1. Contexte de la jeunesse au Maroc

Définir la jeunesse est une condition préalable à l’analyse de la participation et de la représentation des jeunes dans la vie sociale et politique d’un État. Fonder cette définition sur un intervalle entre deux âges, comme le font la plupart des pays membres de l’OCDE1 et de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (ci-après, MENA), permet de déterminer de manière générale et abstraite les bénéficiaires de la politique publique et ainsi de mieux choisir, évaluer et adapter les actions qui leur sont destinées.

Il convient d’observer qu’il n’existe pas de définition internationale généralement admise sur le début et la fin de la jeunesse. Au Maroc, comme au Liban et en Tunisie, la catégorie de « la jeunesse » recouvre généralement la période d’âge comprise entre 15 et 29 ans. Cette définition est utilisée par le Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports (MCJS) marocain depuis la première Consultation Nationale des Jeunes en 2001, et a été adoptée dans le rapport « Promouvoir les Opportunités et la Participation des Jeunes » réalisé en 2009-20102. Elle est largement acceptée par les jeunes marocains eux-mêmes et se rapproche de la définition retenue par les Nations Unies qui inclut les personnes de 15 à 24 ans3 (Assemblée Générale des Nations Unies, 1981[1]). Au contraire, certaines définitions, comme celle de la Charte Africaine de la Jeunesse qui définit la jeunesse comme la tranche d’âge des 15-35 ans, sont moins restrictives et cherchent à tenir compte de l’allongement de l’acquisition de l’indépendance caractérisant aujourd’hui l’âge adulte4 (Assemblée Générale des Nations Unies, 2006[2]). En adoptant des limites larges à la jeunesse, la Charte précitée présente une approche plus inclusive qui est aussi réclamée par certains représentants de la jeunesse marocaine5.

L’OCDE n’a pas, de son côté, adopté une définition unique de la jeunesse. Ses États membres n’ont pas non plus une pratique homogène dans ce domaine, comme cela est présenté dans l’Encadré 1.1 et le Tableau 1.1. De nombreux pays emploient des critères différents de classification selon les diverses politiques publiques.

L’absence de définition générale de la jeunesse au Maroc au niveau national - comme dans de nombreux autres pays - pose néanmoins des difficultés. En effet, une définition générale consacre un groupe en tant que réalité concrète et reconnue. Elle facilite l’instauration de politiques publiques précisément conçues et appliquées pour lui, comme l’octroi de droits spécifiques et le bénéfice de mesures de protection particulières.

Une définition qui n’adopterait qu’un seul critère pourrait s’avérer trop restrictive pour traiter réellement la question. Ainsi, fonder la politique en faveur de la jeunesse uniquement sur l’âge en excluant d’autres critères comme le milieu social, l’état de santé physique ou mentale ou des besoins particuliers liés à la situation familiale, serait susceptible de manquer partiellement son objectif. Dès lors, il apparaît parfois nécessaire de combiner différents critères, tels que l’âge, le sexe, le niveau d’études et l’insertion sociale pour répondre aux besoins de la jeunesse dans toute sa diversité. En adoptant cette approche, les pouvoirs publics tendent à instaurer une politique de la jeunesse fluide s’adaptant à la diversité des enjeux et difficultés de celle-ci.

La gouvernance est l'exercice de l'autorité politique, économique et administrative nécessaire pour gérer les affaires d'une nation (OCDE, 2006[3]) Ce rapport examine la manière dont elle est mise en œuvre dans le cadre de la politique publique de la jeunesse au Maroc. Il tend à proposer des améliorations à sa conception et sa mise en œuvre, fondées sur des données probantes, pour permettre aux politiques publiques de devenir plus innovantes et efficaces face aux défis économiques et sociaux, et ce dans le respect des attentes des jeunes et des engagements des pouvoirs publics.

« La politique de la jeunesse » est constituée de l'ensemble des objectifs et des moyens que les pouvoirs publics déterminent pour prendre en compte, dans tous les niveaux et domaines, la situation, les besoins et les attentes d’un groupe d’individus qu’ils ont déterminé comme étant des jeunes. Tout en étant à visée générale, cette politique reconnaît que la jeunesse ne constitue pas un groupe homogène et qu’elle renferme des sous-catégories susceptibles d’avoir des besoins et traitements spécifiques. Elle nécessite d’instaurer des objectifs à travers une stratégie la plus large et claire possible, dans un cadre temporel précis. Elle requiert également la mise en place de moyens matériels et de ressources humaines permettant d’atteindre les objectifs prédéterminés. Enfin, elle demande des moyens d’évaluation appropriés, déterminés dès sa conception (OCDE, 2015[4]). La politique de la jeunesse relève principalement de la responsabilité des pouvoirs publics, agissant tant au niveau national qu’infranational. Cependant, son étendue et sa grande diversité font également intervenir des acteurs non-gouvernementaux tels que les associations ainsi que les acteurs scolaires et universitaires, susceptibles, selon les contextes nationaux, d’assurer des rôles très importants.

