6. Intégration des personnes âgées immigrées

La population née dans le pays compte une part plus importante de personnes âgées (65 ans et plus) que la population née à l’étranger, à la fois dans l’OCDE (18 % contre 15 %) et dans l’UE (21 % contre 15 %). On observe les mêmes écarts dans l’UE s’agissant des personnes très âgées (75 ans et plus), lesquelles représentent 6 % de la population immigrée mais 10 % de la population née dans le pays. Dans les deux tiers des pays, les natifs sont plus susceptibles d’être âgés et très âgés que les immigrés. On observe toutefois l’inverse dans la plupart des pays d’Europe centrale et orientale (où la composition de la population âgée née à l’étranger a été façonnée par l’édification de la nation, les changements de frontières et les minorités nationales), ainsi qu’en Türkiye et dans quelques pays d’installation et d’immigration de longue date (comme l’Australie, le Canada et la France). Les immigrés âgés sont les plus nombreux dans les pays baltes. En Lettonie et en Estonie, ils représentent plus de 44 % de la population née à l’étranger.

La structure par âge de la population immigrée âgée varie d’un pays à l’autre en raison des flux migratoires passés, de la dynamique des migrations de retour après la retraite et des schémas de mortalité. Dans la plupart des pays de l’OCDE, les personnes âgées immigrées ont majoritairement entre 65 et 74 ans. À l’échelle de l’OCDE et de l’UE, 42 % ont 75 ans et plus. Cette part est toutefois inférieure dans les pays où l’immigration a commencé à s’intensifier seulement dans les années 2000 et où peu d’immigrés sont aujourd’hui très âgés, comme en Europe du Sud, en Irlande, au Mexique et au Chili. En Pologne, en revanche, où les minorités nationales ont façonné la population née à l’étranger après la Seconde Guerre mondiale, ou en Corée, les deux tiers au moins des seniors nés à l’étranger sont très âgés. En fait, plus de 15 % des personnes âgées immigrées ont 85 ans et plus en Pologne, en Bulgarie, en Corée et en Norvège.

Si la part des personnes âgées et très âgées nées dans le pays a augmenté partout ces dix dernières années, on observe la même évolution pour les immigrés dans les deux tiers des pays seulement. La hausse de la part des seniors a été plus forte parmi les personnes nées dans le pays dans sept pays sur dix et, s’agissant de la part des seniors très âgés, dans huit pays sur dix. Ce n’est toutefois pas le cas en France, aux États-Unis, en Grèce, dans les pays baltes et en Croatie. Dans de nombreux autres pays d’Europe centrale et orientale, la part des immigrés âgés et très âgés a diminué ces dix dernières années, en raison des décès et de l’arrivée de cohortes plus jeunes. On observe des évolutions analogues dans la plupart des pays nordiques et au Chili, quoique dans une moindre mesure.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Dans l’UE, la pauvreté relative touche 26 % des immigrés âgés et 28 % des immigrés très âgés, par rapport à 19 % et 22 % de leurs pairs nés dans le pays, respectivement. Aux États-Unis et en Australie, le taux de pauvreté relative dépasse 40 % chez les personnes âgées nées à l’étranger et atteint 48 % parmi les immigrés très âgés aux États-Unis. En effet, dans la plupart des pays, les seniors ainsi que ceux très âgés nés à l’étranger sont plus pauvres que leurs pairs nés dans le pays, d’au moins 10 points de pourcentage dans les pays d’immigration de longue date (sauf en Allemagne et au Royaume-Uni), aux États-Unis, dans les pays d’Europe du Sud (sauf au Portugal) et en Suède. En revanche, à Malte et à Chypre, qui attirent de nombreux retraités aisés, les seniors nés dans le pays sont plus susceptibles d’être pauvres. Les personnes nées dans le pays sont aussi beaucoup plus susceptibles de vivre dans une situation de pauvreté relative au Canada, en Nouvelle-Zélande et dans quelques pays d’Europe centrale et orientale.

Ces dix dernières années, dans l’UE comme dans l’OCDE, le taux de pauvreté relative des immigrés âgés a augmenté d’environ 4 points, tandis qu’il a légèrement reculé chez les seniors nés dans le pays. Il s’est encore plus accentué parmi les immigrés très âgés, tant dans l’UE que dans l’OCDE, mais n’a que légèrement reculé chez leurs homologues nés dans le pays. Le taux de pauvreté des personnes âgées a plus que doublé chez les immigrés en Italie et aux Pays-Bas, tandis qu’il a légèrement baissé et légèrement augmenté, respectivement, chez leurs pairs nés dans le pays. Dans les pays baltes, le taux de pauvreté a considérablement augmenté parmi les immigrés et les natifs âgés et très âgés (d’au moins 18 points de pourcentage), quoique dans une plus large mesure chez les personnes nées dans le pays.

