Chapitre 3. Accès et connectivité1

Les technologies de l’information et des communications (TIC) sont la pierre angulaire de la société et de l’économie numériques. Ce chapitre examine les tendances récentes et les caractéristiques structurelles du secteur des TIC, des marchés des télécommunications, ainsi que des infrastructures et des services haut débit. Il aborde en premier lieu les dernières évolutions concernant la valeur ajoutée et l’emploi dans ce secteur ; la croissance des services et des activités de fabrication de produits TIC ; le commerce de biens et services TIC ; et le rôle des TIC dans l’innovation. Dans un second temps, il examine les recettes et les investissements sur les marchés des télécommunications ; les abonnements au haut débit fixe et mobile ; et les principales composantes du développement de l’internet des objets. Les problématiques d’action publique et de réglementation liées à l’accès et à la connectivité sont traitées dans le Chapter 2.

  

Introduction

Les technologies de l’information et des communications (TIC) sont la pierre angulaire de la société et de l’économie numériques. Ce chapitre analyse les tendances et évolutions récentes dans des secteurs clés, comme ceux des produits TIC et des services de télécommunications, qui sont au cœur des questions d’accès et de connectivité dans les environnements numériques. Il se concentre notamment sur le secteur des TIC, les marchés des télécommunications, les réseaux haut débit et l’internet des objets (IdO).

Moteur d’innovation incontournable, le secteur des TIC arrive en tête des dépenses intérieures brutes de recherche et développement du secteur des entreprises (DIRDE), enregistrant 23 % des DIRDE totales dans les pays de l’OCDE. Environ 37 % des demandes de brevet déposées concernent les TIC. En 2015, le secteur des TIC représentait 4.5 % de la valeur ajoutée totale dans les pays de l’OCDE, principalement concentrée dans les services (80 %). Fin 2016, plus de 70 % des investissements en capital-risque aux États-Unis étaient affectés au secteur des TIC.

L’emploi dans ce secteur a particulièrement bien résisté à la crise économique de 2007 ; il est même reparti à la hausse depuis 2013. Ce dynamisme est principalement le fait d’une création d’emplois continue dans le développement de logiciels et les services informatiques. Ces tendances devraient se maintenir dans les années à venir, dans la mesure où la part des investissements en capital-risque dans les TIC a retrouvé le niveau record qu’elle avait atteint en 2000.

Les réseaux de communication sont essentiels au développement des économies numériques. Ils sous-tendent une utilisation généralisée des TIC pour le développement économique et social, et concourent à la réalisation de différents objectifs d’action publique. Ces dernières années, les services et infrastructures de télécommunications ont connu un essor particulièrement rapide, à la faveur d’une demande croissante, d’innovations sans précédent et d’une concurrence accrue. Les pays de l’OCDE accueillent volontiers ces nouvelles évolutions, y voyant un moyen efficace de renforcer et soutenir leurs économies, et d’améliorer leur protection sociale.

En termes d’infrastructure, les opérateurs de télécommunications ont renforcé le déploiement de la fibre optique sur leurs réseaux afin de soutenir les nouvelles technologies du « dernier kilomètre », développées dans le but d’offrir des débits toujours plus élevés sur les réseaux cuivre, sans fil ou à câble coaxial. Certains opérateurs sont même parvenus à déployer la fibre jusqu’au domicile de leurs clients finaux. Même si les appareils que nous utilisons au quotidien tirent de plus en plus parti de fonctionnalités sans fil, que ce soit via les réseaux de téléphonie mobile ou par wi-fi, ces utilisations sont conditionnées par la disponibilité de réseaux fixes disposant d’une capacité suffisante pour répondre à la demande croissante de données générées dans l’économie numérique.

Pendant de nombreuses années, les infrastructures de base étaient presque uniquement constituées de réseaux de fibre optique. Les lignes utilisées pour connecter ces réseaux dorsaux offrent les bases de raccordement nécessaires pour relier directement émetteurs sans fil et utilisateurs finaux. Dans le cas de l’accès par réseau fixe, ces infrastructures sont nécessaires pour soutenir les capacités croissantes proposées aux utilisateurs. Les premières offres commerciales à 10 gigabits par seconde (Gbit/s) ont commencé à voir le jour, et bien qu’elles soient encore rares, elles laissent entrevoir les évolutions à venir. Jusqu’à récemment, les offres de débits entre 100 mégabits par seconde (Mbit/s) et 1 Gbit/s faisaient figure d’exceptions, alors qu’elles deviennent aujourd’hui de plus en plus courantes dans les pays de l’OCDE.

Pour répondre à la demande, les services gigabit sur ligne fixe nécessiteront des investissements importants dans les réseaux de collecte. Cela est également valable pour les réseaux mobiles. Beaucoup estiment que les services 5G commerciaux feront leur apparition aux alentours de 2020, dans la mesure où de plus en plus d’essais sont déjà en cours. À l’instar des générations précédentes de technologies mobiles, la 5G requerra elle aussi des réseaux de collecte d’une capacité accrue. Les cellules 5G devraient par ailleurs être d’une taille inférieure aux cellules des autres générations, nécessitant une implantation démultipliée. En parallèle aux antennes traditionnelles qui seront équipées d’un nombre beaucoup plus important d’émetteurs afin de tirer le meilleur parti des bandes de fréquences disponibles, apparaîtront d’autres émetteurs directement intégrés dans les infrastructures urbaines (réverbères, panneaux de signalisation, toits d’édifices, etc.).

Le développement de réseaux gigabit fixes et de réseaux mobiles 5G devra faire l’objet d’une attention toute particulière, d’une part dans la mesure où davantage d’infrastructures devront être déployées et d’autre part parce que l’utilisation d’appareils IdO et les communications de machine à machine (M2M) sont en plein essor, notamment pour les véhicules autonomes – deux tendances qui devraient induire une augmentation importante des données générées. Certaines avancées actuelles permettent déjà de répondre à une partie des exigences techniques qui sous-tendent ces services, comme la technologie d’évolution à long terme pour les machines (LTE-M2 ) dont les premiers réseaux compatibles sont actuellement en cours de déploiement.

Plusieurs constats se dégagent de la situation du secteur des TIC. Ainsi, depuis la crise économique mondiale, la valeur ajoutée du secteur dans son ensemble a diminué dans la zone OCDE, faisant écho à la valeur ajoutée totale. Or dans le secteur des TIC, la valeur ajoutée des services de télécommunications et de la fabrication de matériel informatique et électronique a baissé, alors qu’elle a augmenté dans les services informatiques et qu’elle est restée stable dans l’édition de logiciels. Ces tendances très disparates, que l’on retrouve dans l’emploi du secteur des TIC de la zone OCDE, devraient se maintenir dans les années à venir, dans la mesure où la part des investissements en capital-risque dans les TIC – indicateur clé de prévisions des milieux d’affaires – a retrouvé le niveau record qu’elle avait atteint en 2000. Le secteur des TIC reste un moteur d’innovation essentiel, arrivant en tête des DIRDE des pays de l’OCDE et produisant plus d’un tiers des demandes de brevet dans le monde.

Sur le plan des infrastructures, des services et de l’IdO, il apparaît que la demande et l’innovation génèrent des évolutions positives dans les services et infrastructures de télécommunications. Alors que le nombre d’abonnements au haut débit fixe augmente de manière continue, on assiste à une baisse du tarif moyen de l’accès au haut débit fixe et mobile, et à de nouveaux records dans le nombre d’abonnements au haut débit mobile, accompagnés d’une augmentation exponentielle de l’utilisation des données dans certains pays, même si le recours au wi-fi permet le délestage d’une partie du trafic. L’IdO évolue encore grâce à une augmentation des abonnements M2M et à différentes solutions sans fil conçues pour améliorer la connectivité.

Tendances du secteur des TIC

La croissance du secteur des TIC repose de plus en plus sur les services et la production de logiciels, sachant que les services représentent plus de 80 % de la valeur ajoutée totale des TIC. Le ralentissement de la croissance de ce secteur semble trouver son origine dans les performances atones de l’industrie des semi-conducteurs – une activité jadis prépondérante. Malgré une baisse générale en termes de valeur, la part des biens et services TIC dans le total des échanges continue d’augmenter. La production et l’exportation de biens et services TIC sont de plus en plus concentrées dans un petit nombre de pays de l’OCDE. Six d’entre eux cumulent ainsi environ 80 % des exportations mondiales de biens TIC. Ce secteur reste un vecteur d’innovation indéniable puisqu’il génère plus de 30 % des demandes de brevet liées aux TIC dans les pays de l’OCDE.

Le secteur des TIC n’a pas encore totalement retrouvé son niveau d’avant la crise, mais les services informatiques et liés aux données offrent des perspectives encourageantes

Évolutions récentes en termes de valeur ajoutée et d’emploi

Depuis la crise économique mondiale, la valeur ajoutée du secteur des TIC dans la zone OCDE est restée à un niveau stable, à l’image de la valeur ajoutée totale (Figure 3.1). Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte et les évolutions qui marquent les différentes activités de cette catégorie ne sont pas étrangères à la situation. Entre 2008 et 2015, la valeur ajoutée des services de télécommunications (-10 %) et de la fabrication de matériel informatique et électronique (-7 %) a baissé du fait de la conjonction de plusieurs facteurs, dont une utilisation accrue de la production des économies partenaires de l’OCDE et une valeur ajoutée comptabilisée dans différents domaines d’activités. Bien que la demande d’appareils et de services soit en augmentation, elle est dans une certaine mesure compensée par la baisse des prix engendrée par la concurrence locale et mondiale. Par ailleurs, si on la comptabilise pour les services de télécommunications, la valeur ajoutée est confrontée à une concurrence accrue en raison d’une utilisation renforcée de services à base de logiciels. À l’inverse, la valeur ajoutée a augmenté de 16 % dans les services informatiques et de 12 % dans les logiciels.

Graphique 3.1. Croissance de la valeur ajoutée du secteur des TIC et de ses différentes industries dans la zone OCDE
Prix courants en USD (2008 = 100)
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Note: Le secteur des TIC est défini comme la somme des industries suivantes de la CITI rév. 4. : 26 Fabrication d’ordinateurs, d’articles électroniques et optiques (« Fabrication de produits TIC » dans la légende) ; 582 Édition de logiciels ; 61 Télécommunications ; et 62-63 Programmation informatique et activités de services d’information. La valeur agrégée de l’OCDE correspond à la somme de la valeur ajoutée en dollars (USD) courants de tous les pays pour lesquels des données étaient disponibles. TIC = technologies de l’information et des communications.

Source: Calculs de l’auteur d’après OCDE, Base de données STAN pour l’analyse structurelle, CITI rév. 4, http://oe.cd/stan (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658208

En 2015, le secteur des TIC représentait 5.4 % de la valeur ajoutée totale pour certains pays de l’OCDE (Figure 3.2). Cette part présente d’importantes variations selon les pays, de 10 % de la valeur ajoutée totale en Corée à moins de 3 % au Mexique et en Turquie. La Suède arrive en deuxième position (plus de 7 %), suivie de la Finlande (près de 7 %).

Graphique 3.2. Valeur ajoutée du secteur des TIC et de ses différentes industries, 2015
En pourcentage de la valeur ajoutée totale à prix courants
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Note: Le secteur des TIC est défini comme la somme des industries suivantes de la CITI rév. 4. : 26 Fabrication d’ordinateurs, d’articles électroniques et optiques (« Fabrication de produits TIC » dans la légende) ; 582 Édition de logiciels ; 61 Télécommunications ; et 62-63 Programmation informatique et activités de services d’information. Les données concernant l’Allemagne, l’Espagne, la Lettonie, la Pologne, le Portugal et la Suisse datent de 2014. Pour le Canada et la Corée, elles se rapportent à l’année 2013. Aucune donnée n’étant disponible sur l’édition de logiciels pour la Corée, la Hongrie, l’Irlande, l’Islande, le Japon, le Luxembourg et la Turquie, leur part pourrait être sous-estimée. Les données 2015 relatives à l’édition de logiciels sont des estimations basées sur les valeurs de 2014. En Suisse, les données correspondant à la catégorie 26 (Fabrication d’ordinateurs, d’articles électroniques et optiques) ont été ajustées pour corriger l’effet de l’activité de fabrication d’horlogerie. La part du secteur des TIC n’est donc pas tout à fait comparable avec celle des autres pays, puisqu’elle a été calculée conformément à la définition du secteur des TIC utilisée par l’OCDE. Les données concernant le Japon et les États-Unis ont en partie été estimées sur la base des données officielles réparties par activité. La valeur agrégée de l’OCDE correspond à la somme de la valeur ajoutée en dollars (USD) courants de tous les pays pour lesquels des données étaient disponibles. TIC = technologies de l’information et des communications.

Source: Calculs de l’auteur d’après OCDE, STAN : base de données pour l’analyse structurelle, CITI rév. 4, http://oe.cd/stan (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658227

Dans la majorité des pays de l’OCDE, la valeur ajoutée a tendance à se concentrer dans les services TIC, lesquels représentent les trois quarts de la valeur ajoutée totale du secteur (4 % de la valeur ajoutée totale). Ce phénomène reflète bien la tendance générale de spécialisation dans les services au détriment des activités de fabrication. Parmi les services TIC, l’informatique et autres activités de services d’information occupent une place importante dans la plupart des pays de l’OCDE. Font toutefois exception la Grèce, le Luxembourg et le Mexique, où la valeur ajoutée reste concentrée dans les industries des télécommunications.

Le Figure 3.3 illustre l’évolution de la part des biens et services TIC en valeur ajoutée totale par pays pendant les années d’après-crise. Les résultats sont relativement contrastés. Dans certains pays, et plus particulièrement la Finlande, l’Irlande, le Japon et le Luxembourg, cette part a baissé entre 2008 et 2015. À l’inverse, elle a augmenté dans d’autres pays, comme l’Estonie, l’Islande, la Lettonie, la Norvège et la Suède.

Graphique 3.3. Évolution de la part de la valeur ajoutée des TIC
En pourcentage de la valeur ajoutée totale à prix courants
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Note: Le secteur des TIC est défini comme la somme des industries suivantes de la CITI rév. 4. : 26 Fabrication d’ordinateurs, d’articles électroniques et optiques ; 582 Édition de logiciels ; 61 Télécommunications ; et 62-63 Programmation informatique et activités de services d’information. Les données concernant l’Allemagne, l’Espagne, la Lettonie, la Pologne, le Portugal et la Suisse datent de 2014. Pour le Canada et la Corée, elles se rapportent à l’année 2013. La valeur agrégée de l’OCDE correspond à la somme de la valeur ajoutée en dollars (USD) courants de tous les pays pour lesquels des données étaient disponibles.

Source: Calculs de l’auteur d’après OCDE, STAN : base de données pour l’analyse structurelle, CITI rév. 4, http://oe.cd/stan (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658246

De 2008 à 2015, l’emploi dans le secteur des TIC a affiché une certaine résistance et a même progressé plus rapidement que l’emploi total (Figure 3.4). Cela est principalement dû à l’augmentation continue du nombre de salariés dans certaines industries spécifiques, comme l’informatique et autres activités de services d’information, et l’édition de logiciels. Deux industries n’ont cependant montré aucun signe de reprise en termes d’emploi suite à la crise économique et continuent même de baisser : la fabrication de produits TIC et les télécommunications.

Graphique 3.4. Croissance de l’emploi dans le secteur des TIC et ses différentes industries pour la zone OCDE
Nombre de salariés (2008 = 100)
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Note: Le secteur des TIC est défini comme la somme des industries suivantes de la CITI rév. 4. : 26 Fabrication d’ordinateurs, d’articles électroniques et optiques (« Fabrication de produits TIC » dans la légende) ; 582 Édition de logiciels ; 61 Télécommunications ; et 62-63 Programmation informatique et activités de services d’information. La valeur agrégée de l’OCDE correspond à la somme des salariés de tous les pays pour lesquels des données étaient disponibles. TIC = technologies de l’information et des communications.

Source: Calculs de l’auteur d’après OCDE, STAN : base de données pour l’analyse structurelle, CITI rév. 4, http://oe.cd/stan (consulté en juillet 2017) et OCDE, Statistiques structurelles et démographiques des entreprises (CITI rév. 4), https://doi.org/10.1787/sdbs-data-en (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658265

En 2015, le secteur des TIC représentait 3 % de l’emploi total dans certains pays de l’OCDE. La Corée, l’Estonie et le Luxembourg enregistraient les plus grandes parts d’emploi du secteur, à hauteur de 4 % ou plus de l’emploi total. La Grèce, la Lituanie, le Mexique et le Portugal enregistraient quant à eux les parts les plus faibles (moins de 2 % de l’emploi total). Les services TIC (édition de logiciels, informatique et activités de services d’information, et télécommunications) représentaient en moyenne près de 80 % de l’emploi dans le secteur des TIC (Figure 3.5).

Graphique 3.5. Emploi dans le secteur des TIC et ses différentes industries, 2015
En pourcentage de l’emploi total
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Note: Le secteur des TIC est défini comme la somme des industries suivantes de la CITI rév. 4. : 26 Fabrication d’ordinateurs, d’articles électroniques et optiques (« Fabrication de produits TIC » dans la légende) ; 582 Édition de logiciels ; 61 Télécommunications ; et 62-63 Programmation informatique et activités de services d’information. Les données concernant l’Allemagne, l’Espagne, la France, la Lettonie, la Lituanie, le Portugal, la Suède et la Suisse datent de 2014. Les données 2015 relatives à l’édition de logiciels sont des estimations basées sur les valeurs de 2014. La valeur agrégée de l’OCDE correspond à la somme des salariés de tous les pays pour lesquels des données étaient disponibles. TIC = technologies de l’information et des communications.

