Résumé

L’histoire de la Côte d’Ivoire montre que la croissance économique passée n’a pas été suffisamment durable pour permettre au pays d’atteindre l’émergence. La forte croissance économique de la période du miracle ivoirien (1960-80) a été suivie d’un long déclin. Le produit intérieur brut (PIB) par habitant de la Côte d’Ivoire a doublé entre l’indépendance, en 1960, et la fin des années 70. Cependant, quinze ans plus tard, au milieu des années 90, il est redescendu à son niveau de 1960 pour ne plus guère en bouger jusqu’au redécollage récent.

Depuis la fin de la crise de 2011, la croissance économique est soutenue mais ne se traduit pas par une hausse significative du bien-être des populations. Malgré des taux de croissance importants depuis 2011, le revenu par habitant a faiblement progressé ces dernières années, le marché de l’emploi est dominé par la précarité et les conditions de logement restent vétustes. Même si le contexte sécuritaire s’est récemment amélioré, la qualité de vie des Ivoiriens reste fragile, plombée, entre autres, par les faibles performances du pays en matière d’éducation, de santé et de participation à la vie publique.

Pour atteindre l’émergence en 2020, la Côte d’Ivoire devra mener la transformation structurelle de son économie et rendre la croissance inclusive. Pour assurer une croissance économique durable, elle devra évoluer vers une structure plus diversifiée, reposant sur des secteurs porteurs avec davantage de création d’emplois. Mais la croissance économique seule ne suffira pas. Les fruits de la croissance devront être répartis plus équitablement entre les Ivoiriens pour permettre d’améliorer la qualité de vie et les conditions matérielles des individus. Ainsi, il s’agira de rendre la croissance suffisamment inclusive pour accroître le bien-être des populations.

L’Examen multidimensionnel de la Côte d’Ivoire vise à soutenir l’élaboration d’une stratégie de développement pour l’émergence de la Côte d’Ivoire en 2020. Réaliser une croissance durable et inclusive nécessite une vision de développement national ambitieuse. L’Examen multidimensionnel de la Côte d’Ivoire a soutenu la définition d’une vision pour l’émergence. Les grandes caractéristiques de cette vision de développement national ont servi à orienter les analyses quantitatives et à dresser un diagnostic complet des obstacles au développement. Ces travaux ont servi de base pour une analyse approfondie des principales contraintes au développement, qui, une fois levées, devront accélérer significativement le développement du pays.

Les efforts des autorités ivoiriennes doivent être focalisés sur la levée des principaux obstacles au développement pour construire les bases solides sous-tendant la compétitivité de l’économie. Plusieurs conditions doivent être remplies pour parvenir à un développement durable et une croissance partagée entre tous les citoyens. Pour mener à bien la transformation structurelle de l’économie, la Côte d’Ivoire devra avoir :

  • un secteur agricole performant et des filières agro-industrielles au fort potentiel qui constituent des moteurs de la croissance

  • un secteur industriel diversifié, générateur d’emplois, ayant accès à des infrastructures de production performantes

  • des ressources minières qui jouent un rôle dans la croissance économique

  • un secteur des services qui accompagne la modernisation de l’économie

  • des petites et moyennes entreprises (PME) qui constituent une base dynamique de l’économie

  • la création de valeur portée par l’innovation

  • un climat des investissements incitatif pour le secteur privé

  • des normes et standards de qualité valorisés

  • une concurrence dynamique

  • des échanges commerciaux facilités

  • un potentiel économique du capital foncier réalisé

  • un développement économique qui met en avant tous les territoires.

Pour améliorer et développer le réseau d’infrastructures sur l’ensemble du territoire, la Côte d’Ivoire devra bénéficier :

  • d’un accès aux infrastructures clés pour l’émergence facilité pour l’ensemble de la population

  • d’infrastructures compétitives

  • d’infrastructures soutenables financièrement.

La Côte d’Ivoire devra également favoriser le financement du secteur privé et du tissu de PME, et renforcer l’inclusion financière. Pour ce faire, il s’agira d’avoir :

  • un risque de crédit réduit et mieux évalué

  • un fonctionnement du système des garanties amélioré

  • une épargne nationale davantage mobilisée avec une maturité allongée

  • une inclusion financière renforcée grâce à de nouvelles solutions de bancarisation

  • une confiance accrue des individus dans le système bancaire

  • des solutions de financement alternatives au crédit bancaire.

Pour orienter les efforts de hausse du niveau d’éducation et assurer que les citoyens aient les compétences adaptées au marché du travail, il s’agira d’assurer :

  • l’amélioration des résultats de l’enseignement primaire et du premier cycle du secondaire en termes de participation et de compétences acquises par les étudiants

  • un système de formation technique fournissant à la main-d’œuvre les compétences nécessaires à la transformation économique

  • la formation des adultes pour résorber le déficit en matière d’éducation.

Enfin, le pays devra mettre en place un système fiscal qui génère moins de distorsions et davantage de recettes pour financer les besoins croissants du pays. Il s’agira d’avoir :

  • une administration fiscale fonctionnant efficacement

  • une base d’imposition élargie et simplifiée

  • un fonctionnement du système fiscal renforcé.

La bonne mise en œuvre des réformes et actions, leur suivi et évaluation seront essentiels pour atteindre l’émergence. Une stratégie de développement bien conçue doit permettre de suivre et évaluer l’efficacité des politiques publiques en permettant aux décideurs politiques de réévaluer et réajuster régulièrement les réformes entreprises en vue de leur mise en œuvre optimale. Ainsi, l’Examen multidimensionnel de la Côte d’Ivoire met en lumière des risques à prendre en compte durant la mise en œuvre des actions, car susceptibles d’affecter le bon déroulement des réformes. Il propose également un tableau de bord qui retrace les progrès réalisés et constitue une base d’évaluation des changements devant conduire à l’émergence en 2020.