4. Soutenir un entrepreneuriat féminin résilient et créateur d’emploi

L’entrepreneuriat féminin représente, d’une part, un pilier fondamental de l’autonomisation économique des femmes (AEF). Au-delà de l’indépendance économique – c’est-à-dire la capacité de s’assurer soi-même une source de revenus prévisible et régulière permettant d’anticiper, de se projeter et d’agir de manière plus indépendante - l’entrepreneuriat peut apporter aux femmes la liberté de créer, d’agir, d’innover, de commercer, de créer de la valeur, et d’être reconnue comme telle par les autres membres de sa communauté.

D’autre part, l’entrepreneuriat féminin constitue une opportunité de développement du secteur privé - facteur clé de compétitivité pour l’économie marocaine en quête d’innovation, de résilience et de création d’emploi. Les activités entrepreneuriales dirigées par des femmes peuvent introduire sur les marchés des nouveaux produits, innovations, technologies ou procédés de production, augmenter la productivité et la concurrence, et accélérer le changement structurel. Il existe également un effet domino de l’entrepreneuriat féminin sur l’AEF : les femmes cheffes d’entreprises ont tendance à employer plus de femmes.

L’entrepreneuriat féminin est pluriel. Lancer sa propre entreprise apparait comme une alternative pour certaines femmes marocaines face aux opportunités limitées d’emploi salarié, aux barrières persistantes à l’entrée sur le marché du travail, aux conditions de travail inadaptées aux besoins spécifiques des femmes (ex. horaires non flexibles, harcèlement, difficulté à concilier emploi salarié et responsabilités familiales) ou encore face à des options d’emploi plus précaires et moins épanouissantes. Pour d’autres, l’entrepreneuriat est mû par les opportunités de marché et une envie d’entreprendre.

En découle diverses réalités. Le statut de travailleur indépendant qui caractérise l’entrepreneuriat prend différentes formes - de l’auto-entrepreneur au chef d’entreprise en passant par les coopératives (Encadré ‎4.1). De plus, la taille de l’entreprise varie de très petites, aux petites et moyennes, aux grandes. De même, la diversité des secteurs d’activités reflète à la fois le degré de diversification de l’économie et une tendance à la ségrégation sectorielle entre les femmes et les hommes. Si au Maroc certaines entreprises dirigées par des femmes évoluent dans les secteurs traditionnels, tels que l’argan, l’artisanat, du tourisme ou l’économie sociale, un nombre croissant se développe dans les hautes technologies, l’agroalimentaire ou autre. Une politique entrepreneuriale de promotion de l’AEF se doit donc de répondre à la fois aux ambitions d’un secteur privé innovant, à la pointe de la technologie, tout en reflétant les contrastes aussi bien territoriaux que d’autres natures.

Le Maroc a élaboré des politiques de développement du secteur privé et de diversification de l’économie s’appuyant sur une politique entrepreneuriale sensible aux spécificités des entreprises dirigées par les femmes. De nombreux programmes ont été adoptés afin de permettre aux femmes cheffes d’entreprises ou de coopératives féminines d’accéder aux outils de commercialisation, de recrutement et de prêts, ou encore d’améliorer leurs compétences professionnelles et de leurs capacités managériales (Section ‎4.2).

Dans cette continuité, le troisième Programme Gouvernemental pour l’Égalité (PGE III) et le Nouveau Modèle de Développement ont pour ambition de promouvoir massivement tout type d’entrepreneuriat féminin, de l’entrepreneuriat social et de proximité (proposition 5.3), à l’entrepreneuriat à très fort potentiel d’internationalisation. À ce sujet, la Commission sur le Nouveau Modèle de Développement préconise « la promotion de l’entrepreneuriat féminin à travers un accès amélioré au financement, aux aides publiques destinées aux entreprises et coopératives dirigées par des femmes, et une meilleure protection sociale pour les femmes auto-entrepreneurs » (Commission Spéciale pour sur le Modèle de Développement, 2020[1]).

Cependant, les discriminations et inégalités basées sur le genre persistent dans l’environnement entrepreneurial marocain. Compte tenu des écarts entre les taux d’activité des femmes (22 %) et des hommes (69.6 %) (Chapitre 3) les femmes sont évidemment moins nombreuses à lancer ou diriger une entreprise. Mais c’est surtout le statut informel, la taille et le secteur d’activité des entreprises dirigées par les femmes qui appelle à redoubler d’efforts pour favoriser l’AEF et la résilience aux chocs exogènes des activités entrepreneuriales exercées par les femmes (Section ‎4.1).

Dans l’optique de soutenir la mise en application du pilier AEF du PGE III, ce chapitre présente des propositions de politiques publiques visant à soutenir un entrepreneuriat féminin résilient et créateur d’emploi (Section ‎4.3) basé sur la Recommandation de l’OCDE sur l’égalité femmes-hommes dans l’éducation, l’emploi et l’entrepreneuriat (OCDE, 2017[2]), à savoir :

  • adopter un processus d'élaboration des politiques entrepreneuriales plus inclusif

  • encourager les formations entrepreneuriales interdisciplinaires

  • investir dans l’économie numérique pour surmonter les freins traditionnels à l’entrepreneuriat féminin

  • développer une offre financière adaptée à la diversité des besoins de l’entrepreneuriat féminin

  • diversifier les secteurs de l’économie solidaire

  • soutenir l’intégration des entreprises dirigées par des femmes aux chaînes de valeur.

L’élaboration de politiques publiques et programme de soutien à l’entrepreneuriat féminin nécessite de comprendre les caractéristiques de celui-ci ainsi que des barrières sexo-spécifiques au lancement et au développement d’activités entrepreneuriales. En effet, si les femmes font non seulement face aux difficultés communes à tout entrepreneur – telles que la complexité des procédures administratives d'enregistrement des entreprises, le manque de compétences entrepreneuriales, ou les difficultés d’accès aux financements - mais aussi à des obstacles sexo-spécifiques qui exacerbent les premiers, tels que le manque de compétences entrepreneuriales, les attitudes et les attentes culturelles, les difficultés pour obtenir un financement, un manque de réseaux sociaux et professionnels, ainsi que restrictions liées aux politiques familiales et fiscales (OCDE/Commission européenne, 2021[5]). À ce sujet, 49 % des femmes marocaines cheffes d’entreprises interrogées par l’ONUDI en 2015-16 percevaient des difficultés supplémentaires liées à leur sexe dans la gestion des démarches administratives et 46.6 % dans la gestion des ressources humaines masculines (UNIDO, 2017[6]).

Il convient cependant de souligner que le manque de données ventilées par sexe et autres facteurs socio-démographiques reste un problème majeur pour l’analyse des tendances de l’entrepreneuriat féminin au Maroc, ainsi que toutes comparaisons internationales.

Bien que l’entrepreneuriat offre des opportunités d’AEF importantes dans un contexte de création d’emploi restreinte aussi bien au Maroc que dans la région MENA, il reste une activité minoritaire de la force de travail féminine. Moins d’un tiers de la population féminine en emploi dans la région avait le statut de travailleur indépendant en 2019, contre près de la moitié au niveau mondial et dans les pays du sud-est asiatique, et plus des trois-quarts en Afrique Sub-Saharienne (OIT, 2023[7]). Au Maroc, les inégalités au sein des travailleurs indépendants sont encore plus marquées que pour les salariés (Graphique ‎4.1). En effet, si 47.8 % des travailleuses marocaines étaient salariées contre 52.9 % des hommes, seules 16.2 % étaient auto-employées contre 39.1 % des hommes en 2021 (HCP, 2022[8]).

