2. Endettement des PME et financement futur de l’investissement productif

Pour les PME, l’accès à des sources de financement adaptées à chaque étape de leur cycle de vie est indispensable pour leur donner les moyens de démarrer, d’innover et de croître (OCDE, 2019[5]) (OCDE, 2020[6]). À l’inverse, les contraintes de financement pèsent sur leur capacité à investir, à exercer leur activité et à innover, et nuit à leur productivité. Il est particulièrement important de régler le problème du financement des PME pour sortir de la crise, afin qu’elles puissent entreprendre les transformations nécessaires, comme le passage au numérique ou le verdissement de leurs processus et de leurs produits ou services.

Les PME conjuguent différents modes de financement, internes (bénéfices et recettes) et externes (crédits bancaires, financement par apport de fonds propres et par nantissement d’actifs, etc.), à l’appui de leurs activités et de leur croissance (Graphique 2.1. 6+1 piliers des performances des PME&E – pilier 4 : accès aux financements). Les bénéfices et recettes internes restent leur principale source de financement. Le crédit bancaire est leur principale source de financement externe, mais les modes de financement varient également d’une entreprise à l’autre. Par exemple, les autres instruments d’endettement sont réservés aux PME affichant un risque de défaillance moindre mais un taux de rendement des investissements limité, et les instruments de capitaux propres aux entreprises innovantes qui présentent un potentiel de croissance élevé et un taux de rendement des investissements supérieur, mais sont davantage exposées aux risques (OCDE, 2020[6]).

En général, les PME se heurtent à des obstacles internes et externes lorsqu’il s’agit d’accéder à des financements, en raison de l’absence de sûretés à constituer en garanties, ou de compétences financières insuffisantes des propriétaires et gérants, par exemple en ce qui concerne les divers modes et solutions de financement existants. Sur le marché extérieur, on peut pointer l’asymétrie de l’information entre les institutions financières et les PME, et des coûts relativement plus élevés qui incombent aux institutions de financement quand elles traitent avec des PME. Pour certains types d’entreprises, comme les jeunes entreprises, les start-ups et les entreprises innovantes à fort potentiel de croissance, les difficultés évoquées précédemment sont encore plus marquées (forte incertitude, actifs plus intangibles – et plus difficiles à constituer en garantie). Il en va de même pour les groupes sous-représentés dans l’entrepreneuriat, comme les femmes, les jeunes, les seniors et les immigrés (OCDE/UE, 2017[7]).

Avant la crise du COVID-19, les conditions de financement des PME et de l’entrepreneuriat s’étaient assouplies (OCDE, 2019[8]) (OCDE, 2020[2]). Après le choc financier de 2008-09, les PME avaient retrouvé leurs marges bénéficiaires (OCDE, 2019[5]). La demande croissante de prêts à long terme, par opposition aux prêts à court terme, a mis en évidence une capacité accrue des PME à financer leurs besoins de liquidités avec leurs ressources internes, et a été appuyée par la faiblesse des taux d’intérêt et l’amélioration du climat d’investissement (OCDE, 2019[8]).

Les PME et les entrepreneurs ont également pu accéder à des prêts, ainsi qu’à une gamme plus variée d’instruments de financement. Le prêt bancaire a sensiblement regagné du terrain, avec des taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas, qui ont facilité l’accès des petites entreprises au crédit. Les solutions alternatives, comme le financement par apports de fonds propres et par nantissement d’actifs, qui offrent diverses options à différents types d’entreprises et d’investisseurs, se généralisent. Le marché du capital-risque (CR) était en pleine expansion dans une majorité de pays de l’OCDE (OCDE, 2018[9]) (OCDE, 2020[2]). Le marché du financement alternatif en ligne, qui inclut les prêts interentreprises, l’investissement participatif et le rachat de créances, s’est considérablement développé dans de nombreux pays, même s’ils partaient de très loin (OCDE, 2020[6]).

