Chapitre 4. Mobilité intergénérationnelle et devenir professionnel : Quels résultats pour les enfants d’immigrés ?

Ce chapitre analyse les aspects intergénérationnels de l’intégration des jeunes issus de l'immigration sur le marché du travail en Europe. Il commence par étudier, en fonction du niveau d’instruction des parents, les résultats professionnels de trois grands groupes d’individus adultes nés dans le pays : ceux dont les parents sont nés dans le pays, ceux dont les parents sont nés dans l’UE, et ceux dont les parents sont nés en dehors du l’UE. L’accent est mis sur le niveau d’instruction des parents, mais des caractéristiques individuelles sont aussi prises en considération. Dans une deuxième partie, le présent chapitre étudie la mobilité professionnelle en analysant dans quelle mesure les adultes occupent des emplois qui exigent des compétences supérieures à celles que leurs parents devaient posséder pour exercer leur métier. Comme dans la section précédente, l’analyse vise à déterminer si les individus nés dans le pays de parents immigrés sont plus ou moins mobiles sur le plan professionnel. Enfin, le chapitre analyse la transmission intergénérationnelle de la vulnérabilité économique, en mettant l’accent sur les individus qui se situent en bas de l’échelle et sur la perpétuation de ce handicap d’une génération à l’autre.

    

Principaux résultats

  • Le niveau d’instruction des parents joue un rôle important dans le devenir professionnel de leurs enfants à l’âge adulte d’une façon générale – mais au niveau agrégé il a tendance à être un peu moins déterminant chez les enfants de parents immigrés que chez les enfants de parents nés dans le pays. En Europe, les individus nés dans le pays de parents peu instruits non originaires de l’UE ont à peu près les mêmes chances d’occuper un emploi que les individus nés dans le pays de parents nés dans le pays peu instruits. Toutefois, le fait d’avoir des parents moyennement instruits (par opposition à des parents peu instruits) fait augmenter le taux d’emploi des individus nés dans le pays de parents nés dans le pays de 10 points de pourcentage (pp), tandis qu’il n’augmente que de 5 pp chez les individus nés dans le pays de parents non originaires de l’UE. La situation est quasiment la même chez les individus qui ont des parents très instruits (par opposition à des parents moyennement instruits). Cela fait écho à des résultats de travaux antérieurs de l’OCDE, lesquels ont montré que les diplômes étrangers obtenus dans des pays non européens étaient beaucoup plus dépréciés sur le marché du travail que ceux délivrés dans les pays de l’UE (Damas de Matos et Liebig, 2014). Les conclusions de ce chapitre donnent à penser que cette décote peut avoir des conséquences intergénérationnelles.

  • Quel que soit le niveau d’instruction des parents, les enfants dont les parents sont d’origine européenne enregistrent, à l’âge adulte, des taux d’emploi supérieurs à ceux des deux autres groupes observés dans ce chapitre, c'est-à-dire les adultes nés de parents nés dans le pays et ceux nés de parents non originaires de l’UE. L’écart est le plus marqué au bas de l’échelle des qualifications des parents, ce qui donne à penser que l’origine migratoire a un impact plus important sur les individus peu instruits que sur les individus très instruits.

  • Toutefois, chez les enfants adultes qui sont eux-mêmes peu instruits, le fait d’avoir des parents moyennement instruits par rapport à des parents peu instruits stimule davantage leurs chances d’occuper un emploi si leurs parents sont nés en dehors de l’UE que s’ils sont nés dans le pays.

  • Les différences de niveaux d’instruction expliquent en partie les écarts entre les taux d’emploi des différents groupes d’individus nés dans le pays. De façon générale, ces écarts diminuent avec le niveau d’instruction, ce qui donne à penser que l’éducation des enfants dont les parents sont nés en dehors de l’UE est un déterminant plus fort de l’intégration sur le marché du travail que celle des enfants ayant des parents nés dans le pays. Les individus peu instruits qui sont nés dans le pays de parents peu instruits nés en dehors de l’UE affichent un taux d’emploi inférieur de près de 8 pp à celui de leurs pairs ayant des parents nés dans le pays, tandis que l’écart n’est que de la moitié environ pour les niveaux d’instruction plus élevés.

  • Les différences de taux d’emploi en fonction de l’origine des parents varient selon les pays. En Autriche, en Suisse, en Espagne, en France, en Norvège et au Royaume-Uni, l’écart entre les individus nés dans le pays de parents peu instruits nés en dehors de l’UE et leurs pairs qui ont des parents nés dans le pays également peu instruits est compris entre -5 pp et -10 pp, même en tenant compte de l’âge, du sexe et du niveau d’instruction de la personne. Cette différence est la plus marquée en Belgique, où la probabilité d’emploi des premiers est inférieure de 18 pp à celle des derniers.

  • Chez les individus dont les parents sont peu instruits, la différence de taux d’emploi en fonction de l’origine des parents apparaît dans la tranche d’âge des 25-29 ans et continue de se creuser chez les cohortes plus âgées. Chez les 45-49 ans, le taux d’emploi des individus nés dans le pays de parents nés dans le pays est supérieur de 8 pp à celui des individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE. Cela peut vouloir dire que les jeunes dont les parents sont nés en dehors de l’UE acceptent des emplois qui s’avèrent moins stables à long terme que les emplois occupés par les jeunes nés dans le pays de parents nés dans le pays.

  • La corrélation entre le niveau d’instruction des parents et la part de jeunes sans emploi et sortis du système éducatif (NEET) est plutôt moindre chez les jeunes nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE par rapport aux autres groupes. À première vue, ces résultats pourraient être interprétés comme correspondant à une mobilité sociale accrue pour les premiers. Toutefois, ce résultat pourrait aussi s’expliquer par la décote des diplômes étrangers des immigrés qui est observée de façon plus générale dans les résultats des immigrés sur le marché du travail, comme l’ont montré des travaux antérieurs de l’OCDE.

  • Au total, 15 % des jeunes nés dans le pays de parents non européens ont une mère sans aucune formation scolaire, et cette part est cinq fois plus élevée que dans les autres groupes. La surreprésentation des mères de famille sans instruction chez les jeunes nés dans le pays de parents non européens indique qu’ils ont un « point de départ » plus difficile dans la vie, ce qui peut expliquer en partie leurs performances plus faibles sur le marché du travail.

  • Le taux d’activité des mères immigrées semble avoir un impact important sur les résultats de leurs enfants, davantage que chez les enfants de parents nés dans le pays. Si ce phénomène est observé pour les deux sexes, l’association est particulièrement forte chez les femmes : en effet, pour une femme née dans le pays, le fait d’avoir eu une mère pourvue d’un emploi (par opposition à une mère au foyer) à l’âge de 14 ans augmente ses chances d’occuper un emploi une fois adulte de 9 pp si ses parents sont d’origine non européenne, soit plus du double de la hausse observée chez ses pairs ayant des parents nés dans le pays (+4 pp).

  • Les individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE connaissent une plus faible ascension professionnelle que leurs pairs d’origine européenne ou des personnes nées dans le pays. Un tiers environ des individus nés dans le pays de parents nés dans le pays ou européens parviennent à améliorer leur statut professionnel. Parmi les individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE, seul 1 sur 5 parvient à trouver un emploi dans une profession où le niveau de compétences requis est plus élevé que celui qui était demandé à son père pour exercer son métier.

  • Les schémas de mobilité intergénérationnelle pour ce qui est de la transmission de la vulnérabilité financière (sur la base d’une évaluation subjective de la situation financière du ménage à l’âge de 14 ans et à l’âge adulte) ne varient pas entre les différents groupes d’individus nés dans le pays. La situation financière pendant l’enfance est un important facteur prédictif de pauvreté et de dénuement, mais ce lien disparaît une fois pris en compte le niveau d’instruction. Cela donne à penser que la situation financière du ménage pendant l’enfance influence essentiellement les perspectives de vie futures de par son impact sur la probabilité que l’enfant atteigne un niveau d’instruction plus élevé.

Introduction

L’égalité des chances et l’ascension sociale sont deux objectifs essentiels de l’action publique pour parvenir à des sociétés inclusives. Dans le même temps, les enfants d’immigrés sont, même s’ils sont nés dans le pays d’accueil de leurs parents, souvent désavantagés en termes de résultats scolaires et professionnels (OCDE/UE, 2015). Ces dix dernières années, leur part a considérablement augmenté dans les pays de l’UE et de l’OCDE. L’Union européenne compte en effet aujourd'hui plus de 10 millions d’enfants de moins de 15 ans dont les parents sont issus de l’immigration, ce qui représente près de 20 % de la population dans cette tranche d’âge. Faciliter la réussite sur le marché du travail des individus nés dans le pays de parents immigrés est donc un défi de plus en plus urgent pour les pouvoirs publics des pays de l’UE et de l’OCDE.

En ce qui concerne le devenir professionnel, le niveau d’instruction des parents compte. En effet, les conditions de vie pendant l’enfance peuvent considérablement influencer les réalisations ultérieures des individus, voire leur vie entière, comme l’ont montré les travaux publiés (par exemple Luo et Waite, 2005). En d’autres termes, les parents dont le niveau de vie est plus élevé offrent généralement à leurs enfants une meilleure éducation et de meilleures possibilités, et leur transmettent aussi de plus grandes compétences non cognitives, ce qui leur permet de mieux réussir sur le plan professionnel et, par conséquent, de mieux gagner leur vie (Blanden, Paul et Lindsey, 2006).

