Chapitre 2. Développement régional : Les politiques favorisant le rattrapage1
L’objet du présent chapitre est d’étudier les méthodes actuelles de développement régional dans les pays membres de l’OCDE afin d’aider les régions à rattraper leur retard et d’améliorer la qualité de vie des résidents de l’ensemble des régions. Y sont analysés les objectifs et les outils d’action en matière de développement urbain et rural ainsi que l’évolution des pratiques des pays et la nature des changements les plus récents. Le chapitre se poursuit par une exploration des mécanismes de gouvernance qui permettent d’améliorer les politiques, comme l’organisation de ces politiques au niveau national, le rôle des réseaux nationaux d’agences de développement régional et les réformes des compétences et des frontières administratives des régions.
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Les politiques de développement régional, urbain et rural s’efforcent de cibler l’investissement public pour l’adapter aux besoins des différents types de régions et de villes sur les plans de l’économie et du bien-être.
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Dans l’ensemble des pays membres de l’OCDE, les politiques de développement régional privilégient généralement les ressorts de la productivité. Les pays pourraient faire davantage pour constituer un éventail plus complet d’instruments de soutien à l’innovation afin de stimuler la productivité et de renforcer les capacités des autorités infranationales. Dans de nombreux pays, les politiques de développement régional visent à réduire les écarts entre régions, mais elles devraient éviter d’étouffer la croissance dans les régions où la productivité est la plus forte.
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Plusieurs pays mettent au point des cadres nationaux de politiques urbaines pour mieux gérer les nombreuses politiques qui ont une incidence sur le développement urbain. Les États pourraient faire davantage pour alimenter le succès économique du système de villes et pour fournir les cadres nécessaires à l’amélioration de la gouvernance des zones métropolitaines.
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Dans la plupart des pays membres de l’OCDE, les politiques de développement rural restent axées, en grande partie, sur l’agriculture. Ces politiques devraient mieux tenir compte des divers types de régions rurales, de l’activité économique hors agriculture, des besoins de la population locale et des liens qui existent entre les zones rurales et les villes.
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Les dispositifs de gouvernance mis en place pour administrer le développement régional, urbain et rural peuvent être tout aussi importants que les politiques elles-mêmes. De nombreuses administrations nationales sont en train de tester différentes méthodes visant à organiser leurs politiques de façon interministérielle, y compris par le truchement d’organismes chargés du développement régional. Des réformes des administrations régionales et locales peuvent préparer le terrain afin de le rendre plus favorable à la productivité et à l’inclusion sociale.
Introduction
Ces quinze dernières années, les pays membres de l’OCDE ont mis en pratique l’approche des politiques de développement régional qui a été examinée par le Comité des politiques de développement régional de l’OCDE2. Cela étant, de nombreuses politiques structurelles et sectorielles ont des résultats importants et qui varient en fonction des spécificités de chaque région. Certaines stratégies d’action peuvent être appliquées à l’identique dans l’ensemble d’un pays mais, à l’inverse, la spécificité de la situation des grandes zones métropolitaines par rapport aux zones rurales isolées et aux différents espaces intermédiaires exige des solutions plus adaptées aux circonstances. Les stratégies nationales de développement régional, urbain et rural complètent d’autres politiques de niveau national afin d’atteindre les objectifs de croissance et de bien-être. Les autorités infranationales sont à l’origine de 59 % de l’investissement public total3 ; de ce fait, l’aptitude des différents niveaux d’administration à travailler efficacement ensemble est une condition de l’efficacité des politiques de développement régional. Le présent chapitre porte sur les politiques que les États désignent explicitement comme des actions territorialisées ciblant les régions engénéral et certaines zones urbaines et rurales en particulier.
Les priorités des politiques de développement régional, urbain et rural : Les tendances dans les différents pays
Les approches du développement régional qui ciblent la croissance
Les pays membres de l’OCDE font de la compétitivité de toutes les régions (à l’échelle globale) leur objectif principal, juste devant la compétitivité des régions en retard et le développement équilibré. Les pays restent soucieux de garantir la contribution de toutes les régions à la performance nationale, la grande majorité des pays ayant répondu (28 sur 33) déclarant qu’il s’agit là d’un objectif d’importance élevée/très élevée (graphique 2.1). Cette part était à peu près la même en 2010 (OCDE, 2010). Comme on l’a vu au chapitre 1, une région frontière dynamique (où la croissance de la productivité est forte) peut aussi susciter une dynamique de rattrapage dans d’autres régions. Dès lors, les politiques visant à soutenir les régions en retard devraient éviter d’étouffer la croissance au sommet. La priorité traditionnellement accordée aux régions en retard demeure forte (26/33 pays), tout comme les objectifs connexes de croissance équilibrée (24/33 pays) et de réduction des disparités interrégionales (20/33). Dans certains pays comme l’Allemagne, la Corée, l’Espagneet l’Italie, la réduction des disparités interrégionales est une obligation constitutionnelle (OCDE, 2010). Une analyse des pays de l’UE montre que parmi les 23 États qui appartiennent également à l’OCDE, 9 ont pour objectif principal de contribuer à la croissance nationale, 5 d’exploiter le potentiel de tous les territoires, 6 le double objectif de réduire les disparités économiques et d’exploiter le potentiel de toutes les régions, et 3 ont pour objectif principal de réduire les disparités économiques (EPRC, 2014).
Certains pays privilégient la revitalisation de zones sinistrées en raison de chocs industriels ou d’une évolution démographique. Un nombre moins important de pays considèrent que des objectifs davantage ajustés en fonction des circonstances locales, comme la revitalisation de zones sinistrées ou la gestion d’un choc ou d’une évolution démographique, sont des priorités plus urgentes que la réduction des disparités régionales dans leur ensemble. Cependant, de nombreux pays intègrent pleinement cette mission dans leurs politiques régionales. Aux États-Unis, par exemple, les programmes déployés par le Département du développement économique (Economic Development Administration) ciblent les zones économiquement sinistrées. Certains programmes nationaux comme la « Méthode volontariste de changement structurel » en Finlande (encadré 2.1) visent à créer un facteur de résilience économique en évitant les chocs. Certains pays ont concentré leur action sur les catastrophes naturelles et/ou les mutations démographiques (le Japon, par exemple), même si ces politiques constituent le plus souvent l’une des composantes de cadres de développement régional plus généraux.
Les capacités infranationales de gouvernance constituent un frein à la croissance dans de nombreuses régions en retard, mais la moitié seulement des pays membres de l’OCDE accordent à cette question un degré élevé de priorité en matière de développement régional. L’insuffisance des capacités infranationales de gouvernance et les autres problèmes de gouvernance sont peut-être l’un des domaines les plus négligés des politiques de développement régional. L’une des raisons pour lesquelles cette question peut ne pas être prioritaire dans certains pays est qu’elle ne relève tout simplement pas des compétences du ministère chargé du développement régional, et qu’elle n’est donc pas traitée comme un enjeu des politiques de développement régional. Les pays qui en font une priorité sont notamment ceux qui connaissent des faiblesses structurelles durables, ou les pays d’Europe de l’Est dans lesquels les capacités infranationales administratives sont sous-développées. Cela étant, la question des capacités infranationales ne concerne pas seulement les États unitaires puisque plusieurs pays fédéraux, dont certains ont un PIB par habitant élevé, en font une priorité majeure.
Plutôt que d’attendre qu’un choc survienne pour amorcer un changement, certains pays comme la Finlande ont adopté une approche volontariste destinée à anticiper les chocs industriels et à restructurer les économies locales pour qu’elles tirent le meilleur parti des possibilités du futur. La méthode du « changement structurel volontariste » a été expérimentée pour la première fois à cet effet dans la région de Lahti. Elle est fondée sur un cadre d’analyse qui quantifie la sensibilité d’une région aux chocs structurels en fonction de ses caractéristiques. Les parties prenantes sont consultées pour identifier les facteurs de changement qui pourraient bénéficier à l’économie de la région, et pour déterminer l’analyse de sensibilité qui en résulte. Ce processus permet de répertorier les facteurs de changement qui peuvent menacer l’avenir économique d’une région, mais aussi son potentiel de développement. Une fois dressés les scénarios possibles de l’avenir de la région, les parties prenantes – acteurs publics et privés, universitaires et autres instituts de recherche – élaborent des plans visant à orienter l’économie de leur région. Ces plans sont destinés à encourager les possibilités d’avenir et à délaisser les domaines menacés pour préserver la compétitivité, la dynamique et la solidité des régions, dans un contexte économiqueen mutation. Le processus d’association des parties prenantes a été initialement expérimenté dans la région de Lahti.
Hautamäki, J. et M. Vesasto (2013), « Proactive Approach to Structural Change », collection de textes de l’Université de sciences appliquées de Lahti, Finlande.
La promotion des liens entre zones urbaines et zones rurales prend une importance croissante dans les politiques de développement régional, même si d’autres politiques aggravent souvent l’écart urbain-rural au lieu de le réduire. La performance de nombreuses régions rurales pourrait profiter de liens plus dynamiques avec les villes voisines, d’autant plus que près de 81.7 % des résidents ruraux des pays membres de l’OCDE vivent dans des régions proches de villes. De récentes études ont montré que les liens entre zones rurales et zones urbaines sont un élément essentiel d’un développement intégré (OCDE, 2013). L’une des raisons pour lesquelles ils ne sont guère encouragés tient précisément au fait que les politiques ont tendance à traiter les espaces urbains et ruraux de manière distincte et différenciée. Les complémentarités et les connexions qui existent entre ces espaces ne reçoivent pas la reconnaissance qu’elles méritent (voir chapitre 4). Le Mexique accorde une attention croissante à ces liens et a adopté une définition des systèmes urbains-ruraux qui doit contribuer à la conception des politiques publiques. L’Estonie consacre une place de plus en plus importante aux centres régionaux et aux espaces de déplacements pendulaires dans ses politiques régionales.
Dans les pays de l’UE, l’évolution des stratégies de développement régional (et de développement rural) est pour l’essentiel inspirée par les politiques de l’UE. La période actuelle de programmation pour 2014-20 comprend de nouveaux éléments qui privilégient davantage les objectifs de compétitivité. Une stratégie de « spécialisation intelligente » a par exemple été érigée en condition préalable à l’accès aux fonds, afin d’orienter les investissements dans la recherche et l’innovation en direction des atouts d’une région. Une telle stratégie suppose une participation plus active des différents acteurs publics et privés afin d’identifier les pistes permettant de mieux cibler le financement de la recherche et de l’innovation. Les réformes administratives facilitent par ailleurs le soutien aux villes et aux zones fonctionnelles, et non pas seulement au niveau des régions administratives. Par ailleurs, le développement rural est davantage lié à d’autres fonds structurels et d’investissement de l’UE (encadré 2.2).
Les cadres stratégiques des politiques régionales et rurales de nombreux pays membres de l’OCDE sont liés aux politiques de l’UE. Voici certaines des évolutions caractérisant la période de programmation la plus récente :
Politique de cohésion de l’UE
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Investir dans l’ensemble des régions de l’UE et adapter le niveau de soutien et la participation nationale (taux de cofinancement) à leur niveau de développement : i) régions en retard de développement (PIB < 75 % de la moyenne de l’UE-27) ; ii) régions en transition (PIB de 75 % à 90 % de la moyenne de l’UE-27) ; régions plus développées (PIB > 90 % de la moyenne de l’UE-27).
