11. Costa Rica

Au Costa Rica, l’estimation du soutien aux producteurs agricoles s’élevait à 4 % des recettes agricoles brutes en 2020-22, chiffre bien inférieur à la moyenne OCDE et en baisse par rapport aux 8 % de 2000-02. Le soutien à l’agriculture est presque entièrement (89 %) assuré par le soutien des prix du marché (SPM), l’une des formes de soutien susceptibles de générer le plus de distorsions de la production et des échanges, et se traduit par des mesures aux frontières (droits de douane) et des mesures internes (prix intérieurs minimums). Les produits ciblés incluent le riz, la viande porcine, la viande de volaille et le sucre. Du fait de la protection aux frontières et de l’intervention sur les prix, les prix à la production ont été, en moyenne, de 4 % supérieurs aux cours mondiaux en 2020-22. Le reste du soutien aux producteurs (qui représente 0.4 % des recettes agricoles brutes) passe notamment par l’accord de crédits à taux préférentiels, des subventions aux intrants pour l’achat d’équipements et de machines agricoles, des paiements pour services environnementaux ainsi qu’un soutien à la production biologique.

L’estimation du soutien aux services d’intérêt général indique qu’il s’est établi à 1.3 % de la valeur de la production agricole en 2020-22, ce qui traduit une légère hausse par rapport à 2000-02. Cependant, ce taux demeure bien inférieur à la moyenne OCDE. En 2020-22, le Costa Rica a principalement réparti ses dépenses de soutien aux services d’intérêt général entre le système de connaissances et d’innovation agricoles (en particulier les services de vulgarisation) ; les activités d’inspection et de contrôle ; ainsi que le développement et l’entretien des infrastructures d’irrigation et des routes de campagne. L’estimation du soutien total au secteur agricole indique qu’il a atteint 0.4 % du produit intérieur brut en 2020-22, ce qui représente une baisse significative par rapport à 2000-02 (1.2%).

En 2022, le Costa Rica a entrepris de réformer le système de tarification et les droits sur les importations de riz dans le cadre de la nouvelle stratégie intitulée « Rice Path », qui vise à stimuler la concurrence sur le marché du riz et à améliorer la qualité de la production locale. Au titre de cette stratégie, le gouvernement a d’abord démantelé le système de prix de référence et réduit les droits de la nation la plus favorisée sur les importations de riz blanc et cultivé en rizière, qui sont respectivement passés de 35 % à 5 % et 4,5 %. La stratégie « Rice Path » inclut des mesures de promotion de la recherche et des transferts de technologies, et prévoit l’organisation de formations, notamment sur la bonne gestion des cultures, l’utilisation durable des ressources naturelles ainsi que les méthodes d’emploi plus efficace d’une quantité réduite de produits agrochimiques. Les producteurs appelés à modifier leurs activités se verront également proposer une assistance et des formations techniques.

En janvier 2023, les pouvoirs publics ont lancé une politique pour le secteur agricole à l’horizon 2023-32, dont l’objectif est d’améliorer la compétitivité du secteur ; de favoriser l’apport d’une valeur ajoutée ; de créer des emplois ; et d’améliorer les conditions de vie de la population grâce à des mesures de renforcement de la productivité, de la viabilité, de la résilience et de l’adaptation au changement climatique. La politique prévoit que les nombreuses institutions responsables du secteur agricole se modernisent, renforcement leur coordination et améliorent la qualité de leurs services.

En mars 2023, le Costa Rica a signé un accord d’échange avec l’Équateur, dont l’entrée en vigueur est planifiée pour 2024. Cet accord devrait consolider et améliorer l’accès au marché des exportateurs costariciens, et fournir un cadre juridique de promotion et de renforcement continus des investissements et des alliances stratégiques entre les deux pays. Une fois entré en vigueur, il viendra élargir la gamme d’accords qui régissent les échanges du Costa Rica dans le domaine agroalimentaire.

  • Le plan national d’adaptation au changement climatique pour 2022-26 marque un pas vers l’adoption d’une vision à plus long terme pour agir conformément aux objectifs climatiques et améliorer la coordination interinstitutions, comme recommandé par l’OCDE (2017[1]). Si de nombreuses mesures y sont incluses pour améliorer l’adaptation du secteur agricole, la plupart d’entre elles dépendent de l’obtention de financements extérieurs. L’incertitude qui en découle pourrait nuire à la mise en œuvre de nouvelles initiatives ou à la continuité des programmes existants. Le gouvernement devrait élaborer un plan d’urgence au cas où il serait impossible d’accéder à des financements extérieurs en temps voulu.

