4. Aspects de l’intégration sociale des émigrés ivoiriens

L’intégration sociale des émigrés dans les pays d’accueil joue un rôle prépondérant dans leur intégration économique (voir Chapitre  3), leur sentiment d’appartenance et leur bien-être (voir Encadré 4.1). L’intégration sociale des immigrés se matérialise par exemple par leur niveau d’accès aux services et institutions de base dont ceux de santé que la pandémie de SARS-CoV-19 a récemment mis en lumière (voir Encadré 4.2).

Au-delà du niveau général d’éducation des émigrés ivoiriens, leurs compétences en littératie, en numératie et leur maîtrise de la langue du pays de destination sont des facteurs primordiaux de leur intégration sociale, en plus d’être des déterminants de leur insertion sur le marché du travail (OCDE/Union européenne, 2019[4]). Ces compétences permettent de participer à la vie économique et sociale de la société d’accueil et facilite l’accès à l’information, aux services publics, aux institutions et leur permet donc de faire valoir les droits auxquels ils peuvent prétendre. Cette section examine ainsi les compétences des émigrés ivoiriens dans les pays de l’OCDE, ainsi que leur niveau de maîtrise de la langue du pays de destination, relativement aux autres émigrés et aux natifs.

Selon les données du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes de 2012 (PIAAC, voir Encadré 4.2), le niveau des émigrés ivoiriens entre 16 et 65 ans dans les pays de l’OCDE en littératie et numératie était significativement inférieur à celui de l’ensemble des immigrés et de la population née dans les pays de l’OCDE. Comme le montre le Graphique 4.2, les scores moyens en littératie et en numératie des émigrés ivoiriens étaient inférieurs de 69 points à la moyenne des personnes nées dans les pays de l’OCDE, et d’au moins 40 points aux scores moyens de l’ensemble des immigrés. Les scores des émigrés de l’UEMOA sont relativement similaires aux scores obtenus par les émigrés ivoiriens.

Parmi les émigrés ivoiriens dans les pays de l’OCDE, les femmes semblaient avoir davantage de compétences en littératie aux hommes (scores supérieurs de 15 points), tandis que les hommes avaient obtenu de meilleurs scores que les femmes en numératie. Ainsi, en littératie, les scores des femmes nées en Côte d’Ivoire étaient plus proches des natives de l’OCDE que l’étaient ceux de leurs homologues masculins. À titre de comparaison, les scores des immigrés et des natifs entre les femmes et les hommes étaient similaires en littératie, et supérieurs pour les hommes en numératie.

La maîtrise de la langue du pays de destination est une autre dimension essentielle pour l’intégration économique et sociale des immigrés. Cela facilite l’intégration sur le marché du travail local, l’accès à l’information et leur permet de connaître et faire valoir leurs droits comme celui à la naturalisation. Cependant, parler la langue du pays de destination est souvent une des raisons du choix du pays de destination et généralement une condition à l’obtention d’un titre de séjour notamment quand elle se fait dans le cadre d’une installation pour raisons professionnelles. Ainsi, il est relativement peu étonnant que les émigrés parlent couramment la langue du pays de destination et cela d’autant plus qu’ils y résident depuis longtemps. De ce fait, aux États-Unis, la majorité des émigrés ivoiriens déclare parler couramment anglais : 90 % d’entre eux parlent bien, très bien voire uniquement anglais sur la période la plus récente. Seuls 10 % déclarent peu parler voire ne pas parler du tout anglais. Ce constat vaut aussi bien pour les femmes que pour les hommes nés en Côte d’Ivoire. Toutefois, ils parlent généralement en français au sein de leur ménage (70 %). Comme présenté dans le Graphique 4.3, les émigrés de l’UEMOA maîtrisent tout aussi bien l’anglais que les émigrés ivoiriens mais dans leur ensemble, les immigrés parlent moins bien anglais que les individus nés en Côte d’Ivoire. Effectivement, 24 % des immigrés aux États-Unis déclarent ne parler que peu voire pas du tout parler anglais. Les émigrés ivoiriens déclarent ainsi parler couramment anglais plus fréquemment que l’ensemble des immigrés (+10 points de pourcentage). Cela peut s’expliquer notamment par le fait que la communauté ivoirienne reste petite en taille aux États-Unis et donc il est d’autant plus nécessaire pour s’intégrer de parler la langue quand d’autres communautés non anglophones peuvent bénéficier d’un réseau bien plus grand. Ces différences sont toutefois à interpréter avec précaution car les résultats sont basés sur une perception personnelle des niveaux d’anglais et peuvent ainsi varier d’un individu ou groupe d’individus à un autre.

