3. Sélection d’accises appliquées dans les pays de l’OCDE

Les accises peuvent être perçues sur un grand nombre de produits, mais celles prélevées sur l’alcool, le tabac et les hydrocarbures en particulier procurent des recettes publiques conséquentes dans tous les pays de l’OCDE. Ces dernières décennies, les pouvoirs publics ont de plus en plus souvent utilisé ces taxes, non seulement pour mobiliser des recettes, mais aussi pour influencer le comportement du consommateur lorsque la consommation de certains produits est considérée comme nuisible à la santé ou à l’environnement.

Les droits d’accise partagent pratiquement les mêmes grandes caractéristiques dans tous les pays de l’OCDE et poursuivent des objectifs similaires en termes de recettes et d’influence sur le comportement des consommateurs. Leur taux et leur structure varient cependant sensiblement, si bien qu'il n’est pas simple d’avoir une idée de la charge fiscale totale pesant sur tel ou tel bien assujetti. Par exemple, la bière produite par les petites brasseries peut être soumise à un taux d’accise réduit par rapport à celui normalement appliqué à cette boisson. S'agissant des produits du tabac, l’application de taux différents à des produits substituables (cigarettes et tabac à rouler) peut rendre la situation plus complexe. De même, les droits d’accise sur les carburants ne donnent qu’une image partielle de la politique fiscale appliquée au secteur du transport, celle-ci englobant également les péages routiers, les taxes sur l’immatriculation et l’utilisation des véhicules, les taxes sur l’assurance, etc.

Ce chapitre fournit de plus amples informations sur les principales différences en matière de structure des droits d’accise et sur leur utilisation croissante en tant que moyen d’influer sur les comportements. Il présente un panorama des principales caractéristiques des accises et décrit l'évolution des recettes qui en découlent (section 3.2). Il examine ensuite plus en détail la structure des taux d’accise frappant trois grandes catégories de produits : les boissons alcooliques (section 3.3), les produits du tabac (section 3.4) et le fioul domestique (section 3.5). La fiscalité des carburants routiers est examinée dans le chapitre 4, consacré à la fiscalité appliquée aux véhicules.

À la différence d’autres impôts généraux sur la consommation (dont les taxes sur la valeur ajoutée – TVA), les accises ne frappent que certains biens. De nombreux produits peuvent y être soumis, par exemple le chocolat, le café ou encore le jus d’orange, mais ce chapitre ne porte que sur les trois grandes catégories de produits soumises aux droits d’accise dans tous les pays de l’OCDE : les boissons alcooliques, les huiles minérales et les produits du tabac.

Avant de décrire ces trois catégories de produits et d’examiner le traitement qui leur est réservé dans différents pays, il est utile de rappeler certaines caractéristiques générales des accises :

  • Les accises sont généralement calculées sur une base constituée du poids, du volume, de la concentration ou de la quantité de produit, parfois combinée avec sa valeur. Dans certain cas, le calcul se fait sur la seule base de la valeur.

  • Elles ne sont normalement exigibles qu’au moment de la mise à la consommation. Les marchandises peuvent donc faire l’objet de transferts de propriété sans donner lieu à la perception d’une accise si elles restent stockées dans un environnement contrôlé ou si le transfert s’opère entre des opérateurs agréés.

  • Le régime des accises ne s’applique qu’à un petit nombre d’assujettis, exerçant une activité dans la fabrication, le commerce de gros ou l’importation des trois grandes catégories de produits précitées.

Contrairement à la TVA, qui est recouvrée au moyen d’un mécanisme de paiement fractionné impliquant tous les acteurs de la chaîne de valeur jusqu’à la consommation finale (chapitre 2), les droits d’accise ne sont en principe acquittés qu’une seule fois, en l’occurrence par un opérateur agréé au moment de la mise à la consommation. Au sein de l’Union européenne, la circulation entre États membres des produits soumis aux accises s’effectue dans le cadre d’un régime de suspension des droits d’accise jusqu’à la mise de ces produits sur le marché. Aux États-Unis, l’administration fédérale et de nombreux États et autorités locales appliquent des accises. Les accises fédérales sont recouvrées par l’administration fiscale fédérale (Internal Revenue Service), tandis que les États peuvent fixer leurs propres règles et leurs propres taux.