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Orienter les ressources vers les principaux secteurs de croissance : les investissements au titre du Fonds européen de développement régional (FEDER) seront concentrés sur quatre priorités principales : l’innovation et la recherche, la stratégie numérique, le soutien aux petites et moyennes entreprises (PME) et l’économie à faibles émissions de CO2, en fonction de la catégorie de la région (régions en retard de développement : 50 %, régions en transition : 60 %, régions plus développées : 80 %).
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Fixer des objectifs clairs, transparents et mesurables en matière de responsabilités et de résultats : les pays et les régions devront indiquer dès le départ quels objectifs ils visent au moyen des ressources disponibles, et déterminer précisément de quelle manière ils mesureront les progrès accomplis dans la réalisation de ces objectifs. Cela permettra un suivi régulier et un débat sur la façon dont les ressources financières sont utilisées. De cette manière, des fonds supplémentaires pourront être consacrés à des programmes plus performants (par une « réserve de performance ») vers la fin de la période.
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Instaurer des conditions à l’affectation des fonds afin de garantir l’efficacité des investissements : par exemple, les stratégies de « spécialisation intelligente » permettant d’identifier des potentialités et des atouts particuliers, les réformes favorables aux entreprises, les stratégies de transports, les mesures visant à améliorer les systèmes de marchés publics, le respect des législations environnementales, les stratégies de lutte contre le chômage des jeunes et le décrochage scolaire, ou destinées à promouvoir l’égalité des sexes et la non-discrimination, sont toutes des conditions préalables nécessaires.
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Établir une stratégie commune pour une meilleure coordination et une réduction des chevauchements : un cadre stratégique commun constitue la base d’une meilleure coordination entre les Fonds structurels et d’investissement européens (FEDER, Fonds de cohésion et FSE, qui sont les trois Fonds de la politique de cohésion, ainsi que le Fonds de développement rural et le Fonds européen de la pêche). Il permet également d’établir de meilleurs liens avec d’autres instruments de l’UE, par exemple Horizon 2020, le mécanisme pour l’interconnexion en Europe ou le programme en faveur de l’emploi et de l’innovation sociale.
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Réduire la bureaucratie et simplifier l’utilisation des investissements de l’UE au moyen d’un ensemble de règles communes pour tous les Fonds structurels et d’investissement européens, simplifier les règles comptables, établir des exigences plus ciblées en matière déclarative et utiliser davantage la technologie numérique (« cybercohésion »).
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Renforcer la dimension urbaine de la politique en affectant un minimum de ressources au titre du FEDER à des projets intégrés dans les villes – en plus des autres dépenses dans les zones urbaines.
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Renforcer la coopération transfrontalière et faciliter la mise en place d’un plus grand nombre de projets transfrontaliers. Veiller également à ce que les stratégies macrorégionales, comme celles du Danube et de la mer Baltique, soient soutenues par des programmes nationaux et régionaux.
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Faire en sorte que la politique de cohésion soit mieux liée à une plus large gouvernance économique de l’Union : les programmes devront être compatibles avec les programmes nationaux de réforme et devraient s’attaquer aux réformes pertinentes recensées à travers les recommandations par pays qui ont été formulées dans le cadre du Semestre européen. Le cas échéant, la Commission peut demander aux États membres – en vertu de la « clause de conditionnalité macroéconomique » – de modifier les programmes pour soutenir les principales réformes structurelles. En dernier ressort, elle peut suspendre les crédits si des violations graves et répétées surviennent à l’encontre des recommandations économiques.
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Encourager l’utilisation accrue des instruments financiers afin de fournir aux PME un soutien renforcé et un meilleur accès au crédit : prêts, garanties et financements par apport de fonds propres/capital-risque seront soutenus par l’UE en application de règles communes, par un élargissement de la portée de leur utilisation et au moyen de mesures incitatives (par exemple, des taux de cofinancement plus élevés). L’accent mis sur les prêts plutôt que sur les subventions permettra d’améliorer la qualité des projets et de décourager la dépendance à l’égard des subventions.
Politique de développement rural de l’UE
Compte tenu d’Europe 2020 et des objectifs généraux de la Politique agricole commune, trois objectifs stratégiques à long terme de la politique de développement rural de l’UE pour la période 2014-20 peuvent être identifiés : i) renforcer la compétitivité de l’agriculture ; ii) assurer une gestion durable des ressources naturelles et agir pour le climat ; iii) parvenir à un développement territorial équilibré des économies et des populations rurales, y compris par la création et le maintien d’emplois.
La réforme de 2013 préserve bon nombre des traits essentiels de la politique de développement rural 2007-13. Comme dans le passé, en particulier, cette politique sera mise en œuvre au moyen de programmes nationaux et/ou régionaux de développement rural (PDR) qui durent sept années. Globalement, néanmoins, la réforme de 2013 apporte des changements en : i) améliorant l’approche stratégique de l’élaboration des PDR ; ii) renforçant le contenu des mesures de développement rural ; iii) simplifiant les règles et/ou réduisant lorsque c’est possible la charge administrative qui leur est associée ; iv) associant plus étroitement les politiques de développement durable avec d’autres fonds structurels et fonds d’investissement européens.
Les États membres devront bâtir leurs PDR en respectant au moins quatre des six priorités communes à l’UE : i) favoriser le transfert de connaissances et l’innovation dans l’agriculture, la foresterie et les zones rurales ; ii) améliorer la viabilité/compétitivité de toutes les formes d’agriculture et promouvoir les techniques agricoles innovantes et la gestion durable des forêts ; iii) promouvoir l’organisation des chaînes d’alimentation, le bien-être animal et la gestion du risque dans l’agriculture ; iv) restaurer, préserver et améliorer les écosystèmes agricoles et forestiers ; v) promouvoir l’efficience des ressources et favoriser la transition vers une économie bas carbone et résiliente face au changement climatique dans les secteurs de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt ; vi) promouvoir l’inclusion sociale, la réduction de la pauvreté et le développement économique dans les zones rurales. Chaque priorité de développement durable comporte à son tour des domaines d’action plus détaillés (« domaines prioritaires »).
Extraits de Commission européenne (2013), Réorientation de la politique de cohésion de l’Union européenne en vue de maximiser son impact sur la croissance et l’emploi : la réforme en 10 points, Bruxelles, Belgique, http://europa.eu/rapid/press-release_MEMO-13-1011_fr.htm (consulté le 25 juin 2016).
Les objectifs des politiques urbaines sont généralement liés aux transports, à l’aménagement du territoire et à l’inclusion sociale
Les transports représentent le domaine le plus souvent classé au rang de priorité des politiques urbaines dans les pays membres de l’OCDE. Pour 21 des 25 pays interrogés, les politiques visant à améliorer l’accessibilité des transports publics sont d’une grande importance (graphique 2.2). D’autre part, le troisième objectif de grande importance le plus souvent cité consiste à créer un système urbain grâce à de meilleures liaisons de transport d’une ville à l’autre (17/25). De même, la viabilité urbaine est étroitement liée aux transports : de fait, les efforts déployés en la matière ont tendance à se concentrer dans le domaine de l’aménagement du territoire et des transports associés afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Près de la moitié des pays étudiés font des objectifs liés à l’inclusion l’une des priorités de leur programme d’action en matière urbaine. Citons parmi ces objectifs le logement (13/25), la cohésion sociale et la fourniture de services (12/25), l’intégration dans l’emploi (12/25) et l’investissement urbain dans des quartiers spécifiques (11/25). Généralement, les pays qui font de l’un de ces objectifs une priorité majeure jugent aussi les autres prioritaires.
Le développement économique constitue un autre objectif prioritaire des politiques urbaines, quoique ce soit le plus souvent dans le cadre de politiques sociales (inclusion) ciblant des populations particulières, plutôt que dans un objectif plus général d’amélioration de la productivité. Les politiques visant à stimuler le développement économique se classent au deuxième rang des objectifs prioritaires dans 18 des 25 pays interrogés. Conçues pour attirer et retenir les entreprises ou pour inciter à la création d’emplois, ces politiques ciblent le plus souvent des quartiers urbains défavorisés et privilégient donc l’inclusion au sein d’une ville plutôt que la compétitivité de la ville dans son ensemble. Le soutien à l’innovation, qui cible davantage les entreprises que les quartiers ou les individus à faibles revenus, constitue une priorité majeure dans un moindre nombre de pays (13/25). Sans doute l’innovation est-elle jugée plus « aisée » dans les villes, ce qui explique pourquoi le soutien national via les politiques urbaines ne paraît pas aussi indispensable. La plupart des pays qui mettent en œuvre des mesures de soutien à l’innovation dans les zones urbaines sont aussi ceux qui déploient des mécanismes de soutien à l’innovation dans les zones rurales et qui appliquent de fait un cadre national de développement territorialisé, conçu comme un enjeu d’innovation ou de productivité.
Comme pour les politiques de développement régional, les objectifs les moins prioritaires des politiques urbaines sont liés à la gouvernance, en l’occurrence la coordination intercommunale et la gouvernance métropolitaine. Pourtant, les zones urbaines souffrent de graves problèmes de coordination, étant donné la densité des interactions entre juridictions et niveaux d’administration. La fragmentation des collectivités locales qui composent les zones métropolitaines pénalise la productivité et exacerbe la ségrégation spatiale des revenus, d’où une aggravation des inégalités des chances et des résultats (voir chapitre 1). La dispersion des politiques empêche l’intégration dans un lieu donné. En clair, les politiques urbaines constituent aussi un problème de gouvernance. Plusieurs pays ont récemment mis en œuvre des réformes nationales de la gouvernance métropolitaine (comme par exemple la France et l’Italie) 4.
Les politiques rurales demeurent majoritairement sectorielles, mais évoluent vers des approches intersectorielles
L’objectif prioritaire de la plupart des politiques de développement rural est la production agricole. Il en va ainsi dans 22 (sur 24) pays interrogés (graphique 2.3). Ce résultat n’est guère surprenant puisque dans la plupart des pays, le ministère chargé à titre principal du développement rural est le ministère de l’Agriculture. C’est une nouvelle illustration de la place que prend le ministère principal dans la conception des stratégies nationales concernant les différents éléments d’une politique territorialisée. De ce fait, bien que la production agricole ne soit plus l’activité économique centrale de la plupart des zones rurales (OCDE, 2006), elle demeure la pierre angulaire des politiques rurales. Elle est suivie par la viabilité environnementale (20/24). En tant que composante des politiques rurales, cette dernière consiste à promouvoir des pratiques agricoles écologiques en réduisant les niveaux de pollution et de consommation d’eau, et par l’utilisation durable, à des fins économiques, des ressources et des milieux naturels – comme une filière bois durable ou d’autres éléments de la bio-économie. D’autre part, certaines initiatives de préservation des paysages (17/24) mettent en lumière la fonction récréative des milieux naturels, qui peut renforcer l’attractivité et la compétitivité des zones rurales, ainsi que leur qualité de vie. Autre composante du développementrural dans de nombreux pays (17/24), le soutien à l’innovation vise souvent le secteur et les chaînes de valeur alimentaires, et parfois le tourisme. À quelques exceptions près (la Suisse, par exemple – voir encadré 2.3), le ciblage croissant de l’innovation est rarement cité dans les réformes récentes des politiques rurales.