Cette politique contribue au développement des jeunes et à la réalisation de leur plein potentiel. Elle encourage la participation libre et effective des jeunes, femmes et hommes, dans le développement politique, économique, social et culturel de la nation aux niveaux national et local.

La politique de la jeunesse est une politique catégorielle qui concerne un groupe de personnes déterminées : les jeunes. Elle comporte également des éléments de politiques sectorielles, c’est-à-dire établies par secteur d’activité, par exemple pour le logement des jeunes ou contre le décrochage scolaire. Pour plus d’efficacité, et afin de tenter de répondre au mieux à la diversité des besoins des jeunes, la politique publique en faveur de la jeunesse est transversale dans un certain nombre de pays membres de l’OCDE.

Les politiques transversales sont celles qui croisent ou concernent les secteurs et les catégories, par exemple la politique de la pauvreté et contre la discrimination. L’instauration de politiques transversales de la jeunesse se justifie car celles-ci semblent plus à même que les politiques catégorielles – celles établies par catégorie de personnes - et sectorielles – celles établies par secteur d’activités - d’apporter une réponse efficace aux besoins des jeunes. Pour être efficaces, ces politiques transversales doivent identifier et prioriser les besoins et objectifs, tant les plus stratégiques que ceux de proximité aux niveaux régional ou national et mobiliser des moyens appropriés de mise en œuvre, d’évaluation et de correction.

La transversalité des politiques de jeunesse requiert l’intervention d’un nombre significatif d’acteurs d’origine et de statut divers (État, collectivités locales, établissements publics, sociétés privées, écoles, entreprises sociales, associations, représentants de la société civile). Cela pose la question de la cohérence et de l’efficience des objectifs et des interventions et requiert d’instaurer des mécanismes assurant celles-ci.

L’atteinte de ces objectifs passe par la mise en place d’une structure, dotée de moyens de coordination et parfois de décision. Ce Centre de Responsabilité assure la conduite et la coordination nécessaires. Il pourrait être un Ministère, un comité interministériel, ou un délégué (plus d’informations au Chapitre 3).

Les politiques transversales ne garantissent pas la planification et la coordination suffisantes de l’action publique. Il faut donc les insérer dans une stratégie (ou politique) nationale intégrée de la jeunesse. Celle-ci place les jeunes au cœur des politiques publiques et constitue un document de référence orientant l’intervention et les efforts de l’ensemble des acteurs pendant une période donnée. Dans une approche pluridisciplinaire et systématique, elle détermine, de manière pluriannuelle, des domaines d’action prioritaires et des objectifs d’amélioration.

Les jeunes d'aujourd'hui bénéficient d'un accès sans précédent à l'information, à l'éducation et à la technologie. Cependant, les répercussions de la crise financière mondiale de 2008, la pandémie du COVID-19 et les transformations mondiales telles que le vieillissement de la population, la numérisation et les inégalités croissantes ont créé des incertitudes quant aux fondements de leur bien-être et de celui des générations futures (OCDE, 2020[5]).

En 2018, la population marocaine approchait 36 millions de personnes, soit environ trois fois celle estimée en 1960 (Banque Mondiale, s.d.[6]). Aujourd’hui, elle se caractérise par une forte proportion de jeunes. En effet, près de 43 % de la population a moins de 25 ans, et 15,8% de celle-ci a entre 15 et 24 ans (Nations Unies, 2019[7]). Le Graphique 1.1 présente la pyramide des âges au Maroc pour 2020 ainsi que la projection pour 2030. Cette dernière montre que d’ici 2030, la part des 15-24 ans dans la population va augmenter et représentera l’un des principaux groupes d’âges dans le pays.

L’importance démographique des jeunes au Maroc est source d’opportunités et de défis, notamment en ce qui concerne l’éducation et l’intégration dans la vie économique et sociale. Elle constitue un atout considérable puisque la jeunesse est en mesure de fournir à l’économie une force de travail majeure au sommet de sa capacité productive. Par ailleurs, le taux de fécondité des femmes marocaines s’est stabilisé à environ 2,5 enfants par femme au cours des vingt dernières années (Banque Mondiale, 2017[8]) (contre 5,7 en 1980). Ces deux phénomènes concourent à réduire le taux de dépendance économique6 du Maroc– qui est passé de 91 % en 1960 à 52 % en 2018 (Banque Mondiale, s.d.[9]) - et donc à favoriser le développement du pays.

