1. Sécurité hydrique et principales mégatendances dans les villes africaines

Un nombre croissant de pays à travers le monde sont confrontés à des défis dans la gestion des risques liés à l'eau et le renforcement de la sécurité hydrique. Ces défis ont de sérieuses implications en termes d’atteinte des objectifs sociétaux, tels que l'approvisionnement en eau potable, la gestion des eaux usées, la sécurité alimentaire et énergétique, l'amélioration de la santé, des écosystèmes durables, l'éradication de la pauvreté et une croissance économique soutenue. La rareté de l'eau, les catastrophes hydriques et les événements météorologiques extrêmes, tels que les inondations, les sécheresses, et les échecs de l'atténuation et de l'adaptation au changement climatique, figurent parmi les principaux risques mondiaux évalués dans le Rapport sur les risques mondiaux 2020 du Forum économique mondial (World Economic Forum, 2020[1]).

L'OCDE définit la sécurité hydrique comme la gestion de quatre risques liés à l'eau :

  • Risque de pénurie et de rareté (y compris les sécheresses) : manque d'eau suffisante pour répondre à la demande (à court et à long terme) pour des usages bénéfiques par tous les utilisateurs d'eau (ménages, entreprises et environnement).

  • Risque de qualité insuffisante : manque d'eau de qualité adaptée à un but ou à un usage particulier.

  • Risque d'excès (y compris d'inondations) : débordement des limites normales d'un système d'eau (naturel ou bâti) ou accumulation destructrice d'eau sur des zones qui ne sont normalement pas submergées.

  • Risque d'accès inadéquat à l'approvisionnement en eau potable et à l'assainissement : manque d'accès à des services d'eau et d'assainissement gérés en toute sécurité (graphique 1.1).

Dans de nombreux pays, la sécurité hydrique est de plus en plus menacée par les effets du changement climatique, de la croissance économique, de l'urbanisation et de l’évolution démographique, entre autres. L'eau douce accessible et de bonne qualité est une ressource limitée et très variable dans l'espace et dans le temps, et les tendances futures affecteront la disponibilité et la qualité de l'eau. L'OCDE prévoit que d'ici 2050, 40% de la population mondiale vivra dans des bassins fluviaux soumis à un stress hydrique, et que la demande en eau augmentera de 55% (OECD, 2012[2]). Les risques d'inondations devraient augmenter rapidement tant dans les pays de l'OCDE que dans les économies non membres de l'OCDE, avec un fort potentiel de pertes en vies humaines et en biens. La surexploitation et la contamination des aquifères dans le monde provoquent des problèmes importants pour la sécurité alimentaire, la santé des écosystèmes et l'approvisionnement en eau potable. En outre, d'ici 2050 et malgré les efforts mondiaux, 240 millions de personnes devraient toujours être sans accès à l'eau potable et 1,4 milliard sans accès à un assainissement de base. Des investissements importants sont nécessaires pour renouveler et moderniser les infrastructures, estimés à 6,7 milliards USD d'ici 2050 pour l'approvisionnement en eau et l'assainissement, et comprenant une plus large gamme d'infrastructures liées à l'eau qui pourraient tripler ce coût d'ici 2030 (OECD, 2015[3]).

Le continent africain n'échappe pas à ces observations car la sécurité hydrique est déjà un défi majeur pour les pays et les villes d’Afrique en raison de la demande accrue en eau liée à la croissance démographique, à l'urbanisation et aux impacts du changement climatique. Les tendances démographiques font grimper la demande en eau et la population urbaine africaine devrait presque doubler, passant de plus de 560 millions en 2015 à 1,1 milliard en 2050 (UN, 2015[4]). Avec 41% d'habitants vivant actuellement dans les villes d'Afrique subsaharienne (ASS) et une projection de 60% d'ici 2050 (UN, 2015[4]), l'urbanisation générera des défis spécifiques liés à l'accès à l'eau potable de qualité et à des services d'assainissement. Le changement climatique exacerbe également la pression sur les ressources en eau, les deux tiers des villes africaines étant estimées avoir un niveau de « risque extrême » en ce qui concerne les impacts du changement climatique. Il est estimé que le montant du PIB des pays africains exposés au « risque extrême » passera de 895 milliards USD en 2018 à 1 397 milliards USD en 2023 (Verisk Maplecroft, 2018[5]), ce qui représente 48% du PIB du continent africain. À titre d’exemple, en Afrique subsaharienne, l'effet cumulatif des dernières décennies indique que les inondations et les sécheresses sont à elles seules responsables d'environ 80% des décès liés aux catastrophes et de 70% des pertes économiques (Ndaruzaniye et al., 2010[6]). Les dommages aux infrastructures, aux biens de propriété et au capital physique causés par les cyclones tropicaux ou les inondations font partie des impacts les plus évidents, mais les sécheresses, les mauvaises récoltes et l'instabilité provoquées par le changement climatique peuvent également déplacer des millions de personnes vers les villes à travers la migration transfrontalière et rurale (Verisk Maplecroft, 2018[5]).

En outre, les derniers résultats de l’évaluation du suivi de l'Objectif de développement durable (ODD) 6 « Eau propre et assainissement » montrent que des défis importants ou majeurs subsistent dans tous les pays africains, tandis que la moitié d'entre eux montrent une tendance à la stagnation dans l’atteinte des différentes cibles associées à l'ODD 6 (tableau 1.1).