La région MENA cumule ainsi le plus grand écart femmes-hommes en matière de taux de participation au marché du travail et d'activité entrepreneuriale qui augmente au cours du processus de développement des entreprises (Graphique ‎4.2).

  • Le lancement d'une nouvelle entreprise apparaît comme une opportunité pertinente pour les activités génératrices de revenus des femmes dans la région : plus de 40 % de la population féminine interrogée a exprimé des intentions entrepreneuriales en Égypte, au Koweït, au Maroc, à Oman et au Qatar.

  • Cependant, relativement peu de nouvelles entreprises créées par des femmes dans la région survivent pour devenir des entreprises établies, ce qui démontre les difficultés auxquelles les femmes entrepreneures sont confrontées pour consolider leurs entreprises. À Oman par exemple, alors que 18 % des femmes ont créé de nouvelles entreprises en 2020, seules 5 % dirigeaient une entreprise en démarrage et moins de 2 % une entreprise établie.

  • Il existe une variation interrégionale importante : en 2020, la proportion de femmes entrepreneures naissantes était similaire à la proportion d'hommes en Arabie saoudite (14 % contre 13.8 %), mais quatre fois plus faible en Égypte (3 % contre 11.2 %). Par conséquent, les hommes sont deux à six fois plus susceptibles que les femmes de diriger une entreprise établie dans la région (Global Entrepreneurship Monitor, 2021[9]).

Le Maroc ne déroge pas à la règle :

  • Seul 5.7 % des femmes lançaient leurs entreprises contre 12.9 % des hommes en 2018, soit un taux d’activité entrepreneuriale émergente1 trois fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes (El Ouazzani, 2017[10]). À titre de comparaison, dans les pays OCDE, 9 % des femmes démarraient et géraient de nouvelles entreprises contre 13 % des hommes sur la période 2016-2020 (OCDE/Commission européenne, 2021[5]). Dans les pays du sud-est asiatique tels que la Malaisie ou la Thaïlande ses chiffres avoisinaient 20 % pour les femmes et 23 % pour les hommes en 2018 (GEM, 2019[11]).

  • Les entrepreneurs hommes établis (16.7 %) sont quatre fois plus nombreux que leurs homologues femmes (4.3 % des Marocaines) (El Ouazzani, 2017[10]). Ainsi, seules 12.8 % des entreprises marocaines étaient dirigées par des femmes en 2018 (HCP, 2022[12]). Si la représentation des femmes marocaines semble plus favorable que celles des femmes en Algérie (6.9 %), et aux Émirats arabes unies (8.8 %), elle est plus faible qu’à Oman ou en Arabie saoudite (ayant respectivement 13.8 % et 14.6 % des entreprises établies appartenant à des femmes (La Banque mondiale, s.d.[13]), et reste bien éloignée de celles des femmes vivant dans les pays OCDE ou dans les pays émergents asiatiques. À titre d’exemple, les femmes possédaient près d’un tiers des entreprises malaysienne ou birmanes en 2018 (La Banque mondiale, s.d.[13]).

Au Maroc comme partout dans le monde, il existe également des différences dans la nature des activités entrepreneuriales des hommes et des femmes (Graphique ‎4.3). Cela comprend le secteur d’opération, la probabilité de créer des emplois supplémentaires, parmi d’autres :

  • Dans les pays OCDE les femmes sont moins susceptibles d'être des travailleuses indépendantes que les hommes dans tous les secteurs, à l'exception des services. Ce secteur comprend activités telles que les organisations associatives, la réparation d'articles personnels et ménagers et autres activités de services à la personne (ex. nettoyage à sec, coiffure et autres soins esthétiques et activités de bien-être physique entre autres) (OCDE/Commission européenne, 2021[5]). La ségrégation qui prévaut dans la force de travail marocaine est similaire dans l’entrepreneuriat. Les entreprises dirigées par les femmes sont moins nombreuses dans les industries à prédominance masculine, telles que le secteur bâtiment et construction très présent au Maroc, où les stratégies et la prise de décision sont principalement influencées par les perspectives masculines et garantissent rarement la sensibilité au genre dans la conception. En effet, 17.3 % des entreprises qui développaient leurs activités dans le secteur des services étaient dirigées par une femme en 2019, 13.8 % dans le commerce, contre 12.6 % dans l’industrie et 2.6 % dans le BTP (HCP, 2022[12]).

  • Une caractéristique commune à l’entrepreneuriat féminin à travers le monde est son confinement dans les très petites entreprises (TPE), petites et moyennes entreprises (PME). Par exemple, en 2020, dans les pays membres de l'Union Européenne les travailleuses indépendantes sont 30 % moins susceptibles d'être des employeurs que leur homologue masculin : une sur quatre a des salariés, contre environ un travailleur indépendant sur trois, oscillant entre 7 % en Roumanie à plus de 40 % en Croatie (OCDE/Commission européenne, 2021[5]). Au Maroc, 13.8 % et 11.7 % des TPE et PME2 étaient dirigées par des femmes en 2019, contre 8.3 % des grandes entreprise. La présence des femmes dirigeantes est plus importante dans le secteur tertiaire que dans l’industrie (HCP, 2022[12]).

  • Dans de nombreux pays, la chaîne d’approvisionnement et les programmes de liaison des TPE et PME ne sont pas ouverts aux entreprises appartenant aux femmes (Mayoux et Mackie, 2008[14]). Au Maroc, l’entrepreneuriat féminin peine à intégrer la chaîne de valeur du fait de la nature et la taille de son activité. Les femmes sont souvent impliquées dans la chaîne de valeur à des niveaux inférieurs et invisibles qui offrent peu d’opportunités d’accroître leur revenu et de renforcer leur position sur le marché. Par exemple, si les coopératives féminines sont actives dans le secteur agricole et l’artisanat, peu d’entreprises de transformation sont détenues par des femmes. Les femmes artisanes en particulier rencontrent des difficultés à s’approvisionner.

Lancer une entreprise et la gérer au jour le jour nécessite des compétences en matière de finances et de budgétisation, d'analyse et de résolution de problèmes, de réflexion stratégique, de planification, de gestion du temps, de prise de décision, de marketing, de réseautage et de service à la clientèle, parmi d’autres (OCDE, 2021[15]). Alors que les compétences entrepreneuriales sont rarement enseignées dans les cursus scolaires généraux, aussi bien dans les pays de la région MENA que dans les pays OCDE, les choix d’orientations des jeunes filles ne leur permettent pas d’acquérir les compétences nécessaires pour lancer et gérer une entreprise, notamment par le biais de programmes d'enseignement et de formation professionnels (EFP). En 2019, seuls 3.9 % des jeunes femmes (15-24 ans) étaient inscrites en EFP dans les États arabes3 et 6 % en Afrique du Nord (OIT, 2020[16]).

