Chapitre 3. La nécessaire amélioration du bien-être dans la perspective de l’émergence du Sénégal

Ce chapitre analyse le développement du Sénégal sous l’angle du niveau de bien-être des populations. En s’appuyant sur le cadre d’évaluation développé par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la première section offre un tour d’horizon des forces et faiblesses du pays en matière du bien-être des Sénégalais. La deuxième section s’intéresse à l’ampleur de la pauvreté et la faiblesse de l’emploi qui minent tous deux les possibilités de consommation des populations. Enfin, une troisième section est consacrée aux faiblesses du système éducatif, qui retardent le développement économique du Sénégal. L’analyse porte sur les ressources financières engagées vis-à-vis des résultats obtenus, le système de gouvernance, la politique de ressources humaines et l’organisation scolaire.

  

Le développement économique du Sénégal n’a pas amélioré durablement le bien-être des populations.

Les dimensions du cadre d’évaluation du bien-être de l’OCDE s’inscrivent dans les domaines d’actions de l’axe 2 du Plan Sénégal émergent (PSE). L’axe 2 du PSE - capital humain, protection sociale et développement durable - a identifié huit domaines d’action prioritaires : population et développement durable ; éducation et formation ; santé et nutrition ; protection sociale ; eau potable et assainissement ; habitat et cadre de vie ; prévention et gestion des risques ; et catastrophes et environnement et développement durable. La plupart de ces huit domaines d’actions recoupent les dimensions du cadre du bien-être de l’OCDE. C’est le cas, par exemple, pour la santé et l’éducation. Les domaines eau potable et assainissement, et habitat et cadre de vie sont repris dans la dimension logements et infrastructures de l’OCDE, et les deux domaines d’activités relatifs à la prévention et gestion des risques et catastrophes, et à l’environnement et développement durable sont appréhendés dans la dimension relative aux conditions environnementales du cadre du bien-être de l’OCDE.

Le capital humain est largement abordé dans le PSE, mais les projets phares dans ce domaine sont peu nombreux. Le PSE identifie trois moyens d’améliorer les conditions de vie et de lutte contre les injustices sociales : le renforcement de l’accès aux services sociaux de base ; la gestion durable des ressources et le développement équilibré du territoire ; et la protection sociale des groupes vulnérables. Le capital humain est envisagé comme une condition de l’émergence avec l’identification de trois mesures pour assurer le succès des projets phares : l’alignement de l’enseignement supérieur avec les besoins de l’économie ; le développement accéléré des formations techniques et professionnelles ; et la structuration et la promotion de la formation continue. Cependant, les huit domaines d’actions prioritaires identifiés dans le PSE ne font pas véritablement l’objet de réformes détaillées. Le PSE prévoit un financement de 141.6 milliards de francs de la Communauté financière d’Afrique (FCFA) pour l’éducation et la formation, avec principalement le projet de construction de résidences universitaires et celui de Dakar campus régional de référence. Par ailleurs, bien que 26 % du financement du Plan d’actions prioritaires (PAP) soit dédié à l’axe 2 du PSE, aucune des réformes clés présentées dans le PSE ne concerne directement l’axe 2.

Sur la base du cadre d’évaluation du bien-être de l’OCDE présenté dans le chapitre 1, le bilan des performances du Sénégal en termes de bien-être individuel est assez faible. La première section de ce chapitre présente un tour d’horizon des performances dans les dix dimensions du bien-être. Les parties suivantes du chapitre examinent les performances et les dysfonctionnements dans trois dimensions qui retardent particulièrement le développement du pays : les possibilités de consommation ; l’emploi ; et l’éducation.

Le niveau des conditions de vie matérielles stagne, alors que la faiblesse du capital humain affecte significativement la qualité de vie des Sénégalais. Même si les conditions de logement se sont améliorées depuis le début des années 2000, le pouvoir d’achat des Sénégalais reste très faible. Près de 40 % de la population vit avec moins de 1.90 dollar américain (USD) PPA par jour, et environ 28 % avec moins de 3.10 USD PPA. La situation en matière d’emplois est également préoccupante, dominée par un secteur informel omniprésent, des rémunérations faibles et des situations fréquentes de sous-emploi. Par ailleurs, la faiblesse du capital humain tire vers le bas la qualité de vie des Sénégalais, alors que le pays enregistre des performances satisfaisantes en termes de liens sociaux, de participation à la vie publique et de satisfaction à l’égard de la vie. Les politiques volontaristes du gouvernement ont permis une amélioration des indicateurs objectifs de santé, qui reste encore insuffisante. Le système éducatif ne permet pas de relever le niveau du capital humain, qui apparaît comme l’une des principales faiblesses du Sénégal en termes de bien-être et de source de croissance.

Depuis 2000, le niveau du revenu moyen des Sénégalais peine à décoller (le taux de croissance annualisé du produit intérieur brut [PIB] par habitant a augmenté de 1 %) et la pauvreté progresse (6.3 millions de personnes en 2011, soit une hausse de 1.46 million par rapport à 2001). Les zones rurales et les régions du sud, notamment Kolda et Kédougou apparaissent comme particulièrement vulnérables, avec des taux de pauvreté supérieurs à 70 %. Cette pauvreté monétaire s’accompagne d’une pauvreté multidimensionnelle, principalement portée par la faiblesse du système éducatif. La quasi-inexistence de la classe moyenne, la mise en place tardive des filets sociaux, la croissance modérée sur la dernière décennie, la vulnérabilité de la population active aux aléas climatiques et la faiblesse de l’emploi formel sont autant de facteurs complémentaires pour expliquer l’ampleur de la pauvreté.

L’amélioration des possibilités de consommation passera, entre autres, par l’amélioration des conditions d’emploi. Malgré un taux d’emploi stable et satisfaisant par rapport aux pays de comparaison, les performances du marché du travail sont diminuées par l’ampleur du chômage, notamment pour les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur, par l’informalité et la prévalence du sous-emploi. Le salariat représente moins de 30 % des emplois. Malgré les différents programmes avancés par le gouvernement et l’adoption récente de la nouvelle politique nationale de l’emploi, l’insuffisance du nombre d’emplois créés, et surtout la faiblesse du capital humain, expliquent principalement le faible dynamisme du marché de l’emploi. En effet, les dysfonctionnements du système éducatif se répercutent sur le marché de l’emploi.

Les faibles performances du système éducatif entraînent un niveau de capital humain insuffisant pour atteindre l’émergence. Malgré une augmentation significative des ressources financières au cours de la dernière décennie, le gouvernement n’a pas réussi à engager une réforme structurelle du secteur de l’éducation. La gouvernance du secteur, tant au niveau central que local, présente des dysfonctionnements. De plus, la politique des ressources humaines a conduit à des recrutements massifs d’enseignants non-titulaires (les corps émergents) qui sont, la plupart du temps, insuffisamment qualifiés. Malgré certains progrès notables dans l’accès à l’éducation, notamment pour les filles dans l’enseignement primaire et dans l’enseignement moyen général, l’accès aux autres cycles d’enseignement reste faible et les taux d’analphabétisme préoccupants. En termes qualitatifs, le niveau de l’enseignement semble avoir baissé au regard des taux de réussite aux examens nationaux. À l’exception des cantines scolaires qui se sont développées, l’environnement et l’organisation scolaire ne sont pas propices au développement des conditions d’apprentissage. Ainsi, le système éducatif sénégalais doit relever plusieurs défis, et sa réforme nécessitera une forte volonté politique et un engagement collectif.

Comment va la vie au Sénégal ? Les performances en matière de bien-être sont souvent inférieures aux niveaux attendus

Le développement d’un pays ne se cantonne pas à la croissance économique. Celle-ci est en effet une condition nécessaire mais pas suffisante pour une amélioration durable et équilibrée du bien-être des individus. Le développement, considéré comme un phénomène multidimensionnel qui affecte différents aspects de la vie quotidienne des individus, ne peut se réduire à l’indicateur de PIB. En effet, le PIB ne reflète pas la répartition des ressources entre les individus et les groupes sociaux, et ne prend pas en compte les dimensions non-monétaires du bien-être, comme l’état de santé et le niveau d’instruction de la population. L’analyse du bien-être au Sénégal se base sur le cadre d’évaluation du bien-être de l’OCDE (voir chapitre 1 pour une explication du cadre d’analyse) et s’appuie, dans la mesure du possible, sur les données statistiques nationales.

Les performances du Sénégal en termes de conditions matérielles sont faibles

Les capacités de consommation des Sénégalais ont doublé depuis les années 90, mais les niveaux de pauvreté restent élevés. Le PIB par habitant du Sénégal, calculé en PPA s’élève à 2 290 USD en 2015 (aux prix constants de 2011). Ce revenu a nettement progressé au cours des vingt dernières années : le PIB par habitant s’élevait en effet à 1 770 USD PPA en 1995 (Banque mondiale, 2016a). Cependant, les niveaux de pauvreté restent très élevés avec près de 40 % de la population qui vit avec moins de 1.90 USD par jour. Ce taux de pauvreté est encore plus important dans les zones rurales, où il atteint 60 %. Ainsi, et sans grande évolution depuis 2006, près de 40 % des Sénégalais estiment leurs ressources financières insuffisantes pour se nourrir et 70 % d’entre eux ne sont pas satisfaits de leur niveau de vie (Gallup, 2016). La mise en place tardive des filets de protection sociale et la croissance modérée sur la dernière décennie n’ont pas permis de faire diminuer le niveau de la pauvreté depuis 2005.

Les performances sur le marché de l’emploi sont mitigées : la plupart des Sénégalais occupent des emplois informels, avec des rémunérations faibles, et les situations de sous-emploi sont fréquentes. Malgré quelques initiatives récentes d’incitations à la formalisation, près de 80 % des actifs travaillent dans le secteur informel. Dans ce secteur, les rémunérations sont faibles et le sous-emploi, lié à la durée du travail, important, faisant peser le risque de faire basculer les travailleurs dans la pauvreté. Le reste des emplois se répartit entre le secteur privé formel et l’administration. De plus, les inégalités de genre dans l’accès au marché de l’emploi sont importantes. De ce fait, la question de l’emploi, et notamment celle de l’emploi des jeunes, demeure la première préoccupation des Sénégalais (République du Sénégal, 2014). La faible articulation de l’offre de formation avec le marché du travail, le poids des lobbies et les problématiques de gouvernance et de transparence autour du marché du travail, ainsi que les réticences à la formalisation des unités de production, sont autant d’obstacles qui entravent le dynamisme du marché de l’emploi.

