Accès aux soins de longue durée
En moyenne dans les pays de l’OCDE en 2021, 11.5 % des personnes âgées de 65 ans et plus ont reçu des soins de longue durée, à domicile ou en établissement (Graphique 10.12). Plus de 20 % des 65 ans et plus ont bénéficié de ces soins dans quatre pays de l’OCDE (Lituanie, Israël, Suisse et Allemagne), mais moins de 4 % dans huit pays (Canada, République slovaque, Irlande, Japon, Portugal, États-Unis, Pologne et Lettonie). Les normes culturelles qui définissent dans quelle mesure les familles s’occupent des personnes âgées peuvent également être un moteur important de l’utilisation des services formels (voir la section « Aidants informels »).
De nombreuses personnes ayant besoin de soins de longue durée souhaitent rester à leur domicile aussi longtemps que possible. Compte tenu de ces préférences, et du coût élevé des soins de longue durée dispensés en établissement, de nombreux pays de l’OCDE ont mis en place des services à destination des personnes âgées afin de faciliter leur prise en charge à domicile. Entre 2011 et 2021, la proportion de personnes qui bénéficiaient de soins de longue durée à domicile a légèrement augmenté, passant de 67 % à 69 % (Graphique 10.13). Les augmentations ont été particulièrement fortes en Australie, en Suisse, en Finlande, en Corée et en Allemagne. En Australie, des réformes visant à renforcer le financement des soins aux personnes âgées et à accroître le nombre de dispositifs de prise en charge à domicile disponibles ont entraîné une hausse du nombre de bénéficiaires de soins de longue durée. En Allemagne, des réformes menées en 2017 ont entraîné une augmentation du nombre de bénéficiaires en raison de l’introduction d’un nouveau système d’évaluation qui a diminué les obstacles à l’entrée et a considérablement élargi l’éventail des personnes ayant droit aux prestations de l’assurance dépendance.
Si la proportion de bénéficiaires de soins de longue durée à domicile a augmenté ces dix dernières années dans la plupart des pays de l’OCDE, elle a sensiblement diminué en Estonie, où l’on observe une disponibilité accrue des soins généraux en établissement, et où le nombre de nouveaux utilisateurs des services à domicile a augmenté moins rapidement que ceux des services à temps complet dans le système de protection sociale. En Lituanie, le vieillissement de la population et un accès plus large aux services de soins de longue durée ont conduit à une hausse de nombre de bénéficiaires de ces soins en établissement. En Suisse, l’augmentation du nombre de bénéficiaires de soins de longue durée à domicile au cours des dernières années s’explique par l’augmentation des prestataires (qui correspond à l’augmentation des bénéficiaires) de certains types de services à domicile.
Même lorsqu’elles sont limitées dans leurs activités de la vie quotidienne (AVQ) et activités instrumentales de la vie quotidienne (AIVQ), certaines personnes ne bénéficient pas toujours d’une prise en charge formelle suffisante. Parmi les personnes de 65 ans et plus dans 22 pays de l’OCDE, la moitié des personnes vivant à domicile avec au moins une limitation des AVQ ou AIVQ – et près de deux sur cinq (37 %) avec trois limitations ou plus – déclaraient ne pas recevoir suffisamment d’aide informelle pour leurs soins de longue durée, ou ne pas bénéficier de prise en charge formelle (Graphique 10.14).
Les bénéficiaires de soins de longue durée comprennent les personnes qui reçoivent des soins prodigués par des prestataires rémunérés, y compris du personnel non professionnel percevant des paiements en espèces dans le cadre d’un programme d’aide. Ils comprennent également les personnes qui reçoivent des prestations en espèces au titre de programmes laissant libre choix à l’usager d’acheter les services qu’il souhaite pour répondre à ses besoins, ainsi que des allocations-dépendance ou d’autres prestations sociales principalement destinées à venir en aide aux personnes dépendantes. Les soins de longue durée peuvent être prodigués dans des établissements, ou à domicile. Les établissements de soins de longue durée sont des centres médicalisés qui offrent aux patients hébergement et prise en charge de longue durée. La prise en charge à domicile signifie que les personnes reçoivent la plupart de leurs soins chez elles. Elle peut également inclure le recours temporaire à des soins en établissement, ainsi qu’à des structures de proximité et des centres d’accueil de jour et à des formules d’hébergement spécialement conçues. Les données pour la Lettonie, la Pologne, les États-Unis, le Japon, l’Irlande, la République slovaque et la Canada ne sont disponibles que pour les personnes qui reçoivent des soins de longue durée en établissement, le nombre total de bénéficiaires est donc sous-estimé. Pour la République slovaque, les données pour les bénéficiaires de soins de longue durée à domicile étaient bien disponibles pour 2021, mais seules les données concernant les établissements ont été utilisées pour permettre la comparaison avec 2011.
Les données sur les soins de longue durée sont difficiles à recueillir dans de nombreux pays et les chiffres présentent des limites. Pour certains pays, les données concernent uniquement les personnes recevant des soins financés par des fonds publics, tandis que d’autres pays incluent les personnes finançant elles-mêmes leurs soins. Comme les données concernant les personnes recevant des soins en dehors des systèmes publics sont plus difficiles à obtenir et peuvent être sous-estimées, les chiffres pour des pays qui dépendent plus fortement des soins financés par le privé peuvent être artificiellement bas. Pour l’indicateur sur les besoins en soins de longue durée non satisfaits, les données concernent les personnes âgées de 65 ans et plus, et sont tirées de la huitième vague de l’Enquête sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe (Survey of Health, Ageing and Retirement in Europe – SHARE) pour les années 2019 et 2020. Il convient de souligner que la pandémie de COVID-19 est susceptible d’avoir affecté les travaux de terrain réalisés pour l’étude en 2020. Il n’existe pas de définition internationalement reconnue des besoins en soins de longue durée non satisfaits, mais SHARE facilite l’estimation de la part des personnes âgées faisant état de limitations des activités quotidiennes (AVQ et AIVQ) qui n’ont pas bénéficié d’une prise en charge formelle ou de suffisamment d’aide informelle. Les données pour le Portugal ne concernent que l’activité observée dans les établissements dans le cadre du Service national de santé. Les établissements privés soutenus par la sécurité sociale ne sont pas pris en compte.