Résumé

Les nouvelles technologies numériques, et notamment les technologies de l’information et de la communication (TIC), l’intelligence artificielle et la robotique, sont en train de bouleverser nos modes de vie, de travail et d’apprentissage. La transformation numérique est de nature à renforcer considérablement la productivité et le bien-être. Elle peut permettre aux individus de mieux maîtriser ce qu’ils apprennent, où et quand ils travaillent et quelle sera leur contribution à la société, mais elle peut également favoriser le creusement des inégalités si certains groupes ou certaines régions sont laissés de côté. En s’attachant à renforcer les compétences de leurs populations, les pays peuvent faire en sorte que les nouvelles technologies se traduisent par de meilleurs résultats pour tous. Cela nécessite un programme d’action global et coordonné, sous-tendu par de solides politiques en faveur des compétences.

Un nombre croissant d’activités quotidiennes peut être effectué en ligne. Tout le monde n’a pas besoin de réaliser des tâches complexes et variées au moyen des nouvelles technologies, mais chacun devrait être capable d’acquérir les compétences nécessaires pour évoluer dans le monde numérique.

  • À mesure que la couverture du haut débit s’étend, le manque de compétences adéquates explique pour une large part pourquoi certains individus n’ont pas internet chez eux. Le recours à internet devenant de plus en plus fréquent, la fracture numérique – qui concernait au départ les inégalités d’accès à internet – se caractérise désormais de plus en plus par les capacités plus ou moins grandes à utiliser internet et les avantages que les individus peuvent tirer de leurs activités en ligne.

  • Un bon niveau de compétences à l’écrit, en calcul et en résolution de problèmes dans des environnements à forte intensité technologique est essentiel pour pouvoir exploiter au maximum toutes les possibilités qu’offre internet et l’utiliser dans des situations diverses et complexes et non uniquement pour y trouver des informations et communiquer.

  • La navigation sur le web devient de plus en plus complexe. Les internautes doivent posséder des capacités conceptuelles et cognitives pour comprendre ce qui se cache derrière les informations en ligne. Selon les aptitudes cognitives que l’on possède, les activités en ligne seront différentes. Un bon niveau de compétences cognitives accroît également la probabilité de mieux protéger sa vie privée et sa sécurité en ligne. Les parents et les enfants plus qualifiés pourront également être mieux préparés face au risque de cyberharcèlement et d’utilisation excessive d’internet.

L’essor du numérique modifie la façon dont de nombreux emplois s’exercent. Le rythme des nouvelles technologies s’accélère, et avec lui, les inquiétudes quant à la pérennité de certains emplois. Dans le même temps, la transformation numérique crée de nouvelles opportunités et de nouveaux emplois. Pour en tirer tous les bénéfices, il appartiendra à chaque pays de mettre en œuvre des politiques aidant les travailleurs à s’adapter à ces changements et à acquérir les compétences nécessaires pour réussir dans un monde numérique.

  • La technologie peut remplacer les travailleurs sur des tâches routinières faciles à automatiser et peut les épauler sur des tâches nécessitant de la créativité, des capacités de résolution de problèmes et des aptitudes cognitives. À mesure que l’apprentissage automatique et l’intelligence artificielle progressent dans de nombreux secteurs, un nombre grandissant de travailleurs devra peut-être quitter des professions en déclin (nécessitant de nombreuses tâches routinières faiblement qualifiées) pour d’autres plus recherchées (caractérisées par des tâches cognitives non routinières).

  • Pour réussir dans un monde du travail numérique, les travailleurs devront posséder non seulement des compétences numériques, mais aussi un vaste éventail d’aptitudes, notamment de solides qualités cognitives et socioémotionnelles. Des compétences en TIC de haut niveau seront également de plus en plus importantes dans un nombre croissant de métiers liés aux nouvelles technologies.

  • Les pays sont confrontés à des défis de taille en matière de formation. Les politiques dans ce domaine devront faciliter la transition entre les emplois risquant fortement d’être automatisés et des emplois nouveaux et de meilleure qualité. À mesure que les marchés du travail s’adaptent à la transformation numérique, les gouvernements doivent trouver un juste équilibre entre des politiques qui encouragent la flexibilité et la mobilité des travailleurs et des politiques propices à la stabilité des emplois.

  • Les technologies modifiant également l’importance relative de certains emplois sur le marché du travail, les gouvernements devront investir dans leurs systèmes d’enseignement et de formation afin d’aider les travailleurs à changer d’emploi et même de profession pour pouvoir bénéficier de nouveaux débouchés professionnels et limiter le risque de perdre leur emploi.

  • Le présent rapport adopte une approche pragmatique et analyse la distance qui sépare, en termes de compétences, les professions fortement menacées d’automatisation des autres. Il étudie les aptitudes cognitives et les qualifications professionnelles nécessaires pour pouvoir changer de profession et cherche à déterminer l’effort de formation nécessaire pour faciliter ces reconversions. Une reconversion acceptable, assortie d’une baisse de salaire modeste, d’un excès de compétences limité et d’un effort de formation restreint, peut être identifiée pour un peu plus de la moitié des professions.

  • Les analyses préliminaires laissent supposer que les coûts de formation nécessaires pour aider les travailleurs à quitter des métiers menacés d’automatisation pourraient être élevés, mais ils sont difficiles à évaluer précisément. Les coûts de reconversion professionnelle varieront d’un pays à l’autre, en fonction du taux d’emplois fortement menacés d’automatisation, du coût des politiques d’enseignement et de formation, des coûts de formation indirects et de la distribution des professions et des compétences dans la population.