Le montant des recettes publiques tirées des droits d'accise et leur impact social et économique dépendent de leur structure. Il existe deux grands modes de calcul des droits d'accise sur les produits assujettis : une taxation ad valorem et une taxation ad quantum. L’accise ad quantum (ou « spécifique ») est un montant fixe appliqué par unité de produit (par exemple 1 USD par litre), si bien qu’elle est assimilable à une taxe sur le volume des ventes. L’accise ad valorem est proportionnelle au prix du produit (par exemple 20 % du prix de vente) et s’analyse donc en un impôt sur la valeur des ventes. L’accise peut aussi être mixte, c’est-à-dire comporter une composante ad valorem  et une composante ad quantum. C’est par exemple le cas des droits d'accise sur le tabac (Tableau d’annexe 3.A.4). L’application d’accises ad quantum suppose une définition précise de la nature et des caractéristiques de la matière imposable (par exemple, un litre d’essence sans plomb avec un indice 94 RON), tandis qu’une accise ad valorem repose simplement sur le prix du bien taxé.

La plupart des produits soumis aux accises sont définis par plusieurs caractéristiques (volume, poids, concentration, indice d’octane, teneur en alcool ou en carbone, etc.). Alors que l’accise ad quantum n’est pas influencée par la modification des caractéristiques qui n’ont pas été jugées pertinentes pour la détermination de la base d’imposition, l’accise ad valorem dépend de l’ensemble des caractéristiques qui sont reflétées dans le prix. Selon leur structure, les accises n’ont pas les mêmes effets sur la production et la consommation. Ainsi, un droit d’accise ad quantum sur la bière (par exemple, par pourcentage d’alcool pur par volume) peut inciter les brasseurs à concevoir des variétés de bière, notamment des variétés exclusives, pouvant être vendues à un prix plus élevé tout en restant soumises à un droit d’accise identique à celui qui frappe une variété moins chère. À l’inverse, un droit ad valorem peut dissuader les producteurs de réaliser des améliorations coûteuses de la qualité de leurs produits ou inciter les consommateurs à se tourner vers des produits moins chers. Les droits ad quantum peuvent être plus faciles à administrer, parce qu’il suffit, pour les calculer, de déterminer la quantité physique du produit taxé.

Les recettes fiscales générées par les droits d'accise et l’impact de changements de conception de ces taxes sur les recettes publiques sont influencés par un large éventail de facteurs. Lorsqu’on évalue l’impact d’une modification des régimes de droits d'accise, il importe de savoir que les accises sont incluses dans l’assiette de la TVA, c’est-à-dire que la TVA est généralement perçue sur la valeur taxes comprises des produits soumis à accises. L’impact d’une modification d’un droit d'accise sur les recettes fiscales dépend donc aussi du niveau du taux de TVA applicable à un produit donné soumis à accises.

Si la taxe a vocation à exercer un effet dissuasif à la fois sur l’achat de produits chers et sur l’achat de produits bon marché ou à maximiser les recettes tirées des accises frappant ces deux catégories de produits, il peut être judicieux d’associer des droits ad quantum et ad valorem. Lorsqu’il existe d’importants écarts de prix au niveau d’un produit, un droit d’accise ad quantum a par exemple une probabilité moins forte de réduire la consommation du produit coûteux et permettra d’en retirer moins de recettes qu’un droit ad valorem. De plus, les consommateurs relativement aisés, plus susceptibles de consommer des produits chers, risquent d’être moins sensibles que les ménages plus modestes à l’application d’une taxe donnée (bien que les droits ad quantum puissent réduire les différentiels de prix). Si l’objectif est de faire évoluer les comportements, il faut donc alourdir la charge fiscale totale pesant sur ces produits coûteux. À cette fin, il peut être envisagé d’associer un droit ad valorem et un droit ad quantum, ce qui est une pratique courante pour la taxation des produits du tabac (voir la section 3.3 ci-après). Le dosage « optimal » entre la composante ad valorem et la composante ad quantum de l’accise dépend des produits concernés, de la structure du marché et de l’objectif des pouvoirs publics, si bien qu’aucune combinaison n’est optimale dans l’absolu (Keen, 1998[1]).

