Résumé

Traversé par d’importantes mutations institutionnelles depuis 2011, le Maroc a redoublé d’efforts au cours des dernières années pour accroitre l’ouverture de sa gouvernance, et ce faisant la transparence, l’intégrité, la redevabilité de ses institutions et la participation de ses citoyens, à tous les échelons. Au niveau régional, cet effort s’est accru avec l’adoption en 2015 de la loi organique 111-14 relative aux régions, créant des conseils de région et leur octroyant des missions et responsabilités pour assurer le rapprochement des politiques publiques et des usagers au cœur des territoires.

La communication publique est un facteur essentiel de l’administration ouverte. À la fois moyen d’action, de transparence et de reddition des comptes, et support de participation des citoyens à la vie publique, elle contribue à renforcer la confiance des citoyens dans leurs institutions. Face aux impératifs grandissants d’ouvrir les administrations et de multiplier les possibilités d’association des parties prenantes, la capacité à communiquer de manière stratégique et efficace est aussi nécessaire au niveau national que régional ou local. Le Maroc a su en saisir les enjeux, adhérant à la Recommandation de l’OCDE sur le Gouvernement Ouvert dès 2018, et formalisant les engagements et le rôle des autorités nationales et des collectivités territoriales notamment via son Plan d’action national (2018-2020) dans le cadre du PGO (Partenariat pour un Gouvernement Ouvert) mais également via l’adhésion d’une collectivité territoriale marocaine au PGO local.

Les deux régions pilotes au cœur de ce Scan, Béni Mellal Khénifra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima, ont résolument manifesté leur volontarisme en ce sens. Si la première entame sa réflexion autour d’une future candidature au PGO local, la seconde en est désormais membre, depuis 2020. En outre, toutes deux affichent une volonté de poursuivre les efforts d’ouverture et de saisir les opportunités identifiées quant à la transformation numérique non seulement de leur administration mais aussi de leur communication. Il ressort des réponses au questionnaire de l’OCDE qu’elles se sont engagées sur la voie de la transparence en publiant des informations en ligne, sur leur site internet ou leurs réseaux sociaux. Elles ont également mis en place des relations avec des instances consultatives (organisations de la société civile, jeunesse, universitaires, etc.) notamment pour renforcer l’inclusion des parties prenantes dans la vie publique et l’ouverture de l’administration.

Un usage stratégique de la communication peut utilement soutenir leurs efforts, en amplifier l’impact et les rendre plus participatifs. Malgré l’absence d’une stratégie dédiée et des ressources encore limitées, les deux conseils régionaux ont manifesté cette volonté d’ouverture en recrutant ou en prévoyant de se doter des moyens humains, financiers et techniques nécessaires à une utilisation plus efficace. À cet effet, des efforts contribueraient à approfondir le dialogue avec les citoyens et à expliciter et soutenir durablement la stratégie de ces collectivités et leurs objectifs en matière d’ouverture de l’administration. Afin d’utiliser tout le potentiel de la communication comme levier d’ouverture, des documents stratégiques dédiés seront centraux pour en établir les objectifs, activités, messages, canaux, moyens et échéances, ainsi que leur dissémination interne, auprès des services et élus, mais aussi à l’extérieur des administrations concernées.

Des structures de communication publique claires et robustes fondent le socle de la mise en œuvre effective des ambitions formulées. Elles émergent progressivement au sein des conseils de région. Une fois inscrite dans l’organigramme et recrutée, une entité dédiée permettrait, par exemple, de renforcer l’efficacité, la coordination des activités, la définition de ses missions et l’attribution explicite de budgets spécifiquement alloués. Au sein de ces organes, le recensement et la valorisation des compétences des communicants publics assureront qu’elles répondent aux besoins des collectivités, notamment à travers la mise en place de formations et le recrutement de personnel qualifié, appelés des vœux des responsables administratifs interrogés. Mais elles sont également clés pour assurer l’adéquation des actions, messages et moyens employés aux attentes des citoyens, dans un environnement médiatique en constante mutation. Le développement d’un réseau de communicants régionaux ou locaux, articulé au réseau établi au niveau national, contribuera aussi à soutenir les fonctions et le partage d’expériences et de bonnes pratiques en la matière.

En outre, la loi sur l’accès à l’information adoptée en mars 2018 a prévu la diffusion proactive de l’information détenue par les administrations publiques, les institutions élues et les organismes investis de mission de service public, par tout moyen de publication et à tous les niveaux. À l’échelle nationale comme régionale ou locale, la pleine mise en œuvre du droit d’accès à l’information pourra notamment passer par un usage plus stratégique des outils de communication numériques, à l’image des plateformes, sites, portails et réseaux sociaux des administrations. En outre, si ceux-ci sont employés de façon plus participative, ils pourront permettre non seulement de recueillir les attentes et demandes des citoyens, mais aussi d’y répondre et d’échanger à leur sujet.

Enfin, un usage ciblé et efficace notamment de ces canaux numériques représentera une composante essentielle de la communication publique des conseils régionaux marocains à mesure que les fonctions, moyens et compétences pour ce faire se densifieront. Les sites et réseaux sociaux des deux administrations sont en place, mais leur usage pour atteindre des cibles spécifiques et promouvoir leur participation peut être optimisé. Ces plateformes permettent un contact direct avec un vaste public sur l’ensemble d’un territoire considéré, à l’exception des zones ou audiences les plus rurales ou marginalisées. Ceci témoigne de leur importance pour mieux associer les parties prenantes mais aussi pour améliorer les services publics de proximité, sur la base des besoins et avis exprimés via ces outils. L’analyse des publics cibles, a minima via les outils déjà fournis par les différents sites et plateformes, assurerait un usage plus stratégique, tenant compte d’une meilleure compréhension des audiences, des attentes des citoyens et de leurs préférences en termes d’usage des canaux et d’accès à l’information. Au-delà de la mise à jour régulière de ces instruments, leur caractère participatif et inclusif pourra être accru par l’utilisation d’infographies, de photographies, de vidéos et l’intégration de liens vers d’autres plateformes participatives.

Les deux conseils régionaux pourront à plus long terme s’inspirer de l’ensemble des recommandations esquissées dans ce rapport pour poursuivre les réformes engagées et entreprendre des investissements plus conséquents dans la formation, les outils et le soutien aux équipes de communication pour déployer un mandat ambitieux. Dans un premier temps, appuyer les initiatives publiques visant à diffuser des informations publiques pertinentes, des données ouvertes ou à en encourager l’utilisation, et promouvoir la participation aux consultations seront des responsabilités centrales au cœur de ce mandat. Elles sont de nature à rendre la vie publique et le cycle des politiques plus transparent et redevable. Ainsi, les outils et actions évoqués dans ce Scan pourront utilement soutenir les collectivités territoriales marocaines dans l’exploitation du plein potentiel de la communication publique au service de politiques inclusives.

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