Les villes africaines participant à l'enquête de l'OCDE sur la gouvernance de l'eau menée de mai à septembre 2020 (Annexe A) reconnaissent leur exposition concomitante à de nombreux risques et défis liés à l'eau, comme indiqué ci-dessus. Les inondations et l'accès insuffisant à l'eau et à l'assainissement sont les principaux défis à ce jour, suivis par d'autres défis persistants liés à la pollution de l'eau, à la pénurie d'eau et aux sécheresses, au vieillissement des infrastructures hydrauliques, aux maladies d'origine hydrique et, enfin et surtout, à la concurrence sur l'utilisation de l'eau (tableau 1.2). Les sections suivantes mettent ces défis, en matière de sécurité hydrique, en perspective afin de dresser un aperçu continental.

Dans le monde, les inondations affectent 2,5 milliards de personnes et sont la cause de plus de 55% de tous les décès (EM-DAT, 2020[10]) et plus de 30% des pertes économiques mondiales dues aux catastrophes naturelles (Hallegatte et al., 2013[11]). Les inondations représentent la catastrophe liée à l'eau la plus fréquente et la plus répandue en Afrique, en particulier en Afrique subsaharienne où 654 inondations ont touché 38 millions de personnes au cours des 33 dernières années (Tiepolo, 2014[12]). Au cours des quinze dernières années seulement, les inondations et les glissements de terrain ont affecté 38 millions de personnes en Afrique et causé des dommages estimés à plus de 4 milliards USD, principalement en Afrique de l'Est et de l'Ouest (tableau 1.3).

À Kampala (Ouganda), les inondations annuelles causées par des précipitations de convection extrêmes d'une durée moyenne de deux heures ou plus sont passées de cinq événements en 1993 à dix en 2014 (Douglas, 2017[13]). Au Nigéria uniquement, les inondations de 2012 ont touché 32 États (sur un total de 36) et ont affecté environ 7,7 millions de personnes (Nkwunonwo, Whitworth et Baily, 2016[14]). Plus récemment, les inondations de 2020 en Afrique de l'Est ont touché au moins 700 000 personnes au Burundi, à Djibouti, en Éthiopie, au Kenya, en Ouganda, en République Démocratique du Congo, au Rwanda, en Somalie et en Tanzanie.

Les risques d'inondations (qu'elles soient pluviales, côtières ou fluviales) dans les villes africaines sont largement exacerbés par l'urbanisation rapide, la croissance urbaine incontrôlée et les zones d’habitats informels non réglementés dans les zones de plaine inondable de basse altitude. Les crues éclair résultent de précipitations de forte intensité se produisant principalement sur des pentes raides. Les inondations pluviales se produisent généralement dans les zones urbaines au sein desquelles la capacité du système de drainage est submergée par des précipitations intenses (Begum, Stive et Hall, 2007[15] ; Houston et al., 2011[16] ; Merz, Thieken et Gocht, 2007[17]). Les inondations fluviales sont déclenchées par des précipitations excessives de quelques heures, provoquant le dépassement du lit naturel ou artificiel d'une rivière et l'inondation des zones urbaines (Vojinović, 2015[18]). Les inondations côtières touchent généralement les villes proches de l'océan ou des côtes en raison des ondes de tempête saisonnières (Vojinović, 2015[18]). L'inondation d'Ogunpa survenue à Ibadan (Nigéria), qui a fait plus de 200 morts et détruit des actifs valant des millions de nairas, était due à une combinaison d'inondations soudaines, fluviales et pluviales (Etuonovbe, 2011[19]).

L'urbanisation, qui amplifie l'imperméabilisation des sols dans l'environnement bâti, empêche les précipitations de s'infiltrer dans le sol, augmentant le taux et le volume de ruissellement lors d'événements pluvieux. À Kampala, en Ouganda, la construction de structures non réglementées dans les zones d’habitats informels a considérablement réduit l'infiltration des précipitations, augmentant leur ruissellement jusqu’à six fois plus que ce qui se produirait sur un terrain naturel (ActionAid, 2006[20]). Si une partie de l'augmentation est probablement due au changement climatique, elle résulte également en grande partie d'un changement de couverture terrestre. Ainsi, même des tempêtes modérées produisent des débits élevés, avec des inondations plus importantes et plus fréquentes (ActionAid, 2006[20]) (Satterthwaite, 2008[21]).

Les citadins pauvres et les habitants des établissements urbains non planifiés sont touchés de manière disproportionnée par les inondations (voir, par exemple, (Douglas, 2017[13])) car ces établissements sont généralement construits sur des terres marginales, y compris des zones sujettes aux inondations, comme illustré par des villes telles que Lusaka (Zambie) (Nchito, 2007[22]), Port Elizabeth (Afrique du Sud) et Johannesburg (Afrique du Sud) (Viljoen et Booysen, 2006[23]). En outre, les matériaux de faible qualité utilisés pour la construction augmentent les dommages causés par les inondations et les décès dans les zones d’habitats informels (Pharoah, 2014[24]). Les inondations fréquentes ne font pas qu’endommager les propriétés et entraîner des pertes directes en vies humaines ; elles perturbent également la circulation et exposent les personnes à des risques sanitaires en raison de l'exposition aux eaux usées, aux déchets industriels et aux maladies d'origine hydrique (Vinay, 2017[25]).

Selon les rapports du JMP, l'accès à l'eau courante gérée en toute sécurité en zone urbaine varie de 9% au Libéria à 99% en Afrique du Sud, avec une évolution à la hausse et à la baisse de 2000 à 2017. Les évolutions à la baisse soulignent les difficultés auxquelles les villes sont confrontées pour étendre les infrastructures hydriques dans un contexte de croissance de la population urbaine et d'urbanisation non planifiée (tableau 1.4). Il est estimé que le nombre total de personnes vivant dans les zones urbaines avec une pénurie d'eau permanente passera de 24 millions en 2000 à 162 millions en 2050 (McDonald et al., 2011[26]).