Source: Calculs de l’auteur d’après OCDE, STAN : base de données pour l’analyse structurelle, CITI rév. 4, http://oe.cd/stan (consulté en juillet 2017) et OCDE, Statistiques structurelles et démographiques des entreprises (CITI rév. 4), https://doi.org/10.1787/sdbs-data-en (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658284

Le Figure 3.6 présente l’évolution de la part des TIC dans l’emploi total au cours des années qui ont suivi la crise. Dans la plupart des pays (à l’exception de l’Allemagne, de la Finlande, du Japon et du Mexique), la part du secteur des TIC dans l’emploi total a conservé un niveau stable ou a augmenté depuis 2008.

Graphique 3.6. Évolution de la part du secteur des TIC dans l’emploi total
En pourcentage de l’emploi total
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Note: Le secteur des TIC est défini comme la somme des industries suivantes de la CITI rév. 4. : 26 Fabrication d’ordinateurs, d’articles électroniques et optiques ; 582 Édition de logiciels ; 61 Télécommunications ; et 62-63 Programmation informatique et activités de services d’information. Les données concernant l’Allemagne, l’Espagne, la France, la Lettonie, la Lituanie, le Portugal, la Suède et la Suisse datent de 2014. La valeur agrégée de l’OCDE correspond à la somme des salariés de tous les pays pour lesquels des données étaient disponibles.

Source: Calculs de l’auteur d’après OCDE, Base de données STAN pour l’analyse structurelle, CITI rév. 4, http://oe.cd/stan (consulté en juillet 2017) et OCDE, Statistiques structurelles et démographiques des entreprises (CITI rév. 4), https://doi.org/10.1787/sdbs-data-en (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658303

La valeur ajoutée et l’emploi des TIC dans les pays de l’OCDE proviennent pour une part importante de filiales étrangères (c’est-à-dire d’entreprises locales détenues ou contrôlées par une entreprise étrangère). En 2015, la part de la valeur ajoutée des TIC produite par des sociétés étrangères s’élevait à plus de 75 % en Estonie et en Hongrie, à 62 % en Pologne et à plus de 50 % en Autriche et en République tchèque. La situation est la même en ce qui concerne l’emploi, même si les pourcentages ont tendance à être moins élevés (sauf en Estonie et en Finlande) en raison de la productivité plus importante des filiales étrangères par rapport aux entreprises nationales (Figure 3.7).

Graphique 3.7. Valeur ajoutée et emploi des TIC attribuables aux filiales étrangères, 2015
En proportion de la valeur ajoutée totale et de l’emploi total
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Note: Le secteur des TIC est défini comme la somme des industries suivantes de la CITI rév. 4 : 26 Fabrication d’ordinateurs, d’articles électroniques et optiques ; 61 Télécommunications ; et 62-63 Programmation informatique et activités de services d’information. Les données se rapportent à 2015 ou à la dernière année disponible.

Source: Calculs de l’auteur d’après OCDE, Base de données STAN pour l’analyse structurelle, CITI rév. 4, http://oe.cd/stan et OCDE, Base de données sur l’activité des entreprises multinationales, www.oecd.org/fr/sti/ind/amne.htm (sources consultées en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658322

Perspectives du secteur des TIC

Les statistiques concernant la valeur ajoutée et l’emploi sont uniquement disponibles jusqu’en 2015. Certains indicateurs à court terme permettent néanmoins d’obtenir une vue d’ensemble du secteur des TIC sur ces dernières années. En 2016, la production dans ce secteur n’avait pas encore totalement retrouvé son niveau d’avant les crises économiques de 2007 et 2009. À partir de la fin 2010, la croissance de la production des industries manufacturières des TIC s’est révélée atone dans la plupart des économies, en particulier celles qui ont été les plus durement touchées par la crise. La même tendance a été observée dans les services TIC, bien que de façon moins marquée (OCDE, 2015).

Sur la période 2015-16, la croissance de la production manufacturière a ralenti dans la plupart des économies (Figure 3.8), à quelques exceptions près :

  • La République populaire de Chine (ci-après, la « Chine ») a enregistré une croissance continue à un rythme de 10 % par an.

  • Aux États-Unis, la croissance est restée relativement stable, avec un taux annuel de 5 %.

  • Dans l’Union européenne (UE), la production de l’activité de fabrication de produits TIC a augmenté de manière importante (15 %) en 2015, mais cette tendance semble récemment avoir atteint un palier.

  • En Corée, la croissance s’est montrée largement positive depuis fin 2015, alors qu’au Japon les taux de croissance ont été principalement négatifs sur la même période.

  • Entre juin 2015 et juin 2016, la croissance de la production a été négative au Taipei chinois, avant d’amorcer une augmentation pour atteindre 10 % fin 2016.

Graphique 3.8. Croissance de la production des industries manufacturières des TIC
Indices de production industrielle ; pourcentage de variation en glissement annuel, moyenne mobile sur trois mois
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Note: Les données sont corrigées des variations saisonnières. L’activité de fabrication de produits TIC est définie comme la fabrication d’ordinateurs, d’articles électroniques et optiques (CITI rév. 4, catégorie 26). Chine = République populaire de Chine.

1. Chine : Bureau national des statistiques de Chine (BNS), http://data.stats.gov.cn/english/easyquery.htm?cn=A01 (consulté en mars 2017) ; Japon : Ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie, www.meti.go.jp/english/statistics/tyo/iip/index.html (consulté en mars 2017) ; Corée : Statistics Korea, http://kosis.kr/eng/statisticsList/statisticsList_01List.jsp?vwcd=MT_ETITLE&parentId=I (consulté en mars 2017) ; Taipei chinois : Service des statistiques, ministère de l’Économie, www.moea.gov.tw/MNS/dos_e/home/Home.aspx (consulté en mars 2017) ; États-Unis : Réserve fédérale des États-Unis, https://www.federalreserve.gov/datadownload/Choose.aspx?rel=G17 (consulté en mars 2017).

Source: Calculs de l’auteur d’après les indices de production industrielle fournis par les offices statistiques nationaux (pour plus de détails, reportez-vous à la note 1 en fin de chapitre) et Eurostat, Statistiques conjoncturelles sur les entreprises (base de données), http://ec.europa.eu/eurostat/web/short-term-business-statistics/data/database (consulté en mars 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658341

Le Figure 3.9 présente les tendances des services TIC sur la période 2013-16. Le chiffre d’affaires des industries des télécommunications (partie A) est resté stable dans la plupart des pays, exception faite de la Chine où il a augmenté de manière spectaculaire depuis 2014, pour atteindre un taux de 60 % en 2016.

Graphique 3.9. Croissance des activités de services TIC
Chiffre d’affaires ; pourcentage de variation en glissement annuel, moyenne mobile sur trois mois
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Note: Si disponibles, les données sont corrigées des variations saisonnières. Chine = République populaire de Chine.

1. Chine : Bureau national des statistiques de Chine (BNS), http://data.stats.gov.cn/english/easyquery.htm?cn=A01 (consulté en mars 2017) ; Japon : Ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie, www.meti.go.jp/english/statistics/tyo/sanzi/ (consulté en mars 2017) ; Corée : Statistics Korea http://kosis.kr/eng/statisticsList/statisticsList_01List.jsp?vwcd=MT_ETITLE&parentId=I (consulté en mars 2017) ; Taipei chinois : Étude sur la location et le crédit-bail, Services techniques, professionnels et des informations, Département des statistiques, Ministère de l’Économie, http://www.moea.gov.tw/MNS/dos_e/content/SubMenu.aspx?menu_id=9528 (consulté en mars 2017).

Source: Calculs de l’auteur d’après les indices trimestriels relatifs aux services, recettes, et indices mensuels relatifs aux services tertiaires fournis par les offices statistiques nationaux (pour plus de détails, reportez-vous à la note 1 en fin de chapitre) et les indices de chiffres d’affaires fournis par Eurostat, Statistiques conjoncturelles sur les entreprises (base de données), http://ec.europa.eu/eurostat/web/short-term-business-statistics/data/database (consulté en mars 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658360

L’informatique et autres activités de services d’information (parties B et C) affichent des évolutions plus encourageantes. De manière générale, le chiffre d’affaires3 de ces industries a augmenté en 2016, allant d’environ 2 % au Japon à 7 % dans l’UE15. En 2016, on a également observé une croissance du chiffre d’affaires dans les activités de traitement des données. Les États-Unis et l’UE15 ont par ailleurs enregistré des taux de croissance en constante évolution depuis la mi-2014, jusqu’à atteindre 10 % au troisième trimestre 2016 avant de ralentir par la suite. La Corée affichait le plus fort taux de croissance en 2016 (15 %), après un fléchissement en 2015.

La production de semi-conducteurs reste un indicateur phare pour le secteur des TIC. Les semi-conducteurs s’avèrent en effet essentiels à la croissance et à l’innovation dans l’économie numérique, notamment dans le cas des technologies mobiles, de l’IdO ou des technologies intelligentes (capteurs, reconnaissance visuelle, etc.). Les ventes dans ce secteur ont augmenté de manière modeste au cours des deux dernières années, s’élevant à seulement 1.1 % en 2016, et aucune reprise n’est envisagée à court terme (Figure 3.10). Cette situation semble être le fait d’une diminution du prix de vente moyen des semi-conducteurs, associée aux coûts élevés d’investissement et de recherche et développement (R-D) nécessaires à la fabrication toujours plus complexe des semi-conducteurs (KPMG, 2016). À eux seuls, la région Asie-Pacifique et le Japon comptent pour 71 % des ventes annuelles totales. C’est également dans ces pays que la croissance reste la plus élevée, avec une augmentation des ventes de semi-conducteurs de 9.2 % en Chine et de 3.8 % au Japon.

Graphique 3.10. Marché mondial des semi-conducteurs par région
Ventes annuelles, milliards USD, prix courants et taux de croissance en glissement annuel
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Note: Les données de 2017 et 2018 sont des prévisions.

Source: Calculs de l’auteur d’après World Semiconductor Trade Statistics (WSTS), https://www.wsts.org/ (consulté en février 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658379

L’investissement en capital-risque, qui donne une indication des possibilités de développement commercial, connaît un ralentissement généralisé. En 2016, les investissements mondiaux en capital-risque représentaient environ 101 milliards USD, soit une baisse de 23 % en un an. Alors que ces investissements ont continué de baisser en Asie et en Amérique du Nord au cours du dernier trimestre 2016, l’Europe a quant à elle bénéficié d’une augmentation des financements (PwC, 2017).

Aux États-Unis, malgré un ralentissement général, les TIC demeurent l’un des secteurs privilégiés pour les investissements en capital-risque, représentant 71 % du total de ce type d’investissements au quatrième trimestre 2016 (Figure 3.11). Cette part est restée stable depuis 2014 et a même retrouvé le niveau qu’elle avait avant la bulle de l’internet.

Graphique 3.11. Évolution des investissements en capital-risque aux États-Unis
Milliards USD et taux de croissance en glissement annuel, moyenne mobile au T4
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Note: L’agrégat des investissements en capital-risque dans le secteur des TIC est défini comme la somme des services et équipements informatiques, des produits électroniques, de l’internet, des réseaux mobiles, des télécommunications et des logiciels. La part des TIC dans le total de l’investissement est exprimée sous forme de moyenne mobile au T4. TIC = technologies de l’information et des communications.

Source: Calculs de l’auteur d’après le US Moneytree Report de PwC/National Venture Capital Association, qui s’appuie sur les données de Thomson Reuters, https://www.pwc.com/us/en/technology/moneytree.html (consulté en février 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658398

Malgré une baisse générale en termes de valeur, la part des biens et services TIC dans le total des échanges continue d’augmenter

Cette section fait état du développement des courants d’échanges bruts de biens et services TIC au fil du temps. Ces secteurs d’activité sont des composantes fondamentales de l’économie numérique, et les courants d’échanges aident à comprendre l’évolution de la demande internationale de biens et services TIC, ainsi que les transactions qui en découlent. Le Chapter 5 décrit entre autres comment la transformation numérique bouleverse le paysage commercial général, notamment au niveau des services, et propose une analyse du commerce de biens et services TIC en termes de valeur ajoutée, mais aussi des données sur les pratiques restrictives en matière d’échanges internationaux pour certains services TIC.

Commerce de biens TIC

Sur la période 2008-15, la valeur des échanges internationaux portant sur les biens TIC a augmenté de 12 % et les exportations en provenance de Chine de 49 %. Dans le même temps, les exportations dans la zone OCDE ont enregistré une baisse de 13 % (Figure 3.12). Sur la même période, les importations de biens TIC en provenance de Chine ont augmenté de 60 % en termes de valeur. Les importations des pays de l’OCDE sont quant à elles restées stables (1 %).

Graphique 3.12. Commerce de biens TIC
Indices 2008 = 100 ; prix courants en USD
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Note: Les biens TIC sont tels que définis dans le document OECD Guide to Measuring the Information Society 2011 (OCDE, 2011). Les exportations et importations mondiales sont calculées sur la base des valeurs d’échange fournies par les pays déclarants et enregistrées dans la Base de données STAN sur le commerce bilatéral. Sont exclues de ces exportations les réimportations de la Chine et les réexportations de Hong Kong, Chine. Les importations mondiales n’incluent pas les réimportations de Chine. Les échanges pour la Chine sont corrigés afin de tenir compte des réimportations.

Source: OCDE, « Base de données STAN sur le commerce bilatéral par industrie et catégorie d’utilisation finale, CITI rév. 4 (édition 2016) », STAN : base de données pour l’analyse structurelle, https://doi.org/10.1787/d670358a-en (consulté en mars 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658417

En 2015, la valeur des exportations mondiales de biens TIC a baissé de 3.4 %, à 1 900 milliards USD4 , alors que la part des biens TIC dans le total des exportations de biens a augmenté de 11 %. Cette baisse s’est toutefois révélée plus faible pour les biens TIC que pour la totalité des échanges de marchandises. Cela se traduit ainsi par une amplification de la part des TIC dans le total des échanges de marchandises (Figure 3.13). Les importations de biens TIC ont suivi les mêmes évolutions. En 2015, la part des biens TIC dans le total des importations mondiales a augmenté de 11.8 % à 13.1 %, alors que la valeur des importations mondiales de biens TIC a enregistré un recul de 3.3 %, pour atteindre à peine plus de 2 100 milliards USD5 .

Graphique 3.13. Commerce de biens TIC par rapport aux échanges mondiaux
En pourcentage du total des exportations et importations de marchandises
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Note: Les biens TIC sont tels que définis dans le document OECD Guide to Measuring the Information Society 2011 (OCDE, 2011). Les exportations et importations mondiales sont calculées sur la base des valeurs d’échange fournies par les pays déclarants et enregistrées dans la base de données BTDIxE. Les échanges sont exploités en valeur brute ; aucune correction n’est appliquée pour les réimportations ou les réexportations.

Source: OCDE, « Base de données STAN sur le commerce bilatéral par industrie et catégorie d’utilisation finale, CITI rév. 4 (édition 2016) », STAN : base de données pour l’analyse structurelle, https://doi.org/10.1787/d670358a-en (consulté en mars 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658436

Les exportations de biens TIC sont de plus en plus concentrées dans un petit nombre de pays. En 2016, les dix principaux exportateurs (parmi lesquels figurent six pays de l’OCDE) totalisaient 85 % des exportations mondiales de biens TIC, contre 70 % en 2001 (Figure 3.14). En partie à cause de la délocalisation de la production, la part du Japon dans les exportations mondiales de biens TIC a diminué, passant de 10 % en 2001 à 4 % en 2016. À l’inverse, la part de la Chine s’est accrue, passant de 6 % à 32 % – ce qui équivaut, exprimé en dollars, à une multiplication par dix. La Corée est le seul pays de l’OCDE qui affiche une part en évolution constante (5.5 % en 2001, 6.8 % en 2007 et 7.6 % en 2016).

Graphique 3.14. Dix principaux exportateurs mondiaux de biens TIC
Milliards USD et pourcentages
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Note: Les valeurs mondiales sont estimées à partir des valeurs d’exportations de TIC fournies par les pays déclarants sur une période de trois ans. Sont exclues les réimportations de la République populaire de Chine (reprise sous l’appellation « Chine » dans le graphique), ainsi que les réexportations de Hong Kong, Chine. Les exportations de TIC de la Chine sont corrigées pour tenir compte des réimportations. Les données 2016 concernant la Chine et les Pays-Bas sont estimées sur la base de valeurs déclarées en 2015.

Source: OCDE, « Base de données STAN sur le commerce bilatéral par industrie et catégorie d’utilisation finale, CITI rév. 4 », STAN : base de données pour l’analyse structurelle, http://oe.cd/btd (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658455

La recomposition tendancielle des exportations d’ordinateurs et de périphériques vers les équipements de télécommunications s’est confirmée (Figure 3.15). En 2015, la part des exportations des TIC dans les équipements de télécommunications a atteint le même niveau que les exportations d’ordinateurs et de périphériques (26 %), alors que les composants électroniques restent en tête du total des exportations de TIC (33 %).