Le présent chapitre a pour but d’étudier dans quelle mesure les écarts de résultats sur le plan professionnel entre les jeunes nés dans le pays de parents immigrés et leurs pairs ayant des parents nés dans le pays sont imputables aux différences de statut socioéconomique de leurs parents. Plus précisément, ce chapitre cherche à déterminer si la transmission intergénérationnelle du handicap social et économique est plus prononcée chez les enfants d’immigrés. Si de nombreux travaux quantitatifs ont tenté de cartographier les résultats de ces derniers sur le marché du travail, très peu d’initiatives ont visé à analyser ces résultats d’un point de vue intergénérationnel, c'est-à-dire en comparant les résultats des enfants d’immigrés avec ceux de leurs parents. Étudier les différents schémas de mobilité sociale en comparant à l’échelon international les individus nés dans le pays de parents nés dans le pays et leurs pairs ayant des parents immigrés est l’un des principaux objectifs de ce chapitre.

L’analyse portera sur les liens intergénérationnels en termes de taux d’activité pour trois grands groupes d’individus nés dans le pays : ceux dont les parents sont nés dans le pays, ceux dont les parents sont nés dans l’UE, et ceux dont les parents sont nés en dehors du l’UE. La corrélation plus ou moins forte entre le niveau d’instruction des parents et la situation professionnelle des enfants à l’âge adulte indique l’importance du milieu familial pour les différents groupes et fournit donc des données sur les schémas de mobilité sociale. Si l’on considère que les immigrés ont en moyenne un niveau d’instruction inférieur à celui des personnes nées dans le pays, un individu né dans le pays de parents immigrés n’obtiendrait pas d’aussi bons résultats qu’un individu né dans le pays de parents nés dans le pays. Pour analyser la transmission intergénérationnelle du handicap, il importe donc de comparer les enfants de parents nés dans le pays et les enfants de parents immigrés avec les mêmes caractéristiques familiales. Cette comparaison permet de mieux comprendre dans quelle mesure la différence de résultats est liée à la situation familiale. En outre, on étudie la transmission intergénérationnelle du point de vue sur l’activité féminine en analysant le lien intergénérationnel entre une mère et sa fille en matière d’emploi.

Au-delà du taux d’activité, sur lequel porte la première partie du présent chapitre, la corrélation entre la profession des parents et celle de l’enfant à l’âge adulte est l’un des éléments les plus importants à prendre en considération pour comprendre la mobilité intergénérationnelle dans de nombreux pays. La deuxième partie du chapitre examine si les individus nés dans le pays de parents immigrés sont désavantagés en termes d’ascension professionnelle par rapport aux individus nés dans le pays de parents nés dans le pays. Enfin, l’environnement économique dans lequel l’enfant grandit déterminerait sa stabilité financière à l’âge adulte. Dans la dernière partie, le chapitre analyse la transmission intergénérationnelle de la vulnérabilité économique, laquelle est conditionnée par le niveau d’instruction des parents.

En analysant la mobilité intergénérationnelle en termes d’activité, de profession et de vulnérabilité financière, le chapitre vise à offrir une vue d’ensemble des schémas de mobilité sociale chez les individus nés dans le pays de parents nés dans le pays et chez les individus nés dans le pays de parents immigrés. Ces connaissances permettront de mieux comprendre les stratégies à mettre en œuvre pour améliorer la mobilité sociale dans l’ensemble des pays.

Liens intergénérationnels en termes de taux d’activité

Cette section analyse, en fonction du niveau d’instruction des parents, les résultats professionnels de trois grands groupes d’individus nés dans le pays, une fois parvenus à l’âge adulte : ceux dont les parents sont nées dans le pays, ceux dont les parents sont nés dans l’UE et ceux dont les parents sont nés en dehors de l’UE. Le niveau d’instruction des parents est principalement mesuré par les études plus ou moins poussées que les parents ont suivies1. Des informations sur le niveau d’instruction des parents sont disponibles pour les pays de l’UE ainsi que pour la Norvège et la Suisse, dans le module ad hoc de l’Enquête de 2014 sur les forces de travail de l'UE consacré aux immigrés et à leurs enfants2. En comparant le lien entre le niveau d’instruction des parents et les résultats de leurs enfants devenus adultes sur le marché du travail, la présente section tente de fournir des informations sur les schémas de mobilité intergénérationnelle dans les différents groupes. Plus précisément, l’analyse cherche à mieux comprendre si les individus nés dans le pays de parents d’origines diverses sont plus ou moins mobiles, ou, en d’autres termes, si la transmission intergénérationnelle de l’avantage/du handicap économique et social est plus ou moins prononcé dans un groupe donné.

Étant donné que les parents peu instruits sont surreprésentés parmi les groupes issus de l’immigration, un individu né dans le pays de parents immigrés n’obtiendrait pas, en moyenne, des résultats aussi satisfaisants qu’un individu ayant des parents nés dans le pays. Ainsi, pour analyser la transmission intergénérationnelle du handicap, il est important de comparer avec les mêmes caractéristiques familiales les enfants adultes de parents nés dans le pays et immigrés. Cela permet de déterminer si les écarts de résultats sur le marché du travail sont liés au milieu familial, et dans quelle mesure.

Taux d’emploi par niveau d’instruction des parents

Comment le niveau d’instruction des parents influence-t-il le taux d’emploi des enfants une fois adultes ? Le graphique 4.1 affiche le taux d’emploi en fonction du niveau d’instruction des parents pour chaque groupe d’individus nés dans le pays. Comme on peut s’y attendre, le taux d’emploi augmente avec le niveau d’instruction des parents dans tous les groupes. Les individus nés dans le pays de parents nés dans l’UE affichent des taux d’emploi globalement supérieurs à ceux des deux autres groupes. Avec des parents peu instruits, le taux d’emploi des individus nés dans le pays, qu’ils aient des parents nés dans le pays ou nés en dehors de l’UE, est légèrement supérieur à 70 % et reste inférieur d’environ 8 pp au taux d’emploi des individus nés dans le pays de parents peu instruits originaires de l’UE.

Graphique 4.1. Taux d’emploi selon l’origine et le niveau d’instruction des parents, 2014, pourcentages
picture

Note : Population âgée de 25-54 ans.

Source : Eurostat, module ad hoc de l’EFT-UE 2014.

Le gain que procure le fait d’avoir des parents moyennement instruits par rapport à des parents peu instruits est le plus important pour les individus nés dans le pays de parents nés dans le pays. Avec des parents moyennement instruits, ces derniers améliorent en effet leur taux d’emploi d’environ 10 pp et atteignent donc le taux d’emploi des individus nés dans le pays de parents nés dans l’UE ayant le même niveau d’instruction (environ 80 %). Les individus nés dans le pays de parents moyennement instruits non originaires de l’UE ont un taux d’emploi supérieur de 6 pp à celui du même groupe d’individus avec des parents peu instruits. Ainsi, le fait d’avoir des parents moyennement instruits par rapport à des parents peu instruits ne se traduit pas par la même hausse du taux d’emploi pour tous les groupes d’individus nés dans le pays. Cela donne à penser que la transmission de l’avantage est quelque peu limitée chez les individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE.

Les individus nés dans le pays de parents très éduqués affichent des taux d’emploi compris entre 80 % et 85 %, le taux le plus bas étant observé dans le groupe d’individus ayant des parents nés en dehors de l’UE, et le taux le plus élevé chez ceux dont les parents sont nés dans l’UE. Toutefois, un résultat important est que les individus nés dans le pays de parents très éduqués nés en dehors de l’UE enregistrent un taux d’emploi légèrement inférieur à celui des individus nés dans le pays de parents moyennement instruits eux-mêmes nés dans le pays ou dans l’UE.

Il est intéressant de noter que le Graphique 4.1 reflète les résultats de travaux antérieurs de l’OCDE, lesquels ont montré que les qualifications obtenues à l’étranger revêtaient sur le marché du travail une valeur nettement inférieure à celles acquises dans le pays d’accueil, et que leur rendement en termes d’accès à l’emploi et de qualité du poste était plus faible que celui des qualifications acquises dans le pays hôte. Les diplômes obtenus dans des pays non membres de l’Union européenne sont nettement plus dépréciés sur le marché du travail que ceux acquis au sein de l’Union, ce qui donne lieu à une courbe de progression plus plate des taux d’emploi par niveau d’instruction pour les individus nés dans le pays de parents non originaires de l'UE (Damas de Matos et Liebig, 2014). Le Graphique 4.1 donne à penser que cette décote a des conséquences intergénérationnelles.

Quel est le taux d’emploi par niveau d’instruction des parents, si l’on prend en considération le niveau d’instruction des groupes respectifs d’individus nés dans le pays ? Le Graphique 4.2 indique les taux d’emploi des individus nés dans le pays en fonction de leur niveau d’instruction, de l’origine de leurs parents et du niveau d’instruction de leurs parents. Comme on peut s’y attendre, les individus peu instruits affichent globalement les taux d’emploi les plus bas quelle que soit l’origine ou la formation de leurs parents. Pourtant, les individus peu instruits qui sont nés dans le pays de parents peu instruits non originaires de l’UE ont un taux d’emploi inférieur de près de 8 pp à celui de leurs pairs dont les parents peu instruits sont nés dans l’UE. Cela donne à penser que la mobilité intergénérationnelle est légèrement inférieure pour les premiers.

Graphique 4.2. Taux d’emploi par niveau d’instruction, et selon l’origine et le niveau d’instruction des parents, 2014, pourcentages
picture

Note : Population de 25 à 54 ans.

Source : Eurostat, module ad hoc de l’EFT-UE 2014.

Les retombées d’un niveau d’instruction intermédiaire sont importantes, même pour le groupe le plus vulnérable : le fait d’achever des études aux niveaux 3-4 de la CITE (par opposition à des études moins poussées) fait augmenter le taux d’emploi d’environ 16 pp chez les individus nés dans le pays de parents peu instruits nés en dehors de l’UE. Ces retombées sont encore plus importantes chez les individus dont les parents peu instruits sont nés dans l’UE (+21 pp). Les individus moyennement instruits dont les parents peu instruits sont nés dans l’UE affichent en effet le même taux d’emploi (80 % environ) que les deux autres groupes d’individus très instruits dont les parents sont également peu instruits.

