Pauvreté

Le taux de pauvreté monétaire mesure la proportion d’individus situés au bas de l’échelle des revenus. Souvent, les préoccupations d’une société en matière d’équité portent davantage sur les personnes relativement défavorisées. Il s’ensuit que les mesures de la pauvreté retiennent souvent plus l’attention que celles des inégalités de revenu, certaines catégories de population, comme les personnes âgées et les enfants, suscitant une plus grande inquiétude du fait que ces personnes n’ont pas la possibilité, ou très peu, de travailler pour sortir de la pauvreté.

Le taux de pauvreté relative (à savoir le pourcentage d’individus dont le revenu annuel est inférieur à la moitié du revenu disponible médian national) était de 11.7 %, en 2016, à l’échelle de la zone OCDE (Graphique 6.4). Il atteint sa valeur la plus élevée aux États-Unis et en Israël, où il avoisine les 18 %, alors qu’au Danemark et en Finlande seuls 5 à 6 % de la population apparaissent touchés par la pauvreté lorsqu’elle est mesurée ainsi. Les pays méditerranéens, ceux d’Amérique du Sud et les pays baltes connaissent des taux de pauvreté relativement élevés. Les économies émergentes, à commencer par l’Afrique du Sud et la Chine, affichent quant à elles des taux de pauvreté supérieurs à la plupart des pays de l’OCDE.

Le taux de pauvreté relative n’est pas identique chez les deux sexes. Il s’établit en moyenne à 12.3 % pour les femmes, contre 10.9 % pour les hommes. La pauvreté touche les premières davantage que les seconds dans tous les pays de l’OCDE comme chez tous les partenaires clés de l’Organisation, exception faite du Danemark, de la Finlande et de la Grèce. Les disparités les plus notables s’observent en Corée, en Estonie et en Lettonie, avec un écart de 4 à 6 points de pourcentage entre hommes et femmes.

Le niveau de pauvreté relative n’a évolué que de façon marginale ces dix dernières années. Entre 2007 et 2016, il n’y a qu’en Hongrie et en Lituanie qu’il ait progressé de plus de 3 points de pourcentage (« barres » dans le Graphique 6.5). Au cours de la même période, il a reculé en Australie et en Finlande, et varié de moins 2 points de pourcentage dans les autres pays. Si l’on utilise un indicateur qui mesure la pauvreté par rapport à un niveau de référence « ancré » à la moitié du revenu réel médian observé en 2005 (en maintenant constante la valeur du seuil de pauvreté de 2005), on constate que les récentes augmentations de la pauvreté monétaire sont bien supérieures à celles suggérées par la pauvreté monétaire « relative ». La différence est particulièrement appréciable dans le cas de l’Espagne et dans celui de la Grèce (« symboles » dans le Graphique 6.5). Si la pauvreté relative n’a guère progressé, quand elle n’a pas reculé, dans ces pays, la pauvreté « ancrée », elle, y a augmenté d’au moins 5 points de pourcentage entre 2007 et 2016 suite aux pertes de revenu disponible subies par les ménages défavorisés. Le Chili est le seul pays où la pauvreté « ancrée » ait diminué de plus de 7 points de pourcentage, sous l’effet d’un net gain de revenu chez ces mêmes ménages.

Le taux de pauvreté relative varie également en fonction de la tranche d’âge. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, il y a moins de pauvreté dans la population adulte (10 %) que parmi les enfants (13 %) ou encore que chez les jeunes et les personnes âgées (14 %). Relativement faible dans les pays nordiques, la pauvreté infantile est en revanche très marquée au Chili, en Espagne, aux États-Unis, en Israël et en Turquie, où plus d’un enfant sur cinq est en situation de pauvreté monétaire. Le taux de pauvreté des jeunes est particulièrement élevé au Danemark et en Norvège, où les jeunes quittent tôt le foyer familial pour acquérir leur indépendance économique. Mais il est aussi élevé en Espagne, le taux de chômage y ayant explosé parmi cette tranche d’âge pendant la crise. La forte proportion de pauvres chez les personnes âgées observée dans certains pays s’explique souvent par la maturation des régimes de retraite. Ainsi en est‐il en Corée, où le système de retraite, d’introduction récente, n’est pas encore arrivé à pleine maturité. En ce qui concerne l’Australie et la Suisse, cela tient en partie au fait que de nombreuses personnes ont préféré recevoir la pension à laquelle ils avaient droit sous une forme forfaitaire (qui n’est pas considérée comme du revenu courant) plutôt que sous forme de rente. En Estonie, en Lettonie et au Mexique, enfin, le niveau du minimum vieillesse est particulièrement faible.