La construction de logements peine à suivre le rythme de l’urbanisation du pays malgré des progrès. En 2015, les Sénégalais étaient près de 60 % à se déclarer satisfaits de l’offre de logement dans le pays. En revanche, moins d’un Sénégalais sur deux est satisfait du réseau d’infrastructures routières et de la qualité du maillage de transports publics. Le plan Takkal et la politique énergétique du gouvernement ont permis d’améliorer l’accès à l’électricité et de réduire les coupures de courant. Des initiatives ont été prises pour améliorer les conditions sanitaires de base des logements, ainsi que l’accès aux infrastructures élémentaires. L’urbanisation rapide et mal maîtrisée des villes, notamment de Dakar, nuit à la qualité de l’habitat. Dans les villes, les zones insalubres et impropres à l’habitat représentent 30 à 40 % de l’espace occupé. Enfin, l’accès aux infrastructures d’assainissement fait cruellement défaut dans le pays. L’essentiel des ménages utilisent la rue ou la nature comme principal moyen d’évacuation des eaux usées (ANSD, 2015a).

Les performances en termes de qualité de vie sont contrastées

Les performances en matière d’éducation sont inférieures aux niveaux attendus sur l’ensemble des indicateurs concernés. Alors que le Sénégal s’est longtemps distingué par son éducation de qualité, le pays accumule aujourd’hui un retard important dans l’acquisition des compétences de base. L’analphabétisme touche près de la moitié de la population (contre 24 % attendus compte tenu du niveau de développement du Sénégal), dont les deux tiers des femmes. Le système éducatif est aujourd’hui défaillant en termes d’accès (faibles taux de participation et d’achèvement des cycles scolaires), de qualité (recrutements dysfonctionnels des enseignants, programme d’enseignement inadapté, multiplicité des langues d’enseignement et dualité avec l’enseignement religieux traditionnel) et de gouvernance (poids des syndicats, allocation et gestion des ressources publiques). Ces différents éléments entraînent un déclin des valeurs de l’instruction et une forte progression de l’enseignement privé non religieux pour les classes sociales privilégiées. De plus, dans le système de formation professionnelle et technique, et malgré les efforts consentis par le gouvernement, des problèmes demeurent, notamment en matière d’offre de formation, de formation des formateurs et de qualité des apprentissages.

Les performances de certains indicateurs de santé se sont améliorées. L’espérance de vie de la population est supérieure au niveau attendu (65 ans contre 62 ans attendus [ANSD, 2016a]). Elle est la plus élevée à Dakar (69.1 ans) et en milieu urbain (67.4 ans) qu’en milieu rural (62.7 ans [ANSD, 2016a]). Les femmes vivent en moyenne plus longtemps que les hommes (66.5 ans contre 63.2 [ANSD, 2016a]). De 2000 à 2014, l’espérance de vie a augmenté 8.9 ans pour les femmes et 8.3 ans parmi les hommes. Par ailleurs, les taux de prévalence du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et du paludisme sont restés à des niveaux très faibles. La proportion d’enfants de moins d’un an complétement vaccinés a augmenté pour atteindre 74 % en 2014 (contre 70 % en 2013) et l’insuffisance pondérale (poids-âge) a baissé, passant de 16 % en 2013 à 13 % en 2014. La proportion de naissances ayant eu lieu dans un établissement de santé a augmenté pour atteindre 77 % en 2014 (contre 70 % en 2012-13 [AfDB/OCDE/PNUD, 2015]). En 2013, le gouvernement a lancé un vaste programme de protection sociale, la couverture maladie universelle. Elle devrait couvrir 75 % de la population d’ici 2017. La réalisation de cet objectif serait une avancée considérable dans le domaine de la santé.

Cependant, les efforts doivent être poursuivis pour atteindre les niveaux attendus sur plusieurs indicateurs de santé. L’offre de soins est mal répartie sur le territoire et les taux de mortalité infanto-juvénile et maternelle sont encore importants (respectivement 54 et 3.96 décès pour 1 000 naissances vivantes [ANSD, 2015b]). Les défaillances dans le système de santé expliquent sa faible appréciation : seulement 30 % des personnes interrogées sont satisfaites de l’offre de soins, un niveau largement inférieur aux 47 % escomptés (Gallup, 2016).

Dans le domaine de la santé, les problématiques de genre existent et correspondent à des restrictions sur les droits reproductifs des femmes. Les taux de fécondité restent très élevés compte tenu du niveau de développement du pays (cinq enfants par femmes en moyenne [Afidep, Unfpa, 2016]). Des institutions sociales discriminatoires à l’encontre des femmes et un accès restreint au planning familial peuvent favoriser des taux de fertilité élevés. Par exemple, en 2014, 17.6 % des Sénégalaises âgées de 15 à 19 ans avaient au moins un enfant ou étaient enceinte (Banque mondiale, 2016a). Cependant, 70 % des femmes en âge de procréer avaient des besoins en planning familial satisfaits (OCDE, 2014), soit le pourcentage le plus faible au sein des pays de comparaison (ANSD, 2015b).

Le degré de sécurité est conforme au niveau attendu. Avec un taux d’homicides intentionnels de 2.8 pour 100 000 habitants, le niveau de sécurité personnelle est conforme au niveau attendu. Plus de la moitié des personnes interrogées se sentent en sécurité lorsqu’elles se promènent seules dans la rue (Unodc, 2013 ; Gallup, 2016). Une exception importante à l’absence de violence est le conflit séparatiste dans la région de la Casamance, qui s’est stabilisé depuis l’accord de paix conclu en 2014 (voir encadré 3.1). Compte tenu de la progression de la menace terroriste en Afrique de l’Ouest et de la montée de l’Islam radical, les mesures de sécurité ont été considérablement renforcées et les services de sécurité réformés pour gagner en efficacité.

Encadré 3.1. Le conflit séparatiste en Casamance, qui dure depuis longtemps, affaiblit la sérénité du Sénégal

Le conflit en Casamance constitue une exception notable dans la quiétude du pays. Le sud de la Casamance est séparé du reste du territoire sénégalais par la Gambie. Les structures politiques traditionnelles y sont fortement décentralisées et égalitaires, à l’inverse de celles qui prévalent dans le nord du pays. Pendant pratiquement toute la période coloniale, la région était régie par un traitement distinct. Après l’indépendance, la population a nourri un ressentiment vis-à-vis du gouvernement, perçu comme étant dominé par les Sénégalais du Nord et accusé de délaisser le Sud. Par exemple, le manque d’infrastructures de transport pour relier la Casamance au reste du territoire est un motif d’insatisfaction majeur.

Ces doléances recoupent d’autres indicateurs relatifs aux inégalités géographiques de développement au Sénégal. Le mouvement séparatiste devient violent au début des années 80 et fera au total 5 000 victimes (Seyferth, 2014). Les mouvements séparatistes rendent inaccessibles la plupart des meilleures terres arables du pays et ses plus belles attractions touristiques, empêchent la population d’accéder à l’éducation et à l’emploi et nuisent à la réputation du pays sur la scène internationale. Les accords de paix successifs achopperont sur le manque d’engagement des parties prenantes et les divisions entre factions sécessionnistes. Le Président Sall fait du retour de la paix en Casamance un axe central de sa campagne présidentielle de 2012 et l’accord trouvé en 2014 avec le mouvement séparatiste des forces démocratiques de Casamance semble durer, même si des tensions demeurent. Le retour durable à la paix permettrait de mettre un terme à un conflit qui entrave le développement du pays depuis le début des années 80.

Source : Auteurs et Seyferth (2014).

La prise en compte des enjeux climatiques est cruciale pour l’avenir du Sénégal. Les performances environnementales du pays, qui correspondent aujourd’hui aux niveaux attendus, affectent directement le bien-être économique et la santé des habitants, et mettent en danger les perspectives de développement pour les générations futures. L’érosion côtière (encadré 3.2), la déforestation illégale, notamment dans la région de la Casamance, et les inondations mettent en péril les ressources naturelles du pays. De plus, dans les villes, notamment à Dakar, la pollution atmosphérique est très élevée et les défaillances dans la gestion des déchets affectent la santé et le cadre de vie des Sénégalais.

Encadré 3.2. L’érosion côtière, une réalité à prendre en compte

Tout le long de la côte de l’Afrique de l’Ouest, et notamment au Sénégal, les changements de courants et les constructions ont altéré le déplacement naturel des bancs de sable, provoquant des problèmes d’érosion. Les infrastructures créées, notamment les ports, et les interventions visant à endiguer l’érosion (comme les digues ou les brise-lames) empêchent ensuite la reconstitution des dunes. En plus de ne pas être toujours efficaces, ces protections accélèrent l’érosion en aval. En cas de fortes tempêtes, l’océan rompt les lignes de dunes et pénètre sur les terres situées derrière, sous le niveau de la mer. L’eau salée rend les terrains impropres à la production agricole et à la construction et peut contaminer les nappes phréatiques, interdisant alors l’alimentation des ménages et des industries en eau potable, ou l’irrigation. L’érosion des côtes, qui oblige à construire des protections tout en nuisant au développement, pénalise le tourisme côtier (voir chapitre 4) et peut détériorer les conditions de vie des populations les plus pauvres (voir section sur la pauvreté). Elle peut également perturber des écosystèmes naturels complexes.

Source : Banque mondiale (2016b) ; PNUE (2006).

La qualité des liens sociaux est forte et bien valorisée. En 2016, 84 % des personnes interrogées avaient quelqu’un sur qui compter en cas de problème, une proportion largement supérieure au niveau attendu (Gallup, 2016) et à celle des pays de comparaison (60 % en Côte d’Ivoire ou en Tunisie [Gallup, 2016]). Le réseau familial et amical est donc développé et valorisé dans le pays. Près de 60 % des Sénégalais considèrent qu’avoir un bon réseau social est la variable la plus importante pour réussir dans la vie, loin devant l’éducation (20 %) et l’intelligence (8 % [Gallup, 2014]). Le lien social peut jouer un important rôle d’amortisseur social au Sénégal en apportant une aide financière directe pour un Sénégalais sur deux, un taux largement supérieur à celui enregistré dans les autres pays africains (20 % en Côte d’Ivoire ou au Kenya, 13 % en Tunisie). Les personnes, qui comptent sur l’aide de leur réseau familial et amical peuvent cependant avoir tendance à surestimer les capacités financières de leurs proches.

Le degré de confiance dans les élections est particulièrement élevé. En 2016, les Sénégalais étaient 69 % à croire à l’honnêteté des scrutins électoraux, contre 43 % au Kenya et 58 % en Côte d’Ivoire. En 2012, année de l’élection du Président Macky Sall, ce taux a enregistré un record absolu avec 84 % d’opinions favorables sur le scrutin électoral (Gallup, 2016).

