Résumé

L’Enquête internationale sur l’enseignement et l’apprentissage (TALIS) se propose de dresser un tableau des conditions de travail, des environnements d’apprentissage et du professionnalisme des enseignants et des chefs d’établissement à travers le monde. Dans cet esprit, ce nouveau rapport, Les enseignants, catalyseurs de talents : Révéler le potentiel des élèves du primaire au deuxième cycle du secondaire, élargit les données sur le professionnalisme des enseignants à l’enseignement primaire et au deuxième cycle de l’enseignement secondaire, tout en approfondissant les analyses de chaque niveau d’enseignement. Sur les 48 pays et économies qui ont participé à TALIS 2018, 15 ont choisi d’administrer l’enquête dans l’enseignement primaire, et 11 dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Ces nouvelles analyses ont pour principal objectif de comprendre si les dimensions du professionnalisme mises au jour dans ces deux niveaux d’enseignement sont similaires à celles observées dans le premier cycle de l’enseignement secondaire.

L’enseignement est une profession largement féminisée ; nul ne saurait à ce jour ignorer ce constat. Or cette surreprésentation des femmes est encore plus marquée aux premiers niveaux d’enseignement, avec par exemple près de trois enseignants sur quatre qui sont des femmes dans l’enseignement primaire. Cette inégalité de répartition du corps enseignant entre hommes et femmes n’a rien d’anodin, quand l’on sait que les enseignants sont des référents essentiels en termes de rôles et stéréotypes féminins et masculins, en particulier auprès des jeunes élèves.

Les données collectées sur l’enseignement primaire pointent la nécessité d’œuvrer en faveur de classes plus inclusives. À ce niveau, un pourcentage important d’enseignants indiquent en effet ne pas se sentir suffisamment préparés à la prise en charge des élèves ayant des besoins spécifiques d’éducation, être stressés par la préparation de cours adaptés à ces élèves et considérer cet aspect comme une priorité budgétaire. Le diagnostic et la prise en charge précoces des enfants sont certes essentiels à leur épanouissement, mais les systèmes d’éducation doivent aller plus loin : outre l’offre d’une formation adéquate aux enseignants, ils doivent s’adresser aux établissements d’enseignement dans leur globalité et apporter à leurs personnels le soutien dont ils ont besoin pour aider les élèves à progresser dans leurs apprentissages.

Ce n’est, semble-t-il, pas la seule difficulté rencontrée par les enseignants du primaire, un pourcentage important d’entre eux affirmant ne pas se sentir bien préparés à la gestion des classes et consacrer trop de temps au maintien de la discipline. Les dispositifs de formation et de soutien sont, à cet égard, de précieux outils pour renforcer la confiance des enseignants ; malheureusement, seul un nombre limité d’entre eux ont accès à des activités d’initiation et les possibilités de tutorat s’avèrent tout aussi rares.

Un autre aspect concerne l’implication des enseignants pour aider leurs élèves dans leur transition du préprimaire au primaire, ainsi que leur formation pour encourager le jeu : moins de la moitié des enseignants du primaire indiquent avoir été formés dans ce domaine. Or ce constat ne va pas sans problème, l’idéal étant de permettre aux enfants de s’appuyer sur leurs apprentissages antérieurs. Encourager le jeu est l’un des moyens d’y parvenir, d’autant plus que l’enquête TALIS montre que les enseignants ayant bénéficié d’une formation dans ce domaine mettent également en œuvre des pratiques stimulant les enfants sur le plan cognitif.

L’un des atouts du deuxième cycle de l’enseignement secondaire est la présence d’enseignants ayant une expérience en dehors de la sphère éducative, en lien avec des professions spécifiques du marché du travail. Cette diversité de parcours ne saurait, pour autant, justifier un manque de préparation. Or les résultats de l’enquête TALIS montrent qu’en comparaison du premier cycle de l’enseignement secondaire, un pourcentage plus faible d’enseignants du deuxième cycle du secondaire ont été formés au contenu et à la pédagogie de la matière qu’ils enseignent. Il est donc essentiel de suivre ces cas afin de s’assurer que ces enseignants disposent des compétences requises et, dans le cas contraire, de leur proposer des programmes complémentaires qui les aideront à satisfaire les exigences de leur poste.