Les disparités liées à l'accès à l'eau en milieu urbain dans les pays africains sont liées aux caractéristiques de l'habitat urbain ; mais les moyennes nationales masquent également de grandes disparités à l’échelle nationale, à l'intérieur et entre les villes, et entre les zones rurales et urbaines, selon l'endroit où les infrastructures et les services publics sont concentrés. Ces derniers ont tendance à être principalement situés dans les zones centrales et planifiées des villes africaines, tandis que l'accès aux services diminue plus on s’éloigne des centres-villes. Par exemple, en Côte d’Ivoire, des audits urbains en 2013 ont montré que les établissements périurbains et informels manquaient d’infrastructures et de services publics adéquats qui étaient au contraire présents dans le cœur des villes. À Accra (Ghana), l'accès à l'eau courante, à l'évacuation des déchets et aux toilettes diminue à mesure que la distance par rapport au centre-ville augmente (Vinay, 2017[25]). La même situation est observée à Maputo (Mozambique).

La croissance démographique et l'urbanisation rapide en périphérie des villes, entre autres, submergent déjà les infrastructures urbaines existantes et remettent en question la capacité des institutions à répondre à la demande en eau. La croissance économique et l'émergence d'une classe moyenne avec des besoins en eau croissants vont également faire croître cette demande en eau. Ce constat est particulièrement alarmant dans un contexte de changement climatique et de pénurie d'eau. Certaines villes africaines devraient être particulièrement touchées par cette évolution telles que Bamako (Mali), Kampala (Ouganda), Lagos (Nigéria), Niamey (Niger) et Ouagadougou (Burkina Faso) car elles se trouvent dans des zones à haut risque de stress hydrique (Vörösmarty et al., 2010[28]).

Habituellement, les personnes pauvres vivant dans des zones d’habitats informels doivent compter sur de multiples sources d'eau (par exemple les forages, la collecte des pluies, etc.) sujettes à des risques sanitaires. Néanmoins, certaines villes africaines ont réussi à fournir un accès à l'eau courante améliorée à leurs populations les plus vulnérables.

  • Par exemple, la ville de Dakar (Sénégal) a atteint la frange des 40% plus pauvres de la population urbaine soit en reliant des propriétés individuelles dans des locaux, soit par le biais de bornes-fontaines publiques à proximité d'habitations (graphique 1.2).

  • La Ville du Cap a fourni des services d’eau et d’assainissement de base gratuits aux habitants des quartiers informels avec un robinet d’eau pour 25 familles dans un rayon de 200 mètres et au moins une toilette pour cinq familles. Dans son ensemble, la ville fournit et entretient plus de 10 000 bornes-fontaines communes (robinets) et plus de 50 000 toilettes régulièrement nettoyées (encadré 1.1).

Dans une grande majorité des villes africaines, en plus des services publics formels donnant accès à l'eau, il existe plusieurs vendeurs d'eau informels1. Ils ont tendance à combler les lacunes laissées par une couverture d'eau courante incomplète ou inadéquate (encadré 1.2). Dans les endroits où la couverture est incomplète, les marchés informels comblent les besoins résiduels, et là où la fiabilité et la qualité de l'eau courante sont faibles, les consommateurs se tournent vers d'autres sources d'approvisionnement. Ainsi, près de la moitié de la population urbaine africaine dépend de petits fournisseurs pour une part de son approvisionnement en eau (Kariuki, 2005[34]).

À Ouagadougou (Burkina Faso), l'Office national de l'eau et de l'assainissement (ONEA) n'a pas de mandat officiel pour approvisionner les zones d’habitats informels car les habitants n'ont généralement pas de titres légaux pour occuper les terres. Pour surmonter ce problème, le service public fournit de l'eau jusqu'à un point de comptage à la limite de la zone d’habitation informelle, puis délègue la fourniture de services au sein de l’établissement à des prestataires de plus petite taille. Ces opérateurs connectent des locaux individuels ou installent des bornes-fontaines. L'ONEA fournit des équipements de raccordement et rembourse les frais d'installation aux opérateurs informels pour encourager l'extension des raccordements. Bien que les opérateurs informels soient autorisés à vendre de l'eau à un tarif plus élevé que l'ONEA, le prix qu'ils facturent est contrôlé par l'ONEA afin de réduire le risque de monopole local et des niveaux tarifaires excessifs. La politique tarifaire relative à la fourniture de bornes-fontaines, fontaines, seaux ou tonneaux est publiée sur le site web de l’ONEA. En 2015, 7 578 branchements avaient été installés dans cinq quartiers informels de Ouagadougou (graphique 1.3).

À Maputo, 94% des ménages ont accès à l'eau courante. Le service public Águas da Região de Maputo affiche un taux de couverture en eau de 44% de la population, tandis qu'environ 500 petits fournisseurs gèrent plus de 800 réseaux de canalisations et fournissent de l'eau à 50% de la population principalement par des robinets de jardin (encadré 1.3).

À Accra (Ghana), environ 80% des habitants ont accès à l'eau potable : la moitié via l'eau courante dans les locaux, et l'autre via des vendeurs privés. Cette dernière part a plus que triplé, passant de 13,8% en 2010 à 43,1% en 2014 (Stoler, 2018), en raison d'une urbanisation rapide combinée à un sous-investissement dans les infrastructures. Le coût de l'eau des vendeurs informels est généralement cinq à sept fois plus élevé que l'eau courante (Vinay, 2017[25]). Les vendeurs privés informels distribuent l'eau par plusieurs biais : des sachets en plastique d'un demi-litre vendus dans les magasins et dans les rues ; des services de camions-citernes et de camions simples ; et des récipients de 15 à 20 litres.