Graphique 3.15. Exportations mondiales de biens TIC par catégorie de produits TIC
Milliards USD et pourcentage du total des exportations de biens TIC
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Note: Le total mondial est estimé à partir des déclarations d’exportations de TIC effectuées par 103 économies participantes et enregistrées dans la base de données BTDIxE sur une période de trois ans. Sont exclues de ces exportations les réimportations de la Chine et les réexportations de Hong Kong, Chine. Les exportations de TIC de la Chine sont corrigées pour tenir compte des réimportations.

Source: OCDE, « Base de données STAN sur le commerce bilatéral par industrie et catégorie d’utilisation finale, CITI rév. 4 (édition 2016) », STAN : base de données pour l’analyse structurelle, https://doi.org/10.1787/d670358a-en (consulté en mars 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658474

Commerce de services TIC

Sur la période 2010-16, la valeur des exportations de services TIC des pays l’OCDE s’est accrue de 40 %, soit juste en dessous du niveau de croissance des échanges internationaux de services TIC, mais à un rythme plus soutenu que le total des échanges de services (Figure 3.16). En 2016, les exportations mondiales de services TIC ont augmenté de 5 %, de 470 milliards USD à 493 milliards USD. La part des exportations mondiales de services TIC dans le total des services a par conséquent pris deux points, dépassant les 10 % en 2016.

Graphique 3.16. Exportations de services TIC
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Note: Les services TIC sont définis comme incluant les services informatiques, d’information et de télécommunications.

Source: CNUCED, « Services (MBP6) : exportations et importations par catégories de services, parts et croissance, annuel, 2005-2016 », http://unctadstat.unctad.org/wds/TableViewer/tableView.aspx?ReportId=87017 (consulté en juin 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658493

À l’instar de ce qui se passe pour les échanges de biens TIC, un petit nombre d’économies sont à l’origine d’une part importante des exportations mondiales de services TIC (Figures 3.17 et 3.18). L’Irlande, qui bénéficie d’une forte concentration d’entreprises transnationales compte tenu de la taille limitée de son marché intérieur, conserve sa place de premier exportateur de services TIC (plus de 14 % des exportations mondiales de services), suivie de l’Inde (11 %), des Pays-Bas et des États-Unis (ex æquo à 8 %). La Chine figure également parmi les dix principaux exportateurs de services TIC, au même titre que l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. Ces pays représentent ensemble les deux tiers des exportations mondiales de services TIC.

Graphique 3.17. Pays de l’OCDE et principaux exportateurs de services TIC
En pourcentage des exportations mondiales totales
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Note: Les services TIC sont définis comme incluant les services informatiques, d’information et de télécommunications. Pour l’Islande, les données se rapportent à 2013 au lieu de 2012. Chine = République populaire de Chine.

Source: CNUCED, « Services (MBP6) : exportations et importations par catégories de services, parts et croissance, annuel, 2005-2016 », http://unctadstat.unctad.org/wds/TableViewer/tableView.aspx?ReportId=87017 (consulté en juin 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658512

Graphique 3.18. Dix principaux exportateurs mondiaux de services TIC
Milliards USD et pourcentages
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Note: Les services TIC sont définis comme incluant les services informatiques, d’information et de télécommunications. Chine = République populaire de Chine.

Source: CNUCED, « Services (MBP6) : exportations et importations par catégories de services, parts et croissance, annuel, 2005-2016 », http://unctadstat.unctad.org/wds/TableViewer/tableView.aspx?ReportId=87017 (consulté en juin 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658531

Les TIC jouent aujourd’hui un rôle clé dans les activités innovantes

Les entreprises du secteur sont les fers de lance de tous les types d’activités d’innovation, et les entrepreneurs novateurs sont souvent de gros utilisateurs des TIC. Dans la plupart des pays de l’OCDE, le secteur des TIC arrive en tête des DIRDE, représentant environ 24 % des DIRDE totales et 0.4 % du produit intérieur brut (PIB). En 2015, les DIRDE du secteur des TIC en pourcentage du PIB étaient les plus élevées dans les pays suivants : le Taipei chinois (1.77 %), la Corée (1.73 %), Israël (1.61 %) et la Finlande (1.04 %), suivis des États-Unis, de la Suède et du Japon (environ 0.6 %) (Figure 3.19).

Graphique 3.19. Intensité des dépenses de R-D des entreprises, total et secteur des TIC, 2015
En pourcentage du PIB
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Note: Le secteur des TIC est défini comme la somme des industries « Activité de fabrication de produits TIC » et « Services TIC », qui comprend les « Activités commerciales des TIC », l’« Édition de logiciels », les « Télécommunications » et l’« Informatique et autres activités de services d’information », dont les définitions correspondent à celles données par l’OCDE au secteur des TIC, sur la base de la CITI rév. 4. En l’absence de données détaillées disponibles, les divisions 26, 58 et 63 ont été utilisées respectivement pour l’activité de fabrication de produits TIC, l’édition de logiciels et les activités de traitement des données, d’hébergement et activités connexes ; portails respectifs d’entrée sur le Web. Les données concernant les pays suivants se rapportent à 2014 : Canada, Danemark, États-Unis, Finlande, Hongrie, Israël, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni et Slovénie. Les données concernant les pays suivants se rapportent à 2013 : Autriche, Belgique, France, Irlande, Nouvelle-Zélande, Singapour et Suède. Pour l’Australie, elles se rapportent à 2011. PIB = produit intérieur brut ; DIRDE = dépenses intérieures brutes de R-D du secteur des entreprises ; TIC = technologies de l’information et des communications ; Chine = République populaire de Chine.

Sources: OCDE, « Statistiques de la recherche et du développement : Dépense intra-muros totale de R-D des entreprises par industrie – CITI rév. 4 », Statistiques de l’OCDE de la science et technologie et de la R-D (base de données), http://oe.cd/sti/rds ; OCDE, « Principaux indicateurs de la science et de la technologie », Statistiques de l’OCDE de la science et technologie et de la R-D (base de données), https://doi.org/10.1787/data-00182-en (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658550

Le Figure 3.20 détaille la répartition des dépenses de R-D des entreprises dans le secteur des TIC et offre des informations sur le poids de ce secteur dans le total des DIRDE. En 2014-15, le Taipei chinois et la Corée ont consacré respectivement plus de 71 % et 49 % des DIRDE totales à la fabrication de produits TIC. Malgré le recul des activités de Nokia, la Finlande continue d’y consacrer plus de 41 % de ses DIRDE totales. Il en va de même pour Singapour, suivi du Japon, de la Suède et des États-Unis – lesquels y affectent plus de 15 % des DIRDE totales.

Graphique 3.20. DIRDE dans le secteur des TIC, 2015
En pourcentage du PIB et des DIRDE totales
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Note: Les données concernant les pays suivants se rapportent à 2014 : Canada, Danemark, États-Unis, Finlande, Hongrie, Israël, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni et Slovénie. Les données concernant les pays suivants se rapportent à 2013 : Autriche, Belgique, France, Irlande, Singapour et Suède. Pour l’Australie, elles se rapportent à 2011. Les « Services TIC non spécifiés » désignent les activités de services TIC des catégories 58-63 de la CITI rév. 4 qui ne peuvent être dissociées. DIRDE = dépenses intérieures brutes de R-D du secteur des entreprises ; PIB = produit intérieur brut ; TIC = technologies de l’information et des communications ; Chine = République populaire de Chine.

Source: OCDE, « STAN R-D : Dépenses de recherche et développement dans l’industrie – CITI rév. 4 », STAN : base de données pour l’analyse structurelle, http://oe.cd/anberd (consulté en février 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658569

L’informatique et autres activités de services d’information représentent plus de 50 % des dépenses totales de R-D des entreprises du secteur des TIC dans une majorité de pays. Ceux où l’édition de logiciels représente les parts les plus importantes en dépenses de R-D par rapport aux DIRDE totales pour le secteur des TIC sont les États-Unis (33 %) et la Norvège (23 %). Les services de télécommunications représentent la part la plus faible des DIRDE dans le secteur des TIC pour la plupart des pays, à l’exception de l’Australie, du Portugal et du Royaume-Uni, où ils ne s’élèvent qu’à environ 25 % des DIRDE totales pour le secteur des TIC.

Tandis que la R-D fournit une mesure de l’innovation introduite au départ, les brevets, modèles déposés et marques reflètent le degré d’innovation obtenu à l’arrivée. Pendant la période 2012-15, plus de 900 000 familles de brevets ont été enregistrées auprès des cinq principaux offices de la propriété intellectuelle (IP5), à savoir l’Office européen des brevets (OEB), l’Office japonais des brevets (JPO), l’Office coréen de la propriété intellectuelle (KIPO), l’Office national de la propriété intellectuelle de Chine (SIPO) et l’Office des brevets et des marques des États-Unis (US Patent and Trademark Office ou USPTO). Les TIC représentaient presque 37 % de l’ensemble des demandes de brevets, soit une augmentation de deux points sur la période 2002-05. Dans les pays de l’OCDE, les brevets relatifs aux TIC représentaient presque 34 % des demandes – une part en légère baisse par rapport au niveau 2002-05 –, alors que le volume de demandes provenant du groupe des BRIICS (Brésil, Fédération de Russie, Inde, Indonésie, Chine et Afrique du Sud) a quasiment doublé, pour atteindre un taux de 58 %, principalement en raison de l’augmentation du nombre de brevets délivrés en Chine (Figure 3.21).

Graphique 3.21. Spécialisation des brevets relatifs aux TIC, 2012-15
Brevets relatifs aux TIC en pourcentage du total des familles de brevets de l’IP5
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Note: Les données utilisées se rapportent aux familles de brevets enregistrées auprès des cinq offices de la propriété intellectuelle (IP5), par première date de dépôt et selon le pays de résidence de l’inventeur par comptage fractionnaire. Les brevets relatifs aux TIC sont identifiés conformément à une nouvelle catégorisation expérimentale basée sur les codes de la Classification internationale des brevets (CIB). Seules les économies comptabilisant plus de 150 familles de brevets en 2012-15 sont prises en compte. Les données de 2014 et 2015 sont incomplètes. TIC = technologies de l’information et des communications ; BRIICS = Brésil, Fédération de Russie, Inde, Indonésie, Chine et Afrique du Sud ; Chine = République populaire de Chine.

Source: OCDE, STI Microdata Lab : base de données sur la propriété intellectuelle, http://oe.cd/ipstats (consulté en juin 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658588

Les modèles déposés dans la catégorie des appareils audiovisuels et TIC peuvent être utilisés comme des indicateurs de l’innovation réalisée au regard de la fonctionnalité et de l’esthétique des produits. Ils peuvent aussi fournir des renseignements sur la différenciation et la personnalisation des produits et, plus généralement, sur la façon dont le design façonne la concurrence sur le marché. Sur la période 2011-14, les modèles déposés pour les appareils audiovisuels et TIC représentaient 9.6 % du Registre européen des dessins et modèles communautaires, soit une hausse de deux points par rapport à 2006-09. Sur l’ensemble des pays, quelque 60 % des modèles déposés dans la catégorie des appareils audiovisuels et TIC concernent les équipements de traitement et d’enregistrement de données, suivis par les appareils audiovisuels et de télécommunication (Figure 3.22).

Graphique 3.22. Part des 20 principaux déposants de modèles d’appareils audiovisuels et TIC, 2006-09 et 2011-14
En pourcentage du total des modèles déposés auprès du Registre européen des dessins et modèles communautaires dans la catégorie des appareils audiovisuels et TIC
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Note: Le total des modèles audiovisuels et TIC englobe les modèles des catégories 14, 16 et 18 de la Classification de Locarno. Les appareils d’enregistrement et de traitement de l’information correspondent aux sous-catégories 14-01, 14-02 et 14-04 ; les appareils de télécommunication à la sous-catégorie 14-03 ; et les appareils audiovisuels à la catégorie 16. TIC = technologies de l’information et des communications ; Chine = République populaire de Chine.

Source: OCDE, STI Microdata Lab : base de données sur la propriété intellectuelle, http://oe.cd/ipstats (consulté en février 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658607

Les pays les plus dynamiques en ce qui concerne l’enregistrement en Europe de modèles d’appareils audiovisuels et TIC sont les États-Unis et la Corée (leurs parts étant en hausse par rapport à la période 2006-09) ; ils sont suivis par l’Allemagne et le Japon (qui tous deux enregistrent des baisses), tandis que les autres grands pays européens se situent loin derrière. S’agissant de la Chine, sa part a plus que doublé mais elle reste un acteur de second plan en ce qui concerne les modèles déposés en Europe.

Les États-Unis excellent dans la conception d’équipements de traitement de données, la Corée dans les appareils de télécommunication, et la France et le Japon dans les appareils audiovisuels. La conception de produits audiovisuels et TIC représente presque 65 % de l’ensemble des modèles déposés en Europe par la Corée. Les autres économies spécialisées dans ce domaine sont le Canada, les États-Unis, le Japon et le Taipei chinois.

La répartition des dépôts de marque donne une vision différente de la position concurrentielle des économies en ce qui concerne les produits TIC. En fait, les parts nationales de dépôts de marque ne coïncident pas avec celles de la R-D, des brevets ou des exportations. Les États-Unis apparaissent globalement comme le principal acteur, puisqu’ils enregistrent 76 % de l’ensemble des marques liées aux TIC déposées auprès de l’Office des brevets et des marques des États-Unis et plus de 12 % de celles déposées auprès de l’Office de la propriété intellectuelle de l’Union européenne (EUIPO) (Figure 3.23). En revanche, sur le marché européen, les dépôts de marque ayant trait aux TIC sont effectués principalement par l’Allemagne, suivie par les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Espagne, la France et l’Italie. Au cours des cinq dernières années, un certain nombre de pays très actifs dans le dépôt de marques (comme le Japon et les États-Unis) ont perdu des parts en Europe au profit de la Chine, de la Corée et des petits pays de l’UE. L’Allemagne et l’Espagne sont quant à elles parvenues à conserver un niveau stable.

Graphique 3.23. Marques relatives aux TIC, 20 principaux déposants, 2006-09 et 2011-14
En pourcentage du total des dépôts de marque liés aux TIC auprès de l’EUIPO et de l’USPTO
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Note: TIC = technologies de l’information et des communications ; EUIPO = Office de la propriété intellectuelle de l’Union européenne ; USPTO = Office des brevets et des marques des États-Unis ; Chine = République populaire de Chine.

Source: Calculs de l’auteur d’après OCDE, STI Microdata Lab : base de données sur la propriété intellectuelle, http://oe.cd/ipstats (consulté en novembre 2016).

 https://doi.org/10.1787/888933658626

Marchés des télécommunications

Les réseaux de communication sont essentiels au développement des économies numériques. Ils sous-tendent une utilisation généralisée des TIC au service du développement économique et social, et aident à la réalisation des nombreux objectifs définis par les décideurs. Les indicateurs relatifs au développement et à l’échelle des réseaux, ainsi qu’à l’utilisation effective de services exploitant ces infrastructures, s’avèrent déterminants pour évaluer la capacité d’un pays à tirer parti des avantages potentiels des TIC.

Alors que le nombre d’abonnements aux services de télécommunications connaît une croissance continue, les recettes du secteur ont légèrement régressé entre 2013 et 2015. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène, et notamment l’évolution des acteurs du marché, la nature changeante des abonnements ou encore le renforcement de la concurrence. Les opérateurs de réseau continuent d’assurer la connectivité et les voies d’accès pour les utilisateurs, mais de nouveaux acteurs comme les fournisseurs de services over-the-top (OTT) offrent de plus en plus d’applications différentes, ce qui peut avoir une influence notable sur les recettes déclarées du secteur. Les abonnements M2M et au haut débit fixe et mobile sont par ailleurs en augmentation, à l’inverse des lignes fixes traditionnelles. Ces abonnements sont néanmoins proposés à des tarifs très différents. À titre d’exemple, les abonnements M2M affichent souvent des prix inférieurs aux services de téléphonie mobile traditionnels (recettes moyennes plus faibles par abonnement), ce qui peut contribuer aux tendances actuelles d’évolution des recettes dans un contexte d’augmentation continue des abonnements.

Les tendances en termes de nombre d’abonnements et de recettes du secteur semblent évoluer de manière indépendante

La corrélation entre l’augmentation du nombre d’abonnements aux services de télécommunications et l’accroissement des recettes du secteur – laquelle ne s’est pas démentie pendant plus d’un siècle – ne semble plus être aussi évidente depuis quelques années. Après avoir culminé en 2008 et 2011, les recettes totales du secteur enregistraient en 2015 une baisse pour la quatrième année consécutive. Entre 2013 et 2015, elles ont connu une baisse de 6 %, passant de 1 312 milliards USD à 1 235 milliards USD (Figure 3.24). Malgré la baisse des recettes du secteur, le nombre d’abonnements aux services de télécommunications a continué de croître à un rythme remarquable, comme depuis déjà plus de 20 ans.

Graphique 3.24. Tendance des recettes et investissements dans le secteur des télécommunications
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Source: OCDE, « Statistiques sur les télécommunications », Statistiques de l’OCDE sur les télécommunications et l’internet (base de données), https://doi.org/10.1787/data-00170-en (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658645

En 2015, les pays de l’OCDE comptaient plus de 2.3 milliards de voies d’accès de télécommunications (Figure 3.25) – un chiffre en augmentation d’environ 150 millions depuis 2013 pour une hausse globale de 7 %. Les voies d’accès qui connaissent une croissance constante sont les abonnements au haut débit fixe et mobile, ainsi qu’aux services de télécommunications M2M. À l’inverse, le nombre d’abonnements téléphoniques traditionnels sur ligne fixe poursuit la baisse entamée il y a plusieurs années. Cela soulève la question de l’origine de la divergence observée entre l’augmentation du nombre d’abonnements et les recettes globales du secteur des télécommunications.