La satisfaction des personnes à l’égard de la vie se situe légèrement au-dessus du niveau attendu. Cet indicateur de bien-être subjectif correspond au jugement que les individus portent sur leur vie en utilisant l’échelle de Cantrill notée de 0 à 10. La satisfaction des Sénégalais est estimée à 4.6/10 en 2016, une notation légèrement supérieure à la moyenne des pays africains (4/10 en 2014) et à celle enregistrée en Côte d’Ivoire (3.7/10 en 2015). L’amélioration des conditions de vie matérielles, notamment par une réduction substantielle des niveaux de pauvreté, pourrait contribuer à l’accroissement du degré de satisfaction à l’égard de la vie (OCDE, 2011).

La prévalence de la pauvreté et la faiblesse de l’emploi n’ont pas permis d’améliorer les conditions de vie des Sénégalais

Malgré des inégalités contenues, le nombre de pauvres a progressé au cours de la dernière décennie

Le revenu par habitant des Sénégalais est faible et progresse lentement. En 2015, le PIB par habitant, mesuré en parité de pouvoir d’achat, reste faible, à un niveau de 2 290 USD. Ce niveau classe le Sénégal parmi les pays de comparaison les plus pauvres (graphique 3.1, panel A). De plus, le taux de croissance moyen du revenu par habitant sur la période 2000-15 n’est que de 1 % (graphique 3.1, panel B), soit le rythme de progression le plus faible après la Côte d’Ivoire, dont la décennie de crise politico-militaire a largement freiné le rythme de croissance économique. L’Éthiopie, le pays avec le plus faible niveau de richesse au sein de l’échantillon, enregistre le rythme de croissance le plus rapide (5.80 % par an).

Graphique 3.1. Le niveau de revenu du Sénégal est faible et progresse lentement
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Source : Banque mondiale (2016a), http://databank.banquemondiale.org/.

 https://doi.org/10.1787/888933463910

Sur la base du seuil de pauvreté national, 46.7 % de la population est pauvre et ce chiffre augmente dans les régions du sud du pays. Le Sénégal mesure la pauvreté sur la base d’une ligne de pauvreté alimentaire (dépenses de consommation nécessaires pour permettre à un adulte d’acheter l’équivalent de 2 400 kilocalories par jour). Les autorités sénégalaises ont calculé trois lignes de pauvreté nationale afin de prendre en considération les différences de niveaux de vie entre Dakar, les autres centres urbains et les zones rurales évoluant entre 598 FCFA en zone rurale et 1 053 FCFA à Dakar. Malgré le différentiel de seuil de pauvreté, la pauvreté est nettement plus élevée dans les zones rurales avec une proportion de 57.1 %, contre 41.2 % dans les autres zones urbaines et 26.1 % à Dakar (graphique 3.2). Les régions du sud, notamment Kolda et Kédougou, sont particulièrement vulnérables, avec des taux de pauvreté supérieurs à 70 % (ANSD, 2013). Ainsi, les disparités en fonction du milieu de résidence sont importantes : deux habitants pauvres sur trois vivent dans les zones rurales, contre un sur quatre à Dakar (ANSD, 2013).

Graphique 3.2. Les écarts de pauvreté sont importants sur le territoire sénégalais
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Note : Panel B : La ligne horizontale est le taux de pauvreté au Sénégal.

Source : ANSD (2013).

 https://doi.org/10.1787/888933463925

Depuis le début des années 2000, la pauvreté ne diminue pas et le nombre de pauvres progresse. Sur la base des données de 2011, le Sénégal ressort comme le pays affichant le taux d’extrême pauvreté le plus élevé au sein du groupe de pays de comparaison (Banque mondiale, 2016c ; graphique 3.3). Ce taux est resté quasi stable depuis 2005, contrairement aux autres pays de comparaison. L’intensité de la pauvreté, qui permet d’apprécier à quel point le niveau de vie de la population est éloigné du seuil de pauvreté, est également la plus élevée au sein du groupe de pays de comparaison, avec un écart de 12.8 % pour le Sénégal contre 9 % pour l’Éthiopie et 10.3 % pour la Côte d’Ivoire (Banque mondiale, 2016c). De plus, la croissance économique étant plus lente que la croissance démographique, le nombre de pauvres a augmenté de 1.46 million de personnes entre 2001 et 2011 (données ANSD) pour atteindre 6.3 millions.

Graphique 3.3. Le Sénégal affiche des taux de pauvreté élevés
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Notes : Données de 2014 pour le Costa Rica, la Moldova, le Pérou et le Viet Nam ; données de 2013 pour la Turquie, de 2012 pour, Maurice et le Sri Lanka ; de 2011 pour le Sénégal ; de 2010 pour la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie et la Tunisie ; et de 2005 pour le Kenya.

Source : Banque mondiale (2016a), http://databank.banquemondiale.org/.

 https://doi.org/10.1787/888933463935

Pauvreté et nutrition ne font pas bon ménage : le Sénégal est toujours exposé à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition, notamment dans les zones rurales. En 2014, 45 % des ménages déclarent avoir vécu une situation d’insécurité alimentaire au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête, une situation qui concerne 55 % des ménages en zones rurales (ANSD, 2015a). Parmi les ménages concernés, 13 % sont confrontés à l’insécurité alimentaire toute l’année. Les personnes âgées, les femmes et les enfants sont souvent les premières victimes de l’insécurité alimentaire (encadré 3.3). Le manque de ressources financières, la cherté des denrées alimentaires et la mauvaise pluviométrie sont souvent évoqués pour expliquer l’insécurité alimentaire dont sont victimes les ménages. La solidarité familiale ou sociale est l’un des moyens les plus répandus pour venir en aide aux ménages en manque de nourriture, confirmant l’importance du réseau social comme ciment de la société sénégalaise (voir section précédente).

Encadré 3.3. Un meilleur accès à l’éducation des femmes pourrait contribuer à la réduction de la malnutrition et des indicateurs de mortalité maternelle et infanto-juvénile

Sur la période 1993-2014, l’état nutritionnel de la population s’est considérablement amélioré : le retard de croissance pour les enfants a baissé de 44 % et celui de croissance sévère de 66 % (Ifpri, 2016a).

Malgré ces progrès, la malnutrition reste importante dans le pays. En 2014, 19 % des enfants de moins de 5 ans souffrent du retard de croissance, 6 % sont atteints de malnutrition aiguë et 13 % sont frappés d’insuffisance pondérale (OMS, 2015). L’anémie toucherait 54 % des femmes en âge de procréer et 60 % des enfants de moins de 5 ans (ANSD, 2015b). Selon le même rapport, la situation nutritionnelle problématique du pays serait l’une des causes principales des taux encore élevés de mortalité maternelle et infanto-juvénile.

Outre le développement économique et celui des infrastructures de santé, le renforcement de l’accès des femmes à l’éducation pourrait améliorer la situation. En effet, une augmentation de 10 % des taux la scolarisation des filles à l’école primaire correspond à une réduction de la mortalité infantile équivalente à 4.1 décès pour 1 000 naissances (Hill et King, 1995). Si l’Afrique subsaharienne avait le même rapport de scolarisation entre les filles et les garçons que l’Europe de l’Est, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans diminuerait de plus de 25 % par rapport au chiffre de 1990 (167 décès pour 1 000 naissances vivantes [Klasen, 1999]).

Le Gouvernement du Sénégal s’est engagé dans la lutte contre la malnutrition (Ifpri, 2016b). Au cours de la dernière décennie, la cellule de lutte contre la malnutrition, organe de coordination logé auprès de la Primature, a élaboré deux politiques nationales sur la nutrition : la Lettre de politique de nutrition (2001-14) et la Politique nationale de développement de la nutrition (2015-25).

Sources : Ifpri (2016a, 2016b) ; Klasen (2002) ; OMS (2015).

La pauvreté monétaire s’accompagne d’une pauvreté multidimensionnelle au Sénégal, plombée par les mauvaises performances du système éducatif. L’indice de pauvreté multidimensionnelle du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) permet de compléter les indicateurs de pauvreté monétaire en prenant en compte les carences dans les domaines de la santé et de l’éducation. Les dix indicateurs considérés permettent d’établir un score de privation moyen pour chaque pays. Sont considérés comme pauvres multidimensionnels les individus qui présentent des privations sur plus d’un tiers (soit 33 %) des indicateurs pondérés. Au Sénégal, 52 % de la population vit dans une pauvreté multidimensionnelle (graphique 3.4, panel A). Ce score est l’un des plus importants au sein des pays de l’échantillon. L’intensité de la pauvreté multidimensionnelle est également élevée : la part de la population sénégalaise considérée comme pauvre multidimensionnelle présente des privations sur plus de 54 % des indicateurs considérés. Les mauvaises performances du Sénégal en matière d’éducation concourent à hauteur de 44 % dans l’indice de pauvreté multidimensionnelle (graphique 3.4, panel B), suivies par le niveau de vie.

Graphique 3.4. La pauvreté multidimensionnelle est importante au Sénégal, avec la faiblesse de l’éducation comme principal déterminant
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Note : L’indice de pauvreté multidimensionnelle est un indicateur composite construit à partir de dix indicateurs statistiques : mortalité des enfants de moins de 5 ans et prévalence de la malnutrition (dimension de la santé) ; nombre d’années d’éducation inférieur à six pour un adulte composant le ménage et nombre d’enfants, en âge d’être scolarisés, non-scolarisés dans le ménage (dimension de l’éducation) ; accès à l’électricité, accès à l’eau potable, accès à des installations sanitaires améliorées ; type de combustible pour la cuisine, type de sol dans l’habitation et déficit dans la possession de biens durables (dimension sur le niveau de vie).

Source : PNUD (2015), http://hdr.undp.org/.

 https://doi.org/10.1787/888933463943

Les niveaux de pauvreté multidimensionnelle affichent d’importantes disparités régionales. Les régions de Dakar, Saint-Louis et Thiès enregistrent les taux de pauvreté multidimensionnelle les plus faibles (respectivement 26.1, 39.5 et 41.3 %). Ce sont également ces régions qui affichent les meilleurs taux de scolarisation dans le secondaire (respectivement 45.5, 36.8 et 30.7 %), les taux d’alphabétisation les plus élevés (respectivement 68.9, 53.8 et 53.2 %) et les taux de mortalité infanto-juvénile les plus faibles (respectivement 42 et 46 pour 100 000 naissances à Thiès et Dakar). Sur l’ensemble des régions du Sénégal (hors Louga et Zinguichor), les niveaux de corrélation entre les taux de pauvreté multidimensionnelle et les performances en matière d’éducation et de santé sont relativement forts (respectivement 0.5 et 0.6 [ANSD, 2015a ; graphique 3.5]).

Graphique 3.5. Les niveaux de corrélation entre taux de pauvreté et performances en matière de santé et d’éducation sont relativement élevés au Sénégal
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Note : Les corrélations ont été calculées sur deux ou trois années de référence, en fonction des données disponibles. Les régions de Ziguinchor et Louga ont été exclues en raison de leurs profils atypiques.

