Avant-propos

Les émigrés peuvent jouer un rôle important pour la promotion du commerce et du développement économique, notamment en raison des compétences et du réseau qu’ils ont acquis à l’étranger. S’ils choisissent de revenir dans leur pays d’origine, leur réintégration sur le marché du travail et dans la société sera facilitée par le fait qu’ils parlent la langue locale, qu’ils détiennent du capital social spécifique et qu’ils possèdent des qualifications reconnues localement.

S’appuyer sur les ressources humaines des émigrés nécessite cependant de maintenir des liens avec eux et de mener des politiques adaptées aux besoins spécifiques de chaque communauté expatriée. Cela implique, comme condition préalable, d’être en mesure d’identifier précisément où, quand et pourquoi les individus ont émigré, leurs caractéristiques sociodémographiques et leurs compétences, ainsi que de bien comprendre la dynamique du phénomène migratoire et des aspirations des émigrés.

Les systèmes statistiques des pays d’origine sont généralement mal équipés pour entreprendre cet exercice d’observation. Il est donc utile, voire nécessaire, de construire un système d’information directement à partir de sources de données des pays de destination. Cela implique de collecter des données, à partir de définitions et de concepts comparables, pour un grand nombre de pays où résident les émigrés. La base de données de l’OCDE sur les immigrés dans les pays de l’OCDE (DIOC), qui regroupe des données de recensement et des données d’enquêtes, permet d’identifier les individus selon leur pays de naissance, leur niveau d’éducation et leur situation sur le marché du travail. Cette base de données est un outil puissant pour effectuer une cartographie des diasporas, en particulier lorsqu’il est complété par des sources nationales disponibles et de nombreuses autres sources de données internationales.

Cette série de rapports par pays intitulée Talents à l’étranger vise à fournir une image précise, actualisée et dynamique des diasporas par pays d’origine. Sur cette base, et grâce aux expériences accumulées en matière de mobilisation des diasporas, il est possible de formuler des recommandations en termes de politiques publiques afin de renforcer les liens avec les émigrés et de mobiliser leurs compétences au profit du développement économique dans leur pays d’origine.

Le troisième volume de cette série porte sur la Tunisie. Ces dernières années, la Tunisie connait des transformations économiques, sociales et politiques. Compte tenu de l’émigration importante de la population tunisienne et de la reconnaissance des apports de la diaspora, les autorités tunisiennes cherchent à mieux connaître ce vivier de talents installé à l’étranger. Pour répondre à ces besoins, cette étude a été commandée par Expertise France dans le cadre du projet LEMMA, financé par l’Union européenne et soutenu par un consortium associant la Belgique, la France, l’Italie, la Pologne, le Portugal et la Suède.

Dans le contexte du printemps arabe et des événements qu’ont connus depuis 2011 les pays du Sud de la Méditerranée, l’Union européenne a souhaité donner la priorité au voisinage Sud en vue d’une coopération stratégique renforcée sur la migration et la mobilité. Ainsi le Partenariat pour la mobilité UE-Tunisie a été signé le 3 mars 2014 entre l’Union européenne, la Tunisie et dix États membres de l’Union européenne (Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, France, Italie, Pologne, Portugal, Royaume-Uni et Suède). Son objectif est d’offrir un cadre de dialogue politique et de coopération tout en mutualisant les compétences et ressources de l’Union européenne et de ses États Membres, sur un large champ de thématiques liées à la migration – couvrant les quatre piliers de l’Approche Globale sur la Migration et la Mobilité : promotion de la migration légale, prévention de la migration irrégulière, optimisation de l’impact de la migration sur le développement, et promotion de la protection internationale.

Ce Partenariat aborde tous les aspects des politiques migratoires d’intérêt commun entre l’Union européenne et la Tunisie. Il est mis en œuvre par des initiatives concrètes financées par l’Union européenne ou les États Membres signataires. L’un des projets phare du Partenariat pour la Mobilité UE-Tunisie est le projet LEMMA, d’un budget global de 5 millions d’euros, dont l’objectif est de renforcer les capacités du gouvernement tunisien à développer et mettre en œuvre sa politique nationale migratoire. Il tend plus spécifiquement à :

  • Renforcer la capacité des autorités tunisiennes compétentes à gérer la migration de travail et la mobilité professionnelle à travers une coopération accrue avec leurs partenaires européens (composante 1)

  • Améliorer la connaissance des caractéristiques et tendances des principales communautés tunisiennes en Europe et mettre en place un programme ciblé de mobilisation des diasporas (composante 2)

  • Renforcer les capacités des autorités tunisiennes compétentes et des organisations de la société civile à apporter un soutien à la réinsertion des personnes retournant au pays (composante 3)

La publication Talents à l’étranger : Une revue des émigrés tunisiens, réalisée dans le cadre de la composante 2 du projet LEMMA, constitue une contribution majeure du projet au renforcement des connaissances et à l’amélioration de l’action publique du gouvernement tunisien. Cette publication permet d’appuyer de futurs programmes d’action répondant aux enjeux prioritaires liés à la situation des Tunisiens résidant à l’étranger.

L’analyse approfondie de la diaspora tunisienne présentée dans cette publication de l’OCDE permet de déterminer le potentiel économique des émigrés. Combien y a-t-il d’émigrés, et où se trouvent-ils ? Sont-ils en âge de travailler, et quel est leur niveau d’éducation ? Quelles sont les évolutions récentes de leur nombre et leur profil socio-économique ? Dans quelle mesure participent-ils au marché du travail du pays d’accueil et quelles professions occupent-ils ? Quelle est leur motivation pour émigrer, et quels sont ceux qui reviennent ? Comment contribuent-ils au développement économique de la Tunisie ?

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