L'eau contaminée est un problème majeur en Afrique puisque chaque heure, environ 115 personnes meurent de maladies liées à une mauvaise hygiène, un mauvais assainissement ou une eau contaminée (UN, 2014[41]). Les problèmes d'assainissement sont parmi les principales causes de transmission de maladies en Afrique, en particulier pour le choléra, la diarrhée, la dysenterie et la typhoïde. L'urbanisation rapide contribue à la détérioration de la qualité de l'eau, car les villes peinent à fournir des infrastructures adéquates de traitement des eaux usées à une population en forte croissance. Dans les zones urbaines d'Afrique subsaharienne, seulement 20% de la population a accès à un assainissement géré en toute sécurité et 25% à un assainissement de base (WHO/UNICEF, 2019[27]). Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), plus de 842 000 décès sont causés chaque année par un manque d'eau potable et par un assainissement insuffisant.

Les données de suivi pour l'ODD 6.3.1 (proportion d'eaux usées traitées en toute sécurité provenant des ménages) collectées en 2015 sont rares, mais elles montrent que la part des eaux usées des ménages traitées est très faible dans les pays d'Afrique subsaharienne (Niger, Sénégal, Somalie et Ouganda) par rapport aux niveaux élevés dans les pays d'Afrique du Nord (UN-Water, s.d.[42]) (tableau 1.5). En outre, la gestion limitée des déchets solides dans la plupart des villes africaines aggrave encore la situation par le ruissellement des eaux sales.

La qualité ambiante des plans d'eau est mal surveillée et seuls quelques pays africains produisent un rapport régulier sur l'ODD 6.3.2 (proportion de plans d'eau avec une bonne qualité de l'eau ambiante). Cette situation souligne que les données relatives à la qualité de l'eau sont soit manquantes, soit difficilement disponibles. Ce résultat met en évidence le besoin crucial de mieux surveiller la qualité de l'eau pour traiter efficacement les problèmes liés à la pollution.

L'agriculture a également des effets négatifs sur la qualité de l'eau. Le rejet d'importantes quantités de matières organiques, de produits agrochimiques et de sédiments, ainsi que l'utilisation de pesticides, d'engrais et d'excréments provoquent l'infiltration de nitrates et de phosphates dans les eaux entrainant une eutrophisation. La pollution par les sédiments et les nutriments est étroitement liée aux changements et aux pratiques d'utilisation des sols. En Afrique de l'Ouest, la déforestation a réduit les précipitations tropicales et affecté la faune, les régimes climatiques et les écosystèmes. Elle a provoqué l'érosion des sols, générant davantage de sédiments dans les plans d'eau voisins. Les conséquences potentielles d'un développement incontrôlé des terres devraient s'accentuer à l'avenir, l'Afrique devant connaître la plus forte expansion des terres cultivées au monde d'ici 2050.

Les problèmes de pollution émergents sont susceptibles d'augmenter considérablement les besoins et les coûts de la gestion des eaux usées, en particulier en milieu urbain. Il s'agit notamment de l'amélioration des systèmes d'assainissement individuels et autres, des égouts unitaires et des risques de débordements, des contaminants émergents (comme les microplastiques) ou de la gestion des boues.

L'Afrique est le deuxième continent le plus sec au monde après l'Australie. Environ les deux tiers de son territoire sont arides ou semi-arides et plus d'un tiers de la population d'Afrique subsaharienne vit dans un environnement pauvre en eau, avec moins de 1 000 m3 par habitant et par an (UN, 2014[41]). L’on estime que d'ici 2030, 75 à 250 millions de personnes en Afrique vivront dans des zones de stress hydrique élevé, entraînant potentiellement le déplacement de 24 à 700 millions de personnes à cause des conditions de vie de plus en plus difficiles (Climat, environnement, société, 2012[44]).

L'évapotranspiration associée à la hausse des températures est susceptible d'augmenter la fréquence des sécheresses, car elle peut annuler l’effet des augmentations prévues des précipitations dans certaines régions du continent. A titre d’exemple, en Afrique orientale et australe, les sécheresses devraient s'intensifier en raison de l'évapotranspiration et des changements de précipitations (Niang et al., 2014[45]), et continueront de contribuer à la pénurie d'eau. Ce constat est en outre confirmé par le fait que de nombreux pays africains sont considérés comme subissant déjà un stress hydrique de base élevé ou extrêmement élevé (World Resources Institute, 2019[46]). Parmi eux, l’on trouve, par exemple, le Botswana, Djibouti ou la Namibie (tableau 1.6). Les conséquences des sécheresses sont multiples. En 2019, des pluies insuffisantes en Afrique de l'Est, en Afrique australe et dans la corne de l'Afrique ont augmenté les prix des denrées alimentaires et ont fait grimper les besoins d'aide de plus de 45 millions de personnes dans 14 pays. Cette même année, rien qu'en Afrique australe, selon la Fédération Internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), au moins 11 millions de personnes ont été confrontées à des pénuries alimentaires en raison de la sécheresse. Des pluies réduites et tardives, combinées à des augmentations à long terme des températures, ont mis en péril la sécurité alimentaire et les approvisionnements énergétiques dans la région, le plus gravement en Zambie et au Zimbabwe. La production céréalière a diminué de 30% à travers la région, et de 53% au Zimbabwe. Les éleveurs d'Afrique australe ont également subi des pertes en raison de la famine et de l'abattage précoce des troupeaux forcé par des pénuries d'eau et d'aliments. Au Kenya, la pénurie d'eau induit une migration des zones rurales vers les zones urbaines, augmentant ainsi la pression sur les approvisionnements en eau urbains déjà insuffisants (Kinuthia-Njenga, 2009[47]). À Mombasa (Kenya), une sécheresse a provoqué une augmentation des prix des denrées alimentaires, affectant de manière disproportionnée les citadins pauvres (Awuor, Orindi et Adwera, 2008[48]). À Lusaka (Zambie), après une année de sécheresse, la production agricole urbaine a été considérablement réduite, sapant ainsi la sécurité alimentaire et le revenu des ménages (Simatele, Binns et Simatele, 2012[49]). Ces exemples mettent en évidence les diverses implications économiques, sociales et sanitaires des sécheresses. Ils soulignent également la vulnérabilité des villes africaines à ces risques liés à l'eau.