Pour s’assurer que les jeunes puissent contribuer pleinement à la vie économique et sociale, il est nécessaire de mettre en œuvre des mesures et politiques publiques adaptées dans les domaines fondamentaux (éducation, emploi, santé).

Le Maroc a réalisé des changements structurels en matière d’accès à l’éducation. Les jeunes femmes et hommes sont aujourd’hui plus instruits que leurs aînés. Selon l’Enquête « Ménages et Jeunesse Marocaine » menée entre 2009 et 2010 pour une étude de la Banque Mondiale7, les jeunes âgés de 15 à 21 ans semblent avoir fréquenté l’école plus longtemps que ceux appartenant à la tranche d’âge de 22 à 29 ans. Cette amélioration récente concernerait aussi bien les hommes que les femmes et les zones urbaines et rurales. À titre d’exemple, au moment de l’enquête, la part de femmes rurales âgées de 22 à 29 ans et scolarisées n’était que de 40 % alors que celle des 15-21 ans atteignait 73 % (Banque Mondiale, 2012[10]).

Si l’accès à l’éducation et à l’instruction de qualité accroît l’autonomie des jeunes (OCDE, 2020[5]) , plusieurs autres difficultés rencontrées par les jeunes freinent leur autonomisation, à commencer par le chômage de longue durée. La jeunesse marocaine a été en effet en grande partie exclue de la croissance économique durant la dernière décennie. Alors que le taux de chômage global de la population active du pays n’a pas dépassé 11 % depuis 2006 (9,2 % en 2019) (Haut-Commissariat au Plan, 2019[11]) le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans a augmenté sur la même période. Après une baisse radicale du taux de chômage de ce groupe de 37 % à 15 % entre 1995 et 2006, celui-ci a de nouveau dépassé 20 % en 2015. Il était avant le début de la pandémie du COVID-19 en 2019 de 24,9% (Haut-Commissariat au Plan, 2019[11]),en baisse par rapport à 2018 (25,6 %) (Haut-Commissariat au Plan, 2020[12]).

Alors que les jeunes sont aujourd’hui plus instruits que dans le passé au Maroc, le taux de chômage élevé chez les jeunes marocains et marocaines en âge de travailler témoigne ainsi d’une inadéquation entre les compétences acquises par la main d’œuvre disponible au cours de son éducation et les attentes du marché du travail.

Les jeunes sont également particulièrement affectés par le caractère informel de l’économie marocaine. Selon une étude du HCP et de la Banque Mondiale de 2017 (Haut Commissariat au Plan et Banque Mondiale, 2017[13]), 94 % des jeunes entre 15 et 24 ans travaillent dans le secteur informel, qui contribuait en 2016 à 11,5 % du PIB national (Haut-Commissariat au Plan, 2016[14]). De plus, alors que l’emploi informel diminue avec l’augmentation du niveau d’éducation, un tiers des jeunes titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur y occupait en 2011 un emploi (Banque Mondiale, 2012[15]).

Ces difficultés économiques et sociales et l’absence de structures de soutien à leur participation dans la société freinent l’autonomisation des jeunes et les conduisent à une certaine marginalisation. Aujourd’hui, le nombre de jeunes ni étudiants, ni employés, ni en formation (NEET) est très élevé au Maroc. Selon une enquête nationale sur l’emploi du Ministère marocain de l’Emploi et des Affaires Sociales, 28 % des jeunes de 15 à 24 ans étaient dans cette situation en 2015, avec un taux particulièrement élevé parmi les femmes (45,11 % des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans sont des NEET, contre seulement 11,4% des hommes du même âge) (Ministère de l’Emploi et des Affaires Sociales, 2016[16]).

De plus, les difficultés rencontrées par les jeunes dans leur recherche d’emploi a également un impact sur leur volonté de rester dans leur pays., Selon l’Arab Youth Survey 2020, 46% des jeunes marocains (ASDAA BCW, 2020[17]) souhaiteraient émigrer ou prévoiraient de le faire, pour la majorité en raison d’absence d’opportunités et de perspectives dans leur pays. Ils seraient plus nombreux encore parmi les jeunes avec un haut niveau d’étude.

Au Maroc comme dans les pays membres de l’OCDE, les jeunes femmes et hommes restent souvent exclus de la sphère politique en raison de leur âge et du manque de ressources, réseaux et expérience nécessaires pour se lancer en politique. Les stéréotypes continuent de façonner la perception affectant de nombreux jeunes candidats et même les titulaires de charges publiques : ils apparaissent comme trop jeunes pour se présenter et gouverner.