Les seniors immigrés sont plus susceptibles d’être pauvres que les seniors nés dans le pays, quel que soit le niveau d’études. S’ils ont un niveau d’études élevé, ils sont plus de deux fois plus susceptibles que leurs pairs nés dans le pays de vivre dans une situation de pauvreté relative dans l’UE, et trois fois plus susceptibles dans la moitié des pays de l’UE. Dans la quasi-totalité des pays européens, les seniors immigrés d’origine extra-communautaire sont plus susceptibles d’être pauvres que leurs homologues nés dans l’UE. La situation de famille, le taux de propriétaires occupants (plus faible parmi les immigrés), ainsi que les caractéristiques des emplois occupés avant la retraite, sont des facteurs importants qui influent sur la pauvreté relative. Dans l’UE, un tiers des personnes âgées vivent seules, quelle que soit leur origine ; aux États-Unis, c’est le cas de 22 % des seniors nés à l’étranger et de 29 % de ceux qui sont nés dans le pays. Les personnes âgées qui vivent seules pâtissent encore plus de la pauvreté, leur taux de pauvreté relative étant supérieur d’environ 20 points en moyenne à celui de l’ensemble de la population immigrée âgée dans les pays de l’UE et de l’OCDE. Les personnes nées à l’étranger sont moins désavantagées dans la plupart des pays européens, mais pas en dehors de l’Europe. C’est en Europe centrale et orientale qu’elles sont le plus durement touchées. Plus de 40 % des seniors immigrés qui vivent seuls se trouvent dans une situation de pauvreté relative dans un peu moins des deux tiers des pays, tandis que leurs pairs nés dans le pays sont pauvres dans environ la moitié des pays.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Dans l’UE, un immigré âgé sur six est mal logé, une part analogue à celle des seniors nés dans le pays. Les immigrés seniors vivent plus dans de mauvaises conditions de logement que leurs homologues nés dans le pays dans 3 pays sur 5, en particulier en République tchèque, dans les pays nordiques et dans la plupart des pays d’immigration de longue date. Dans la quasi-totalité des pays, si les immigrés très âgés (75 ans et plus) sont moins susceptibles d’être mal logés que leurs pairs âgés de 65 à 74 ans, le mal-logement est plus fréquent chez les personnes très âgées nées dans le pays. Dans l’UE, la part des natifs très âgés qui sont mal logées est supérieure de 4 points de pourcentage à celle des personnes très âgées nées à l’étranger. Contrairement à leurs pairs âgés de 65 à 74 ans, les immigrés très âgés sont mieux logés que les personnes nées dans le pays par exemple en Espagne, en Autriche et en France, de même que les immigrés âgés et très âgés le sont dans les pays baltes (sauf Estonie). Il en va de même à Malte, qui accueillent de nombreux seniors immigrés aisés.

Les conditions de logement des personnes âgées se sont améliorées ces dix dernières années. Dans 3 pays sur 4 environ, la part des seniors nés à l’étranger qui sont mal logés a diminué et, dans la plupart des pays, dans une mesure encore plus grande parmi les seniors très âgés. La même tendance se dégage chez les seniors nés dans le pays, dont les conditions de logement s’améliorent généralement davantage que celles des seniors nés à l’étranger (-8 points contre -5 points de pourcentage, respectivement, dans l’UE), et de façon analogue dans les deux groupes s’agissant des seniors très âgés. En conséquence, l’écart entre les personnes âgées nées à l’étranger et nées dans le pays s’est creusé dans certains pays.

Le manque de ressources financières et la méconnaissance du marché du logement, ainsi que la discrimination pratiquée par les propriétaires, empêchent les immigrés âgés de se loger dans de bonnes conditions. Les immigrés âgés extra-communautaires sont plus touchés que leurs pairs nés dans l’UE et, dans presque tous les pays européens, ils sont en effet plus susceptibles de vivre dans des logements de qualité médiocre. L’écart est supérieur à 11 points de pourcentage en Autriche, en Suède et aux Pays-Bas. Si l’on considère les personnes âgées dans leur ensemble (qu’elles soient natives ou immigrées), celles qui vivent seules sont aussi plus susceptibles que les autres d’être mal logées. En Espagne, en Grèce et en Slovénie, les conditions de logement des immigrés se dégradent tout particulièrement quand ils vivent seuls. En outre, dans la quasi-totalité des pays, l’accession des seniors à la propriété, qui réduit le risque de mal-logement, est moins fréquente chez les immigrés que chez les personnes nées dans le pays (60 % contre 85 % dans l’UE).

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Dans l’UE, quatre immigrés âgés et trois immigrés très âgés sur dix se déclarent en bonne santé, une proportion analogue à celle des natifs. En Amérique du Nord, en Australie, en Suisse et au Royaume-Uni, les seniors immigrés se déclarent moins en bonne santé que leurs pairs natifs (d’autant plus s’ils sont très âgés). La vieillesse est donc associée chez les immigrés à un état de santé perçu moins bon (voir l’indicateur 4.9). Dans les pays européens accueillant des immigrés de longue date, notamment la Belgique et les Pays-Bas, les seniors immigrés déclarent un état de santé moins bon. L’inverse est vrai par exemple en Europe du Sud, en Hongrie et en Slovénie, où les seniors immigrés se déclarent en meilleur santé que leurs pairs natifs.

