11. Autres produits

Les racines et les tubercules de certaines plantes contiennent de l’amidon (manioc, patate douce et igname dans le premier cas, par exemple ; pomme de terre et taro dans le second, entre autres). Ces produits sont principalement destinés à l’alimentation humaine (transformés ou non) et, comme la plupart des cultures de base, ils peuvent être utilisés pour nourrir les animaux ou produire notamment de la fécule, de l’éthanol et des boissons fermentées. À moins d’être transformés, ils se gâtent très vite une fois récoltés, ce qui limite les possibilités de commercialisation et de stockage.

Dans la famille des racines et des tubercules, la production mondiale est dominée par la pomme de terre, suivie de loin par le manioc. Dans le classement alimentaire mondial, la pomme de terre arrive quatrième après le maïs, le blé et le riz. Elle est plus riche en calories, pousse plus rapidement et plus densément, et peut être cultivée sous des climats variés. Cependant, la production de pommes de terre – qui constitue l’essentiel du secteur des racines et des tubercules dans les pays développés – diminue depuis plusieurs décennies, son taux de croissance se situant nettement en deçà de celui de la population.

La production de manioc progresse de plus de 3 % par an, soit presque trois fois plus que la démographie. Implantée principalement sous les tropiques et dans certaines des régions les plus pauvres du globe, elle a doublé en plus de vingt ans. Autrefois considéré comme une culture de subsistance, le manioc est aujourd’hui perçu comme un produit agricole essentiel pour la création de valeur, le développement rural et la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique ainsi que pour les importants avantages macroéconomiques qu’il procure. Ces considérations expliquent la commercialisation rapide de ce produit et les investissements considérables réalisés pour développer l’activité de transformation, le résultat étant une expansion substantielle de la production mondiale.

Les régions ayant produit le plus de racines et de tubercules au cours de la période de référence sont l’Asie (103 Mt) et l’Afrique (98 Mt). Les racines constituent un aliment de base important en Afrique subsaharienne. À l’échelle mondiale, quelque 131 Mt sont utilisées pour l’alimentation humaine, 56 Mt pour l’alimentation animale et 56 Mt pour d’autres usages, principalement la fabrication de biocarburant et de fécule. Du fait de leur caractère périssable – qui empêche leur commercialisation internationale à grande échelle à l’état frais –, ces produits sont généralement destinés à la consommation intérieure. Environ 14 Mt sont aujourd’hui commercialisées à l’étranger, principalement sous forme déshydratée ou de produit transformé. La Thaïlande et le Viet Nam en sont les principaux exportateurs, et la République populaire de Chine (ci-après « la Chine ») le premier importateur.

La production mondiale de racines et tubercules a atteint 247 Mt (de matière sèche) durant la période de référence (2019-21) et augmente d’environ 5 Mt par an depuis quelques années. Ce surplus de production a été destiné principalement à l’alimentation humaine. Les prix (dont la référence est le prix de gros de la farine de manioc à Bangkok) se sont inscrits en hausse en 2021 sous l’effet d’une demande soutenue. Les quantités échangées à l’échelle mondiale ont progressé de 0.3 Mt.

La production de manioc nécessite peu d’intrants et permet de planifier la récolte avec souplesse, car le produit peut demeurer en terre un certain temps après être arrivé à maturité. Tolérante aux conditions météorologiques extrêmes (dont la sécheresse), cette culture est au cœur des stratégies d’adaptation au changement climatique. Par rapport à d’autres produits de base, le manioc se caractérise par des prix compétitifs et une diversité d’usages. La farine de manioc de haute qualité (HQCF) est de plus en plus convoitée par les pays d’Afrique qui la considèrent comme une culture vivrière stratégique aux prix moins volatils que ceux d’autres céréales importées. L’obligation de la mélanger avec de la farine de blé permet de réduire les volumes d’importation de cette céréale, et ainsi d’alléger la facture liée aux importations et de conserver des devises précieuses. En Asie, la recherche de sécurité énergétique et l’exigence d’incorporation dans l’essence ont entraîné la création de distilleries d’éthanol à base de manioc. Sur le plan commercial, le manioc transformé tire son épingle du jeu sur le marché mondial, face à la fécule de maïs et aux céréales utilisées pour l’alimentation animale notamment.