Néanmoins, les PME demeurent très dépendantes de l’autofinancement, qui s’appuie souvent sur des fonds d’origine interne. Un tiers de l’ensemble des PME des pays de l’UE28 ont déclaré ne recourir à aucune source externe pour financer leur croissance, mais à des fonds d’origine interne. Sinon, elles renoncent à se développer (OCDE, 2019[10]). La hausse des marges bénéficiaires pourrait expliquer en partie la faible croissance des prêts aux PME (OCDE, 2019[10]) (OCDE, 2020[6]).

Lors de la période précédant la pandémie, la croissance du volume des prêts aux PME était faible, car ces dernières avaient recours au financement interne ou à des instruments alternatifs pour répondre à leurs besoins de financement (OCDE, 2020[11]). L’expansion rapide des marchés des actions était encore inégale, ne bénéficiant qu’à une petite partie de la population des PME, comme le montre l’augmentation du montant moyen des transactions, la forte concentration des investissements de capital-risque dans le secteur des TIC, et la forte concentration géographique des investissements aux États-Unis et en Chine (OCDE, 2017[12]). Le financement en ligne était également très concentré en Chine, aux États-Unis et au Royaume-Uni, même si les marchés se développaient rapidement dans de nombreux pays (OCDE, 2020[6]).

Dans un climat de ralentissement économique général, les bilans des PME sont également moins positifs, le rebond de leurs bénéfices ayant commencé à se stabiliser à compter de 2019 (OCDE, 2019[5]).

Jusqu’à présent, les instruments de financement bancaire sont restés relativement abordables et disponibles pendant la crise du COVID-19. À l’inverse de ce qui s’est produit lors de la crise financière mondiale de 2008-2009, les banques sont généralement mieux capitalisées et plus résilientes, ce qui permet de maintenir le flux de crédit. Les premières données indiquent que les prêts bancaires se sont maintenus au premier semestre 2020 dans de nombreuses régions du monde (OCDE, 2020[11]). Dans certains cas, les volumes ont même augmenté pour répondre à une hausse de la demande des petites entreprises visant à compenser la perte de chiffre d’affaires.

Le capital-risque, après avoir amorcé un recul, a rebondi pour atteindre des sommets historiques, 2020 étant une année exceptionnelle. La pandémie a donné la possibilité aux entreprises technologiques notamment de proposer des solutions susceptibles de répondre aux besoins en constante évolution des entreprises, de la main-d’œuvre et des clients (TrueBridge, 2021[13]). Au premier trimestre 2021, les investissements mondiaux en capital-risque se sont établis à 125 milliards USD, soit une hausse de 94 % en glissement annuel (Crunchbase, 2021[14]) Aux États-Unis, les investissements ont conservé leur vigueur tout au long de l’année 2020. L’activité a été soutenue par une forte demande d’innovation et une accélération de la transformation numérique dans le contexte de la pandémie, ainsi que par des améliorations réglementaires (Wall Street Journal, 2021[15]). En Europe, une enquête menée en octobre 2020 auprès de gestionnaires de fonds de capital-risque et d’investisseurs-tuteurs investissant dans la région a mis en évidence un optimisme général quant à la situation des entreprises et les attentes pour les 12 prochains mois (FEI, 2021[16]). La plupart d’entre eux ont déclaré que la crise du COVID-19 avait eu un faible impact sur leur stratégie d’investissement. Certains observateurs du marché du capital-risque ne prévoient pas de pénurie de capitaux en 2021, si bien que les tentatives de création d’entreprise n’auront jamais été aussi faciles à financer (MIT, 2021[17]) (Wall Street Journal, 2021[15]). Toutefois, si le secteur du capital-risque a bien résisté, le climat d’incertitude a entraîné une concentration des capitaux au sein d’entreprises bien établies, c’est-à-dire une augmentation du total des investissements, mais une baisse du nombre de transactions et une hausse de leur montant. Au début de la pandémie, les sociétés de capital-risque ont préféré soutenir les entreprises de leur portefeuille que de chercher de nouvelles possibilités d’investissement (Crunchbase, 2021[14]).