Si les compétences entrepreneuriales peuvent être développées à travers les programmes de soutien à l’entrepreneuriat, les femmes ont un accès limité aux conseils, aux consultations, au mentorat et au soutien offerts par les centres de développement des entreprises. Par exemple, seule une femme entrepreneure sur trois déclare avoir bénéficié de services de conseil ou de développement d'entreprise au Maroc (UNIDO, 2017[6]). Plus précisément, 24 % des femmes cheffes d’entreprises interrogées par l’ONUDI en 2015-16 ont bénéficié d’une introduction aux procédures de gestion d’entreprises, 33 % de renforcement des compétences commerciales et 4.9 % de développement des compétences en management du risque (UNIDO, 2017[6]). Comme la plupart des programmes évaluent les risques lors de leurs processus de sélection, ils excluent plus facilement les femmes qui ne correspondent pas à la définition de potentiels entrepreneurs à succès. Même lorsque les femmes accèdent à des programmes d'entrepreneuriat, elles décrient des services offerts inadaptés à leurs réalités, besoins et emplois du temps. Par exemple, les horaires et lieux de pratique créent des conflits avec les responsabilités familiales des femmes.

Dès lors, le manque d’accès aux compétences et expériences entrepreneuriales apparait ainsi comme une barrière importante pour les femmes cheffes d’entreprises au Maroc. En effet, 28.4 % de celles interrogées par l’ONUDI en 2015-16 désignent le manque d’expérience entrepreneuriale comme barrière principale à l’établissement d’une nouvelle entreprise, 15.6 % le manque de compétences en gestion (Tableau ‎4.1). De même, 17 % des femmes marocaines cheffes d’entreprises indiquent que le besoin de développer de nouvelles compétences en gestion restreint leur capacité de croître (UNIDO, 2017[6]).

Développer des compétences sectorielles est crucial pour s’assurer que les femmes entrepreneures aient la possibilité d’investir dans des secteurs à fort potentiel et forte valeur ajoutée, évitant ainsi de confiner l’entrepreneuriat féminin au plus bas de la chaîne de valeur mondiale. Dans un contexte de digitalisation croissante, acquérir des compétences numériques pour profiter de l’essor du commerce en ligne ou du potentiel de croissance des secteurs de haute-technologie permet d’accroitre la compétitivité des entreprises dirigées par des femmes. Cependant, l’enquête de l’ONUDI réalisée auprès de 1 400 femmes de la région MENA a révélé qu’alors que les deux tiers des femmes entrepreneures de la région souhaitaient recevoir une formation sur les appareils et logiciels des technologies d’information et de communication (TIC), un quart seulement a pu bénéficier d’une telle formation au niveau régional. La demande non satisfaite de renforcement des compétences digitales reste élevée au Maroc (Graphique ‎4.4). Seul 20 % des femmes interrogées par l’ONUDI ont reçu une formation, principalement sur l’utilisation des médias sociaux (10 %) et la création d’un site Internet (10 %). Pourtant, 62 % des femmes entrepreneures déclare avoir besoin de plus de formation en informatique.

En conséquence, les TIC semblaient difficiles à maîtriser pour 35 % des femmes entrepreneures de la région et 12 % considéraient le manque de connaissances numériques comme le principal obstacle à l'utilisation des TIC dans leurs activités commerciales, 25 % au Maroc. Ce chiffre passe à 17 % pour les femmes entrepreneures de la région ayant un faible niveau d'éducation, contre 4 % pour celles qui ont obtenu un diplôme universitaire (ONUDI, 2019[17]).

Le manque de confiance et la peur de l’échec peuvent empêcher les gens de considérer l'entrepreneuriat en tant que carrière ou activité à temps partiel. Cela peut également conduire les gens à réduire leurs ambitions entrepreneuriales. Or, ces sentiments sont plus communs dans la population féminine. Dans les pays de l’OCDE, près de la moitié des femmes interrogées sur la période 2016-2020 déclarent que la peur de l'échec est un frein à la création d'entreprise, contre un tiers des hommes (OCDE/Commission européenne, 2021[5]). Si les résultats de l’enquête du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) 2019 démontrent que les Marocains ont globalement confiance en leurs capacités à créer et gérer une entreprise, il est important de noter que le Maroc affiche le plus grand écart mondial entre la perception des compétences chez les femmes (35.8 %) et les hommes (63.6 %) (El Ouazzani, 2017[10]). Certains pays de la région MENA affiche des pourcentages élevés de femmes confiantes dans leurs compétences entrepreneuriales, tels qu’aux Émirats arabes unis (62.8 %), au Liban (64.5 %) ou en Arabie saoudite (69.9 %) (GEM, 2019[11]). Il est important de noter que ces chiffres sont comparables aux scores des hommes.

Ce manque de confiance doit donc être analysé dans les contextes socio-culturel et économique marocains (Graphique ‎4.5). En effet, seul un tiers des femmes marocaines interrogées dans l’enquête GEM perçoivent de bonnes opportunités de démarrage d’une entreprise dans leur région, contre plus de la moitié des femmes canadiennes, chiliennes, libanaises, péruviennes ou qatari (GEM, 2019[11]). Un autre facteur important est lié à la peur de l’échec – ou plus précisément le lien entre risque et retombées escomptées - qui là aussi est plus répandue chez les femmes (54.7 %) que chez les hommes (49 %) au Maroc (El Ouazzani, 2017[10]). Si cette aversion au risque est plus fréquente chez les femmes dans l’ensemble des 54 pays dans lesquels l’enquête a été menée, à l’exception de la Pologne et du Kazakhstan – seules les femmes grecques témoignent d’un niveau aussi élevé que les femmes marocaines (GEM, 2019[11]).

L’inclusion financière des femmes et plus particulièrement des entrepreneurs reste un défi pour l’économie mondiale (La Banque mondiale, 2021[18]). En effet, la majorité des personnes n’ayant pas de compte bancaire sont des femmes. Bien que considérablement faible dans la région MENA, la part des individus possédant un compte auprès d’une institution financière ou d’un fournisseur de services d’argent mobile varie considérablement d’un pays à l’autre. À cet égard, un écart important entre les femmes et les hommes existe dans certains pays de la région, tel que l’Algérie, la Jordanie et le Liban. Le Maroc enregistre le pourcentage le plus faible de femmes possédant un compte auprès d’une institution financière ou d’un fournisseur de services d’argent mobile (16.8 % contre 38 % dans la région MENA). La BERD estime que 230 000 entreprises dirigées par des femmes au Maroc n’étaient pas bancarisées en 2018 (BERD, 2018[19]).

Fournir aux femmes des outils financiers efficaces et abordables pour épargner et emprunter de l'argent, effectuer et recevoir des paiements pour des raisons personnelles et professionnelles, et renforcer leur capacité à prendre des décisions financières éclairées de manière sûre, joue un rôle moteur pour l’entrepreneuriat féminin. Elle accroît également leur autonomie financière, tout en réduisant leur exposition aux risques (Alhassan et al., 2019[20]). À ce sujet, 49.5 % des femmes marocaines cheffes d’entreprises interrogées par l’ONUDI en 2015-16 percevaient des difficultés supplémentaires liées à leur sexe dans l’accès aux financements. Par ailleurs, le manque de financement était considéré comme le principal obstacle à la création d'entreprise par 37 % des femmes entrepreneures en Tunisie, 44 % en Jordanie, 48 % en Autorité palestinienne et 51 % en Égypte ; et comme frein à la croissance pour 22 % des femmes en Tunisie, 36 % en Autorité palestinienne, 40 % en Jordanie et 42 % en Égypte (UNIDO, 2017[6]).