Au milieu des années 90, la politique régionale de la Suisse est passée d’un objectif de répartition à une nouvelle priorité accordée à l’efficience, à la compétitivité et à la création de valeur ajoutée dans les zones rurales. Cette mutation a été formalisée avec l’adoption en 2008 de la Nouvelle politique régionale (NPR), qui prône une approche endogène « axée sur la croissance » et privilégiant l’ouverture des marchés, les capacités d’exportation et la compétitivité. Le précédent système d’aide à l’investissement, instauré en 1974, a donc été remplacé. La NPR vise particulièrement les zones rurales, montagnardes et frontalières. La zone couverte a été étendue pour dépasser les seules zones les plus défavorisées et englober un ensemble bien plus vaste de régions. Les sept cantons urbains peuvent également solliciter les fonds de la NPR, à condition d’apporter la démonstration que les domaines à soutenir présentent les mêmes difficultés structurelles que les domaines habituellement visés par la NPR. La NPR s’applique aussi au niveau supra-cantonal afin d’améliorer la cohérence géographique et la fonctionnalité économique. Le réseau Regiosuisse soutient l’innovation à cette échelle intercantonale.
Une évaluation conduite en 2012 pour le compte du réseau Regiosuisse (Regiosuisse, 2012) montre que l’effet potentiel de chaque projet particulier est substantiel mais variable selon leur dimension et leur portée, ainsi que la part des financements publics par rapport aux financements privés. Les projets de petite taille essentiellement financés par des fonds publics ont les effets les plus modestes, tandis que les projets de taille moyenne, de portée limitée et à financement mixte produisent l’impact potentiel le plus fort (par rapport à leur dimension). Les avantages que peut en tirer le secteur privé semblent augmenter en proportion de sa participation. L’évaluation indique également que la plupart des fonds consacrés aux projets étudiés bénéficient à des petites et moyennes entreprises, ce qui témoigne d’un ciblage adéquat.
En 2013, une nouvelle évaluation a été conduite (Sager et Huegli, 2013) sur la mise en œuvre de la programmation pour les années 2008-15 ; elle a confirmé l’utilité de la NPR. L’approche locale du financement et la sélection de projets locaux ont porté leurs fruits. La liberté supplémentaire donnée aux cantons pour appliquer la NPR a certes présenté quelques difficultés, mais elle a favorisé leur créativité et leur capacité d’innovation. L’étude recommande de préserver la marge de manœuvre accordée aux autorités infranationales, bien qu’elles soient plus fragiles face aux pressions politiques locales. La participation du secteur privé consiste moins à piloter les projets qu’à y participer dans le cadre de partenariats, compte tenu de la nature des projets présentés, d’où la question de savoir s’il est pertinent de faire du pilotage privé la règle plutôt que l’exception. L’étude de l’impact global (en emplois et en résultats) a présenté des difficultés tant il est ardu de mesurer l’effet qualitatif de la NPR, par exemple en matière de création ou de renouvellement de l’image de marque d’une région, de réseaux entrepreneuriaux d’innovation ou de coopération intercantonale. Il est tout à fait pertinent de privilégier les capacités d’exportation et la compétitivité dans les zones rurales et montagnardes. Par ailleurs, le poids du tourisme dans les projets soutenus estimportant. L’évaluation globale de la NPR à laquelle aboutit cette étude est positive.
Une évaluation préparatoire de la dernière période a constaté les effets durables de la NPR. Cette évaluation était principalement consacrée aux avantages fiscaux accordés aux entreprises et a montré que les projets en cours en 2010 avaient généré 12 260 emplois dans des zones rurales structurellement faibles. En tout, 24 650 emplois peuvent être liés aux projets en cours. La valeur ajoutée générée par les 231 projets en cours en 2011 s’est élevée à 6.5 milliards CHF. Il semble que l’extinction des avantages fiscaux n’ait provoqué aucun départ d’entreprise, preuve que certaines mesures temporaires peuvent produire des effets durables. L’étude montre que les avantages fiscaux ont permis de créer des emplois et de la valeur ajoutée dans des régions souffrant de faiblesses structurelles.
La NPR suisse a été renouvelée en 2016 pour une période de huit années et la priorité accordée à l’innovation et au tourisme a été renforcée. Les trois piliers portent sur : i) le renforcement des atouts économiques et de la compétitivité des régions (85 % du total des financements) ; ii) la coopération et les synergies entre la NPR et les politiques sectorielles (5-10 %) ; et iii) le renforcement des capacités du système de connaissances des politiques régionales (5-10 %). En 2015, la Suisse a également lancé sa Politique sur les espaces ruraux et les régions de montagne, qui privilégie une plus grande coordination entre secteurs et entre niveaux en matière de gouvernance, ainsi que la promotion des liens entre zones urbaines et zones rurales. Elle fait office de complément à la Politique fédérale des agglomérations et à la Nouvelle politique régionale.
OCDE (2011a), Examens territoriaux de l’OCDE: Suisse, 2011, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264092747-fr ; European Policy Research Centre (2015) « Regional Policy Developments in Switzerland 2014-15 », note pays non publiée ; Regiosuisse (2012), « Wirkungsmessung NRP-Projekte 2012 », Synthèse, rapport final ; Sager, F. et E. Huegli (2013), Evaluation des Mehrjahresprogramm 2008-15 zur Umsetzung der NRP, Kompetenzzentrum für Public Management der Universität Bern et Büro Vatter AG, Berne.
Dans de nombreux pays, les politiques de développement rural sous-estiment l’importance des liens entre zones rurales et zones urbaines, et celle du renforcement des capacités infranationales. Les politiques rurales, qui consistent à définir les espaces ruraux et leur orientation, ne suffisent pas toujours à favoriser l’établissement des liens les plus pertinents. Certains pays ont toutefois davantage mis ces liens en avant dans leur approche des politiques régionales (voir ci-dessus) qu’ils ne l’indiquent dans le contexte des seules politiques rurales. Étant donné que les zones rurales les plus isolées se heurtent souvent à de plus grandes difficultés de développement, c’est peut-être le signe que les zones rurales proches de zones urbaines se portent mieux. Comme dans d’autres domaines d’action, le nombre de pays considérant le renforcement des priorités comme une priorité majeure est moins élevé (11/24). Les pays qui en font une priorité majeure sont presque tous des États unitaires, avec un PIB par habitant élevé dans certains cas, et faible dans d’autres. Cependant, l’amélioration des processus de prise de décision et des services publics est aussi un facteur de compétitivité. De façon générale, les pays déclarent recourir aux outils suivants : soutien technique, transfert de connaissances et partenariats public-privé. Par ailleurs, cette capacité s’observe parfois dans le secteur privé et la société civile, d’où l’importance particulièredu renforcement des capacités dans la population locale (voir chapitre 4).
Les pays ont inscrit ces objectifs dans des stratégies nationales multiples
La grande majorité des pays membres de l’OCDE poursuivent une stratégie explicite de développement régional qui est définie dans un ou plusieurs documents (graphique 2.4). Ceux qui ne font état d’aucune stratégie globale sont notamment des pays fédéraux dans lesquels les compétences sont pour l’essentiel aux mains des autorités infranationales (Allemagne, Belgique et États-Unis, par exemple). D’autres déploient des stratégies implicites via des agences (Chili). Certains ne visent pas explicitement l’échelle régionale en tant que telle, ou privilégient une échelle locale (Pays-Bas et Royaume-Uni). La plupart des pays se sont dotés de plus d’un document stratégique (deux en moyenne), et parfois d’un cadre juridique complété par un plan mis à jour à intervalles plus réguliers (un intervalle de sept ans est courant dans les pays de l’UE, car il correspond au cycle des politiques de l’UE), d’où un juste équilibre entre stabilité et flexibilité qui permet d’adapter les politiques à l’évolution des circonstances.
Dans de nombreux pays, les cadres de développement urbain sont en pleine mutation. Des documents de cadrage ou des déclarations nationales sur les politiques urbaines sont en cours d’élaboration dans plusieurs pays (Hongrie, Israël, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne et République slovaque). Si certains d’entre eux ont pu être axés sur l’aménagement spatial des villes du pays, ils dépassent désormais ce seul cadre et englobent un éventail plus large d’enjeux de politique urbaine. Quelques pays ont récemment mis à jour des stratégies anciennes (la Suisse) ou font état d’une augmentation, dans les zones urbaines, du niveau des activités liées aux fonds des politiques régionales de l’UE (Espagne, Italie et Portugal). Deux pays ont récemment désigné de nouveaux ministres chargés des questions urbaines : en Australie, le nouveau Ministre adjoint aux villes et à la transformation numérique (nommé en 2016) et en Suède, le Ministre du développement urbain au sein du ministère de l’Environnement et de l’Énergie. On ne s’attend pas forcément à ce que certains pays où les villes sont peu nombreuses (comme l’Islande) se dotent d’un cadre national des politiques urbaines. Les stratégies nationales des politiques territorialisées se caractérisent par une tendance nette à cibler davantage les villes5. Cette priorité croissante, qui se manifeste par un meilleur aménagement de l’espace (limitation de l’expansionurbaine par exemple), semble être parfois liée à des inquiétudes concernant la viabilité environnementale. Le développement urbain figure également parmi les principales questions d’intérêt mondial, et le processus Habitat III vise à faire prendre conscience de l’importance des cadres nationaux des politiques urbaines (encadré 2.4).
Dans le cadre du processus Habitat III, qui a culminé avec la troisième Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable, un document d’analyse sur les politiques urbaines nationales propose dix recommandations concernant la conception, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques urbaines nationales.
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Accords internationaux : les politiques urbaines nationales se sont avérées efficaces dans la mise en œuvre du Programme pour l’Habitat et devraient dorénavant être systématiquement considérées comme des instruments clés de la mise en œuvre du Nouveau programme pour les villes. Par ailleurs, la base normative de la politique urbaine nationale doit refléter les accords internationaux existants, notamment : i) la Déclaration universelle des droits de l’homme ; ii) l’Accord de Paris ; iii) le Cadre de Sendai ; et iv) le Programme de développement durable à l’horizon 2020.
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Forme institutionnelle : la forme institutionnelle d’une politique urbaine nationale doit créer des canaux de participation et prendre en compte la nécessité d’apporter des changements de haut niveau, notamment dans les domaines suivants : réforme juridique, affectation des ressources budgétaires, production d’informations sur le système urbain dans son ensemble (sur le plan tant formel qu’informel), et planification et conception urbaines intégrées s’inscrivant sur le long terme et allant au-delà du cycle politique. La qualité des cadres juridiques renvoie à la capacité à mener les réformes réglementaires requises par les décideurs. Une législation efficace doit avoir un objectif clair, introduire des règles et mécanismes d’application cohérents et bien élaborés, ainsi que des règles et obligations dépourvues d’ambiguïtés. Enfin, elle doit permettre un suivi et une évaluation systématiques des résultats de la législation. La mise en œuvre d’un processus d’élaboration d’une politique urbaine nationale fondée sur des données factuelles nécessite des investissements dans la fonction publique, la recherche, les cursus universitaires et les opportunités éducatives.