  • La nouvelle politique agricole pour 2023-32 établit un cadre général concernant l’adaptation du secteur au changement climatique. Une description plus détaillée des mesures concrètes que le gouvernement prévoit de mettre en œuvre sera nécessaire pour en évaluer l’impact potentiel. Elle fournit cependant l’occasion au Costa Rica de mieux coordonner ses politiques agricole et climatique, et d’appliquer les recommandations de l’OCDE, notamment celles de relier les programmes facultatifs et de paiements directs à l’adaptation, d’intégrer cette dernière aux programmes d’assistance technique et aux services de vulgarisation, ainsi que de mener des activités de suivi et d’évaluation systématiques des efforts d’adaptation.

  • Malgré le fait qu’une assez grande partie des émissions de gaz à effet de serre (GES) soient d’origine agricole, le Costa Rica n’a fixé aucun objectif d’atténuation propre au secteur. La prise de mesures d’atténuation appropriées au niveau national (MAAN) a permis de réduire les émissions de GES issues de la production de café et de l’élevage. Le gouvernement prévoit d’élaborer des MAAN applicables à d’autres secteurs (notamment pour la production de riz et de bananes), mais leur mise en œuvre dépendra de la disponibilité de financements extérieurs. Mettre en œuvre des MAAN supplémentaires dans le secteur agricole pourrait atténuer les émissions de GES et favoriser l’adoption de bonnes pratiques dans les principaux domaines de production.

  • Les réformes récentes des cours de référence et des droits sur les importations de riz – menées conformément aux recommandations de l’OCDE – contribueront largement à rendre cet aliment de base plus abordable. Pour encourager le passage à une agriculture plus durable et résiliente ainsi que protéger les moyens de subsistance des agriculteurs, le gouvernement devrait veiller à la bonne mise en œuvre de l’ensemble des mesures prévues au titre de la stratégie « Rice Path ». Il s’agira notamment de fournir une assistance technique aux agriculteurs qui produisent du riz à petite et moyenne échelle, d’aider les petits exploitants qui souhaitent cesser de produire du riz, et de prendre des mesures d’utilisation plus efficace de l’eau et de réduction du recours aux produits agrochimiques.

  • Outre les mesures concernant le riz, le soutien aux producteurs continue de prendre principalement la forme de transferts de prix (mesurés en fonction du SPM). Par exemple, plusieurs produits agroalimentaires font l’objet de droits sur les importations plus élevés que la moyenne. Le Costa Rica devrait continuer à réduire les transferts susceptibles de créer des distorsions de prix sur le marché intérieur et de fausser les échanges, de limiter la concurrence, la productivité et la compétitivité, et de nuire à l’environnement.

  • Le soutien aux services d’intérêt général a augmenté au cours des deux dernières décennies, notamment grâce aux investissements dans le système d’innovation agricole. Cependant, ce soutien reste inférieur à la moyenne OCDE une fois rapporté à la valeur de la production agricole. Le faible niveau des dépenses, le manque de cohérence des objectifs de recherche et le partage limité d’informations avec les services de vulgarisation constituent un frein à l’innovation. Davantage d’investissements dans l’innovation et le transfert de connaissances pourraient créer des conditions favorables à l’augmentation de la productivité et libérer le potentiel jusqu’alors inexploité de l’agriculture costaricienne.

  • D’après les estimations, la productivité totale des facteurs a baissé de 2 % par an en moyenne au cours de la période 2011-20. Simplifier la structure institutionnelle du secteur pourrait améliorer la mise en œuvre des politiques et contribuer à renforcer la productivité (OCDE, 2023[2]). La nouvelle politique agricole pour 2023-32 fournit l’occasion d’en faire autant. Le Costa Rica devrait également investir pour remédier au déficit d’infrastructure qui entrave la compétitivité du secteur, y compris la mauvaise qualité des routes en milieu rural.

Références

[2] OCDE (2023), Études économiques de l’OCDE : Costa Rica 2023 (version abrégée), Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/36c4db42-fr.

[1] OCDE (2017), Agricultural Policies in Costa Rica, Revues de l’OCDE sur l’alimentation et l’agriculture, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264269125-en.

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