Résumé

Aucune population et économie du monde n’a été épargnée par la propagation rapide de la pandémie de COVID-19. Le caractère soudain et l’ampleur du choc ont plongé des pays dans la pire récession qu’ils aient connue depuis la Seconde Guerre mondiale. Bien que de portée planétaire, les effets de la pandémie sont loin d’être homogènes. La gravité de l’épidémie proprement dite et ses répercussions économiques ne se sont pas manifestées au même moment et avec la même intensité selon les pays, les secteurs, les entreprises et les individus.

Il est indispensable de recenser et de déchiffrer les facteurs susceptibles de rendre les économies plus résilientes face à des chocs aussi graves que celui causé par le COVID-19. Une bonne compréhension des caractéristiques des secteurs d’activité, des entreprises et des travailleurs qui leur permettent de continuer de produire et de maintenir les emplois peut aider les pays à mieux se préparer aux crises futures, et les décideurs à suivre les effets des chocs à mesure qu’ils se déploient ainsi qu’à définir et à cibler des stratégies de soutien et de reprise pour le profit de tous.

Procédant d’un exercice prospectif et analytique qui combine des données récentes fournies par la crise et des indicateurs structurels de long terme concernant les entreprises et les secteurs, le présent rapport jette une lumière nouvelle sur les canaux dont dépendra la résilience future des économies. Outre une analyse des problèmes de restriction de l’offre induits par les confinements auxquels la pandémie de COVID-19 a donné lieu, il considère du point de vue prospectif les répercussions de la récession et des changements sociétaux accélérés par la crise.

Les crises produisent des effets très variables entre les pays, les secteurs, les types d’entreprises et les groupes de travailleurs, car ils sont potentiellement amplifiés ou atténués selon les caractéristiques de chacun. Ainsi, il ressort de la présente analyse que des secteurs d’activité sont par nature plus vulnérables – ou au contraire plus résilients – face à des crises comme la pandémie de COVID-19. L’hétérogénéité initiale des effets de la pandémie tient probablement en grande partie au fait que certains secteurs ont été considérés comme essentiels par les gouvernements et ont donc été autorisés à poursuivre leur activité en période de confinement. Dans le cas des secteurs non essentiels, des facteurs particuliers ont joué un rôle de premier plan : la possibilité de télétravailler et de fournir des biens et des services grâce aux technologies numériques a été déterminante pour la résilience et le maintien de la productivité. Une fois la crise immédiate passée, l’interdépendance des secteurs et des pays, les différentes sources de la demande de produits finaux (par exemple, les consommateurs, les dépenses publiques et l’investissement privé) et les contraintes financières qui pèsent sur les entreprises seront des paramètres essentiels de l’évolution des incidences sur la production et la demande.

En ce qui concerne les entreprises, la crise risque d’affecter durablement leur dynamique et de creuser les écarts qui existaient auparavant entre elles, en particulier entre les petites et les grandes. Les flux d’entrées et de sorties d’entreprises ont fortement ralenti aux premiers stades de la pandémie, du fait de la grande incertitude d’alors, de l’arrêt temporaire de nombreuses activités et des mesures prises pour éviter temporairement les faillites. L’optimisme reste toutefois de mise, en cette période de reprise, quant à une redistribution des ressources productives au profit des start-ups nouvelles et innovantes, à la faveur d’un rebond des créations d’entreprises dans plusieurs pays. Les politiques qui façonneront l’ère post-COVID-19 devront chercher à renforcer le dynamisme des entreprises, tout en intégrant les éventuels changements qui s’opéreront à long terme dans les préférences et les demandes des consommateurs. S’il est important de soutenir les entreprises viables, il importe davantage encore de favoriser la sortie de celles qui ne le sont pas pour permettre une redistribution des ressources au profit des nouvelles venues sur le marché. Pour soutenir la reprise, il convient, en particulier, d’offrir un accompagnement permanent aux jeunes entreprises compte tenu de leur rôle essentiel dans l’innovation, la création d’emplois, la croissance de la productivité et le jeu de la concurrence. L’action publique devrait aussi chercher à résoudre les difficultés que les entreprises rencontreront probablement lorsqu’elles voudront accéder aux sources de financement des investissements de plus long terme qui sont favorables à la productivité, lesquels investissements sont importants pour la productivité et la croissance économique.

À mesure que le virus du COVID-19 s’est propagé dans le monde du fait de la circulation des personnes, la pandémie a révélé l’imbrication des pays et des secteurs. Les restrictions imposées aux déplacements et à l’activité économique ont ravivé le long débat sur les risques associés à la fragmentation internationale de la production. Certes, les économies ouvertes et de petites dimensions sont les plus exposées à ces perturbations, mais la multiplication des connexions peut aussi être synonyme d’une résilience accrue. Ainsi, une économie sera moins sensible aux perturbations subies par la production intérieure dès lors qu’elle recourt aux importations, de même qu’elle pourra faire face à une envolée soudaine de la demande en se tournant vers les chaînes de valeur mondiales. Pour atténuer les risques, il est certainement plus efficace de renforcer la coopération internationale et de diversifier les fournisseurs que de procéder à des relocalisations.

Les travailleurs et les travailleuses vivent différemment la crise en raison de leur genre, mais aussi en fonction de leurs compétences, ce qui peut nuire à l’inclusivité et creuser les inégalités sur le marché du travail. Dans la mesure où les femmes représentent la majorité de la main-d’œuvre des secteurs jugés essentiels – ainsi que des secteurs « télétravaillables » –, elles ont certes été moins touchées par les pertes d’emploi durant la crise. En revanche, le confinement a été souvent plus difficile pour les mères qui ont dû assumer une charge parentale accrue, forçant certaines d’entre elles à renoncer à leur activité professionnelle ou à réduire leur temps de travail. Qui plus est, les femmes affichent un niveau de compétences numériques moyen inférieur à celui des hommes. Or, ces compétences jouent un rôle essentiel dans la capacité à travailler à distance. La pandémie a démontré l’urgence de combler ce fossé, mais aussi de lutter contre l’illectronisme des personnes défavorisées qui appartiennent à certaines catégories d’âge et de niveau de formation.

Il est également crucial, à plus long terme, d’améliorer les compétences numériques : la pandémie a notamment révélé le rôle clé des technologies numériques dans la résilience. La transformation numérique s’est accélérée pendant la crise, à mesure qu’il devenait indispensable de les maîtriser dans bien des aspects de la vie, notamment professionnelle et sociale, ainsi qu’à des fins de bien-être. Alliées à des politiques adaptées, les technologies numériques peuvent accroître la productivité, créer de nouvelles opportunités pour les entreprises et contribuer à la réduction des émissions de carbone sur le long terme. Le télétravail est porteur d’un vaste potentiel de transformations et peut améliorer le bien-être et la productivité de la population active. Cependant, l’exploitation du numérique dépend de nombreux facteurs connexes, parmi lesquels la capacité des entreprises à financer leurs investissements, l’accès aux infrastructures de communication et le niveau des compétences.

Alors que les pays se relèvent de la crise du COVID-19, il est crucial de ne pas perdre de vue les autres enjeux de taille auxquels le monde se trouve confronté. La reprise est l’occasion, non seulement de reconstruire sur des bases plus solides à l’aide de systèmes plus résilients, mais aussi de relever des défis, tels que ceux soulevés par la lutte contre les inégalités, la transformation numérique et la transformation verte, en menant une action stratégique et en resserrant la coopération internationale. Les pouvoirs publics et les entreprises devraient saisir cette chance unique de reconstruire de manière à faciliter la concrétisation de ces objectifs impérieux de portée mondiale.

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