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Qu’est‑ce qu’une vie satisfaisante ? Si les chiffres ne sauraient rendre compte à
eux seuls de la richesse de l’expérience humaine, il importe cependant que les statistiques
qui déterminent les politiques publiques reflètent à la fois les conditions matérielles
des citoyens et la qualité de leur vie. Il s’agit notamment de mieux cerner comment
la situation des personnes évolue au fil du temps, en quoi elle est différente selon
les catégories de population, et si le bien‑être d’aujourd’hui est atteint aux dépens
de l’épuisement des ressources dans l’avenir. Cette quatrième édition du rapport Comment
va la vie ? a pour objectif de répondre à ce besoin d’informations et de brosser ainsi
un tableau du bien‑être dans les pays de l’OCDE et les pays partenaires.
La vie s’améliore pour certains mais plusieurs aspects du bien‑être sont à la traîne
La crise financière a eu un impact profond et durable sur la vie des citoyens, en
particulier sur leurs emplois. À travers l’étude de l’évolution du bien‑être depuis
2005, le chapitre 1 montre que si certains aspects se sont améliorés, les progrès
sont cependant lents depuis la crise et plusieurs dimensions du bien‑être restent
à la traîne. Le revenu des ménages et le salaire annuel moyen ont augmenté en termes
cumulés de, respectivement, 8 % et 7 % depuis 2005 ; toutefois, ces chiffres représentent
seulement la moitié environ du taux de progression enregistré entre 1995 et 2005.
La proportion de ménages dépourvus d’équipements sanitaires de base (déjà faible dans
la plupart des pays de l’OCDE) a encore diminué pour s’établir juste au‑dessus d’un
tiers, et le nombre de personnes qui déclarent se sentir en sécurité lorsqu’elles
marchent seules la nuit est plus élevé. En outre, l’espérance de vie moyenne dans
la zone OCDE, même si elle a stagné en 2015, s’est allongée globalement de près de
deux ans au cours des dix dernières années.
Malgré ces progrès, d’autres aspects du bien‑être ne s’améliorent pas. Dans près de
la moitié des pays de l’OCDE, le chômage de longue durée reste plus élevé qu’en 2005,
tandis que le niveau moyen de l’insécurité sur le marché du travail dans la zone OCDE
est environ un tiers plus élevé que lors de la première évaluation, en 2007. Par rapport
aux années antérieures à la crise, la participation électorale a baissé, la satisfaction
moyenne à l’égard de la vie dans la zone OCDE a légèrement diminué et le pourcentage
de personnes qui se sentent soutenues par leurs amis et leur famille a reculé de 3
points. Le tableau reste contrasté s’agissant des ressources qui contribuent à préserver
le bien‑être dans le temps. Là encore, des progrès accomplis au regard de certains
indicateurs (par exemple, la diminution des émissions de gaz à effet de serre par
habitant, la réduction du tabagisme, l’augmentation de l’investissement dans la R‑D
et l’accroissement des actifs économiques produits) sont à mettre en regard des reculs
qui en concernent d’autres (par exemple, l’augmentation de la dette des ménages dans
une majorité de pays, la baisse de la valeur financière nette des administrations
publiques, la progression de l’obésité et l’érosion de la confiance envers l’État).
Les multiples facettes des inégalités
Les inégalités peuvent toucher tous les aspects de la vie. Le chapitre 2 étudie les
inégalités en matière de bien‑être sous divers angles : depuis les écarts entre les
extrémités supérieure et inférieure de l’échelle de distribution des revenus jusqu’aux
différences de bien‑être selon le sexe, l’âge et le niveau de formation. Il en ressort
que, même si certaines sociétés sont moins touchées par les inégalités, des disparités
existent dans tous les pays de l'OCDE. Par ailleurs, les inégalités interagissent
et s’aggravent mutuellement. Ainsi, les 20 % les plus riches sont deux fois plus susceptibles
d’exprimer un niveau élevé de satisfaction à l’égard de la vie que les 20 % les plus
pauvres. Et les personnes qui se disent satisfaites de leur vie sont quatre fois plus
susceptibles de se déclarer en bonne santé que celles dont le niveau de satisfaction
à l’égard de la vie est faible. De nombreux habitants des pays de l’OCDE ne disposent
pas du matelas financier nécessaire pour les préserver de chocs affectant négativement
leur revenu. D’après des données portant sur 25 pays de l’OCDE, s’ils devaient subir
une amputation de trois mois de leur revenu, plus d’un tiers des individus tomberaient
dans la pauvreté.