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Capacité d’entraînement : une impulsion politique formelle et informelle est nécessaire de la part du gouvernement ou d’autres parties prenantes pour garantir la légitimité du processus d’élaboration de la politique urbaine nationale, ainsi que l’efficacité de sa mise en œuvre.
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Inclusivité et équité : les politiques urbaines nationales doivent être inclusives et permettre aux parties prenantes de s’engager efficacement dans le processus, afin que toutes les voix soient entendues. Par leurs résultats et leurs effets, elles doivent promouvoir l’égalité, atteindre les personnes les plus vulnérables, ainsi que les personnes en danger et les citadins pauvres.
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Durabilité et résilience : une politique urbaine nationale doit étudier les dynamiques sociales, économiques et écologiques et les relations qu’elles entretiennent dans leur contexte territorial.
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Questions prioritaires : une politique urbaine nationale doit être centrée sur les populations et doit compléter et non reproduire des stratégies sectorielles fortes dans des domaines tels que les infrastructures, l’eau, l’énergie, la santé, l’éducation, le logement ou les politiques d’inclusion sociale et économique. Idéalement, elle s’intéresse aux relations territoriales, fiscales et institutionnelles entre les secteurs. Une politique urbaine nationale doit préserver les intérêts et les droits des générations actuelles et futures, et prendre en compte l’incidence des choix stratégiques sur l’écosystème naturel. Une politique urbaine nationale fournit la plateforme ou le processus d’information permettant de préconiser les priorités à long terme plutôt que les priorités à court terme aux différents échelons territoriaux, ce qui permet de débattre des décisions difficiles et de les communiquer au public.
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Coordination : une politique urbaine nationale doit mettre l’accent sur la coordination et la collaboration institutionnalisées et informelles entre les différents acteurs, secteurs et fonctions à tous les échelons et systèmes urbains, et les promouvoir. Les mesures de coordination doivent tenir compte des préoccupations territoriales nationales, notamment du continuum urbain-rural, ainsi que des dynamiques et questions d’urbanisation métropolitaines, régionales et supranationales.
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Capacités : pour être efficace, un processus d’élaboration d’une politique urbaine nationale nécessite une préparation, un hôte institutionnel, un budget, des formations et des opportunités d’échange entre pairs aux niveaux national et transnational, au sein des gouvernements, entre les gouvernements et avec d’autres parties prenantes. Le processus doit permettre un suivi et une évaluation internes efficaces.
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Communication : le processus d’élaboration de la politique urbaine nationale doit s’appuyer sur une stratégie de communication multimédia globale et transparente, et avoir pour objectif d’informer tous les fonctionnaires, résidents, acteurs des médias et autres parties prenantes aux niveaux national et international. Une telle stratégie de communication doit également servir à sensibiliser le plus grand nombre à la nature intégrée du développement durable.
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Données : une politique urbaine nationale doit être fondée sur les données qualitatives et quantitatives les plus récentes et les plus globales. Le processus d’élaboration d’une politique urbaine nationale peut servir à améliorer les systèmes de collecte des données et à développer des données nouvelles et supplémentaires pour améliorer leur désagrégation (par exemple, par sexe et par âge), leur couverture (sectorielle et géographique) et leur interopérabilité. Il convient de veiller particulièrement à énumérer et faire ressortir tous les aspects de l’informel en milieu urbain. Les données collectées en vue d’une politique urbaine nationale doivent s’appuyer sur des systèmes de données internationaux et locaux et être libres d’accès.
Habitat III Policy Unit 3 (2016), « Policy Paper on National Urban Policy », www.habitat3.org/.
La plupart des pays indiquent qu’ils disposent d’un cadre d’action qui est avant tout rural. Certains d’entre eux portent exclusivement sur l’agriculture tandis que plusieurs autres associent l’agriculture et d’autres enjeux de développement rural. Dans de nombreux pays de l’UE qui sont par ailleurs membres de l’OCDE, cet état de fait est lié à la politique de l’UE sur le développement rural (voir ci-dessus, encadré 2.2). Dans certains pays comme l’Islande et la Nouvelle-Zélande, les cadres des politiques régionales portent essentiellement sur le développement rural en raison du caractère très rural de ces États, hormis quelques grandes villes.
D’autre part, le contexte institutionnel et les types d’orientations nationales structurent la manière dont les acteurs nationaux et régionaux œuvrent à la réalisation des objectifs nationaux. Les types d’orientations nationales varient entre la « méthode cadre » plus large et la « méthode de la planification » davantage prédéfinie. Les méthodes cadre reposent sur des orientations stratégiques et des contrats sur mesure, par opposition aux lois et à des instruments prédéfinis, tandis que les méthodes de planification sont plus souvent associées à des lois et des instruments contraignants.
Les instruments de politique régionale se divisent pour l’essentiel en deux catégories : Le développement des entreprises et les infrastructures
Ces dernières années, dans un objectif de renforcement de la compétitivité, on constate une augmentation de l’utilisation des instruments d’action reposant sur l’investissement plutôt que sur des subventions de base (graphique 2.5). La plupart des investissements dans les infrastructures et des outils de développement des entreprises sont destinés à améliorer la productivité des entreprises. Par ailleurs, plus de la moitié des pays déclarent utiliser une boîte à outils commune pour 5 des 8 outils fondamentaux. Le recours au subventionnement des services publics est moins commun que d’autres outils : 14 des 30 pays interrogés indiquent avoir subventionné la prestation de services publics, seulement deux de plus pour les zones économiques spéciales. Le subventionnement des services publics est plus couramment utilisé dans les pays non membres de l’UE que dans les pays de l’UE. Ces subventions concernent généralement des zones rurales isolées et visent la préservation de lieux de patrimoine, ou des régions particulièrement défavorisées en matière de résultats économiques.
L’enquête révèle que le développement des entreprises est l’outil stratégique le plus couramment utilisé pour atteindre les objectifs de la politique de développement régional. Presque tous les pays déclarent recourir à cet outil (27/30). Plusieurs pays font état d’une récente évolution des priorités, accordées non plus aux infrastructures mais à la compétitivité et à l’innovation (Espagne, Estonie, Hongrie). De nombreux réseaux nationaux d’agences de développement régional ont pour objectif principal le développement des entreprises et ciblent généralement les PME (voir ci-après). Tout un ensemble d’instruments de promotion de l’innovation liés au développement des entreprises sont destinés à stimuler la productivité des entreprises, voire à améliorer la productivité dans le secteur public (tableau 2.1). Étant donné que les politiques scientifiques et technologiques sont de facto tournées vers les entreprises et les institutions en pointe, souvent dans les régions frontières, la plupart de ces instruments ciblant des régions qui ne sont pas en pointe s’inscrivent dans le cadre des politiques de développement régional, et non des politiques d’innovation nationale.
Plutôt que d’apporter un soutien isolé à une seule entreprise, les politiques privilégiant les pôles d’activités servent à organiser le soutien à des groupements d’entreprises et à mettre davantage l’accent sur les retombées extérieures. En effet, 24 des 30 pays interrogés déclarent mettre en œuvre des politiques de pôles d’activités. Au cours des vingt-cinq dernières années, les approches en la matière ont évolué, la priorité passant des PME aux champions nationaux, puis aux pôles d’innovation. Plusieurs catégories de ministères ont recours à ces politiques : les ministères chargés des sciences et des technologies, les ministères chargés des entreprises et de l’industrie, et ceux qui sont chargés des politiques de développement régional. Les types d’instruments choisis dépendent des orientations données aux politiques, depuis le soutien à l’organisation en pôle jusqu’aux subventions à la R-D dans les entreprises d’un pôle ou d’un secteur donné (OCDE, 2007). Les pôles d’activités (spécialisation) sont considérés comme une opportunité de développement régional mais aussi, plus généralement, de diffusion de l’innovation. Les politiques visant à « créer » ou à promouvoir les pôles et/ou les projets de pôles font encore débat, mais le rôle économiquedes pôles d’activités est un domaine que les chercheurs et les responsables publics s’efforcent de mieux comprendre. C’est pourquoi plusieurs pays mesurent les pôles d’activités au moyen d’indicateurs de spécialisation afin d’affiner le diagnostic des économies régionales et d’identifier des partenaires des groupes sectoriels (encadré 2.5).
Depuis longtemps, les pôles d’activités – des ensembles d’entreprises situées à proximité géographique les unes des autres et exerçant dans des secteurs liés par de multiples relations locales et facteurs externes – font figure de caractéristique majeure des économies régionales (Porter, 1990 ; OCDE, 1999). Ces dernières années, les premières études de cas ont ouvert la voie à la cartographie des pôles d’activités, c’est-à-dire l’analyse de séries complètes de données couvrant des économies régionales et nationales entières à partir d’un ensemble transparent de définitions de référence de la notion de pôle d’activités (Porter, 2003 ; Delgado et al., 2016). C’est aux États-Unis qu’ont été créées les premières séries de données comparables, puis dans l’Union européenne et au Canada. Elles reflètent l’activité économique (mesurée en termes d’emploi, d’implantations et de masse salariale) par catégorie de pôle selon différents niveaux géographiques (aux États-Unis : comté, zone métropolitaine, zone économique, État ; dans l’UE : régions NUTS-2 et au-delà ; au Canada, régions métropolitaines de recensement, provinces). Une série d’autres pays, y compris la Corée et le Mexique, ont récemment entrepris des effortsen adoptant cette méthodologie.
Cette nouvelle génération de données sur les pôles d’activités a été utilisée pour procéder à l’analyse quantitative du rôle des pôles dans les économies régionales. Les pôles dans lesquels s’exercent des activités échangeables, c’est-à-dire celles qui se concentrent dans un endroit particulier, qui sont en concurrence avec des rivaux opérant ailleurs et qui servent des marchés situés en dehors de leur lieu d’implantation (l’industrie biopharmaceutique, par exemple) se caractérisent par une productivité, une innovation et des niveaux de salaire nettement plus élevés que les activités locales (commerce de détail par exemple). La part des activités échangeables dans l’emploi total, qui s’établit aujourd’hui à 30-40 % dans de nombreux pays, a reculé au fil du temps. Les pôles forts, où chaque région particulière se caractérise par une forte présence de l’emploi, concentrent environ les deux tiers de l’emploi dans les activités échangeables. Des chercheurs ont utilisé ces données dans une série d’études s’inscrivant dans un effort de cartographie des pôles d’activités qui vise à explorer la relation entre la présence de pôles et la performance économique. Il en résulte que la force des pôles d’activités est associée à : une plus forte croissance de l’emploi dans les secteurs d’activitésliés entre eux qui constituent les pôles ; une plus grande résilience de l’emploi face aux crises économiques ; une plus forte croissance de l’innovation et de l’entrepreneuriat ; et l’émergence de nouveaux secteurs d’activités régionaux. D’autre part, les chercheurs concluent que les régions dont une part plus importante de l’emploi ou de la masse salariale se trouve dans des pôles forts connaissent des niveaux de prospérité plus élevés (Delgado, Porter et Stern, 2010, 2014, 2016 ; Ketels et Protsiv, 2014).