Les résultats de l’enquête TALIS révèlent par ailleurs que les enseignants de la filière professionnelle (éducation et formation professionnelles [EFP]) adoptent plus souvent des pratiques stimulantes sur le plan cognitif que leurs collègues des autres filières. Les enseignants des filières générales peuvent donc apprendre de leurs collègues d’EFP par le biais de programmes de tutorat, mais aussi de la collaboration entre pairs. Malheureusement, le pourcentage d’enseignants pratiquant la collaboration professionnelle est plus faible dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire que dans les autres niveaux d’enseignement. Les enseignants ont pourtant tout à gagner à apprendre de l’expérience de leurs collègues, d’où la nécessité de mettre en place des dispositifs visant à encourager ce type de collaboration.

Outre les enjeux spécifiques à l’enseignement primaire et au deuxième cycle de l’enseignement secondaire, des défis communs à tous les niveaux d’enseignement ont pu être identifiés, notamment la nécessité d’offrir des conditions et des modalités de travail attrayantes afin d’attirer les meilleurs candidats dans la profession. Les contrats à temps partiel pourraient être un moyen pour les établissements d’enseignement d’avoir la flexibilité nécessaire pour disposer d’un personnel suffisant, à même de faire face à de nouveaux défis tels que la pandémie de COVID-19. Or les données de l’enquête TALIS montrent que le travail à temps partiel reste relativement rare, et ce à tous les niveaux d’enseignement. Il conviendrait donc de mener des recherches plus approfondies sur les raisons pour lesquelles le pourcentage d’enseignants travaillant à temps partiel reste faible et sur la façon dont ce type de contrat pourrait contribuer à dynamiser le corps enseignant.

Un autre enjeu commun s’observe par ailleurs à tous les niveaux d’enseignement : bien que les enseignants indiquent que leurs établissements mettent en œuvre des mesures afin de mieux appréhender la diversité socio-économique, ethnique et de genre de leurs effectifs d’élèves, ils sont encore nombreux à estimer avoir besoin d’être mieux formés à la prise en charge des élèves ayant des besoins spécifiques d’éducation, au travail en milieu multiculturel/plurilingue et à l’individualisation des apprentissages. La formation dans ces domaines est certes importante, mais il est tout aussi essentiel de mettre en place un corps enseignant plus diversifié, apte à répondre à ces besoins.

Un autre aspect essentiel, commun à tous les niveaux d’enseignement et particulièrement d’actualité dans le contexte de la crise du COVID-19, concerne la préparation à l’utilisation des technologies numériques. En effet, lorsque les établissements d’enseignement rouvriront, ils auront probablement recours à une forme ou une autre d’apprentissage hybride, qui demandera aux enseignants d’avoir les compétences nécessaires non seulement pour faire fonctionner ces technologies, mais aussi pour les utiliser à des fins pédagogiques claires. La collaboration entre pairs et le tutorat au sein des établissements pourraient, à cet égard, s’avérer de précieux atouts.

Enfin, le bien-être des enseignants s’impose comme une dimension incontournable. En effet, si l’on attend d’eux qu’ils se comportent en vrais professionnels, il convient en toute logique de les traiter comme tels. Or, pour la plupart d’entre eux, la pandémie de COVID-19 s’est accompagnée de profonds bouleversements, avec notamment l’augmentation de leur temps et de leur charge de travail. Dans ce contexte, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée des enseignants doit faire l’objet d’une réelle attention, car les principales sources de stress mises au jour par l’enquête TALIS, notamment les tâches administratives, le respect des exigences des autorités et le fait d’être tenus responsables de la réussite des élèves, pourraient toutes se trouver aggravées en cette période de crise. En outre, les résultats de l’enquête révèlent qu’en cas d’augmentation des niveaux de stress, les enseignants sont plus susceptibles d’envisager de quitter la profession dans les cinq ans. Cependant, ces résultats suggèrent aussi des moyens de réduire ce stress et les risques de départ. Un cadre scolaire bienveillant et la satisfaction vis-à-vis des conditions d’emploi pourraient ainsi compter parmi les mesures susceptibles d’œuvrer dans cette voie.

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