Graphique 3.25. Tendances en termes de voies d’accès
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Note: M2M = machine à machine.

Source: OCDE, « Statistiques sur les télécommunications », Statistiques de l’OCDE sur les télécommunications et l’internet (base de données), https://doi.org/10.1787/data-00170-en (consulté en juin 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658664

Différents facteurs expliquent l’évolution des recettes et dépenses du secteur des télécommunications. Certains ont une incidence relativement neutre en termes de gains entrants et de paiements sortants. D’autres reflètent une scission plus ancienne de la relation historique entre la croissance des recettes du secteur et l’augmentation du nombre de voies d’accès. Une baisse des tarifs de terminaison entraîne une baisse des recettes, mais également une réduction des coûts. En outre, si les consommateurs achètent des appareils en dehors de toute offre forfaitaire d’abonnement, les recettes générées sont comptées pour le secteur dans son ensemble, et non en tant que recettes de services pour les opérateurs de réseau, ni en tant que coûts – soit une incidence globale que l’on peut considérer comme relativement neutre. À l’inverse, les modifications ayant entraîné une baisse des recettes pour les fournisseurs d’accès, dans une période pourtant marquée par l’augmentation des abonnements, reflètent de manière plus fondamentale un remplacement partiel par de nouveaux acteurs des entités spécialisées dans la fourniture de services et appareils sur ces réseaux.

Par le passé, les opérateurs de réseau assurant des services de téléphonie ou de télévision par câble proposaient ce qui pourrait aujourd’hui être considéré comme un écosystème complet d’accès et de services. Bien qu’ils continuent de fournir des voies d’accès et engrangent des recettes grâce aux connexions et à l’exploitation de leurs réseaux par des tiers, ils n’assurent désormais plus nécessairement les applications elles-mêmes. Ces services sont parfois pris en charge par des entités connues sous le nom de « fournisseurs OTT ». Les recettes générées par les services OTT, comme la voix sur IP (VoIP) ou la vidéo à la demande, ne sont pas entièrement intégrées dans les statistiques relatives aux recettes du secteur des télécommunications, à moins d’être fournies directement par les opérateurs d’accès au réseau. En d’autres termes, les recettes globales attribuables à un secteur bénéficiant pourtant d’un accès accru ne sont pas nécessairement en baisse, mais pourraient simplement basculer d’une application à une autre ou se développer dans de nouvelles directions, si l’on en croit l’essor important des services OTT.

Un autre facteur qui pourrait expliquer pourquoi les recettes du secteur des télécommunications ne connaissent pas le même rythme de croissance que les abonnements est justement la nature changeante de ces abonnements. Entre 2013 et 2015, le nombre de lignes de télécommunication fixes traditionnelles a enregistré une baisse de 12.5 %. Sur la même période, les abonnements aux services mobiles ont augmenté de 8.5 %, au haut débit fixe de 7.9 % et aux services M2M de 50.5 %. La tarification de certains de ces services s’avère toutefois sensiblement différente des approches traditionnelles ou du recours plus généralisé à des offres groupées (soit l’inclusion de services auparavant facturés de manière séparée). Bien que le tarif d’un accès illimité à l’internet depuis un véhicule par le biais d’une carte SIM dédiée puisse être identique au tarif appliqué pour le même service depuis un smartphone, ce principe ne s’applique pas nécessairement pour de nombreux autres services M2M (notamment dans certains domaines comme la surveillance de l’environnement à l’aide de capteurs). Ce marché devrait néanmoins connaître un essor important dans les prochaines années et faire naître un grand nombre de nouvelles opportunités pour les réseaux mobiles dans le secteur des entreprises.

En 2015, l’investissement du secteur des télécommunications rapporté aux recettes a progressé, pour atteindre 15.7 % ; d’un montant de 194 milliards USD, il était toutefois inférieur de 3 % au niveau de 2013 en valeur absolue. La Nouvelle-Zélande est le pays qui a proportionnellement consacré la plus grande part de ses recettes aux investissements dans le secteur des télécommunications (Figure 3.26). Cette part élevée d’investissement est corrélée au développement d’un réseau fixe à haut débit national et à l’élargissement de la couverture du haut débit mobile. Cette tendance se reflète également dans une plus forte demande des abonnements de type « fibre jusqu’à l’abonné » et dans une augmentation du taux de pénétration du fixe par rapport aux autres pays. L’extension de la couverture du haut débit mobile dans les zones rurales reste néanmoins une priorité en Nouvelle-Zélande. En parallèle, des pays comme la Corée, la Lettonie et le Japon, qui bénéficient de la plus forte pénétration de la fibre dans les réseaux fixes et d’une bonne couverture du haut débit mobile, consacrent une part relative plus faible de leurs recettes aux investissements. Dans ces pays, la prochaine augmentation générale attendue des investissements devrait être motivée par l’arrivée des réseaux mobiles 5G.

Graphique 3.26. Investissement dans les télécommunications en pourcentage des recettes
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Source: OCDE, « Statistiques sur les télécommunications », Statistiques de l’OCDE sur les télécommunications et l’internet (base de données), https://doi.org/10.1787/data-00170-en (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658683

Les réseaux haut débit

Le nombre d’abonnements au haut débit fixe et mobile a continué d’augmenter dans les pays de l’OCDE, confirmant leur complémentarité. Il existe nécessairement un phénomène de remplacement, par exemple lorsque les téléphones mobiles sont utilisés à la place de téléphones fixes pour les services vocaux, mais c’est la connectivité wi-fi assurée par les réseaux fixes qui est la plus sollicitée par les appareils sans fil (smartphones notamment). Les tarifs ont baissé à la fois pour le haut débit fixe et le haut débit mobile – avec une tarification des forfaits mobiles de plus en plus basée sur l’utilisation des données plutôt que sur la téléphonie, ce qui souligne l’augmentation rapide de la demande de données mobiles sur le marché. Pour ce qui est du haut débit fixe, la technologie DSL (digital subscriber line) reste la plus plébiscitée, même si elle est progressivement remplacée par la fibre optique à mesure que les opérateurs de réseau investissent dans des infrastructures plus rapides. Au vu de l’importance croissante du haut débit mobile, la présente édition des Perspectives de l’économie numérique de l’OCDE s’est attelée à mesurer pour la première fois l’utilisation réelle des données mobiles et a constaté une forte augmentation du volume de données consommées par abonnement au haut débit mobile sur l’ensemble de la zone OCDE.

Les abonnements au haut débit fixe continuent d’augmenter dans les pays de l’OCDE

Le nombre d’abonnements au haut débit fixe reste en augmentation dans les pays de l’OCDE. Les données disponibles sur le haut débit fixe indiquent que les abonnements dans la zone OCDE ont atteint en décembre 2016 la barre des 387 millions, contre 379 millions un an plus tôt, pour un taux de pénétration moyen de 30.1 %. La Suisse, le Danemark, les Pays-Bas et la France arrivent en tête avec des taux respectifs de 50.1 %, 42.4 %, 41.9 % et 41.4 % (Figure 3.27).

Graphique 3.27. Nombre d’abonnements au haut débit fixe pour 100 habitants, par technologie, décembre 2016
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Note: DSL = Digital Subscriber Line (ligne d’accès numérique).

Source: OCDE, « Portail de l’OCDE sur le haut débit », Statistiques de l’OCDE sur les télécommunications et l’internet (base de données), www.oecd.org/sti/broadband/oecdbroadbandportal.htm (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658702

Pour de nombreux pays, la croissance s’avère plus lente que lors des années précédentes – conséquence de leurs taux de pénétration élevés. La Turquie et le Mexique vont toutefois à l’encontre de cette tendance, puisqu’ils affichaient respectivement une augmentation des abonnements de 9.3 % et 9.2 % entre décembre 2015 et décembre 2016. De manière générale, les pays dont les taux sont en plus forte hausse enregistrent également des taux de pénétration inférieurs à la moyenne de l’OCDE. Des augmentations notables ont pu être observées au Portugal (7.6 %), en Australie (7.5 %) et en Grèce (5.5 %) (Figure 3.28).

Graphique 3.28. Nombre d’abonnements au haut débit fixe pour 100 habitants en pourcentage d’augmentation, décembre 2015 à décembre 2016
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Source: OCDE, « Portail de l’OCDE sur le haut débit », Statistiques de l’OCDE sur les télécommunications et l’internet (base de données), www.oecd.org/sti/broadband/oecdbroadbandportal.htm (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658721

Dans l’ensemble, les données disponibles indiquent que le haut débit fixe et le haut débit mobile restent considérés sur le marché comme des technologies complémentaires. Dans cinq pays toutefois (Estonie, Suisse, Luxembourg, Finlande et Pologne), le nombre d’abonnements au haut débit fixe a clairement diminué entre décembre 2015 et décembre 2016.

Le wi-fi est sans aucun doute la technologie qui représente le mieux la complémentarité des réseaux fixes et mobiles. OpenSignal, un outil qui exploite les données participatives fournies par les utilisateurs de smartphones volontaires, illustre parfaitement ce phénomène. En août 2016, OpenSignal établissait un rapport sur la proportion de connexions au wi-fi de ses utilisateurs. Parmi les pays de l’OCDE, les taux allaient de 40 % du temps pour la Turquie à 70 % aux Pays-Bas. Ces chiffres reflètent vraisemblablement le taux de pénétration élevé des réseaux haut débit fixes aux Pays-Bas – parmi les plus élevés de l’OCDE – ainsi que la forte densité de population du pays, et par conséquent la plus grande proximité de la couverture wi-fi. Comme souligné par OpenSignal, ces chiffres rendent compte de la durée de connexion au wi-fi et non du volume de données téléchargées. Tous les indicateurs disponibles montrent néanmoins que les utilisateurs téléchargent la plus grande partie des données constituant le trafic sur smartphone lorsqu’ils sont connectés à des réseaux wi-fi. Cette part peut s’élever à plus de 80 % dans certains pays de l’OCDE, et même être supérieure dans les pays où le taux d’accès à l’internet est plus faible. En Inde par exemple, les utilisateurs du wi-fi fourni par Google en partenariat avec RailTel (opérateur de télécommunications disposant d’un réseau de fibre optique en bordure de voies ferrées), consomment 15 fois plus de données depuis leurs smartphones que les jours où ils utilisent uniquement les réseaux cellulaires (Rajan, 2016). Les principaux facteurs expliquant ce phénomène sont la disponibilité de réseaux de collecte de fibre optique et d’une alimentation électrique fiables dans les gares ferroviaires indiennes, ainsi que la gratuité complète de ce service pour les utilisateurs. Autrement dit, les utilisateurs indiens considèrent cet accès gratuit de la même manière que les utilisateurs des pays de l’OCDE qui voient l’accès au wi-fi comme étant plus économique que l’accès à l’internet sur les réseaux cellulaires.

En un sens, toutes les technologies sans fil sont pour ainsi dire des extensions des réseaux fixes. Le wi-fi prolonge les réseaux fixes sur une courte distance, alors que les réseaux cellulaires les étendent sur des zones beaucoup plus vastes, mais dans les deux cas ils permettent une automatisation nomade de l’internet. La question de savoir quelle technologie vient remplacer l’autre n’a que peu de sens dans la mesure où l’utilisateur fera ses choix en fonction de son type d’abonnement (par exemple : volume de données inclus dans le forfait plus ou moins élevé ; absence de nécessité de souscrire personnellement un service fixe si le wi-fi et un réseau cellulaire suffisent ; ou même résiliation de l’abonnement à un réseau cellulaire conventionnel si les services se basant principalement sur le wi-fi ou des services de type FreedomPop répondent déjà aux besoins de l’utilisateur).

Toutes les données disponibles actuellement indiquent, dans la majorité des cas, que la possibilité de basculement d’un réseau à l’autre entre désormais en considération dans le choix de la technologie d’accès d’un utilisateur à n’importe quel moment, et non plus seulement entre deux périodes d’abonnement. En d’autres termes, la plupart des utilisateurs basculent d’un réseau cellulaire vers le wi-fi lorsqu’ils sont à leur domicile ou sur leur lieu de travail. Ils conservent cependant leurs deux abonnements (fixe et mobile) en raison de leur nature complémentaire. Le délestage du trafic qui en découle bénéfice par ailleurs autant aux opérateurs cellulaires qu’aux utilisateurs. Cette relation pourrait à terme être remise en cause si les réseaux cellulaires proposaient des débits et des seuils de données plus élevés. En effet, si ces améliorations suffisaient à répondre aux besoins des utilisateurs, ces derniers pourraient alors décider d’abandonner tout simplement leur abonnement fixe à domicile. Des premiers signes de ce phénomène auraient été observés en Finlande et en Lettonie, mais il est possible que d’autres facteurs contrebalancent ces développements.

Dans la plupart des pays, la principale contrainte au basculement du haut débit fixe vers les réseaux cellulaires est une question de capacité, qu’il s’agisse de la quantité de bandes de fréquences disponibles ou du type de technologie de réseaux de collecte utilisée pour la connexion aux antennes cellulaires. La consommation de données depuis des smartphones fait peser une charge bien plus importante sur les réseaux que ne le faisait la simple téléphonie mobile. Ainsi, le nombre d’utilisateurs simultanés qui accèdent à des données est plus limité que dans le cas de la téléphonie. Cela est notamment visible dans le mode de tarification des réseaux cellulaires, dans les débits réels disponibles proposés par rapport aux réseaux fixes, et dans le volume de données téléchargées par les utilisateurs sur ces deux types de réseaux. Au quatrième trimestre 2015 par exemple, l’utilisateur mobile moyen en Australie téléchargeait 1.4 gigaoctet (Go) de données par mois (ABS, 2016). Le volume moyen de téléchargement enregistré par le réseau national australien (National Broadband Network), regroupant un ensemble de technologies fixes, était 80 fois plus élevé sur la même période.

Débit et technologie

Depuis l’introduction des premiers services commerciaux à haut débit fixe dans la seconde moitié des années 90, certains ont toujours fait figure d’exceptions au regard des débits élevés qu’ils proposaient aux consommateurs. Les services destinés aux entreprises correspondent à cet égard à un tout autre segment de marché. Cela s’explique par le fait que les offres individuelles à l’intention des professionnels, des établissements d’enseignement et du secteur public peuvent être adaptées à leurs exigences particulières par le biais de produits tels que la location de lignes entre sites spécifiques. Mettre en avant les principales offres faites aux consommateurs s’avère particulièrement utile dans la mesure où cela permet à toutes les parties prenantes d’anticiper les évolutions à venir et d’ajuster leurs propres trajectoires.

Au cours de la période concernée par cette étude, la vitesse de téléchargement maximale annoncée dans la zone OCDE était de 10 Gbit/s – un débit disponible dans un nombre très limité d’offres (au Japon notamment) même si celles-ci ne sont pas encore déployées dans l’ensemble des pays concernés. En la matière, l’expérience montre néanmoins que la mise en œuvre généralisée dans tous les pays de tels débits pourrait nécessiter au moins une décennie. En 2002 par exemple, les opérateurs sud-coréens ont commencé à proposer un haut débit à 10 mégabits par seconde (Mbit/s), donnant ainsi le ton à tous les autres opérateurs de cette époque. Aujourd’hui, les bases de comparaison utilisées notamment pour la définition de services à haut débit ou pour la fourniture de niveaux de services effectifs, dépassent ce seuil dans de nombreux pays. Malgré ces développements notables, le déploiement de tels débits sur l’ensemble du territoire géographique représente encore un véritable défi dans ces pays. Il s’agit de l’une des raisons qui expliquent que les débits moyens varient sensiblement entre les pays de l’OCDE (Figure 3.29) et qu’il reste préférable d’évaluer les débits par catégorie en fonction du taux de pénétration (Figure 3.30).

Graphique 3.29. Débit moyen fourni par Akamai, T1 2016
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Note: Mbit/s = mégabits par seconde.

Source: Akamai (2016), « Akamai’s State of the Internet Report: Q1 2016 Report » (Rapport d’Akamai sur l’état de l’internet : 1er trimestre 2016), www.akamai.com/us/en/multimedia/documents/state-of-the-internet/akamai-state-of-the-internet-report-q1-2016.pdf .

 https://doi.org/10.1787/888933658740

Graphique 3.30. Nombre d’abonnements au haut débit fixe pour 100 habitants, par catégorie de débit, décembre 2016
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Note: En Corée, 96.2 % des abonnements offrent un débit supérieur à 50 Mbit/s. Mbit/s = mégabits par seconde ; kbit/s = kilobits par seconde.