Les difficultés des immigrés en matière de bien‑être sont nombreuses
En moyenne, 13 % des habitants de la zone OCDE sont nés à l’étranger. La population
immigrée est très diverse, tant à l’intérieur des pays membres qu’entre eux : il peut
s’agir de professionnels hautement qualifiés cherchant de nouvelles opportunités comme
de personnes fuyant la guerre et la misère. Le chapitre 3 montre que la vie dans leur
nouveau pays peut engendrer de multiples difficultés. Par rapport aux personnes nées
dans le pays hôte, le revenu médian des immigrés est inférieur de 25 % et leur patrimoine
net médian est inférieur de 50 %. Bien que les chances des immigrés d’avoir un emploi
soient analogues à celles des personnes nées dans le pays, ils sont plus susceptibles
d’avoir des horaires de travail atypiques, d’occuper des emplois à bas salaire et
d’être exposés à des conditions de travail dangereuses. Dans bien des cas, les immigrés
ne sont pas non plus en mesure de valoriser leurs compétences : près de 30 % des immigrés
diplômés de l’enseignement supérieur sont surqualifiés pour leur emploi, contre 20
% des personnes nées dans le pays. Outre des conditions de travail plus difficiles,
les immigrés connaissent également des conditions de vie moins satisfaisantes : 1
sur 4 déclare être exposé à la pollution atmosphérique et/ou sonore sur son lieu d’habitation,
contre 1 sur 5 de la population née dans le pays ; et 41 % des immigrés vivent dans
des logements de qualité médiocre ou surpeuplés, contre 27 % des personnes nées dans
le pays. Dans la plupart des pays de l’OCDE, les immigrés signalent également une
moins bonne santé, des liens sociaux moins solides et des niveaux de bien‑être subjectif
inférieurs à ceux des personnes nées dans le pays. Cependant, de nombreux progrès
restent à faire pour mieux appréhender le bien‑être des immigrés, notamment dans
la mesure où les enquêtes réalisées auprès des ménages peinent souvent à atteindre
les immigrés et les autres groupes les plus vulnérables.
Un fossé entre les citoyens et leurs institutions
La baisse constante de la participation électorale dans les pays de l’OCDE constitue
une préoccupation depuis de nombreuses années. Le chapitre 4 présente d’autres indicateurs
montrant combien les citoyens se sentent éloignés de leurs institutions publiques.
Dans la zone OCDE, plus de la moitié des citoyens estiment que la corruption est largement
répandue au sein de l’administration de leur pays. Depuis 2005, la confiance envers
les institutions publiques a reculé et seuls 33 % des personnes interrogées ont le
sentiment d’avoir voix au chapitre quant à l’action publique. Le fossé se creuse avec
les individus les moins bien représentés dans la vie publique : les personnes non
diplômées du deuxième cycle de l’enseignement secondaire sont moins susceptibles d’estimer
qu’elles ont voix au chapitre dans les décisions de politiques publiques que les diplômés
du supérieur. La participation électorale autodéclarée est inférieure de 13 points
de pourcentage chez les 20 % des plus pauvres par rapport aux 20 % les plus riches.
Les Européens sont généralement satisfaits des procédures électorales, mais beaucoup
moins de l’action publique visant à réduire les inégalités. La satisfaction à l’égard
des services publics d’éducation et de santé varie considérablement d’un pays à l’autre,
mais elle est généralement plus forte chez ceux qui ont eu recours récemment à ces
services, indiquant que l’expérience vécue est importante lorsqu’il s’agit de se
forger une opinion sur la qualité des services publics.