La pomme de terre est généralement réservée à l’alimentation humaine, où elle occupe une place importante dans les régions développées (particulièrement en Europe et en Amérique du Nord). La consommation humaine de pommes de terre est très élevée dans ces régions et a peut-être atteint le niveau de saturation, ce qui limite la possibilité pour la consommation de croître plus vite que la population. Les régions en développement donnent cependant un certain élan à la production de pommes de terre au niveau mondial.

La culture mondiale de patate douce a fléchi ces dernières années, du fait principalement d’une nette diminution des superficies cultivées (qui ne semble pas s’atténuer) en Chine, premier producteur mondial. Compte tenu de la viabilité commerciale limitée des autres usages, c’est sur la consommation humaine que repose l’essentiel du potentiel de croissance de la patate douce ainsi que d’autres racines et tubercules moins répandus. Les préférences des consommateurs et les prix jouent par conséquent un rôle important.

La production et la consommation mondiales des racines et des tubercules devraient s’accroître d’environ 17 % au cours de la prochaine décennie. Dans les régions à faible revenu, la production pourrait augmenter de 2.2 % par an, alors qu’une croissance annuelle de 0.3 % seulement est attendue dans les pays à revenu élevé. Au niveau mondial, la superficie des terres cultivées devrait gagner 5 millions d’hectares et s’établir à 66 millions d’hectares, moyennant des évolutions toutefois variables selon les régions. Si l’on en croit les projections, elle devrait augmenter dans les pays africains, et baisser en Europe et en Amérique. La hausse de la production découlera avant tout des investissements réalisés en Afrique et en Asie pour améliorer les rendements, ainsi que par l’utilisation plus intensive des terres dans ces régions.

D’ici à 2031, la consommation de racines alimentaires par habitant augmentera de 1.7 kg par an à l’échelle mondiale, principalement sous l’influence de l’Afrique, où chaque individu pourrait consommer annuellement plus de 42 kg de racines et tubercules. Bien qu’elle ne représente actuellement que 3 % de la consommation, l’utilisation de ces produits pour la fabrication de biocarburants devrait progresser de près de 50 % sous l’impulsion du secteur chinois des biocarburants. L’alimentation animale et les autres usages industriels se maintiendront à un niveau élevé, mais croîtront plus lentement, d’environ 10 % et 13 % respectivement, au cours de la période examinée.

Les échanges internationaux de racines et tubercules représentent environ 6 % du marché mondial. Ce pourcentage devrait rester stable sur le moyen terme. Les exportations de la Thaïlande et du Viet Nam sont en hausse et devraient se hisser à un total de 14 Mt, principalement pour approvisionner les secteurs chinois de la fécule et des biocarburants, qui sont en pleine expansion.

Compte tenu de la substituabilité des racines et tubercules avec les céréales sur les marchés de l’alimentation humaine et animale, leurs prix devraient suivre la même tendance à moyen terme, à savoir une hausse en valeur nominale mais une baisse en valeur réelle.

Les légumineuses sont les graines comestibles de certaines plantes. On en compte généralement 11 types1. Elles sont riches en protéines, fibres alimentaires, vitamines, minéraux, substances phytochimiques et glucides complexes. Outre leurs bienfaits nutritionnels, les légumineuses permettent aussi d’améliorer la digestion, de réduire la glycémie, d’atténuer les inflammations, d’abaisser le taux de cholestérol et de prévenir les maladies chroniques telles que diabète, maladies cardiaques et obésité. Leur niveau de consommation diffère cependant d’une région à l’autre selon les habitudes alimentaires, leur disponibilité et les conditions qui règnent.