Source: OCDE, « Portail de l’OCDE sur le haut débit », Statistiques de l’OCDE sur les télécommunications et l’internet (base de données), www.oecd.org/sti/broadband/oecdbroadbandportal.htm (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658759

Les offres commerciales promettant un débit de 1 Gbit/s sont de plus en plus courantes dans la zone OCDE, et particulièrement dans les pays proposant la fibre jusqu’à l’abonné ou des réseaux câblés haut débit améliorés. Cela est notamment le cas des pays à forte densité de population, comme le Japon et la Corée, ainsi que dans un nombre grandissant de villes aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande et en Suède. Les offres résidentielles à 1 Gbit/s sont plus courantes dans les zones où il existe une forte concurrence des opérateurs en termes d’infrastructures ou entre les fournisseurs exploitant des réseaux de gros. En Corée par exemple, la concurrence au niveau des infrastructures est telle qu’il n’est pas rare que certains appartements résidentiels aient accès à trois fournisseurs différents de « fibre jusqu’au bâtiment ». Cela signifie que les copropriétaires d’un immeuble, auxquels appartient le câblage intérieur, se trouvent en position de force pour négocier des tarifs très compétitifs pour le raccordement de l’ensemble des résidences. Les services à 1 Gbit/s sans limitation du volume de données sont ainsi disponibles en Corée pour environ 25 USD par mois.

Dans les pays où les villes présentent un mélange plus marqué d’appartements et de maisons d’habitation, les offres à 1 Gbit/s sont également de plus en plus courantes. Dans leur majorité, les services à 1 Gbit/s proposés aux États-Unis le sont dans le cadre d’une concurrence des infrastructures de bout en bout, plutôt que par séparation fonctionnelle ou structurelle opérée par des fournisseurs de réseaux de gros. Dans certains cas, les fournisseurs d’accès à l’internet (FAI) exploitent la technique du dégroupage associée aux lignes de télécommunication comme tremplin pour l’installation de leurs propres réseaux de fibre optique à 1 Gbit/s, à l’instar de Sonic Internet à San Francisco. Cette société propose une offre d’accès à l’internet jusqu’à 1 Gbit/s sans limitation du volume de données et de la téléphonie pour 40 USD par mois.

Bien que Sonic Internet ait bénéficié de réglementations permettant le dégroupage d’un réseau de télécommunications existant et suivi la stratégie de l’« échelle de l’investissement » pour le développement de son propre réseau de fibre optique, c’est une tout autre approche qui a été adoptée par Layer3 TV. En septembre 2016, cette start-up faisait son entrée sur le marché de Chicago en tant que détaillant proposant un accès au haut débit câblé basé sur des ententes commerciales. Ce modèle n’est toutefois pas assimilable à ce que l’on considère généralement comme un accès en gros ou encore un service OTT. En réalité, l’intention de Layer3 n’est pas d’œuvrer en tant que FAI offrant à ses clients un accès au haut débit physique sur réseau câblé. À certains égards, Layer3 fonctionne plutôt comme un réseau de distribution diffusant directement ses contenus vidéo jusqu’au client final sur le réseau à haut débit du câblo-opérateur, qui fait alors office de simple FAI. Pour profiter des contenus de Layer3 TV, les clients doivent souscrire séparément un service d’accès au haut débit, et contracter par exemple un abonnement à l’internet de 25 Mbit/s pour 49 USD par mois avec engagement de deux ans, en plus de la redevance correspondant au service de Layer3 TV. Le cas échéant, les utilisateurs doivent également assumer les frais supplémentaires liés au modem-câble utilisé ou aux données consommées au-delà de l’éventuel seuil forfaitaire autorisé. Alors que certains estiment que le phénomène de « cord cutting » (résiliation des abonnements multiples au profit de services en ligne) touchera de plus en plus la télévision par câble traditionnelle, Layer3 a bien l’intention d’attirer des consommateurs avec ce qui est présenté comme un boîtier décodeur supérieur, optimisé pour la navigation et intégrant de nombreuses fonctionnalités, sans période d’engagement et proposant une combinaison de programmes par câble traditionnels, de chaînes de télévision et de contenus en ligne.

Si la stratégie de Layer3 TV est couronnée de succès, les réseaux câblés haut débit d’autres pays pourraient eux aussi envisager des ententes commerciales du même type pour les détaillants, surtout si le phénomène de cord cutting se renforce au détriment des approches traditionnelles. Dans une période où les régulateurs étudient de près le cas des boîtiers décodeurs afin de déterminer dans quelle mesure les « jardins fermés » peuvent porter préjudice au principe de concurrence, le secteur du haut débit câblé doit faire face à autant d’évolutions que le secteur des télécommunications a pu connaître pendant de nombreuses années. Outre les modifications structurelles de la demande des consommateurs, stimulée par la disponibilité de contenus OTT, nous avons assisté à une augmentation du nombre de boîtiers décodeurs disponibles, proposés par des sociétés comme Amazon, Apple, Google, Roku et de nombreuses autres. Les capacités de ces appareils dépassent de loin la simple navigation entre programmes et disposent de fonctionnalités qui s’apparentent par exemple à celles d’assistants numériques. Ils intègrent également des applications capables d’exploiter des contenus proposés par des acteurs traditionnels ou des fournisseurs de services OTT. En France par exemple, Apple TV prend en charge l’application Molotov.tv, laquelle diffuse des contenus de fournisseurs de programmes télévisés à la fois gratuits et payants. Ces évolutions pourraient aider les réseaux câblés à mieux appréhender les nouvelles formes de concurrence générées par des acteurs comme Twitter, qui a lancé une application pour les appareils de type Apple TV, Amazon Fire TV et Xbox One qui permet aux utilisateurs de regarder gratuitement des événements sportifs tout en parcourant des contenus sur mesure depuis des applications comme Periscope. Le boîtier décodeur Layer3 TV donne également accès à d’autres services OTT (Amazon et Netflix notamment) et intègre différents médias sociaux. En ce sens, il vise à proposer des services qui vont au-delà de ceux proposés par les boîtiers décodeurs standards de télévision par câble. Pour répondre à cette nouvelle concurrence, les FAI traditionnels ont eux aussi lancé des offres visant à assurer la distribution de contenus vidéo. Ainsi, aux États-Unis, le câblo-opérateur Comcast a mis en service son système X1, lequel rassemble des contenus vidéo propriétaires et venant d’autres fournisseurs, et assure des fonctions comparables à celles de boîtiers décodeurs tiers.

L’impact de ces évolutions sur les fournisseurs d’infrastructures reste encore à déterminer. Certains, forts de nombreuses années d’expérience sur le marché des services et des infrastructures de bout en bout, parviendront sans aucun doute à tirer leur épingle du jeu. À l’inverse, les réseaux publics risquent de rencontrer d’importantes difficultés pour répondre à une demande en pleine mutation, sachant que leur principale force réside vraisemblablement dans la mise en place d’une infrastructure publique de base plutôt que dans la fourniture de services, à moins qu’ils n’assurent un certain degré d’ouverture donnant aux détaillants suffisamment de latitude pour innover. Un réseau de bout en bout peut par exemple proposer un service symétrique s’il existe une demande des consommateurs pour ce type de prestation. Un réseau de détail ne peut quant à lui proposer un tel service que si le fournisseur de gros en autorise la vente. C’est la raison pour laquelle les réseaux de gros publics rencontrant le plus de succès sont généralement ceux qui offrent aux détaillants la plus grande latitude, à l’instar de Stokab en Suède. Pour résumer, les détaillants disposent ainsi des mêmes capacités que les réseaux de bout en bout pour répondre à la demande des consommateurs, même si l’expérience d’UTOPIA (réseau municipal ouvert déployé dans l’Utah) montre que ce modèle n’offre aucune garantie de réussite.

L’un des exemples les plus significatifs de réseau à séparation structurelle nous est offert par Singapour, où la société d’infrastructure de gros met son réseau de fibre optique noire à la disposition des FAI qui ont alors la possibilité de proposer n’importe quelle couche de services sur cette base. Singapour figure ainsi parmi les premiers pays à disposer de services commerciaux grand public à 10 Gbit/s, mais également à donner aux FAI la possibilité de configurer l’accès au haut débit selon les modalités qu’ils considèrent les plus susceptibles d’inciter à l’adoption des services qu’ils proposent. L’un des exemples de ces services est la mise à disposition des clients de deux connexions à fibre optique de 1 Gbit/s distinctes pour un seul et même foyer. Bien que de nombreux pays affichent des taux de pénétration de la téléphonie mobile supérieurs à 100 % (du fait que les utilisateurs peuvent disposer de plusieurs cartes SIM), Singapour est devenu le seul pays au monde où le nombre d’abonnements au haut débit fixe dépasse le nombre de ménages. Cela ne signifie évidemment pas que plus de 100 % des ménages disposent d’une telle connexion, mais plutôt que Singapour compte plus d’abonnements au haut débit fixe que de lieux d’habitation. Autrement dit, alors qu’ils évoluent sur un marché très concurrentiel, les FAI se sont montrés particulièrement performants en appréhendant la demande d’une manière qui n’aurait pas nécessairement été naturelle pour un fournisseur de gros. À titre d’exemple, le FAI singapourien MyRepublic propose un accès à l’internet à 1 Gbit/s pour l’équivalent de 36 USD, et deux connexions pour seulement 43 USD. Il paraît évident qu’aussi bien les fournisseurs au détail que les consommateurs sont séduits par le coût marginal d’une approche aussi novatrice, et par les arrangements qu’elle rend possibles en termes de vente en gros.

En plus de proposer des accès multiples à 1 Gbit/s, la méthode appliquée par MyRepublic pour assurer la qualité de ses services se base sur l’affectation de priorités aux transferts de données en fonction des différents types de trafic. Certains considèrent toutefois que ces pratiques pourraient dans d’autres pays aller à l’encontre des règles de non-discrimination inhérentes au principe de neutralité des réseaux. Un autre aspect important des développements qu’a pu connaître Singapour consiste en l’apparition d’offres forfaitaires d’abonnement destinées aux utilisateurs souhaitant disposer de connexions à 1 Gbit/s dévolues en priorité aux jeux vidéo. Si un utilisateur estime que l’absence de latence est essentielle à son expérience de jeu en ligne, le forfait « GAMER » développé par MyRepublic lui permet de bénéficier d’un routage personnalisé dans le but d’optimiser ses performances de jeu. Les fonctionnalités comme le routage personnalisé sont généralement réservées aux offres forfaitaires pour professionnels dans le cadre d’accords de service spécifiques, et non à destination des particuliers.

La question pour les décideurs et les régulateurs n’est pas de savoir pourquoi les utilisateurs estiment avoir besoin d’une connexion à 1 Gbit/s, pourquoi certains souhaitent disposer de deux connexions de ce type dans des pièces différentes d’un même foyer, ou encore pourquoi d’autres sont prêts à payer plus pour une connexion optimisée qu’ils voient comme un avantage dans leur pratique des jeux vidéo en ligne. On constate une évolution rapide dans la demande des consommateurs à la fois en termes d’utilisation des connexions à haut débit, mais aussi au regard des aspects qui en stimulent l’adoption et permettent le développement des infrastructures. Le défi auquel sont confrontés les décideurs et les régulateurs consiste à faire en sorte que le marché soit en mesure de répondre rapidement à cette demande. Pour cela, ils doivent assurer une libre concurrence entre les fournisseurs d’infrastructures de bout en bout ou permettre aux fournisseurs de gros d’optimiser la capacité des détaillants à répondre à cette demande de la même manière que les fournisseurs de bout en bout sur un marché fortement concurrentiel. Il s’agit d’un environnement particulièrement sensible aux mutations des technologies d’accès.

Le DSL représente aujourd’hui 43 % des abonnements au haut débit fixe mais continue de perdre du terrain au profit de la fibre optique, laquelle compte pour 21.2 % des abonnements contre 12.3 % en décembre 2010 (Figure 3.31). Dans leur grande majorité, le reste des abonnements sont des abonnements au câble (32.7 %). Le Japon, la Corée, la Lettonie et la Suède affichent la part la plus importante de fibre optique dans l’offre de haut débit fixe, respectivement à hauteur de 74.9 %, 74.2 %, 62.7 % et 55 %.

Graphique 3.31. Abonnements au haut débit fixe, par technologie, zone OCDE
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Note: DSL = Digital Subscriber Line (ligne d’accès numérique) ; LAN = Local Area Network (réseau local).

Source: OCDE, « Portail de l’OCDE sur le haut débit », Statistiques de l’OCDE sur les télécommunications et l’internet (base de données), www.oecd.org/sti/broadband/oecdbroadbandportal.htm (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658778

Des améliorations sont disponibles pour tous les types de connexions à haut débit fixe afin d’assurer le raccordement final jusqu’aux utilisateurs. Pour les réseaux câblés haut débit, il s’agit de la technologie DOCSIS 3.1, constituant un ensemble de spécifications prenant en charge un débit descendant de 10 Gbit/s et ascendant de 1 Gbit/s dont les premières applications commerciales sont d’ores et déjà proposées à 1 Gbit/s par des sociétés comme Comcast dans des villes sélectionnées aux États-Unis. Dans le cas des réseaux cuivre historiques, des technologies de type XG.Fast ont également permis d’atteindre en laboratoire des débits jusqu’à 10 Gbit/s. Les offres commerciales basées sur les technologies DSL (le VDSL2 par exemple) restent cependant généralement limitées à 100 Mbit/s, comme en Australie ou en Allemagne.

En termes d’accès au haut débit, les réseaux cuivre sont confrontés à deux difficultés de taille. La première est l’altération du débit à mesure que la distance augmente, en raison de l’affaiblissement du signal. La seconde est l’existence d’interférences entre des lignes cuivre regroupées dans un même faisceau. Pour lutter contre ce phénomène il existe une technologie appelée « vectorisation », laquelle permet d’annuler le bruit généré par ces différentes lignes et d’assurer ainsi des débits supérieurs. Ces technologies, que ce soit le DOCSIS ou le DSL, visent néanmoins toutes un même objectif : rapprocher les réseaux fibre de collecte au plus près des abonnés. Exécutée au maximum de ses capacités, cette approche permet un déploiement de la fibre jusqu’aux installations du client, qu’il s’agisse de locaux professionnels ou d’une habitation. Ce type d’architecture est généralement appelé « fibre jusqu’au domicile », mais il existe de nombreux autres points de raccordement possibles sur un réseau, auquel cas on parlera de « fibre jusqu’au répartiteur » ou de « fibre jusqu’au sous-répartiteur ». Bien que les opérateurs mettent en place différentes architectures réseau en fonction de facteurs très variés et ne s’accordent pas nécessairement sur le point de raccordement le mieux adapté pour un réseau particulier, ils s’attachent néanmoins tous à renforcer le déploiement de la fibre optique sur leurs réseaux. C’est la raison pour laquelle tout déploiement de la fibre optique est considéré comme « à l’épreuve du temps », car quelle que soit la manière dont les connexions finales évoluent la fibre optique reste incontournable pour assurer l’efficacité des réseaux de collecte. Cela inclut les réseaux mobiles et hertziens fixes. La principale difficulté pour les décideurs est de ne pas se montrer prescripteurs dans les choix de technologie, mais plutôt de créer les conditions pour que toute option technologique puisse faire l’objet d’un minimum de concurrence et que toute innovation suscitée par la demande puisse être encouragée. Dans les pays où il existe une concurrence dans la fourniture de réseaux de bout en bout, cela implique qu’il doit également exister une concurrence suffisante au niveau des infrastructures de lignes fixes. En revanche, dans le cas des réseaux s’appuyant sur un accès réglementé, cela signifie que les fournisseurs de gros n’ont pas la possibilité d’étouffer la concurrence ou de limiter l’innovation chez les fournisseurs au détail.

Tarification

Entre 2013 et 2016, les pays de l’OCDE ont connu une baisse des tarifs moyens de l’accès au haut débit aussi bien fixe que mobile (Figure 3.32). Ces conclusions découlent d’une comparaison sur la durée de paniers de tarifs moyens spécifiques à l’OCDE pour les services de télécommunications. Ces paniers ont été élaborés pour fournir un aperçu des tarifs pratiqués à un moment donné, et non pour renseigner sur leur évolution dans le temps. L’offre la plus basse est alors systématiquement sélectionnée, même si ses caractéristiques peuvent être différentes des offres précédentes (débit supérieur, volume de données autorisé accru, etc.). Cela dit, il convient néanmoins d’envisager la moyenne de tous les pays de l’OCDE comme un indicateur des tendances à venir, même si tous les paniers de tarifs sont disponibles à la consultation en ligne et offrent des valeurs plus précises pour comparer un pays donné à ses homologues.

Graphique 3.32. Tendances des prix du haut débit fixe et mobile dans la zone OCDE, 2013-16
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Note: PPA = parité de pouvoir d’achat ; Go = gigaoctets ; Mo = mégaoctets.

Source: « Teligen Tariff & Benchmarking Market », données de Strategy Analytics Ltc., selon la méthodologie de l’OCDE, https://www.strategyanalytics.com/access-services/networks/tariffs---mobile-and-fixed#.WUfZ7m997IU .

 https://doi.org/10.1787/888933658797

Une tendance commune rassemble les services de haut débit fixe et mobile. En effet, dans les deux cas, on assiste à une diminution du prix des données, avec les baisses les plus significatives pour les forfaits incluant un volume important de données. Cela est notamment visible dans le tarif relativement stable des forfaits au haut débit fixe à faible volume de données (20 Go/mois). À l’inverse, entre juin 2013 et juin 2016, la moyenne des forfaits à 200 Go a baissé de 15.4 %, passant de 43.25 USD à 36.57 USD en parité de pouvoir d’achat. Les prix du haut débit mobile ont également diminué – les baisses les plus importantes concernant les volumes les plus élevés. En mai 2013, un utilisateur mobile dépensait 70.88 USD pour un forfait à 2 Go, mais il ne dépensait plus que 39.28 USD (en parité de pouvoir d’achat) en mai 2016. Pendant cette période, tous les modes d’utilisation ont bénéficié d’une baisse des tarifs : environ 44.5 % pour les forfaits à 2 Go, 32.6 % pour les forfaits à 1 Go et 23.9 % pour les forfaits à 500 mégaoctets (Mo).