Il convient néanmoins de mentionner une réforme législative favorable à la représentation des jeunes au sein du Parlement marocain. Désormais, la loi prévoit que 30 sièges des 395 sièges de la Chambre des Représentants, chambre basse du Parlement, soient réservés aux jeunes de moins de 40 ans. Cette disposition a contribué à l’élection de 57 députés et députées de moins de 40 ans (Union Interparlementaire Maroc, 2019[18]) (soit 14,73 % des députés), dont six avaient moins de 30 ans (soit 1,55 % des parlementaires) lors des élections législatives de 2016. À titre de comparaison, à l’échelon mondial, 2,2 % des parlementaires avaient moins de 30 ans en 2018, contre 1,9 % en 2016, et 15,5 % avaient moins de 40 ans (Union Interparlementaire, 2018[19]). Au sein des pays membres de l’OCDE, 22% des parlementaires avaient moins de 40 ans en 2020 (OCDE, 2020[5]). Quant au gouvernement marocain, il ne compte après le remaniement ministériel d’octobre 2019 qu’un seul ministre de moins de 40 ans8. Si la moyenne d’âge du cabinet reste élevée (la majorité des ministres a entre 50 et 60 ans), il est cependant à noter que plusieurs ministres âgés de moins de 45 ans ont fait leur entrée au gouvernement (Aujourd’hui le Maroc, 2019[20]). C’est notamment le cas du Ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports nommé en avril 2020 à l’âge de 41 ans. En plus de la sous-représentation dans les institutions politiques, les jeunes marocains ont moins confiance dans la politique que leurs parents, ce qui limite grandement leur volonté de s’engager dans l’élaboration des politiques publiques de leur pays. Au Maroc, seulement 17 % des 18-29 ans ont confiance dans le gouvernement. Ce pourcentage paraît faible par rapport à la confiance exprimée par la population dans son ensemble : malgré un taux largement en baisse ces dernières années9, 29 % des marocains et marocaines font confiance à leur gouvernement. L’écart se creuse davantage avec l’âge : ainsi, 53 % des personnes de plus de 60 ans déclarent avoir confiance dans le gouvernement (Arab Barometer, 2019[21])De la même façon, seul 13 % des 18-29 ans font confiance au Parlement et 18 % aux partis politiques (Arab Barometer, 2019[21]). La crise de confiance dans les institutions politiques, qui affecte particulièrement les jeunes, a différentes explications. La corruption demeure une inquiétude majeure parmi les citoyens et en particulier les plus jeunes. 81 % des 18-29 ans considèrent ainsi que la corruption est toujours présente dans l’appareil d’État dans une large mesure ; 71 % de la population en général et 49 % des plus de 60 ans ont la même opinion (Arab Barometer, 2019[21]). Sont également citées comme raisons du manque de confiance dans les institutions politiques l’instabilité économique et le chômage important des jeunes. Plus généralement, les jeunes marocains semblent aujourd’hui peu intéressés par la politique. Selon une enquête réalisée en 2017 (Zerhouni, 2017[22]), seulement 42 % des jeunes de 18-29 ans des deux sexes déclarent être « très intéressés » ou « plutôt intéressés » par la politique. Les jeunes hommes semblent également se sentir plus concernés que les jeunes femmes. 52 % des jeunes hommes interrogés ont répondu être plutôt ou très intéressés par la politique, contre 33 % des jeunes femmes. À titre de comparaison, dans les pays membres de l'OCDE, un jeune sur quatre âgé de 15 à 29 ans en moyenne se déclare « pas du tout intéressé » par la politique, contre une personne sur cinq de la population totale (OCDE, 2019[23]). Une autre enquête du Haut-Commissariat au Plan de 2011 montre que seulement 1 % des jeunes marocains et marocaines étaient à l’époque membres d’un parti politique et que 4 % assistaient à des réunions politiques ou syndicales (Haut-Commissariat au Plan, 2011[24]).

Bien que les informations concernant spécifiquement l’abstention parmi les jeunes aux élections marocaines ne soient pas disponibles, le taux d’abstention de la population générale semblerait indiquer une faible participation également chez les jeunes. Ainsi, la participation aux élections communales de 2015 et aux élections parlementaires de 2016 n’étaient respectivement que de 53,6% et de 45 %10. Au-delà du manque de confiance dans le système politique actuel, d’autres éléments expliquent la crise d’engagement institutionnel des jeunes au Maroc. Selon l’enquête réalisée par le Centre Marocain de la Jeunesse et des Transitions Démocratiques et le Centre marocain pour l’éducation civique, la faible participation politique des jeunes dans le cadre traditionnel a des origines diverses. Parmi celles-ci figurent l’absence d’une couverture médiatique qui encourage l’engagement des jeunes, le manque de programmes leur étant spécifiquement dédiés, le vieillissement des acteurs politiques et la vision négative que les jeunes ont des élus marocains. Ces obstacles persistent malgré les progrès réalisés à la suite de l’adoption de la Constitution de 2011 (OCDE, 2018[25]), qui institutionnalise le besoin d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques publiques visant spécifiquement les jeunes et créant un environnement favorable à leur pleine participation dans la vie de la société.