Sources : ANSD (2006, 2007, 2013 et 2014).

 https://doi.org/10.1787/888933463950

Les régions de Zinguichor et Louga présentent des profils atypiques. L’incidence de la pauvreté multidimensionnelle dans la région de Zinguichor est très élevée, avec un taux de 67 % contre 26 % pour Dakar (ANSD, 2013). Ce chiffre ne tient pas compte de la consommation directe de la production domestique, importante dans cette région fertile. Pour autant, les taux d’alphabétisation et de scolarisation, ainsi que les indicateurs de santé, restent parmi les plus élevés du Sénégal (taux brut de scolarité au secondaire de 93.3 % en 2015). En revanche, la région de Louga enregistre de faibles taux de pauvreté alors que les indicateurs humains en termes de scolarité et de santé sont parmi les plus mauvais (par exemple, le taux brut de scolarité au secondaire ne dépasse pas 11 %). L’importance des transferts d’argent effectués par les ressortissants de la région, ainsi que l’importance de l’enseignement coranique, pourrait expliquer la relation inversée entre pauvreté multidimensionnelle et indicateurs de santé et de scolarisation (ANSD, 2013).

Avec 96 % de la population sénégalaise vivant avec moins de 10 USD PPA par jour, la classe moyenne est encore très faible. Le développement d’un pays s’accompagne généralement de l’émergence d’une classe moyenne capable de tirer la croissance économique. La classe moyenne revêt différentes formes en fonction de la méthodologie utilisée. Par convention, un ménage appartient à la classe moyenne à partir d’un revenu par personne de 10 USD PPA internationaux constants de 2011. Les ménages de classe moyenne possèdent généralement les principaux biens durables, ont des emplois salariés et investissent massivement dans la santé et l’éducation (Banerjee et Duflo, 2007). Une étude de 2015 publiée par Pew Reseach Centre établit des comparaisons internationales sur la taille de la classe moyenne dans les pays en développement. Sur la base des données de consommation de 2011 (ANSD, 2013), 4 % de la population sénégalaise consomme pour plus de 10 USD PPA par jour, une proportion supérieure à celle de l’Éthiopie, mais inférieure à celles des autres pays de comparaison (graphique 3.6 ; Pew Research Centre, 2011).

Graphique 3.6. Environ 4 pourcent de la population consomme plus de 10 USD PPA par jour au Sénégal
En USD PPA, données de consommation, pays sélectionnés
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Note : Les données datent de 2011 (Sénégal), 2010 (Éthiopie, Moldova, Tunisie, Turquie), 2009 (Sri Lanka), 2008 (Côte d’Ivoire, Viet Nam), 2007 (Maroc) et 2005 (Kenya). Le Costa Rica et le Pérou ont été exclus car l’analyse est faite sur les données de revenu et non de consommation.

Source : Pew Research Centre (2011), www.pewresearch.org/topics/middle-class/.

 https://doi.org/10.1787/888933463961

La perception des Sénégalais sur les niveaux de pauvreté conforte les indicateurs monétaires. La seconde enquête de suivi de la pauvreté au Sénégal (ESPS-II) a introduit un module « Perception de la situation économique du ménage » pour évaluer de manière subjective les conditions de vie de la population. Près d’un ménage sur deux se considère comme pauvre en 2011 (48.6 %), ce qui est relativement conforme aux taux d’extrême pauvreté constatés par la Banque mondiale. En outre, plus d’un ménage sénégalais sur deux (53 %) estime que sa situation économique s’est dégradée entre 2010 et 2011. Les enquêtes Gallup confirment les données nationales et permettent d’actualiser et de comparer ces niveaux de perception. En 2016, ils sont 53 % à reporter des difficultés financières pour se nourrir sur les 12 derniers mois, l’une des proportions les plus élevées au sein du groupe des pays de référence (Gallup, 2016). Cette proportion a augmenté de plus de 20 points de pourcentage au cours de la dernière décennie (graphique 3.7). Sur le même type d’indicateurs, une proportion similaire de personnes interrogées rapporte avoir eu des préoccupations financières au cours des 7 derniers jours.

Graphique 3.7. Les difficultés financières au Sénégal sont principalement liées à l’alimentation
En pourcentage de personnes ayant reporté des difficultés financières pour se nourrir sur les douze derniers mois, 2006 et 2016
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Note : Les données datent de 2016, sauf pour la Turquie (2007). Les données 2006 ne sont pas disponibles pour la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Maroc, Maurice et la Tunisie.

Source : Gallup (2016), http://www.gallup.com/.

 https://doi.org/10.1787/888933463977

Les inégalités restent contenues. Malgré l’importance de la pauvreté, le Sénégal reste un pays plus égalitaire que le reste de l’Afrique subsaharienne. Sur la base des dernières données de 2011, l’indice de Gini sur la consommation s’élevait à 37.8 au Sénégal (ANSD, 2013), un taux relativement faible par rapport aux pays de comparaison, et qui est resté quasi stable au cours de la dernière décennie (Gini de 38.1 en 2005 [ANSD, 2006]). À titre de comparaison, la Côte d’Ivoire et le Kenya affichent des indices de Gini sur la consommation supérieurs, et le niveau moyen des inégalités en Afrique tourne autour de 43 (graphique 3.8).

Graphique 3.8. Les inégalités restent stables et relativement modérées au Sénégal
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Note : Pour le panel A, les données datent de 2014 (Costa Rica, Viet Nam), de 2013 (Turquie), de 2012 (Maroc, Maurice, Sri Lanka), de 2011 (Sénégal), de 2010 (Éthiopie, Tunisie), de 2008 (Côte d’Ivoire) et de 2005 (Kenya). Les données proviennent des données de consommation pour tous les pays, sauf pour le Costa Rica et le Pérou où les inégalités sont calculées à partir des données de revenu. Panel B : L’indice de Gini est calculé à partir des données de dépenses de consommation pour les pays sélectionnés.

Source : Banque mondiale (2016c), http://iresearch.worldbank.org/PovcalNet/povOnDemand.aspx.

 https://doi.org/10.1787/888933463985

Une conjonction de facteurs entretient l’ampleur de la pauvreté

La croissance économique n’est pas suffisamment forte et inclusive pour réduire de manière significative l’extrême pauvreté. En 2011, la croissance économique était inférieure à 2 % en raison des effets négatifs de la sécheresse et des délestages électriques. Même si la croissance économique s’est améliorée pour atteindre 6.5 % en 2015, elle demeure volatile et trop faible pour combattre durablement la pauvreté.

Une grande partie des activités faiblement productives est largement dépendante des conditions environnementales. Les effets néfastes du changement climatique au Sénégal affectent en premier lieu les populations les plus pauvres. Elles sont en effet plus nombreuses à travailler dans l’agriculture et dans l’élevage, et à enregistrer des pertes de revenus en cas de faible pluviométrie (OCDE, 2016). La Banque mondiale (2014) met en avant le fait que trois quarts des revenus des 20 % les plus pauvres sont vulnérables aux changements écologiques. De plus, l’érosion du littoral côtier peut accroître la pauvreté à moyen terme, en empêchant les populations qui vivent dans ces zones d’accéder à des débouchés économiques et d’assurer leur survie. Certains propriétaires peuvent ériger des protections pour protéger leurs terres, mais les plus pauvres n’ont pas cette possibilité.

La mise en place des amortisseurs sociaux a été tardive. Jusqu’à récemment, les actions de politiques publiques pour cibler les populations les plus vulnérables étaient limitées. En 2005, seulement 19 % des personnes interrogées jugeaient les efforts du gouvernement suffisants pour combattre la pauvreté (Gallup, 2016). Dans le cadre du PSE, le gouvernement s’est engagé à mettre en place plusieurs programmes de filets sociaux afin d’améliorer le bien-être et le capital humain des plus pauvres. Dans le domaine de la santé, le gouvernement octroie depuis 2015 50 000 cartes d’égalité des chances pour les personnes vivant avec un handicap. Cette carte permet de bénéficier, selon la gravité du handicap, d’une gratuité totale ou partielle de soins dans les institutions médicales relevant de l’État, des collectivités locales et des organismes publics, et de prix réduits dans les services de santé privés au Sénégal. Un programme de cantines scolaires est également en cours d’expérimentation dans le pays. En termes d’aides financières, le programme national de bourses de sécurité familiale (20 milliards FCFA) accompagne les familles les plus vulnérables avec l’octroi d’une bourse familiale. Ce dernier concerne 200 000 familles (sur 450 000 familles identifiées) et leur attribue une bourse de 25 000 FCFA par trimestre, conditionnée à la vaccination des enfants, leur scolarisation et leur inscription au registre civil.

L’ampleur de ces programmes sociaux est faible et leur mise en œuvre présente des dysfonctionnements. Ces programmes à eux seuls ne permettront pas de réduire la pauvreté. De plus, malgré un ciblage à trois niveaux (géographique, catégoriel et communautaire), l’éligibilité des familles est questionnable en raison de problèmes de gouvernance interne (les conseils communautaires peuvent être amenés à rendre éligibles des familles qui ne font pas partie des plus démunies). Aussi, en 2015, le degré de satisfaction des Sénégalais sur les efforts pour juguler la pauvreté n’a pas évolué depuis 2005, alors qu’il avait enregistré des hausses substantielles dans les autres pays du groupe de comparaison (graphique 3.9).

Graphique 3.9. Les Sénégalais ne sont toujours pas satisfaits des efforts publics pour combattre la pauvreté
En pourcentage de personnes satisfaites, 2006 et 2015
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Source : Gallup (2016), http://www.gallup.com/.

 https://doi.org/10.1787/888933463992

Si les transferts publics sont faibles, les transferts privés représentent environ 10 % du PIB. Sur la base des données Gallup, un Sénégalais sur deux a reçu une aide, monétaire ou en nature, d’un tiers vivant sur ou hors du territoire. Il s’agit de la proportion la plus élevée au sein de l’échantillon de référence (Gallup, 2016) (graphique 3.10). Selon les données nationales, le montant total des transferts privés représente 588 milliards FCFA en 2011 (ANSD, 2013), soit 10 % du PIB. Les transferts de fonds provenant de l’intérieur du pays représentent 50 % du montant total, le reste provenant du reste de l’Afrique, de la France, du reste de l’Europe ou des États-Unis. Le montant élevé de ces transferts constitue donc un enjeu culturel, économique et social pour le pays. Les sommes, principalement destinées à soutenir la consommation courante (pour 72 % des transferts perçus), concourent à l’amélioration des conditions de vie des habitants et se substituent, dans une certaine mesure, à la faiblesse des politiques sociales.