Les gouvernements des pays membres de l’OCDE se sont inspirés de ces travaux pour lancer des portails de pôles d’activités qui permettent d’utiliser ces données dans les politiques et la pratique du développement économique. L’Administration américaine du développement économique (ministère du Commerce) a soutenu en 2014 le lancement du portail américain des pôles d’activités (www.clustermapping.us). La Commission européenne abrite sur son site le Portail des pôles de l’UE (http://ec.europa.eu/growth/smes/cluster/index_en.htm) depuis 2015 ; la version initiale avait été lancée en 2007. Dans son budget pour 2016, le gouvernement canadien a annoncé son intention de créer un portail semblable. Ces portails fournissent des « données ouvertes » comparables sur la répartition des pôles dans les économies régionales et sur l’empreinte géographique de telle ou telle catégorie particulière de pôles dans les régions. Certains combinent ces informations avec des données transversales sur la compétitivité des régions et la présence d’organisations de pôles, comme des initiatives publiques-privées visant à renforcer la compétitivité d’un pôle régional donné (Solvell, Lindqvist et Ketels, 2003).
Les portails de pôles d’activités permettent aux régions d’évaluer leurs atouts particuliers et d’identifier les possibilités qui se présentent dans les pôles existants et dans les pôles émergents. Des organisations comme SelectUSA utilisent le portail des pôles pour renseigner des investisseurs potentiels sur le profil de lieux particuliers. Ces portails visent à aider les administrations publiques nationales à fonder leurs choix sur des données factuelles et sur une bonne connaissance des besoins et des possibilités de chaque région, tant en général que s’agissant des mesures concernant les pôles plus particulièrement. Les organisations de pôles peuvent utiliser les données pour se comparer avec des lieux concurrents et repérer des partenaires avec lesquels collaborer ailleurs. La Commission européenne a récemment relancé la Plateforme de collaboration des pôles (www.clustercollaboration.eu) qui fait office de site compagnon venant en appui à la collaboration entre les organisations de pôles.
Porter, M.E. (1990), Competitive Advantage of Nations, Free Press, New York ; OCDE (1999), Boosting Innovation: The Cluster Approach, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264174399-en ; Porter, M.E. (2003) « The Economic Performance of Regions, » Regional Studies, vol. 37, pp. 549-578 ; Delgado, M. et al. (2016), « Defining clusters of related industries », Journal of Economic Geography, n° 16, pp. 1-38 ; Delgado M., M.E. Porter et S. Stern (2010), « Clusters and Entrepreneurship », Journal of Economic Geography, vol. 10, n° 4, pp. 495-518 ; Delgado, M., M.E. Porter et S. Stern (2014), « Clusters, convergence, and economic performance », Research Policy, n° 43, pp. 1785-1799 ; Ketels, C. et S. Protsiv (2014), « European Cluster Panorama 2014 », European Cluster Observatory ; Sölvell, Ö., G. Lindqvist et C. Ketels (2003), The Cluster Initiative Greenbook, Stockholm.
Les investissements dans les infrastructures demeurent un pilier des politiques de développement régional, surtout en matière de transports mais également pour d’autres formes d’infrastructures. En général, ces investissements concernent les transports (les autoroutes, par exemple). Les investissements dans d’autres types d’infrastructures figurent au troisième rang des instruments les plus courants. Les investissements de base dans le secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’énergie concernent généralement les pays membres de l’OCDE dont le PIB par habitant est inférieur à la moyenne, mais pas uniquement (États-Unis). Plusieurs pays font état d’investissements dans des infrastructures sociales comme les écoles, les espaces publics et autres bâtiments, en particulier dans des zones peu peuplées. Parfois, ces infrastructures visent les entreprises (incubateurs) ou le tourisme. Enfin, le champ des télécommunications est également concerné, tant en matière de connexion à haut débit que de réseaux de téléphonie mobile.
Les compétences sont essentielles au développement économique mais sont souvent gérées hors du cadre des politiques de développement régional. Pour le développement régional, les pays membres de l’OCDE indiquent qu’ils concentrent généralement leurs efforts sur les travailleurs peu qualifiés ou défavorisés d’une manière ou d’une autre (chômeurs, migrants, groupes autochtones, etc.). Une telle priorité n’est guère surprenante, étant donné que la faiblesse des compétences constitue un verrou majeur pour la croissance régionale (OCDE, 2012). Plus rarement, l’action visant les compétences concerne plus spécialement les nouvelles technologies et l’entrepreneuriat.
Les outils liés à la prestation de services en faveur du développement régional concernent souvent les zones rurales, où le coût de fourniture de tels services est plus élevé. Les services fournis dans les pays membres de l’OCDE se répartissent en plusieurs catégories. L’une d’entre elles consiste à atteindre les zones isolées (subventionnement de vols réguliers vers des zones isolées en Australie, par exemple). Une autre vise à préserver les services publics, par exemple en créant des centres de services à usages multiples, souvent dans les zones rurales (guichets uniques) (Suède et France, par exemple). Dans d’autres cas, les services fournis visent à préserver et à exploiter des infrastructures de valeur (comme en Hongrie et en Turquie).
Les zones économiques spéciales (ZES) sont un outil d’action territorialisée très courant que de nombreux pays – OCDE ou non – utilisent. Les ZES dont l’objectif principal est d’attirer l’investissement direct étranger (IDE) sont généralement créées pour résoudre une série de problèmes : surmonter les défaillances de marché (en approvisionnement de biens et de services), générer des externalités positives (activités à forte intensité de connaissances), surmonter les obstacles administratifs aux réformes, expérimenter de nouvelles mesures, éviter les blocages infrastructurels en ciblant un lieu particulier (OCDE, 2014a). Cela étant, ces politiques territorialisées présentent aussi des inconvénients courants. Les distorsions liées aux mesures d’incitation fiscales doivent être compensées par d’autres résultats tangibles. Les pays peinent souvent à intégrer à la vie économique nationale les entreprises étrangères établies dans les zones en question. De plus, il arrive que les incitations fiscales ne favorisent pas l’innovation en tant que telle, mais se contentent d’attirer ou de déplacer des entreprises dans la zone concernée.
Les exemples de ZES créées dans le cadre d’une politique de développement régional vont des zones privilégiant les entreprises à celles qui assistent les particuliers (tableau 2.2). Certaines ZES ciblent les habitants de zones défavorisées (en Australie et en Norvège, par exemple), ou visent à aider les entreprises dans des zones particulièrement défavorisées (Mexique, États-Unis). D’autres privilégient plus classiquement l’IDE, parfois en ciblant un secteur précis, et sont destinées à favoriser un meilleur équilibre économique national (comme c’est le cas en Corée et en Pologne). D’autres visent à préserver un avantage compétitif afin de retenir des entreprises et des secteurs en pointe (au Royaume-Uni par exemple). Le critère d’aménagement de l’espace importe aussi lors de la création de certaines de ces zones, qui incitent les entreprises à s’y installer en tenant compte de l’utilisation qui est faite du foncier (Turquie et Luxembourg). Dans certains pays, il arrive que des endroits qui ne possèdent pas les caractéristiques d’une ZES soient choisis en priorité pour recevoir des investissements infrastructurels afin d’aider les entreprises (Pays-Bas, par exemple).
Stratégies de gouvernance en faveur d’une dynamique de rattrapage et l’inclusion
Qu’il s’agisse des politiques de manière générale et de politiques territorialisées en particulier, les modalités d’action importent tout autant que le but poursuivi. La gouvernance des politiques de développement régional au niveau national et l’interaction entre les politiques nationales et les politiques régionales/locales sont deux critères à prendre en compte pour garantir l’efficacité de l’action publique. Les problèmes à résoudre en priorité concernent l’organisation au niveau national du portefeuille de politiques de développement régional, urbain et rural, et la manière dont elles sont suivies et évaluées. La façon dont les gouvernements nationaux organisent leurs interventions dans les différentes parties du pays peut se décliner en stratégies distinctes, l’une d’entre elles étant celle des agences de développement régional. Les stratégies d’interaction avec les régions et les communes sont multiples. Certains pays ont prôné des réformes au niveau régional dans le cadre d’un processus de décentralisation. Au fil de leur développement économique, les pays ont tendance à s’appuyer davantage sur les autorités infranationales (graphique 2.6). Le renforcement des capacités (techniques et financières) infranationales est donc une dimension importante des mesures de développement régional.
La plupart des évolutions récentes en matière de politique régionale rapportées par les différents pays sont liées à la gouvernance de leur mise en œuvre plus qu’aux outils d’actions eux-mêmes. Ainsi, deux pays ont créé des agences pour contribuer à la gestion des politiques de développement régional (l’Italie et le Portugal pour les fonds européens). Certains pays attribuent l’utilisation des fonds des politiques de développement régional à un échelon différent : l’Autriche gère le prochain cycle de programmes européens au niveau national et non plus régional, tandis que la Grèce en a confié la gestion à l’échelon régional et non plus national. Certains pays cherchent à renforcer leurs capacités infranationales ou se préparent à décentraliser (Chili et République tchèque, par exemple). D’autres introduisent de nouveaux types de contrats entre l’échelon national et l’échelon régional, à l’image des Accords de croissance que la Finlande passe avec ses grandes villes, ou des accords entre État national et provinces aux Pays-Bas, outre les pays qui utilisent déjà cette méthode (la France et le Royaume-Uni). La coordination intersectorielle des politiques au niveau national est un nouvel objectif en Hongrie, et représente un objectif fédéral aux États-Unis . Dans quelques pays, le développement régional a changé de secteur ministériel à l’échelonnational.
L’entité chargée des missions de développement régional, urbain et rural encadre la stratégie d’action
Dans la plupart des cas, le ministère chargé du développement régional se concentre sur les questions économiques. Près de la moitié des pays membres de l’OCDE (16/34) indiquent que c’est à ce ministère que revient la responsabilité de gérer le portefeuille des politiques de développement. Certains pays (6/34) comme le Japon et l’Australie confient ce portefeuille à des ministères dont l’action porte principalement sur les infrastructures. Il arrive que d’autres ministères pilotent les politiques de développement régional : ceux de l’Intérieur et des Collectivités locales, par exemple (3/34 pays). Dans quelques pays, ce portefeuille est géré soit par un centre de gouvernement (Autriche), soit par un comité interministériel (France). Dans le cas de la Belgique, il est presque entièrement confié aux régions.
Le ministère chargé du développement urbain est généralement tourné davantage vers les infrastructures et l’aménagement du territoire. En effet, 15 pays déclarent s’être dotés d’un ministère des Infrastructures ou de l’Aménagement du territoire. Deux autres indiquent qu’un comité interministériel pilote les politiques urbaines ; dans d’autres pays, c’est le ministère de l’Intérieur (5/30) ou de l’Économie (5/30) qui s’en charge. Le périmètre des ministères chargés des politiques urbaines semble changer plus souvent que celui des ministères chargés des politiques régionales et rurales, plusieurs pays ayant récemment décidé d’en confier le pilotage à un ministère différent.
S’agissant des politiques rurales, les compétences et le pilotage continuent le plus souvent de relever du ministère de l’Agriculture et, en règle générale, le développement rural est moins dispersé entre différents ministères que les politiques urbaines. Dans la majorité des pays (20), le ministère de l’agriculture est aux commandes6. Il est impliqué dans 29 pays en tout – même si ce n’est pas toujours à titre principal – ce qui témoigne du rôle primordial de l’agriculture dans la conception des politiques de développement rural. D’autres types de ministères et d’entités sont chargés de missions de développement rural : les ministères de l’Économie et du Développement (5), des agences publiques centrales (4) et les ministères des Infrastructures (3). Très peu de pays déclarent avoir confié le pilotage du développement rural au ministère de l’Intérieur, à celui des Collectivités locales ou à celui du Développement régional. Dans plusieurs cas, le développement régional et le développement rural sont synonymes si le pays est principalement rural.
