24. Afrique du Sud

L’Afrique du Sud a réduit son soutien à l’agriculture lors des réformes du milieu des années 90. Depuis 2010, ce soutien est resté inférieur à 5 % des recettes agricoles brutes. En 2018-20, il avoisinait 3 %.

Le soutien relativement faible aux producteurs repose pour l’essentiel sur le soutien des prix du marché (SPM) et les paiements dépendant de l’utilisation d’intrants. La distorsion des prix est minime et les prix intérieurs de la plupart des produits sont alignés sur les prix mondiaux, à l’exception du sucre et, dans une moindre mesure, du blé et de la viande porcine, surtout à cause des droits d’importation. La plupart des paiements directs prennent la forme de subventions aux intrants (remboursement de la taxe sur les combustibles) et de subventions à l’investissement pour les petites exploitations.

Le soutien aux services d'intérêt général (ESSG) a baissé par rapport à la taille du secteur. Son niveau est similaire à la moyenne des autres pays couverts dans le présent rapport, et inférieur à la moyenne OCDE. L’ESSG en pourcentage de la valeur ajoutée de l’agriculture était en moyenne de 4 % en 2018-20, soit en baisse par rapport aux 6 % du début des années 2000. La plupart des dépenses comptabilisées dans l’ESSG financent le système de connaissances et d’innovation agricoles, ainsi que les dépenses d’infrastructure. Ce type de soutien vise principalement à créer un environnement favorable à l’activité des petites exploitations qui ont vu le jour à la suite de la réforme foncière. Les dispositifs d’inspection et de contrôle sont une autre composante majeure des services fournis au secteur, qui acquiert une importance croissante. De manière générale, le soutien total a reculé en valeur relative, de 0.6 % du PIB en moyenne en 2000-02 à 0.3 % en 2018-20.

Ces dernières années, plusieurs modifications ont été introduites dans les dispositifs publics afin d’améliorer la redistribution des terres dans le cadre de la réforme foncière, comme par exemple l’autorisation de l’achat obligatoire de terres dans l’intérêt public (renforcement des droits relatifs des individus travaillant la terre). En mars 2018, le parlement a adopté une loi autorisant les expropriations sans compensation des exploitations commerciales. Ce texte nécessite cependant, pour être applicable, une modification de la Constitution, et ce processus législatif était toujours en cours en 2020.

L’Agence pour le développement de l’agriculture (Agriculture Development Agency – AGDA) a été créée le 18 février 2020 sous forme d’entité privée dans le cadre de l’Initiative pour la croissance public-privé (Public Private Growth Initiative – PPGI). Sa mission est de mettre à disposition les compétences et les capacités du secteur privé pour mettre sur pied des projets de réforme foncière qui soient viables pour les exploitants noirs.

En tant que signataire de l’Accord de Paris sur le climat de 2016, le gouvernement sud-africain s’est engagé à réduire les émissions de GES de 34 % avant 2020 et de 42 % avant 2025 par rapport aux niveaux de 1990 (politique nationale de réaction au changement climatique, National Climate Change Response Policy 2011) en votant le 16 août 2017 une loi sur la taxe carbone. Cette taxe est mise en œuvre de façon progressive par l’Afrique du Sud. Lors de la première phase – qui court de 2019 à 2022 –, le secteur agricole primaire en est exempté, mais une réévaluation risque d'avoir lieu lors de la seconde (après 2022).

Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, le gouvernement sud-africain a constitué un fonds de 1.2 milliard ZAR (64 millions USD) pour venir en aide aux petits exploitants en difficulté. Ce fonds s’adresse aux petits producteurs de volaille, de produits d’origine animale et de légumes. Il s’y ajoute 400 millions ZAR (21 millions USD) prélevés sur le programme stratégique d’acquisition proactive de terres (qui permet à l’État d’acheter des terres agricoles en vue de les redistribuer), pour soutenir les petits producteurs en détresse.

  • Après avoir profondément réformé sa politique au milieu des années 90, l’Afrique du Sud a réussi à ouvrir ses marchés agricoles en supprimant le soutien des prix du marché pour la plupart des produits. Cela dit, le soutien du prix du sucre – par l’imposition de droits de douane élevés et l’application d’un système de mise en commun des prix par l’Association sud-africaine du sucre (South African Sugar Association) – demeure important, raison pour laquelle les autorités devraient envisager de réduire les droits d'importation.

  • Depuis les réformes des années 90, une hausse des dépenses budgétaires finance le processus de réforme foncière et soutient les bénéficiaires de ce dispositif (exploitations de subsistance, petits exploitants et exploitations commerciales). La plupart des dépenses servent à financer des services d’intérêt général utiles au secteur, principalement des transferts de connaissances et des infrastructures. La difficulté majeure réside dans la mise en œuvre et le ciblage de programmes de soutien adaptés aux besoins des nouveaux agriculteurs.

  • La participation des exploitations commerciales expérimentées à l’élaboration des programmes de soutien est essentielle pour renforcer les dispositifs venant en aide aux exploitants voulant pratiquer ce type d'agriculture. Les partenariats public-privé permettent de mobiliser efficacement les ressources disponibles et de remédier aux faiblesses actuelles des programmes de soutien et des services publics. Le fait qu'il soit possible d’exproprier des exploitations sans compensation demeure un sujet de préoccupation. Cela risque de freiner les ambitions des exploitations commerciales en termes de développement des activités et d'accroître l’incertitude des investisseurs en ce qui concerne l’identité des propriétaires desdites exploitations.

  • La réforme foncière devrait être liée à la mise en place d’un environnement favorable pour ses bénéficiaires (y compris en termes d’enseignement et de formation, d’infrastructures et de circuits de commercialisation). Dans le cas contraire, la redistribution des terres ne pourra pas produire les résultats escomptés, tels que l’amélioration des conditions de vie de la population noire vivant dans les zones rurales, le renforcement de la sécurité alimentaire en milieu rural et le développement d’un secteur commercial pérenne.

  • La loi sur la taxe carbone fait partie intégrante du dispositif de mise en œuvre de la politique gouvernementale sur le changement climatique, mais le processus en est à la première phase (2019-22) et cette taxe n’est pas appliquée à l’agriculture. Ce secteur n’est impacté qu’indirectement lors de cette première phase par la hausse du coût des intrants, en particulier l’électricité, les engrais et les pesticides, mais aussi le carburant et l’énergie. Pour autant, cela devrait inciter les agriculteurs à trouver des moyens d’utiliser les intrants plus efficacement et de les remplacer par d’autres, ou à changer leurs pratiques. Le problème est que la réduction de la taxe sur les combustibles joue à cet égard le rôle de contre-incitation.

  • Très faibles (et négatif en ce qui concerne l’azote), les bilans des éléments nutritifs en Afrique du Sud suscitent des interrogations quant à leurs effets à long terme sur la fertilité des sols dans les régions du pays où ils sont insuffisants. Le gouvernement devrait assurer le bon fonctionnement des marchés et veiller à ce que le niveau des éléments nutritifs des cultures soit suffisant.

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