Même après correction des différences de caractéristiques entre les entreprises dirigées par les hommes et celles dirigées par les femmes, ces dernières ont moins de chances d‘obtenir des financements externes que leur homologue masculin (OCDE/Commission européenne, 2021[5]). Ceci s’explique par trois facteurs principaux :

  • Les femmes ont des niveaux d'épargne et de garantie inférieurs, ce qui rend l'accès aux financements externes plus difficile.

  • Elles sont moins confiantes dans leur probabilité de succès - notamment du fait de leur éducation financière plus restreinte – et sont moins susceptibles de présenter des demandes de financement.

  • Les institutions financières et les investisseurs font l’objet d’un parti pris inconscient percevant les projets menés par les femmes entrepreneures comme plus à risque ou moins rentable.

En règle générale, même lorsque les femmes perçoivent des financements externes, elles reçoivent des montants inférieurs, paient des taux d'intérêt plus élevés et sont tenues de fournir davantage de garanties que les hommes (OECD/European Commission, 2022[21]). Une particularité régionale renforce les obstacles à l’inclusion financière des femmes. Bien qu’il n’y ait pas de discrimination légale directe relative à l’accès des femmes aux ressources financières, l’ensemble des pays de la région MENA – y compris le Maroc - adoptent une législation successorale discriminatoire à l’égard des femmes (voir Chapitre 2 : Encourager la diffusion d’une culture de l’égalité entre les femmes et les hommes). Ceci réduit leur capacité d’emprunt qui est calculée en fonction de la solvabilité de l'emprunteur et des sûretés dont il dispose. Une particularité supplémentaire est à noter au Maroc : le faible taux d’épargne en vue d’investir (Graphique ‎4.6). En 2017, seul 1.3 % de la population féminine épargnait dans le but de créer, gérer ou agrandir leur entreprise et/ou leur ferme, contre 5.2 % des hommes. Cette proportion est considérablement inférieure à celle de l’ensemble des pays du Maghreb, de la région MENA ou autres, tels que le Nigéria (25.2 %), les Philippines (24.7 %) et la Guinée (17.3 %).

Le capital de démarrage des entreprises dirigées par des femmes dans la région MENA provient principalement des capitaux propres et du soutien financier des membres de la famille ou des amis. C’est le cas pour 81 % des entreprises dirigées par des femmes en Égypte, 76.1 % en Autorité palestinienne, 75.2 % en Tunisie et 70.5 % au Maroc, contre 58.6 % en Jordanie qui bénéficie d’une activité plus intense des « business angels »4 (Tableau ‎4.2). Au contraire, cette tendance ne semble pas avoir pris son essor au Maroc où seules 2.4 % des femmes entrepreneures déclaraient en 2015-16 avoir utilisé ce mode de financement pour démarrer leur activité alors que 46.5 % avaient recours au crédit bancaire (UNIDO, 2017[6]).

La création d’entreprise peut être motivée par plusieurs raisons. Pour certains, lancer son « business » répond à une demande du marché ou à une volonté d’améliorer la société. D'autres créent leurs propres entreprises parce qu'ils sont dans l’incapacité de trouver un emploi, alors qu'ils ont besoin de gagner un revenu. Ainsi, on oppose souvent l’entrepreneuriat d’opportunité à celui de nécessité. Le premier est lié à un choix de carrière. Le second, quant à lui, est souvent dicté par l’environnement économique et social du pays, tel que le taux de chômage élevé, les pratiques discriminatoires à l’embauche, l’instabilité de l’emploi et les faibles niveaux de rémunération, parmi d’autres. Au Maroc, 20 % des femmes qui ont créé une nouvelle entreprise en 2018 le faisait pour un motif de nécessité contre moitié moins d’hommes (GEM, 2019[11]).

L’absence de données ventilées par sexe et autres caractéristiques socio-démographiques réduit l’analyse intersectionnelle des disparités entre femmes et hommes dans les activités entrepreneuriales. Cependant, l’observation du terrain par les experts, la société civile et les associations de femmes cheffes d’entrepreneures, telles que l’AFEM, démontrent que beaucoup d’entreprises dirigées par les femmes – et notamment l’entrepreneuriat de nécessité développé par les femmes rurales - sont confinées dans le secteur informel. La BERD estimait que près de 83 % des femmes entrepreneures exerceraient dans le secteur informel (El Boufi, 2020[22]). Une enquête menée auprès de 200 femmes entrepreneures au Maroc indique que 24 % d’entre elles exercent leur activité depuis leur domicile (OIT, 2016[23]).

Les femmes ne sont donc pas toutes égales dans le développement de leurs activités entrepreneuriales et leur vulnérabilité varie d’une situation à l’autre. Pourtant, les programmes de soutien à l’entrepreneuriat féminin existants, principalement proposés par Maroc PME, sont difficiles d'accès en dehors des grandes villes et sont destinés aux entreprises opérant dans les secteurs manufacturiers.

La vulnérabilité de l’entrepreneuriat féminin se mesure, par ailleurs, à la création de revenu pour leur propriétaire. Or d'une manière générale, une part significative des femmes entrepreneures dans la région MENA ne reçoit pas de rémunération régulière de leurs entreprises, et déclare alors devoir se tourner vers d'autres sources d'activités rémunérées pour compléter leurs revenus. C’était le cas pour 27.5 % des femmes interrogées par l’ONUDI en 2015-16 au Maroc contre 17.1 % au Liban, 22.8 % en Tunisie et 49.3 % en Jordanie (UNIDO, 2017[6]).

Enfin, le manque de résilience de l’entrepreneuriat féminin peut être analysé au vu de sa capacité à s’adapter aux nouvelles formes de production et de commercialisation qui s’appuient notamment sur l’utilisation des nouvelles technologies. L’étude de l’ONUDI conduite auprès de 219 femmes cheffes d’entreprises au Maroc en 2019 montre des disparités importantes au sein des femmes entrepreneures (ONUDI, 2019[17]) :

  • La plupart des femmes interrogées possèdent un smartphone (95 %), mais une sur six déclarait ne posséder ni avoir accès à aucun appareil pour se connecter à Internet.

  • Leur accès au ordinateurs portables (21 %) ou fixe (14 %), ou à une tablette (8 %) reste encore limitée.

  • Si 80 % des femmes jugent l'accès à Internet satisfaisant, 16 % exprime des difficultés de connexion et près de 20 % des restrictions à l'accès. Celle-ci se manifeste par exemple par une demande systématique de permission à des membres de leur famille. Par conséquent un tiers des femmes interrogées utilisaient Internet dans leurs activités entrepreneuriales moins d’une fois par mois et 16 % jamais.

  • Les femmes entrepreneures au Maroc rencontrent divers obstacles dans l’utilisation des TIC. La principale préoccupation identifiée était le coût trop élevé des TIC, selon plus d'un tiers des répondants.

Un des objectifs du pilier AEF du PGE II était d’accroitre de cinq points de pourcentage la proportion de femmes parmi les entrepreneurs, estimée à 10 % en 2016. Dans cet optique, plusieurs réformes et politiques publiques axées sur le soutien à l'entrepreneuriat féminin ont été adoptées dans le cadre des programmes nationaux de restructuration économique depuis 2017. Celles-ci visent non seulement à favoriser la création et la croissance d‘entreprises dirigées par les femmes, mais également à promouvoir leur formalisation. Il est important de rappeler en outre les mesures exceptionnelles mises en place à la suite de la pandémie du Covid-19 afin d’atténuer les répercussions économiques de la crise sanitaire sur les femmes entrepreneures. Un budget de 124 millions MAD fut mobilisé, des partenariats avec les Conseils Régionaux et Provinciaux ont été établi afin de soutenir les entreprises et coopératives féminines.