En 2015, la Ville du Cap a commencé à subir une sécheresse et les réservoirs d'eau ont atteint des niveaux extrêmement bas en 2017 et en 2018. La sécheresse intense attribuable aux effets du changement climatique a été exacerbée par des facteurs anthropiques tels que l'augmentation de la population urbaine et la concurrence régionale entre les utilisateurs locaux de l’eau, exerçant une grande pression sur des ressources limitées. Il a été formulé à titre de postulat que le 16 avril 2018 serait le jour où la Ville du Cap serait contrainte de « fermer ses robinets » du fait du manque d’eau disponible. Appelé familièrement le « Jour Zéro », il a été défini comme le moment auquel les niveaux des barrages tomberaient à 13,5%, exigeant que tous les robinets de la Ville du Cap soient fermés et que les citoyens aillent chercher 25 litres par jour par personne aux points distribution publics. Bien que le Jour Zéro n'ait pas eu lieu, la crise de l'eau au Cap a mise en lumière une grave vulnérabilité aux problèmes de pénurie d'eau pour la Ville du Cap, les agglomérations urbaines environnantes et le pays dans son ensemble. Les problèmes de pénurie d'eau exercent une pression accrue sur la relation d'interdépendance entre les zones rurales et urbaines. La sécheresse de 2015-2018 a eu un impact significatif sur l'agriculture, les moyens de subsistance et les communautés, avec une perte économique estimée à 5,9 milliards ZAR (0,4 milliard USD) pour l'agriculture rien qu'au Cap occidental, 30 000 pertes d'emplois et une baisse de 13 à 20% des exportations (World Wildlife Fund, 2018[50]). Le tourisme représente 10% de la production économique de l'Afrique du Sud et fournit 1,5 million d'emplois, soit environ 10% de l'emploi total dans le pays (Parks, 2019[51]).

Partout dans le monde, un certain nombre de tendances économiques, sociales et environnementales génèrent des bouleversements ayant des implications actuelles et futures, et remettent en cause les politiques publiques à tous les niveaux. Les plus importantes d'entre elles sont considérées comme des mégatendances, car elles sont à grande échelle et à long terme - généralement pertinentes pendant au moins deux décennies. Par conséquent, les mégatendances font généralement référence à des circonstances qui se dérouleront à travers le monde dans un certain nombre de pays et qui peuvent souvent conduire l'économie et la société mondiales dans des directions spécifiques. Les mégatendances sont susceptibles d'entraîner des changements significatifs à long terme ayant un impact sur les problèmes sociaux, économiques, politiques, environnementaux et technologiques. Malgré leur potentiel d'impact élevé, ils se déroulent souvent lentement et suivent des trajectoires relativement stables.

Dans les villes et les pays africains, certaines de ces mégatendances affectent considérablement la sécurité hydrique. C'est le cas du changement climatique, de l'urbanisation et de la croissance démographique. Le changement climatique exacerbe la pression sur les ressources en eau, les deux tiers des villes africaines étant estimées à « risque extrême » en ce qui concerne les impacts du changement climatique. Par exemple, en Afrique subsaharienne, l'effet cumulatif des dernières décennies indique que les inondations et les sécheresses sont à elles seules responsables d'environ 80% des décès liés aux catastrophes et de 70% des pertes économiques (Ndaruzaniye et al., 2010[6]). Avec 41% des habitants vivant actuellement dans les villes d'Afrique subsaharienne et une projection de 60% d'ici 2050 (UN, 2015[4]), l'urbanisation va exacerber les défis existants liés à l'accès à l'eau potable de qualité et à des services d'assainissement. Enfin, l’accroissement démographique fait grimper la demande en eau (graphique 1.4) : la population urbaine africaine devant presque doubler, passant de plus de 560 millions en 2015 à 1,1 milliard en 2050 (UN, 2014[41]).

Interrogées sur les mégatendances les plus influentes au niveau local, les villes africaines ayant répondu à l'enquête de l'OCDE sur la gouvernance de l'eau (annexes A et B) déclarent que le climat, l'urbanisation et les changements démographiques sont des mégatendances qui affectent le plus la sécurité hydrique (tableau 1.7). D'autres mégatendances affectent également les ressources et les services en eau, comme la réduction de la pauvreté, la croissance économique et l'insécurité alimentaire, mais dans une moindre mesure.

Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l'Afrique est l'un des continents les plus vulnérables au changement climatique, avec une forte incidence sur la sécurité hydrique. « Les températures proches de la surface ont augmenté de 0,5 ° C ou plus au cours des 50 à 100 dernières années dans la plupart des régions d'Afrique, les températures minimales se réchauffant plus rapidement que les températures maximales » (Niang et al., 2014, p. 1206[45]). Les températures projetées en Afrique augmenteront plus rapidement que la moyenne mondiale tout au long du 21ème siècle, renforçant ainsi la rareté de l’eau et les risques de sécheresse. La pression sur un approvisionnement en eau déjà limité devrait augmenter fortement en raison des changements dans les cycles de l'eau causés par des précipitations irrégulières et avoir un impact négatif sur la production de cultures annuelles telles que les céréales et le coton, ainsi que les cultures pérennes comme le café, le cacao et l'huile de palme. Cela entraînera des chocs de production qui aggraveront l'insécurité alimentaire. Le bétail peut également être affecté par la diminution de l'approvisionnement en eau, car les pâturages sont divisés et endommagés. Les chercheurs estiment que le changement climatique et les aléas climatiques (graphique 1.5) réduiront la croissance des rendements mondiaux de 5 à 30% d'ici 2050 (Porter et al., 2013[53]).

