Préface

Ce troisième Examen environnemental de la Suisse suit les progrès réalisés par le pays dans la poursuite de ses objectifs environnementaux depuis le précédent examen de l’OCDE publié en 2007. De nombreuses évolutions ont eu lieu depuis. Pas plus tard que le 21 mai 2017, la population suisse a ainsi approuvé par votation la proposition du gouvernement de modifier la Loi fédérale sur l’énergie pour permettre un abandon progressif du nucléaire au profit des sources d’énergie renouvelables locales. Cette réforme est supposée générer des investissements et créer des emplois en Suisse, bénéficiant ainsi non seulement à l’environnement, mais aussi à la population et à l’économie. La taxe carbone a également été augmentée l’année dernière en Suisse, atteignant 77 EUR par tonne, un montant qui place le pays à un bon rang face aux autres pays de l’OCDE ayant mis en place une taxe similaire. Après une longue période de négociations, le Système d’échange de quotas d’émission de la Suisse sera bientôt couplé avec celui de l’Union européenne.

La Suisse a par ailleurs fourni d’importants efforts pour améliorer les performances environnementales de son secteur agricole. Ces dernières années notamment, une part considérable des paiements effectués dans le cadre de la politique agricole a été officiellement consacrée à la préservation de la biodiversité agricole et à la protection des paysages suisses. La Suisse s’est aussi montrée proactive dans le secteur des transports. Elle est l’un des trois pays de l’OCDE à taxer plus lourdement le gazole que l’essence. Un transfert modal du fret de la route vers le rail a été encouragé par le système de péages pour les poids lourds et par l’ouverture du tunnel de base du Saint-Gothard en décembre 2016, le plus long tunnel ferroviaire du monde.

Si l’on observe certains indicateurs environnementaux, la Suisse affiche de bons résultats. Ses meilleures performances, en comparaison des autres pays de l’OCDE, sont celles en matière d’intensité d’émissions de gaz à effet de serre et de productivité matérielle. La Suisse doit également être félicitée pour son approche innovante visant à renforcer les liens entre les domaines de l’eau et de la biodiversité. En particulier depuis 2011, année de la révision approfondie de la Loi fédérale sur la protection des eaux, elle a engagé un vaste projet de renaturation de ses cours d’eau. Ce projet constitue un exemple fascinant d’initiative politique transversale, car il n’a pas seulement trait à la gestion de l’eau et à la préservation de la biodiversité, mais également à la politique énergétique et à l’aménagement du territoire.

Selon de récents sondages, la grande majorité des Suisses estiment que la situation environnementale de leur pays est satisfaisante. De nombreux éléments laissent toutefois penser que ce sentiment est en décalage avec la réalité. Le volume de déchets municipaux a augmenté de 27 % depuis 2000, parallèlement à la consommation finale privée. La Suisse possède l’un des pourcentages les plus élevés d’espèces menacées (y compris des mammifères) au sein des pays de l’OCDE. La moitié des 20 plus grands lacs suisses souffrent encore d’eutrophisation et de manque d’oxygène, à tel point que certains d’entre eux doivent faire l’objet d’une aération artificielle.

En outre, la Suisse se caractérise par une empreinte écologique énorme liée à des modes de consommation non viables. Sa consommation a des incidences notables bien au-delà de ses frontières. Le Plan d’action Economie verte qu’elle a adopté en 2013, reconnaît la nécessité d’une transition vers des modes de consommation durables, respectueux des ressources limitées de la planète.

Cet examen présente 42 recommandations destinées à faire progresser les politiques et performances environnementales de la Suisse. J’espère également qu’il contribuera efficacement aux efforts actuels visant à renforcer la cohérence des politiques et à promouvoir l’environnement en tant que facteur de croissance économique.

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Angel Gurría

Secrétaire général de l’OCDE