La transition vers l’âge adulte demeure difficile pour une grande partie de la jeunesse marocaine. Les jeunes interrogés lors de groupes de discussions organisés par la Banque Mondiale (OCDE, 2018[25]) ont souligné le manque d’information et d’orientation général sur les choix éducatifs et professionnels comme l’un des principaux obstacles identifiés à leur intégration dans le monde du travail. De nombreux jeunes participants instruits et sans emploi ont déclaré détenir un diplôme inadapté à la réalité du marché. La même constatation a été formulée par les travailleurs du secteur informel, ayant pour nombre d’entre eux fait le choix de leur premier diplôme à partir de conseils d’amis. Ce manque d’information, conjugué à un ensemble de déterminants sociaux influençant les choix professionnels des jeunes (origine et situation socio-économiques, perspectives de revenus, diplôme des parents, opinion de la famille, etc.) contribuent largement à orienter, et souvent à limiter, les choix de carrière des jeunes.

Au cours de ces mêmes discussions, la plupart des participants a estimé que les connexions sociales et personnelles étaient une condition essentielle pour obtenir un emploi. Selon eux, ces liens ou recommandations ne résultent pas de l’éducation mais des réseaux de connaissances, généralement établis par la famille et dépendant du milieu socio-économique. L'opinion dominante parmi les participants était que la classe sociale et la puissance du réseau familial restaient beaucoup plus importantes que les qualifications scolaires dans l'accès à l'emploi (OCDE, 2018[25]). L’accès limité à l’emploi, l’exclusion des réseaux de connaissances influents et l’isolement politique sont des facteurs déterminants d’une certaine marginalisation de la jeunesse, qui peut conduire dans certains cas à des comportements violents pour obtenir des changements politiques, sociaux, voire idéologique dans certains cas. Cependant, le manque de données rend difficile la compréhension des motivations, perceptions et comportements « de ceux qui occupent une position d’écart face aux normes sociales et juridiques centrales de la société » (Rabat Social Studies Institute, 2017[26]).

Les jeunes vivant en zone rurale courent un risque disproportionné de grandir dans la pauvreté et d'être confrontés à l'exclusion sociale. Des études montrent que les politiques actuelles en faveur de la jeunesse dans la région n'accordent pas suffisamment d'attention aux besoins spécifiques des jeunes ruraux (Kabbani, 2019[27]). Lorsque les États manquent de capacités institutionnelles pour fournir des services aux jeunes en dehors de la capitale, les jeunes ruraux, déjà confrontés à des possibilités économiques limitées, ne peuvent de plus pas accéder au soutien dont ils ont besoin. Ce manque de capacités institutionnelles peut avoir un impact négatif sur les opportunités des jeunes dans les régions rurales (Kabbani, 2019[27]). En outre, les communautés rurales sont confrontées à des conditions difficiles sur le marché du travail. Cela est dû notamment au faible taux de propriété foncière, au manque d'accès au crédit et au faible niveau d'éducation. La qualité des emplois et les droits des travailleurs sont également limités, les jeunes étant souvent obligés d'accepter des emplois à faible productivité faute d’opportunités (Banque Mondiale, 2008[28]). Enfin, l'exclusion des jeunes ruraux comporte un aspect sexospécifique, car les jeunes hommes des pays de la région MENA sont plus susceptibles d'émigrer vers les zones urbaines que les jeunes femmes, ce qui accentue la division entre les deux groupes en termes de niveau d'éducation et d'emploi.

Concernant les jeunes femmes marocaines dans leur ensemble, des progrès significatifs ont été effectués au cours des dernières décennies en faveur d’une plus grande égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes. La Constitution de 2011 garantit aux femmes des libertés civiles importantes et leur permet de participer à la vie publique. La réforme du Code de la Famille (« Moudawana ») en 2004 a notamment procédé à des avancées significatives en matière de libertés individuelles et de droits civils des femmes comme, par exemple, la levée de la tutelle sur elles, l’égalité entre les femmes et les hommes concernant la demande de divorce, la coresponsabilité dans la famille, et le partage des biens acquis pendant le mariage. De plus, la mise en place d’un quota légal de 60 sièges pour les femmes au sein de la Chambre des Représentants en 2011 a conduit à l’élection de 21 % de parlementaires femmes (soit 81 femmes sur 395 députés au total) lors des élections législatives de 2016. Au niveau infranational, la mise en place en 2015 de sièges réservés aux femmes sur les listes de candidatures aux élections régionales et locales dans le cadre du processus de régionalisation avancée11 a permis de réels progrès en matière de représentation des femmes. Lors des élections communales de 2015, 21,18% des 31 482 sièges à pourvoir au niveau des 1503 conseils communaux (soit 6 673 sièges) sont revenus à des femmes - ce taux représente presque le double du taux de femmes élues aux élections communales de 2009, qui était de 12,34% (Ministère de l’Intérieur, s.d.[29]). Les élections régionales qui ont eu lieu la même année ont quant à elles vu l’élection de 254 femmes au sein des conseils régionaux, soit 37,61% de l’ensemble des conseillers régionaux du pays (Ministère de l’Intérieur, s.d.[29]).