La culture des légumineuses relève d’une longue tradition dans presque toutes les régions du monde. Depuis des siècles, les légumineuses jouent un rôle fondamental dans les systèmes agricoles traditionnels. Avant 2000, la production mondiale stagnait sous l’effet de la disparition généralisée des petites exploitations dans les pays en développement, laquelle avait entraîné le déclin de l’agriculture traditionnelle dont le système de rotation des cultures reposait entre autres sur les légumineuses. D’autres facteurs étaient en cause, comme la faible résistance aux maladies (due à la diversité génétique réduite des semences), l’accès limité à des variétés à haut rendement et l’absence de soutien des pouvoirs publics à l’égard des producteurs. Le secteur a commencé à se redynamiser au début des années 2000 et connaît depuis une croissance annuelle d’environ 3 % à l’échelle mondiale, dominée par l’Asie et l’Afrique. Ensemble, ces deux régions totalisaient quelque 73 % de la hausse de la production (+ 25 Mt) enregistrée au cours de la précédente décennie.

La consommation mondiale de légumineuses par habitant a commencé à diminuer dans les années 60 (Graphique 11.2), sous l’effet d’une hausse des prix due à la faible progression des rendements. La croissance des revenus et l’urbanisation ont conduit à une modification des préférences, les consommateurs se tournant vers une alimentation plus riche en protéines animales, sucre et matières grasses. Malgré cela, les légumineuses demeurent une importante source de protéines dans les pays en développement et la consommation mondiale par habitant s’est accrue pour atteindre quelque 8 kg/an à l’heure actuelle. Cette progression s’explique principalement par la hausse des revenus dans les pays où ces produits constituent une importante source de protéines, particulièrement en Inde, où environ 30 % de la population est végétarienne.

Les légumineuses peuvent être transformées et utilisées sous différentes formes : entières, décortiquées, en farine et en isolats en fonction de leurs composants (protéines, amidon et fibres). La farine et les isolats sont employés dans des secteurs comme les préparations à base de viande et les en-cas, la boulangerie et les boissons, et la pâte et la chapelure.

De loin le plus gros producteur de légumineuses, l’Inde a totalisé environ 25 % de la production mondiale au cours de la précédente décennie. Viennent ensuite le Canada (8 %), la Chine (6 %) et l’Union européenne (4 %). Le marché asiatique représente 54 % de la consommation totale mais seulement quelque 46 % de la production, ce qui en fait la principale destination des importations. Environ 18 % de la production mondiale est exportée ; le Canada arrive nettement en tête dans le classement des exportateurs (31 % des échanges internationaux) tandis que l’Inde est le plus gros importateur (15 % du commerce mondial). L’Afrique a encore augmenté sa production et sa consommation au cours des dix dernières années et demeure largement autosuffisante.

En 2021, le marché mondial des légumineuses a atteint un volume de 100 Mt, après une croissance moyenne de 3.8 % par an au cours de la précédente décennie, tirée par l’Asie et l’Afrique. Le commerce international s’est monté à 19 Mt, soit 0.4 Mt de plus qu’en 2020. En raison des tensions sur l’offre, les prix mondiaux des légumineuses (dont la référence est le pois sec canadien) ont bondi à un record absolu de 479 USD/Mt en raison des récoltes désastreuses enregistrées au Canada.

Du fait de leurs divers bienfaits, les consommateurs soucieux de leur santé intègrent de plus en plus les légumineuses dans leur régime alimentaire quotidien, ce qui se traduit par la croissance du marché de ces produits à l’échelle mondiale. L’urbanisation rapide, le changement des modes de vie et les rythmes de travail frénétiques conduisent la population active à se tourner vers une restauration rapide bonne pour la santé, et les légumineuses sont des ingrédients de plus en plus couramment utilisés dans les aliments prêts à consommer.