Enfin, le commerce illicite et les possibilités d’achats transfrontaliers sont d'autres facteurs qui peuvent jouer sur le potentiel de mobilisation de recettes fiscales et sur l’impact sur la consommation des produits soumis à accises.

Tous ces facteurs sont pris en compte par les pouvoirs publics en fonction des objectifs qu’ils poursuivent, autrement dit selon qu’ils veulent réduire la consommation de produits considérés comme nocifs pour la santé, accroître les recettes ou les deux.

Dans les pays de l’OCDE, la part relative des accises dans les recettes fiscales totales est en baisse constante depuis 1975, puisqu’elle est passée de 10.5 % en moyenne à 6.9 % en 2020 (voir le Tableau d’annexe 1.A.5). Bien que l’on observe de grandes variations entre certains pays – les accises représentent 1.8 % des recettes fiscales totales en Nouvelle-Zélande et 17.2 % en Türkiye –, le poids des droits d’accise dans les recettes fiscales totales est compris entre 4 % et 9 % dans la majorité des pays de l’OCDE (28 sur 38). Ces taxes génèrent moins de 5 % du total des recettes fiscales dans neuf pays de l’OCDE (Australie, Autriche, Belgique, Canada, États-Unis, Israël, Japon, Nouvelle-Zélande et Suisse). Elles représentent plus de 10 % du total des recettes fiscales dans quatre pays (Lettonie, Lituanie, Mexique et Türkiye), contre treize pays de l’OCDE en 2010 (voir également le chapitre 1).

Bien que les taxes sur les produits alcooliques figurent parmi les plus anciennes sources de recettes fiscales, leur part dans la fiscalité totale a considérablement régressé en raison de l’importance croissante d'autres types de taxes sur la consommation, en particulier de taxes générales sur la consommation comme la TVA. Ces dernières années ont cependant été marquées par un regain d’intérêt pour la taxation spécifique des boissons alcooliques, vue comme un moyen d’orienter le comportement des consommateurs dans le sens voulu par les politiques de santé publique.

Il existe dans le monde une grande variété de boissons alcooliques, qui peuvent être obtenues par distillation ou fermentation de divers ingrédients (raisins, pommes, malt, riz, etc.). La nomenclature douanière combinée (CN) propose une classification des boissons alcooliques à laquelle les différentes catégories d’accises sont étroitement liées. Elle comprend six grandes catégories de boissons alcooliques : bières de malt (code 22.03) ; vins de raisins frais, y compris les vins enrichis en alcool (code 22.04) ; vermouths et autres vins de raisins frais préparés à l’aide de plantes ou de substances aromatiques (code 22.05) ; autres boissons fermentées (cidre, poiré, hydromel, par exemple), mélanges de boissons fermentées et mélanges de boissons fermentées et de boissons non alcooliques (code 22.06) ; alcool éthylique non dénaturé d’un titre alcoométrique volumique de 80 % vol. ou plus ; eaux-de-vie, liqueurs et autres boissons spiritueuses (code 22.07) et alcool éthylique non dénaturé d’un titre alcoométrique volumique de moins de 80 % vol. (code 22.08). Il existe inévitablement des subdivisions au sein de chacune de ces grandes catégories mais l’utilisation de cette nomenclature reconnue sur le plan international permet plus de cohérence et contribue à éviter l’utilisation de définitions contradictoires pour l’application des taux. Sauf indication contraire dans les notes pays, les Tableaux d’annexe 3.A.1 et 3.A.2 portent sur les produits relevant des codes 22.03 et 22.04, tandis que le Tableau d’annexe 3.A.3 porte sur les produits ne figurant pas dans les deux tableaux précédents.

