Dépenses pharmaceutiques
En 2021, les dépenses en produits pharmaceutiques au détail (c’est-à-dire à l’exclusion de ceux utilisés durant un séjour à l’hôpital ou dans d’autres structures de soin) représentaient un sixième des dépenses de santé globales dans les pays de l’OCDE. Si les ventes au détail de produits pharmaceutiques représentent toujours le troisième poste de dépenses de santé par ordre d’importance, après les soins hospitaliers et les soins ambulatoires, leur progression à cet égard a cependant suivi un rythme inférieur à la plupart des autres composantes du système de santé au cours de la dernière décennie (voir l’indicateur « Dépenses de santé par type de service » au chapitre 7), en raison des mesures de maîtrise des coûts et du recours aux médicaments génériques.
Dans la zone OCDE, ce sont les régimes d’assurance publics et obligatoires qui financent au premier chef les produits pharmaceutiques au détail, ayant pris en charge 58 % du total des dépenses connexes en 2021 (Graphique 9.1). Dans des pays comme la France, l’Irlande et l’Allemagne, cette part était même supérieure, plus de 80 % des coûts totaux étant couverts par ces régimes. Les paiements directs des ménages (notamment la participation au coût des médicaments remboursés) ont aussi constitué une source de financement significative, puisqu’ils ont représenté en moyenne 39 % du total des dépenses pharmaceutiques en 2021, atteignant même une proportion bien plus élevée dans des pays comme le Chili (78 %), la Pologne (65 %) et la Lettonie (59 %). Ces paiements directs étaient également d’un niveau élevé dans les pays candidats à l’adhésion que sont la Bulgarie et la Roumanie. En comparaison, les régimes d’assurance-maladie facultative couvrent une proportion relativement faible du total des coûts, tout au plus 7 % dans tous les pays de l’OCDE disposant de données, à deux pays près (et pour une moyenne de 3 %). Seuls le Canada et la Slovénie font exception, l’assurance-maladie volontaire privée y comptant pour 34 % et 25 % respectivement des dépenses en produits pharmaceutiques au détail.
De nombreux facteurs influent sur le niveau des dépenses par habitant relatives aux produits pharmaceutiques au détail, notamment la répartition, la prescription et la délivrance ; les politiques de prix et d’approvisionnement ; et les habitudes de consommation quant aux nouveaux médicaments et aux médicaments génériques. En 2021, les dépenses de produits pharmaceutiques au détail dans les pays de l’OCDE s’établissaient en moyenne à 614 USD par personne, ajustés des différences de pouvoir d’achat (Graphique 9.2). Aux États-Unis, les dépenses représentaient plus de deux fois la moyenne, tandis que, dans la majorité des pays, l’écart à la moyenne se situait dans une plage de ±20 %. Les dépenses par habitant étaient les plus faibles au Danemark, avec moins de la moitié de la moyenne OCDE. Dans ce pays, une proportion relativement élevée de médicaments est dispensée dans le cadre de soins hospitaliers ou de soins ambulatoires et donc en dehors des circuits habituels de vente au détail.
Les dépenses pharmaceutiques sont divisées en deux composantes majeures : les médicaments sur ordonnance et les produits en vente libre. Dans les pays de l’OCDE, les médicaments sur ordonnance représentent plus des trois quarts des dépenses liées aux produits pharmaceutiques au détail. La répartition entre médicaments sur ordonnance et produits en vente libre est fonction des spécificités de chaque pays en matière de prise en charge, ainsi qu’en matière de prix et de disponibilité des différents médicaments. La Pologne était le seul pays membre de l’OCDE où les dépenses consacrées aux produits en vente libre étaient supérieures à celles consacrées aux médicaments sur ordonnance.
L’analyse des seules dépenses en produits pharmaceutiques au détail ne donne qu’une image partielle du coût de ces produits dans le système de santé. En effet, les dépenses dans le secteur hospitalier et les autres structures de soins peuvent aussi être importantes – elles excèdent généralement de 20 %, sinon davantage, les dépenses en produits pharmaceutiques au détail (Morgan and Xiang, 2022[1]). Ces dix dernières années, les dépenses pharmaceutiques hospitalières ont sensiblement augmenté, en partie en raison de l’apparition de nouveaux traitements très coûteux, essentiellement dans les domaines de l’oncologie et de l’immunologie (IQVIA Institute for Human Data Science, 2021[2]). Comme on le voit dans le Graphique 9.3, les dépenses pharmaceutiques dans le cadre de soins hospitaliers et autres dépenses hors vente au détail augmentent plus rapidement que celles liées à la vente au détail dans la plupart des pays, la plus forte croissance étant observée en Allemagne, en Espagne et en République tchèque.
Les dépenses pharmaceutiques sont celles qui sont consacrées aux médicaments sur ordonnance et à l’automédication (cette dernière concerne les produits en vente libre). Certains pays sont dans l’incapacité de présenter une ventilation précise, et leurs données peuvent inclure les biens médicaux non durables (comme les kits de premiers secours, les seringues hypodermiques et les masques chirurgicaux). Il s’ensuit une surestimation des dépenses, de l’ordre de 5 à 10 %, qui pourrait cependant avoir été plus importante encore durant la pandémie de COVID-19. Les produits pharmaceutiques au détail sont ceux fournis en dehors des soins hospitaliers, comme ceux délivrés dans les pharmacies ou achetés au supermarché, et les prix doivent inclure les marges des grossistes et des détaillants, ainsi que la taxe sur la valeur ajoutée. On observe des problèmes de comparabilité concernant l’administration et la délivrance de produits pharmaceutiques aux patients ambulatoires dans les hôpitaux. Certains pays comptabilisent en effet les coûts dans la catégorie des soins curatifs, d’autres dans celle des produits pharmaceutiques.
Les produits pharmaceutiques délivrés en hôpital ou hors vente au détail s’entendent des médicaments administrés ou délivrés au cours d’une hospitalisation ou dans une autre structure de soins. Les coûts des produits pharmaceutiques consommés dans les hôpitaux et d’autres structures de soins sont comptabilisés dans les coûts des traitements avec hospitalisation ou en ambulatoire. Les produits pharmaceutiques hors vente au détail comprennent aussi le coût des vaccins utilisés dans le cadre de campagnes de vaccination et qui ne sont pas achetés auprès de détaillants.
Les dépenses pharmaceutiques totales sont « nettes » : elles prennent en compte les éventuelles ristournes consenties par les laboratoires pharmaceutiques, les grossistes ou les pharmacies.
Références
[2] IQVIA Institute for Human Data Science (2021), Drug Expenditure Dynamics 1995-2020: Understanding Medicine Spending in Context, https://www.iqvia.com/insights/the-iqvia-institute/reports/drug-expenditure-dynamics.
[1] Morgan, D. and F. Xiang (2022), “Improving data on pharmaceutical expenditure in hospitals and other health care settings”, Documents de travail de l’OCDE sur la santé, No. 139, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/6c0d64a2-en.