Cependant, la représentation des femmes dans la vie politique au Maroc en général, et des jeunes femmes en particulier, reste relativement faible. Les femmes marocaines sont souvent limitées dans leur capacité à exercer leurs droits en tant qu'électrices et candidates en raison des obstacles sociaux, économiques et politiques. Le manque d'accès à l'information et aux ressources a aussi un impact direct sur leurs capacités à le faire, tout comme les normes sociales et les pressions familiales.

Par ailleurs, le taux d'analphabétisme reste élevé chez les femmes (environ 38 % des femmes marocaines étaient analphabètes en 2015), en particulier dans les zones rurales. Il convient toutefois de noter que ce taux est beaucoup plus faible parmi les femmes âgées de 15 à 24 ans, et était de 6,5 % en 2015 (OCDE, 2018[25]). L’accès au monde du travail reste complexe pour les femmes. Fin 2019, le taux de femmes au chômage était de 13,5% (Haut-Commissariat au Plan, 2019[11]). De même, 22,8 % des femmes âgées de 15 à 24 ans étaient au chômage en 2018 alors que les jeunes marocaines représentent 47 % de l'enseignement supérieur. Enfin, dans le secteur public, elles ne représentent que 16 % des cadres moyens et 11 % des cadres supérieurs.

Les jeunes marocaines et marocains sont confrontés à de nombreux défis tout au long de leur transition vers l’âge adulte, depuis leur scolarité jusqu’à leur entrée sur le marché de l’emploi, ce qui affecte considérablement leur présent et leur avenir. Les jeunes font de plus face à des difficultés dans leur accès aux services publics, en particulier dans les régions les plus éloignées des grands centres urbains.

Au cours des dernières années, le gouvernement marocain a mis en place plusieurs mesures pour répondre aux principaux défis rencontrés par les jeunes. Des efforts ont notamment été engagés en faveur d’une meilleure inclusion des jeunes ruraux à travers la réhabilitation des maisons de jeunes dans tout le pays. Parallèlement à la construction d’infrastructures dans les régions rurales, des dispositifs itinérants tels que des bibliothèques mobiles sont par ailleurs développés dans le but de rapprocher les services publics des citoyens dans les zones les plus isolées. Par ailleurs, les dépenses publiques dédiées à la petite enfance ont été renforcées afin de faciliter l’accès des jeunes femmes au marché du travail.

Alors que les prévisions du HCP anticipent une augmentation significative du chômage des jeunes, déjà très important auparavant (passant de 26,7% à 32,3% entre le troisième trimestre 2019 et le troisième trimestre 2020 (Haut-Commissariat au Plan, 2020[30]) dans le contexte de la pandémie du COVID-19, le gouvernement met actuellement en place des mesures pour soutenir l’emploi des jeunes. La loi de Finances 2021 prévoit ainsi des incitations fiscales pour les entreprises qui recrutent des jeunes en contrat à durée indéterminée (CDI) et dont il s’agit du premier emploi, sous la forme d’une exonération de l’impôt sur les salaires pendant deux ans si les jeunes employés sont âgés de moins de 30 ans (Royaume du Maroc, 2020[31]).