Les autres sources de financement des PME&E ont été plus gravement touchées. Un recul des opérations de crédit-bail et de location-vente ainsi que d’affacturage a été observé. Les provisions des bailleurs ont nettement augmenté au cours du premier semestre 2020, un nombre accru de locataires n’étant pas en capacité de rembourser leur crédit-bail, ce qui a entraîné une baisse significative des résultats d’exploitation des bailleurs. En outre, les volumes de nouveaux contrats de crédit-bail ont fortement diminué au deuxième trimestre de l’année (Leaseeurope, 2020[18]), ce qui remet en question la rentabilité future du secteur. En Europe, les volumes d’affacturage ont chuté d’environ 6 % au premier semestre 2020, en raison de la baisse du chiffre d’affaires des clients, mais le marché devrait rebondir avec la reprise de la croissance économique (FCI, 2020[19]). De fortes baisses des transactions financières en ligne ont également été observées, le secteur n’ayant encore jamais été confronté à une crise de cette ampleur.

Les financements alternatifs en ligne pourraient être durablement atteints, et on pourrait assister à un mouvement de concentration du secteur (OCDE, 2020[2]). On s’attend à ce que les petits opérateurs disposant de faibles réserves de fonds propres quittent le secteur, ce qui augmentera la concentration du marché et réduira potentiellement l’offre de financements alternatifs en ligne pour de nombreuses petites entreprises, limitant la progression de l’inclusion financière. Parallèlement, la crise ouvre des perspectives, notamment à long terme. Les circonstances actuelles ont entraîné une hausse de la demande de financements alternatifs. La collaboration accrue actuellement observée entre les entreprises de technologie financière (« Fintech »), les banques et d’autres institutions financières établies devrait continuer à se renforcer, du fait que les opérateurs financiers tiennent de plus en plus à fournir des services en ligne (FMI, 2020[20]).

Les dispositifs de financement du commerce extérieur pourraient subir des pressions croissantes, associées à une éventuelle chute de la demande. Alors que les chaînes d’approvisionnement nationales et internationales sont mises à rude épreuve, la possibilité de s’appuyer davantage sur les prêts interentreprises est fortement réduite (OCDE, 2020[2]). Toutefois, étant donné que la crise actuelle pourrait inciter les acteurs du marché à intensifier leur utilisation des outils numériques, les banques pourraient réduire leur habituelle dépendance à l’égard des procédures papier, et les coûts inhérents au personnel des services d’appui (ICC, 2020[21]). Si elle se concrétise, cette évolution pourrait permettre à un plus grand nombre de PME de recourir à des instruments de crédit commercial (OECD, 2021[22]).

Dans le même temps, on peut craindre que la rupture des chaînes d’approvisionnement n’affecte le financement des échanges commerciaux1 (Chambre de commerce internationale, 2020[23]), notamment du fait que ces instruments sont généralement très vulnérables en période de ralentissement économique (OCDE, 2020[24]) (CFE/SME(2020)5/REV1).

Une régression de la diversification des instruments de financement des PME, si elle se concrétise, inverserait la tendance positive en faveur d’un meilleur équilibre entre les prêts bancaires et les autres instruments de financement des PME, conformément aux Principes de haut niveau du G20 et de l’OCDE sur le financement des PME (G20/OCDE, 2015[25]), et de la satisfaction des besoins de financement d’un plus large éventail de PME.