Au Maroc, comme dans l’ensemble des pays de la région, les cadres juridiques garantissent aux femmes le droit d'enregistrer une entreprise de la même manière que les hommes. Cependant, les procédures administratives complexes pour l'enregistrement des nouvelles entreprises et la formalisation des entreprises informelles affectent de manière disproportionnée la capacité des femmes à démarrer leur entreprise. Ceci est lié à un manque d'information sur les procédures, ainsi que leur coût, qui est particulièrement élevé pour les femmes entrepreneures qui ont un accès limité aux ressources financières par rapport aux hommes (OCDE, 2021[15]).

La réticence des entrepreneurs face à la complexité et au coût des processus administratifs d’enregistrement des entreprises à tendance à décroitre avec la taille de l’entreprise. De ce fait, les incitations à la formalisation sont très faibles pour les individus exerçant une activité indépendante en son nom personnel et à titre individuel. Pour répondre à cette situation, la loi n°114-13 promulguée par le Dahir n°1-15-06 du 19 février 2015 a ouvert le statut d'auto-entrepreneur à toute personne qui exerce une activité commerciale, industrielle, artisanale ou une prestation de service basée sur sa seule force de travail. Ce régime simplifié de l'entreprise individuelle permet de créer plus facilement une société à but lucratif, en profitant de démarches administratives et de procédures fiscales et sociales simplifiées. Par exemple, les auto-entrepreneurs bénéficient d’une fiscalité réduite à 0.5 % du chiffre d’affaires pour les activités industrielles, commerciales et artisanales, et à 1 % pour les prestations de services. Il s’adresse aux micro-activités dont le chiffre d’affaires annuel est de moins de 200 000 MAD pour les prestations de services et moins de 500 000 MAD pour les activités industrielles, commerciales et artisanales.

Certaines dispositions répondent directement aux caractéristiques des micro-activités des femmes et complètent les stratégies nationales de soutien à l’entrepreneuriat marocain (Encadré ‎4.2). En effet, l'autoentrepreneur peut, par exemple, domicilier son activité professionnelle dans sa résidence principale sans autorisation préalable de son propriétaire. De même, des facilités de financement sont offertes par plusieurs établissements, dont l'Agence Nationale pour la Petite et Moyenne Entreprise (ANPME). Par ailleurs, les démarches administratives de création d’entreprise peuvent être effectuées en ligne et sont plus légères en comparaison d'autre formes juridiques d'entreprises (SARL, SAS, etc.), et ne nécessite pas l'apport de capital.

Selon les chiffres officiels du ministère de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences datant de décembre 2022, il y avait plus de 384 175 autoentrepreneurs à travers le Maroc, dont 25 % de femmes. En outre, au cours de l’année 2019, un accompagnement a été offert à 4 806 porteurs de projets et 2 066 projets ont bénéficié d’un soutien financier, dont 33 % de femmes (Nations unies, 2020[24]).

Au Maroc, les objectifs d’AEF et de développement territorial vont de pair. Ainsi, dans l’optique de réduire la pauvreté, la vulnérabilité et l'exclusion sociale des population rurales, l'Initiative Nationale de Développement Humain (INDH) lancée par le Roi Mohamed VI en 2005 promeut des programmes dédiés à une meilleure intégration économique des femmes rurales. Le soutien aux coopératives5 s’est dès lors imposé comme un outil essentiel pour favoriser l’activité entrepreneuriale formelle des femmes rurales tout en dynamisant les économies locales.

En effet, le Maroc comptait 15 000 coopératives en 2009, dont près de 14 % étaient exclusivement composées de femmes. Celles-ci représentent 29 % des coopérateurs et opèrent dans des domaines variés : au sein des coopératives féminines, 43 % sont engagées dans le secteur artisanal, 33 % dans l'agriculture, 12 % dans l'arganier, en plus d'autres secteurs tels que les plantes aromatiques et médicinales (Azenfar, Elghiat et Debbah, 2019[25]).

C’est dans ce contexte que la loi n° 112.12 relatives aux coopératives du Dahir n° 1-14-189 du 21 novembre 2014, parue au Bulletin Officiel n° 6696 le 02 août 2018, offre un cadre juridique aux coopératives (Encadré ‎4.3). Son but est de leur permettre de réaliser leurs objectifs, d’augmenter leur rentabilité et de les accompagner dans leur transformation vers des entreprises structurées et compétitives créatrice d’emploi et génératrice de forte valeur ajoutée (Bulletin Officiel, 2014[26]). La régulation des coopératives permet ainsi de répondre aux objectifs de formalisation de l’entrepreneuriat féminin.

L'inclusion financière se réfère à l’accès effectif et l’utilisation de services financiers de qualité fournis par des institutions formelles – à un coût abordable pour les clients et durable pour les prestataires. Elle est essentielle pour la promotion d’un entrepreneuriat résilient et créateur d’emploi : tous les jours des entreprises ont besoin d'accéder à des services financiers pour investir, innover, tirer parti des opportunités du marché, gérer les flux de trésorerie et les coûts et réduire les risques.

À ce sujet l’OCDE recommande d’assurer « l’égalité d’accès aux financements des femmes et des hommes entrepreneurs, par des actions destinées à influer tant sur l’offre que sur la demande de financement, en facilitant l'accès aux financements pour les entreprises viables détenues par des hommes et des femmes, en prenant des mesures pour améliorer les connaissances et les attitudes des institutions financières, en faisant mieux connaître aux femmes entrepreneurs les sources et instruments de financement disponibles ; et en encourageant plus de femmes à rejoindre les réseaux de business angels ou les sociétés de capital-risque » (OCDE, 2017[2]).

Compte tenu des barrières sexo-spécifiques auxquelles les femmes se heurtent lors de la création et au cours du processus de croissance de leur entreprise, le Maroc a mis en place divers outils (Encadré ‎4.4) dont une Stratégie Nationale d'Inclusion Financière visant particulièrement les femmes et adoptant de manière explicite une approche genre en 2020 (Ministère de l'Économie et des Finances, 2020[28]). Résultant d’une initiative conjointe entre le ministère de l'Économie et des Finances, et la Banque Centrale du Maroc (Bank Al-Maghrib), cette stratégie vise notamment à :

  • Favoriser l’ouverture de comptes bancaires par les femmes qui n’étaient que 40 % à en détenir au moins un, contre 67 % des hommes.

  • Réformer le cadre légal de la microfinance pour laquelle les femmes représentaient 48 % des créditeurs en 2020.

  • Développer l’éducation financière des femmes à travers les actions d’information et de sensibilisation de la Fondation Marocaine pour l’Éducation Financière : 6 645 entrepreneurs (TPE, Auto-entrepreneurs, micro-entrepreneurs, mono-artisans, coopératives) ont bénéficié en 2020 de formations en éducation financière, dont 54 % de femmes ; 98 000 bénéficiaires ont été sensibilisés à l’éducation financière sur les sujets de gestion budgétaire, les services bancaires, l’épargne et les assurances, dont 90 % de femmes.

  • Renforcer l’écosystème du paiement mobile en capitalisant sur la forte pénétration des téléphones mobiles.