Graphique 3.10. Les transferts privés sont très répandus au Sénégal
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Sources : Panel A, Gallup (2016), http://www.gallup.com/ ; panel B, ANSD (2013).

 https://doi.org/10.1787/888933464004

Les récentes politiques publiques tentent de réduire la pauvreté en milieu rural qui est exacerbée par le déficit d’infrastructures et de services sociaux de base. Les populations rurales ont un faible accès aux infrastructures socio-économiques (eau, transport, énergie, services économiques) avec de grandes disparités régionales. La mise en place du Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC) pourrait permettre de réduire la pauvreté en zone rurale, d’améliorer les conditions de vie des populations à travers l’accès durable aux infrastructures et services socio-économiques de base, et la création d’une économie locale. Doté d’un budget de 11 milliards FCFA, le PUDC sera exécuté entre 2016 et 2018. Il devrait permettre de couvrir 30 % des besoins en électrification rurale, 20 % en pistes rurales et 100 % en moulins à mil (PUDC, 2016). Le PUDC vise également l’amélioration de la productivité rurale, de la production agricole et de l’élevage, ainsi que le renforcement des capacités institutionnelles des acteurs locaux. En parallèle, les pouvoirs publics, avec le soutien de l’aide internationale, ont largement investi au cours de la décennie 2000 pour désenclaver les zones rurales.

L’amélioration des possibilités de consommation passera par l’amélioration des conditions d’emploi

Les données locales sur l’emploi sont récentes et disparates. Le Sénégal a publié en novembre 2015 les résultats de la première enquête nationale sur l’emploi conduite par l’ANSD (2016b). Il s’agit d’une première pour le pays, qui n’avait pas engagé jusque-là les moyens suffisants pour permettre au système d’information statistique de faire le suivi des indicateurs d’emploi sur une base trimestrielle. Cette enquête devrait permettre de mieux connaître les dynamiques de l’emploi dans le pays.

L’accès à l’emploi est satisfaisant, mais la réserve de main-d’œuvre augmente. Depuis le début des années 90, selon la Banque mondiale (2016a), les taux d’activité au Sénégal sont restés relativement stables, à un niveau supérieur à celui des pays de comparaison. En parallèle, le vivier de main-d’œuvre s’accroît régulièrement (graphique 3.11). Le Sénégal a en effet entamé sa transition démographique, qui se traduit par une forte hausse de la population en âge de travailler. Les jeunes âgés de 15 à 34 ans représentent en effet 58 % de la population résidente en âge de travailler (ANSD, 2016a). Si la transition démographique se confirme, ce dividende démographique représentera une réelle opportunité pour accélérer la croissance économique du pays. Par ailleurs, l’enquête nationale sur l’emploi fait état d’un taux d’activité de 57.6 %, un taux significativement inférieur à celui avancé par la Banque mondiale (environ 10 points de pourcentage [ANSD, 2015a ; Banque mondiale, 2016a ; graphique 3.11]).

Graphique 3.11. L’offre de main-d’œuvre progresse plus rapidement que le taux d’emploi au Sénégal
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Sources : Banque mondiale (2016a), http://databank.banquemondiale.org/ ; OCDE (2017), DOI : https://doi.org/10.1787/05025ae1-fr ; ANSD (2016).

 https://doi.org/10.1787/888933464012

Malgré une participation satisfaisante sur le marché de l’emploi, seule 44 % de la population active est habituellement occupée. Il s’agit de la main-d’œuvre qui, sur les douze derniers mois de l’enquête, disposait d’un emploi, salarié ou non (travail effectué en vue de tirer un bénéfice ou un gain, familial, en espèces ou en nature [ANSD, 2015a]). Ce taux, plus élevé dans les zones urbaines et pour les hommes, est à relier au taux de chômage. En 2015, le taux de chômage des plus de 15 ans est estimé à 15.7 %, et ce taux augmente sensiblement pour les urbains, en particulier pour les femmes (16.7 %) et les jeunes diplômés.

Le taux combiné du chômage et du sous-emploi s’élève à 40 % au Sénégal (ANSD, 2016b). Le sous-emploi lié à la durée du travail (proportion des personnes ayant un emploi et qui ont travaillé moins de 40 heures dans la semaine, et étaient disponibles pour travailler plus [ANSD, 2015a]) concerne 27.7 % des personnes qui ont un emploi, 40 % des femmes contre 20 % des hommes (ANSD, 2016b). Il est plus courant dans les zones rurales où une partie du sous-emploi est liée à la saisonnalité des activités agricoles. Au total, en combinant taux de chômage et taux de sous-emploi, seulement 17 % de la population active est dans une situation d’emploi satisfaisante (graphique 3.12).

Graphique 3.12. Les Sénégalais ne travaillent pas autant qu’ils le souhaiteraient
En pourcentage du nombre de personnes en âge de travailler
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Source : ANSD (2016b).

 https://doi.org/10.1787/888933464022

Les femmes sont plus fragilisées que les hommes en matière d’emploi. En effet, le taux d’activité des femmes (53 %) est plus faible que celui des hommes (63 %). Ainsi, en 2015, les femmes représentent 45 % de la force de travail en dépit du fait qu’elles constituent 54 % de la population en âge de travailler (ANSD, 2015a). En outre, la vulnérabilité de leur emploi est très élevée : en 2011, 68 % des emplois féminins au Sénégal sont considérés comme vulnérables, contre 51 % des emplois masculins (Banque mondiale, 2016a). L’écart entre les hommes et les femmes sur la vulnérabilité de l’emploi est l’un des plus élevés du groupe des pays de référence (Banque mondiale, 2016a). La faiblesse relative du taux d’activité des femmes, ainsi que la grande vulnérabilité de l’emploi féminin, peuvent notamment s’expliquer par les normes sociales discriminatoires. En effet, celles-ci attribuent aux femmes la responsabilité des travaux domestiques non rémunérés et limitent leur rôle économique du fait de leur rôle productif (Ferrant, Pesanda et Nowacka, 2014). Ceci est largement observé dans les disparités de genre dans l’utilisation du temps : au Sénégal, les femmes consacrent sept fois plus de temps que les hommes aux travaux domestiques non rémunérés (OCDE, 2014).

La situation est également préoccupante pour les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur. En 2011, 31 % des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur étaient au chômage, un chiffre qui a quasiment doublé depuis 2005. La plupart des étudiants sénégalais se dirigent vers l’université, et à 80 % vers les filières littéraires réputées plus facile d’accès. Or, ce sont justement dans ces filières que les opportunités d’emplois sont les plus faibles. La plupart des cycles d’études universitaires ne sont pas adaptés aux besoins du marché de l’emploi (formations principalement liées au secteur tertiaire) et les étudiants sont très peu nombreux à avoir la possibilité d’effectuer un stage dans le cadre de leurs études (voir la section dédiée à l’éducation). Dans cette perspective, le gouvernement a lancé des chantiers pour développer une offre éducative correspondant mieux aux besoins du marché du travail.

L’emploi salarié dans le secteur formel fonctionne comme un rempart contre la pauvreté, mais il représente moins de 30 % des emplois. La pauvreté ne concerne que 3.5 % des salariés des secteurs public et privé, mais ces derniers ne représentent qu’un tiers des emplois (ANSD, 2013 ; graphique 3.13). En 2015, si l’emploi salarié concerne la moitié des emplois à Dakar, il est particulièrement sous-représenté pour les femmes et les populations vivant en zones rurales. Seulement 14 % des emplois en zones rurales, principalement agricoles, sont salariés. Les 70 % des emplois restants (aides familiaux, employeurs et travailleurs pour compte propre) sont souvent précaires et concentrés dans le secteur informel.

Graphique 3.13. Les aides familiaux et les travailleurs pour compte propre sont les plus nombreux et les plus pauvres au Sénégal
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Source : ANSD (2013).

 https://doi.org/10.1787/888933464037

Création d’emploi insuffisante et faiblesse du capital humain pénalisent le dynamisme du marché de l’emploi

La création d’emploi augmente mais elle ne permet pas de répondre à la demande d’emploi réelle et potentielle. Depuis 2012, le gouvernement a créé plus de 200 000 emplois, sur les 500 000 prévus, hors secteur agricole. Ces chiffres sont encourageants, mais insuffisants pour répondre aux 15 % de chômeurs (ANSD, 2016b) et à l’arrivée des 100 000 jeunes chaque année sur le marché de l’emploi (AFD, 2015). La croissance du PIB n’est pas assez forte et le poids de plus en plus important des exportations de biens à forte intensité capitalistique limite la création de nouveaux emplois. L’accroissement rapide de la population (62 % de la population à moins de 25 ans) pourrait, à moyen terme, accroître le déséquilibre entre offre et demande d’emploi.

L’offre de capital humain est généralement faible (voir la section dédiée à l’éducation). Malgré les efforts des pouvoirs publics au cours des dernières années pour généraliser l’accès à l’enseignement primaire, le niveau de compétences des Sénégalais est faible avec seulement 2.8 années de scolarisation en moyenne. Au Kenya et en Côte d’Ivoire, le nombre moyen d’années de scolarisation est plus élevé, respectivement 6.1 et 4.7 années (Barro et Lee, 2013). L’analphabétisme concerne encore près de 50 % de la population. La faible maîtrise des compétences de base est préjudiciable pour l’obtention d’un emploi : 48 % des demandeurs d’emploi sont sans formation (ANSD, 2016b).

Le gouvernement a mis en place des mesures pour développer l’emploi et diminuer le chômage

Face aux échecs répétés en matière de politique d’emploi, le Gouvernement du Sénégal a développé en 2010 une nouvelle politique nationale de l’emploi et une Convention nationale État/employeur (CNEE). Cette politique, pilotée par le ministère de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne, entend faire de la promotion de l’emploi et du travail décent un instrument de stimulation de la croissance et de lutte contre la pauvreté. Les avancées concrètes sur la mise en œuvre opérationnelle de la nouvelle politique nationale de l’emploi sont actuellement en attente. Dans le même temps, le gouvernement a lancé la CNEE pour promouvoir l’emploi des jeunes. Cet instrument cherche à renforcer l’employabilité des jeunes et faciliter leur insertion sur le marché du travail au travers de programme de stages1 et d’apprentissage qui accordent des avantages fiscaux aux entreprises signataires de la convention (direction de l’Emploi, 2016).

Le gouvernement a également sollicité différents ministères pour développer les potentiels d’emplois. Par exemple, le ministère de l’Investissement et celui de l’Économie et des Finances travaillent ensemble sur un programme de promotion des investissements à fort potentiel de création d’emplois via une fiscalité incitative. Autre exemple, le ministère de l’Environnement et du Développement durable, qui développe un programme de promotion des emplois verts, programme important compte tenu des enjeux environnementaux auquel le Sénégal doit faire face. En zones rurales, le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) promeut l’emploi et l’entreprenariat agricole au sein des neuf domaines agricoles communautaires nouvellement en place. En 2016, 10 000 emplois avaient été créés (Prodac, 2016).

