Avant-propos

L’azote est l’un des éléments les plus importants pour la vie sur terre. Il est indispensable à l’ADN, l’ARN et la photosynthèse, de même qu’aux acides aminés, éléments constitutifs fondamentaux des protéines. Il est également essentiel à la croissance des végétaux, y compris des plantes cultivées dont dépend l’alimentation humaine et animale. La moitié environ de la population de la planète est tributaire des engrais azotés pour se nourrir, ce qui fait de l’azote l’un des piliers de la sécurité alimentaire mondiale.

Depuis le début du XXe siècle, les apports d’origine humaine d’azote réactif dans l’environnement ont doublé. Le recours aux engrais contenant de l’azote et la production de cultures qui le fixent se sont rapidement développés en réponse aux besoins alimentaires de la population mondiale en expansion. L’azote a aussi de nombreux usages industriels, et il est rejeté dans l’atmosphère par la combustion d’énergies fossiles.

Si l’insuffisance de ses apports est un frein pour la productivité agricole et industrielle, l’utilisation excessive d’azote a des effets complexes et lourds de conséquences – mais souvent ignorés. Elle fait peser des risques sur la santé humaine et l’environnement et peut compromettre les efforts visant à atteindre un certain nombre d’Objectifs de développement durable, dont ceux relatifs à la biodiversité et au climat. Une fois dans l’environnement, l’azote change facilement de forme chimique et se déplace entre l’air, le sol, l’eau et les écosystèmes, causant au passage une cascade d’effets dommageables. La résilience des écosystèmes soumis à des excédents d’azote n’est pas encore pleinement comprise, et il en va de même des effets des charges d’azote sur différents services écosystémiques, ce qui souligne la nécessité d’une surveillance et d’une gestion plus rigoureuses.

Ce rapport, Accélération anthropique du cycle de l’azote : gérer les risques et l’incertitude, a été produit par l’OCDE en collaboration avec l’Équipe spéciale de l’azote réactif (TFRN) de la CEE ONU. Il propose un cadre d’action pour répondre aux enjeux environnementaux et sanitaires de l’azote. Afin de gérer les risques connus de l’azote et les incertitudes liées à sa présence en trop grande quantité dans l’environnement, il prône une démarche en trois volets : (i) analyser les chemins suivis par l’azote afin de mieux gérer les risques environnementaux ; (ii) prendre en compte les émissions d’hémioxyde d’azote dans les politiques de lutte contre le changement climatique ; et (iii) surveiller et gérer l’azote résiduel en mesurant l’effet des mesures précédentes sur le bilan azote national. Le rapport donne des orientations pour mettre en œuvre ces trois volets et veiller à la nécessaire cohérence entre les politiques sectorielles et environnementales.

Je suis fier que l’OCDE collabore étroitement avec la communauté scientifique pour contribuer à informer les concepteurs de l’action publique, les gouvernements, les entreprises et la société civile qu’il est important de gérer les effets de l’activité humaine sur le cycle de l’azote et de promouvoir, en la matière, des politiques meilleures pour une vie meilleure.

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Angel Gurria

Secrétaire général

OCDE

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