Plus largement, les jeunes soulignent également leur isolement dans le cadre de l’élaboration, mise en œuvre et suivi des services publics et donc le manque d’adéquation de ces derniers avec leurs divers besoins et priorités. Pour faire face à cette situation, le gouvernement doit œuvrer pour développer des opportunités d’implication des jeunes dans les institutions et plus généralement dans la vie publique. Il doit également s’assurer que les jeunes puissent avoir connaissance de ces opportunités d’inclusion dans le cycle des politiques publiques. La participation des jeunes dans la société apparaît d’autant plus essentielle alors qu’ils ont un rôle clé à jouer dans la construction du futur des sociétés ainsi que dans leur résilience. Comme le montre une étude réalisée par l’OCDE (OCDE, 2020[32]) les jeunes sont en effet les plus affectés par les conséquences socio-économiques de la crise sanitaire du COVID-19 qui touche le monde depuis décembre 2019, et continueront à l’être sur le long-terme. C’est particulièrement le cas au Maroc où la majorité des jeunes actifs travaillent dans le secteur informel (94% des jeunes entre 15 et 24 ans selon une étude de 2017 déjà mentionnée auparavant), lequel est particulièrement touché par la crise. Les jeunes sont également parmi les plus actifs dans les réponses mises en place par les pays pour faire face à la crise en tant que personnel en première ligne mais aussi en tant que force de propositions volontaires et innovantes pour limiter l’impact de la crise et préparer la relance des pays dans leurs rôles de chercheurs, de militants, d'innovateurs ou encore de communicateurs. Ainsi, les décideurs politiques doivent dès à présent assurer la prise en compte de la voix des jeunes dans la préparation des sociétés d’« après- crise » et prendre les mesures adaptées afin de préparer et de mettre en place une relance inclusive des sociétés.

Références

[21] Arab Barometer (2019), Arab Barometer V – Morocco Country Report 2019, Arab Barometer.

[17] ASDAA BCW (2020), Arab Youth Survey, ASDAA BCW.

[2] Assemblée Générale des Nations Unies (2006), Charte Africaine de la Jeunesse.

[1] Assemblée Générale des Nations Unies (1981), Année Internationale de la Jeunesse : Participation, Développement, Paix, ONU.

[20] Aujourd’hui le Maroc (2019), « L’équipe nommée est plus compacte : Une nouvelle architecture gouvernementale », Aujourd’hui le Maroc.

[8] Banque Mondiale (2017), Fertility rate, total (births per woman) - Morocco, Algeria, Tunisia, Egypt, Arab Rep., https://data.worldbank.org/indicator/SP.DYN.TFRT.IN?locations=MA-DZ-TN-EG (consulté le 19 mars 2021).

[10] Banque Mondiale (2012), Enquête-Ménages et Jeunesse marocaine effectuée pour les besoins de l’étude de la Banque Mondiale, https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/11909?locale-attribute=fr (consulté le 22 février 2021).

[15] Banque Mondiale (2012), Royaume du Maroc - Promouvoir les opportunités et la participation des jeunes., World Bank, Washington DC.

[28] Banque Mondiale (2008), « Social Development in MENA », Banque Mondiale, Washington.

[6] Banque Mondiale (s.d.), Population totale, Maroc.

[9] Banque Mondiale (s.d.), Ratio de la population inactive à la population active (% de la population en âge de travailler) – Morocco, https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SP.POP.DPND?locations=MA (consulté le 22 février 2021).

[13] Haut Commissariat au Plan et Banque Mondiale (2017), « Le marché du travail au Maroc : défis et opportunités ».

[30] Haut-Commissariat au Plan (2020), « Note d’information du Haut-Commissariat au Plan relative à la situation du marché du travail au troisième trimestre de 2020 », http://www.hcp.ma/La-situation-du-marche-du-travail-au-troisieme-trimestre-de-2020_a2619.html (consulté le 22 février 2021).

[12] Haut-Commissariat au Plan (2020), Principaux indicateurs du marché de travail relatifs à l’activité, à l’emploi et au chômage au titre l’année de 2018, Haut-Commissariat au Plan.

[11] Haut-Commissariat au Plan (2019), Note d’information du Haut-Commissariat au Plan relative à la situation du marché du travail en 2019, Haut-Commissariat au Plan.

[14] Haut-Commissariat au Plan (2016), Enquête Nationale sur le Secteur Informel, http://www.hcp.ma/rencontre-de-presentation-des-resultats-de-l-Enquete-Nationale-sur-le-Secteur-Informel-au-Maroc-12-10-2016-Rabat_r253.html. (consulté le 22 février 2021).

[24] Haut-Commissariat au Plan (2011), Enquête Nationale sur les Jeunes 2011 – Rapport de synthèse, Haut-Commissariat au Plan.

[27] Kabbani, N. (2019), Investing in Rural Youth in the Near East, North Africa, Europe and Central Asia Region.

[16] Ministère de l’Emploi et des Affaires Sociales (2016), Bilan Social 2015.

[29] Ministère de l’Intérieur (s.d.), « Base de données », http://www.pncl.gov.ma/fr/Pages/Statistiques.aspx (consulté le 22 février 2021).

[7] Nations Unies (2019), World Population Prospects 2019,, Nations Unies.

[5] OCDE (2020), Governance for Youth, Trust and Intergenerational Justice: Fit for All Generations?, OECD Public Governance Reviews, OECD Publishing, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/c3e5cb8a-en.