Certains pays ont intégré les responsabilités dans le cadre de différentes combinaisons alliant politiques régionales, rurales et urbaines. Dans quelques pays, le même ministère – ou autre instance – pilote tout à la fois les politiques régionales, rurales et urbaines, tandis que dans plusieurs autres le ministère en question pilote au moins deux de ces domaines d’action (graphique 2.7). De la manière dont sont réparties les responsabilités entre les ministères dépend le degré – ou l’absence – d’intégration de certaines de ces politiques, ainsi que la nécessité pour les structures de coordination de travailler avec l’ensemble des ministères. La forme d’intégration la plus courante concerne les politiques régionales et les politiques urbaines. Les responsabilités sont réparties entre trois ministères (un par domaine) dans 13 pays7.
Les comités interministériels sont un mécanisme de gouvernance qui permet de résoudre les difficultés de coordination liées à la multiplicité des ministères impliqués. En France, par exemple, le principal organe de développement régional au niveau national est un comité interministériel. Au total, 24/34 pays se sont dotés de telles instances. Cette formule du comité interministériel est également utilisée en matière de politiques urbaines (20 pays) et de politiques rurales (21 pays). Une précédente étude a montré que les pays mobilisent en moyenne six ministères pour les politiques urbaines – le plus fragmenté des trois domaines d’action – en leur confiant des missions explicites (OCDE, 2014a).
L’efficacité de ces comités interministériels est mitigée. Au niveau national, l’approche dominante de ces comités consiste à leur attribuer une fonction de coordination afin d’harmoniser la mise en œuvre des politiques de développement régional. En règle générale, les comités qui ne se réunissent pas à intervalles réguliers ou qui ne disposent pas d’une structure permanente ont beaucoup moins d’influence dans l’élaboration des politiques. Certains comités et organes interministériels ont proposé de jouer un rôle de forum plaidant pour réformer les politiques au niveau national en assurant leur coordination horizontale, comme le COAG australien (qui assume en outre une fonction de coordination verticale). Au Royaume-Uni, l’entité des politiques urbaines (Cities Policy Unit, créée en 2011) assure une forme de collaboration interministérielle et fait office de forum politique pour tout un ensemble d’acteurs (publics, privés, nationaux et infranationaux). Elle participe à la conception des accords de ville qui constituent les politiques urbaines.
Le partage des compétences en matière de développement régional entre différents ministères complique les efforts de suivi budgétaire et de suivi et d’évaluation des politiques de développement régional (graphique 2.8). On observe que sur un total de 32 pays, 25 déclarent utiliser des indicateurs pour suivre leurs politiques de développement régional, 22 les évaluent et 17 seulement suivent la dépense engagée au niveau national. Les résultats ne sont pas aussi élevés que pour les politiques urbaines, sans doute parce que les ministères impliqués dans les politiques urbaines sont plus nombreux et que les cadres généraux régissant ces politiques sont plus rares. Le suivi des politiques rurales est plus fréquent que celui des politiques urbaines, mais plus rare que celui des politiques régionales. Le rôle de la politique de l’UE de promotion du suivi des politiques rurales et régionales transparaît nettement dans les réponses des pays. La plupart des pays membres de l’OCDE reconnaissent ainsi la nécessité du suivi et de l’évaluation comme outils complémentaires. De plus, ceux qui suivent la dépense nationale sont plus nombreux à assumer des missions de suivi et d’évaluation.
Dans bien des cas, les évaluations des politiques territorialisées présentent de nombreuses difficultés, mais elles sont indispensables pour déterminer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. En raison des problèmes d’attribution de compétences, ces évaluations portent souvent sur des programmes spécifiques, et non sur les mesures de développement régional dans leur ensemble. Dans le cadre d’une tentative d’évaluation transversale des activités des agences anglaises de développement régional, il a été noté que plus de la moitié des gains sont le résultat de moins de 20 % de la dépense (encadré 2.8) ; ces résultats constituent l’un des motifs justifiant la fermeture de ces agences, même si elles s’inscrivent dans le cadre plus général de politiques territorialisées au niveau régional et local qui ont été lancées – et parfois abandonnées – au cours des dernières décennies. Le graphique 2.9 montre combien il est difficile d’évaluer l’impact collectif des programmes étant donné la diversité des échelles et des cadres temporels de chaque programme.
Parmi les conclusions invitant à améliorer l’efficacité des politiques de développement régional figure en effet la complémentarité des différentes mesures d’une stratégie cohérente (encadré 2.6). Certaines évaluations portant sur les spécificités de tel ou tel programme peuvent également contribuer à orienter les cycles suivants en révisant l’outil, s’agissant par exemple du soutien aux entreprises. Il arrive aussi que les délais dans lesquels les gains se concrétisent au-delà de tel programme particulier soient plus longs que pour les cycles d’action ordinaires (encadré 2.7).
Toute évaluation des différentes politiques de développement régional présente la difficulté de documenter la nature et les délais de leurs effets. Les conclusions des évaluations ci-dessous proposent des pistes permettant de favoriser le rattrapage des régions.
Une évaluation de la Politique de cohésion de l’UE dans 15 régions de 1989 à 2013, conduite par le Centre de recherche sur les politiques européennes, montre que la Politique de cohésion, à terme, a atteint certains de ses objectifs. En se fondant sur l’analyse d’un échantillon de 15 régions, pour la plupart en retard ou confrontées à des obstacles particuliers, le rapport évalue la capacité de la Politique de cohésion à atteindre ses objectifs ex ante. Il montre que la Politique de cohésion a porté ses fruits à partir de 1989, et ce de manière croissante. Au début de la période d’étude, l’effet des fonds de la Politique de cohésion variait selon les programmes, les régions et les périodes. Entre 1989 et 1993, seules six régions ont obtenu des résultats dépassant leurs objectifs initiaux. En 2000-06, la plupart des régions étudiées avaient atteint ou dépassé leurs objectifs initiaux (Bachtler et al., 2013). Selon l’étude, « dans des domaines d’intervention spécifiques, l’efficacité à court terme semble plus forte s’agissant d’infrastructures physiques à grande échelle, d’améliorations environnementales et d’infrastructures locales d’innovation et d’entreprises. Les régions rencontrent des difficultés dans les domaines de l’ajustement structurel, du soutien aux entreprises, de l’innovation et du développement local, qui nécessitent des stratégies,des systèmes et des capacités. L’évaluation globale a révélé une autre difficulté : la coordination des mesures dans le cadre d’une stratégie plus cohérente. » (Bachtler et al., 2013). Ce dernier point est couvert par les exigences de la nouvelle période de programmation de la Politique de cohésion de l’UE.
Les mesures de soutien aux entreprises sont l’un des outils les plus couramment utilisés dans les politiques de développement régional. Analysant leurs effets différenciés sur des entreprises de tailles variées, une évaluation contrefactuelle de la Politique de cohésion et des mécanismes cofinancés de soutien aux entreprises en Italie a révélé que l’impact en matière d’investissement et de création d’emplois variait selon le programme et selon la taille de l’entreprise (ASVAPP, 2012). Au-delà de l’impact lui-même, elle analyse également le coût lié à la production de cet impact et montre que les mécanismes se traduisant par l’impact le plus important ne sont pas nécessairement ceux qui présentent le meilleur rapport coût-efficacité. Elle a aussi évalué l’efficacité de différents instruments de soutien aux entreprises. En l’occurrence, les subventions non remboursables d’un montant élevé, en particulier aux grandes entreprises, ne parviennent pas à stimuler l’emploi et l’investissement. Les subventions plus modestes aux petites entreprises sont plus efficaces. D’autre part, les bonifications d’intérêts et les prêts bonifiés non remboursables sont des moyens plus efficaces encore de soutenir les entreprises.
Bachtler, J., I. Begg, L. Polverari et D. Charles (2013), « Evaluation of the Main Achievements of Cohesion Policy Programmes and Projects over the Longer Term in 15 Selected Regions (from 1989-93 Programme Period to the Present (2011.CE.16.B.AT.015 ) », Final Report to the European Commission, European Policies Research Centre, Université de Strathclyde (Glasgow) et London School of Economics ; Associazione per lo Sviluppo della Valutazione e l’Analisi delle Politiche Pubbliche (2012), « Counterfactual impact evaluation of cohesion policy: Impact and cost-effectiveness of investment subsidies in Italy », Final Report to DG Regional Policy, Contrat n° 2010.CE.16.B.AT.042.
Une étude de Kline et Moretti (2013) a cherché à évaluer les effets des politiques territorialisées nationales et locales. Elle analyse les effets produits au cours d’une période de près de 100 ans par l’un des programmes de développement régional les plus ambitieux de l’histoire des États-Unis, l’Autorité de la Vallée du Tennessee (TVA), dont la compétence s’étend sur plusieurs États. Le but de la TVA était de moderniser rapidement l’économie de la région. L’évaluation contrefactuelle conduite par Kline et Moretti s’appuie sur des groupes de contrôle visant à quantifier l’impact de cette politique et analyse ses effets à long terme en divisant la période en deux segments. Le premier s’étend du lancement à 1960, lorsque les transferts fédéraux étaient importants, et le second de 1960 à 2000, période de coupes dans les transferts fédéraux. Les chercheurs ont évalué l’impact du soutien sectoriel apporté à l’agriculture et au secteur manufacturier, ainsi que l’effet produit sur les grands investissements infrastructurels que la TVA a consentis depuis sa création en mai 1933. Les résultats montrent que si le soutien à l’agriculture ne s’est pas traduit par une augmentation des niveaux d’emploi au-delà de la période pendant laquelle il a été fourni, le soutien au secteur manufacturier, en revanche, a eu un effet durable qui a dépassé les sommes initialement investies par la TVA, la croissance industrielle produisantdes avantages importants au niveau local. De ce fait, l’étude, confirmant les conclusions de précédents travaux, suggère que si des économies d’agglomération ont été réalisées dans le secteur manufacturier, cela n’est pas le cas dans le secteur agricole (voir Hornbeck et Naidu, 2012).
L’impact sur l’économie nationale est double : il se traduit par des effets directs et indirects. Les effets directs mesurent l’impact des investissements fédéraux sur la production et les effets sur les gains de l’activité manufacturière en termes de production locale, sectorielle et nationale, et de productivité. Selon l’étude, ces effets sont incontestablement positifs : les investissements territorialisés dépassent leurs coûts et produisent des avantages pour l’économie locale et nationale car ils génèrent des gains d’agglomération locaux. La majorité des gains proviennent des investissements fédéraux substantiels qui ont été consentis dans la région. Les effets indirects, qui englobent les retombées des économies d’agglomération, ont été limités, ce qui semble être le signe que les gains locaux n’ont pas débordé sur les autres régions. Autrement dit, la « grande poussée » est limitée (voir Rosenstein-Rodan, 1943 ; Murphy, Shleifer et Vishny, 1989).