Comme noté plus haut et présenté dans le Graphique 4.4, la pratique de la langue des immigrés s’améliore à mesure que le temps passé dans le pays de destination augmente. Plus d’un émigré ivoirien sur cinq arrivé aux États-Unis il y a moins de cinq ans ne parle peu ou pas anglais (22 %). La moitié d’entre eux parle très bien ou uniquement l’anglais. La maîtrise de l’anglais parmi les émigrés ivoiriens arrivés récemment est en moyenne meilleure que celle de l’ensemble des immigrés résidant aux États-Unis ; 30 % de ces derniers indiquent ne parler que peu voire pas du tout anglais. Cette différence se creuse parmi les émigrés présents depuis plus longtemps. En effet, la proportion d’émigrés ivoiriens parlant anglais augmente significativement jusqu’à concerner neuf individus sur dix après dix ans de résidence aux États-Unis alors que cette part pour l’ensemble des individus nés à l’étranger n’augmente que marginalement (73 %).

En Italie, l’enquête Intégration scolaire et sociale des immigrés de deuxième génération réalisée en 2015 auprès des élèves de collège et de lycée montre que les élèves nés en Côte d’Ivoire ont une moins bonne maîtrise de l’italien que les autres élèves nés à l’étranger. En effet, seulement 33 % des élèves nés en Côte d’Ivoire déclarent parler très bien italien contre 54 % de l’ensemble des élèves nés à l’étranger. Concernant le niveau de lecture et d’écriture, on retrouve des différences similaires : 32 % des élèves ivoiriens indiquent savoir très bien lire l’italien et 29 % d’entre eux très bien l’écrire contre respectivement 52 % et 43 % parmi l’ensemble des élèves nés à l’étranger.

En France, premier pays de destination de l’OCDE des émigrés ivoiriens, il est entendu que le français ne constitue qu’une barrière limitée à l’intégration des individus nés en Côte d’Ivoire, dont la langue officielle est le français. Bien que ce ne soit pas la langue la plus parlée en Côte d’Ivoire, les Ivoiriens bénéficient d’un avantage de ce point de vue relativement aux immigrés venus de pays non francophones. Cela va de même pour les autres pays francophones de l’OCDE.

L’acquisition de la nationalité est un déterminant de l’intégration civique et donc de l’intégration sociale dans la mesure où elle permet aux immigrés de participer aux décisions politiques notamment au travers du vote et ainsi bénéficier des mêmes droits que l’ensemble des citoyens (OCDE/Union européenne, 2019[4]). La démarche de demander la nationalité du pays de destination traduit aussi une volonté des émigrés de faire davantage porter leur voix dans la vie citoyenne et politique de la société d’accueil. Les modalités d’obtention de la nationalité diffèrent selon les pays. Un des critères primordiaux d’acquisition de la nationalité est la durée de séjour des immigrés dans le pays d’accueil. Dans le cas de la France, premier pays de destination des émigrés ivoiriens dans l’OCDE, pour les personnes nées à l’étranger et dont aucun parent n’est français, la nationalité peut être obtenue par déclaration1 ou par naturalisation. La déclaration de nationalité concerne principalement les conjoints de Français, toujours sous condition de durée de résidence en France, entre autres. La naturalisation concerne les étrangers résidant en France depuis au moins cinq ans, sous condition notamment d’une connaissance suffisante de la langue française et d’une bonne insertion professionnelle.

Entre 2000 et 2019, le nombre annuel d’acquisitions de la nationalité des pays de l’OCDE par les émigrés ivoiriens a presque quadruplé, passant d’environ 1900 acquisitions en 2000 à 7 200 en 2019, selon la Base de données de l’OCDE sur les migrations internationales (voir Annexe A). Comme le montre le Graphique 4.5, au cours de cette période, la grande majorité des acquisitions de nationalité par les émigrés ivoiriens ont eu lieu en France. Cependant, la part des acquisitions de la nationalité française par les émigrés ivoiriens a significativement diminué depuis les années 2000. Alors que 75 % des acquisitions de nationalité étaient françaises en 2000, elles ne représentent plus que 41 % en 2019. Cela reflète la diversification des pays d’immigration des Ivoiriens dans l’OCDE.