  • Accompagner les banques commerciales dans un processus de fiabilisation des données sur les entreprises ventilées par genre, notamment à travers des ateliers de renforcement des capacités. Bank Al-Maghrib définit le genre des entreprises à partir de deux critères : le capital social et la présidence de l’entreprise (i.e. acquise par une femme ou des femmes à plus de 51 % de son capital ; acquise par une femme ou des femmes à plus de 20 % de son capital et ayant une femme comme présidente ou vice-présidente ou plus de 30 % des membres du conseil d’administration sont des femmes).

Les enjeux économiques du foncier et les défis de la sécurisation des terres pour les femmes sont au cœur d’une politique de développement inclusif. L’AEF suppose une amélioration de l’accès des femmes aux espaces économiques en milieu rural notamment leur accès aux intrants, aux marchés, aux filières agroalimentaires et aux services financiers ruraux. Une politique foncière sensible au genre doit prendre en compte le constat suivant : si les hommes dans leur majorité sont détenteurs d’une propriété foncière, les femmes ne disposent qu’un droit d’accès, d’exploitation de la terre et ne peuvent s’investir dans les productions pérennes, à grande échelle.

Un développement rural inclusif appel à une gouvernance foncière équitable du point de vue du genre qui doit veiller à ce que hommes et femmes prennent part de manière égale aux relations foncières en matière d’administration et de gestion foncière. L’amélioration de la gouvernance foncière appelle donc à :

  • renforcer la participation des femmes aux instances de décision

  • consolider et rendre opérationnels les instruments juridiques de protection des droits fonciers des femmes

  • infléchir les tendances lourdes et corriger les biais d’accès à l’information.

Dans le cadre du deuxième programme de coopération avec le Millennium Challenge Corporation (Compact II), le gouvernement du Maroc lancé en 2021 un projet de mise en place d’un centre d’inclusion des femmes au foncier (CIFF) au sein du ministère de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille visant à favoriser un meilleur accès au foncier des femmes, comme levier de leur participation à l’économie.

Compte tenu du faible niveau de production de données sexospécifiques et l’absence de structures d’études et d’analyses dédiées aux droits fonciers des femmes, le CIFF s’est vu octroyé une mission d’observatoire. Il s’agit de consolider, analyser et diffuser des données foncières sensibles au genre. Celles-ci permettront la réalisation d’études, la production de rapports et l’élaboration de propositions de réformes pour un foncier sensible au genre s’appuyant sur les bonnes pratiques existantes. L’objectif central du CIFF est de mettre en œuvre des campagnes de sensibilisation à ce sujet au profit du grand public, tout en accompagnant les femmes dans l’exercice et la défense de leurs droits fonciers. Ceci suppose la mise en place d’actions de renforcement des capacités des femmes et des acteurs territoriaux, dont les associations de défenses des droits des femmes. Enfin, le CIFF a pour mission d’accroitre la participation des femmes dans les instances de gouvernance du foncier.

Un processus de concertation national et des initiatives pilotes ont été mis en place dans la province de Kénitra au cours de l’année 2023 qui devrait. Cependant, le CIFF n’est jusqu’à ce jour pas encore opérationnel.

Le Maroc s’est engagé depuis plus de deux décennies dans des réformes visant à améliorer l’environnement des affaires. Cependant, au vu des résultats mitigés sur l’entrepreneuriat féminin, les efforts doivent continuer pour que les retombées économiques et sociales des politiques de développement du secteur privé soient pleinement visibles. Aussi, les initiatives doivent répondre davantage aux besoins des entreprises dirigées par les femmes, afin d’accroitre leur résilience, ainsi que leur contribution à la compétitivité et l’inclusivité de l’économie marocaine.

Dans ce sens, la Recommandation de l’OCDE sur l’égalité femmes-hommes dans l’éducation, l’emploi et l’entrepreneuriat (Annexe A) offre un cadre conceptuel inspirant pour les décideurs politiques marocains dans l’optique d’atteindre l’égalité femme-homme dans l’entrepreneuriat, telle que préconisée par le Nouveau Modèle de Développement. Elle préconise notamment la conception de « réponses adaptées face aux lacunes et aux défaillances du marché, y compris des mesures visant à réduire les obstacles à l'entrepreneuriat féminin, les charges administratives sur les entreprises et les limites réglementaires excessives ; des mesures destinées à soutenir une croissance solide, l'internationalisation et l'innovation au niveau des entreprises de même qu’à soutenir l'élaboration et la mise en œuvre de campagnes de sensibilisation, de programmes de formation, de tutorat, d'encadrement et de réseaux de soutien, y compris des conseils professionnels sur les questions juridiques et fiscales » (OCDE, 2017[2]).

Il convient de noter qu’environ la moitié des États membres de l'UE ont pris des mesures pour mettre en place un cadre politique destiné à soutenir les programmes d'entrepreneuriat pour les femmes (OCDE/Commission européenne, 2021[5]) :

  • La majorité des États membres ont clairement défini un ministère ou un département chargé d'élaborer une politique de soutien aux femmes entrepreneurs - 22 au niveau national et 13 au niveau infranational.

  • La moitié des États membres disposent d'une stratégie claire pour l'entrepreneuriat féminin, soit en tant que stratégie autonome, soit intégrée dans une stratégie plus large de l'entrepreneuriat ou du marché du travail.

Bénéficier de la dynamique entrepreneuriale pour le développement inclusif au Maroc appelle à adopter un processus d'élaboration des politiques plus inclusif. Ceci nécessite une plus grande implication des femmes entrepreneurs, des associations, des experts et des conseillers dans l’élaboration des politiques et des programmes de soutien qui répondent à la fois aux besoins des entrepreneurs et aux causes profondes des inégalités entre les femmes et les hommes dans l'entrepreneuriat.

Au Maroc, ce processus pourrait inclure (Encadré ‎4.6) :

  • La mise en place d'un comité de haut niveau sur l'entrepreneuriat féminin et de conseillères politiques expertes pour conseiller les gouvernements.

  • La création de département spécifiquement dédiés à l’égalité femmes-hommes dans les chambres de commerce et l’accroissement des taux d’adhésion des femmes ayant le statut de travailleurs indépendants.

  • Le renforcement des dialogues publics-privés aux niveaux national et local impliquant les associations de femmes cheffes d’entreprises, telles que l’AFEM et ses bureaux régionaux.

  • La collecte et l’utilisation de données ventilées par sexe pour surveiller l'efficacité et l'impact des politiques d'entrepreneuriat pour les femmes entrepreneures.

En parallèle, ce processus de consultation doit être accompagné par un renforcement des écosystèmes d'entreprises dirigées par les femmes, et coopératives féminines, et de leurs capacités notamment à prendre part au processus d’élaboration de politiques entrepreneuriales. En effet, l'entrepreneuriat féminin au Maroc est soutenu par tout un écosystème d'organisations de soutien aux entreprises leur offrant un accès au financement, aux conseils, à l'apprentissage par les pairs, au mentorat et plus encore. Ses associations opèrent presque toujours dans le secteur à but non lucratif et sont sous la responsabilité de femmes cheffes d’entreprises bénévoles. Les consultations menées dans le cadre de ce rapport ont souligné leurs ressources limitées et le manque de soutien des autorités marocaines. Or, ces organisations ont également subi de fortes répercussions dues au Covid-19 et expriment avoir besoin de soutien pour maintenir leur niveau de services. Le Maroc pourrait faire davantage pour tirer parti de cette expertise en renforçant leurs capacités et en travaillant avec elles à la conception et à la mise en œuvre des politiques.

