Avant-propos

En février 2020, le Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE) lançait, à l’occasion de la Conférence sur la sécurité de Munich, son nouveau rapport Géographie des conflits en Afrique du Nord et de l’Ouest, ouvrage de référence dans le domaine des études de sécurité. Il y proposait un nouvel indicateur permettant d’étudier l’intensité et les dynamiques spatiales des violences politiques régionalement et dans trois zones : le Sahel central, le lac Tchad et la Libye.

S’appuyant sur des données recensant les événements de violence politique intervenus en Afrique depuis 1997, cet indicateur montre les régions aux taux de violence les plus élevés, l’évolution géographique et temporelle des conflits, et l’incidence des interventions militaires sur leur propagation et intensité. Ce précédent travail souligne une réalité des violences nord et ouest-africaine – celle de la multiplicité des acteurs impliqués et de l’extrême volatilité de leurs interactions – insuffisamment prise en compte dans les stratégies de stabilisation.

Ce nouveau rapport, Réseaux de conflit en Afrique du Nord et de l’Ouest, va plus loin et appréhende ces réalités grâce à l’analyse dynamique des réseaux sociaux (Dynamic Social Network Analysis, DSNA). Les responsables politiques semblent – à juste titre – plus intéressés par les résultats des analyses que par la méthode utilisée pour les obtenir, mais il n’en demeure pas moins essentiel d’attirer leur attention sur la nécessité d’encourager l’innovation méthodologique. Au-delà des statistiques – souvent faibles, voire inexistantes en Afrique –, la DSNA permet d’évaluer le capital social des individus ou des groupes grâce à l’observation de leurs relations avec les autres acteurs du réseau, et de leur incidence sur l’évolution des violences. 

Au cours des dix dernières années, plus de 100 000 personnes ont été tuées à la suite d’affrontements entre forces gouvernementales, milices locales, groupes rebelles et autres organisations extrémistes violentes. Nombre des conflits se sont propagés au-delà des frontières, créant instabilité et insécurité dans plusieurs pays, et contribuant à la multiplication des organisations violentes. La pluralité des intérêts en présence, la nature changeante des relations entre groupes – fluctuant entre alliances et rivalités – et la complexité des motivations locales constituent autant d’obstacles à l’établissement d’une paix durable. Une compréhension aussi fine que possible de ces dynamiques complexes est donc nécessaire pour mieux adapter les réponses politiques à chaque contexte particulier.

Il n’existe pas de solution universelle. Dans le Sahel central, la multiplicité des groupes armés et l’instabilité de leurs relations sont par exemple bien plus marquées que dans la région du lac Tchad. Il est en revanche possible de tirer des enseignements de l’analyse comparative des réseaux de violence, qui pourraient contribuer à nourrir le développement de stratégies de stabilisation plus efficaces– tant dans le domaine militaire que dans celui du développement – et plus adaptées au contexte spécifique de chaque zone de conflit. Le présent opus est, à cet égard, une précieuse contribution qui viendra nourrir la réflexion et une action fondée sur des connaissances empiriques.

Angel Gurría Secrétaire général, Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)

Dr Ibrahim Assane Mayaki Secrétaire exécutif, Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD) et Président honoraire, Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO)

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