La taxation de l’alcool ayant une longue histoire, plusieurs méthodes et indicateurs ont été mis au point au fil du temps pour évaluer la teneur d’un produit en alcool. Actuellement, l’indicateur couramment utilisé pour mesurer la quantité d’alcool (éthanol) contenue dans une boisson alcoolisée est le titre alcoométrique volumique. Il est égal au nombre de litres d’éthanol pur contenu dans 100 litres d’une solution à 20 °C, exprimé en pourcentage du volume total. Dans les Tableaux d’annexe 3.A.1 et 3.A.2, qui présentent un panorama des droits d’accise frappant la bière et le vin, la teneur en alcool est exprimée en pourcentage par volume (% vol.) Dans certains pays, pour calculer les accises applicables à la bière, on exprime la teneur en alcool de la bière en degrés Plato (indicateur qui mesure la densité du moût, exprimée en pourcentage d’extrait par unité de masse). Pour que les données relatives aux accises soient comparables entre pays, dans le Tableau d’annexe 3.A.1, les droits par degré Plato appliqués dans ces pays ont été convertis en droits par pourcentage d’alcool par volume. Il n’existe pas de méthode précise pour la conversion des degrés Plato en pourcentage d’alcool par volume, mais à des fins fiscales, on suppose que 1 % vol. est équivalent à 2.5 degrés Plato. Dans le Tableau d’annexe 3.A.1, on a donc multiplié les taux d’accise exprimés par degré Plato par 2.5 pour obtenir les taux par pourcentage d’alcool par volume pour les pays concernés.

Les droits d’accise sur les boissons alcooliques sont appliqués selon deux grandes méthodes : ils peuvent être ad quantum, dépendant alors de la teneur en alcool du produit, ou ad valorem et reposer ainsi sur sa valeur. Dans les pays de l’OCDE, ces deux méthodes sont généralement associées, le montant total de la taxe dépendant à la fois de la teneur en alcool et du prix du produit.

Dans les États membres de l’Union européenne, la structure des droits d'accise sur l’alcool et les boissons alcooliques est harmonisée (directive 92/83/CEE du Conseil concernant l'harmonisation des structures des droits d'accises sur l'alcool et les boissons alcooliques ; directive 92/84/CEE du Conseil concernant le rapprochement des taux d'accises sur l'alcool et les boissons alcoolisées ; complétées par la directive (UE) 2020/262 du Conseil établissant le régime général d’accise (refonte)).

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande d’augmenter les taxes sur les boissons alcooliques, considérant qu’il s'agit de l’un des outils les plus rentables pour diminuer la consommation d'alcool afin de lutter contre les maladies qu’elle favorise, par exemple les maladies cardiovasculaires, le cancer et autres maladies non transmissibles (OMS, 2010[2]). Du point de vue de la santé publique, la meilleure structure serait celle dans laquelle le montant du droit est lié à la teneur en alcool et progresse en fonction de l’inflation et qui garantit une certaine homogénéité entre les différents types d'alcool (Colin Angus, 2019[3]). Il est toutefois établi que le marché de l’alcool est créateur d’emplois dans l’agriculture, l’industrie et la distribution et constitue une source de recettes fiscales pour les pouvoirs publics. C’est pourquoi les mesures de santé publique qui ont pour but d’empêcher une consommation excessive d'alcool sont souvent contrebalancées par d'autres objectifs et considérations, par exemple la préservation d’activités ancestrales, la sauvegarde du libre marché et de la liberté de choix des consommateurs et la volonté de recouvrer des recettes publiques.

Dans tous les pays de l’OCDE, la bière est soumise à la fois aux droits d'accise et à la TVA. De plus, les directives européennes la soumettent à un droit d'accise minimum (égal à 1.87 EUR par degré d'alcool par hectolitre), lequel est suffisamment bas pour ne pas être contraignant pour la grande majorité des États membres, et prévoient une possibilité de réduction des droits pour la bière produite par les petites brasseries indépendantes.