  • Un petit groupe de pays, parmi lesquels la Belgique, le Danemark, la Finlande, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas et la Suède, sont davantage prêts que les autres face à la généralisation du numérique. Leurs populations sont également dotées de compétences utiles et peuvent compter sur des systèmes de formation tout au long de la vie efficaces, qui leur permettront de tirer parti du numérique.

  • D’autres pays, comme la Corée et le Japon, sont tout à fait capables de profiter pleinement du passage au numérique mais doivent adopter une série de mesures permettant de s’assurer que les travailleurs et adultes âgés ne sont pas laissés de côté.

  • Au Chili, en Grèce, en Italie, en Lituanie, en République slovaque et en Turquie, les individus et les travailleurs manquent souvent des compétences élémentaires indispensables pour prospérer dans un monde numérique. Dans ces pays, les systèmes de formation tout au long de la vie, qu’ils soient formels ou non, doivent être très nettement renforcés pour que leurs populations puissent se perfectionner ou se recycler tout au long de la vie.

À l’école, le recours aux technologies peut aider les élèves à acquérir les compétences nécessaires à un avenir numérique, encourager de nouvelles méthodes d’enseignement et atténuer l’échec scolaire. L’accès aux TIC à l’école est répandu dans les pays de l’OCDE : en 2015, près de 9 élèves sur 10 avaient accès à un ordinateur à l’école, mais l’accès et l’utilisation d’ordinateurs ne suffisent pas à améliorer les résultats des élèves. Les effets de la technologie sur les résultats dépendent de la façon dont ces outils sont intégrés en classe à l’appui des méthodes d’enseignement et d’apprentissage. Les aptitudes des enseignants dans ce domaine sont essentielles pour bien exploiter les nouvelles technologies en classe. De nombreux pays auraient intérêt à repenser l’intégration des TIC dans les programmes scolaires et à l’appui des méthodes pédagogiques.

L’enseignement et les cours en ligne ouverts à tous (MOOC) offrent une nouvelle façon d’acquérir des connaissances, de les diffuser et de se perfectionner tout au long de la vie. Les adultes hautement qualifiés sont cependant toujours plus susceptibles que les moins qualifiés de suivre des MOOC, il est donc encore possible de mieux exploiter le potentiel de développement des compétences que ces outils recèlent.

Il est essentiel de renforcer l’apprentissage tout au long de la vie pour tous les travailleurs et tous les citoyens afin que ceux-ci puissent s’adapter à l’évolution du monde du travail et de la société. Les données internationales montrent que les systèmes d’apprentissage tout au long de la vie efficaces reposent sur un ensemble de mesures ciblées en faveur de l’accessibilité et de la qualité de l’offre d’enseignement et de formation à toutes les étapes de la vie et pour tous les types d’apprentissage.

Les pays peuvent consolider leurs systèmes de formation tout au long de la vie en luttant contre les inégalités d’accès à l’apprentissage tout au long de la vie, en adaptant les programmes scolaires à l’évolution des attentes en matière de compétences et en proposant des formations plus efficaces aux enseignants. Ils doivent également faire en sorte que les systèmes de formation des adultes répondent à l’évolution du marché du travail et adapter les systèmes de reconnaissance et de validation des acquis face à l’évolution constante des besoins en compétences.

Les avantages du numérique se concentrent très largement dans les villes et les régions à forte intensité technologique, même s’il semble que certaines entreprises prennent désormais le parti d’utiliser pleinement les technologies numériques pour se délocaliser en dehors des régions très dynamiques et profiter ainsi d’un coût de la vie moins élevé. L’enseignement ouvert à tous et les MOOC peuvent également contribuer à combler les fractures géographiques, en permettant aux jeunes et aux travailleurs de suivre des formations supérieures et en offrant des ressources pédagogiques de qualité aux enseignants. Les nouvelles technologies peuvent ainsi atténuer les inégalités dues au manque de bons enseignants, à des possibilités de formation limitées ou à un accès restreint à l’information. Néanmoins, les écarts de niveau apparaissent à un âge précoce entre les enfants de milieux socioéconomiques différents et de régions différentes. Pour combler ces écarts et dynamiser les régions en retard, il est nécessaire de mettre en place des politiques efficaces en matière de compétences, depuis la petite enfance jusqu’à la formation professionnelle, et de garantir à chacun les mêmes chances de poursuivre des études.

La nécessité d’encourager l’apprentissage tout au long de la vie, mais aussi de lutter contre les inégalités géographiques, exige d’adopter une approche globale de la transformation numérique permettant de coordonner l’ensemble des politiques et des acteurs intervenant en faveur des compétences et de leur développement. Comme le soulignent les initiatives de l’OCDE « Vers le numérique » et « L’avenir du travail », une harmonisation étroite des politiques en matière d’éducation, de travail, de fiscalité, de logement, de protection sociale, de développement, de recherche et d’innovation est essentielle. Les politiques en lien avec les compétences doivent former le socle sur lequel viendra s’appuyer cette approche, de sorte que l’avènement du numérique se traduise par une amélioration du bien-être et de la productivité. L’OCDE se tient prête à travailler avec les pays et à apporter sa contribution à l’effort collectif, pour que chacun puisse prospérer dans un monde numérique.

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