Kline, P. et E. Moretti (2013), « Local economic development, agglomeration economies and the big push, 100 years of evidence from the Tennessee Valley Authority », The Quarterly Journal of Economics, Oxford University Press, vol. 129, n° 1, pp. 275-331 ; Hornbeck, R. et S. Naidu (2012), « When the Levee Breaks: Labor Mobility and Economic Development in the American South », NBER Working Paper, n° 18296 ; Murphy, K.M., A. Shleifer et R. Vishny (1989), « Industrialization and the Big Push », Journal of Political Economy, vol. 97, n° 5, pp. 1003-1026 ; Rosenstein-Rodan P. (1943) « Problems of Industrialization of Eastern and South-Eastern Europe », Economic Journal, vol. 53, n° 210/211, pp. 202-211.
Réseaux nationaux d’agences de développement régional : Un outil de gouvernance
Les agences de développement régional (ADR) sont l’un des outils de gouvernance dont les pays se sont servis pour mettre en œuvre des politiques ciblant certaines régions en particulier. Les ADR, sous leurs différentes formes, sont courantes dans les pays membres de l’OCDE. En théorie, ces agences obéissent à un modèle fondé sur le principe de « séparation » et, le plus souvent, sur un ensemble de critères plus stricts de responsabilité en matière de performance. Le « supérieur hiérarchique » dont dépend l’agence peut être une autorité centrale ou régionale (voire un conseil d’administration public-privé), ces modèles se caractérisant par des différences nettes. Dans la plupart des pays membres de l’OCDE, les ADR sont gérées au niveau régional, avec une tendance à la spécialisation renforcée dans un secteur particulier, notamment le développement des entreprises et/ou l’innovation. Même lorsqu’elles sont placées sous l’autorité directe d’une région, les ADR s’insèrent dans un paysage de gouvernance complexe associant différents échelons. Une enquête conduite en Europe montre que 40 % des ADR étudiées8 perçoivent des aides financières provenant d’autres échelons de gouvernement que la région (Halkier, 2011). Quelques pays disposent de réseaux d’ADRcréés au niveau national pour favoriser le développement régional. Le choix d’agir par le biais du gouvernement central est fait face à un ensemble d’options, dont beaucoup peuvent être utilisées concomitamment, et dont l’objectif est de résoudre les problèmes de gouvernance (graphique 2.10).
Dans la plupart des pays membres de l’OCDE dotés d’un réseau d’ADR, le mouvement initial de création a consisté à renforcer les capacités au niveau régional dans un contexte national centralisé. Dans nombre de ces pays, en particulier des pays d’Europe de l’Est comme la Hongrie, la création d’ADR ou de structures ayant un but similaire a découlé du processus d’adhésion à l’UE. La création de ces réseaux nationaux d’agences régionales vise à cartographier les zones statistiques devant recevoir des fonds régionaux de l’UE. L’interaction de l’UE avec la Turquie a été l’un des facteurs de développement du modèle national mis au point dans ce pays. La Banque interaméricaine de développement a cofinancé le développement du réseau national de 15 ADR au Chili. Dans plusieurs de ces cas, le gouvernement central s’est efforcé d’intégrer ces agences dans les régions au fil du temps, afin que celles-ci éprouvent un sentiment d’appropriation, même si la Hongrie a choisi de recentraliser son réseau.
Le développement d’ADR nationales pour aider à organiser les mesures nationales de développement régional dans un pays déjà décentralisé est moins courant. Le cas du Canada constitue une exception. C’est le pays le plus décentralisé de l’OCDE pour ce qui concerne les dépenses publiques, d’investissement et de dette. De plus, chaque province et chaque commune disposent de leur propre agence de développement régional/local, qui coexiste avec le réseau national. Le Canada a cependant utilisé les ADR afin de transformer l’action fédérale en démarche plus régionalisée (graphique 2.11). Aux États-Unis, les bureaux régionaux du Département du développement économique couvrent des zones d’une échelle semblable à celles qui sont couvertes au Canada, avec six bureaux pour l’ensemble du pays ; toutefois, il n’existe pas d’agence en tant que telle, mais des bureaux régionaux relevant d’un département (ministère) national. Les États-Unis ont également désigné des zones devant bénéficier d’une aide nationale territorialisée, qui fonctionnent comme une agence – c’est le cas par exemple de la Commission régionale des Appalaches – et qui couvrent tout ou partie de plusieurs États américains9.
L’un des objectifs d’une ADR peut consister à tirer parti de la complémentarité des mesures prises dans les domaines d’action nationale, dans une région donnée. Le précédent modèle anglais d’ADR reposait sur un financement interministériel (six ministères contribuaient à un fonds commun) en appui à une Stratégie économique régionale. Au Portugal, les Commissions pour la coordination et le développement régional sont chargées d’exécuter les politiques de développement régional et sont largement influencées par la politique régionale de l’UE. Dans la mesure où il n’existe pas de gouvernement régional à cette échelle, ces commissions gèrent tout un ensemble de programmes dans leur zone de compétence. En Finlande, bien que les 15 centres ELY (centres de développement économique, des transports et de l’environnement) ne soient pas des ADR à proprement parler, ils constituent une forme intersectorielle et décentralisée d’action nationale visant à soutenir la compétitivité régionale, le bien-être et le développement durable dans chaque région. De ce fait, ils couvrent un vaste ensemble de domaines, depuis le soutien aux entreprises et aux secteurs d’activité (y compris en matière de main-d’œuvre et de compétences) jusqu’aux transports et aux infrastructures, en passant par l’environnement et les ressources naturelles10.
Une approche plus courante dans les réseaux nationaux d’ADR consiste à privilégier le développement des entreprises. Les modèles en vigueur au Chili, en République tchèque, en Islande, en Nouvelle-Zélande et en Turquie, par exemple, ciblent un ou plusieurs des domaines suivants : soutien aux entreprises, développement des pôles d’activités, programmes d’innovation et attraction de l’investissement. Autrement dit, ils ne poursuivent pas explicitement un objectif de complémentarité, mais privilégient plutôt une action de guichet unique permettant aux entreprises de recueillir des informations sur les programmes mis en œuvre par l’agence elle-même et par d’autres sources.
L’outil de l’ADR peut servir à déployer des politiques à une échelle spatiale plus adaptée lorsque le niveau régional n’existe pas ou qu’il est trop petit. Le modèle de la Turquie s’appuie sur des régions statistiquement plus grandes qui ne correspondent pas aux autorités régionales à plus petite échelle. Dans d’autres pays, les ADR nationales sont censées couvrir une région administrative. Lorsque les régions sont trop petites, la politique d’ADR nationale peut être remplacée par un ensemble de mesures d’incitation à la collaboration interrégionale. L’échelle du canton suisse, par exemple, est dans plusieurs cas trop modeste pour certains aspects du développement régional. Pour y remédier, la Nouvelle politique régionale du gouvernement fédéral propose des mesures incitant les cantons à collaborer pour obtenir des financements et conduire des actions à une échelle plus pertinente (encadré 2.3). Les ADR canadiennes ne sont pas conçues pour correspondre à une région fonctionnelle. Elles couvrent plutôt un territoire bien plus vaste qu’une éventuelle région fonctionnelle, puisque les six agences couvrent l’ensemble du territoire national.
En Angleterre, le réseau des agences de développement régional (ADR) a été créé entre 1998 et 2000 dans le cadre des efforts déployés par le Royaume-Uni en faveur de la déconcentration des pouvoirs. Les ADR ont été utilisées en Angleterre pendant un temps entre 1998 et 2011. Les administrations décentralisées d’Écosse, d’Irlande du Nord et du Pays de Galles ont un statut différent : de ce fait, toutes les agences qu’elles créent sont placées sous la tutelle hiérarchique directe de leurs autorités respectives. En 2003, la Politique régionale moderne a été élaborée en partant du principe que les disparités économiques entre les régions étaient sans doute la conséquence d’échecs spécifiques (sur les marchés ou dans la sphère publique). D’autre part, une initiative destinée à déléguer certaines compétences parlementaires aux assemblées régionales élues au suffrage direct dans le nord de l’Angleterre a été expérimentée. Peu à peu, le gouvernement central a choisi de privilégier davantage les facteurs de croissance. D’autre part, les ADR ont été jugées importantes du point de vue de l’Accord régional du service public de la performance économique, conclu en 2004. Autre étape majeure franchie en 2007 : l’« Examen du développement et de la revitalisation économique infranationale », qui confirme l’accent mis surles facteurs de productivité. Le document consultatif qui en a découlé en 2008, intitulé « Lieux de prospérité : donner corps à l’Examen du développement et de la revitalisation économique infranationale » a soulevé des questions relatives à la réalisation de ces objectifs. Les mesures de compétitivité ont produit le meilleur rendement. La valeur cumulée de ce rendement correspond au ratio entre le coût et les gains bruts en valeur ajoutée accumulés au fil des années. Elle comprend également les éventuels gains bruts en valeur ajoutée découlant de l’impact durable de la dépense des ADR. Chaque GBP investie dans la compétitivité des entreprises par les ADR pouvait rapporter jusqu’à 11.6 GBP à terme, soit davantage que les infrastructures physiques (8.0 GBP). En moyenne, chaque livre dépensée par les ADR a généré un potentiel de 6 GBP en valeur ajoutée brute au fil des ans.
Avec le changement de gouvernement en 2010, la décision a été prise de supprimer les ADR au profit d’actions plus participatives conduites à une échelle plus petite que celle des régions. En conséquence, les ADR des régions anglaises ont mis fin à leurs activités et ont fermé, tout comme leur échelon central. En outre, les ministères régionaux n’ont pas été renouvelés par le nouveau gouvernement. En revanche, les communes ont eu la possibilité de se regrouper en partenariats locaux d’entreprise (LEP) conclus entre les collectivités locales et des entreprises privées, afin de contribuer à la hiérarchisation des choix d’investissement dans les infrastructures physiques et à solliciter l’appui de différents fonds nationaux, à participer aux marchés conclus par les communes ou à demander la création d’une zone économique d’affaires (ainsi que les financements et l’assouplissement réglementaire correspondants).
Présentation rédigée d’après PricewaterhouseCooper LLP, (2009), Department for Business, Enterprise & Regulatory Reform. Impact of RDA Spending, National Report, volume 1, Main Report et d’un exposé au Comité des politiques de développement régional de l’OCDE, 29 avril 2016.
Réformer la gouvernance régionale pour renforcer les capacités et atteindre les objectifs de développement régional
Dans la plupart des pays membres de l’OCDE, les autorités de niveau régional sont élues (28 sur 34) 11. Au cours des années 1980 et 1990, d’amples processus de régionalisation se sont produits dans l’OCDE, qui se sont traduits par la création (ou le renforcement) de l’échelon régional. Il en a par exemple été ainsi en Espagne, en France, en Espagne et dans certaines régions du Royaume-Uni, ainsi que dans plusieurs pays d’Europe centrale et orientale comme la Pologne, la République slovaque et la République tchèque, en partie en raison des politiques régionales de l’UE. Les réformes des régions entreprises plus récemment dans les États unitaires ont principalement consisté à déléguer un nombre croissant de compétences et à renforcer les capacités institutionnelles (tableau 2.3).
