation des personnes nées à l’étranger sur le marché du travail varie significativement selon le lieu d’origine de ces derniers. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces variations. Les caractéristiques de la population immigrée, comme la part de femmes, de jeunes, de personnes ayant un niveau d’éducation faible ou élevé, diffèrent selon la région d’origine. Par ailleurs, le degré de pratique de la langue des immigrés et la reconnaissance des diplômes étrangers par le pays d’accueil sont d’autres facteurs déterminants de leur insertion sur le marché du travail et varient significativement d’une région à l’autre. Enfin, ces disparités résultent aussi des types de vagues migratoires, qui influencent le statut et la durée de séjour des immigrés, comme par exemple dans le cas des vagues de migration humanitaire. Certaines études ont de plus mis en évidence un effet négatif plus prononcé de la crise sanitaire sur les minorités ethniques (Fasani et Mazza, 2020[8] ; OCDE, 2022[13]), ce qui peut révéler une vulnérabilité plus élevée liée aux discrimination sur le marché du travail, mais également des effets de structure liés à leur surreprésentation dans les secteurs exposés à la crise. Les effets de la pandémie peuvent donc varier entre les immigrés et les personnes nées dans le pays, mais également entre les différents groupes d’immigrés.

L’examen de l’évolution des taux d’emploi, de chômage et de participation par région d’origine en 2021 met en évidence une amélioration de la situation de l’emploi des immigrés en 2021 dans la plupart des pays de l’OCDE. Toutefois, la mesure dans laquelle cette amélioration a permis aux immigrés de retrouver une situation de l’emploi similaire ou supérieure à celle qui prévalait avant la pandémie de COVID-19 varie nettement selon la région d’origine (Tableau 1.6).

Par rapport au niveau observé avant la crise, le taux d’emploi des immigrés originaires d’Afrique Sub-saharienne, d’Afrique du Nord, et du Moyen-Orient a davantage progressé que celui des autres groupes d’immigrés dans la plupart des pays de l’OCDE, à l’exception des États-Unis où il a diminué (Tableau 1.6). Au sein de l’UE27, ce groupe est le seul dont la situation s’est améliorée depuis 2019. Dans les pays de l’UE27 et en Australie, cette hausse s’est de plus accompagnée d’une diminution de leur taux de chômage, qui est passé en dessous de 10 % en Australie, pour la première fois depuis 10 ans. Malgré cette amélioration, ce groupe demeure le plus défavorisé : en 2021, leur taux d’emploi est le plus faible et leur taux de chômage le plus élevé dans la majorité des pays de l’OCDE. Au sein de l’UE27 par exemple, l’écart avec les immigrés originaires des pays de l’UE27 est substantiel : en 2021, 72 % des immigrés de l’UE27 étaient en emploi contre 51.5 % des immigrés originaires d’Afrique du Nord et 56 % de ceux venus du Moyen-Orient.

Par ailleurs, on observe une augmentation significative du taux d’emploi des immigrés originaires d’Asie au Royaume-Uni et en Australie entre 2019 et 2021. Ce résultat peut s’expliquer par une hausse des départs et une baisse concomitante des entrées des étudiants internationaux venus d’Asie suite à la crise sanitaire, diminuant ainsi mécaniquement leur taux d’emploi dans ces pays de destination majeurs pour les étudiants internationaux.

Aux États-Unis, bien que le taux d’emploi des immigrés ait augmenté entre 2020 et 2021, quelle que soit leur région de naissance, aucun groupe n’est parvenu à retrouver son niveau d’avant-crise. En particulier, malgré un accroissement important de leur taux d’emploi et un recul significatif de leur taux de chômage en 2021, la situation des immigrés originaires du Mexique, des autres pays d’Amérique Centrale et du Sud, et des Caraïbes s’est substantiellement détériorée par rapport à 2019. À l’inverse, le taux d’emploi des immigrés originaires d’Asie, du Canada et d’Europe est presque similaire (à 0.6 point de pourcentage près) au niveau observé avant la pandémie.

Références

[6] Baert, S. (dir. pub.) (2022), « Firing discrimination: Selective labor market responses of firms during the COVID-19 economic crisis », PLOS ONE, vol. 17/1, p. e0262337, https://doi.org/10.1371/journal.pone.0262337.

[12] Bratsberg, B. et O. Raaum (à paraître), Bruken av utenlandsk arbeidskraft gjennom COVID-19 pandemien.

[4] Capps, R. (2021), Immigrants’ U.S. Labor Market Disadvantage in the COVID-19 Economy: The Role of Geography and Industries of Employment, Washington, DC: Migration Policy Institute.

[1] De Wispelaere, F., L. De Smedt et J. Pacolet (2022), Posting of workers: Report on A1 portable documents issued in 2019, Publications Office of the European Union, Luxembourg, https://doi.org/10.2767/487681.

[8] Fasani, F. et J. Mazza (2020), « Being on the Frontline? Immigrant Workers in Europe and the COVID-19 Pandemic », Institute of Labor Economics (IZA) IZA Discussion Papers No. 13963.

[3] OCDE (2022), « Riding the waves: Adjusting job retention schemes through the COVID-19 crisis », OECD Policy Responses to Coronavirus (COVID-19), Éditions OCDE, Paris., https://doi.org/10.1787/ae8f892f-en.

[13] OCDE (2022), « The unequal impact of COVID-19: A spotlight on frontline workers, migrants and racial/ethnic minorities », OECD Policy Responses to Coronavirus (COVID-19), Éditions OCDE, https://doi.org/10.1787/f36e931e-en.

[7] OCDE (2021), Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2021 : Affronter la crise du COVID-19 et préparer la reprise, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/40fac915-fr.

[10] OCDE (2021), « Quelles mesures ont été adoptées par les pays pour aider les jeunes face à la crise du COVID-19 ? », Les réponses de l’OCDE face au coronavirus (COVID-19), Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/c1d692cb-fr.

[2] OCDE (2019), Perspectives des migrations internationales 2019, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/60811ed3-fr.

[5] OCDE (2009), Perspectives des migrations internationales 2009, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/migr_outlook-2009-fr.

[11] REM/OCDE (2021), The impact of Covid-19 in the migration area in EU and OECD countries, Réseau Européen des Migrations/OECD.

[9] Sánchez Gassen, N. (2021), Integrating Immigrants into the Nordic Labour Markets: The impact of the COVID-19 pandemic, Nordic Council of Ministers.

Mentions légales et droits

Ce document, ainsi que les données et cartes qu’il peut comprendre, sont sans préjudice du statut de tout territoire, de la souveraineté s’exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire, ville ou région. Des extraits de publications sont susceptibles de faire l'objet d'avertissements supplémentaires, qui sont inclus dans la version complète de la publication, disponible sous le lien fourni à cet effet.

© OCDE 2023

L’utilisation de ce contenu, qu’il soit numérique ou imprimé, est régie par les conditions d’utilisation suivantes : https://www.oecd.org/fr/conditionsdutilisation.