Même si les prix unitaires sont en baisse, tous les utilisateurs ne bénéficient pas de ces réductions. Ils peuvent en effet préférer consacrer la même somme à leur connexion et bénéficier d’un forfait incluant un volume supérieur de données, un débit plus élevé, etc. Sur les marchés des télécommunications mobiles, où les baisses enregistrées ont été les plus importantes, ces tendances sont dans certains pays dues à une concurrence particulièrement vive, mais aussi à une évolution des seuils de données pour s’adapter à une demande plus forte. Ces différents facteurs sont abordés dans la section suivante consacrée aux marchés des télécommunications mobiles en termes de technologies, de débit et de tarification.

Les abonnements au haut débit mobile atteignent de nouveaux records

En décembre 2016, le taux de pénétration du haut débit mobile avait atteint 99.3 % dans la zone OCDE (contre 91 % en décembre 2015). Autrement dit, on comptait alors presque un abonnement au haut débit mobile par habitant (Figure 3.33). Toujours en décembre 2016, l’augmentation de 113 millions de nouveaux abonnements au haut débit mobile dans les pays de l’OCDE entraînait une hausse en glissement annuel de 10 %, favorisée par la croissance continue de l’utilisation des smartphones et des tablettes, faisant ainsi passer le total d’abonnements dans l’OCDE à 1.275 milliard pour une population cumulée de 1.28 milliard.

Graphique 3.33. Nombre d’abonnements au haut débit mobile pour 100 habitants, décembre 2016
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Source: OCDE, « Portail de l’OCDE sur le haut débit », Statistiques de l’OCDE sur les télécommunications et l’internet (base de données), www.oecd.org/sti/broadband/oecdbroadbandportal.htm (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658816

Sur la base des données des 35 pays de l’OCDE, il apparaît qu’entre décembre 2014 et décembre 2016 le Japon a relégué la Finlande à la deuxième place en termes de pénétration du haut débit mobile, avec un taux de 152 % contre 147 % en Finlande. Les États-Unis sont quant à eux passés de la huitième à la quatrième place, ce qui reflète bien la demande croissante de vidéos mobiles et de données de manière générale, et l’apparition d’offres de plus en plus concurrentielles dans ce segment du marché.

Débit et technologie

Par souci de simplicité, les différentes générations de réseaux mobiles sont généralement regroupées sous les appellations « 2G », « 3G » et « 4G », bien qu’il existe une grande variété de technologies associées à ces évolutions. Ces trois générations sont toujours en service aujourd’hui, même si 20 ans après leur déploiement certains réseaux GSM 2G commencent pour la première fois à être démantelés. Telstra en Australie et AT&T aux États-Unis ont entièrement mis hors service leur réseaux 2G au cours de l’année 2016. De son côté, Singapour a désactivé simultanément l’ensemble de ses réseaux 2G au mois d’avril 2017. De nombreux opérateurs de réseaux GSM, au Canada et en Suisse notamment, ont annoncé leur intention de suspendre définitivement leurs services 2G entre 2018 et 2021.

La popularité des smartphones a fait que les consommateurs sont depuis longtemps passés aux services 3G et 4G, mais les réseaux 2G restent largement utilisés pour les communications M2M. Il y a plusieurs raisons à cela, comme le faible coût des équipements 2G (modems) et le fait que certaines applications M2M n’utilisent que peu de données et n’ont pas besoin d’un débit élevé, ou encore la durée de vie importante des appareils (alors que les consommateurs changent de téléphone environ tous les deux ans, les équipements M2M peuvent être utilisés pendant au moins une dizaine d’années). Par rapport au nombre d’antennes utilisées uniquement pour la 3G, le nombre d’antennes de téléphonie mobile assurant la couverture 4G continue d’augmenter dans les pays de l’OCDE. En outre, les premiers essais des réseaux dits « 5G » ont vu le jour en 2016, même si cette norme est toujours en discussion.

Par de nombreux aspects, les réseaux 4G ou plus exactement à la LTE (technologie d’évolution à long terme) correspondaient à une mutation technologique majeure, car il s’agissait des premiers réseaux mobiles conçus pour un système sur IP affichant une latence de transfert bien inférieure à celle des architectures 3G. Les projets basés sur les réseaux 5G visent à optimiser encore davantage les capacités de transfert de données, et bien qu’aucune norme officielle n’ait encore été établie, les expériences passées montrent que certains opérateurs n’attendront pas la publication de ces normes pour proposer des services 5G dans l’espoir de s’emparer de parts de marché et répondre à une demande en plein essor. La particularité des réseaux 5G consiste en l’utilisation de cellules de plus petite taille et, à l’instar des services 4G, en la nécessité d’améliorer les capacités des réseaux de collecte sur réseaux fixes à des fins de délestage du trafic.

Tarification

Alors que les baisses de tarifs sont parfois considérées dans les médias comme la conséquence directe d’une « guerre des prix », elles peuvent aussi être attribuées dans le secteur des communications mobiles à des mutations plus fondamentales sur un marché marqué par de nombreux bouleversements technologiques et commerciaux, mais aussi par une demande des consommateurs en constante évolution. L’apparition d’un nouvel opérateur de réseau mobile (mobile network operator ou MNO) ou un changement de stratégie chez un acteur existant désireux de remporter des parts de marché entraîne presque systématiquement une modification de la tarification des offres visant à attirer toujours plus de clients. Les marchés des télécommunications mobiles actuels sont sujets aux mêmes forces observées précédemment sur les marchés des télécommunications fixes au moment de leur convergence avec l’internet. Ce phénomène peut être observé dans le basculement entre une tarification principalement axée sur la téléphonie vers une tarification basée sur l’utilisation des données.

La tarification des services 4G est souvent très différente de celle des services 3G, grâce à l’exploitation d’une architecture conçue spécifiquement pour le trafic IP. En France par exemple, Iliad Free Mobile propose depuis 2015 un forfait incluant 3 Go de données par mois en 3G, mais aussi 50 Go de données en 4G, sous la forme d’un seul et même abonnement. Autrement dit, à mesure que la couverture 4G se développe, les volumes de données disponibles augmentent eux aussi pour un même tarif initial. Dans d’autres pays, on assiste à des mutations similaires mais sous d’autres formes. La tendance générale reste un basculement entre une tarification séparée de la voix et des SMS (inclus sans limitation dans le cadre d’un forfait global) vers une tarification reflétant réellement la consommation de données. Pour résumer, si l’on considère que la 2G et la 3G étaient optimisées pour la voix et la 4G pour les données, les bouleversements observés dans un nombre croissant de pays ne seraient pas tant la conséquence d’une « guerre des prix » que les signes d’un ensemble de modifications qui marquent la fin d’une situation de statu quo sur ce marché.

Bien qu’on ait souvent évoqué une tendance à la baisse des offres incluant des données illimitées pour les services mobiles suite à l’essor rapide des smartphones, ces offres n’ont en réalité jamais été très fréquentes dans les pays de l’OCDE. Les États-Unis font toutefois plus ou moins figure d’exception dans la mesure où certains opérateurs conservent des offres sans limitation du volume de données, tandis que d’autres les ont restreintes aux services 3G. L’apparition de services 4G a toutefois été marquée par des offres sans limitation du volume de données mais dont le prix est déterminé en fonction du débit sélectionné. Aux États-Unis par exemple, ces approches ont notamment été mises en place par Sprint et T-Mobile, lesquels ont pu proposer un débit de base pour des vidéos de qualité standard et un débit plus coûteux pour des vidéos en haute définition. Dans d’autres pays, comme en Finlande ou en Suisse, les utilisateurs choisissent avant tout un débit pour l’ensemble de leurs services, et ce, sans restriction en termes de volume de données consommées.

L’opérateur finlandais Elisa propose des débits théoriques segmentés pour les services 4G à 50 Mbit/s, 100 Mbit/s et 300 Mbit/s ; et pour les services 3G à 120 kilobits par seconde (2017). Toutes les offres d’Elisa, ainsi que celles des autres opérateurs de Finlande, incluent un volume illimité de données. En Suisse, l’opérateur Swisscom proposait des forfaits sans limitation de données dès 2012, soit en même temps qu’il déployait la 4G. Swisscom propose des débits à partir de 1 Mbit/s, 10 Mbit/s et 50 Mbit/s, ainsi que des offres supérieures vantées comme relevant du très haut débit. D’autres opérateurs sur le marché suisse proposent par ailleurs une combinaison d’offres segmentées et sans limitation de données, toutes avec un débit 4G, à l’instar de certains opérateurs en Lettonie. Une autre différentiation est en outre observée sur le marché letton : l’utilisation d’une combinaison d’offres illimitées, comme celle de l’opérateur Bite qui pour 18.57 USD inclut un abonnement au service de musique en ligne Deezer. Pour certaines offres segmentées avec un seuil maximal de données autorisées, aucune donnée n’est comptabilisée pour des services comme Facebook et WhatsApp.

Bien que la tarification par volume de données reste plus courante qu’une tarification par débit, on observe toutefois une augmentation générale des seuils de données dans les pays de l’OCDE. Cette tendance contribue à une hausse des volumes de données consommées, avec au premier rang la Finlande et la Lettonie (Figure 3.34). La quantité de données utilisées par abonnement en Finlande était de 11 Go/mois en 2016, contre 7 Go/mois un an auparavant (Figure 3.35). En Lettonie, l’apparition d’offres illimitées se traduisait par une augmentation des données utilisées à hauteur de 8.2 Go/mois en moyenne en 2016, contre 5.8 Go/mois en 2015. Sur l’ensemble des pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, le volume de données mobiles est passé de 18 000 pétaoctets (Po) à 27 500 Po, soit une hausse de 52 % entre 2015 et 2016. Cet indicateur ne prend néanmoins pas en compte l’utilisation du wi-fi par les appareils de type smartphones, qui représente le mode d’utilisation des données principal pour de nombreux utilisateurs.

Graphique 3.34. Cinq premiers pays en termes d’utilisation des données par abonnement au haut débit mobile
Gigaoctets par mois
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Note: Go = gigaoctets.

Source: OCDE, « Portail de l’OCDE sur le haut débit », Statistiques de l’OCDE sur les télécommunications et l’internet (base de données), www.oecd.org/sti/broadband/oecdbroadbandportal.htm (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658835

Graphique 3.35. Utilisation des données par abonnement au haut débit mobile, 2016
Gigaoctets par mois
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Note: Go = gigaoctets.

Source: OCDE, « Portail de l’OCDE sur le haut débit », Statistiques de l’OCDE sur les télécommunications et l’internet (base de données), www.oecd.org/sti/broadband/oecdbroadbandportal.htm (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658854

L’avenir est-il au remplacement ?

Bien que tous les pays connaissent une augmentation de l’utilisation des données, le fait que la Finlande, qui enregistrait les plus hauts niveaux d’utilisation, ait également connu des baisses dans le haut débit fixe en 2016 ne doit pas être ignoré. La question est de savoir si les réseaux mobiles ont atteint le seuil déterminant à partir duquel certains utilisateurs pourraient choisir d’abandonner tout simplement les lignes fixes à haut débit. La concurrence entre fixe et mobile peut exister sans pour autant que les deux services constituent deux alternatives parfaitement équivalentes pour les clients. Quoi qu’il en soit, bien que le remplacement des services soit une réalité pour les abonnements fixes et mobiles (comme la téléphonie), les contraintes techniques en termes de bandes de fréquences et de réseaux de collecte font qu’ils restent à ce jour principalement considérés comme complémentaires dans l’accès à l’internet par de nombreux utilisateurs. Cette approche pourrait toutefois évoluer avec le temps pour certains d’entre eux, comme cela semble être le cas en Finlande, si les offres sans limitation de données se multiplient dans les autres pays. À l’inverse, le fait que la Suisse connaisse encore une augmentation des connexions à haut débit fixe laisse également penser que les réseaux fixes peuvent tirer parti de débits toujours plus élevés pour conserver leurs clients et augmenter le nombre d’abonnés.

Il convient de noter que pour les réseaux à proprement parler, le fixe et le mobile sont clairement complémentaires. La généralisation du wi-fi a pour conséquence que la plupart des utilisateurs des pays de l’OCDE se connectent par le biais de cette technologie plus de la moitié de la journée et téléchargent beaucoup plus de données par wi-fi que depuis les réseaux cellulaires. Le délestage du trafic qui en découle permet par ailleurs d’améliorer les performances de l’accès par réseau cellulaire pour les autres utilisateurs, puisque l’effort le plus important reste à la charge des réseaux fixes. L’effet de remplacement peut toutefois s’avérer plus marqué dans les pays où la pénétration du haut débit fixe reste limitée. D’après OpenSignal, les utilisateurs de smartphones en Inde sont connectés par wi-fi seulement 18.4 % du temps et en Birmanie 14.6 % du temps (2017). Cela explique en partie pourquoi les débits moyens dans ces pays sont nettement inférieurs à ceux des pays de l’OCDE.

Dans les pays émergents, le remplacement entre réseaux fixes et mobiles s’est manifesté de manière différente. Là où les réseaux fixes sont les moins développés, les utilisateurs ont évidemment opté pour des connexions mobiles plutôt que pour des connexions fixes. Lorsque la 2G et même la 3G étaient au plus fort de leur déploiement, à des périodes où la voix et les SMS primaient sur les données, cette disparité était moins problématique, mais la situation change radicalement avec la demande croissante de données sur réseau 4G. Aujourd’hui cependant, quand une société comme Reliance lance un réseau 4G en Inde, elle met en avant l’établissement de points d’accès wi-fi comme partie intégrante de son projet de déploiement. Elle inclut ainsi l’utilisation du wi-fi dans ses forfaits, de sorte que les utilisateurs peuvent passer en toute transparence du réseau cellulaire au réseau wi-fi, afin de faire basculer le plus de trafic possible sur les réseaux fixes (Box 3.1).

Encadré 3.1. Tele2 et Reliance Jio

La plupart des opérateurs mobiles ont commencé leurs activités sur les réseaux 2G, quelques-uns sur les réseaux 3G et seule une poignée sur les réseaux 4G. En 2015 aux Pays-Bas, Tele2 fut le premier nouvel acteur à s’attaquer au marché de la 4G sans réseau historique. Au moment du lancement de Tele2, environ 92 % de la population était couverte. Tele2 exploitait toutefois le réseau 2G/3G de T-Mobile NL pour améliorer sa couverture et assurer le transfert des données 2G/3G dans ses zones blanches ou lorsque les appareils utilisés n’étaient pas compatibles avec les données 4G. En optant pour un réseau 4G uniquement, Tele2 a dû faire face à un certain nombre de difficultés. Ainsi, la prise en charge de la technologie VoLTE (Voix sur la technologie d’évolution à long terme) s’est révélée conditionnée par les appareils utilisés ou les fabricants desdits appareils. Plusieurs dispositifs 4G présentaient même une incompatibilité totale avec la VoLTE sur le réseau de Tele2. De nombreux appareils sont par ailleurs configurés pour basculer sur le mode 2G/3G en cas d’appel vocal ou d’appel d’urgence. En septembre 2016, Reliance Industries déployait en Inde un réseau 4G appelé « Jio ». Cet investissement de plus de 20 milliards USD avait pour objectif de couvrir 90 % de la population à l’horizon 2017.

Le point commun de ces deux réseaux 4G est qu’ils sont entrés sur le marché avec des offres incluant les appels et les SMS illimités, dont la tarification se basait uniquement sur les données consommées. Ces deux opérateurs ont par ailleurs choisi de proposer les données à moindre coût pour permettre aux utilisateurs de souscrire des forfaits disposant de volumes de données supérieurs à ce qui était auparavant disponible. Les consommateurs de ces deux pays sont de grands utilisateurs du wi-fi, même si les Néerlandais sont connectés bien plus longtemps par jour que les Indiens. Pour résoudre les problèmes de disponibilité, Jio a planifié la mise en place de points d’accès wi-fi qui tireront parti de l’infrastructure étendue de fibre optique de Reliance. Cette infrastructure lui servira également de base pour le service de fibre jusqu’au domicile à 1 Gbit/s que Jio compte mettre en œuvre dans une centaine de villes.

L’internet des objets

Le nombre d’abonnements M2M a connu une certaine augmentation, reflétant l’adoption d’une partie de l’IdO. De manière générale, les appareils IdO connectés génèrent des quantités de données inférieures à celles imputables aux appareils classiques, même si l’on estime que le nombre d’appareils connectés devrait augmenter rapidement. Pour faire face à cette demande, de nouveaux types de capacités réseau (comme la technologie de faible puissance et à grande portée [low-power, wide-area ou LPWA]) sont actuellement déployées avec diligence dans les pays de l’OCDE. D’aucuns estiment néanmoins que l’utilisation de véhicules autonomes générera des volumes de données bien plus importants, même si l’on ignore encore quelles proportions de ces données devront être transmises en temps réel. Quelle que puisse être la répartition de la demande entre des transferts immédiats sur autoroute et ceux nécessaires pour un véhicule placé dans un garage par exemple, cette évolution pourrait à l’avenir avoir des conséquences majeures sur les besoins en termes d’infrastructures, en parallèle au développement des réseaux fixes et mobiles.