De nombreux pays membres de l’OCDE ont entrepris de réformer l’échelon intermédiaire et l’échelon régional dans le cadre plus général de réformes de la gouvernance à plusieurs niveaux. En effet, les frontières régionales ont parfois été tracées il y a plusieurs décennies, voire plusieurs siècles, dans un monde bien différent de celui d’aujourd’hui (OCDE, 2014a)12. Dans certains cas, les réformes portent tout à la fois sur les compétences et sur les frontières des régions, tandis que dans d’autres cas ces deux questions sont traitées séparément au fil du temps. Parfois, l’évolution du paysage de la gouvernance régionale s’explique aussi par la nécessité de décentraliser, la résurgence de régions historiques ou l’évolution des compétences à d’autres niveaux. La réforme des frontières régionales peut aussi se justifier par le nombre considérable de régions et le besoin de faciliter les relations intergouvernementales ou de réaliser des économies dans les administrations publiques (OECD 2017).
L’un des motifs souvent invoqués pour justifier l’agrandissement des régions est celui du coût du secteur public ou du renforcement nécessaire des capacités financières et compétences. Il n’existe aucune norme particulière ni volume optimal en matière de superficie ou de population (graphique 2.12). Les budgets régionaux des pays membres de l’OCDE pour lesquels on dispose de données s’échelonnent entre 1 % du PIB en Pologne et 19.4 % au Canada (graphique 2.13). Il va de soi que cette valeur dépend des fonctions exercées par les régions. Du point de vue de la notation du crédit, les grandes régions disposent d’un plus grand pouvoir de négociation avec les fournisseurs et en matière d’accès au financement bancaire ou via les marchés obligataires. Les mêmes principes valent également pour les niveaux locaux d’administration.
Les préoccupations relatives au développement régional telles que les inégalités interrégionales et la compétitivité mondiale sont à l’origine d’une grande partie des réformes régionales. C’est le cas de la fourniture de services de santé et de services sociaux en Finlande, où les 18 nouvelles régions reprendraient les responsabilités des communes. Au Danemark, la fusion préalable de 13 comtés en 5 régions a également été justifiée par des considérations concernant la prestation des services de santé, ainsi que le développement économique régional. La compétitivité et la visibilité des régions en Europe et au-delà constituent l’une des raisons invoquées pour justifier les réformes proposées aux Pays-Bas ou appliquée en France (OECD, 2017). Outre leur taille considérable, les grandes régions peuvent contribuer à promouvoir le renforcement des compétences techniques spécialisées parmi les agents du secteur public. En Suède, les réformes participatives des régions ont déjà permis à 14 des 21 conseils de comté d’être dotés de compétences en matière de développement régional. Naturellement, l’agrandissement des régions peut se traduire par des réductions d’inégalités dans les données sans que les conditions de vie des populations ne changent concrètement dans tel ou tel lieu.
La fusion ou le remodelage des régions poursuivent un autre but : mieux aligner les frontières administratives avec les zones fonctionnelles. Autrement dit, les frontières délimitent une zone correspondant à une fonction sociale, économique ou environnementale (migrations pendulaires, bassin-versant, liens économiques, etc.). Dans certains pays, cela peut parfois s’avérer plus pertinent au niveau de la région intermédiaire, en fonction des marchés du travail locaux. Aux Pays-Bas, une proposition avait été déposée pour fusionner certaines provinces afin de les faire correspondre aux zones fonctionnelles (OCDE, 2014a). En Nouvelle-Zélande, la réforme consistant à remplacer 200 autorités locales par 12 conseils régionaux et 75 conseils de district ou municipaux (désormais 11 régions et 67 conseils municipaux et de district) a été largement conçue en suivant les limites des bassins hydrologiques (OECD, 2017). L’expérience montre que contrairement aux fusions, le remodelage intégral des frontières est un processus de réforme particulièrement ardu.
L’évolution du contexte de gouvernance à plusieurs niveaux suscite, au niveau intermédiaire des régions, des inquiétudes quant à la voix des zones rurales dans la gouvernance infranationale. Différentes réformes – fusion ou recomposition (agrandissement) de communes, coopération intercommunale (transversalisation) et métropolisation – ont mis en question le rôle de ces régions de niveau intermédiaire (OECD, 2017)13. Plusieurs États – la Belgique, la France, l’Italie et la Pologne, par exemple – ont un débat sur ce niveau d’administration ou l’ont récemment supprimé (Conseil de l’Europe, 2013). La suppression de comtés et des fusions entre comtés et communes s’est également produite dans certains États des États-Unis. En Turquie, certaines des fusions entre communes impliquent des zones rurales des provinces concernées. L’une des interrogations liées à la suppression de ces couches intermédiaires tient à la dynamique de pouvoir qui prévaudra dans la couche régionale supérieure qui demeure. Les communautés rurales, qui disposaient auparavant d’une forte influence politique au niveau intermédiaire inférieur, pourraient désormais se trouver contraintes d’exposer leurs besoins aux côtés des zones urbaines plus peuplées dans ces organes élus à plus grande échelle.
Conclusion
Pendant plusieurs décennies, les pays membres de l’OCDE ont adapté leurs approches des politiques régionales pour privilégier la productivité. La tendance actuelle consiste à axer ces politiques sur le renforcement de la croissance nationale et de la performance de l’ensemble des régions, tout en s’attachant cependant à préserver une forme de croissance équilibrée propice à la réduction des disparités interrégionales. Les instruments destinés à atteindre ces objectifs ont eux aussi évolué dans de nombreux pays, délaissant les infrastructures de base et les services subventionnés pour privilégier ceux qui favorisent la productivité des entreprises. Les politiques de l’UE ont encouragé cette évolution dans plusieurs pays de l’Union. Pourtant, les tendances actuelles de la productivité mondiale invitent à se demander si ces efforts suffisent à permettre à la croissance de la productivité dans les entreprises les plus performantes de bénéficier concrètement au reste de l’économie dans l’ensemble des régions. Il faut conduire des recherches supplémentaires pour mieux cerner les mécanismes permettant d’accroître la diffusion de l’innovation et de multiplier les outils d’action les plus efficaces afin de favoriser le rattrapage des régions.
La gouvernance des politiques de développement régional est elle aussi en mutation, car la manière dont les politiques sont conçues et mises en œuvre est essentielle dans le cadre des stratégies locales. Les gouvernements nationaux ont adopté différentes stratégies pour mieux organiser et évaluer leurs efforts. Les réseaux nationaux d’agences de développement régional sont un outil utilisé dans plusieurs pays. S’ils servent souvent à renforcer les capacités infranationales dans le contexte de décentralisation que connaissent les pays membres de l’OCDE et d’autres pays, ils répondent aussi au choix de certains pays fédéraux de coordonner leur soutien à tel ou tel endroit. Les modèles se concentrent de plus en plus sur le développement des entreprises plutôt que sur un ensemble plus vaste de politiques. Les pays ont également entrepris de réformer l’échelon régional afin d’accroître les capacités infranationales, d’améliorer la qualité des services et d’enrichir les perspectives de développement économique pour rendre les régions plus « compétitives ».
Les zones urbaines et rurales font face à des défis particuliers en sus de ceux qui sont directement couverts par les politiques régionales. Les politiques urbaines ont tendance à être orientées davantage vers les transports et l’aménagement de l’espace, et à contenir une forte dimension d’inclusion sociale, tandis que les mesures de développement économique visent des objectifs sociaux plutôt que la productivité en tant que telle. D’autre part, les politiques urbaines sont le domaine d’action qui évolue le plus (par rapport aux politiques régionales et rurales), puisque de nombreux pays se sont engagés dans le processus de création de cadres nationaux pour les politiques urbaines. Les politiques rurales de la plupart des pays tournent principalement autour de l’agriculture – qu’il s’agisse du ministère chargé de piloter leur mise en œuvre ou du contenu de nombreux instruments d’action. Pourtant, les possibilités des zones rurales dépassent largement le cadre de l’agriculture, d’où la nécessité d’accorder une attention plus grande aux liens entre zones urbaines et rurales. C’est pourquoi la deuxième partie de ces Perspectives explore les difficultés particulières que présentent la productivité et l’inclusion dans les régions rurales, et la nécessité d’élaborer une Politique rurale 3.0 pour atteindre ces objectifs.
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Sager, F. et E. Huegli (2013), Evaluation des Mehrjahresprogramm 2008-15 zur Umsetzung der NRP, Kompetenzzentrum für Public Management der Universität Bern und Büro Vatter AG, Berne.
Sölvell, Ö., G. Lindqvist et C. Ketels (2003), The Cluster Initiative Greenbook, Stockholm.
Notes
← 1. Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.
← 2. Le nouveau paradigme des politiques de développement régional fait débat depuis la fin 1999, ces notions ayant été discutées lors de la réunion à haut niveau du Comité des politiques de développement territorial de l’OCDE à Martigny, en Suisse, en juin 2003. Voir également OCDE, 2005 et OCDE, 2009, par exemple.
← 3. Données de 2014. L’investissement public correspond à la somme des transferts en capital et des investissements. La formation brute de capital fixe est la principale composante des investissements (voir la définition détaillée dans l’annexe B de OCDE, 2016d).
← 4. Pour plus d’informations sur les réformes des métropoles et des communes, voir OCDE (2014a) et OCDE (2015b).
← 5. Les données ci-dessus sont fondées sur les réponses apportées par les pays eux-mêmes dans le cadre de l’Enquête pour les perspectives régionales de l’OCDE. Une étude conduite à la mi-2013 a révélé que 16 pays s’étaient dotés d’une stratégie urbaine nationale (OCDE, 2014a). Si les données exactes peuvent ne pas être entièrement comparables, il semble que la nécessité de prendre en compte les zones urbaines de manière plus systématique s’impose peu à peu au niveau national.
← 6. Les politiques rurales de la Belgique sont définies auniveau régional, et la Flandre comme la Wallonie indiquent que c’est un ministère chargé des questions d’ordre agricole qui pilote le développement rural.
← 7. Dans les régions belges, les ministères sont les mêmes pour les politiques régionales et urbaines en Wallonie, tandis qu’en Flandre un ministère différent s’occupe de chacun de ces domaines d’action.
← 8. Sur 178 réponses d’ADR issues d’une base de données d’une enquête sur les ADR de 2007.
← 9. Outre la Commission régionale des Appalaches (ARC), citons également d’autres instances de création plus récente : la Commission Denali, l’Autorité régionale du delta (DRA), l’Autorité régionale des grandes plaines du nord, la Commission régionale du croissant du sud-est, la Commission régionale de la frontière du sud-ouest et la Commission régionale de la frontière septentrionale.
← 10. Si les centres ELY sont supervisés par le ministère de l’Emploi et de l’Économie, ils mettent également en œuvre des politiques provenant de plusieurs autres ministères, notamment l’Environnement, les Transports et les Communications, l’Agriculture et la Forêt, l’Éducation et la Culture, et l’Intérieur.
← 11. La superficie des pays qui ne disposent pas d’un échelon régional éluest généralement petite (Estonie, Irlande, Islande, Israël, Luxembourg et Slovénie). Pour le nombre d’échelons différents d’autorités infranationales, voir OCDE, 2016b.
← 12. C’est par exemple le cas des départements en France, des provinces aux Pays-Bas, en Belgique, en Italie et en Espagne, des préfectures au Japon, des comtés en Suède et en Norvège, et des cantons en Suisse.
← 13. Les vocables d’agrandissement et de transversalisation sont employés par LocRef Network, 2013.