Répondre au manque de confiance et à la peur de l’échec des femmes entrepreneures marocaines peut s’appuyer sur la mise en place d’incubateur, de programmes spécifiques, mais aussi sur des formations entrepreneuriales interdisciplinaires. Intégrer ces formations dans le cursus scolaire général permet en outre de susciter des vocations dès le plus jeune âge. De même, le coaching et le mentorat sont particulièrement efficaces pour développer les compétences entrepreneuriales et accroître la soutenabilité des entreprises dirigées par des femmes. Il est également important d’accroitre la visibilité des femmes « role model » pour augmenter la confiance et l’intention entrepreneuriale des femmes (OECD, 2021[31]).

De plus, fournir un accès continu à la formation entrepreneuriale, financière, juridique et numérique à toutes les étapes de la vie des femmes faciliteraient leur reconversion et leur perfectionnement. Ceci est essentiel dans un contexte économique mondial instable qui requiert la résilience du tissu industriel marocain. Ces formations devraient être plus accessibles aux femmes peu qualifiées et en situation de vulnérabilité. Ces programmes doivent permettre aux femmes de créer leur entreprise dans les secteurs qu’elles désirent, tout en assurant une interdisciplinarité.

Dans ce souci d’interdisciplinarité, le Maroc pourrait établir des passerelles entre les programmes d'éducation et de formation à l'entrepreneuriat, au numérique, en droit et finances, afin de doter les étudiants des compétences pré-requises pour développer leurs entreprises (Encadré ‎4.7).

Le Maroc peut s’appuyer sur sa stratégie de transition numérique pour répondre aux barrières sexo-spécifiques auxquelles font face les femmes entrepreneures, notamment dans l’acquisition de compétences et l’accès aux réseau et financements. En effet, la disponibilité de formations en ligne peut aider les femmes entrepreneures à surmonter les restrictions de mobilité, réduire les coûts de transport et s'adapter aux responsabilités familiales, en particulier pour les femmes habitant des territoires enclavés et/ou éloignés. De même les outils de commercialisation en ligne permettent de soutenir l’accès aux marchés des entreprises et coopératives féminines.

Afin de réduire davantage ses fractures rurales et entre les sexes, davantage d’attention doit être accordée à la résolution des problèmes de connectivité grâce à des services électroniques abordables. En effet, les caractéristiques géographiques et territoriales du Maroc rendent les investissements dans les infrastructures de connectivité relativement coûteux et techniquement difficiles dans les territoires enclavés. Cependant, les technologies numériques pourraient les connecter au niveau national voire international (Encadré ‎4.8), et offrir aux femmes de nouvelles opportunités pour gérer et développer leurs entreprises quel que soit leur localisation. Rendre ces outils connus, disponibles et abordables pour toutes les femmes entrepreneures permettrait de libérer leur potentiel d'investissement.

L'attribution en 2006 du prix Nobel de la paix à Muhammad Yunus a largement contribué à faire du micro-crédit l'un des outils incontournables de financement des micro-entreprises féminines et de lutte contre la pauvreté. La microfinance répond aux besoins de petits prêts pour démarrer une entreprise ou soutenir l’activité de certaines femmes entrepreneures, notamment celles qui sont confrontées au manque d'accès au capital, à la terre et aux locaux commerciaux, et sont de fait exclues du système bancaire (Bel Hadj Miled, 2023[36]). Au Maroc, les femmes cheffes d’entreprises ou travailleurs indépendants recouraient deux fois plus à la microfinance que les hommes (BERD, 2018[19]).

Le pays dispose de lois réglementant le secteur de la microfinance. Même si les femmes n'y sont pas spécifiquement ciblées, étant donné leur proportion relativement élevée dans le secteur de la microfinance, la création d’un environnement législatif favorable à ce secteur participe au soutien de l’entrepreneuriat féminin. En outre, des programmes ciblant les femmes ont été développés par les institutions financières bancaires et non bancaires. Par exemple, la Société financière internationale (IFC) et al Amana Microfinance ont lancé en 2022 un nouveau programme pour améliorer l’accès au financement pour les microentreprises dans le pays - en particulier celles dirigées par des femmes - soutenir l’activité économique, la création d’emplois et la relance post-Covid-19. Au moins la moitié de l’accord de financement de 8 millions USD sera destinée à soutenir les femmes et les entreprises détenues par des femmes.

Cependant, la microfinance est loin de répondre aux besoins de l’ensemble des entreprises dirigées par les femmes au Maroc. La taille des prêts et les services non-financiers ne sont pas forcément adaptés aux entreprises ayant des objectifs de développement et de croissance allant au-delà des critères de la microfinance. De ce fait, un certain nombre de femmes cheffes d’entreprises se retrouvent coincé dans ce qu’on appelle parfois le « missing middle » ou « chaînon manquant » : leurs entreprises ne sont ni assez grandes, ni assez petites pour accéder au financement. En effet, les caractéristiques de leurs activités entrepreneuriales et leurs besoins de financement ne répondent ni aux conditions de la microfinance ni à celles du système bancaire ou des fonds d’investissements, établissant un montant minimum de prêt trop élevé et exigeant des garanties trop importantes.

Il semblerait que pour le moment aucune institution financière active au Maroc n’est pu s’engager sur ce segment. Pourtant, la BERD estime qu’en 2018, le besoin de financement des entreprises dirigées par des femmes au Maroc représentait un marché potentiel de 862 millions d’euros de prêts aux entreprises et de 195 millions d’euros de recettes par an (BERD, 2018[19]).

Différentes pistes de réflexion semblent pertinentes pour compléter la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière et ainsi permettre aux entreprises gérées par des femmes au Maroc d’avoir un accès à une offre de financement diversifiée (Encadré ‎4.9) :

  • Inciter au changement des pratiques bancaires, notamment en ce qui concerne la relation client et la formation du personnel.

  • Concevoir et mettre en œuvre un ensemble de mesures « douces », telles que des programmes de conseil et d'assistance technique, pour soutenir et améliorer le financement des femmes entrepreneurs et des entreprises dirigées par des femmes et leur écosystème. À ce sujet, dans les pays OCDE un grand nombre d’institutions financières associent prêts et services non-financiers afin d’améliorer la performance des entreprises et d’augmenter les taux de remboursement. Cette combinaison s’est révélée efficace dans la majorité des cas (OECD, 2023[37]).

  • Favoriser le développement de nouveaux canaux de distribution tel que le « mobile money ».

  • Soutenir l’émergence et la croissance de fonds de capital-risque dirigés par des femmes ou fournissant des capitaux prioritairement aux entreprises appartenant à des femmes, ou de « business angels » intégrant une approche favorisant l’AEF.

  • Continuer d'informer et de sensibiliser une large communauté d'acteurs et d'investisseurs sur les obstacles persistants, mais surtout les opportunités et les perspectives d'un système financier plus inclusif.

Au Maroc comme ailleurs, l’économie sociale représente une opportunité d’AEF notamment à travers l’entrepreneuriat social. Cependant, celle-ci est souvent confinée aux secteurs typiquement féminins - santé, services de soins, éducation et travail social - renforçant la ségrégation occupationnelle (voir Chapitre 2 : Encourager la diffusion d’une culture de l’égalité entre les femmes et les hommes). Accroitre l’investissement des entrepreneures sociales dans des secteurs porteurs, tel que l’économie verte et numérique, permet à la fois de répondre aux objectifs quantitatifs et qualitatifs de l’AEF, tout en créant des externalités positives pour la transition énergétique et technologique.