À l’avenir, la résilience du secteur bancaire et financier sera cruciale. La baisse de la production, des salaires et des bénéfices pourrait entraîner une augmentation des taux de défaillance des consommateurs et des entreprises, ce qui pourrait se traduire par un accroissement de l’endettement, des défauts de paiement des prêts hypothécaires, et une pression à la baisse sur les prix immobiliers. La dégradation des conditions économiques, alliée à une hausse des prêts improductifs, est susceptible d’affaiblir les capacités d’absorption des pertes des banques (DAF/CMF(2020)24). La contagion pourrait s’étendre aux marchés énergétiques et financiers. Par exemple, lorsque la production a ralenti en 2020, les prix du pétrole avaient déjà atteint leur plus bas niveau depuis plusieurs années, et les prix des matières premières s’étaient effondrés. L’aversion au risque augmente sur les marchés financiers, le taux d’intérêt à 10 ans ayant atteint un niveau record aux États-Unis, et les cours des actions ayant fortement baissé.

La chute soudaine et brutale de leur chiffre d’affaires a exacerbé les problèmes de trésorerie des PME et réduit leurs perspectives de bénéfices. La crise du COVID-19 a mis en évidence les difficultés des PME à mobiliser des liquidités et à accéder à des solutions de financement à court terme, et peut également compromettre leurs perspectives d’investissement.

De nombreuses PME ont compensé leur perte de chiffre d’affaires en contractant de nouvelles dettes, souvent dans le cadre du renforcement des aides publiques. Les données préliminaires mettent en évidence pour la plupart une augmentation des volumes d’emprunt au premier semestre 2020, à la suite d’une légère hausse de la demande des PME (OCDE, 2020[11]).

Le risque d’endettement des PME varie sensiblement d’un pays à l’autre. On dispose de peu de données harmonisées à l’échelon international sur l’utilisation réelle des aides publiques par le secteur des PME. L’enquête Facebook/OCDE/Banque mondiale (2017) remédie en partie à cette lacune (Facebook/OCDE/Banque mondiale, 2020[1]). Cette enquête met l’accent sur les entreprises disposant d’une page Facebook, qui avaient déjà entamé une transformation numérique – même élémentaire. Ses résultats montrent que les PME n’ont pas pu accéder aux dispositifs de financement selon les mêmes modalités dans tous les pays2. En Grèce, en Italie et en Pologne, plus de 25 % des PME (disposant d’une page Facebook) ont bénéficié d’une aide publique remboursable, comme un crédit ou un report de paiement, depuis le début de la pandémie. Elles sont donc plus susceptibles de devoir la rembourser qu’en Norvège ou en République slovaque, où les PME sont moins de 1 % dans ce cas.

Si les politiques publiques ont permis de soutenir la trésorerie, elles ont également contribué à accroître les risques d’endettement des PME. L’aide publique au financement des PME prend différentes formes, notamment d’aides remboursables et non remboursables (Encadré 2.1). Les programmes d’aide publique semblent s’appuyer le plus souvent sur l’endettement, c’est-à-dire les prêts et les garanties de prêts. Toutefois, des programmes de subventions ont également été mis en place dans différents pays dès la première vague de la pandémie. Au cours du second semestre 2020, les pouvoirs publics y ont eu davantage recours, et leur enveloppe a augmenté (CFE/SME(2021)2). Il s’agit également des instruments les plus utilisés pour soutenir la R-D et l’innovation des PME pendant la crise (CE/OCDE, 2021[26]). La conception de ces dispositifs est néanmoins très variable (Encadré 2.1), ce qui pourrait avoir un impact sur la probabilité que certaines populations de PME ou certains entrepreneurs aient accès ou non à des aides non remboursables.

Les données de l’enquête sur les PME montrent effectivement que les formes d’aide non remboursables ont vraisemblablement rencontré davantage de succès auprès des PME que les formes remboursables (Facebook/OCDE/Banque mondiale, 2020[1]). Les PME ont pu combiner différentes formes d’aide depuis le début de la pandémie (chapitre 1). Dans les pays où elles ont un meilleur accès au crédit public, elles reçoivent généralement davantage de subventions ou d’aides. Les PME semblent être deux à trois fois plus nombreuses à avoir bénéficié de formes d’aides non remboursables que de formes remboursables à travers le monde. En particulier, 56 % des PME (disposant d’une page Facebook) au Japon ont touché des subventions et des aides, contre 13 % qui ont obtenu des crédits et des reports de paiement. De même, 45 % des PME de Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni ont bénéficié d’aides non remboursables, alors que respectivement 10 % et 15 % d’entre elles ont bénéficié d’une aide remboursable.