Les individus les plus résilients sont ceux qui ont achevé des études supérieures malgré le faible niveau d’instruction de leurs parents. Les individus très instruits nés dans le pays de parents peu instruits non originaires de l’UE affichent un taux d’emploi analogue à celui de leurs pairs ayant des parents nés dans le pays, lequel est largement supérieur à 80 %.

Avec des parents très instruits, les individus eux-mêmes très instruits nées dans le pays ou dans un pays européen affichent des taux d’emploi très élevés, de près de 90 %. Les individus très instruits nés dans le pays de parents également très instruits non originaires de l’UE affichent toutefois un taux d’emploi inférieur de 5 pp à celui des deux autres groupes d’individus très instruits, ce qui donne à penser que l’avantage socioéconomique est moins facilement transmis dans ce groupe.

La crise économique et financière de 2008 aurait contribué à creuser l’écart entre les individus très instruits et peu instruits dans les différents groupes nés dans le pays. Entre 2008 et 2014, tous les groupes ont enregistré une baisse des taux d’emploi (voir le Graphique d’annexe 4.A.1 en annexe). Dans l’ensemble, la crise économique a frappé le plus fort les immigrés non originaires de l’UE et le moins fort ceux originaires de l’UE. Les immigrés peu instruits dont les parents ne sont pas nés dans l’UE ont connu une forte baisse (-7.3 pp) de leur taux d’emploi déjà faible (environ 57 %). Cette baisse a été plus modérée pour ceux ayant un niveau d’instruction plus élevé, allant de 4.2 pp dans le cas des individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE à 0.5 pp pour les individus nés dans le pays de parents nés dans l’UE.

Si l’on regarde de plus près le taux d’emploi par sexe, on observe un taux moindre chez les femmes dans tous les groupes d’individus nés dans le pays et pour tous les niveaux de formation des parents (voir le graphique 4.3). Si l’on compare les hommes et les femmes sur la base de l’origine des parents, on observe l’écart le plus grand (-11 pp) chez les femmes dont les parents peu instruits sont nés en dehors de l’UE. Dans le même temps, quand les parents sont très instruits, c’est chez les femmes dont les parents sont nés en dehors de l’UE que l’on observe l’écart le moins important (-2.5 pp) en matière d’emploi.

Graphique 4.3. Taux d’emploi par sexe, et selon l’origine et le niveau d’instruction des parents, 2014, pourcentages
picture

Note : Population de 25 à 54 ans.

Source: Eurostat, module ad hoc de l’EFT-UE 2014.

Prise en compte des caractéristiques individuelles

Les différences entre les taux d’emploi des individus nés dans le pays pourraient bien s’expliquer par leurs caractéristiques socioéconomiques particulières telles que le niveau d’instruction, l’âge, le sexe et le niveau d’instruction de leurs parents. Pour produire des résultats plus significatifs, la présente section estime la probabilité d’emploi des individus nés dans le pays de parents nés dans l’UE et en dehors de l’UE, en prenant comme point de comparaison les individus nés dans le pays de parents nés dans le pays et en tenant compte des caractéristiques individuelles.

Le Tableau 4.1 présente la probabilité d’emploi des hommes et des femmes nés dans le pays de parents immigrés (nés dans l’UE et en dehors de l’UE) par rapport à celle des hommes et des femmes qui ont des parents nés dans le pays. Les résultats indiquent que, même en tenant compte des caractéristiques individuelles, les individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE affichent un taux d’emploi inférieur de 10 pp à celui des individus nés dans le pays de parents nés dans le pays (colonne 2). Les colonnes 3-6 montrent que l’écart est plus marqué chez les femmes (-11 pp) que chez les hommes (-7.4 pp). Les hommes nés dans le pays de parents européens ont légèrement plus de chances d’occuper un emploi que leurs pairs ayant des parents nés dans le pays (colonnes 3 et 4).

Tableau 4.1. Probabilité d’emploi, par sexe et selon l’origine des parents, 2014
Différence en points de pourcentage avec le groupe de référence des individus nés dans le pays de parents nés dans le pays

Tous

Hommes

Femmes

Individus nés dans le pays de parents nés dans l’UE

0,019***

0,017**

0,021***

0,019***

0,005

0,002

Individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE

-0,13***

-0,1***

-0,098***

-0,074***

-0,156***

-0,11***

Variables de contrôle

Non

Oui

Non

Oui

Non

Oui

Note : *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1. Régression par les MCO. Les variables de contrôle comprennent l’âge, le niveau d’instruction et le niveau d’instruction des parents. Avec des variables indicatrices par pays. Population de 25 à 54 ans.

Source : Eurostat, module ad hoc de l’EFT-UE 2014.

Le Tableau 4.2 montre que l’écart entre les taux d’emploi diminue avec le niveau d’instruction. En effet, il est bien moindre pour les individus d’origine non européenne nés dans le pays et diplômés du supérieur (par rapport au groupe de référence des individus nés dans le pays de parents nés dans le pays) que pour leurs pairs ayant un niveau d’instruction moins élevé. Comme indiqué dans la première colonne du Tableau 4.2, les individus peu instruits nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE ont moins de chances (-12 pp) d’occuper un emploi que leurs pairs ayant des parents nés dans le pays. Cet écart se réduit à 10 pp quand ils atteignent un niveau d’instruction intermédiaire et à 6 pp quand ils sont diplômés de l’enseignement supérieur.

Tableau 4.2. Probabilité d’emploi, par niveau d’instruction et selon l’origine des parents, 2014
Différence en points de pourcentage avec le groupe de référence des individus nés dans le pays de parents nés dans le pays

 

Niveau d’instruction

 

Faible

Intermédiaire

Élevé

Individus nés dans le pays de parents nés dans l’UE

0,013

0,011***

0,04***

Individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE

-0,121***

-0,106***

-0,06***

Variables de contrôle individuelles

Oui

Oui

Oui

Variables indicatrices par pays

Oui

Oui

Oui

Note : *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1. Régression par les MCO. Les variables de contrôle sont l’âge, le sexe et le niveau d’instruction des parents. Catégories des niveaux d’études : faible correspond aux niveaux 0-2 de la CITE ; intermédiaire aux niveaux 3-4 ; élevé aux niveaux 5-6. Population de 25 à 54 ans.

Source : Eurostat, module ad hoc de l’EFT-UE 2014.

L’influence du faible niveau d’instruction des parents

Comme indiqué dans la section précédente, les individus dont les parents sont peu instruits rencontrent davantage de difficultés sur le marché du travail. Cette section porte par conséquent sur les individus nés dans le pays de parents peu instruits et analyse, pour les trois groupes, le lien entre le faible niveau d’instruction des parents et les performances sur le marché du travail, avec le même handicap socioéconomique, et donc un point de départ moins avantagé dans la vie.

Le Graphique 4.4 montre les résultats d’une régression par pays3 qui analyse l’impact du faible niveau d’instruction des parents sur la probabilité d’emploi des enfants de parents immigrés par rapport aux enfants de parents nés dans le pays. Les individus nés dans le pays de parents peu instruits non originaires de l’UE ont moins de chances d’occuper un emploi dans tous les pays observés, mais dans des proportions variables. En Autriche, en Suisse, en Espagne, en France, en Norvège et au Royaume-Uni, l’écart est compris entre -5 pp et -10 pp. En Belgique, leurs chances d’occuper un emploi sont inférieures de 18 pp à celles du groupe de référence, même après la prise en compte du niveau d’instruction, de l’âge et du sexe.

Quant aux individus nés en Autriche, en France, en Norvège, en Suède et au Royaume-Uni de parents peu instruits nés dans l’UE, leur probabilité d’emploi n’est pas tellement différente de celle de leurs pairs ayant des parents nés dans le pays. En Belgique, en Suisse et en Espagne, elle est en revanche inférieure de 5 pp à celle du groupe de référence.

Graphique 4.4. Probabilité d’emploi avec deux parents peu instruits, selon l’origine des parents, 2014
Différence en pourcentage avec le groupe de référence des individus nés dans le pays de parents nés dans le pays
picture

Note : Population de 25 à 54 ans. En tenant compte du niveau d’instruction, de l’âge et du sexe.

Source : Eurostat, module ad hoc de l’EFT-UE 2014.

Il est tout autant intéressant d’analyser comment l’avantage socioéconomique, mesuré par le niveau d’instruction élevé des parents, influence la probabilité d’emploi des individus nés dans le pays de parents immigrés par rapport aux individus nés dans le pays de parents nés dans le pays. Quand on s’intéresse aux individus qui ont des parents très instruits, la taille de l’échantillon devient plus petite et on n’obtient des résultats statistiquement significatifs que pour la Belgique (-4 pp avec des parents nés dans l’UE ; -9 pp avec des parents nés en dehors de l’UE) ; le Royaume-Uni (aucun impact avec des parents nés dans l’UE ; -8 pp avec des parents nés en dehors de l’UE) ; la Suède (-7 pp avec des parents nés en dehors de l’UE). Cela donne à penser que dans certains pays la transmission de l’avantage est tout aussi difficile.

L’expression « faible niveau d’instruction » inclut en réalité aussi les mères sans instruction

Un inconvénient de la plupart des ensembles de données disponibles réside dans le fait que le niveau d’instruction des parents est uniquement disponible à un niveau très agrégé (faible, intermédiaire et élevé). Un faible niveau d’instruction suppose d’avoir suivi une scolarité jusqu’au niveau 2 de la CITE. Cela signifie que parmi les parents peu instruits peuvent se trouver des parents ayant été scolarisés pendant plusieurs années et des parents sans aucune instruction. Pour ce qui concerne le niveau d’instruction des parents, les statistiques de l’UE de 2011 sur le revenu et les conditions de vie (EU-SILC) comprennent une catégorie appelée « sans instruction » (c'est-à-dire l’inaptitude à lire ou à écrire dans une langue quelle qu’elle soit) en plus des niveaux d’instruction plus courants (faible, intermédiaire et élevé). Cela permet d’analyser de façon plus approfondie l’influence du niveau d’instruction des parents sur les résultats professionnels de leurs enfants à l’âge adulte. Étant donné que les parents « sans instruction » sont surreprésentés dans le groupe des individus nés dans le pays de parents immigrés, il est particulièrement important d’analyser cette question dans le contexte de la mobilité intergénérationnelle.