Le Tableau d’annexe 3.A.1 montre que le calcul des droits est souvent complexe. Du fait qu’il existe différentes sous-catégories et divers taux particuliers (par exemple pour les produits peu alcooliques ou la bière produite par les petites brasseries) et que les droits sont parfois calculés à la fois en fonction de la valeur et de la nature des produits, il est difficile de fournir des estimations précises de la charge fiscale au niveau du consommateur. Ce tableau révèle également que le montant des accises est très différent d’un pays de l’OCDE à l’autre avecune accise normale sur la bière comprise entre moins de 5 USD par degré d’alcool et par hectolitre (Allemagne, Luxembourg, République slovaque, République tchèque et Türkiye) et plus de 20 USD (Finlande, Irlande, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni et Suède), les niveaux les plus élevés étant observés en Finlande (44.76 USD) et en Israël (74.30 USD). Trois quarts des pays de l’OCDE (30 sur 38) appliquent des taux réduits aux petites brasseries, avec souvent une augmentation progressive du taux de la taxe en fonction de leur production annuelle. Les notes pays relatives au Tableau d’annexe 3.A.1 illustrent la grande diversité de ces régimes fiscaux. Quatre pays de l’OCDE n'appliquent aucun droit d'accise ad quantum à la bière, n'appliquant que des accises ad valorem (Chili, Colombie, Corée et Mexique).

Tous les pays soumettent la bière au taux de TVA normal, exception faite de l’Islande, qui applique un taux réduit de 11 %, et des États-Unis, qui n'appliquent pas de TVA mais qui prélèvent une taxe sur les ventes au niveau infranational.

Le Tableau d’annexe 3.A.2 porte sur deux grandes catégories de vin : le vin non pétillant et le vin pétillant. Il montre également la différence d’imposition entre le vin et le « vin à faible degré d'alcool » tel que défini par les pays membres. Le taux des accises sur le vin non pétillant varie considérablement d’un pays de l’OCDE à l'autre, entre zéro (Allemagne, Autriche, Espagne, Grèce, Hongrie, Israël, Italie, Luxembourg, Portugal, République slovaque, Slovénie, République tchèque et Suisse) et plus de 4 USD par litre en Finlande et en Irlande et plus de 6 USD par litre en Norvège. Dans dix pays de l’OCDE, le vin pétillant est soumis à un droit d'accise plus élevé que le vin non pétillant (Belgique, Danemark, France, États-Unis, Hongrie, Irlande, Royaume-Uni, République slovaque, République tchèque et Türkiye). Quatre pays de l’OCDE n'appliquent aucun droit d'accise ad quantum au vin, n'appliquant que des accises ad valorem (Chili, Colombie, Corée et Mexique).

Tous les pays de l’OCDE soumettent le vin à la TVA au taux normal, exception faite de la Colombie, du Luxembourg et du Portugal, qui appliquent un taux réduit de 5 %, 14 % et 13 % respectivement au vin non pétillant et des États-Unis, où des taxes sur les ventes appliquées à l'échelon infranational remplacent la TVA.

Pour les boissons alcooliques autres que le bière et le vin (Tableau d’annexe 3.A.3), le taux des droits d'accise varie aussi entre les pays de l’OCDE, mais dans une moindre mesure parce qu'il n’est pas appliqué de taux nul. Ce taux est compris entre moins de 15 USD par litre d’alcool pur (Autriche, Canada, Espagne, États-Unis, Hongrie, Italie, Luxembourg, République slovaque et République tchèque) et environ 95 USD par litre d’alcool pur en Norvège et 128 USD en Islande. Les seuls pays qui appliquent un taux de TVA réduit à ces boissons alcooliques sont la Colombie (5 %) et l’Islande (11%). Les États-Unis n'appliquent pas de TVA fédérale, mais une taxe sur les ventes est prélevée au niveau infranational.