Les gouvernements des pays producteurs, conscients des bénéfices sanitaires et environnementaux, viennent en aide aux agriculteurs, ce qui contribue au développement de ce marché. Le soutien à la production de légumineuses constitue un volet important de la stratégie de l’Union européenne en faveur des protéagineux. En outre, ces produits comptent parmi les principaux ingrédients de préparations telles que les substituts de viande. Selon l’évolution future de la demande de produits de ce type, les légumineuses pourraient voir leur part évoluer considérablement dans la production agricole.

Les légumineuses devraient regagner en importance dans les régimes alimentaires de nombreuses régions du monde. La présente édition des Perspectives prévoit une poursuite de la tendance mondiale et une hausse de la consommation humaine de légumineuses, laquelle s’établirait à 9 kg par an et par habitant à l’horizon 2031. La consommation par habitant devrait augmenter dans la quasi-totalité des régions au cours de la prochaine décennie, tout particulièrement en Europe (+3 % par an). (Graphique 11.2)

L’offre mondiale devrait s’accroître de 23 Mt. Plus de la moitié de cette hausse sera enregistrée en Asie, et particulièrement en Inde, où se concentrera l’essentiel de la production mondiale. D’après les projections, l’amélioration soutenue des rendements permettra au pays de produire 7.3 Mt supplémentaires d’ici à 2031. L’Inde a introduit des semences hybrides à haut rendement, encouragé la mécanisation et instauré un prix minimum de soutien pour stabiliser les revenus des agriculteurs. Le gouvernement central et certains États fédérés ont inclus les légumineuses dans leurs programmes d’achat, même si la couverture géographique n’est pas la même que pour le blé et le riz.

Cette augmentation escomptée de l’offre s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle la production de légumineuses va poursuivre son intensification grâce à la hausse des rendements d’une part, et à l’utilisation plus intensive des terres d’autre part. Le premier facteur sera à l’origine d’environ 65 % de la hausse de la production, contre 35 % pour le second, surtout en Asie, en Afrique et en Amérique du Nord. Sur le continent africain en particulier, la combinaison des deux facteurs pourrait faire progresser la production de quelque 0.6 Mt par an.

Selon les prévisions, la hausse de l’offre sera assurée par l’association de la culture des légumineuses avec celle des céréales, en particulier en Asie et en Afrique, où les petits producteurs occupent une place importante. L’amélioration prévue des rendements restera inférieure à celle des céréales et des oléagineux, car, dans la plupart des pays, les légumineuses ne sont pas concernées par les initiatives de développement de variétés à haut rendement ou d’amélioration des systèmes d’irrigation, ni par les mesures de soutien à l’agriculture.

Les échanges internationaux de légumineuses sont passés de 13 Mt à 18 Mt au cours des dix dernières années et devraient atteindre 20 Mt à l’horizon 2031. Le Canada restera le principal exportateur de légumineuses, avec des volumes qui devraient croître de 5.6 Mt aujourd’hui à 6.7 Mt en 2031 ; il sera suivi par l’Australie, avec 2.1 Mt d’exportations en fin de période.

En valeur nominale, les prix mondiaux des légumineuses devraient décroître jusqu’en 2026 avant de repartir à la hausse sur le reste de la décennie à venir, tandis qu’un fléchissement est attendu en valeur réelle.

La banane et les quatre principaux fruits tropicaux frais (mangue, ananas, avocat et papaye) jouent un rôle essentiel dans les pays tropicaux en assurant la nutrition des petits producteurs et en leur fournissant des moyens de subsistance. Ces dernières décennies, la hausse des revenus et l'évolution des préférences des consommateurs sur les marchés tant émergents qu’à revenu élevé, mais aussi l’amélioration des transports et de la gestion de la chaîne d’approvisionnement, ont favorisé la croissance rapide des échanges internationaux de ces produits.