Définition et mesure

Comme pour les inégalités de revenu, la mesure de la pauvreté repose sur la notion de revenu disponible équivalent des ménages (voir l’encadré « Définition et mesure » des indicateurs « Revenu des ménages » et « Inégalités »).

Le taux de pauvreté correspond au nombre d’individus qui vivent en deçà du seuil de pauvreté. Un individu est considéré comme pauvre lorsque le revenu disponible équivalent de son ménage est inférieur à 50 % du revenu médian dans son pays. Il découle de l’utilisation d’un seuil de revenu relatif que le seuil de pauvreté s’élève avec le revenu du pays. Cette variation du seuil de pauvreté en fonction de la richesse nationale traduit l’idée que la « non-pauvreté » correspond à la possibilité d’avoir accès aux biens et services jugés « normaux » dans un pays donné. Le taux de pauvreté par classe d’âge est calculé à partir du revenu médian de la population totale.

L’interprétation des variations de la pauvreté relative par rapport au revenu médian courant peut s’avérer délicate au voisinage d’une période de récession. Lorsque les revenus de tous les ménages diminuent, mais que cette baisse est moins prononcée dans la tranche inférieure que dans la tranche intermédiaire, la pauvreté relative recule. La définition d’autres indices de la pauvreté « absolue », associés aux niveaux de vie antérieurs, s’impose donc pour compléter le tableau fourni par la pauvreté monétaire relative. C’est pourquoi les variations de la pauvreté sont également présentées au Graphique 6.5 au moyen d’un indicateur qui mesure la pauvreté par rapport à un point de référence « ancré » à la moitié du revenu réel médian observé en 2005.

Les données sont extraites de la Base de données de l’OCDE sur la distribution des revenus, http://oe.cd/idd/fr.

Pour en savoir plus

OCDE (2018), A Broken Social Elevator? How to Promote Social Mobility, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264301085-en.

Notes des graphiques

Graphique 6.4 et Graphique 6.6 : Les données portent non pas sur l’année 2016 mais sur : 2017 pour le Costa Rica ; 2015 pour l’Afrique du Sud, l’Allemagne, le Chili, la Corée, le Danemark, l’Irlande, l’Islande, le Japon, la Suisse et la Turquie ; 2014 pour la Hongrie, le Mexique et la Nouvelle-Zélande ; 2013 pour le Brésil ; 2011 pour la Chine et l’Inde.

Graphique 6.5 : Le taux de pauvreté est « ancré » non pas en 2005 mais en 2006 pour le Chili, la Corée, le Japon, et la Turquie ; et en 2007 pour l’Autriche et l’Espagne.

6.4. Les taux de pauvreté relative varient fortement dans l’OCDE
Pourcentage de personnes vivant avec moins de 50 % du revenu disponible équivalent médian, par sexe, en 2016 (ou année la plus proche)
6.4. Les taux de pauvreté relative varient fortement dans l’OCDE

Source : Base de données de l’OCDE sur la distribution des revenus, http://oe.cd/idd/fr.

 StatLink https://doi.org/10.1787/888933939066

6.5. L’évolution de la pauvreté diffère si le seuil est « ancré »
Variation, en points de pourcentage, des taux de pauvreté relative et de pauvreté « ancrée » entre 2007 et 2016 (ou année la plus proche)
6.5. L’évolution de la pauvreté diffère si le seuil est « ancré »

Source : Base de données de l’OCDE sur la distribution des revenus, http://oe.cd/idd/fr.

 StatLink https://doi.org/10.1787/888933939085

6.6. La pauvreté est plus élevée chez les enfants, les jeunes et les personnes âgées que chez les adultes
Pourcentage de personnes vivant avec moins de 50 % du revenu disponible équivalent médian, par classe d’âge, en 2016 (ou année la plus proche)
6.6. La pauvreté est plus élevée chez les enfants, les jeunes et les personnes âgées que chez les adultes

Source : Base de données de l’OCDE sur la distribution des revenus, http://oe.cd/idd/fr.

 StatLink https://doi.org/10.1787/888933939104

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