Si les petites entreprises risquent probablement davantage de faire faillite (chapitre 1), le risque d’endettement est vraisemblablement plus important pour les grandes PME. L’analyse empirique menée dans le chapitre 1 montre un effet de taille sur la probabilité que les PME obtiennent des crédits, mais aucun effet sur leur recours aux subventions. En d’autres termes, les grandes PME ont plus souvent accès à des crédits supplémentaires que les plus petites, et pourraient être plus exposées à un risque de défaut de remboursement à l’avenir.

Pour faire face au risque de surendettement des PME, les prêts garantis par l’État sont souvent assortis de conditions de remboursement souples afin d’aider les PME et les entrepreneurs à éviter les défaillances pendant la crise. Les banques elles-mêmes ont également mis en œuvre un certain nombre d’initiatives de soutien aux PME, par le biais de moratoires sur le remboursement des dettes (parfois soutenus par les pouvoirs publics, parfois à l’initiative des banques) et de dispositifs souples et adaptés.

Dans le cadre de solutions à plus long terme, les gouvernements ont de plus en plus recours à des aides non fondées sur l’endettement, comme des subventions, des dispositifs de fonds propres et de quasi-fonds propres et des instruments hybrides (voir également encadré 1). Lors de l’instauration des nouvelles mesures de confinement ou d’endiguement à l’automne 2020, ces programmes de subventions ont été plus largement utilisés et renforcés afin de répondre à la situation financière de plus en plus difficile des PME, en particulier dans les secteurs durement touchés, ce qui met en évidence une prise de conscience de l’importance d’éviter le surendettement des PME. En outre, certains pays ont utilisé les subventions comme un moyen proactif de soutenir la reprise. L’Irlande, par exemple, a lancé en août 2020 un nouveau programme de subventions qui visait à permettre aux PME de relancer leur activité et de rouvrir leurs portes. En juillet 2020, Israël a annoncé un programme de subventions pour les petites entreprises, qui offre aux PME la possibilité d’obtenir une subvention de 1000 NIS pour acquérir une connexion Internet par fibre optique3 (CFE/SME(2021)2).

De même, certains gouvernements proposent des prêts convertibles, qui permettent de transformer un prêt en fonds propres si l’emprunteur n’est pas en mesure de le rembourser. Ce type d’instrument est bénéfique tant pour les PME emprunteuses que pour les banques prêteuses. Les PME peuvent se procurer des liquidités à taux zéro, leur potentiel de croissance n’est pas affecté et les banques ont, quant à elles, la possibilité de récupérer leur mise à moyen et à long terme. Au Royaume-Uni, le Future Fund a mis en place des prêts convertibles d’un montant minimum de 250 000 GBP pour les PME. Pour y avoir droit, les PME doivent remplir plusieurs conditions, comme celle d’avoir déjà levé un minimum de 250 000 GBP en capital-investissement (British Business Bank, 2020). (OCDE, 2020[11])

Le recours aux instruments de capitaux propres présente plusieurs avantages par rapport aux instruments d’emprunt et offre aux PME de meilleures perspectives d’investissement et de croissance au moment de la reprise. En particulier, le recours aux fonds propres plutôt qu’à l’emprunt réduit le ratio d’endettement, ce qui améliore la qualité de la signature, et diminue les coûts d’emprunt et les risques de défaillance. En outre, les instruments de capitaux propres se prêtent à des co-investissements du secteur privé, ce qui permet de faire converger davantage de fonds vers les PME (OCDE, 2020). Néanmoins, l’utilisation des instruments de capitaux propres est souvent limitée (exception faite des start-ups à fort potentiel et des entreprises de taille moyenne), car les patrons de PME sont souvent réticents à diluer leur capital social et à accorder des droits de vote aux investisseurs. Les obstacles sont également liés à une méconnaissance des titres de participation ou à des coûts de transaction élevés.