Une récente étude de l’OCDE intitulée « Au-delà des emplois cols roses pour les femmes et l'économie sociale » propose à ce sujet des actions prioritaires qui pourraient servir d’inspiration au Maroc, à savoir (OCDE, 2023[39]) :

  • créer des réseaux dédiés aux femmes 

  • établir des objectifs genres dans les politiques d’infrastructures et de développement urbains, ainsi que dans les processus d'attribution des marchés publics (Encadré ‎4.10

  • développer des formations ciblées dédiées aux femmes entrepreneures et membres de coopératives.

La mise en place d’une approche genre dans l’intégration des chaînes de valeur peut participer à la valorisation l’entrepreneuriat féminin au Maroc. Ceci implique l’examen explicite des questions liées au genre, ainsi que l’intégration proactive de composantes liées à ces questions dans l’analyse des chaînes de valeur et dans les stratégies de développement.

Il faut pour cela établir une cartographie de la participation des entreprises dirigées par des hommes et des femmes ainsi que des avantages retirés et d’identifier les facteurs qui forment les modèles liés au genre dans les opérations d’une chaîne de valeur. Ce processus de cartographie s’appuie sur la collecte de données quantitatives autant que qualitatives. En effet, bien souvent, l’analyse de la chaîne de valeur n’accorde que peu, voire aucune considération au rôle particulier des femmes productrices de biens ou services. Par conséquent, les entreprises appartenant aux femmes n’arrivent pas toujours à bénéficier des stratégies de mise à niveau et des opportunités de marché et de croissance.

Par ailleurs, une stratégie entrepreneuriale visant à améliorer l’accès des femmes aux marchés, développer leurs ventes et de mettre en valeur leurs produits peut nécessiter de réunir les micros-entreprises dirigées par les femmes en plateformes permettant des achats groupés et le rapprochement des différents maillons de la chaîne de valeur. Elle peut aussi s’appuyer sur des cas pilotes de création de chaines de valeurs spécifiquement dédiées aux femmes (Encadré ‎4.11) ou au contraire intégrer des entreprises dirigées par des femmes et des hommes au sein de la même chaîne de valeur pour étendre la coopération et les opportunités d’affaire.

Références

[40] Acheter pour Victoria (2023), Orientations détaillées pour l’égalité et la sécurité des femmes, https://www.buyingfor.vic.gov.au/detailed-guidance-womens-equality-and-safety (consulté le 5 septembre 2023).

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[19] BERD (2018), Services bancaires pour les femmes au Maroc : Une opportunité commerciale inexploitée, Banque européenne pour la reconstruction et le développement, https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwiAz-TQkPWCAxXafqQEHeODBxkQFnoECBgQAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.ebrd.com%2Fdocuments%2Fgender%2Fservices-bancaires-pour-les-femmes-au-maroc-une-opportunit-commerciale-inex.

[43] BPI France (2021), Les Business Angels, https://bpifrance-creation.fr/encyclopedie/financements/recours-a-investisseurs/business-angels (consulté le 19 janvier 2023).

[34] BridgeforBillions (2021), Site web Bridge for Billions, https://www.bridgeforbillions.org/ (consulté le 19 septembre 2022).

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[11] GEM (2019), Adult Population Survey, https://www.gemconsortium.org/data/sets?id=aps.

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[12] HCP (2022), La femme marocaine en chiffres, Haut-Comissariat au Plan.

[8] HCP (2022), La Femme Marocaine en Chiffres: Evolution des Caractéristiques Démographiques et Socioprofessionnelles, Haut-Commissariat au Plan.

[30] ICR (2022), Promoting women’s organisations into public-private dialogues in order to foster women’s economic empowerment in ACP countries, https://www.icr-facility.eu/fileadmin/files/downloads/icreports/icreport_wee_3_ppd.pdf.

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[16] OIT (2020), Global Employment Trends for Youth 2020:Technology and the future of jobs, Organisation internationale du Travail, https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---dcomm/---publ/documents/publication/wcms_737648.pdf.

[23] OIT (2016), Évaluation de la situation du développement de l’entrepreneuriat féminin au Maroc, Organisation internationale du Travail, https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_emp/---emp_ent/---ifp_seed/documents/publication/wcms_541962.pdf.

[42] OIT (2016), Évaluation nationale du développement de l’entrepreneuriat féminin en Tunisie, Organisation internationale du Travail, https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_emp/---emp_ent/---ifp_seed/documents/publication/wcms_551170.pdf.

[41] OMEGA (2022), Plateforme ESS 2024, OMEGA, https://www.paris2024.org/fr/heritage-economie-sociale-et-solidaire/ (consulté le 19 septembre 2023).

[17] ONUDI (2019), Promoting Women’s Empowerment for Inclusive and Sustainable Industrial Development in the Middle East and North Africa region – Phase II, ONUDI, https://www.unido.org/sites/default/files/files/2019-12/PWE%20I%20and%20II.pdf.

[29] Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (2013), « La gouvernance foncière pour les femmes et les hommes : Guide technique pour une gouvernance foncière responsable et équitable pour les femmes et les hommes », Guide technique pour la gouvernance des régimes fonciers, n° 1, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, http://www.observaction.info/wp-content/uploads/2015/05/gouvernance-fonciere-pour-les-hommes-et-les-femmes.pdf.

[32] Shahin, M. et al. (2021), « The impact of a STEM-based entrepreneurship program on the entrepreneurial intention of secondary school female students », International Entrepreneurship and Management Journal, vol. 17/4, pp. 1867-1898, https://doi.org/10.1007/s11365-020-00713-7.

[6] UNIDO (2017), Promoting Women Empowerment for Inclusive and Sustainable Industrial Development in the Middle East and North Africa region: A study on women entrepreneurship development in Egypt, Jordan, Lebanon, Morocco, Palestine and Tunisia, UNIDO, https://www.unido.org/sites/default/files/files/2019-10/MENA_REPORT_Eng_interactive-1_0.pdf.

[33] Womenpreneur Digital Hub (2022), Womenpreneur Digital Hub:The first digital space for women in the MENA region to learn, connect and grow, https://www.womenpreneur-digital.com/home.html (consulté le 19 septembre 2022).

Notes

← 1. Le taux d’activité entrepreneuriale en phase de démarrage correspond au pourcentage de la population âgée de 18 à 64 ans qui est soit nouvel entrepreneur soit propriétaire exploitant d’une nouvelle entreprise.

← 2. Au Maroc, les TPE comprennent de 10 à 19 salariés, les PME de 20 à 499 salariés et les grandes entreprises plus de 500 salariés.

← 3. Les États Arabes comprennent : Bahreïn, Irak, Jordanie, Koweït, Liban, Oman, Autorité palestinienne, Qatar, Arabie saoudite, Syrie, Émirats arabes unis et Yémen.

← 4. « Un business angel est une personne physique qui décide d'investir une partie de son patrimoine financier dans des sociétés innovantes à fort potentiel. » (BPI France, 2021[43]).

← 5. Elles sont définies par la législation marocaine comme un groupement de personnes morales et/ou physiques, qui créent une entreprise afin d’assouvir leurs besoins économiques et sociaux (Bulletin Officiel, 2014[26]).

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