Dans la même lignée, le gouvernement a mis au point de nouveaux dispositifs institutionnels : le Haut conseil de l’emploi et un observatoire pour superviser le suivi de la politique de l’emploi. Le Haut conseil de l’emploi, directement rattaché à la Primature, est chargé de préparer le Conseil interministériel en charge des politiques de l’emploi et d’assurer le suivi du financement des projets d’emploi. Le gouvernement a également prévu la création d’un Observatoire sur l’emploi chargé de mener des enquêtes sectorielles trimestrielles sur l’emploi afin d’accroître l’adéquation entre offre et demande d’emploi.

La faiblesse de l’éducation retarde le développement économique du pays

Le système éducatif sénégalais peut être analysé à partir de trois angles d’approche. Le premier angle consiste à analyser les ressources financières et humaines investies dans l’éducation, et leur mode de gouvernance. Le second angle analyse les performances du système éducatif tant en termes d’accès à l’éducation que de qualité des enseignements. Le dernier angle s’intéresse à l’environnement d’apprentissage et à l’organisation scolaire.

D’importantes ressources financières sont entravées par des dysfonctionnements de gouvernance et une mauvaise gestion des ressources humaines

Des ressources financières importantes consacrées au secteur de l’éducation

Depuis l’an 2000, l’éducation est érigée comme priorité nationale. À partir de cette date, le Gouvernement sénégalais s’est engagé dans une vaste réforme du système éducatif. Cette réforme s’est matérialisée en 2001 dans le cadre du Programme décennal de l’éducation et de la formation (PDEF). Dans la continuité des réformes mises en œuvre, le gouvernement a adopté en 2012 une nouvelle lettre de politique générale pour le secteur de la formation, qui s’est traduite dans l’élaboration d’un Programme d’amélioration de la qualité, de l’éducation et de la transparence (Paquet) pour le secteur éducation-formation 2013-25. Le Paquet se veut être le socle de la politique nationale en matière d’éducation et de formation dans la stratégie d’émergence.

Cette volonté de réforme du système éducatif s’est traduite par une augmentation des budgets de l’éducation nationale. Le montant des crédits votés en faveur de l’éducation dans le budget de l’État a connu une progression substantielle, de 12.5 % en moyenne entre 2000 et 2011, passant de 105 milliards FCFA à 432 milliards FCFA en 2011. En 2014, le secteur de l’éducation représentait 25.5 % des dépenses totales du gouvernement, avec un montant de 585.3 milliards FCFA (MEN, 2016). Les dépenses liées à l’éducation représentent 7.73 % du PIB, un taux supérieur à celui des pays de comparaison et qui a enregistré une hausse de 4.6 points depuis 2000, avant le démarrage du PDEF (graphique 3.14). Compte tenu des autres chantiers du PSE et du montant des crédits alloués, les marges de manœuvre pour accroître les dépenses dans le domaine de l’éducation sont faibles.

Graphique 3.14. Les dépenses en éducation du Sénégal correspondent aux standards internationaux
Dépenses en éducation en pourcentage du PIB
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Sources : Banque mondiale (2016a), http://databank.banquemondiale.org/ ; MEN (2016).

 https://doi.org/10.1787/888933464048

Une gestion des ressources humaines inefficiente qui accapare l’ensemble des ressources financières

Afin d’accroître l’accès à l’éducation, le Gouvernement sénégalais a procédé à des recrutements massifs d’enseignants, dont les salaires sont venus alourdir le poids des ressources financières dédiées à l’éducation. En 1995, le gouvernement a mis en place un nouveau mode de recrutement des enseignants sous la forme du programme des volontaires de l’éducation. Afin de maîtriser la masse salariale, le salaire des volontaires était significativement inférieur à celui des enseignants titulaires. Ce mode de recrutement s’est amplifié dans le cadre du PDEF pour représenter aujourd’hui la majorité des enseignants (plus de 65 % en 2012). En outre, certains maîtres avaient été recrutés sur la base d’un clientélisme politique dans le cadre du quota sécuritaire. Ce mode de recrutement a été abandonné en 2010, mais les enseignants recrutés par ce biais sont toujours en poste. En 2014, le nombre d’enseignants était estimé à 86 000 au Sénégal, dont 71 339 dans l’enseignement pré-primaire et primaire. Par rapport à 2000, le nombre d’enseignants a augmenté de 208 %, une progression sans commune mesure avec les pays de comparaison (graphique 3.15, panel A). Ces corps émergents (vacataires, volontaires, maîtres et professeurs contractuels) n’ont pas le même statut que les enseignants titulaires, ce qui entraîne régulièrement des mouvements de grève (encadré 3.4). Les dépenses relatives au paiement des fonctionnaires, cumulées aux dépenses des corps émergents, représentent environ 70 % du budget global de l’éducation, laissant très peu de marge de manœuvre budgétaire (MEN, 2016).

Graphique 3.15. Les enseignants sénégalais sont encore peu formés et pèsent sur le budget de l’éducation
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Source : UIS, http://data.uis.unesco.org/ ; République du Sénégal (2013).

 https://doi.org/10.1787/888933464053

Encadré 3.4. Les grèves à répétition révèlent l’inefficacité du dialogue social et pénalisent la scolarité des enfants

La création des corps émergents a fragilisé la fonction enseignante en créant une précarité et une inégalité chez les enseignants. Dans une même école primaire, plusieurs statuts peuvent coexister, du volontaire à l’instituteur adjoint ou titulaire, en passant par le maître contractuel. Au niveau du secondaire, les vacataires travaillent avec les professeurs titulaires.

Les corps émergents ne bénéficient ni du même statut, ni des mêmes avantages, ni du même salaire que les fonctionnaires. Les fonctionnaires sont payés par le ministère des Finances et reçoivent leur salaire régulièrement en fin de mois. En revanche, le paiement des corps émergents obéit à une autre logique, ce qui entraîne des retards récurrents de paiement des salaires et, par conséquent, des grèves qui déstabilisent les écoles. Ces perturbations ont négativement affecté le quantum horaire des élèves, qui ont parfois dû faire leur année scolaire sur deux années. Les corps émergents, qui représentent aujourd’hui 65 % des effectifs, sont en effet suffisamment puissants pour obtenir des acquis de salaires substantiels qui mettent les finances de l’État en difficulté. Cette problématique renvoie aux défaillances du système de gouvernance à l’œuvre dans le secteur de l’éducation et, plus globalement, aux défis de l’économie politique auxquels le Sénégal doit faire face (voir chapitre 5).

Sources : République du Sénégal (2013) ; Niang (2014).

De nombreux efforts de politiques publiques ont été entrepris pour améliorer la formation des enseignants, mais ils doivent être poursuivis. Au niveau de l’enseignement élémentaire, 84 % des maîtres justifient d’un diplôme professionnel. Au niveau du secondaire moyen et général, 80 % des enseignants justifient d’un diplôme professionnel. Les données internationales donnent 70 % d’enseignants qualifiés dans l’enseignement primaire, un taux qui place le Sénégal dans une position défavorable par rapport aux pays comparateurs (graphique 3.15, panel B). Les retards de qualification des enseignants s’expliquent, en partie, par les recrutements des corps émergents qui ne justifient pas de la même formation qualifiante que les enseignants titulaires (ces derniers étaient, avant 1995, recrutés après le brevet des collèges et formés à l’École normale supérieure pendant quatre ans). Les corps émergents peuvent ainsi être directement recrutés après le brevet des collèges.

Un système de gouvernance qui présente un certain nombre de limites

Le constat du manque d’optimisation des dépenses en éducation est partagé. Compte tenu du niveau satisfaisant des dépenses investies dans l’éducation, le gouvernement devrait disposer de l’assise financière nécessaire pour répondre à l’insuffisance de l’offre d’éducation et de formation. Les déperditions et pertes de ressources dans le système éducatif, notamment dans le circuit de la dépense publique et des dépenses de personnel, sont importantes, et sont pointées du doigt dans plusieurs rapports d’évaluation (République du Sénégal, 2013 ; Diagne, 2012). Il semblerait que l’allocation des ressources puisse gagner en efficacité.

L’interaction entre l’administration centrale et l’échelon local pourrait être plus performante avec un véritable transfert de compétences. L’éducation fait partie des neuf compétences transférées aux collectivités locales dans le cadre du processus de décentralisation. Ces compétences sont effectivement exercées par les collectivités, mais les fonds transférés aux échelons locaux sont insuffisants par rapport aux besoins de prise en charge (République du Sénégal, 2013 ; chapitre 5 sur la décentralisation). De plus, les élus locaux ne sont pas suffisamment associés aux phases d’élaboration des politiques éducatives (formulation, élaboration et validation), leurs avis ne sont pas souvent pris en compte et la concertation avec l’administration centrale peut être insuffisante (Cosydep, 2014). Au niveau déconcentré, environ 40 % du budget de l’État pour l’éducation a été transféré aux services concernés (inspections d’académie, inspections départementales de l’Éducation nationale, inspections de l’éducation et de la formation et aux écoles) sur la période 2009-12 (République du Sénégal, 2013), mais la gestion de ces lignes de crédit est remise en cause (Cosydep, 2014). De plus, l’articulation entre administration centrale, échelon déconcentré et échelon décentralisé ne fonctionne pas. Les communautés locales peinent encore à s’investir pleinement dans le système scolaire, et la multiplication des acteurs retarde la mise en œuvre des décisions.

La politique de ressources humaines manque d’anticipation, d’efficacité et d’évaluation, engendrant des manques à gagner conséquents pour l’État. Le PDEF prévoyait une gestion des ressources humaines plus efficace, mais celle-ci présente des dysfonctionnements. Avant 2012, l’administration a recruté plus de volontaires et de vacataires que prévu, entraînant des charges financières imprévues (République du Sénégal, 2013). Les professeurs contractuels et fonctionnaires ne travaillent pas au maximum de leur capacité, les heures manquantes sont assurées par des vacataires qui peuvent demander des versements compensatoires à l’État. De plus, le système d’évaluation de la performance des enseignants ne fonctionne pas (les contrôles d’inspection sont quasi inexistants, le système d’évaluation basé sur le mérite n’a jamais vu le jour, les primes individuelles au mérite ne sont pas appliquées [République du Sénégal, 2013]) entraînant des enseignants démotivés, des taux d’absentéisme élevés et une proportion non négligeable d’instituteurs hors classe (République du Sénégal, 2013).