Le climat de grande incertitude favorise l’épargne de précaution, qui peut alors constituer un volant de sécurité et contribuer à relancer l’économie, à condition que les conditions redeviennent favorables à la prise de risques. Lorsque les clients ont été priés de rester chez eux et les magasins et entreprises de fermer leurs portes, la demande finale s’est effondrée. Les pertes de revenus subies par les entrepreneurs et les travailleurs ont incité les entreprises et les personnes physiques à réduire leurs dépenses de consommation et à épargner. Les entreprises ont privilégié les liquidités afin de constituer des réserves et éviter les pénuries. D’après une enquête réalisée en février 2021 auprès des micro-entreprises et PME françaises (MPME), les flux de trésorerie se sont améliorés au cours des trois derniers mois, et la position de liquidité n’a jamais été perçue aussi positivement depuis mai 2018, date du lancement de la première enquête MPME (BPI France, 2021[28]). La part des MPME ayant mobilisé leur Prêt garanti par l’État (PGE) reste limitée (23 %), les demandes étant essentiellement motivées par la constitution d’une trésorerie de précaution4. De même, les dépôts bancaires des sociétés non financières ont augmenté rapidement au Japon, aux États-Unis et dans de nombreux pays européens, à un rythme bien plus élevé que les taux de croissance moyens observés au cours des cinq dernières années (Christensen, Maravalle and Rawdanowicz, 2020[4]). Les dépôts des ménages ont également augmenté, mais dans une moindre mesure. À l’inverse, lors de la crise financière mondiale, les dépôts des entreprises ont diminué avec le resserrement du crédit, et les dépôts des ménages ont augmenté plus lentement. Reste toutefois à savoir si l’épargne de précaution était davantage le fait des grandes entreprises que des PME, et dans quelle mesure ces réserves de liquidités pouvaient être réaffectées à des investissements productifs le moment venu.

On observe une tendance en faveur de la finance durable dans le monde entier, notamment par le biais des plans de relance

Les fonds dédiés à l’investissement durable ont augmenté, plus de 30 000 milliards USD d’actifs dans le monde intégrant un certain nombre de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) (OCDE, 2020[48]). De fait, l’investissement ESG prend de plus en plus d’importance, car les institutions financières cherchent à rendre leurs produits et leurs portefeuilles plus écologiques, et les entreprises, y compris les PME et les entrepreneurs, modifient leurs modèles économiques afin de s’adapter à la transition écologique. Cette croissance a été stimulée par l’évolution de la demande de l’ensemble de l’écosystème financier, engendrée à la fois par la recherche d’une valeur financière traditionnelle et de résultats non financiers axés sur les valeurs.

Toutefois, les PME et les entrepreneurs se heurtent à un certain nombre de difficultés lorsqu’ils tentent d’accéder à la finance durable. Du côté de la demande, les obstacles sont les suivants : méconnaissance des possibilités de financement, nécessité de capitaux patients à long terme plus abordables, manque de préparation des investisseurs, et difficultés à satisfaire les obligations de déclaration et à obtenir des externalités potentiellement positives pour la société, les rendements privés étant inférieurs à l’optimum social. Du côté de l’offre, les obstacles sont les suivants : asymétries d’information entre les institutions financières et les PME, éventail restreint de produits de financement durable, manque de diversité des institutions financières intéressées par les investissements durables, et nature de « niche » des marchés verts, ce qui entraîne une incompatibilité entre les idéaux et les objectifs des investisseurs et des entrepreneurs (OCDE, 2013[17]). Les PME et les entrepreneurs doivent pouvoir accéder à ces financements afin de jouer leur rôle dans la transition environnementale.