L'indice de vulnérabilité au changement climatique (CCVI)2 qui évalue la capacité des villes à résister aux chocs climatiques montre que les deux tiers des villes africaines figurent dans la catégorie de risque « extrême », en raison de la croissance démographique et de l’insuffisance des infrastructures urbaines. La vulnérabilité est également motivée par divers facteurs, notamment une faible capacité d'adaptation, une forte dépendance aux biens de l'écosystème pour les moyens de subsistance et des systèmes de production agricole moins développés. Par exemple, la ville de Kinshasa (République démocratique du Congo), qui compte 13 millions d'habitants, est exposée à des chocs météorologiques, notamment des inondations, ainsi qu'à des sécheresses dans les zones environnantes, qui pourraient entraîner des agriculteurs pauvres vers la ville tout en perturbant l'approvisionnement en eau et en nourriture. Kinshasa et d’autres villes africaines restent fortement exposés avec des facteurs cumulatifs, combinant taux de pauvreté élevés, bidonvilles en expansion, faible gouvernance et capacité limitée d'adaptation au changement climatique. La population urbaine croissante de Kinshasa, qui devrait doubler d'ici 2035, intensifiera très probablement le profil de risque déjà alarmant de la ville en termes d'accès à l'eau potable ou au logement. Parmi les autres villes les plus exposées au changement climatique, il existe Kampala (Ouganda), où la population annuelle devrait augmenter de 5,1% par an en moyenne entre 2018 et 2035 ; Dar-es-Salaam en Tanzanie (4,8%), Abuja (4,5%) et Lagos (3,5%) au Nigéria ; Addis-Abeba (4,3%) en Éthiopie ; et Luanda (3,7%) en Angola.

Les données d'Africapolis mettent en évidence le rythme effarant du processus d'urbanisation en cours en Afrique. 50% de la population africaine vit dans l'une des 7 617 agglomérations urbaines du continent. Dans neuf pays, le niveau d'urbanisation est supérieur à 66%, et 30 autres pays ont un niveau intermédiaire d'urbanisation entre 33% et 65%. En 1950, seuls quatre pays avaient un niveau d'urbanisation supérieur à 33%, tandis que 35 pays étaient inférieurs à 10%. L'Afrique du Nord est la région la plus urbanisée du continent (78%), et l'Égypte et la Libye sont les deux pays les plus urbanisés (respectivement 93% et 81%) (graphique 1.6). Les deux autres pays avec un niveau d'urbanisation supérieur à 80% sont le Gabon (81%) et Sao Tomé-et-Principe (80%). Les pays ayant les niveaux les plus bas sont le Niger (17%), le Burundi (21%), l'Érythrée (24%), le Lesotho (26%) et le Sud Soudan (27%).

Dans l'ensemble, les pays ayant les niveaux de revenu les plus élevés sur le continent africain ont tendance à avoir des niveaux d'urbanisation plus élevés. Les deux seuls pays à faible revenu (revenu national brut par habitant) avec un niveau d'urbanisation supérieur à 50% sont le Rwanda, avec la densité de population la plus élevée du continent, et la Gambie, un pays avec l'une des plus petites superficies du continent. De même, les pays les plus urbanisés - Djibouti, l'Égypte, le Gabon et la Libye - sont tous des pays à revenu intermédiaire et des pays dont la superficie est presque entièrement désertique ou avec de grandes zones forestières, comme le Gabon. Dans ces pays, la part de la population agricole - principale activité de la population rurale - est plutôt faible.

La dynamique de l'urbanisation est influencée par une variété de facteurs structurels et socio-économiques, tels que la géographie et le climat, la croissance démographique, la taille et la densité, les niveaux de revenu et la structure économique, les politiques et les institutions et les facteurs cycliques tels que les catastrophes environnementales, les conflits et les cycles économiques. Ces facteurs ne sont pas d'égale importance et varient dans le temps en fonction des contextes nationaux et des interrelations. Depuis les années 1990, le principal moteur de l'urbanisation est la forte croissance démographique qui contribue directement à l'accroissement naturel des populations urbaines.

Cette croissance de la population urbaine en Afrique est principalement absorbée par l'expansion vers l'extérieur des zones métropolitaines et des villes secondaires. En tant que telles, les villes africaines sont très étendues, ce qui exacerbe la concentration spatiale des problèmes économiques, environnementaux et sociaux (World Resources Institute, 2019[46]), et a des implications importantes pour l'offre et la demande en eau. D'ici à 2050, deux tiers de l'urbanisation se fera dans les villes et les villes intermédiaires (AfDB/OECD/UNDP, 2016[56]), qui ont moins de capacités à déployer des infrastructures que les grandes villes. En raison de ce modèle d'expansion urbaine, les villes africaines souffrent d'un manque de logements formels adéquats et d'accès aux services publics locaux de base, à la fois dans les zones d’habitats informels du centre urbain, mais également à la périphérie. En effet, les zones d’habitats informels densément peuplés ne disposent pas d'une infrastructure urbaine adéquate. Dans la plupart des villes africaines, la densité démographique et économique est plus élevée à proximité du centre-ville, et diminue de 7% à un kilomètre du centre-ville, contre 4% en moyenne dans les autres villes du monde. L'intensité de la lumière nocturne diminue également de 15%, contre 11% dans les villes du reste du monde (Vinay, 2017[25]). Ce modèle de développement pose déjà de nombreux défis en termes de planification, de logement et d'infrastructure de base et de fourniture de services publics, entre autres. Cela se reflète dans le développement hétérogène des zones urbaines planifiées et non planifiées ; ces dernières comprenant des zones d’habitats informels et des zones périurbaines se situant en dehors de la limite urbaine formelle et mélangeant des caractéristiques rurales et urbaines (Owusu, Agyei-Mensah et Lund, 2008[57]).