Ces dix dernières années, la part des personnes âgées se déclarant en bonne santé a progressé d’environ 8 points de pourcentage dans l’UE à la fois chez les personnes immigrées et chez celles nées dans le pays. L’état de santé perçu des seniors et des seniors très âgés s’est amélioré dans environ deux tiers des pays parmi les personnes nées à l’étranger et dans la quasi-totalité des pays parmi les personnes nées dans le pays. C’est en Grèce, en Italie, en Slovénie et en France que la part des seniors et seniors très âgés immigrés se déclarant en bonne santé a le plus augmenté, dépassant celle des seniors nés dans le pays. Aux Pays-Bas et en Espagne, en revanche, la part des immigrés âgés en bonne santé a reculé d’au moins 10 points de pourcentage, alors que celle des personnes nées dans le pays a augmenté. Au Royaume-Uni, la détérioration de l’état de santé autodéclaré des personnes nées dans le pays n’a pas été observée chez les immigrés. Aux États-Unis, en revanche, où la situation est restée stable chez les immigrés, l’état de santé auto-déclaré s’est quelque peu amélioré parmi les personnes nées dans le pays.

Les seniors nés dans l’UE se déclarent plus en bonne santé (+8 points de pourcentage) que leurs pairs nés hors UE, qui disposent généralement de moindres ressources financières, de réseaux de relations moins fiables et d’un accès plus limité aux systèmes de santé. En outre, les hommes se déclarent généralement plus en bonne santé que les femmes dans l’OCDE, quel que soit leur lieu de naissance. Vivre seul est très préjudiciable à la santé, surtout à un âge avancé. Dans sept pays sur dix, le sentiment des seniors vivant seuls de ne pas être en bonne santé est plus fort chez les natifs que chez les immigrés. Dans les pays qui accueillaient autrefois des travailleurs invités (comme la France et l’Allemagne), ainsi que dans certains pays d’Europe du Sud, les seniors immigrés vivant seuls se déclarent plus en bonne santé que les autres, contrairement à leurs homologues natifs partout ailleurs (sauf Lettonie et États-Unis).

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

En 2016, parmi les ménages de l’UE comptant des seniors nés à l’étranger, 6 % bénéficiaient de soins professionnels à domicile, soit la même proportion que les ménages comptant des seniors nés dans le pays. Quant aux ménages comptant des immigrés très âgés, 13 % reçoivent de tels soins. Les immigrés seniors et ceux très âgés sont plus susceptibles que leurs pairs nés dans le pays de recevoir des soins professionnels à domicile dans un pays sur quatre. Les immigrés âgés en reçoivent autant en Suède, en Allemagne et dans la plupart des pays d’Europe centrale et orientale. Toutefois, les ménages qui comptent des immigrés âgés sont moins susceptibles de bénéficier de tels soins dans d’autres pays européens d’immigration de longue date, notamment en Belgique. Ce n’est toutefois pas le cas des immigrés très âgés en France par exemple, où ils sont proportionnellement plus nombreux à recevoir des soins professionnels à domicile que les ménages comptant des personnes très âgées nées dans le pays. Dans la plupart des pays européens, un ménage composé d’une seule personne âgée née dans le pays est plus susceptible de recevoir des soins professionnels à domicile qu’un ménage composé de nombreuses personnes nées dans le pays. Il est étonnant de constater que l’inverse est vrai pour les seniors nés à l’étranger. Les Pays-Bas, la Grèce et le Royaume-Uni, entre autres, font exception.

Selon l’Enquête européenne sur la qualité de vie de 2016, dans l’UE, 41 % des seniors nés dans le pays ayant reçu des soins de longue durée à domicile au cours des 12 derniers mois ont bénéficié de soins informels (dispensés surtout par des membres de famille, des amis et des voisins), tandis que 54 % ont reçu des soins professionnels. Les seniors immigrés sont plus nombreux que leurs pairs natifs à avoir eu accès à des soins professionnels à domicile, un tiers seulement ayant reçu des soins informels à domicile (la plupart du temps non-dispensés par des membres de famille ou des amis). La plupart des seniors ayant besoin de soins professionnels à domicile n’y ont pas accès, qu’elles soient immigrées ou natives. D’après l’Enquête de l’UE sur le revenu et les conditions de vie, seuls 34 % en moyenne des ménages avec des immigrés âgés ayant besoin de soins professionnels à domicile bénéficient de tels services en 2016, contre 36 % des seniors nés dans le pays. La part varie de 60 % en France et aux Pays-Bas à 10 % dans les pays baltes, et est systématiquement plus faible pour les ménages avec des immigrés âgés. Dans la moitié des cas, les ménages n’ont pas bénéficié de soins professionnels à domicile pour leurs aînés, quel que soit le lieu de naissance, parce qu’ils n’en avaient pas les moyens.

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