Quatre pays de l’OCDE n'appliquent aucun droit d'accise ad quantum à ces boissons alcooliques, n'appliquant que des accises ad valorem (Chili, Colombie, Corée et Mexique). Les notes pays relatives au Tableau d’annexe 3.A.3. décrivent les régimes appliqués dans les différents pays de l’OCDE.

À l’origine, les taxes sur le tabac ont, comme celles sur l’alcool, été instaurées dans le but principal de collecter des recettes publiques. Pratiquement tous les pays taxent les produits du tabac depuis des décennies, voire, dans certains cas, des siècles. Ces produits se caractérisent par une consommation importante, par une élasticité de la demande aux prix relativement faible (en d’autres termes, une hausse modérée des prix ne se traduit pas par une baisse équivalente de la consommation) et par la faiblesse du nombre de producteurs, si bien qu’ils constituent une cible particulièrement intéressante pour l’application d’accises et d’autres types de taxes. Les effets néfastes du tabac sur la santé n’étant plus à prouver, la fiscalité sur le tabac est de plus en plus utilisée pour faire reculer le tabagisme. D'après les données économiques réunies par l’OMS, une hausse de la fiscalité répercutée sur les consommateurs est un moyen efficace de réduire le tabagisme. Ces données montrent que la fiscalité du tabac est un outil extrêmement rentable, parce qu’elle peut avoir un fort impact sur la consommation de tabac tout ayant un faible coût de mise en œuvre. Il est établi que les rendements et les retombées économiques positives de la fiscalité du tabac sont plusieurs fois supérieurs à son coût (OMS, 2021[4]).

Comme les boissons alcooliques et les huiles minérales, les produits du tabac se divisent en sous-catégories – cigarettes, cigares, tabac à rouler et tabac à pipe. Par ailleurs, de nouveaux produits, par exemple les produits de tabac chauffé et les systèmes électroniques d’administration de nicotine, peuvent être soumis à des taux spécifiques (ils n’entrent cependant pas dans le champ de cette étude).

Alors que les accises appliquées aux boissons alcooliques et aux huiles minérales sont presque exclusivement des droits ad quantum, dans la plupart des pays, les accises qui frappent les produits du tabac comprennent des éléments ad quantum et des éléments ad valorem.

Le Tableau d’annexe 3.A.4 et le Tableau d’annexe 3.A.4 illustrent la forte disparité des taux d’imposition appliqués par les différents pays de l’OCDE. Des écarts peuvent aussi être observés au sein d’une même juridiction lorsque les accises peuvent être perçues à l’échelon infranational ; c’est par exemple le cas aux États-Unis, où les droits d’accise locaux sur les cigarettes (qui s’ajoutent aux droits fédéraux) sont compris entre 0.17 USD par paquet de 20 cigarettes dans le Missouri et 0.37 USD en Géorgie, et 4.50 USD dans le District de Columbia et 4.35 USD dans le Connecticut (Federation of Tax Administrators, 2022[5]).