Graphique 4.5. Répartition du niveau d’instruction des parents selon l’origine, 2011, pourcentages
picture

Note : Population de 25 à 54 ans.

Source : Données de l’EU-SILC, 2011.

Le Graphique 4.5 montre la répartition du niveau d’instruction des parents en fonction de leur origine. Le résultat le plus important dans ce graphique est que 15 % des individus nés dans le pays de parents d’origine non européenne ont une mère sans instruction aucune (et 9 % un père sans instruction), par rapport à environ 3 % dans les autres groupes. En fait, environ 65 % des individus nés dans le pays de parents nés dans le pays et nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE ont une mère qui possède un niveau d’instruction faible ou nul. Pourtant, une part importante des mères non originaires de l’UE n’ont aucune instruction, sans que cela ne soit manifeste à moins d’inclure une catégorie spéciale pour les personnes sans instruction4.

Pour analyser l’influence de l’absence d’instruction de la mère, une régression est réalisée pour deux groupes : d’abord l’influence du faible niveau d’instruction de la mère (niveaux 1-2 de la CITE), et ensuite celle du faible niveau d’instruction ou de l’absence totale d’instruction de la mère. La surreprésentation des mères sans instruction chez les individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE (comme indiqué dans le Graphique 4.5) pourrait avoir un effet négatif plus marqué sur le taux d’emploi de ce groupe.

Le Graphique 4.6 montre le résultat de la régression pour les différents groupes d’individus nés dans le pays, avec soit une mère peu instruite (niveaux 1-2 de la CITE) dans les colonnes 1, 3 et 5, soit, de façon combinée, une mère peu ou pas instruite (colonnes 2, 4 et 6), en tenant compte de quelques caractéristiques individuelles.

Avant de prendre en compte le niveau d’instruction, le fait d’avoir une mère très peu instruite (c'est-à-dire avec un niveau d’instruction faible voire inexistant) peut avoir un effet négatif sur le taux d’emploi, jusqu’à 10 pp. Une fois le niveau d’instruction pris en compte, l’effet diminue pour tous les groupes. Le principal résultat du Graphique 4.6 est que, chez les individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE, le fait d’inclure les mères sans instruction dans l’analyse multiplie par deux l’effet négatif sur le taux d’emploi. Pour les autres catégories, l’écart entre les deux groupes reste marginal.

Graphique 4.6. Probabilité d’emploi (en points de pourcentage) selon le niveau d’instruction de la mère, 2011
picture

Note : Population de 25 à 54 ans. En tenant compte du niveau d’instruction, de l’âge et du sexe.

Source : Données de l’EU-SILC 2011.

Différences de taux d’emploi par groupes d’âge

Le passage de l’école à la vie active peut avoir des conséquences à long terme pour l’intégration sur le marché du travail (OCDE/UE, 2015). Il constitue en effet une étape décisive de la vie, où apparaissent des écarts de taux d’emploi potentiellement durables entre les individus selon qu’ils sont issus de l’immigration ou non. Les jeunes nés dans le pays de parents immigrés, qui ont du mal à passer des études au marché du travail risquent tout particulièrement de rencontrer davantage de difficultés pour trouver un emploi convenable et stable.

Comme le montre le Graphique 4.7, les jeunes peu instruits de 20-24 ans qui sont nés dans le pays de parents peu instruits affichent un taux d’emploi légèrement supérieur à 45 %, quelle que soit l’origine de leurs parents. L’écart apparaît dans la tranche d’âge des 25-29 ans et continue de se creuser dans les cohortes plus âgées. Chez les 45-49 ans, cet écart est d’environ 8 pp, en faveur des individus nés dans le pays de parents nés dans le pays. Cela peut donner à penser que les 20-24 ans et les 25-29 ans dont les parents sont nés en dehors de l’UE acceptent des emplois qui peuvent s'avérer moins stables que ceux acceptés par leurs pairs ayant des parents nés dans le pays.

Les 20-24 ans moyennement instruits qui sont nés dans le pays de parents peu instruits non originaires de l’UE affichent un taux d’emploi inférieur de 8 pp à celui de leurs pairs ayant des parents nés dans le pays. La transmission du handicap tel que mesuré par le faible niveau d’instruction des parents est donc plus importante chez les individus nés dans le pays de parents non originaires de l’UE. L’écart entre le taux d’emploi des 40-44 ans et celui des 45-49 ans, en fonction de l’origine des parents, est même plus vaste qu’en début de carrière.

Graphique 4.7. Taux d’emploi par tranche d’âge et niveau d’instruction, et selon l’origine des parents, 2014, pourcentages
Individus ayant des parents peu instruits
picture

Note : Population de 20 à 49 ans.

Source : Eurostat, module ad hoc de l’EFT-UE 2014.

Risque d’exclusion sur le marché du travail : le taux de NEET5 en fonction du niveau d’instruction des parents

Dans quelle mesure le niveau d’instruction des parents détermine-t-il la probabilité qu’un jeune soit sans emploi et déscolarisé ? Globalement, les taux de NEET6 sont plus élevés chez les jeunes nés dans le pays de parents non originaires de l’UE que chez leurs pairs ayant des parents nés dans le pays ou nés dans l’UE. Lorsqu’on analyse le taux de NEET par niveau d’instruction des parents (voir le Graphique 4.8), on observe que les jeunes qui ont des parents peu instruits quelle que soit leur origine sont davantage susceptibles de relever de la catégorie des NEET que les jeunes dont les parents ont un niveau d’instruction intermédiaire ou élevé. Le Graphique 4.8 montre que près d’un jeune sur quatre né dans le pays de parents peu instruits non originaires de l’UE appartient à cette catégorie. Le fait d’avoir des parents très instruits « protège » considérablement les jeunes de l’inactivité et de la déscolarisation. Parmi les jeunes nés dans le pays de parents nés dans le pays très instruits, seuls 6.6 % relèvent de la catégorie des NEET par rapport à 9.5 % des jeunes dont les parents sont nés en dehors de l’UE.

Graphique 4.8. Taux de NEET selon l’origine et le niveau d’instruction des parents, pour la tranche d’âge des 15-29 ans, 2014, pourcentages
picture

Note : Les pays inclus sont les suivants : Autriche, Belgique, France, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède et Suisse.

Source : Module ad hoc de l’EFT-UE 2014.

Environ 40 % des NEET sont peu instruits (niveaux 1-2 de la CITE) ; environ 50 % ont un niveau d’instruction intermédiaire (niveaux 3-4 de la CITE) et moins de 10 % sont diplômés de l’enseignement supérieur (niveau 5+ de la CITE). Parmi les différents groupes de population, ce sont les jeunes peu instruits qui risquent le plus de se retrouver dans la catégorie des NEET. La surreprésentation des jeunes nés dans le pays de parents immigrés, en particulier de parents nés en dehors de l’UE, parmi les moins instruits, explique en partie pourquoi ils affichent des taux de NEET globalement supérieurs à ceux des autres groupes (UE/OCDE, 2015).

C’est donc sans surprise que les jeunes dont les parents sont peu instruits – quelle que soit leur origine – sont surreprésentés dans la catégorie des NEET. Toutefois, la question qui se pose lors de l’analyse de la mobilité intergénérationnelle est de savoir si un groupe est plus influencé qu’un autre par le niveau d’instruction des parents. La question à analyser est donc celle de savoir si l’influence du niveau d’instruction des parents est plus ou moins prononcée dans tel ou tel groupe.

Le Graphique 4.9 montre les résultats de la régression qui analyse, pour chaque groupe d’individus nés dans le pays, l’influence du niveau d’instruction des parents sur la probabilité d’appartenir à la catégorie des NEET. Chez les individus nés dans le pays de parents nés dans le pays, le taux de NEET augmente de 11 pp quand ils ont des parents peu instruits (par opposition à des parents moyennement ou très instruits) – même une fois prises en compte les caractéristiques individuelles que sont l’âge, le sexe, le niveau d’instruction et le lieu de résidence (rural/urbain). Chez les individus nés dans le pays de parents non originaires de l’UE, ce taux augmente légèrement moins (+8.5 pp) quand ils ont des parents peu instruits. Cela indique qu’il existe un lien un peu plus faible entre le (faible) niveau d’instruction des parents et le taux de NEET chez les individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE.

La probabilité que les jeunes nés dans le pays de parents nés dans le pays se retrouvent sans emploi ou sortent du système scolaire est inférieure de 8 pp si leurs parents sont très instruits. Une fois encore, l’influence est légèrement moindre chez leurs pairs ayant des parents nés en dehors de l’UE : la probabilité qu’ils entrent dans la catégorie des NEET est en effet inférieure de 7 pp si leurs parents sont très instruits. Dans l’ensemble, la corrélation entre le niveau d’instruction des parents et l’appartenance à la catégorie des NEET est légèrement moins marquée chez les jeunes nés dans le pays de parents non originaires de l’UE, ce qui est le signe d’une mobilité sociale accrue dans ce groupe.

Graphique 4.9. Influence du niveau d’instruction des parents sur la probabilité, pour les 15-29 ans, d’appartenir à la catégorie des NEET (en points de pourcentage), selon l’origine des parents, 2014
picture

Note : En tenant compte du niveau d’instruction, du lieu de résidence (rural/urbain), de l’âge et du sexe.

Source : Eurostat, module ad hoc de l’EFT-UE 2014.