La croissance urbaine dans les villes d'Afrique subsaharienne se produit principalement dans des établissements non planifiés et informels : 56% des citadins en Afrique vivent dans ces zones, contre un tiers dans les pays en développement en général (UN, 2015[4]). En dépit d’un léger déclin de la population urbaine vivant dans des bidonvilles au cours des trois dernières décennies, dans certaines capitales, les habitats informels représentent la plus grande part de la croissance urbaine (graphique 1.7).

L'expansion et l'étalement des terres urbaines non gérées, résultant de la croissance démographique, ont également des effets néfastes sur l'utilisation des sols et sur l'environnement. La conversion croissante des terres agricoles et des plans d'eau environnants a de forts impacts sur la production alimentaire, les habitats et la conservation de la biodiversité. Un étalement urbain accru signifie également une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, de la pollution atmosphérique et de la chaleur urbaine. Des projections récentes prévoient qu'en Afrique mi-latitudinale, les zones urbaines devraient être multipliées par près de 20 d'ici 2030 par rapport à 2000, avec la plus forte augmentation prévue à proximité des zones écologiquement protégées (Güneralp et al., 2017[59]).

Au cours des dernières décennies, l'Afrique a connu une augmentation démographique spectaculaire, qui devrait se poursuivre à l'avenir. La population totale de l'Afrique est passée de 177 millions en 1950 à plus de 1,34 milliard en 2020 (Worldometer, s.d.[60]) sur la base des estimations de l'ONU) représentant 16,2% de la population mondiale. En dépit d’une baisse des taux de fécondité dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, qui restent toujours les plus élevés au monde, la population devrait atteindre plus de 2 milliards d'ici 2050 (UN, 2015[4]). La population projetée d'ici 2050 en Afrique montre des disparités entre régions africaines. La population de l'Afrique orientale, occidentale et centrale devrait plus que doubler, tandis que la population de l'Afrique du Nord et australe augmentera dans une moindre mesure (graphique 1.8).

L'augmentation globale de la population africaine était davantage concentrée dans les villes que dans les zones rurales. En 2015, plus de 560 millions d'Africains vivaient dans l'une des 7 617 agglomérations urbaines du continent, contre seulement 27 millions en 1950 (graphique 1.9). Si l'on se concentre uniquement sur l'Afrique subsaharienne, la population urbaine devrait plus que tripler, passant de 346 millions à 1,1 milliard d'ici 2050 (UN, 2015[4]). L’on estime ainsi que la population urbaine d'Afrique subsaharienne passera de 41% en 2019 à 60% en 2050 (UN, 2015[4]).

La période entre 1950 et 1980 a vu la croissance urbaine croître le plus rapidement, la population urbaine africaine augmentant de 5,1% par an. Cette période a été marquée par des taux de croissance urbaine très élevés, en moyenne entre 6,4% et 8%, surtout dans les régions les moins urbanisées d'Afrique centrale, d'Afrique de l'Est et de l'Ouest. Entre 1980 et 2000, la croissance urbaine a décéléré à 4,4% pour l'ensemble de l'Afrique, et est remontée à 4,7% pour la période 2000-2015. Avec un taux de croissance annuel moyen actuel supérieur à 4%, 86 des 100 villes à la croissance la plus rapide au monde sont situées en Afrique. La population des villes d'Afrique subsaharienne a augmenté à un taux moyen de 4% par an au cours des vingt dernières années et devraient continuer de croître entre 3% et 4% par an de 2015 à 2055. En comparaison, le taux de croissance annuel moyen de la population urbaine dans le monde devrait varier de 1,44% à 1,84% de 2015 à 2030 (OMS, 2015) (graphique 1.10).

Les villes africaines participantes à l'enquête de l'OCDE sur la gouvernance de l'eau ne font pas exception à cette croissance démographique rapide, avec des taux annuels allant de 2% à plus de 20% au cours de la dernière décennie (graphique 1.11).

Bien que l'augmentation rapide de la population urbaine soit principalement causée par le taux élevé d'accroissement naturel des villes et la reclassification des établissements de l'arrière-pays en zones urbaines, la migration intra-régionale représente également une part importante de la croissance de la population urbaine en Afrique. Depuis 1990, la migration africaine a été principalement intracontinentale, bien que la distribution et les voies de migration aient changé au fil du temps. En 2000, le nombre de migrants internationaux originaires d'Afrique et vivant en Afrique représentait 12,5 millions de personnes, soulignant que la migration était avant tout un phénomène intra-africain. Ce nombre a augmenté régulièrement pour atteindre 19,4 millions en 2017 (UNCTAD, 2018[62]). Cette migration intracontinentale affecte considérablement la sécurité hydrique car la plupart des migrants s'installent dans les zones urbaines, augmentant ainsi la demande en eau et exerçant une pression supplémentaire sur les infrastructures d’eau et d’assainissement.

