13. Islande

En Islande, la réforme de la politique agricole a été limitée et le soutien demeure l’un des plus élevés des pays de l’OCDE. À 57 % des recettes agricoles brutes, l’estimation du soutien aux producteurs (ESP) a été plus de trois fois supérieure à la moyenne de la zone OCDE sur la période 2019-21. Les mesures de soutien des prix du marché composent 50 % de l’appui à l’agriculture, et prennent principalement la forme de droits de douane, qui maintiennent les prix intérieurs à un niveau relativement élevé par rapport aux cours mondiaux et impliquent un transfert de grande ampleur des consommateurs vers les producteurs agricoles. S’y ajoutent des droits à paiements directement ou indirectement liés aux facteurs de production. Les paiements au titre de la production de lait et les paiements – en grande partie découplés – aux producteurs de viande ovine constituent l’essentiel des autres formes de soutien aux producteurs. Environ 70 % du soutien à l’agriculture sont potentiellement à l’origine de fortes distorsions de la production et des échanges.

En moyenne, les prix perçus par les agriculteurs ont baissé au fil du temps, mais ils demeurent près de deux fois supérieurs à ceux des marchés mondiaux. Les produits avicoles et ceux à base d’œufs ont présenté le plus fort écart entre les prix intérieurs et les prix mondiaux en 2019-21. Le soutien des prix du marché représente plus de 71 % des transferts au titre d’un seul produit (TSP) dont bénéficient ces produits. Les TSP comptent pour 97 % de l’ESP totale.

En pourcentage de la valeur de la production agricole, les dépenses au titre des services d’intérêt général fournis au secteur (ESSG) ont baissé, passant de 8 % en 1986-88 à 3 % en 2019-21, la valeur de la production ayant plus que triplé, alors que les dépenses se sont accrues d’environ 70 %. Plus de la moitié de ces dépenses servent à financer les services d’inspection et de contrôle, le solde étant pour une large part affecté au stockage public. Enfin, le soutien total à l’agriculture (EST) en pourcentage du PIB a fortement baissé, tombant de 5 % en 1986-88 à 1 % en 2019-21.

L’accord-cadre sur l’agriculture est entré en vigueur le 1er janvier 2021, et il porte sur l’environnement opérationnel d’ensemble du secteur agricole. L’objectif d’assurer la neutralité carbone du secteur agricole islandais avant 2040 constitue l’un des principaux éléments de cet accord révisé.

Plusieurs réformes sont entrées en vigueur en 2021 à la suite de la révision de l’accord sur l’horticulture intervenue en 2020. L’accord révisé prévoit une augmentation de 25 % de la production intérieure de légumes d’ici 2024 et l’extension à l’horticulture de l’objectif de neutralité carbone établi pour l’agriculture. Le soutien total annuel en faveur des horticulteurs a été accru de 25 % en vue de parvenir à ces fins. Les principaux objectifs sont d’accroître la diversité de la production horticole, développer la production biologique et renforcer l’innovation.

  • L’agriculture joue un rôle central dans la politique climatique de l’Islande et dans ses efforts pour parvenir à la neutralité carbone. L’agriculture représente une part significative des émissions de GES du pays, en raison principalement de la taille du secteur de l’élevage. Les mesures de réduction des émissions de GES imputables à l’agriculture se trouvent au cœur de l’ambition de l’Islande d’instaurer une économie sobre en carbone, et elles contribueront à la réalisation de l’objectif exigeant qu’elle s’est fixée : parvenir à la neutralité carbone de l’agriculture avant 2040. Cependant, les mesures existantes de soutien à l’agriculture, notamment le soutien des prix de marché et les paiements au titre de la production de produits de ruminants, tels que le lait ou la laine, contrecarrent les mesures d’atténuation des émissions de GES de l’agriculture et en amoindrissent l’efficacité.

  • Le soutien aux producteurs devrait être découplé de la production agricole et prendre des formes moins génératrices de distorsions de la production et des échanges et moins préjudiciables à l’environnement. Une redéfinition des instruments de soutien aux producteurs pour réduire la part relative des mesures de soutien couplées à la production et accroître celle des paiements découplés assortis de conditions environnementales et celle de certaines mesures agroenvironnementales, y compris les mesures d’atténuation des GES, contribuerait à atteindre l’objectif de neutralité carbone de l’agriculture d’ici 2040.

  • En outre, une réorientation des dépenses budgétaires consacrées au soutien aux producteurs au profit des systèmes d’innovation agricole islandais et des autres services d’intérêt général pourrait donner une impulsion aux innovations propices à un renforcement de la productivité et de la durabilité du secteur agricole.

  • Compte tenu du maintien des accords pluriannuels entre le gouvernement et l’Association des agriculteurs, la politique agricole a dans l’ensemble relativement peu évolué et le soutien aux agriculteurs reste bien supérieur, en Islande, à celui constaté dans la plupart des pays de l’OCDE. Par ailleurs, la plus grande partie du soutien aux producteurs agricoles est constituée de mesures d’aide couplées à la production, à savoir principalement le soutien des prix de marché et les paiements au titre de la production, qui constituent les mesures de soutien pouvant créer le plus de distorsions de la production et des échanges, et les plus préjudiciables à l’environnement.

  • Malgré des progrès dans la réduction de la protection aux frontières pour ce qui est de certains produits agricoles, les droits à l’importation demeurent élevés pour plusieurs groupes de produits, ce qui impose un poids économique aux consommateurs et fausse les marchés correspondants.

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