Lien intergénérationnel mère-fille en matière d’emploi

Le lien intergénérationnel entre le taux d’emploi d’une mère et celui de sa fille est un élément important à prendre en considération pour comprendre les raisons de la progression de l’activité féminine. Les études sont nombreuses à n’examiner que les liens père-fils, excluant ainsi la mobilité intergénérationnelle des femmes. Cette approche s’explique en partie par les limites des données, par le taux d’activité moindre des femmes et par l’hypothèse que le profil socioéconomique du père représente de façon appropriée les ressources de la famille (Korupp, Ganzeboom et van der Lippe, 2002). Le statut socioéconomique des mères peut toutefois considérablement influencer la mobilité de leurs enfants. Aux États-Unis, la mobilité des enfants des deux sexes serait surestimée lorsque le statut socioéconomique des mères est exclu de l’analyse, à la fois pour les mères qui travaillent et les mères au foyer (Beller, 2009).

De récents travaux de recherche montrent aussi que les mères qui travaillent font augmenter le taux d’activité de leurs filles en particulier. Sur la base de données d’enquête tirées de 24 pays, McGinn, Lingo et Castro (2015) montrent que les femmes dont la mère travaillait quand elles étaient enfants ont plus de chances d’occuper un emploi, sont davantage susceptibles d’assurer des fonctions d’encadrement si elles travaillent, effectuent un nombre d’heures plus important, et perçoivent des salaires légèrement plus élevés que les femmes dont la mère était au foyer à plein temps. Ces résultats pourraient s’expliquer par les préférences et la culture (eu égard par exemple aux rôles attribués à chaque sexe) qui sont transmises entre générations et qui façonnent le devenir professionnel. Les femmes dont la mère travaillait et était plus instruite adoptent généralement des attitudes moins traditionnelles quant aux rôles des deux sexes que les femmes dont la mère ne travaillait pas et était moins instruite. Farré et Vella (2013) étudient la transmission intergénérationnelle des rôles attribués à chaque sexe et observent un lien statistiquement significatif entre l’attitude de la mère et celle dont héritent ses enfants eu égard au rôle des femmes au sein de la famille et sur le marché du travail.

Le Graphique 4.10 montre le taux d’emploi en fonction de la situation de la mère au regard de l’emploi7 au moment où la personne interrogée avait 14 ans (c'est-à-dire si la mère était au foyer (tâches domestiques, garde des enfants) ou si elle occupait un emploi rémunéré) et en fonction de l’origine des parents. De façon générale, 60 % environ des mères nées dans le pays travaillent, contre 45 % des mères non originaires de l’UE. On peut observer dans le Graphique 4.10 qu’il n’y a qu’un écart minime entre les individus nés dans le pays de parents nés dans le pays et ceux dont les parents sont nés dans l’UE. Le taux d’emploi féminin (masculin) dans ces groupes est supérieur à 80 % (90 %) quelle que soit la situation de la mère au regard de l’emploi. Chez les individus nés dans le pays de parents non originaires de l’UE, en revanche, le fait d’avoir eu une mère pourvue d’un emploi fait augmenter le taux d’emploi des femmes de 16 pp. Le taux d’emploi des hommes ne progresse quant à lui que de 4 points de pourcentage.

Graphique 4.10. Taux d’emploi, selon la situation de la mère au regard de l’emploi et l’origine des parents, 2011, pourcentages
picture

Note : Population de 25 à 54 ans ; ménages non vulnérables sur le plan financier lorsque les personnes interrogées avaient l’âge de 14 ans.

Source : Données de l’EU-SILC 2011.

Le Tableau 4.3 montre la corrélation entre le fait d’avoir eu à l’âge de 14 ans une mère qui travaillait et le taux d’emploi de l’enfant devenu adulte. Le principal résultat du tableau est que le fait d’avoir eu une mère pourvue d’un emploi fait augmenter de 14 pp le taux d’emploi des femmes dont les parents sont nés en dehors de l’UE. Même après la prise en compte d’un ensemble de variables comme l’âge, le niveau d’instruction, le niveau d’instruction de la mère, et la situation financière à l’âge de 14 ans et à l’âge adulte, le gain en termes d’emploi que procure le fait d’avoir eu à l’âge de 14 ans une mère qui travaillait est supérieur de 9 pp. La corrélation est également positive pour les autres groupes d’individus nés dans le pays, même si elle est beaucoup plus faible. Chez les hommes dont les parents sont nés en dehors de l’UE, le gain de 5 pp disparaît presque entièrement une fois prises en compte les caractéristiques individuelles. La probabilité d’emploi des femmes ayant des parents nés dans le pays est supérieure de 4 pp si leur mère occupait un emploi quand elles avaient 14 ans, même après la prise en compte des caractéristiques individuelles.

Une analyse en fonction du niveau d’instruction de la mère montre que les résultats dans le Tableau 4.3 sont principalement déterminés par les femmes dont la mère est peu instruite. Il semble que le fait d’avoir eu à l’âge de 14 ans une mère peu instruite pourvue d’un emploi fasse augmenter la probabilité d’emploi des femmes à l’âge adulte (même une fois prise en compte la situation financière du ménage à 14 ans et à l’âge adulte). Les résultats avec une mère moyennement instruite et très instruite pourvue d’un emploi restent positifs mais sont légèrement plus faibles. Compte tenu de la petite taille de l’échantillon, toutefois, les régressions par niveau d’instruction de la mère ne produisent aucun résultat statistiquement significatif et gênent donc quelque peu l’interprétation de ces résultats.

Tableau 4.3. Corrélation entre le fait d’avoir eu à l'âge de 14 ans une mère pourvue d’un emploi et le taux d’emploi à l’âge adulte, par sexe et selon l’origine des parents, 2011, points de pourcentage

Hommes

Hommes

Femmes

Femmes

Individus nés dans le pays de parents nés dans le pays

0,018**

0,009

0,06**

0,041**

Individus nés dans le pays de parents nés dans l’UE

0,019

0,012

0,04

0,015

Individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE

0,057*

0,015

0,14**

0,09**

Variables de contrôle

Non

Oui

Non

Oui

Note : *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1. Les variables de contrôle sont l’âge, le niveau d’instruction, le niveau d’instruction de la mère, la situation financière actuelle et la situation financière du ménage lorsque l’enfant avait l’âge de 14 ans.

Source : Données de l’EU-SILC, 2011.

Ces résultats donnent à penser que les mesures ciblées sur les mères non originaires de l’UE et visant à améliorer leur situation au regard de l’emploi ont vraisemblablement des retombées bénéfiques sur la mobilité intergénérationnelle. Cet aspect est particulièrement important, dans la mesure où les données disponibles indiquent que près des deux tiers des mères non originaires de l’UE ont été admises dans le pays d’accueil pour raisons familiales et ne bénéficient donc que rarement de mesures d’intégration.

Mobilité professionnelle

Cette section étudie la mobilité professionnelle en analysant dans quelle mesure les adultes occupent des emplois qui exigent des compétences supérieures à celles que leurs parents devaient posséder pour exercer leur métier. Comme dans la section précédente, l’analyse vise à déterminer si les individus nés dans le pays de parents immigrés sont plus ou moins mobiles sur le plan professionnel.

Il a été avancé que la corrélation entre la profession de l’enfant devenu adulte et celle du père était l’un des éléments les plus importants à prendre en considération pour comprendre la mobilité intergénérationnelle dans de nombreux pays. La profession d’un individu peut fournir non seulement des informations sur ses ressources économiques mais aussi par exemple sur son statut social, son capital culturel et son réseau de relations. En outre, il a été montré que le statut d’un individu était fortement lié à ses revenus, mais aussi à d’autres aspects de la vie sur le plan économique : la sécurité des revenus et les risques de chômage, la stabilité des revenus à court terme et les perspectives de revenus à plus long terme en termes de progression des salaires tout au long de la vie (Lucchini et Schizzerotto, 2010 ; Watson, Whelan et Maître, 2010). D’un point de vue méthodologique, les mesures fondées sur la profession sont plus stables et décrivent plus précisément les profils de rémunération sur l’ensemble de la durée de vie, rendant les biais liés à l’âge moins problématiques.

Plusieurs facteurs expliquent que la profession des parents influence celle de leurs enfants, même des années plus tard. Par exemple, certaines catégories de professions sont plus souvent transmises que d’autres vu qu’elles requièrent un capital humain spécifique, lequel peut être transmis des parents aux enfants. La persistance intergénérationnelle des professions est également liée aux obstacles à l’entrée qui limitent l’accès à certaines professions. De plus, dans d’autres cas, elle est le résultat naturel d’une stratification éducative. Enfin, les liens familiaux sont une autre explication de cette persistance des professions, vu que de nombreux emplois sont pourvus par le biais de réseaux et de recommandations par des amis de la famille.

La mobilité professionnelle varie d’un pays à l’autre. Checchi et Dardadoni (2002) fournissent des données internationales sur la corrélation intergénérationnelle et montrent que les États-Unis et les Pays-Bas se classent parmi les pays à plus forte mobilité tandis qu’en Autriche et en Allemagne la mobilité entre générations en termes de profession est faible. Li et Heath (2016) indiquent que pour les minorités visibles nées au Royaume-Uni, il existe une certaine convergence des professions entre les générations. Meurs et al. (2015) montrent que les enfants d’immigrés qui sont nés en France restent largement défavorisés par rapport aux enfants nés dans le pays de parents nés dans le pays en termes d’emploi, de statut professionnel et d’accès aux emplois de la fonction publique, même une fois prises en compte les caractéristiques relatives à la situation parentale et individuelle. La mobilité intergénérationnelle est particulièrement faible pour les Français originaires d’Afrique du Nord, d’Afrique subsaharienne et de Turquie.

Répartition des professions

Quelle part d’individus occupe des emplois qui requièrent un niveau de qualification plus élevé que celui de leurs parents? Le Graphique 4.11 montre la répartition des professions8 selon l’origine des parents. La mobilité professionnelle se mesure en comparant la profession du père (c'est-à-dire le niveau de qualification) lorsque la personne interrogée avait 14 ans à la profession actuelle de la personne interrogée (ou à celle exercée auparavant en cas de chômage ou d’inactivité9). La mobilité ascendante signifie que la personne interrogée occupe un emploi plus qualifié que celui de son père et la mobilité descendante indique le contraire. L’immobilité suppose que la personne interrogée exerce une profession qui requiert le même niveau de qualification que celle de son père.

