12. Étude de cas : le partenariat entre le Bénin et l’Estonie dans le domaine de l’administration électronique

Marit Lani
eGovernment Academy, Estonie
  • Lorsque les ressources financières et humaines sont limitées, il est important de bien connaître le contexte et la structure de gouvernance globale avant de commencer à réfléchir à chacune des composantes du nouveau système numérique. Le véritable intérêt de l’administration électronique réside dans une plus grande interopérabilité, garantissant une expérience utilisateur fluide.

  • Le partenariat avec l’organisation estonienne eGovernance Academy a permis aux autorités béninoises de tirer des enseignements et de s’inspirer des bonnes pratiques européennes en matière de cadres d’interopérabilité pour l’administration électronique, tout en veillant à adapter ces pratiques au contexte local.

  • La collaboration avec l’Estonie s’est traduite par un renforcement des capacités techniques de l’Agence des services et systèmes d’information (ASSI) du Bénin et a abouti à la création d’un grand nombre de nouveaux services dématérialisés.

La transformation numérique est un élément central des réformes structurelles engagées par le Bénin dans le secteur public. Son déploiement risque cependant d'achopper sur divers écueils si les questions liées à la gouvernance numérique ne reçoivent pas une attention suffisante. Le gouvernement du Bénin s’est tourné vers l’Estonie pour tirer des enseignements de l’expérience de ce petit pays devenu un chef de file mondial en matière d'administration électronique. Un protocole d'accord a été conclu avec l’e-Governance Academy Foundation, une organisation estonienne à but non lucratif qui a aidé des pays du monde entier à établir des cadres nationaux de transformation numérique. Ce protocole prévoyait notamment la mise en place d'une solution d’interopérabilité pour l’administration publique, la création d’un portail national de services dématérialisés et la fourniture d’un appui consultatif général pour la mise en œuvre d’une gouvernance intelligente (E-governance Academy, s.d.[1]).

La première phase de la coopération était axée sur la création de l’architecture de l’administration électronique et du cadre organisationnel associé au Bénin. Elle comprenait :

  • la mise sur pied du cadre d’interopérabilité, garantissant que les organisations publiques puissent partager et réutiliser des informations pour une prestation de services publics plus efficace ;

  • la révision du cadre législatif pour qu'il soit en phase avec les besoins d'une société numérique ;

  • le recensement des systèmes d'information et bases de données existant déjà dans le secteur public ;

  • la formation des agents publics.

En outre, une solution d'échange de données entre autorités publiques (UXP) (E-governance Academy[2]) reposant sur X-Road, la technologie libre (open source) utilisée en Estonie, a été introduite (e-Estonia[3]).

La deuxième phase a consisté à créer et à lancer un portail de type guichet unique (Gouvernement du Bénin[4]) permettant aux citoyens et aux entreprises d'avoir accès à des services publics et à des informations pertinentes. La solution technique a été élaborée en coopération avec des entreprises privées, en l’occurrence Cybernetica (Estonie) et Open SI (Bénin).

Tout au long du processus, l’e-Governance Academy a accompagné les autorités béninoises en leur fournissant des conseils sur un large éventail de thématiques liées à la coordination et à la structure de l'administration électronique. Des partenaires du secteur privé ont également apporté leur concours pour la mise en œuvre technique et la formation pratique. Une attention particulière a été accordée à la formation, l’objectif étant d’améliorer les compétences des agents publics béninois et de garantir la pérennité des résultats.

La coopération avec l’Estonie a permis au gouvernement béninois de se préparer en vue du déploiement de son système de gouvernance numérique. Les deux partenaires ont conçu ensemble le cadre d'interopérabilité de l’administration électronique béninoise, en définissant la structure générale la plus adaptée d'un point de vue organisationnel et technique. Ce cadre est fondé sur les bonnes pratiques européennes (Commission européenne, 2017[5]), mais les juristes et responsables béninois l’ont scrupuleusement adapté au contexte local. Le partenariat avec l’Estonie a également permis aux agents chargés de coordonner les systèmes d'information publics d'avoir accès à des outils pratiques grâce à l'établissement d'un catalogue public des systèmes d'information, bases de données, registres, services électroniques et actifs disponibles.