D’après les chiffres provisoires pour 2021, les exportations mondiales de bananes et des principaux fruits tropicaux génèrent respectivement autour de 11 milliards USD et 12 milliards USD par an. Bien que seuls 15 % et 5 % environ de la production mondiale de bananes et de principaux fruits tropicaux soient exportés, il importe de souligner que dans les pays exportateurs, qui sont majoritairement des pays à faible revenu, les recettes provenant de la production et du commerce international de ces produits peuvent représenter une part importante du PIB de l’agriculture. En 2018, par exemple, les bananes ont pesé pour quelque 42 % dans les recettes des exportations agricoles de l’Équateur, et pour 17 % dans celles du Guatemala.

Les échanges mondiaux de bananes ont chuté de 1.5 Mt en 2021 d'après les estimations, un chiffre rarement atteint par le passé. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, la maladie et les mesures de confinement ont eu des conséquences tangibles sur la production, le transport, la distribution, la commercialisation et la consommation de bananes fraîches. En 2021, d’autres difficultés se sont ajoutées avec le très net renchérissement des prix des engrais et du matériel d’emballage, les pénuries de conteneurs réfrigérés, et les hausses importantes des coûts mondiaux du transport. En dehors de la pandémie de COVID-19, la filière a été confrontée à des conditions météorologiques défavorables et à la menace de propagation de maladies végétales, autant de problèmes qui ont amputé la production.

D'autres sources de préoccupation majeures apparues en 2021 ont été l’introduction de nouveaux seuils maximum de résidus de pesticides dans les pays importateurs qui s’est traduite par davantage d’exportations refusées , les fruits et légumes non conformes à ces exigences nouvelles ne pouvant plus être importés, et la découverte alarmante de la fusariose du bananier (race tropicale 4, TR4) au Pérou en avril 2021. Face à cette multiplication de difficultés simultanées en 2021, les producteurs ont eu bien du mal à maintenir leurs activités et les petits exploitants ont particulièrement souffert. Comme déjà en 2020, ces pressions ont pesé sur les exportations, surtout asiatiques. Mais les exportations d’Amérique latine ont aussi été touchées en 2021.

Les données provisoires indiquent que, malgré les importantes perturbations provoquées par la pandémie de COVID-19 dans les chaînes d'approvisionnement mondiales ainsi que les hausses des coûts des intrants et du transport, les échanges mondiaux des principaux fruits tropicaux en 2021 ont atteint un montant record de 10.5 milliards USD constants de 2014-16, soit environ 8 % d'augmentation par rapport à 2020 (Graphique 11.3). Si l’on regarde la répartition par produit, les exportations mondiales de mangues, de goyaves et de mangoustans auraient progressé de 2.3 Mt en 2021 (+3 %), celles d’ananas de 3.3 Mt (+7 %), celles d'avocats de 2.5 Mt (+11 %) et celles de papayes autour de 0.38 Mt (+8 %). Ces résultats positifs tiennent à une offre abondante des grandes régions productrices qui avaient investi en 2021 en vue d’augmenter fortement la production pour répondre à une demande mondiale en plein essor ayant généré des débouchés extérieurs lucratifs les années précédentes. Du côté des importations, la réouverture du secteur de l’hôtellerie-restauration a stimulé la croissance de la demande, en particulier pour les avocats et les ananas, tant aux États-Unis que dans l’Union européenne qui constituent les deux principaux marchés d’importation. Les consommateurs ont manifesté une plus grande propension à acheter des aliments riches en éléments nutritifs, encouragés par des campagnes publicitaires dans les commerces de détail mettant en avant les bienfaits prétendus des fruits tropicaux sur la santé. Cela a été particulièrement le cas pour les avocats, dont les exportations mondiales ont continué d’augmenter en 2021 jusqu’à des niveaux jamais atteints, en dépit de la hausse des coûts de production, de transport et de commercialisation tout le long de la filière. Les prix moyens indicatifs de gros aux États-Unis ont été orientés à la hausse pour la plupart des principaux fruits tropicaux, à l’exception des ananas, dont les prix moyens de gros sont restés bas en raison de fortes pressions dans la filière.