Jusqu’en 2013, les États-Unis et le Royaume-Uni étaient les deux pays délivrant le plus souvent la nationalité aux émigrés ivoiriens après la France, suivis par le Canada et l’Italie. Les acquisitions de la nationalité américaine représentaient en 2000 10 % des acquisitions de nationalité par les émigrés ivoiriens. Cette part est restée relativement stable depuis 2000 (14 % des acquisitions de la nationalité en 2019), le nombre des acquisitions de la nationalité américaine ayant augmenté de façon régulière au cours de la période 2000-19. Les acquisitions de la nationalité canadienne ont augmenté beaucoup plus rapidement à partir de 2014 puis de nouveau à partir de 2017, tandis que les acquisitions de nationalité italienne ont fortement augmenté entre 2013 et 2017, avant de revenir à un niveau plus modeste ces dernières années.

45 % des émigrés ivoiriens résidant dans les pays de l’OCDE avaient la nationalité du pays de destination en 2015/2016. Les émigrés ivoiriens acquéraient plus souvent la nationalité des pays de destination que l’ensemble des émigrés de l’UEMOA, parmi lesquels 40 % ont obtenu la nationalité du pays (voir Graphique 4.6). Ainsi, les émigrés ivoiriens se plaçaient devant les émigrés maliens et sénégalais détenant le moins la nationalité de leur pays d’accueil (respectivement 33 % et 35 %) mais derrière les émigrés en provenance du Bénin et du Togo (respectivement 54 % et 60 %).

La proportion d’émigrés ivoiriens détenant la nationalité de leur pays d’accueil est très hétérogène selon les pays, comme le met en évidence le Graphique 4.7. Parmi les principaux pays de destination de l’OCDE, en 2015/2016, les émigrés ivoiriens avaient le plus souvent la nationalité au Royaume-Uni : 61 % d’entre eux l’avaient obtenue. À la même période, cette part était de 41 % au Canada et 42 % en Belgique. Si dans ce dernier pays, la part d’émigrés ivoiriens avec la nationalité était similaire à celle de l’ensemble des émigrés, elle était très inférieure aux niveaux observés pour l’ensemble des émigrés résidant au Canada. Effectivement, 70 % des individus nés à l’étranger ont la nationalité canadienne soit près de 30 points de pourcentage de plus que pour les émigrés ivoiriens. Cela pourrait notamment s’expliquer par l’arrivée plus récente des Ivoiriens au Canada.

En France (2018/2019) et aux États-Unis (2017/2019), selon les données les plus récemment disponibles, près de la moitié des émigrés ivoiriens ont la nationalité. En Italie, seuls 15 % des émigrés ivoiriens ont la nationalité en 2017/2020 d’après les données de l’enquête emploi italienne.

Les différences de proportion d’émigrés ivoiriens ayant la nationalité des différents pays de destination au sein de l’OCDE s’expliquent notamment par les différences de législations nationales concernant l’obtention de la nationalité et par la prévalence d’immigrés disposant déjà de la nationalité. Effectivement, dans de nombreux pays, des émigrés ivoiriens ont obtenu la nationalité du pays de destination à la naissance du fait que leurs parents aient eux-mêmes la nationalité de ce même pays. C’est le cas notamment en France où environ 40 % des émigrés ivoiriens sont nés français et donc 60 % sont devenus français par acquisition. Aux États-Unis, parmi les citoyens américains nés en Côte d’Ivoire, la proportion de ceux nés avec la nationalité n’est que de 18 %. Cette proportion est seulement de 4 % dans le cas du Canada.

Un autre facteur explicatif des différences entre pays est le caractère plus ou moins récent de l’immigration. En effet, si la durée de séjour est très souvent un des critères pour être naturalisé, les pays d’accueil ont des seuils plus ou moins contraignants. Par exemple, la naturalisation en Italie nécessite, en plus d’autres critères, d’avoir résidé de manière continue au moins dix ans dans le pays (en dehors des acquisitions par mariage, descendance ou naissance). En revanche, aux États-Unis, au Canada ou en France, cette durée minimale est de cinq ans, rendant la citoyenneté relativement plus accessible.

Pour la France, la proportion relativement plus élevée d’émigrés ivoiriens ayant la nationalité française peut également s’expliquer par le fait que la France offre un accès particulier à la nationalité aux immigrés originaires d’un pays dont le français est la langue officielle (Migration Policy Group/France Terre d'Asile, 2013[6]).