Malgré des progrès dans l’accès à l’éducation, la qualité de l’enseignement reste faible et pénalise le développement du stock de capital humain

Un accès encore insuffisant et une faible qualité du système éducatif sénégalais

Bien que les taux de scolarisation restent faibles, le Sénégal a réalisé d’importants progrès pour améliorer l’accès à l’éducation. Le gouvernement a fait des efforts pour accroître le niveau d’instruction de la population. Sur la période 2000-11, le nombre d’enfants inscrits dans un cycle d’enseignement préscolaire a progressé au rythme élevé de 18 % par an en moyenne, notamment avec le développement des cases communautaires et des cases des tout-petits, mais reste encore très faible. En 2015, seulement 16.5 % des enfants âgés de 3 à 5 ans suivent un cycle d’enseignement préscolaire (RNSE, 2016). Au niveau de l’enseignement élémentaire, les taux brut de scolarisation au primaire ont bien progressé depuis le début des années 2000 pour s’établir à 84.37 % en 2015 (MEN, 2015) (taux net : 61.4 % [ANSD, 2014]). Avec la mise en œuvre de la loi relative à l’obligation scolaire de 10 ans, les taux de transition entre le CM2 et la 6e ont augmenté significativement, et l’accès à l’enseignement moyen a bien progressé pour se situer à un taux brut de scolarisation de 58.37 % (MEN, 2015) (taux net : 34.9 % [ANSD, 2014]). Cependant, le taux brut de scolarisation au niveau secondaire n’est que de 33.2 % en 2015 (MEN, 2015 ; taux net de 13 % [ANSD, 2014]), un taux largement inférieur à ceux des pays de comparaison (graphique 3.16).

Graphique 3.16. À l’exception du primaire, les taux brut de scolarisation progressent lentement au Sénégal
En pourcentage, pour les années 2000, 2006 et 2014 (ou dernière année disponible)
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Source : UIS, http://data.uis.unesco.org/.

 https://doi.org/10.1787/888933464065

Les écarts de scolarisation sont généralement plus marqués entre les milieux de résidence qu’entre les genres. La scolarisation des filles a connu une avancée considérable ces dernières années et les écarts de scolarisation ne sont aujourd’hui plus significatifs entre les filles et les garçons. Par exemple, selon l’étude « À l’écoute du Sénégal » de l’ANSD (2014), les filles scolarisées en primaire sont plus nombreuses que les garçons. Les écarts entre les sexes sont plus marqués dans le secondaire supérieur en milieu rural : seulement 4.6 % des filles sont scolarisées contre 9.5 % pour les garçons (encadré 3.5). En revanche, les inégalités spatiales restent très importantes. Dans le primaire, le taux de scolarisation moyen est de 77.6 % à Dakar, contre 52.1 % en zones rurales. Dans l’enseignement moyen, il est de 50.8 % à Dakar et 26 % en zones rurales (graphique 3.17). Les disparités dans l’offre d’infrastructures scolaires, qui expliquent principalement ces écarts, ont été réduites ces dernières années avec les efforts du gouvernement en matière de construction et d’équipement d’écoles, de salles de classe et d’ouvrages annexes, qui ont permis d’élargir les capacités d’accueil et d’améliorer l’environnement des apprentissages.

Encadré 3.5. Les institutions sociales discriminatoires, telles que le mariage précoce, peuvent expliquer l’accès restreint des Sénégalaises à l’éducation secondaire

L’écart de scolarisation entre les filles et les garçons s’inverse dans le secondaire en partie du fait d’institutions sociales discriminatoires. En effet, les mariages précoces influencent négativement la scolarisation des filles. Assumant plus de charges domestiques, notamment vis-à-vis des enfants, la probabilité qu’elles abandonnent l’école est accrue. Plus la prévalence du mariage précoce est élevé, moins les filles ont accès à l’éducation secondaire, plus l’écart entre les genres est élevé (Ferrant, Pesando et Nowacka, 2014). Or, au Sénégal, 25 % des filles âgées de 15 à 19 ans étaient mariées en 2014, contre 4.6 % des garçons de la même classe d’âge (OCDE, 2014). Cet écart est favorisé par le cadre juridique sénégalais, qui autorise le mariage précoce des filles (à partir de 16 ans) mais pas des garçons (qui ne peuvent se marier légalement qu’à partir de 18 ans). Le taux de mariage précoce est l’un des plus élevés au sein de l’échantillon de référence, après celui de la Côte d’Ivoire.

Source : Ferrant, Pesando et Nowacka (2014) ; OCDE (2014).

Graphique 3.17. Les écarts des taux de scolarisation sont plus marqués entre les milieux de résidence qu’entre les genres au Sénégal
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Source : ANSD (2015a).

 https://doi.org/10.1787/888933464079

La scolarisation dans le supérieur a fortement progressé sans que les infrastructures universitaires suivent. En 2014, environ 7 % des Sénégalais d’une classe d’âge suivaient un enseignement supérieur, avec des disparités importantes selon le lieu de résidence (12 % à Dakar contre 1 % en zones rurales). Celles-ci s’expliquent naturellement par la concentration des établissements d’enseignement supérieur à Dakar. Le nombre d’étudiants a été multiplié par 5 depuis le début des années 2000 (de 30 000 étudiants en 2000 à 150 000 en 2015), mais les infrastructures n’ont pas suivi. L’université Cheikh Anta Diop de Dakar, construite pour moins de 10 000 étudiants en 1969, est ainsi actuellement fréquentée par 80 000 étudiants. Dans le cadre du Plan de développement de l’enseignement supérieur et de la recherche au Sénégal 2013-17, le gouvernement prévoit de développer les infrastructures universitaires : projets de construction de l’université du Sine-Saloum, d’une seconde université à Dakar, de l’université arabo-islamique, ou encore de l’université virtuelle du Sénégal (comprenant 21 espaces numériques ouverts), et de centres délocalisés des universités existantes (MESR, 2013).

Outre le déséquilibre territorial, l’enseignement supérieur doit relever un certain nombre de défis. Le gouvernement a décidé de procéder à la quasi-généralisation des allocations d’études aux étudiants, ce qui a entraîné une hausse du nombre d’inscrits à l’université. Ils sont aujourd’hui environ 80 % à toucher une bourse d’études ou aide (36 000 FCFA par mois) qui les incite à rester dans le système universitaire. Les étudiants non boursiers bénéficient également d’une aide annuelle de 60 000 FCFA. Ces dépenses coûtent cher à l’État (la dépense moyenne par étudiant dans l’enseignement supérieur public revient à 2 fois le PIB par tête, selon République du Sénégal, 2013), qui a du mal à honorer ses engagements. Les retards dans le paiement de ces allocations d’études sont fréquents et engendrent régulièrement des mouvements protestataires. Si le nombre d’étudiants continue de progresser, la poursuite de la généralisation des bourses paraît difficilement soutenable. En outre, les capacités d’encadrement sont faibles. Le ratio du nombre d’étudiants par personnel enseignant et de recherche est très élevé, de l’ordre de 100 étudiants par enseignant, contre 20 étudiants par enseignant en moyenne dans les pays de l’OCDE (République du Sénégal, 2013). Conséquence partielle de la faiblesse des taux d’encadrement, les taux de réussite sont faibles, de l’ordre de 20 % en 2012, avec de grandes disparités en fonction des universités (MESR, 2013). Enfin, le Sénégal a adopté le système licence, master, doctorat (LMD), qui pousse les étudiants au master sans que les débouchés professionnels soient assurés.

La mise en place des contrats de performance est une première étape pour professionnaliser l’université sénégalaise. Le ministère de l’Éducation nationale et l’Université s’accordent, via ce mécanisme, sur un nouveau mode de gouvernance dans l’enseignement supérieur. En contrepartie d’une aide financière accordée par le gouvernement, l’Université s’engage à améliorer ses performances dans six domaines spécifiques (taux de redoublement ; utilisation des Technologies de l’information et de la communication [TIC] ; qualité de l’enseignement ; diversité des programmes d’orientation professionnel favorisant les filières scientifiques ou techniques ; système de gouvernance ; et liens avec le marché du travail). Ce mécanisme de financement innovant, mis en place en 2011, avait bénéficié d’une enveloppe de 21.5 milliards FCFA en 2014 (Association des universités africaines, 2014).

La formation technique et professionnelle (FTP) devrait se développer davantage. La FTP s’est largement réformée suite aux assisses nationales de la FTP de 2001 et aux assises de l’éducation et de la formation de 2014. Le taux d’accès à la FTP initiale des 15-24 ans a connu des progrès importants, passant de 2 % en 2013 à 5.4 % en 2014. Cependant, il s’agit d’un taux bas par rapport aux pays de comparaison (14 et 22 % à Maurice et au Costa Rica [UIS]). L’insuffisance du réseau des structures de formation (environ 80 % des effectifs d’apprenants sont concentrés à Dakar, Thiès ou Saint-Louis) limite en effet l’accès à la FTP (République du Sénégal, 2013). De plus, la majorité des effectifs de la FTP suit des formations dans les secteurs secondaires et tertiaires, les effectifs étant très limités dans le primaire (2 % [République du Sénégal, 2013]) alors que la valeur ajoutée de ce dernier dans le PIB est de 15 %. De fait, les entreprises qui disposent des ressources financières suffisantes forment en interne leur personnel ou les envoient suivre des formations qualifiantes à l’étranger.

Le gouvernement a engagé plusieurs réformes pour développer la formation professionnelle et son adéquation avec le marché du travail. Le gouvernement a initié un réseau de 14 instituts supérieurs d’enseignement professionnel (ISEP [MESR, 2016]) pour développer l’offre de formation sur l’ensemble du territoire. Ces instituts ont permis à 80 % des diplômés de trouver un travail (MESR, 2016). Cette initiative prometteuse devrait se développer dans les prochaines années. Le gouvernement a également lancé le Programme sénégalais pour l’entrepreneuriat des jeunes (PSE-J), et poursuit par ailleurs ses efforts pour développer les licences professionnelles et réformer les programmes sur les métiers du pétrole et du gaz dans la perspective de l’exploitation des nouveaux gisements (MESR, 2016).

La qualité de la FTP ne permet pas encore de répondre aux besoins du marché du travail. Le développement de la formation professionnelle ne s’est pas fait de manière très structurée et a conduit au recrutement de formateurs aux profils inadaptés dans les filières techniques (AfDB/OCDE/PNUD, 2016). En effet, comme pour l’enseignement général, un nombre important de vacataires et de contractuels ont été recrutés pour répondre à la nouvelle demande, sans que les niveaux de qualification suivent (République du Sénégal, 2013).

La contribution du secteur privé à l’éducation progresse, notamment au niveau du préscolaire. Face à la demande croissante d’enseignement au Sénégal et à la défiance d’une partie de la population à l’égard de l’école publique, l’enseignement privé se développe rapidement. En 2014, 11.2 % des enfants sont inscrits dans un établissement privé laïc et 3.1 % dans un établissement privé catholique (ANSD, 2015a), soit 14.3 % des effectifs totaux contre 10 % en 2003 (MEN, 2013). L’enseignement privé est particulièrement développé pour le préscolaire, où il concerne plus du tiers des enfants scolarisés. La scolarisation dans le privé pour l’enseignement post-primaire concerne principalement les familles les plus aisées vivant en zones urbaines (Diagne, 2012). Au Togo ou au Bénin, compte tenu des défaillances de l’enseignement public et de la nécessité d’accélérer les efforts de scolarisation, plus du quart des élèves sont scolarisés dans l’enseignement privé au niveau secondaire (Diagne, 2012).