Comme dans de nombreuses villes à travers le monde, le COVID-19 a mis en exergue les défis pressants liés à l'eau, soulignant et creusant entre autres les inégalités existantes dans l'accès aux services d'eau et d'assainissement. Le lavage des mains est l'une des principales mesures préventives recommandées pour réduire la propagation du COVID-19. Cependant, les niveaux actuels de lavage des mains avec du savon sont généralement faibles sur le continent africain. Évaluer le comportement de lavage des mains est difficile, mais la présence d'eau et de savon à un endroit déterminé est généralement utilisée comme indicateur indirect. Selon les données de l'UNICEF de 2017, la majorité des Sahéliens et d'Afrique de l'Ouest ne disposaient pas d'installations de base pour se laver les mains à domicile. Seuls le Ghana, le Mali, la Mauritanie et le Nigéria se situaient au-dessus de la moyenne mondiale de 60% des personnes ayant accès aux installations de base. La situation est particulièrement préoccupante dans les petits pays tels que le Bénin, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Libéria et le Togo, où au moins les trois quarts de la population ne disposent d'aucun dispositif de lavage des mains à domicile. Le Nigéria fait partie des pays comptant le plus grand nombre de personnes n'ayant pas accès à des installations de lavage des mains au monde (49 millions), après l'Indonésie (78 millions) et la République démocratique du Congo (69 millions). Dans les zones urbaines du continent africain dans son ensemble, 55% de la population a accès à des services d'assainissement de base (c'est-à-dire des installations d'assainissement améliorées non partagées avec d'autres ménages) et 47% ont des installations de lavage des mains de base à domicile (UN-Habitat, 2020[64]). Ces chiffres descendent respectivement à 44% et 37% pour les zones urbaines situées en Afrique subsaharienne, avec des écarts importants entre les plus riches et les plus pauvres à l’intérieur d'un pays.

Alors que les zones rurales sont généralement moins bien équipées que les zones urbaines en termes d'installations de lavage des mains, les populations urbaines sont particulièrement exposées au risque de contamination par le COVID-19 compte tenu de la densité de population plus élevée et du grand nombre de lieux favorisant les contacts humains tels que les marchés ou les transports en commun. De fait, plus de 95% des cas confirmés de COVID-19 dans le monde se trouvent dans des zones urbaines (UN-Habitat, 2020[65]). Dans les zones urbaines africaines, les installations publiques de lavage des mains sont généralement rares et manquent souvent de savon. Les installations mobiles de lavage des mains sont très courantes en Afrique de l'Ouest (graphique 1.12) ; par exemple, l'utilisation de cruches ou de bassins pour se laver les mains avant et après les repas. Cependant, les installations mobiles manquent souvent de savon et d'eau en quantité suffisante. En plus de contribuer à contenir la pandémie du COVID-19, le lavage des mains est également une mesure préventive de base, qui peut contribuer à éradiquer de nombreuses autres maladies transmissibles telles que le choléra, qui est toujours prévalent dans la région.

À moyen terme, la perte de recettes publiques due à la contraction de l'activité économique pourrait potentiellement limiter les investissements publics dans l'eau et l'assainissement. En 2020, le PIB devrait baisser de -1% en Afrique du Nord3 et de -3,2% en Afrique subsaharienne (IMF, 2020[66]) (IMF, 2020[67]). Le ralentissement économique a eu un impact négatif sur les recettes publiques dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, en particulier dans les pays exportateurs de pétrole, bien que les subventions devraient permettre un relatif maintien des revenus dans quelques pays (Burkina Faso, Tchad, Niger et Sénégal). De nombreux gouvernements nationaux en Afrique ont pris des mesures pour assurer un approvisionnement en eau adéquat en réponse à la pandémie, avec des politiques publiques allant des subventions à court terme ou des exemptions du paiement des factures d'eau, à des plans à plus long terme pour améliorer l'approvisionnement en eau et l'accès à l'eau et aux installations d'assainissement. Dans certains cas, cependant, les investissements publics et privés à long terme peuvent avoir été retardés ou annulés en raison de la perte de recettes publiques et de la situation économique.

En Afrique du Sud, alors que le COVID-19 a frappé particulièrement durement la province du Cap-Occidental avec 270 691 cas et 10 731 décès (20% du total des décès en Afrique du Sud), situés essentiellement dans la Ville du Cap, l'administration de la ville a fait preuve de résilience face à la pandémie, en tirant largement parti des leçons des crises passées telles que les sécheresses (encadré 1.4).

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Notes

← 1. Le terme fournisseurs informels fait référence à tous les types de fournisseurs d'eau qui n'opèrent pas dans le cadre juridique de la gestion de l'eau dans une zone. Il fait référence à toute forme de service d'eau non public et inclut tous les petits entrepreneurs qui sont institutionnellement et contractuellement indépendants du service public. Le terme « informel » est lié à la fois aux systèmes techniques de fourniture (qui peuvent inclure l'infrastructure et la vente d'eau) et aux relations qui en résultent (Misra, 2014[74]).

← 2. L'indice de vulnérabilité aux changements climatiques 2018 utilise une cinquantaine de données existantes, allant des modèles climatiques aux facteurs économiques, y compris les projections démographiques, pour évaluer la vulnérabilité des êtres humains au changement climatique et aux événements météorologiques extrêmes sur une période de trente ans (Verisk Maplecroft, 2018[5]).

← 3. Dans (IMF, 2020[66]), le proxy le plus proche des pays d'Afrique du Nord est la région du FMI au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, en Afghanistan et au Pakistan (MOANAP), qui se concentre sur les pays importateurs de pétrole plutôt que sur les exportateurs de pétrole (importateurs de pétrole MOANAP). Ce groupe de pays comprend l'Afghanistan, Djibouti, l'Égypte, la Jordanie, le Liban, la Mauritanie, le Maroc, le Pakistan, la Somalie, le Soudan, la Syrie, la Tunisie, la Cisjordanie et Gaza.

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