La quasi-majorité des émigrés ivoiriens (46 %) acquièrent la nationalité française quand ils ont passé entre dix et 20 ans sur le territoire français (Graphique 4.8). Cela correspond à une augmentation de 26 points de pourcentage par rapport aux émigrés ivoiriens résidant en France depuis cinq à dix ans. De façon semblable, 45 % des Ivoiriens aux États-Unis depuis cinq-dix ans ont acquis la nationalité, soit 37 points de pourcentage de plus que ceux arrivés il y a moins de cinq ans. En Italie, cette proportion n’augmente significativement que lorsque les émigrés ivoiriens sont présents depuis plus de 20 ans dans le pays et ne dépasse pas le tiers des résidents italiens nés en Côte d’Ivoire. Cela suggère donc que les émigrés ivoiriens attendent moins longtemps avant d’obtenir la nationalité aux États-Unis qu’en France ou en Italie. Sur le très long terme, près de 70 % des émigrés ivoiriens installés en France et plus de 80 % des émigrés ivoiriens présents États-Unis ont acquis la nationalité de leur pays d’accueil.

Les émigrés ivoiriens acquièrent plus souvent la nationalité française et américaine que l’ensemble des immigrés présents en France et aux États-Unis et ce, quelle que soit leur durée de séjour. Le constat est différent en ce qui concerne les émigrés ivoiriens en Italie. La part des émigrés ivoiriens ayant acquis la nationalité italienne est proche de celle de l’ensemble des immigrés lorsque leur durée de séjour est inférieure à 20 ans. Toutefois parmi les personnes installées en Italie depuis plus de 20 ans, la part des immigrés ayant acquis la nationalité est supérieure d’environ 30 points de pourcentage à la part des émigrés ivoiriens détenant la citoyenneté italienne. La prévalence des émigrés ivoiriens avec la nationalité française, américaine ou italienne est relativement similaire à celle des émigrés de l’UEMOA.

L’accès à la nationalité du pays destination par les émigrés ivoiriens varie aussi selon leurs caractéristiques sociodémographiques. Les femmes nées en Côte d’Ivoire semblent acquérir plus fréquemment la nationalité française ou américaine. Aux États-Unis, elles sont 51 % à avoir la nationalité américaine en 2017/2019 contre 44 % de leurs homologues masculins. Dans une moindre mesure, en France, les émigrées ivoiriennes ont aussi plus souvent acquis la nationalité française que les hommes (+3 points de pourcentage). Ce dernier résultat se maintient en contrôlant pour le temps passé France. La plus grande prévalence de l’acquisition de la nationalité chez les femmes pourrait notamment s’expliquer par le fait que les femmes ivoiriennes émigrent plus souvent pour des raisons familiales (voir Chapitre 1) venant ainsi rejoindre un conjoint déjà citoyen du pays de destination ou ayant des chances de le devenir.

Le niveau d’éducation des émigrés est un autre facteur déterminant de l’acquisition à la nationalité du pays d’accueil. Comme noté plus haut, au-delà des contraintes liées à la durée de résidence, les procédures d’acquisition de la nationalité par les émigrés requièrent un niveau seuil de connaissance de la langue, de la culture, de l’histoire, des institutions, des procédures administratives du pays d’accueil, ainsi que de ressources financières, généralement associés à un niveau d’éducation intermédiaire voire supérieur. En France, les émigrés ivoiriens diplômés du supérieur acquièrent plus souvent la nationalité que les émigrés ivoiriens faiblement éduqués : 50 % des émigrés ivoiriens avec un niveau d’éducation supérieur ont acquis la nationalité française. C’est 20 points de pourcentage de plus que les émigrés ivoiriens faiblement éduqués en 2018/2019. Comme le montre le Graphique 4.9, si la proportion d’émigrés ivoiriens ayant acquis la nationalité française augmente à mesure que le temps passé depuis l’arrivée dans le pays de destination s’allonge, elle augmente d’autant plus que le niveau d’éducation des émigrés ivoiriens est élevé. Ainsi, pour les individus résidant en France depuis plus de dix ans, plus de la moitié des émigrés ivoiriens avec un niveau d’éducation élevé ont acquis la nationalité (55 %). Ce taux diminue de 8 points de pourcentage pour les individus avec un niveau d’étude intermédiaire et de près de 20 points de pourcentage pour ceux avec un niveau faible. Ces écarts sont encore plus prononcés aux États-Unis où 69 % des émigrés ivoiriens ayant suivi des études supérieures ont acquis la nationalité américaine après dix ans de résidence contre 58 et 34 % pour les émigrés ivoiriens avec un niveau d’étude intermédiaire ou faible respectivement. Au-delà de 20 ans de séjour en France et aux États-Unis, quatre émigrés sur cinq avec un niveau d’éducation supérieur ont obtenu la nationalité du pays. Ce taux reste relativement stable pour les émigrés ivoiriens avec un niveau d’éducation faible en comparaison à ceux installés entre dix et 20 ans aux États-Unis. En France, les émigrés ivoiriens avec un niveau d’éducation faible sont 58 % à avoir acquis la nationalité. En revanche, pour les émigrés arrivés il y a dix ans ou moins, le niveau d’éducation ne détermine pas l’acquisition de la nationalité aussi bien en France qu’aux États-Unis.

