Avant-propos

Dans le cadre de cette troisième édition, les Perspectives régionales de l’OCDE mettent, une fois de plus, l’accent sur le potentiel inexploité que recèlent les villes et les régions sur le plan de la croissance, de la productivité et du bien-être. La première édition de cette publication, parue en 2011, avait mis en relief au moins deux grandes tendances imposant une meilleure prise en compte de l’échelon infranational dans les travaux de l’OCDE. La première de ces tendances était la persistance de faibles gains de productivité dans la plupart des pays membres de l’OCDE. L’OCDE avait donc recommandé aux pays de trouver de nouvelles sources de gains de productivité en adoptant une stratégie plus intégrée, dans le cadre de laquelle les politiques structurelles menées à l’échelle de l’ensemble de l’économie seraient complétées par des politiques territorialisées. La deuxième grande tendance était le décalage observé entre, d’un côté, la quête de productivité et, de l’autre, le bien-être des individus. L’OCDE avait donc mis en avant la nécessité de tenir compte de trois piliers : l’efficience, l’équité et la protection de l’environnement. Par la suite, l’édition 2014 des Perspectives régionales a montré que le bien-être était intrinsèquement local, et qu’il nécessitait une mise en cohérence de l’actionmenée depuis le sommet de l’État jusqu’à l’échelon pertinent – en l’occurrence, les territoires sur lesquels la population vit et travaille.

Cinq ans après la première édition des Perspectives régionales, la croissance de la productivité reste faible. Parallèlement, les inégalités de revenu entre les individus atteignent des niveaux qui n’avaient plus été constatés depuis des décennies. De plus, les évolutions démographiques en cours dans les pays membres de l’OCDE vont rendre ces questions encore plus importantes. Avec une population vieillissante et un taux de dépendance accru, il va devenir encore plus crucial de réaliser des gains de productivité pour préserver les aspects matériels et immatériels du bien-être au sein de l’ensemble des régions de la zone OCDE. Certaines régions peuvent avoir des défis particulièrement aigus à relever sur le plan démographique, sous l’effet d’un allongement de la durée de vie, mais aussi d’une fécondité plus faible et d’un dépeuplement. La seule solution consiste à se préparer dès aujourd’hui aux incidences démographiques de ces évolutions afin d’assurer l’avenir. De plus, les inquiétudes de la jeunesse, qui a le sentiment de ne pas bénéficier des mêmes possibilités que la génération précédente et qui ne fait pas confiance aux pouvoirs publics pour relever ces défis, nous placent face à une interrogation difficile : que peut l’action publique ?

Ce rapport vise à contribuer à l’action que les pays membres de l’OCDE doivent impérativement mener sur plusieurs fronts pour assurer une croissance plus inclusive dans les zones urbaines et rurales. Il éclaire certains des déterminants territoriaux de la croissance de la productivité. Les gains de productivité sont importants pour le bien-être, car ils ont une incidence importante sur les revenus et les emplois, mais aussi sur des aspects immatériels tels que la santé. Les aspects territoriaux du bien-être peuvent entraîner des cercles vertueux ou vicieux, selon le lieu de vie, ce qui a des répercussions sur l’accessibilité actuelle des services publics ainsi que sur la mobilité intergénérationnelle future. La stagnation de la productivité et ses conséquences pour le bien-être contribuent à la polarisation sociale et politique. Les régions et les villes sont les espaces où se fait sentir la dynamique à l’œuvre entre productivité et inclusion. Les concepteurs des politiques nationales doivent donc prendre en compte leurs incidences sur les différents types de territoires, et sur les entreprises et les habitants qu’ils abritent. Si la majorité des habitants des pays membres de l’OCDE vivent en ville, les zones rurales ont elles aussi de multiples contributions à apporter à la prospérité nationale.

Au sein de la zone OCDE et au-delà, il est essentiel de territorialiser les grandes initiatives mondiales récemment lancées si l’on veut qu’elles aboutissent, et les éclairages tirés des politiques régionales, urbaines et rurales peuvent être précieux à cet égard. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 fixe 17 Objectifs de développement durable et 169 cibles pour les pays développés comme pour les pays en développement. L’Accord de Paris conclu à l’issue de la COP 21 charge les pays de concevoir des plans permettant de contenir l’élévation mondiale des températures à un niveau inférieur à 2 degrés Celsius. De plus, Habitat III va permettre au monde entier de repenser les processus d’urbanisation ainsi que les politiques qui influent sur ces processus et qui y réagissent. La troisième partie de ces Perspectives contribue à ces débats mondiaux en mettant en relief le rôle fondamental des régions et des villes et la façon dont les politiques nationales les influencent en leur qualité de territoires et de parties prenantes à toutes ces initiatives mondiales.

Les Perspectives régionales s’inscrivent dans un programme plus large de travail sur le développement régional. Ces travaux sont élaborés sous les auspices du Comité des politiques de développement régional de l’OCDE, qui s’intéresse aux questions liées au développement régional, urbain et rural ainsi qu’aux statistiques territoriales et aux pratiques de gouvernance multi-niveaux.

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Mari Kiviniemi

Secrétaire générale adjointe de l’OCDE