De façon générale, il semble que les enfants exercent à l’âge adulte des professions qui requièrent un niveau de qualification analogue à celui de leur père, avec quelques différences en fonction de l’origine et du niveau de compétences des parents. Le Graphique 4.11 montre que 60 % des individus nés dans le pays de parents nés dans le pays ou européens occupant des emplois très qualifiés exercent aussi des professions exigeant un niveau élevé de qualification. D’autre part, 50 % des individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE, dont le père occupait un emploi très qualifié, exercent aussi des professions exigeant un niveau élevé de qualification. Dans l’ensemble, avec des parents très qualifiés, la mobilité descendante est la plus prononcée chez les enfants de parents nés en dehors de l’UE.

Avec des parents qui occupent des emplois moyennement qualifiés, la répartition de « l’immobilité » est la même dans tous les groupes. Comme pour la mobilité ascendante et descendante, un handicap est observé chez les individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE. Par exemple, plus de 20 % d’entre eux finissent par exercer des professions où seul un faible niveau de qualification est requis (par rapport à moins de 10 % de leurs pairs ayant des parents nés dans le pays ou nés dans l’UE). Dans le même temps, ils sont près de 20 % à parvenir à s’élever sur l’échelle des qualifications, par rapport à 30 % dans les deux autres groupes.

Graphique 4.11. Répartition des professions des individus nés dans le pays, selon l’origine des parents, 2011, pourcentages
picture

Note : Population âgée de 30 à 49 ans. Conformément aux travaux publiés sur les inégalités intergénérationnelles (Haider et Solon, 2006), nous ne prenons en considération que les travailleurs d’âge très actif afin de réduire le biais du cycle de vie. En particulier, nous nous intéressons aux travailleurs âgés de 30 à 49 ans pour lesquels le processus de transmission intergénérationnelle a vraisemblablement pleinement montré ses effets.

Source : Données de l’EU-SILC, 2011.

On observe une mobilité ascendante chez tous les individus ayant des parents peu qualifiés (c'est-à-dire quelle que soit l’origine des parents). La mobilité ascendante pour tous les niveaux de qualification est particulièrement prononcée chez les individus nés dans le pays de parents nés dans l’UE. Toutefois, environ 30 % des individus nés dans le pays de parents peu qualifiés non originaires de l’UE finissent par exercer des professions qui exigent un faible niveau de qualification, par rapport à environ 22 % des individus nés dans le pays de parents nés dans le pays et 10 % de ceux ayant des parents nés dans l’UE. Ce résultat indique une plus grande immobilité pour ce groupe à un faible niveau de qualification. Parmi les individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE, 16 % obtiennent de très bons résultats : ils parviennent à exercer des professions qui exigent des qualifications élevées même si leur père occupait un emploi peu qualifié. Parmi les individus nés dans le pays de parents nés dans l’UE, 30 % obtiennent de très bons résultats, par rapport à 22 % des individus nés dans le pays de parents nés dans le pays.

Le Graphique 4.12 montre, sur le plan professionnel, la mobilité ascendante10, la mobilité descendante et l’immobilité, selon l’origine des parents. De façon générale, la moitié environ des individus nés dans le pays, quelle que soit l’origine de leurs parents, exercent une profession qui exige le même niveau de qualification que celui dont leur père avait besoin dans son travail quand eux-mêmes avaient l’âge de 14 ans (immobilité). Toutefois, en ce qui concerne la mobilité ascendante, on peut observer qu’un tiers environ des enfants de parents nés dans le pays et des enfants de parents nés dans l’UE parviennent à s’élever sur l’échelle des qualifications. Parmi les enfants de parents nés en dehors de l’UE, environ 20 % enregistrent une progression. La part de la mobilité descendante reflète cette situation. Parmi les enfants de parents nés dans l’UE et les enfants de parents nés dans le pays, respectivement 15 % et 17 % occupent un emploi qui exige un niveau de qualification moins élevé que celui dont leur père avait besoin dans son travail. Dans le même temps, un tiers environ des individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE connaissent une mobilité descendante. Une fois encore, on observe que ces derniers rencontrent davantage de difficultés pour progresser sur l’échelle des professions.

Graphique 4.12. Mobilité professionnelle ascendante et descendante et immobilité professionnelle, selon l’origine des parents, 2011, en pourcentages
picture

Note : Population de 30 à 49 ans.

Source : Données de l’EU-SILC, 2011.

Analyser la mobilité professionnelle

Dans quelle mesure la profession d’un parent influence-t-elle la profession de son enfant devenu adulte en termes relatifs ? Le Tableau 4.4 montre la probabilité d’une mobilité professionnelle ascendante (c'est-à-dire exercer une profession qui exige un niveau de qualifications plus élevé que celui dont le père avait besoin dans son travail) chez les enfants d’immigrés par rapport aux enfants nés dans le pays. Le principal résultat de ce tableau est que même une fois prises en compte les caractéristiques individuelles, les individus nés dans le pays de parents non originaires de l’UE ont moins de chances de s’élever sur l’échelle des qualifications (-12 pp) que ceux ayant des parents nés dans le pays, le groupe de référence. Pour les enfants de parents originaires de l’UE, il n’y a pas d’écart significatif par rapport au groupe de référence.

Tableau 4.4. Probabilité de mobilité professionnelle ascendante, 2011
Groupe de référence : individus nés dans le pays de parents nés dans le pays

Individus nés dans le pays de parents nés dans l’UE

0.005

0.014

Individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE

-0.125**

-0.116**

Variables de contrôle

Non

Oui

Note : *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1. Les variables de contrôle comprennent l’âge, le niveau d’instruction et le sexe. Avec des variables indicatrices par pays.

Source : Données de l’EU-SILC, 2011.

Le Graphique 4.13 montre les résultats d’une régression par pays (pour lesquels des données sont disponibles et la taille de l’échantillon suffisamment importante pour fournir des résultats significatifs). Même une fois prises en compte les caractéristiques individuelles telles que l’âge et le sexe, la probabilité d’ascension professionnelle des individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE est largement moindre en Autriche, en Norvège, en Espagne et en Belgique (entre -20 pp en Autriche et -13 pp en Belgique). En France, en Suisse et au Royaume-Uni, cette probabilité est également négative, mais l’écart est beaucoup moins prononcé. Les individus nés dans le pays de parents nés dans l’UE ont plus de chances de s’élever sur l’échelle des qualifications que ceux dont les parents sont nés dans le pays. En Belgique, leur probabilité de progression est supérieure de 10 pp à celle du groupe de référence, et elle est inférieure à 5 pp en Autriche, en Suisse et en Espagne.

Graphique 4.13. Probabilité d’une mobilité professionnelle ascendante, selon l’origine des parents et le pays, 2011, pourcentages
Groupe de référence : individus nés dans le pays de parents nés dans le pays
picture

Note : Résultats d’une régression par MCO, les variables de contrôle étant l’âge, le sexe et le niveau d’instruction.

Source : Données de l’EU-SILC, 2011.

Si les parents issus de l’immigration sont surqualifiés pour l’emploi qu’ils occupent dans leur pays d’installation, leur profession ne reflète ni leurs compétences ni le statut social dont ils jouissaient auparavant dans leur pays d’origine. En moyenne, 35 % des immigrés très instruits, même lorsque ce sont des résidents de longue durée, sont surqualifiés dans les pays de l’OCDE, par rapport à environ 25 % des personnes nées dans le pays en 2012-13 (OCDE/UE, 2015). Un certain nombre de rapports ont étudié cette question en prenant aussi en compte le statut socioéconomique des parents avant leur émigration (Feliciano, 2005 ; Ichou, 2014 ; Feliciano et Lanuza, 2017). La surqualification des individus nés à l’étranger (c'est-à-dire la génération des parents) complique l’interprétation des résultats. Si, par exemple, les enfants dont les parents diplômés du supérieur occupent un emploi peu qualifié exercent une profession moyennement qualifiée, la question se pose de savoir s’ils ont connu une mobilité ascendante ou descendante.

Transmission de la vulnérabilité économique

La présente section analyse la transmission intergénérationnelle de la vulnérabilité économique, en mettant l’accent sur les individus qui se situent au bas de l’échelle et sur la perpétuation de cette position désavantagée d’une génération à l’autre. L’évaluation de la transmission de la vulnérabilité économique dans cette analyse s’appuie essentiellement sur une évaluation rétrospective subjective des tensions financières que subissait le ménage lorsque la personne interrogée avait 14 ans et sur une évaluation analogue à l’heure actuelle11. Compte tenu de la nature subjective du phénomène, les comparaisons internationales devraient refléter les différences culturelles et l’évolution de la situation socioéconomique dans les pays soumis à l’analyse.

Les études empiriques publiées sur ce thème présentent divers éléments probants donnant à penser que les conditions de vie passées (pendant l’enfance) peuvent sensiblement influer sur les conditions de vie futures (à l’âge adulte). Il existe donc un lien évident entre le dénuement pendant l’enfance, qui résulte de la situation des parents, et la pauvreté pendant la jeunesse, qui peut être du reste un facteur prédictif de pauvreté à l’âge adulte, et de la transmission successive de la pauvreté aux descendants. Il ne faut toutefois pas généraliser, dans la mesure où d’autres facteurs, tels que la structure familiale, le contexte et l’isolement social, peuvent chacun peser sur les conditions de vie au fil du temps (Bird, 2007). Dans les articles publiés, la transmission de la vulnérabilité économique est la plupart du temps analysée sous l’angle de la mobilité des revenus, autrement dit la probabilité de se situer dans le même quintile de revenu que ses parents au sein de la distribution des revenus.