Le contexte de production et de commerce déjà difficile pour les bananes et les fruits tropicaux a été encore compliqué par la guerre de la Russie contre l’Ukraine, qui a entraîné une hausse des cours mondiaux de l’énergie et des engrais. Les engrais et les pesticides constituent un poste de dépense non négligeable dans la production des bananes et de certains fruits tropicaux qui en font grand usage. Avant la crise actuelle, les dépenses de produits agrochimiques, d’autres intrants et de transport représentaient environ 47 % des coûts de production, c’est-à-dire plus que les coûts de main-d’œuvre directs et indirects. La flambée des prix des intrants finira par se répercuter sur les prix à la consommation. Les données sur l’évolution des prix au cours des quatre premiers mois de 2022 vont déjà dans ce sens pour les quatre principaux fruits tropicaux et les bananes.

La guerre a également entraîné la rupture d’importantes relations commerciales du fait des sanctions économiques imposées à la Russie et a gravement perturbé des axes de transport vers l’Ukraine. Les répercussions de ces événements sur les marchés mondiaux de la banane et des fruits tropicaux ont été immédiates et brutales. La Russie achète quelque 1.4 à 1.5 Mt de bananes par an sur les marchés internationaux, ce qui en fait le quatrième importateur mondial de ce produit. Elle importe aussi autour de 0.16 Mt de fruits tropicaux chaque année, en majorité des ananas, des avocats et des mangues, principalement auprès du Costa Rica et du Pérou. Ces quantités équivalent à quelque 6 à 7 % des expéditions mondiales de bananes et quelque 2 % de celles de fruits tropicaux qui font face aujourd'hui à des obstacles considérables pour atteindre leurs destinations. Cette situation a eu des conséquences particulièrement dramatiques pour l’Équateur, d’où proviennent environ 98 % des importations russes de bananes. Avant la guerre, l’Équateur expédiait entre 20 et 25 % de ses exportations annuelles de bananes en Russie, et environ 3 % en Ukraine. De son côté, il importait de Russie environ un tiers des engrais utilisés dans sa production agricole. Du fait de cette disparition soudaine de débouchés extérieurs, de grandes quantités de bananes ont été jetées, les prix se sont effondrés (passant de 6.25 USD à environ 1.20 USD la caisse), et le nombre de faillites a été catastrophique chez les producteurs.

Au-delà de la pandémie de COVID-19 et de la guerre, la production, les échanges et la consommation de bananes et de principaux fruits tropicaux sont exposés à plusieurs menaces majeures. Avec la hausse des températures, on observe une propagation plus rapide et plus intense des ravageurs et des maladies. Le réchauffement climatique a aussi pour effet d’accroître la fréquence des sécheresses, des inondations, des ouragans et d’autres catastrophes naturelles, qui rendent la production de bananes et de fruits tropicaux de plus en plus difficile et coûteuse. Compte tenu du caractère périssable des fruits tropicaux lors des phases de production, de commercialisation et de distribution, les défis environnementaux et le manque d’infrastructures pourraient compromettre la production et l’approvisionnement des marchés internationaux. Le problème est d’autant plus aigu que l’immense majorité des fruits tropicaux sont produits dans un cadre informel et dans des zones reculées, que leur culture dépend beaucoup des précipitations, est sujette aux effets néfastes de phénomènes météorologiques de plus en plus imprévisibles et est éloignée des grands axes de transport.

Note

← 1. Les différents types de légumineuses sont les suivants : haricots secs, fèves sèches, pois secs, pois chiches, niébés, pois d’Angole, lentilles, pois bambara, vesces, lupins et légumineuses secondaires (non classifiées séparément).

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