Les abonnements de type machine à machine se développent, soulignant l’adoption croissante de l’internet des objets

L’année 2016 a été marquée par une augmentation de l’adoption des communications M2M, avec 149 millions de cartes SIM M2M en utilisation à la fin de l’année, contre 108 millions fin 2014. La Suède, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Finlande et l’Italie figurent en tête des pays en nombre de cartes SIM M2M pour 100 habitants, sachant toutefois que les données disponibles ne sont pas encore totalement comparables pour l’ensemble des pays. La Suède compte ainsi 87 cartes SIM M2M pour 100 habitants – un niveau bien supérieur à la plupart des autres pays de l’OCDE ayant fourni des données exploitables, même si tous les appareils concernés ne sont pas situés sur le territoire suédois.

Les cartes SIM offrent de nombreuses possibilités d’utilisation en termes de communications M2M. À titre d’illustration, les paragraphes suivants sont consacrés à l’industrie automobile. Un véhicule connecté peut déjà disposer de deux ou trois cartes SIM en sortie d’usine : une à des fins de télémétrie, et une ou plusieurs autres pour les services de divertissement. Certains constructeurs, comme Tesla Motors, ont choisi de vendre des véhicules en assurant leur connectivité grâce aux cartes SIM incluses dans le prix du véhicule. Les utilisateurs peuvent également acquérir des périphériques autonomes pour n’importe quel véhicule en les connectant au port de diagnostic embarqué OBD-II (On-Board Diagnostics II), à l’instar des dispositifs commercialisés par la société Automatic6 . Disponible aux États-Unis, l’« Automatic pro » peut être branché au port OBD d’un véhicule pour lui faire bénéficier d’une connectivité 3G (incluse dans le prix d’achat) sans limitation du volume de données pendant cinq ans. De nombreux autres appareils utilisant le port OBD associé à une carte SIM intégrée visent non seulement à assurer un contrôle du véhicule à des fins de diagnostic, mais aussi à l’enrichir d’un éventail complet de services.

Par le biais d’une clé électronique à connecter au port OBD d’un véhicule, la société Vinli propose de nombreuses applications différentes, assurant des fonctions de sécurité, des services de divertissement ou encore une connectivité wi-fi embarquée7 . Dans certaines villes américaines, Uber utilise des clés électroniques Vinli pour mettre le wi-fi à la disposition de ses utilisateurs. La clé électronique Vinli assure la connexion entre le véhicule d’un utilisateur et son smartphone ou son ordinateur et, dans le cas des États-Unis, assure une connectivité 4G grâce à la carte SIM T-Mobile intégrée. D’après les utilisateurs, les débits constatés oscilleraient entre 30 Mbit/s et 40 Mbit/s. La tarification des dispositifs et des données consommées dépend des partenaires auxquels Vinli fait appel pour assurer ses services et distribuer ses produits. Le service Vinli Sync, chargé d’envoyer les données vers le nuage, est proposé gratuitement les deux premières années pour l’achat de l’appareil, puis sur la base d’une redevance annuelle à partir de la troisième année. En 2016, la plateforme de développement de Vinli comptait plus de 2 000 partenaires et développeurs exploitant sa plateforme infonuagique et sa boutique d’applications. Les développeurs ont la possibilité de référencer leurs produits dans le catalogue d’applications de Vinli et de proposer leurs solutions directement dans les boutiques Apple et Google. En 2016, Vinli a étendu son offre de services en dehors des États-Unis en partenariat avec des MNO des pays concernés.

Certains MNO ont commencé à commercialiser des clés électroniques pour port OBD intégrant leurs propres cartes SIM. AT&T, par exemple, propose le dispositif ZTE Mobley dans le cadre d’un contrat de deux ans avec ses offres DataConnect, pour un tarif de 20 USD pour 1 Go et de 30 USD pour 3 Go (AT&T, 2017)8 . Cet appareil peut également être inclus dans des forfaits AT&T partagés contre une redevance d’accès de 10 USD par mois ou acheté séparément pour la somme de 100 USD. Tous les appareils n’exploitent cependant pas le port OBD pour assurer la connectivité wi-fi des véhicules. Au Royaume-Uni, la société Three commercialise des clés électroniques à carte SIM avec 2 Go de données par mois pour 10 GBP (livres sterling) (13.23 USD). Cette clé peut être connectée soit au port USB d’un véhicule soit à sa prise allume-cigare 12 V. Ces appareils ont pour objectif de fournir des fonctions de connectivité à un véhicule, mais aucunement d’en établir des diagnostics techniques. Certains véhicules offrent également aux utilisateurs la possibilité de connecter leur smartphone personnel et de profiter de leurs abonnements mobiles existants. Les services proposés peuvent ainsi tirer parti des abonnements dont dispose déjà l’utilisateur pour écouter de la musique en ligne ou passer des appels en mode mains-libres, ou encore bénéficier d’une amplification du signal en utilisant le véhicule comme antenne. À l’instar des clés électroniques, ces services ne sont toutefois pas intégrés de la même manière que dans le cas d’un appareil OBD ou des cartes SIM installées de série.

Les constructeurs automobiles ont développé des options de connectivité en intégrant des cartes SIM directement dans leurs véhicules. General Motors (GM) a été l’un des premiers constructeurs à adopter cette pratique dans le cadre d’un partenariat avec AT&T qui a donné naissance au service « OnStar »9 . Les véhicules GM bénéficient ainsi du réseau 4G LTE d’AT&T pour des périodes plus ou moins importantes. Cette connectivité est incluse avec l’acquisition de véhicules neufs ou d’occasion, et pour des services de base ou haut de gamme. À la fin de la période définie, les utilisateurs ont la possibilité de prolonger leur abonnement au service OnStar ou, s’ils sont déjà clients d’AT&T, d’ajouter leur véhicule comme bénéficiaire de leur forfait de données mobiles pour 10 USD par mois. D’autres constructeurs, comme BMW ou Audi, intègrent également des cartes SIM dans leurs véhicules et proposent des services connectés en partenariat avec les MNO locaux dans un nombre croissant de pays.

En octobre 2015, BMW a intégré à certains véhicules un point d’accès wi-fi permettant à 10 appareils de bénéficier simultanément d’une connectivité à l’internet. En Allemagne, BMW propose ces services connectés en partenariat avec Deutsche Telekom et aux États-Unis avec AT&T. Le système « ConnectedDrive » de BMW offre un accès à des informations basées sur la géolocalisation, comme les prévisions météorologiques et les actualités, ainsi qu’une fonction de recherche en ligne prise en charge par Google10 . Les différents services et fonctionnalités (informations de stationnement, guides touristiques ou d’hébergement, etc.) peuvent directement être consultés à l’aide de la carte SIM du véhicule, sans que la connexion d’un smartphone ne soit nécessaire. Les applications propriétaires disponibles sur la boutique BMW bénéficient d’un accès illimité à certains services sélectionnés ou sont proposées à l’utilisateur sous la forme d’un abonnement spécifique.

Les premiers véhicules BMW équipés de cartes eSIM virtuelles ont fait leur apparition en Allemagne au milieu de l’année 2016. Une fois les normes correspondantes finalisées et adoptées, ces nouvelles cartes SIM pourraient à l’avenir permettre aux utilisateurs de changer de fournisseur d’accès. Pour le moment néanmoins, la tendance générale dans les véhicules de la plupart des constructeurs est d’utiliser un équipement matériel intégrant des cartes SIM directement soudées à la plateforme radio mobile de l’unité centrale des véhicules. Cela signifie que les utilisateurs n’ont pas la possibilité de choisir leur fournisseur de carte SIM au moment de l’achat du véhicule, ni d’en changer par la suite.

Aux États-Unis, les cartes SIM 3G/4G intégrées aux véhicules Audi permettent un accès aux services de données, comme la navigation par Google Earth et Google Street View, ainsi qu’à des informations sur les itinéraires, l’état des routes, le trafic ou encore le stationnement. Les conducteurs peuvent par ailleurs bénéficier d’un accès direct à leur compte Twitter, à leur messagerie électronique ou encore à l’agenda de leur smartphone. Il n’existe pour ces services aucune limitation du volume de données, puisqu’ils sont inclus dans le prix du véhicule pour une durée de trois ans. La connectivité wi-fi fait quant à elle l’objet de forfaits séparés. Il est également possible pour les clients d’utiliser leurs propres smartphones et forfaits de données, même si dans ce cas, l’utilisation des services non décomptés proposés par Audi n’est pas prise en charge de manière illimitée. Dans la plupart des pays européens, lorsque les utilisateurs changent de région, le système se connecte automatiquement au MNO sélectionné par Audi, évitant ainsi d’éventuels frais d’itinérance. En collaboration avec d’autres constructeurs, comme BMW et Toyota, et en coopération avec Deutsche Telekom, Audi mène actuellement des expérimentations afin d’évaluer les capacités de la LTE-V (technologie d’évolution à long terme pour les véhicules) – la version pour véhicules de la technologie radio cellulaire 4G d’évolution à long terme (Hammerschmidt, 2016 ; voir également Allevin, 2016).

Les véhicules autonomes connectés devraient générer d’importants volumes de données mobiles

Les automobiles connectées génèrent des volumes de données toujours plus importants. Une partie de ces données correspondent simplement aux services de divertissement auxquels accèdent les utilisateurs par l’intermédiaire de cartes SIM embarquées, mais elles intègrent aussi les communications IdO entre appareils. La clé électronique Vinli, par exemple, est capable de communiquer avec le dispositif Alexa d’Amazon pour activer certaines fonctionnalités domotiques, tout comme les services des constructeurs automobiles ou des MNO.

On estime que les véhicules autonomes pourraient générer d’importants volumes de données. Il est possible de faire basculer une partie des données vers une connexion fixe, par exemple à l’aide d’une connexion wi-fi lorsqu’un véhicule est remisé dans un garage. À l’inverse, certaines données doivent absolument être transmises en temps réel. À titre d’exemple, les données générées par les capteurs intégrés aux véhicules de dernière génération peuvent être utilisées pour avertir les autres véhicules de dangers potentiels sur l’itinéraire emprunté11 . HERE, société d’infonuagique de géolocalisation ouverte, vise par exemple à fournir des données localisées afin de vérifier et d’améliorer les cartes et les informations associées, de détecter en amont les incidents routiers, ou encore de diffuser des avertissements en cas de mauvaises conditions de circulation (nids de poule, travaux de voirie, etc.). De telles informations s’avéreront essentielles pour les véhicules qui bénéficieront d’une plus grande marge de manœuvre en termes d’autonomie de conduite. HERE, société initialement américaine désormais détenue conjointement par Audi, BMW et Daimler, a développé les spécifications d’un format de données universel qui permettra un échange de données normalisé entre véhicules, y compris avec les véhicules autonomes (Tipan, 2016). Ce format prendra en charge l’échange d’informations en temps réel sur le trafic routier, les conditions météorologiques et les places de stationnement entre véhicules de constructeurs différents.

En octobre 2015, le site web de Google consacré à son modèle de véhicule autonome indiquait que dans le cadre de ce projet les données de 2.4 millions de kilomètres de route avaient été enregistrées12 . La société a ensuite recueilli les données de 2.1 milliards de kilomètres de route grâce à des véhicules à pilotage automatique évoluant sur des terrains variés et sous des conditions météorologiques diverses dans le monde entier (Hull, 2016). Tous les véhicules Tesla (après les 60 000 premiers modèles produits) disposent des équipements nécessaires au pilotage automatique et transmettent les données d’utilisation correspondantes à Tesla Motors. Ford Motors indique que ses anciens modèles généraient 500 Mo de données par heure, alors que ses modèles actuels pourraient dépasser les 25 Go par heure13 . De toute évidence, seule une partie de ces données sont transmises en temps réel. Chevrolet indique en outre que ses clients ont consommé plus de 5 600 téraoctets de données entre décembre 2014 et décembre 2016 (Figure 3.36). Le volume global de données devrait augmenter au fil du temps, proportionnellement au nombre de véhicules connectés vendus et au nombre d’applications développées, mais aussi sous l’effet d’une baisse généralisée des prix. En juin 2016 par exemple, Chevrolet a réduit le tarif mensuel de son offre à 1 Go en la faisant passer de 20 USD à 10 USD, et de son offre à 20 Go de 80 USD à 40 USD.

Graphique 3.36. Utilisation des données par les véhicules Chevrolet connectés
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Note: To = téraoctets.

Source: Chevrolet (2016), « Chevrolet lowers 4G LTE data pricing up to 50 percent » (Chevrolet réduit jusqu’à 50 % le prix des données 4G LTE), http://media.chevrolet.com/media/us/en/chevrolet/home.detail.html/content/Pages/news/us/en/2016/jun/0629-onstarData.html .

 https://doi.org/10.1787/888933658873

À terme, Intel considère que le volume de données que commencent à produire les véhicules semi-autonomes laisse envisager que leurs versions entièrement autonomes pourraient produire 4 000 Go de données par jour d’ici à 2020, soit l’équivalent de l’utilisation quotidienne moyenne estimée pour la même période de 3 000 utilisateurs de smartphones (Waring, 2016a). Cette fois encore, il convient de préciser que de tels volumes de données ne devront pas forcément être transmis en temps réel sur les réseaux cellulaires. Cela souligne néanmoins la nécessité potentielle de développements plus approfondis dans des domaines comme la 5G, les réseaux de collecte de fibre optique, les communications à faible portée entre véhicules et autres technologies, mais aussi en termes de tarification des données pour l’IdO. Les nouveaux avancements de la version 6 du protocole internet (IPv6) devraient par ailleurs s’avérer particulièrement bénéfiques, vu l’épuisement actuel des adresses IPv4.

L’adoption du protocole internet IPv6 est en bonne voie

Évaluer un processus en cours comme l’adoption du protocole IPv6 à l’échelle mondiale nécessite l’utilisation de méthodologies différentes pour appréhender les composantes multiples de l’internet (OCDE, 2014). Son utilisation a augmenté de manière significative au cours des dernières années, même si le niveau de départ était en réalité très faible. On peut toutefois observer quelques différences notables suivant l’indice ou la perspective adoptée :

  • Les données de l’APNIC (Asia Pacific Network Information Centre), mesurant la capacité et la propension des réseaux à opter pour l’IPv6, montrent que son taux de pénétration mondiale est passé de 2.5 % à 6.5 % entre octobre 2014 et mi-septembre 2016.

  • Les statistiques de Google sur l’IPv6, déterminant le pourcentage d’utilisateurs accédant à ses services par ce biais, indiquent que 13.6 % des utilisateurs se sont connectés via l’IPv6 à la mi-septembre 2016, contre 3.9 % début octobre 2014 (Figure 3.37).

  • Le pourcentage de réseaux prenant en charge l’IPv6 s’élevait à 26.3 % en juillet 2016, d’après les estimations de RIPE NCC sur la base de la table de routage mondiale du protocole BGP (Border Gateway Protocol), soulignant ainsi une augmentation de 18 % en juillet 201414 .

Graphique 3.37. Adoption mondiale de l’IPv6
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Note: IPv6 = Internet Protocol version 6 (protocole internet, version 6).

Sources: Google (2016), « Per-country IPv6 adoption » (Adoption de l’IPv6 par pays), www.google.com/intl/en/ipv6 (consulté en juillet 2016) ; APNIC (2017), « IPv6 Measurement Maps » (Cartographie de l’IPv6), http://stats.labs.apnic.net/ipv6 (consulté en juillet 2017).

 https://doi.org/10.1787/888933658892

La différence observée entre les données de Google et de l’APNIC est vraisemblablement due au type de mesure effectuée. Les données de l’APNIC soulignent la capacité des réseaux à prendre en charge l’IPv6, alors que les données de Google indiquent le pourcentage de terminaux capables d’établir une connexion grâce à l’IPv6. À mesure qu’augmentera la part des réseaux prenant en charge l’IPv6, les effets de cette évolution seront directement visibles dans les mesures réalisées par Google, puisqu’ils témoigneront d’une hausse du nombre total de connexions IPv6 de bout en bout établies par les utilisateurs15 .

Lorsque l’on analyse les données relatives aux échanges sur l’internet, les tendances en termes d’adoption varient sensiblement en fonction du type de données exploitées. Le trafic IPv6 enregistré par l’Amsterdam Internet Exchange (AMS-IX), deuxième plus important point d’échange internet au monde, représente seulement 1.5 % du trafic total de l’IPv4 et de l’IPv6 combinés échangé par près de 800 réseaux connectés16 . Le London Internet Exchange (LINX), autre point d’échange européen de premier rang, dénombre sept fois moins de préfixes IPv6 actifs pour l’un de ses serveurs de routage17 . Si l’on se penche toutefois sur les sessions actives, le nombre de sessions IPv6 représente environ 38 % des sessions IPv4 et IPv6 combinées – une valeur qui offre des perspectives bien plus encourageantes18 .

Comparer les taux d’adoption de l’IPv6 par pays constitue une excellente base de référence pour les décideurs. En octobre 2016, la Belgique occupait la première place des pays de l’OCDE en termes d’adoption de l’IPv6, avec un taux de 45.4 %, bien au-devant des États-Unis (28.8 %), de la Grèce (26.1 %) et de la Suisse (26.1 %) d’après les mesures établies par Google (Figure 3.38)19 . Les efforts menés par les pouvoirs publics, les institutions non gouvernementales et la communauté technique pour accélérer cette adoption ne semblent avoir que partiellement porté leurs fruits : en octobre 2016, seuls six pays de l’OCDE affichaient un taux de pénétration supérieur à 20 % et dix d’entre eux ne dépassaient pas la barre de 1 %.