Références

[28] BPI France (2021), Barometre PME Fevrier 2021. Impact de la crise sur la situation financière et le financement des entreprises, https://lelab.bpifrance.fr/enquetes/barometre-pme-fevrier-2021-impact-de-la-crise-sur-la-situation-financiere-et-le-financement-des-entreprises (accessed on 23 March 2021).

[6] Christensen, A., A. Maravalle and L. Rawdanowicz (2020), “The increase in bank deposits during the COVID-19 crisis: Possible drivers and implications”, Ecoscope, https://oecdecoscope.blog/2020/12/10/the-increase-in-bank-deposits-during-the-covid-19-crisis-possible-drivers-and-implications/.

[14] Crunchbase (2021), “Global venture funding hits all-time record high $125B in Q1 2021”, https://news.crunchbase.com/news/global-venture-hits-an-all-time-high-in-q1-2021-a-record-125-billion-funding/ (accessed on 11 May 2021).

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[25] EC/OECD (2021), SMEs: Policies Tackling COVID-19, STI Policy Compass, https://stip.oecd.org/covid/target-groups/TG31 (accessed on 23 March 2021).

[16] EIF (2021), “EIF Venture Capital, Private Equity Mid-Market & Business Angels Surveys 2020: Market sentiment – COVID-19 impact – Policy measures”, EIF Working Paper, https://www.eif.org/news_centre/publications/eif_working_paper_2021_71.pdf (accessed on 11 May 2021).

[1] Facebook/OECD/World Bank (2020), Future of Business Survey.

[19] FCI (2020), “Press release: EU factoring turnover figures in the first half of 2020”, https://fci.nl/en/news/press-release-eu-factoring-turnover-figures-first-half-2020.

[24] G20/OECD (2015), “G20/OECD High-level principles on SME financing”, http://www.oecd.org/finance/G20-OECD-High-Level-Principles-on-SME-Financing.pdf (accessed on 15 March 2021).

[21] ICC (2020), Trade Finance and COVID-19: Priming the Market to Drive a Rapid Economic Recovery, International Chamber of Commerce, https://iccwbo.org/content/uploads/sites/3/2020/05/icc-trade-financing-covid19.pdf.

[20] IMF (2020), The Promise of Fintech: Financial Inclusion in the Post COVID-19 Era, International Monetary Fund, https://www.imf.org/~/media/Files/Publications/DP/2020/English/PFFIEA.ashx.

[18] Leaseurope (2020), Leaseurope Index Q1 2020, https://www.leaseurope.org/_flysystem/s3?file=2020-06/Leaseurope%20Index%20Q1%202020_Public.pdf.

[17] MIT (2021), “With optimism running high in venture capital, 4 trends to watch”, MIT Management Sloan School, https://mitsloan.mit.edu/ideas-made-to-matter/optimism-running-high-venture-capital-4-trends-to-watch (accessed on 11 May 2021).

[29] OECD (2021), “Annex 1.A. Overview of the different types of SME and entrepreneurship policy support instruments”, in One year of SME and entrepreneurship policy responses to COVID-19: Lessons learned to “build back better””, OECD Policy Responses to Coronavirus (COVID-19), OECD, Paris, https://www.oecd.org/coronavirus/policy-responses/one-year-of-sme-and-entrepreneurship-policy-responses-to-covid-19-lessons-learned-to-build-back-better-9a230220/#annex-d1e2375.

[5] OECD (2021), “One year of SME and entrepreneurship policy responses to COVID-19: Lessons learned to “build back better“”, OECD Policy Responses to Coronavirus (COVID-19), OECD, Paris, https://www.oecd.org/coronavirus/policy-responses/one-year-of-sme-and-entrepreneurship-policy-responses-to-covid-19-lessons-learned-to-build-back-better-9a230220/#blocknotes-d7e2460.