La pauvreté dans l’enfance peut réapparaître à l’âge adulte de diverses façons. Les études publiées montrent que le fait de grandir dans un ménage à bas revenu accroît la probabilité que les enfants connaissent des épisodes de chômage à l’âge adulte (O’Neill et Sweetman, 1998). On sait également que plus la famille est pauvre, plus le risque d’abandon scolaire est élevé (Bukodi et Goldthorpe, 2013 ; Wiborg et Hansen, 2009). En outre, la faiblesse des revenus des parents augmente la probabilité que les enfants perçoivent une aide sociale à l’âge adulte (Kauppinen et al., 2014). De fait, par rapport à de nombreux autres facteurs parentaux, certaines données montrent que la pauvreté (à long terme) et le fait de percevoir une aide sociale sont les deux facteurs les plus lourds de conséquences à l’âge adulte (Bäckman et Nilsson, 2011). En résumé, l’évaluation de nombreux facteurs révèle un lien très étroit entre la pauvreté des parents et les handicaps des enfants à l’âge adulte. Cependant, le rôle de la pauvreté et la signification d’autres éléments liés à la pauvreté ne sont pas clairement déterminés (Vauhkonen et al., 2017).

Le Graphique 4.14 présente la distribution de la perception subjective de la situation financière à l’âge de 14 ans (c'est-à-dire la situation des parents) et à l’âge adulte. Dans l’ensemble, la majorité des individus considèrent leur situation financière comme étant moyenne, même si les individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE sont surreprésentés dans le groupe signalant une situation financière difficile à l’âge adulte et pendant l’enfance. De manière générale, la situation financière à l’âge adulte semble être perçue comme plus fragile qu’elle ne l’était pendant l’enfance. Parmi les individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE, 32 % estiment que leur situation financière pendant l’enfance était bonne ou très bonne, tandis que 23 % jugent leur situation actuelle satisfaisante. De leur côté, 19 % des individus nés dans le pays de parents nés dans le pays et 21 % des individus nés dans le pays de parents nés dans l’UE estiment leur situation financière actuelle comme étant bonne ou très bonne, par rapport à près de 30 % pour ce qui concerne leur situation financière pendant l’enfance.

Un adulte sur cinq ayant des parents nés dans le pays ou nés dans l’UE juge sa situation financière mauvaise ou très mauvaise, alors que 12 % seulement considèrent que leur situation financière à l’âge de 14 ans était mauvaise ou très mauvaise. Quant aux adultes dont les parents sont nés en dehors de l’UE, 27 % jugent leur situation financière mauvaise ou très mauvaise et 20 % environ font état de difficultés financières lorsqu’ils étaient enfants.

Graphique 4.14. Distribution de la situation financière à 14 ans et à l’âge adulte, selon l’origine des parents, 2011, pourcentages
picture

Source : Données de l’EU-SILC, 2011.

La mobilité sociale ascendante est associée à une évolution positive de la perception de la situation financière du ménage. Dans l’ensemble, très peu d’adultes considèrent que leur situation financière actuelle est meilleure qu’elle ne l’était lorsqu’ils étaient enfants. Environ 8 % des individus nés dans le pays ou dans un pays européen considèrent leur situation financière meilleure qu’elle ne l’était pendant leur enfance - une proportion quelque peu supérieure (10 %) chez les individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE.

Comment la situation financière à l’âge de 14 ans influe-t-elle sur la situation financière à l’âge adulte ? Le Tableau 4.4 présente les résultats d’une régression analysant l’effet que peut avoir un ménage ayant connu des difficultés financières lorsque la personne interrogée avait 14 ans sur la situation financière actuelle de cette dernière. Il ressort en premier lieu du tableau que le fait de grandir dans un contexte financier difficile n’a pas plus d’incidence sur les individus nés dans le pays de parents non originaires de l’UE que sur ceux dont les parents sont nés dans le pays (groupe de référence). En fait, il semble que la situation financière du premier groupe à l’âge adulte soit moins pénalisée par un contexte financier difficile pendant l’enfance. Il convient toutefois d’interpréter les résultats avec prudence, dans la mesure où les régressions ne produisent pas de coefficients statistiquement significatifs en raison du très petit nombre d’observations.

Tableau 4.5. Corrélation entre une situation financière difficile pendant l’enfance et la situation financière à l’âge adulte, 2011
Groupe de référence : Individus nés dans le pays de parents nés dans le pays

Individus nés dans le pays de parents nés dans l’UE

-0.002

0.028

Individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE

-0.010

-0.015

Variables de contrôle

Non

Oui

Note : *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1. Les variables de contrôle comprennent l’âge, le niveau d’instruction, le sexe et le niveau d’instruction du père. Avec des variables indicatrices par pays.

Source : Données de l’EU-SILC, 2011.

Conclusion

La mobilité intergénérationnelle a d’importantes conséquences économiques, politiques et sociales. C’est pourquoi il est essentiel, pour l’avenir des pays de l’UE et de l’OCDE, de réunir toutes les conditions afin que chacun puisse réaliser son potentiel, quelle que soit l’origine socioéconomique de ses parents. Le présent chapitre a analysé la mobilité intergénérationnelle sous l’angle de la situation au regard de l’emploi, de la profession et de la vulnérabilité économique des individus nés dans le pays de parents nés dans le pays, de parents nés dans l’UE et de parents nés en dehors de l’UE. L’objectif était de mettre en évidence la transmission de handicaps au sein de ces groupes et ainsi de faire mieux comprendre les divers schémas de mobilité intergénérationnelle dans les pays.

L’origine socioéconomique des parents influence les résultats professionnels de leurs enfants à l’âge adulte. Il est indéniable que naître dans un milieu aisé facilite considérablement la réussite dans la vie. Les parents immigrés sont, dans de nombreux pays, surreprésentés au bas de l’échelle des qualifications : ils occupent des emplois peu qualifiés et sont par conséquent plus vulnérables sur le plan économique que la génération des parents nés dans le pays. Étant donné l’importance du milieu parental dans la réussite future, il n’est guère surprenant que les enfants d’immigrés réussissent moins bien en moyenne sur le marché du travail que les enfants de parents nés dans le pays.

Cependant, même lorsque les individus ont des niveaux d’instruction et des origines familiales (défavorisées) semblables, ceux qui sont nés dans le pays de parents non originaires de l’UE réussissent moins bien sur le marché du travail et rencontrent davantage de difficultés pour décrocher des emplois intéressants exigeant un niveau élevé de qualifications. Cela donne à penser qu’ils auraient à surmonter d’autres obstacles, ce qui pourrait en partie expliquer leurs résultats (plus faibles) sur le marché du travail. Si l’on observe une certaine convergence entre les niveaux d’instruction des enfants d’immigrés et des enfants de parents nés dans le pays, de nouvelles mesures sont nécessaires après la fin des études afin d’assurer la réussite professionnelle de tous.

Le passage de l’école à la vie active, ou l’entrée sur le marché du travail, constitue un moment décisif, dans la mesure où c’est cela qui va très largement déterminer la réussite professionnelle future. Si l’écart de taux d’emploi entre les individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE et les autres groupes d’individus nés dans le pays est relativement limité en début de carrière, il se creuse au fil du temps, ce qui laisse penser que le handicap associé à l’origine immigrée pèse non seulement lors du passage à la vie active, mais pourrait aussi se faire sentir au-delà. L’une des raisons à cela serait que les premiers emplois des jeunes issus de l’immigration sont moins stables et de moins bonne qualité - question qui mérite d’être étudiée plus en détail. Il est donc important d’encourager l’égalité des chances pour les familles immigrées, en particulier celles ayant un faible niveau d’instruction, si l’on veut s’assurer de la bonne intégration des immigrés et de leurs enfants.

Autre conclusion importante : le fait d’avoir une mère qui travaille semble constituer un solide facteur de réussite pour les enfants - en particulier les filles. Il semble donc que les mesures ciblées sur les mères immigrées qui visent à améliorer leur situation au regard de l’emploi aient également des retombées bénéfiques sur la mobilité intergénérationnelle. Cet aspect est particulièrement important, dans la mesure où les données disponibles indiquent que près des deux tiers des mères immigrées concernées ont été admises dans le pays d’accueil pour raisons familiales et ne bénéficient donc que rarement de mesures d’intégration.

La mobilité intergénérationnelle et les structures institutionnelles d’un pays sont liées. Les données présentées dans ce chapitre montrent que le degré de corrélation entre les résultats des parents et ceux de leurs enfants est variable selon les pays de l’OCDE. Afin de mieux comprendre les différents schémas de mobilité, la prochaine étape doit consister à examiner de plus près les différences entre les pays en ce qui concerne la mobilité intergénérationnelle des enfants d’immigrés et des enfants de parents nés dans le pays et à déterminer dans quelle mesure ces différences sont liées aux institutions et aux cadres du marché du travail qui sont propres à chaque pays.

Références

Bäckman, O. et A. Nilsson (2011), « Pathways to social exclusion - A life-course study », European Sociological Review, vol. 27, n° 1, pp. 107–123.

Beller, E. (2009), « Bringing Intergenerational Social Mobility Research into the Twenty-first Century: Why Mothers Matter », American Sociological Review, vol. 74, pp. 507–528.

Bird, K. (2007), « The Intergenerational Transmission of Poverty: An Overview», CPRC Working Paper 99, Chronic Poverty Research Centre, Manchester, Royaume-Uni.

Blanden, J.G. Paul et M. Lindsey (2006), Accounting for intergenerational income persistence: non-cognitive skills, ability and education, Centre for the Economics of Education, London School of Economics and Political Science, Londres.

Bukodi, E., M. Paskov, et B. Nolan (2017), « Intergenerational class mobility in Europe: A new account and an old story », INET Oxford Working Paper, n° 2017-03, Institute for New Economic Thinking at the Oxford Martin School.

Bukodi, E. et J.H. Goldthorpe (2013), « Decomposing social origins: the effect of parents’ class, status, and education on the educational attainment of their children », European Sociological Review, vol. 29, n° 5, pp. 1024–1039.