L’éducation religieuse étant importante au Sénégal, le système éducatif jongle avec une diversité de modèles. L’enseignement privé de confession islamique concerne 8.7 % des effectifs scolarisés dans le pré-primaire et 4 % des effectifs dans le primaire (ANSD, 2014 ; graphique 3.18). À ce jour, il n’existe pas de politique publique permettant une mise à niveau de l’enseignement diffusé dans les écoles coraniques, ou daaras, ni des passerelles entre celles-ci et les écoles du système formel (République du Sénégal, 2013). En 2002, le gouvernement a proposé une vaste réforme de modernisation des daaras, dont les contours du projet de loi et de décret sont en cours de discussion. En parallèle, le gouvernement s’est engagé en 2002 à introduire un enseignement religieux dans les écoles publiques et à créer environ 300 écoles franco-arabes publiques, qui représentent aujourd’hui 3.4 % des écoles publiques. Plus récemment, le gouvernement s’est engagé à construire 64 daaras modernes (dont 32 publics) et à soutenir 100 autres daaras en matière d’infrastructures et de ressources matérielles et pédagogiques. Les écoles franco-arabes publiques, l’enseignement religieux et les daaras modernes témoignent de la diversité des modèles éducatifs au sein de l’État sénégalais, qui pèse sur la qualité du système éducatif. Cette diversité est exacerbée par la multitude de langues parlées au Sénégal.

Graphique 3.18. Enseignement privé et écoles coraniques concernent un enfant sénégalais sur cinq
Répartition des élèves par type d’établissement et par cycle d’enseignement
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Source : ANSD, 2014.

 https://doi.org/10.1787/888933464085

Le stock de capital humain actuel ne permet pas d’atteindre l’émergence

Le nombre moyen d’années de scolarisation est faible au Sénégal. Avec 2.74 années de scolarisation en moyenne, il s’agit du taux le plus faible par rapport aux pays de comparaison et la progression sur la dernière décennie a été inférieure à une année de scolarisation (Barro et Lee, 2013).

L’ampleur de l’analphabétisme, notamment pour les femmes en zones rurales, révèle la faiblesse du capital humain dans le pays. Le niveau d’alphabétisation moyen a pratiquement stagné (en hausse de 0.8 %) entre 2011 et 2014 pour atteindre 52.9 % en 2014. Il s’agit du taux d’alphabétisation le plus faible au sein du groupe des pays de référence (graphique 3.19, panel B). Avec un taux d’alphabétisation de 28.6 %, les femmes vivant en zones rurales sont les premières concernées par l’ampleur de l’analphabétisme (ANSD, 2014). Les jeunes Dakarois sont alphabétisés à 80 %, ce qui est un signe encourageant pour l’amélioration du capital humain.

Graphique 3.19. Les indicateurs relatifs au stock de capital humain sont faibles au Sénégal
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Sources : Banque mondiale (2016a), http://databank.banquemondiale.org/ ; ANSD (2015a) ; Barro et Lee (2013), DOI : https://doi.org/10.3386/w15902.

 https://doi.org/10.1787/888933464097

Au regard des tests internationaux et des examens nationaux, le niveau des élèves semble stagner. Les taux de réussite au brevet de fin d’études moyennes sont en moyenne autour de 50 %, généralement stables depuis 2000 (République du Sénégal, 2013). Enfin, un tiers des élèves en moyenne réussissent l’examen du baccalauréat général (36 % en 2016). En 2007, sur la base des études du Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la Confemen (Pasec), le score moyen des élèves aux tests de français et de mathématiques en 5e année est respectivement de 40 et 38 sur 100, des scores légèrement supérieurs à la moyenne des 10 pays d’Afrique ayant participé à l’évaluation.

Les goulets d’étranglement dans le système scolaire expliquent en partie la faiblesse de ces résultats académiques. Outre le faible niveau de formation des enseignants, les dysfonctionnements au niveau de l’environnement d’apprentissage et de l’organisation scolaire expliquent la faiblesse du système éducatif sénégalais. Certains intrants et déterminants dans le système sont préjudiciables à l’acquisition des connaissances. Les programmes pédagogiques, la politique de redoublement, les taux d’encadrement, la présence de manuels scolaires, la présence de classes à double flux ou multigrades, sont autant d’éléments qui influencent la réussite scolaire (Diagne, 2012). La section suivante aborde quelques-uns de ces intrants.

L’environnement et l’organisation scolaires ne sont pas propices aux conditions d’apprentissage

Afin de faire baisser les taux de redoublement, le système de passage en classe supérieure a été allégé, mais au détriment de l’acquisition des connaissances. Les résultats du Pasec ont montré que les redoublements ne sont pas toujours efficaces pour une meilleure acquisition de connaissances des élèves, les redoublants progressant plus vite lorsqu’ils passent en classe supérieure. Sur la base de ce constat, le système de passage en classe supérieure a été allégé, et les taux de redoublement ont diminué : de 12.4 % au primaire en 2000 à 3.5 % en 2011 (République du Sénégal, 2013) et à 3.9 % en 2015 (MEN, 2015). Au collège, les redoublements ne doivent pas dépasser 5 % des effectifs. Ainsi, malgré des taux de redoublement élevés au collège (22 % en 2015 [MEN, 2015]), des élèves peuvent passer dans la classe supérieure sans avoir atteint le niveau de connaissances requis.

Classes à double flux, multigrade et taux d’encadrement très faibles caractérisent les classes au Sénégal. En 2015, 27.9 % des élèves de l’enseignement primaire sont en classe multigrade2 , et 6.6 % en classe double flux3 (MEN, 2015). Cette situation est plus marquée dans les régions de Kaffrine (49.3 %), de Tambacounda (43.4 %), de Louga (42.7 %), et de Kédougou et Kolda (41.2 %) (RNSE, 2015). La part des classes double flux est de 38 % dans l’académie de Pikine-Guédiawaye, de 14.6 % à Thiès et 13.2 à Rufisque (MEN, 2015). Les classes à double flux sont particulièrement développées dans les villes à forte croissance démographique. Les derniers résultats des épreuves Pasec estiment que la réduction des heures d’apprentissage dans les classes double flux génère une contre-performance de plus de 70 % par rapport aux élèves en classe à flux unique (Pasec, 2015). La taille moyenne des groupes pédagogiques dans l’enseignement élémentaire public est de 38 élèves (pour les flux uniques) mais atteint les 41 élèves dans la région de Thiès, 41 à Diourbel et 39 à Sédhiou (MEN, 2015). Au total, la moyenne des 730 heures d’enseignement par année scolaire (en 2009) est inférieure aux 900 heures préconisées par l’Unesco (République du Sénégal, 2013).

Les cantines scolaires, condition primordiale pour favoriser la scolarisation des enfants, se sont bien développées mais leur développement connaît un certain ralentissement depuis 2014. Le Gouvernement sénégalais est conscient de l’importance des cantines scolaires pour la performance des élèves. Elles améliorent le statut nutritionnel et sanitaire des enfants et renforcent le niveau de concentration et d’assimilation en classe. Les études sur ce sujet ont montré l’impact positif des cantines sur les acquisitions cognitives des élèves et sur les taux de redoublement (Diagne, 2012). Ainsi, avec un budget multiplié par deux, 56 % des écoles publiques élémentaires étaient équipées de cantines scolaires en 2011 (République du Sénégal, 2013). Les établissements préscolaires et secondaires en étaient respectivement équipés à hauteur de 75 % et de 15 % (République du Sénégal, 2013). Cependant, le développement des cantines est principalement financé par les bailleurs de fonds, dans le cadre du Programme alimentaire mondial de l’ONU, ce qui pourrait être préjudiciable à la soutenabilité du financement dans les prochaines années. Entre 2014 et 2015, le développement des cantines, toutes zones confondues, a en effet enregistré une baisse de 20.6 points de pourcentage.

La politique relative aux manuels scolaires s’est bien développée. De nombreux chercheurs ont mis en avant l’effet positif des manuels scolaires sur la réussite scolaire des élèves du primaire et du secondaire (Diagne, 2012). Dans le cadre du PDEF, le ministère s’est engagé à fournir à chaque élève deux manuels (lecture et calcul) pour les deux premières années d’enseignement élémentaire, et cinq manuels pour les classes supérieures. Entre 2014 et 2016, 5 400 000 manuels et 1 700 000 livrets d’intégration et d’activités ont été injectés gratuitement dans l’enseignement élémentaire. Les ratios manuel/élève ont fortement progressé au cours des deux dernières années et atteignent, en 2016, deux manuels par élève (lecture et mathématiques) pour les trois niveaux du cycle primaire (CI-CP ; CE1-CE2 ; CM1-CM2).

Malgré l’instauration des contrats de performance, la faible supervision sur toute la chaîne de l’enseignement peut impacter la qualité du système éducatif. Au niveau de l’école, les directeurs ne contrôlent que rarement le travail des maîtres. Ainsi, plus d’un quart des enseignants des écoles publiques ne prépare pas ses leçons et ne fait pas de planification des apprentissages (Diagne, 2012). Le métier d’enseignant peut être aujourd’hui vu comme un tremplin pour rejoindre un autre poste dans la fonction publique. Au niveau de l’académie, les inspecteurs n’exercent qu’un faible contrôle sur les directeurs d’école. Le manque d’évaluation des performances à chacun des niveaux de la chaîne d’enseignement conduit à une dégradation générale de la gestion du système éducatif. Depuis 2012, le développement des contrats de performance a permis d’améliorer les mécanismes de supervision : 8 137 écoles élémentaires publiques, 200 collèges d’enseignement moyen, et 100 daaras avaient signé en 2015 des contrats de performance avec les inspections de l’éducation et de la formation (IEF) ; 59 IEF avec les inspections d’académie (IA) ; et 16 IA avec le ministère de l’Éducation nationale.

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Notes

← 1. Les règles applicables aux contrats de stage sont définies par la loi n° 2015-04 du 12 février 2015 et par le décret d’application n° 2015-777 du 2 juin 2015.

← 2. La classe multigrade est un regroupement d’élèves de deux niveaux dans la même classe avec un seul enseignant. Le temps d’apprentissage total des élèves est considéré comme identique à celui des classes à flux simple.

← 3. La classe double flux est une classe dans laquelle un seul maître donne cours à deux cohortes d’élèves (A et B) en alternance. La cohorte A vient le lundi, jeudi et vendredi matin, et le mardi après-midi. La cohorte B a cours le mardi, mercredi, samedi matin et le jeudi après-midi. Ces classes sont principalement présentes dans les zones urbaines à forte population.