[3] OECD (2021), The COVID-19 crisis and banking system resilience: Simulation of losses on nonperforming loans and policy implications, OECD Paris, https://www.oecd.org/daf/fin/financial-markets/COVID-19-crisis-and-banking-system-resilience.pdf.

[22] OECD (2021), “Trade finance for SMEs in the digital era”, OECD SME and Entrepreneurship Papers, No. 24, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/e505fe39-en.

[27] OECD (2020), “COVID-19 Government Financing Support Programmes for Businesses”, OECD Paris, http://www.oecd.org/finance/COVID-19-Government-Financing-Support-Programmes-for-Businesses.pdf.

[8] OECD (2020), Financing SMEs and Entrepreneurs 2020: An OECD Scoreboard, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/061fe03d-en.

[4] OECD (2020), OECD Business and Finance Outlook 2020: Sustainable and Resilient Finance, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/eb61fd29-en.

[2] OECD (2020), “The impact of COVID-19 on SME financing: A special edition of the OECD Financing SMEs and Entrepreneurs Scoreboard”, OECD SME and Entrepreneurship Papers, No. 22, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/ecd81a65-en.

[23] OECD (2020), “Trade finance in times of crisis: Responses from export credit agencies”, OECD Policy Responses to Coronavirus (COVID-19), OECD, Paris, http://www.oecd.org/coronavirus/policy-responses/trade-finance-in-times-of-crisis-responses-from-export-credit-agencies-946a21db/#section-d1e74.

[10] OECD (2019), Financing SMEs and Entrepreneurs 2019: An OECD Scoreboard, OECD Publishing, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/fin_sme_ent-2019-en.

[7] OECD (2019), OECD SME and Entrepreneurship Outlook 2019, OECD Publishing, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/34907e9c-en.

[11] OECD (2018), Entrepreneurship at a Glance: 2018 Highlights, OECD, Paris, http://www.oecd.org/sdd/business-stats/EAG-2018-Highlights.pdf.

[12] OECD (2017), Entrepreneurship at a Glance 2017, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/entrepreneur_aag-2017-en.

[9] OECD/EU (2017), The Missing Entrepreneurs 2017: Policies for Inclusive Entrepreneurship, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264283602-en.

[13] TrueBridge (2021), “State of the venture capital industry - Market analysis”, https://issuu.com/truebridgecapital/docs/state_of_vc_2021_4.5.21 (accessed on 11 May 2021).

[15] Wall Street Journal (2021), “The venture-capital trends to watch”, https://www.wsj.com/articles/the-venture-capital-trends-to-watch-11620578655.

Notes

← 1. Les dispositifs de financement des échanges comprennent le financement intra-entreprise, le financement interentreprises, ou des outils plus spécifiques comme les lettres de crédit, les garanties de paiement anticipé, les garanties d’exécution, et les assurances ou les garanties de crédit à l’exportation. (OCDE, 2020[24])

← 2. L’enquête de l’OCDE sur les programmes de soutien aux entreprises financés par les pouvoirs publics (COVID-19), qui a été menée auprès des entités chargées d’administrer ces programmes, met également en évidence de grandes variations d’utilisation et d’accès d’un pays à l’autre, et d’un programme à l’autre au sein des pays. Les personnes interrogées estiment que le recours aux programmes a été plus important que prévu, en grande partie en raison de la demande de PME ne pouvant accéder à d’autres circuits de financement.

← 3. https://www.calcalistech.com/ctech/articles/0,7340,L-3838519,00.html

← 4. 59 % des entreprises bénéficiaires d’un PGE envisagent d’amortir son remboursement sur la durée maximale, c’est-à-dire 6 ans ; 9 % prévoient de le rembourser intégralement dès 2021 ; 8 % des dirigeants de MPME craignent de ne pas pouvoir rembourser le PGE, une proportion qui augmente régulièrement. Plus de la moitié des dirigeants font état d’une hausse du niveau d’endettement de leur entreprise pendant la crise. Cette hausse est supérieure à 50 % pour 15 % d’entre eux.

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