Des ateliers et un système de mentorat ont permis aux agents publics de mieux appréhender les différents aspects organisationnels, juridiques et technologiques de la transformation numérique et d'acquérir des compétences concrètes dans ce domaine. De nombreux développeurs et administrateurs ont reçu une formation à la maintenance et au développement des systèmes et solutions nouvellement introduits.

Des ateliers et un système de mentorat ont permis aux agents publics de mieux appréhender les différents aspects organisationnels, juridiques et technologiques de la transformation numérique et d'acquérir des compétences concrètes dans ce domaine.  
        

Outre la création d’un portail pleinement opérationnel, fournissant des informations sur environ 150 services publics (dont plus de 25 nouveaux services en ligne), la collaboration avec l’Estonie a permis de renforcer les capacités techniques de l’Agence des services et systèmes d’information (ASSI) du Bénin et a débouché sur la mise en place de nombreux nouveaux services dématérialisés – publication des résultats d’examens nationaux, épreuves en ligne pour le permis de conduire, vote électronique, etc.

  • Les ressources humaines sont la clé du succès. Il est indispensable de disposer d'une masse critique de personnes motivées et averties pour mener à bien la transformation numérique. Le Bénin a en la matière pu s’appuyer sur une orientation claire de la présidence de la République et sur le soutien du ministère du Numérique et de la Digitalisation. Même s'il a fallu du temps et si des négociations ont été nécessaires, l’ASSI dispose d’un nombre croissant d’agents qualifiés, qui pilotent et coordonnent au quotidien les processus et les projets.

  • Il faut établir un cadre solide. Il est primordial de mettre en place un cadre d’interopérabilité avant de concevoir les différentes composantes du système. Lorsque les ressources financières et humaines sont limitées, il est important de bien connaître le contexte et la structure de gouvernance globale avant de commencer à réfléchir à chacune des composantes de la structure de gouvernance électronique. Même s'il importe à la fois politiquement et pour la motivation des agents publics de trouver des solutions ponctuelles qui livrent des résultats rapides, l’intérêt véritable de l’administration électronique réside dans une plus grande interopérabilité, garantissant une expérience utilisateur fluide. Comme en témoigne l’exemple du Bénin, cette approche ne peut être couronnée de succès que si elle est comprise et soutenue au plus haut niveau politique.

  • Des partenariats public-privé sont nécessaires. Associer le secteur privé à la mise en place des services publics dématérialisés est indispensable pour enrichir les connaissances et accroître les capacités, et contribue à la progression du secteur local des technologies de l’information et de la communication.

Cette étude de cas est également publiée sur la plateforme en ligne d'apprentissage mutuel de l’OCDE consacrée aux Outils, enseignements et pratiques de la coopération pour le développement, dans les pages En pratique. Celles-ci décrivent des exemples de réponses concrètes à divers défis auxquels fait face la coopération et mettent l’accent sur les résultats obtenus et les enseignements tirés.

Références

[5] Commission européenne (2017), The New European Interoperability Framework, https://ec.europa.eu/isa2/eif_en (consulté le 25 November 2021).

[3] e-Estonia (s.d.), Interoperability services, https://e-estonia.com/solutions/interoperability-services/x-road (consulté le 25 November 2021).

[2] E-governance Academy (s.d.), Data exchange platform for Benin, https://ega.ee/project/data-exchange-platform-benin (consulté le 25 November 2021).

[1] E-governance Academy (s.d.), eGA to assist e-governance development in Benin, https://ega.ee/news/ega-to-assist-e-governance-development-in-benin (consulté le 25 November 2021).

[4] Gouvernement du Bénin (s.d.), Site Officiel de l’Administration Béninoise, https://service-public.bj (consulté le 1 December 2021).

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