Bien que les émigrés faiblement éduqués obtiennent moins souvent la nationalité française que les émigrés possédant un niveau d’éducation élevé, ils sont tout de même plus susceptibles de l’obtenir à mesure que leur durée de séjour en France s’allonge contrairement aux États-Unis. Dans ce dernier pays, le niveau faible d’éducation des émigrés semble représenter une barrière à l’obtention de la citoyenneté américaine et ce quel que soit le temps passé sur le territoire. Cela pourrait notamment s’expliquer par les coûts associés à une demande de naturalisation dans le pays que les individus faiblement qualifiés seraient moins en mesure de financer.

L’intégration sociale des émigrés ivoiriens est relativement hétérogène cachant des inégalités notables selon leurs caractéristiques sociodémographiques mais aussi selon le pays de destination. De façon générale, les émigrés ivoiriens réussissent moins bien aux évaluations de compétences en littératie et numératie que les émigrés d’autres pays résidant dans les pays de l’OCDE. Cela se matérialise notamment par une moins bonne maîtrise des langues des pays non francophones, notamment l’italien. Cependant, dans les pays anglo-saxons, et particulièrement aux États-Unis, les émigrés ivoiriens semblent avoir une bonne maîtrise de l’anglais. Cette intégration passe aussi par l’acquisition de la nationalité du pays d’accueil, constituant, entre autres, une étape nécessaire à la participation électorale. Ainsi, le nombre de naturalisations d’émigrés ivoiriens a sensiblement augmenté depuis le début des années 2000 parallèlement à l’augmentation des flux d’émigrés ivoiriens. Avec la diversification des flux d’émigration, elles ne concernent plus quasi-exclusivement les naturalisations en France. L’acquisition de la nationalité dépend de plusieurs facteurs, le plus évident étant le temps passé depuis l’arrivée dans le pays de destination. Le niveau d’éducation des émigrés facilite aussi l’acquisition de la nationalité. Par exemple, aux États-Unis, le nombre de naturalisations des individus nés en Côte d’Ivoire ayant suivi au mieux un enseignement secondaire de premier cycle reste relativement faible et constant à mesure que leur durée de séjour augmente contrairement aux autres émigrés ivoiriens. Les femmes obtiennent généralement plus souvent la nationalité que les hommes en France et aux États-Unis.

Références

[6] Migration Policy Group/France Terre d’Asile (2013), L’accès à la nationalité et son impact sur l’intégration des immigrés. Manuel pour la France, Migration Policy Group.

[1] OCDE (2020), What is the impact of the COVID-19 pandemic on immigrants and their children?, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/e7cbb7de-en.

[5] OCDE (2012), Literacy, Numeracy and Problem Solving in Technology-Rich Environments: Framework for the OECD Survey of Adult Skills, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264128859-en.

[4] OCDE/Union européenne (2019), Trouver ses marques 2018: Les indicateurs de l’intégration des immigrés, Éditions OCDE, Paris/Union européenne, Brussels, https://dx.doi.org/10.1787/9789264309234-fr.

[3] Papon, S. et I. Robert-Bobée (2021), « Décès en 2020 : hausse plus forte pour les personnes nées à l’étranger que pour celles nées en France, surtout en mars-avril », Insee Focus 231.

[2] Vanthomme, K. et al. (2021), « A population-based study on mortality among Belgian immigrants during the first COVID-19 wave in Belgium. Can demographic and socioeconomic indicators explain differential mortality? », SSM - Population Health, vol. 14, p. 100797, https://doi.org/10.1016/j.ssmph.2021.100797.

Note

← 1. La demande de la nationalité française par déclaration concerne les individus se mariant avec une personne de nationalité française, ou à raison de qualité d’ascendant de Français (incluant les grands-parents) ou de frère ou sœur de Français. Si un des parents est de nationalité française, l’enfant est français de naissance indépendamment de son lieu de naissance.

Mentions légales et droits

Ce document, ainsi que les données et cartes qu’il peut comprendre, sont sans préjudice du statut de tout territoire, de la souveraineté s’exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire, ville ou région. Des extraits de publications sont susceptibles de faire l'objet d'avertissements supplémentaires, qui sont inclus dans la version complète de la publication, disponible sous le lien fourni à cet effet.

© OCDE 2022

L’utilisation de ce contenu, qu’il soit numérique ou imprimé, est régie par les conditions d’utilisation suivantes : https://www.oecd.org/fr/conditionsdutilisation.