Cingano, F. (2014), « Trends in Income Inequality and its Impact on Economic Growth », Documents de travail de l'OCDE sur les affaires sociales, l'emploi et les migrations, n° 163, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/5jxrjncwxv6j-en.

Corak, M. (2006), « Do Poor Children Become Poor Adults? Lessons for Public Policy from a Cross Country Comparison of Generational Earnings Mobility », in Research on Economic Inequality, Volume 13: Dynamics of Inequality and Poverty, Elsevier Press, Pays-Bas, pp. 143-88. Disponible en version abrégée : IZA Discussion Paper, n° 1993, http://ftp.iza.org/dp1993.pdf.

d'Addio, A. (2007), « Intergenerational Transmission of Disadvantage: Mobility or Immobility Across Generations? », Documents de travail de l'OCDE sur les affaires sociales, l'emploi et les migrations, n° 52, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/217730505550.

Damas de Matos, A. et T. Liebig (2014), « Les qualifications des immigrés et leur valeur sur le marché du travail : comparaison entre l'Europe et les États-Unis », chapitre 6 in Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux besoins du marché du travail, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264217027-fr.

Farré, L. et F. Vella (2013), « The Intergenerational Transmission of Gender Role Attitudes and its Implications for Female Labour Force Participation », Economica, vol. 80, pp. 219-247.

Feliciano, C. et Y. Lanuza (2017), « An Immigrant Paradox? Contextual Attainment and Intergenerational Educational Mobility », American Sociological Review, vol. 82, n° 1, pp. 211-241.

Feliciano, C. (2005), « Does Selective Migration Matter? Explaining Ethnic Disparities in Educational Attainment among Immigrants’ Children », International Migration Review, vol. 39, n° 4, pp. 841-871.

Ferguson, H., S. Bovaird et M. Mueller (2007), « The impact of poverty on educational outcomes for children », Paediatrics and Child Health, vol. 12, n° 8, pp. 701-706.

Ichou, M. (2014), « Who They Were There: Immigrants’ Educational Selectivity and Their Children’s Educational Attainment », European Sociological Review, vol. 30, n° 6, pp. 750-765.

Haider S. et G. Solon (2006), « Life-Cycle Variation in the Association between Current and Lifetime Earnings », NBER Working Papers, n° 11943, National Bureau of Economic Research.

Heath, A., C. Rothon et E. Kilpi (2008), « The Second Generation in Western Europe: Education, Unemployment, and Occupational Attainment », Annual Review of Sociology, vol. 34.

Hellerstein, J.K. et M. Sandler Morill (2011), « Dads and Daughters : The Changing Impact of Fathers on Women’s Occupational Choices », Journal of Human Resources, vol. 46, n° 2, pp. 333-372.

Kauppinen, M., A. Angelin, T. Lorentzen, O. Bäckman, T. Salonen et P. Moisio (2014), « Social background and life-course risks as determinants of social assistance receipt among young adults in Sweden, Norway and Finland », Journal of European Social Policy, vol. 24, n° 3, pp. 273-288.

Korupp, S. E., H.B.G. Ganzeboom et T. van der Lippe (2002), « Do Mothers Matter? A Comparison of Models of the Influence of Mothers’ and Fathers’ Educational and Occupational Status on Children’s Educational Attainment », Quality and Quantity, vol. 36, pp. 17-42.

Li, Y. et A. Heath (2016) « Class Matters: A Study of Minority and Majority Social Mobility in Britain, 1982–2011 », American Journal of Sociology, vol. 122, n° 1, pp. 162–200.

Long, J. et J. Ferrie (2013), « Intergenerational Occupational Mobility in Great Britain and the United States since 1850 », American Economic Review, vol. 103, n° 4, pp. 1109–1137.

Luo, Y. et L.J. Waite (2005), « The Impact of Childhood and Adult SES on Physical, Mental, and Cognitive Well-Being in Later Life », Journals of Gerontology, Series B, vol. 60, n° 2, pp. S93-S101.

Lucchini, M. et A. Schizzerotto (2010), « Unemployment Risk in Four European Countries: A Validation Study of the ESeC », in Rose D. et E. Harrison (dir. pub.), Social Class in Europe: An introduction to the European Socio Economic Classification, pp. 235–244, Routledge.

McGinn, K.L., E.L. Lingo et M.R. Castro (2015), « Mums the Word! Cross-national Effects of Maternal Employment on Gender Inequalities at Work and at Home », Harvard Business School Working Paper, n° 15-094.

Meurs, D., P.A. Puhani et F. von Haaren (2015), « Number of Siblings and Educational Choices of Immigrant Children: Evidence from First- and Second- Generation Immigrants », CREAM Centre for Research and Analysis of Migration, University College London Discussion Paper Series, n° 08/15.

OCDE (2010), Equal opportunities? The labour market integration of the children of immigrants, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264086395-en.

OCDE/UE (2015), Les indicateurs de l’intégration des immigrés 2015 : Trouver ses marques, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264233799-fr.

O’Neill, D. et O. Sweetman (1998), « Intergenerational mobility in Britain: evidence from unemployment patterns », Oxford Bulletin of Economics and Statistics, vol. 60, n° 4, pp. 431–447.

Solon, G. (2004), « A model of intergenerational mobility variation over time and place », chapitre 2 in M. Corak (dir. pub.), Generational Income Mobility in North America and Europe, Cambridge University Press, pp. 38–47.

Vauhkonen, T., J. Kallio, T. Kauppinen et J. Erola (2017), « Intergenerational accumulation of social disadvantages in young adulthood », Research in Social Stratification and Mobility, vol. 48, pp. 42–52.

Watson, D., C.T. Whelan et B. Maître (2010), « Class and Poverty: Cross-Sectional and Dynamic Analysis of Income Poverty and Lifestyle Deprivation », in D. Rose et E. Harrison (dir. pub.), Social Class in Europe: An Introduction to the European Socio-Economic Classification, pp. 191-215, Routledge.

Wiborg, O. et M. Hansen (2009), « Change over time in the intergenerational transmission of social disadvantage », European Sociological Review, vol. 25, n° 3, pp. 379–394.

Annexe 4.A.  
Graphique d’annexe 4.A.1. Taux d’emploi par niveau d’instruction et selon l’origine des parents, 2008 et 2014, pourcentages
picture

Note : Population de 25 à 54 ans.

Source : Eurostat, module ad hoc de l’EFT-UE 2014.

Notes

← 1. Le niveau d’instruction des parents est décomposé en trois niveaux – faible, intermédiaire et élevé –, qui correspondent respectivement aux niveaux 1-2, 3-4 et 5-6 de la CITE.

← 2. L’Enquête sur les forces de travail (EFT) est la plus grande enquête réalisée par sondage auprès des ménages dans les pays de l’UE-28. Elle fournit des données annuelles et trimestrielles détaillées sur l’emploi, le chômage et l’inactivité économique des individus âgés de 15 ans et plus. Le module ad hoc de 2014 contient des informations sur le niveau d’instruction des parents. Le module n’a pas été mis en œuvre par le Danemark, l’Irlande, les Pays-Bas et l’Allemagne. Ces pays sont par conséquent exclus de l’analyse. Les pays présentant un nombre très limité d’observations dans l’une des catégories d’individus nés dans le pays (<200) n’ont pas été pris en compte ; il s’agit des pays suivants : la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, Malte, la Roumanie et la République slovaque.

← 3. Seuls les pays pour lesquels des données sont disponibles et la taille de l’échantillon suffisamment importante pour produire des résultats significatifs sont conservés dans l’analyse.

← 4. D’un point de vue méthodologique, le fait de ne pas inclure de catégorie pour les individus « sans instruction » conduit à une surestimation du niveau d’instruction des parents des individus nés dans le pays de parents nés en dehors de l’UE, laquelle a à son tour des conséquences pour l’interprétation de ce type d’analyse.

← 5. Le taux d’individus sans emploi, déscolarisés et ne suivant aucune formation (NEET) complète le taux de chômage. Il donne une idée plus précise de la situation des jeunes sur le marché du travail, y compris de leur exclusion (groupe d’âge des 15-24 ans et/ou des 15-29 ans), puisqu’il englobe aussi les inactifs et ceux qui ne suivent ni études ni formation.

← 6. La petite taille de l’échantillon du module ad hoc de l’EFT-UE 2014 ne permet pas d’effectuer une analyse séparée du niveau d’instruction des parents selon le niveau d’instruction.

← 7. Le taux d’emploi des mères inclut le travail indépendant et le travail à temps partiel.

← 8. Pour la personne interrogée, la profession fait référence à l’emploi principal, à savoir l’emploi principal du moment pour les individus occupés ou le dernier emploi principal exercé pour les individus non pourvus d’un emploi. Les données sur la profession de la personne interrogée et de ses parents sont, dans chaque pays, codées conformément à une classification commune des professions, la CITP-88. Compte tenu de la petite taille de l’échantillon, les codes des professions sont regroupés par niveau de qualification (emplois peu, moyennement et très qualifiés).

← 9. Concernant le statut professionnel du parent, les données de l’EU-SILC enregistrent environ 20 % d’observations manquantes. Ces observations manquantes sont aléatoires pour l’origine et le niveau de compétences des parents. Les variables manquantes ne sont pas nécessairement liées au chômage du parent puisqu’une question distincte porte sur le taux d’activité. Les observations manquantes sont plutôt liées à l’absence de père, à un décès, à un groupe d’âge inapproprié ou à l’absence de réponse à la question.

← 10. La mobilité est indépendante du niveau de qualification de départ, c'est-à-dire qu’un individu ayant un père peu ou moyennement qualifié peut exercer une profession moyennement ou très qualifiée, respectivement.

← 11. L’évaluation de la situation financière repose sur six niveaux (très mauvaise, mauvaise, assez mauvaise, assez bonne, bonne, très bonne). D’après les données de l’EU-SILC 2011.