Graphique 3.38. Adoption de l’IPv6 par pays
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Note: IPv6 = Internet Protocol version 6 (protocole internet, version 6).

Sources: Google (2016), « Per-country IPv6 adoption » (Adoption de l’IPv6 par pays), https://www.google.com/intl/en/ipv6 (consulté en juillet 2017) ; APNIC (2017), « IPv6 Measurement Maps » (Cartographie de l’IPv6), http://stats.labs.apnic.net/ipv6 (consulté en juillet 2017) ; Akamai (2016), « State of the Internet IPv6 adoption: Q1 2016 report » (Rapport sur l’adoption du protocole IPv6 : 1er trimestre 2016), https://www.akamai.com/uk/en/our-thinking/state-of-the-internet-report/state-of-the-internet-ipv6-adoption-visualization.jsp .

 https://doi.org/10.1787/888933658911

L’épuisement de l’espace d’adressage de l’IPv4 continue de poser problème

L’appauvrissement de l’espace d’adressage IP reste un sujet d’inquiétude dans la mesure où les registres internet régionaux continuent de manquer de blocs IPv4. L’épuisement de la réserve d’adresses IP à usage général qui a touché l’ARIN fin septembre 2015 faisait suite au même phénomène de raréfaction des ressources d’adressage qu’ont connu d’autres registres régionaux : l’APNIC en avril 2011, le RIPE NCC en septembre 2012 et le LACNIC en juin 2014. L’African Network Information Center (AFRINIC) est le seul registre disposant encore d’adresses IP à usage général. On estime que sa réserve d’adresses devrait lui permettre de tenir jusqu’en juillet 2018, à condition que la demande dans cette région reste à son niveau actuel.

Dans un contexte où l’espace d’adressage IPv4 est presque épuisé, la communauté technique et le secteur dans son ensemble se tournent vers d’autres domaines d’intérêt. Cela peut consister en une meilleure compréhension de l’utilisation réelle de l’espace d’adressage IPv4 et de ses implications en termes de pratiques opérationnelles et de décisions de gouvernance.

Une étude statistique récente affirme que le simple dénombrement des adresses ne permet pas de rendre compte de la situation de plus en plus complexe de l’exploitation de l’espace d’adressage IPv4 (Richter et al., 2016). Cette étude fait état de 1.2 milliard d’adresses IPv4 uniques actives – une valeur supérieure à n’importe quelle autre estimation réalisée jusqu’alors. Les données indiquent que le jeu d’adresses IP actives sur une année évolue à hauteur de 25 %. Les conséquences possibles pour les diverses parties prenantes étaient également décrites dans cette étude. Pour la communauté métrologique, les conclusions montrent que des mesures actives à distance suffisent pour un recensement des adresses IP, notamment en termes de granularité à cette échelle. Les auteurs estiment par ailleurs que le recours à des indicateurs permettant de comprendre l’utilisation réelle de l’espace d’adressage IPv4 peut permettre aux organes de gouvernance, comme les registres internet régionaux, de mieux déterminer le niveau de conformité à leurs politiques de transfert respectives. Les professionnels de la gestion des réseaux pourraient également bénéficier d’une meilleure visibilité sur leurs pratiques d’affectation des adresses IPv4 et obtenir ainsi de meilleurs résultats. Enfin, les professionnels de la sécurité pourraient ainsi prendre des décisions plus avisées, mieux adapter les contrôles d’accès au niveau de l’hôte et mettre en place des mécanismes de gestion de la réputation20 .

La connectivité de l’internet des objets peut être assurée grâce à différentes options sans fil

L’IdO peut compter sur un certain nombre d’options sans fil existantes et émergentes pour répondre à ses besoins de connectivité. L’une d’entre elles est le recours aux technologies de communication LPWA, par le bais de bandes de fréquences non soumises à licence. Des technologies LPWA normalisées pour les opérateurs mobiles exploitant des bandes de fréquences sous licence sont également en cours de développement dans le cadre du 3rd Generation Partnership Project (3GPP) et devraient être disponibles sur le marché au cours de l’année 2017. Cette technologie est conçue pour les réseaux M2M, afin d’assurer l’interconnexion des appareils à bas débit, tout en améliorant leur portée et leur efficacité énergétique.

Les partisans du LPWA estiment que ces technologies réseau peuvent permettre d’éliminer efficacement un certain nombre d’obstacles au développement d’applications IdO qui ne nécessitent pas de réseau à faible latence, notamment en termes de coûts d’équipement, de consommation d’énergie et de déploiement des réseaux. La capacité à exploiter des bandes de fréquences non soumises à licence, comme la bande ISM 868-902 mégahertz (MHz) en Europe et en Amérique du Nord, ainsi qu’une demande croissance d’applications de faible puissance pour l’IdO ont permis le développement de deux principaux systèmes LPWA concurrents : Sigfox et LoRa.

Créé en 2009 et basé en France, l’opérateur Sigfox a été le premier à mettre au point une technologie à bande ultra-étroite (ultra-narrow band technology) de type cellulaire. Dans la mesure où l’infrastructure de Sigfox s’appuie sur des opérateurs de télécommunication existants, l’élargissement de son réseau implique le développement de partenariats avec des fournisseurs de technologies locaux. En mars 2017, Sigfox était présent dans 32 pays et projette d’étendre son implantation à 60 pays d’ici à 2018 (Sigfox, 2017). La société a bénéficié d’un investissement du groupe Total à la fin de l’année 2016 et a annoncé un partenariat avec Telefónica en mars 2017 (Sigfox, 2017). Associé à ses partenaires, Sigfox dispose d’une couverture nationale dans des pays comme l’Espagne, la France, l’Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Portugal.

La LoRa Alliance a été mise en place dans le but de promouvoir le protocole LoRa (LoRaWAN) en qualité de norme ouverte pour une connectivité IdO sécurisée de classe opérateur. Un programme de certification a été mis en place pour les fabricants d’appareils afin de garantir leur conformité et leur compatibilité avec l’ensemble des opérateurs. Cet aspect représente l’un des principaux défis pour l’établissement d’un internet des objets véritablement mondial. Les Pays-Bas, la Suisse et la Corée ont été les trois premiers pays à disposer d’une couverture LoRaWAN nationale, tel qu’annoncé respectivement par les opérateurs KPN, Swisscom et SK Telecom entre mars et juillet 2016. Le jour du lancement national aux Pays-Bas, KPN comptait déjà 1.5 million d’appareils capables de se connecter à son réseau, bénéficiant de la popularité de ce service dans ses implantations initiales à Rotterdam et la Haye (KPN, 2016). En Corée, SK Telecom a de son côté annoncé un investissement de 90 millions USD dans l’infrastructure LoRa et estime à 4 millions le nombre d’appareils IdO qui pourront s’y connecter d’ici à la fin 2017 (Waring, 2016b). L’opérateur Swisscom a quant à lui pour ambition de proposer via son réseau LoRa une couverture extérieure de 80 %, ainsi qu’une couverture intérieure minimale dans des villes sélectionnées, comme Zurich, Genève, Lausanne et de nombreuses autres.

Les partisans des réseaux LoRa mettent en avant l’aspect très économique de cette solution de connectivité, notamment pour les MNO publics cherchant à compléter leur offre actuelle de produits M2M à l’aide des réseaux mobiles 2G, 3G et 4G. Les antennes existantes peuvent être mises à niveau par le biais de dispositifs LoRa certifiés (émetteurs et passerelles), constituant ainsi une nouvelle solution de connectivité pour les applications à base de capteurs. Les capacités de pénétration et de longue portée de la bande de fréquences à 900 MHz permettent une couverture par émetteur de 2 à 5 kilomètres dans les environnements urbains à forte densité et jusqu’à 15 km dans les zones ouvertes suburbaines. D’après la LoRa Alliance, ce protocole présente de nombreux avantages par rapport aux technologies concurrentes, comme son caractère bidirectionnel, sa sécurité, sa mobilité pour le suivi des ressources et la précision de la géolocalisation (LoRa Alliance, 2017).

Approches de tarification initiales pour la technologie de faible puissance et à grande portée

À mesure que prospère le marché de la connectivité IdO, les opérateurs de réseau développent de nouvelles approches tarifaires plus adaptées à la demande du marché. Par de nombreux aspects, les expérimentations mises en œuvre dans le cadre des premiers déploiements font écho à celles connues pour n’importe quel autre nouveau réseau. Les offres commerciales et tarifaires associées aux appareils connectés utilisant les réseaux LPWA sont pour le moins disparates – que les opérateurs utilisent ou non la même technologie sous-jacente. Dans le cas de Sigfox, un média spécialisé mentionnait un tarif de 1 USD par appareil et par an pour les contrats comptant au moins 50 000 appareils (Shankland, 2016). Certains opérateurs coréens et suisses ont toutefois adopté des approches différentes (Table 3.1).

Tableau 3.1. Offres commerciales et tarifaires pour les réseaux LPWA

SK Telecom (Corée)

Swisscom (Suisse)

Forfait

Seuil de données1

Prix fixe mensuel

Offre de faible puissance par appareil

Nombre de messages par jour2

Band IoT 35

100 ko

0.30 USD

XS

2/1

Band IoT 50

500 ko

0.43 USD

S

4/1

Band IoT 70

3 Mo

0.61 USD

M

24/2

Band IoT 100

10 Mo

0.87 USD

L

48/4

Band IoT 150

50 Mo

1.31 USD

XL

96/9

Band IoT 200

100 Mo

1.75 USD

XXL

144/14

1. L’utilisation de données au-delà du seuil défini sera facturée à hauteur de 0.005 KRW (wons) par tranche de 0.5 ko.

2. Liaison montante / liaison descendante.

IoT = IdO (internet des objets) ; ko = kilo-octets ; Mo = mégaoctets.

Sources: SK Telecom (2016), « SK Telecom commercializes nationwide LoRa network for IoT » (SK Telecom commercialise un réseau LoRa conçu pour l’IdO à l’échelle du pays), www.sktelecom.com/en/press/detail.do?idx=1172 ; Swisscom (2017), « Low power network product and service overview » (Présentation des services et produits pour réseaux de faible puissance), http://lpn.swisscom.ch/e/our-offering (consulté le 22 mars 2017).

SK Telecom propose en Corée six forfaits différents incluant un volume maximal de données pour un prix fixe mensuel. L’offre tarifaire la plus économique, nommée Band IoT 35, octroie 100 kilo-octets de données pour environ 0.30 USD par mois. Pour les applications nécessitant un volume de données plus important, d’autres forfaits sont disponibles comme Band IoT 100 allouant 10 Mo de données pour 0.87 USD par mois ou encore Band IoT 200 allant jusqu’à 100 Mo pour environ 1.75 USD par mois (SK Telecom, 2016). Les services LoRa proposés par SK Telecom coûtent à peine 1/10e du prix de leurs services IdO sur réseau LTE, et d’importantes remises sont offertes aux clients professionnels en fonction de la durée de leur contrat et du nombre de lignes incluses.

Chez Swisscom, les forfaits de connectivité de faible puissance sont conçus en tant qu’offres groupées pour un appareil. Plutôt que d’imposer un volume de données maximal, chaque offre groupée inclut un nombre défini de messages en liaison montante et descendante par jour. L’offre minimale (XS) autorise 2 messages en liaison montante et 1 message en liaison descendante, l’offre M part sur un ratio de 24/2 messages, et l’offre la plus complète (XXL) inclut jusqu’à 144 messages en liaison montante et 14 messages en liaison descendante (Swisscom, 2017).

Une itinérance mondiale pour l’internet des objets

Avant que les spécifications du LPWA ne soient incluses dans les normes 3GPP utilisées dans le secteur des communications mobiles, plusieurs acteurs ont annoncé leur souhait d’établir un système d’itinérance mondial basé sur le protocole LoRa (Yoon, 2016). Ce système permettrait de déployer des appareils LoRaWAN sur différents réseaux et de basculer d’un réseau à un autre, quel que soit l’opérateur ou l’infrastructure réseau. Pour qu’un tel projet d’envergure mondiale puisse être mis en application, les opérateurs de réseaux LoRa devront d’abord négocier des accords d’itinérance, comme ont pu le faire les opérateurs de téléphonie mobile au cours des 20 dernières années.

Références

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Akamai (2017), « State of the Internet IPv6 adoption », Akamai, Cambridge, Massachusetts, https://www.akamai.com/uk/en/our-thinking/state-of-the-internet-report/state-of-the-internet-ipv6-adoption-visualization.jsp .

Akamai (2016), « Akamai’s state of the Internet: Q1 2016 report », Akamai, Cambridge, Massachusetts, www.akamai.com/us/en/multimedia/documents/state-of-the-internet/akamai-state-of-the-internet-report-q1-2016.pdf .

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Richter, P. et al. (2016), « Beyond counting: New perspectives on the active IPv4 address space », ICM 2016 Proceedings, 14-16 novembre, Santa Monica, Californie, https://net.t-labs.tu-berlin.de/~prichter/imc174-richterA.pdf .

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Tipan, E. (2016), « SENSORIS to fast-track development of self-driving cars », Autoindustriya, 1er juillet, www.autoindustriya.com/auto-industry-news/sensoris-to-fast-track-development-of-self-driving-cars.html (consulté le 22 septembre 2016).

Waring, J. (2016a), « Intel CEO: 5G crucial to manage coming M2M data flood », Mobile World Live, 2 septembre, www.mobileworldlive.com/asia/asia-news/intel-ceo-says-coming-m2m-data-flood-requires-5g .

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Yoon, S.W. (2016), « SKT pushing for IoT global roaming », The Korea Times, 14 juillet, www.koreatimes.co.kr/www/news/tech/2016/07/133_209420.html (consulté le 22 septembre 2016).

Notes

← 1. Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.

← 2. La norme LTE-M fait partie des technologies de faible puissance et à grande portée conçues pour assurer la connectivité aux appareils M2M et IdO. Elle permet d’augmenter la portée des réseaux mobiles LTE (4G) existants.

← 3. Le chiffre d’affaires correspond à la valeur totale des factures générées par la vente de biens ou services à des tiers, droits et taxes inclus (hors taxe sur la valeur ajoutée) et des éventuels autres frais imputés aux clients.

← 4. Les données mondiales sont calculées sur la base des valeurs d’exportations de TIC fournies par les pays déclarants et enregistrées dans la base de données BTDIxE. Les exportations sont exploitées en valeur brute ; aucune correction n’est appliquée pour les réimportations ou les réexportations.

← 5. Les importations mondiales sont calculées sur la base des valeurs d’importations de TIC fournies par les pays déclarants et enregistrées dans la base de données BTDIxE. Les importations sont exploitées en valeur brute ; aucune correction n’est appliquée pour les réimportations ou les réexportations.

← 6. Voir : https://www.automatic.com/pro .

← 7. Voir : https://www.vin.li . Une clé électronique est un petit dispositif matériel à connecter à un autre appareil pour l’enrichir de fonctionnalités supplémentaires.

← 8. Voir : https://www.att.com/devices/zte/mobley.html#sku=sku7700323 .

← 9. Voir : https://www.onstar.com/us/en/home.html .

← 10. Voir : www.bmw.com/com/en/newvehicles/7series/sedan/2015/showroom/services_and_apps.html .

← 11. Voir : https://company.here.com/automotive/new-innovations/sensor-ingestion .

← 12. Voir : https://www.google.com/selfdrivingcar .

← 13. Voir : https://www.cnet.com/roadshow/news/ford-our-cars-will-give-you-control-of-your-driver-data .

← 14. Les données RIPE NCC permettent de calculer la proportion des réseaux, comme les systèmes autonomes (autonomous systems ou ASes), qui utilisent un préfixe IPv6 par rapport au nombre total d’AS que compte la table de routage.

← 15. Pour que le terminal d’un client soit en mesure d’établir une connexion IPv6, l’ensemble des sous-systèmes de l’internet doivent également assurer une prise en charge totale du protocole IPv6, y compris les réseaux intermédiaires et de transit.

← 16. Les statistiques AMS-IX affichent un débit de 4 800 Gbit/s pour l’IPv4 et de 72 Gbit/s pour l’IPv6. Voir : https://ams-ix.net/technical/statistics et https://ams-ix.net/technical/statistics/sflow-stats/ipv6-traffic .

← 17. Les serveurs de routage sont gérés par les opérateurs d’échange internet afin de simplifier le routage IPv4 et IPv6 entre réseaux.

← 18. Le nombre de préfixes IPv4 actifs s’élève à 123 000 et IPv6 à 18 000. Le nombre de sessions IPv4 actives s’élève à 525 et IPv6 à 325. Voir : https://www.linx.net/tech-info-help/route-servers .

← 19. Les données Google ont ici été utilisées car elles sont plus représentatives de la pénétration réelle de l’IPv6 auprès des utilisateurs.

← 20. Les rapports montrent que plus de 30 % des blocs d’adresses IP actifs (± 1.5 million/24 blocs) présentent un niveau d’exploitation inférieur à 64 adresses IP actives. Des études complémentaires indiquent que le mode d’adressage statique est la principale cause de ces faibles niveaux d’utilisation. À l’inverse, plus de 80 % des 24 adresses actives qui semblent avoir été gérées de manière dynamique affichent un haut niveau d’utilisation.