13. Islande

En Islande, la réforme de la politique agricole a été limitée et le soutien demeure l’un des plus élevés des pays de l’OCDE. En 2020-22, l’estimation du soutien aux producteurs (ESP) représentait 50 % des recettes agricoles brutes, un chiffre trois fois plus élevé que la moyenne OCDE. Les mesures de soutien des prix du marché composent 47 % de l’appui aux agriculteurs et prennent principalement la forme de droits de douane, qui maintiennent les prix intérieurs à un niveau relativement élevé par rapport aux cours mondiaux et impliquent un transfert de grande ampleur des consommateurs vers les producteurs agricoles. Les paiements couplés aux facteurs de production complètent le soutien des prix du marché. Les paiements au titre de la production de lait et les paiements – en grande partie découplés – aux producteurs de viande ovine constituent l’essentiel des autres formes de soutien aux producteurs. Environ 70 % du soutien à l’agriculture sont potentiellement à l’origine de fortes distorsions de la production et des échanges.

En moyenne, les prix perçus par les agriculteurs ont baissé au fil du temps, parallèlement au déclin du Coefficient nominal de protection (CNP) des producteurs, mais ils demeurent près de deux fois supérieurs à ceux des marchés mondiaux. Le soutien des prix du marché est particulièrement élevé dans les cas de la volaille et des œufs, pour lesquels il représente 100 % des transferts au titre d’un seul produit (TSP). Les TSP comptent pour 95 % de l’ESP totale.

Les dépenses consacrées aux services d’intérêt général (estimation du soutien aux services d’intérêt général, ESSG) équivalent à 4 % du soutien total à l’agriculture (estimation du soutien total, EST), un chiffre bien inférieur à la moyenne OCDE (14 %). Ces dépenses ont diminué, passant de 8 % de la valeur de la production agricole en 1986-88 à 3 % en 2020-22, ce qui s’explique par la hausse de la valeur de la production, qui a augmenté de 18 % pendant que les dépenses baissaient d’environ 56 %. Les services d’inspection et de contrôle représentent 63 % de l’ESSG, le solde étant pour une large part affecté au stockage public. L’EST en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) a fortement baissé, passant de 5 % en 1986-88 à 0.8 % en 2020-22.

Début 2022, un ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche a été créé, plaçant ainsi la question de l’alimentation au premier plan et mettant l’accent sur le contexte alimentaire en tant que chaîne globale de création de valeur et d’utilisation des ressources. Ses objectifs stratégiques consistent à promouvoir une production alimentaire de haute qualité et une utilisation responsable et durable des ressources foncières et océaniques, ainsi qu’à soutenir l’innovation et le développement des produits.

En 2022, les discussions relatives à l’élaboration d’un train de mesures complet couvrant l’agriculture et l’ensemble des industries responsables de la production alimentaire se sont poursuivies et ont abouti à un projet qui sera présenté au Parlement courant 2023, pour une adoption prévue avant la fin de l’année. Une politique agricole spécifique sera également présentée devant le Parlement pour la première fois en 2023 ; jusque-là, les mesures correspondantes figuraient uniquement dans le cadre réglementaire et dans les accords entre le gouvernement et l’association des agriculteurs. Ses principales composantes sont la sécurité alimentaire, l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets, la biodiversité, l’utilisation des terres, l’économie circulaire et durable, la recherche et le développement. Ces mesures devraient être adoptées par le Parlement en 2023 et s’appliquer jusqu’en 2040.

  • Le changement climatique a eu des conséquences positives pour les rendements des cultures et des plantes herbagères. Toutefois, le réchauffement entraîne également l’apparition de nouveaux ravageurs et insectes qui risquent de compromettre ces rendements à l’avenir. Le secteur agricole doit jouer un rôle important dans le plan d’action national pour l’adaptation sociale au changement climatique qui sera finalisé d’ici la fin du premier semestre 2023. Néanmoins, aucun train de mesures complet n’a encore été mis en œuvre pour adapter l’agriculture au changement climatique. Il est important de passer des stratégies d’adaptation à la mise en œuvre de mesures et de suivre et évaluer les progrès accomplis. Il importe également que ces mesures favorisent le passage de stratégies de survie et d’adaptation progressive à une adaptation transformatrice des systèmes de production.

  • L’agriculture joue un rôle central dans la politique climatique de l’Islande et dans ses efforts pour parvenir à la neutralité carbone, principalement en raison de l’importance du secteur de l’élevage dans le pays. Les mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine agricole seront importantes pour atteindre l’objectif ambitieux de la neutralité carbone du secteur d’ici à 2040. Cependant, les mesures existantes de soutien à l’agriculture, notamment le soutien des prix du marché et les paiements au titre de la production de produits issus de ruminants, tels que le lait ou la laine, contrecarrent les mesures d’atténuation des émissions de GES de l’agriculture et en amoindrissent l’efficacité.

  • Les progrès accomplis en matière de réforme de la politique agricole sont limités et le soutien aux agriculteurs reste bien plus élevé en Islande que dans la plupart des pays de l’OCDE. Étant donné qu’il reste dominé par le soutien des prix du marché et les paiements au titre de la production, le soutien de l’Islande au secteur agricole continue de créer des distorsions au niveau de la production et des échanges, contribuant ainsi à la hausse du prix des produits agricoles et alimentaires et, potentiellement, à l’augmentation des pressions exercées sur l’environnement.

  • Le soutien aux producteurs devrait être découplé de la production agricole et prendre des formes moins génératrices de distorsions de la production et des échanges et moins préjudiciables à l’environnement. L’abandon des instruments de soutien couplés à la production au profit de paiements découplés assortis de conditions environnementales et de certaines mesures agroenvironnementales (notamment d’atténuation des GES) favoriserait la réalisation de l’objectif de neutralité carbone de l’agriculture à l’horizon 2040.

  • La redéfinition et la réforme des mesures de soutien agricole permettraient également de contribuer aux efforts d’adaptation. La réduction du soutien des prix du marché et des paiements pour certains produits ciblés favoriserait l’adaptation au changement climatique, car les agriculteurs ne seraient plus contraints de produire des produits subventionnés sans tenir compte de l’évolution des conditions climatiques.

  • En outre, une réorientation des dépenses budgétaires consacrées au soutien aux producteurs au profit des systèmes d’innovation agricole islandais et des autres services d’intérêt général pourrait donner une impulsion aux innovations propices à un renforcement de la productivité et de la durabilité environnementale du secteur, contribuant ainsi aux efforts d’adaptation et de lutte face au changement climatique.

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