[32] OCDE (2020), Youth and COVID-19: Response, Recovery and Resilience, OCDE.

[23] OCDE (2019), Impliquer et autonomiser les jeunes dans les pays OCDE, https://www.oecd.org/fr/gov/impliquer-et-autonomiser-les-jeunes-dans-les-pays-ocde.pdf (consulté le 22 février 2021).

[25] OCDE (2018), Youth engagement and empowerment in Jordan, Morocco and Tunisia, OCDE, https://www.oecd.org/mena/governance/youth-engagement-and-empowerment-report.pdf (consulté le 22 février 2021).

[4] OCDE (2015), Le gouvernement ouvert au Maroc, Examens de l’OCDE sur la gouvernance publique, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264226722-fr.

[3] OCDE (2006), DAC Guidelines and Reference Series Applying Strategic Environmental Assessment: Good Practice Guidance for Development Co-operation, OCDE.

[26] Rabat Social Studies Institute (2017), Projet « Jeunes, Marginalités et Violences au Maroc ».

[31] Royaume du Maroc (2020), ), Dahir n° 1-20-90 du 1er joumada I 1442 (16 décembre 2020) portant promulgation de la loi de finances n° 65-20 pour l’année budgétaire 2021, http://www.sgg.gov.ma/Portals/0/BO/2020/BO_6944-bis_Fr.pdf?ver=2020-12-18-134113-393 (consulté le 22 février 2021).

[19] Union Interparlementaire (2018), La représentation des jeunes dans les parlements nationaux – 2018, https://www.ipu.org/fr/ressources/publications/rapports/2019-08/la-representation-des-jeunes-dans-les-parlements-nationaux-2018 (consulté le 24 février 2021).

[18] Union Interparlementaire Maroc (2019), « Maroc - Chambre des Représentants », https://data.ipu.org/content/morocco?chamber_id=13460 (consulté le 22 février 2021).

[22] Zerhouni, S. (2017), Explaining Youth Participation and Non-Participation in Morocco, Power2Youth, http://www.iai.it/sites/default/files/p2y_36.pdf. (consulté le 22 février 2021).

Notes

← 1. Au moment de la rédaction du rapport, la candidature du Costa Rica était en cours de discussion dans le cadre du processus d’adhésion à l’OCDE. Le Costa Rica n’est ainsi pas comptabilisé comme pays membre dans la présentation des résultats de l’enquête de l’OCDE sur la gouvernance de la jeunesse exposée dans ce rapport. Le Costa Rica est officiellement devenu le 38ème Membre de l’OCDE le 25 mai 2021.

← 2. D’après les réponses au questionnaire du Ministère de la Jeunesse et des Sports (désormais MCJS)

← 3. L’Organisation des Nations Unies – sans préjudice de toute autre définition proposée par les États Membres – considère que le jeune est une personne âgée de 15 à 24 ans. Cette définition, qui est tirée des travaux d’organisation de l'Année internationale de la jeunesse (1985) (voir A/36/215), a été officiellement approuvée par l'Assemblée générale de l’ONU dans sa résolution 36/28 de 1981. https://www.un.org/fr/sections/issues-depth/youth-0/index.html

← 4. Charte Africaine de la Jeunesse (2006) : « Jeune » Aux fins de la présente Charte, signifie toute personne âgée de 15 à 35 ans

← 5. D’après les réponses au questionnaire du Ministère de la Jeunesse et des Sports (désormais MCJS)

← 6. Le taux de dépendance économique est le rapport entre la population des jeunes et des personnes âgées (moins de 20 ans et 60 ans et plus) et la population en âge de travailler (20 à 59 ans). Il est défavorable lorsqu’il est supérieur à 100 (ou « fort »), c’est-à-dire lorsqu’il y a davantage de jeunes et seniors que de personnes en âge de travailler (Ministère de la cohésion des territoires, Observatoire des territoires).

← 7. L’enquête quantitative, Enquête sur les Ménages et les Jeunes au Maroc (EMJM) 2009-2010, a été effectuée spécialement pour les besoins de l’étude de la Banque Mondiale (2012) Royaume du Maroc -Promouvoir les opportunités et la participation des jeunes, https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/11909?locale-attribute=fr

← 8. Mohamed Amkraz, Ministre du Travail et de l’Insertion Professionnelle, été âgé de 34 ans à sa nomination en 2019.

← 9. En 2016, 43% de la population marocaine déclarait avoir confiance dans le gouvernement.

← 10. Chiffres officiels du Ministère de l’Intérieur

← 11. Loi organique n °34-15 modifiant et complétant la loi organique n°59-11 relative à l’élection des membres des conseils des collectivités territoriales, articles 77, 85, 127, 128, 128 bis et 134.

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