À noter que les taux ou montants de chaque taxe (accise ad valorem ou ad quantum, TVA ou autres droits) par type de produit du tabac tels qu’ils figurent dans le Tableau d’annexe 3.A.4 ne permettent pas à eux seuls d’évaluer l’intégralité de la charge fiscale qui pèse sur ces produits. Les accises ad valorem peuvent être calculées sur différentes bases (prix à la production, prix à l’importation, prix de détail). Lorsque la structure des accises est mixte (l’accise comportant une composante ad valorem et une composante ad quantum), une taxe ad valorem élevée appliquée à une catégorie de produits peut être contrebalancée par une accise ad quantum faible (ou vice versa). Il faut en outre évaluer l’effet cumulé de la TVA et des droits d’accise. Le calcul de la charge fiscale totale (CFT) pour le consommateur final en pourcentage du prix de vente au détail (PVD) d’un produit donné fournit une idée plus précise des niveaux d’imposition relatifs. Pour l’illustrer, le Tableau d’annexe 3.A.5 présente, pour les pays de l’OCDE, la charge fiscale totale (accise ad quantum + accise ad valorem + TVA) qui pèse sur les cigarettes en pourcentage du prix de vente au détail (PVD) d’un paquet de 20 cigarettes d'après des données issues de la base de données de l’OMS (OMS, 2021[6]). Ce tableau montre que cette charge est très variable d’un pays à l’autre, puisqu’elle varie de 39.97 % du PVD aux États-Unis (moyenne nationale des taxes fédérales et locales) et 54.96 % en Islande à 88.23 % en Finlande et 87.64 % en Estonie. La charge fiscale est supérieure à 60 % du PVD dans tous les pays de l’OCDE sauf en Islande et aux États-Unis. Elle dépasse 75 % du PVD (comme recommandé par l’OMS) dans 21 pays (Belgique, Chili, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Irlande, Israël, Italie, Lettonie, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Pologne, Portugal, Royaume-Uni, République slovaque, Slovénie, République tchèque et Türkiye). Les chiffres fournis par l’OMS se rapportent à la marque la plus vendue dans le pays. En revanche, dans l’Union européenne le calcul des taux repose plutôt sur le prix moyen pondéré de toutes les marques vendues sur le marché (depuis 2011). Le Tableau d’annexe 3.A.4 met également en évidence d’importantes différences de prix hors taxes, les prix variant en fonction de la structure du marché, du lieu géographique (en particulier en fonction de la possibilité ou non d’achats transfrontaliers) et de la structure des taxes applicables.

Comme le montre le Tableau d’annexe 3.A.6, pratiquement tous les pays de l’OCDE taxent moins lourdement le fioul domestique que les carburants automobiles, y compris le carburant diesel, qui, techniquement, est le même produit. Dans l’Union européenne, la directive sur la taxation de l'énergie fixe un taux minimum applicable au fioul domestique (0.021 EUR par litre) qui est bien inférieur à celui applicable aux carburants automobiles (0.3 EUR par litre de diesel). Israël est le seul pays qui applique le même taux d'accise au fioul domestique et au carburant diesel. Les Pays-Bas appliquent un taux d’accise plus élevé au fioul domestique qu'au carburant diesel (voir le Tableau d’annexe 3.A.5).

Les écarts importants entre les taux d'accise se retrouvent dans l’hétérogénéité des prix à la consommation du fioul domestique dans la zone OCDE, ce prix allant de 1.070 USD/litre en Lituanie et 1.075 USD par litre en Belgique à 1.958 USD par litre au Danemark et 1.855 USD/litre en Israël au premier trimestre 2022.

Le fioul domestique est soumis à la TVA au taux normal dans tous les pays de l’OCDE sauf en Irlande, au Luxembourg et au Royaume-Uni (en revanche, aucun pays de l’OCDE n'applique un taux de TVA réduit au carburant diesel ou à l’essence).

Quatre pays de l’OCDE (Hongrie, Pays-Bas, Pologne et Slovénie) ont indiqué avoir transitoirement réduit le taux d’accise appliqué au fioul domestique courant 2022 pour contrer la hausse des prix de l’énergie (voir les notes pays relatifs au Tableau d’annexe 3.A.6).

Références

[3] Colin Angus, J. (2019), « Comparing alcohol taxation throughout the European Union », Addiction notes.

[5] Federation of Tax Administrators (2022), State excise tax rates on cigarettes.

[1] Keen, M. (1998), « The Balance between Specific and Ad Valorem Taxation », Fiscal Studies, vol. 19/1, pp. 1-37, https://doi.org/10.1111/j.1475-5890.1998.tb00274.x.

[4] OMS (2021), Manuel technique de l’OMS sur la politique et l’administration des taxes prélevées sur le tabac, Organisation mondiale de la Santé, Genève.

[6] OMS (2021), WHO report on the global tobacco epidemic 2021 web annex IX, Organisation mondiale de la Santé, https://apps.who.int/iris/handle/10665/343468.

[2] OMS (2010), Stratégie mondiale visant à réduire l’usage nocif de l’alcool, Organisation mondiale de la Santé.

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